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CCRAFPOL,E REGIONAL DE RECHERCHE APPLIQUEE AU DEVELOPPEMENT DES SAVANES
D'AFRIQUE CENTRALE
OBSERV ATOIRE DU DEVELOPPEMENT
Vivrier marchand et integration regionale
L'essor de la culture de l'arachide au sud du Tchad
Giraud MAGRIN
Universite de Paris I/Pantheon-Sorbonne Mars 2000
ICRA, IRAD, ITRAD, LRVZ, GIRAD, IRD, Universite de Leyde
RESUME 1
INTRODUCTION 2
DES CRISES COTONNIERES A L'ESSOR DU VIVRIER MARCHAND 2
L'ACTUALITE DE LA QUESTION ARACHIDIERE 3
CONfEXTE INSTITIJTIONNEL ET METHODOLOGIE 5
I UN BOOM ARACHIDIER DANS LA ZONE COTONNIERE 6
A/ L'1\.RACHIDE MERIDIONALE A L'OMBRE DU COTON (1950-1980) 6 B/ L'IRRESISTIBLE ASCENiiION D'UNE CULTURE SECONDAIRE 8
1/ UNE CROISSANCE RAPIDE DE LA PRODUCTION 8
2/ INTENSIFICATION DES ECHANGES COMMERCIAUX ET MULTIPLICATION DES
MARCHES 11
Cl GEOGRAPHIE DE LA PRODUCTION D' ARA CHIDE L 'ENVERS DU COTON ?
II FACTEURS ET ACTEURS INTERNES DE LA CROISSANCE
A/ LE ROLE LIMITE DE L'ENCADREMENT
1/ LA DIVERSITE V ARIET ALE
POUTIQUES SEMENCIERES ET DIFFUSIONS SPONTANEES
2/ L'IMPORT ANCE DES MA TERIELS DE TRANSFORMATION
13
17
17
17 21
B/ L'ARACHIDE AU COEUR DES STRATEGIES DES ACTEURS DU MONDE
RURAL 24
1/ LA CULTURE DEL' ARA CHIDE CO MME REPONSE PA YSANNE AUX CRISES DU SYSTEME
COTONNIER 24
2/ ARGENT DU COTON ET REVENUS ARACHIDIERS CONCURRENCE ET COMPl.EMENTARITE
3/ LA PART DES CADETS SOCIAUX
25
PETIT COMMERCE ET 1RANSFORMA TIONS ARTISAN Al.ES 27 4/ ARA CHIDE ET STRATEGIES D'ACCUMULA TION DES ENCADREMENTS 28
C/ LES VECTEURS DU VIVRIER MARCHAND 3 2
1/ VIEUX DISCOURS ET NOUVEAUX COMMER<;ANTS 32
2/ COMMER<;ANTS DE CEREALES DU TCHAD MERIDIONAL 34 /
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III L'ORGANISATION DE L'ESPACE ARACHIDIER
DU TCHAD MERIDIONAL AUX HORIZONS SOUS-REGIONAUX 41
A/ MARCHES HEBDOMADAIRES ET ORGANISATION DE L'ESPACE 41
B/ TURBULENCES POLITIQUES ET STABILITE DE LA DEMANDE REGIONALE 47
1/ HORIZONS REGIONAUX ET OBSTACLES COMMERCIAUX 47
2/ LES PRODUCTIONS D' ARACHIDE MOINS DYNAMIQUES DU CAMEROUN ET DE LA RCA
48
3/ ARACHIDES ET MARCHES REGION AUX DE L'HUILE
C/ LES VOIES DE L'ARACHIDE
FLUX ET RUPTURES DE CHARGE
1/ LE SUD TCHADIEN ENTRE TROIS INFLUENCES COMMERCIALES
2/ REPARTITION DES FLUX ET ROLE DES GRANDS MARCHES FRONT ALIERS
3/ LE PROBLEME DES TRANSPORTS
49
51
51 51
UNE CON'IRAIN1E ASSEZ BIEN INTEGREE 58
CONCLUSION 5 9
LE COUPLE COTON/ ARACHIDE DANS LES SA VANES D'AFRlQUE CENTRALE 59
UN PRODillT PHARE DE L'INTEGRA TION REGION ALE 60
PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET APPLICATION AU DEVELOPPEMENT 60
BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE 62
TABLE DES ILLUSTRATIONS 6 4
· 1
p
Resume :
A I' epoque coloniale, la recherche de vocation agricole attachee aux differents es paces conduisait
a
distinguer le sud tchadien, essentiellement cotonnier, de la zone sahelienne, qui devait etre valorisee par la culture de l'arachide. Mais c'est pourtant dans la zone soudanienne que I' on as sis ta,a
partir de la fin des annees 1980,a
un essor spectaculaire de la production arachidiere. Cette croissance s'explique par la convergence de deux elements de contexte. Au moment ou la crise que traverse la filiere cotonniere amene les producteursa
chercher une diversification de leurs cultures de rente, !'expression d'une demande urbaine sous-regionale, en provenanc~ de N'Djamena, mais surtout du Cameroun,de la RCA, du Congo bu du Gabon, confere
a
la production deI' arachide un interet nouveau.
Alors que l'on avait tendance
a
percevoir l'arachide comme une speculation concurrente de la culture prioritaire du coton, on constate au contraire que l'essor recent de la culture arachidiere s 'inscrit de fa9on complementaire dans les systemes agricoles cotonniers du Tchad meridional. L' arachide joue un role positif en matiere d' entretien de la fertilite des sols. Au niveau social, elle fournit des revenusa
des producteurs qui ne beneficiaient g uere des retombees de la culture cotonniere, comme les femmes ou 1 es jeunes. Le caractere mixte de la production, qui peut etre soi t autoconsommee, soit commercialisee, ainsi que la possibilite de realiser une ., valeur ajoutee, gracea
differentes formes de transformation artisanale, accroissent son interet.Dans une large mesure, le resserrement des relations sous-regionales lie
a
I' exportation des arachides du Tchad constitue u n e reponse aux difficultes et aux incertitudes qui pesent s u r l' exportation du coton tchadien sur le marche mondial. En amplifiant des flux commerciaux sous-regionaux anciens, les evolutions recentes de la filiere arachidiere tchadienne s' inscri vent dans une dynamique generalea
I' echelle africaine, qui voit l 'essor du vivrier marchanda
destination des villes relayer les anciennes cultures commerciales comme moteur du developpement rural.Mots clefs : Tchad - zone soudanienne - vivrier marchand arachide - coton - integration regionale - commerce - enclavement
/
Introduction.
Des crises cotonnieres
a
I' essor du vivrier marchand.Au sud du Tchad, les dernieres annees du siecle sont caracterisees par de grandes incertitudes. L' actualite petroliere semble repeter l'histoire, et eloigner les perspectives d' exploitation du gisement de Doba1
• Par ailleurs, les pressions des institutions de Bretton Woods en vue d'une privatisation de la COTONfOIAD suscitent de vives inquietudes, dans un contexte de crise de 1 a filier.e, liee au bas niveau des cours mondiaux de la fibre. Sans aller jusqu'
a
affirmer que le~ coton, et surtout l' hypothetique petrole, n e sont que deux arbres qtii cachent la foret d'une economie beaucoup plus diversifiee, force est de con stater que l 'economie agricole de 1 a zone soudanienne du Tchad connait depuis une vingtaine d' annees des mutations de grande ampleur, et que celles-ci n'ont pas toujours ete reconnuesa
leur juste importance.On a longtemps presente l'economie agraire du Tchad meridional comme une economie duale, partagee entre des productions <lites "traditionnelles", dominees par les mils et les sorghos, destinees essentiellement
a
l' autoconsommation, et 1 a culture de rente reine que represente le coton, vendue sur les marches mondiaux. Or, cette realite est en train de changer. Avec u n certain retard-' sur d' autres situations africaines, le sud du Tchad est affecte depuis une ou deux decennies par des dynamiques semblablesa
celles qu'ont connues des pays comme la Cote d'Ivoire, le Nigeria ou le Cameroun. Sous l'effet de la transformation majeure que represente la croissance urbaine, on a assistea
I' essor de productions vivrieres destinees essentiellementa
la commercialisation pour l' approvisionnement des villes.Presque partout, le developpement du secteur du vivrier mare hand a constitue une reaction aux difficultes rencontrees par
les produits de rente traditionnels (coton, cafe, cacao)2. Depuis la grande chute des cours des matieres premieres, au milieu des annees 1980, qui est
a
I' origine de la generalisation des plans d' ajuste·ment structurels en Afrique, le developpement de ces nouvelles speculations represente une des reponses paysannesa
la crise. Les victimes urbaines de cette crise, quanta
elles - employes, 1 Debut novembre 1999, alors que la mise en oeuvre du projet petrolier n esemble plus dependre qu_e d'un engagement juge imminent de la Banque mondiale, le retrait d'Elf et Shell du consortium parall bloquer durablement !'evolution du dossier petrolier.
-2
Voir CHALEARD J.L., Temps des villes, temps des vivres, l'essor du vivrier
mare hand en Cote d' lvoire, Paris, Karthala, 1998.
' /
fonctionnaires deflates· OU irregulierement pa yes, eleves - Se
transforment souvent en vecteurs de ces flux, rempla9ant leurs
anciennes activites salariees par la pratique du commerce informel,
notamment de produits vivriers. Pour les producteurs ruraux
comme pour les nouveaux commer9ants impliques, l'informel du
vivrier marchand remplace le secteur formel, I' echelle locale o u
regionale (le marche des villes africaines plus ou moins proches) s e
substitue aux marches mondiaux comme source de revenus
monetaires.
L' a<:_tualite de Ia question arachidiere.
Dans le sud du 1Tchad (cf. carte 1), l'arachide constitue le
produit concerne au premier chef par ces dynamiques, au point de
devenir, derriere le coton, la deuxieme culture de la region. Sans
trop attirer l' attention, et presque sans appui de l 'encadrement, 1 a
zone cotonniere du Tchad est devenue une grande zone arachidiere.
Dans le sillage de l'arachide, d'autres produits vivriers sont
egalement I' objet de flux commerciaux reguliers (riz, haricot,
sesame, patates, oignons, mangues par exemple), mais ceux-ci sont
plus modestes, et les zones de production plus localisees. A l' in star
du coton, l'arachide apparait en revanche comme un produit
veritablement regional, present,
a
des degres divers, dansl' ensemble des systemes agricoles de la zone soudanienne.
,
L'objet de cette etude consiste done
a
elucider les conditionsde developpement de la culture de l' arachide au sud du Tc had, d ans
une perspective historique, qui doit permettre de s'interroger sur le
role que pourrait jouer I' arachide dans une conjoncture cotonniere
tres incertaine. La question de la relation entre la culture du coton
et celle de I' arachide constituera done un des fil directeur de ce
travail. 11 s' agira de comprendre les etapes de cette croissance, ain s i
que I' interaction des facteurs nationaux et sous-regionaux qui l' ont
influencee, tout en s 'interrogeant sur les strategies des acteurs de 1 a
filiere. On s' efforcera de de gager
a
la fois la specificite de la filierearachidiere parmi les autres produits agricoles des regions
soudaniennes de l'Afrique centrale et I' originalite des dynamiques
a
I' oeuvre au sud du Tchad, ou le bas niveau d 'urbanisation et les
mutations politiques et demographiques des annees 1980-90
conferent
a
l' essor du vivrier marchand une forme particuliere./
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Plaines inondables ou marlfJcageuses
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Divisions administratives en 1998: • Pr{Jfectures • Sous-pr{Jfectures c, Posies admlnlstratifs o VIiiages .eu,.,n. 'f
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OUSSI ~.
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)· \'>
{ [\., I l !NE r'.JContexte institutionnel et methodologie.
Cette etude reprend, en le developpant, le contenu d'une communication presentee aux troisiemes journees agro-sylvo-pastorales organisees par le Laboratoire de Recherches V eterinaires et Zootechniques de Farcha du 29 novembre au 2 decembre 1999. Elle s'inscrit dans le cadre des travaux de la composante 1 du PRASAC1
, l'Observatoire du developpement. Le PRASAC est u n
projet regional concernant le Tchad, le nord du Cameroun et les regions du centre et du nord de la Centrafrique. Il vise
a
realiser des economies d'echelle dans les travaux de recherche appliquee au developpement, en partant de l'idee que, dans des milieux de savaiies cotonnieres comparables, les problemes de developpement peuvent etre similairest L'observatoire du developpement a pour objet de mettrea
la disposition des acteurs du developpement des outils d'analyse et de comprehension du f onctionnement economique et spatial de la zone du projet. Or, si les turbulences qui affectent les societes cotonnieres des trois pays concernes par le PRASAC se traduisent par la recherche d'autres speculations agricoles alternatives, l'essor de la culture de l'arachide au Tchad meridional, largement destineea
!'exportation, constitue la reponse la plus regionalea
cette situation de crise.La presente etude a ete redigee
a
la suite d'un sejour de quatre mois dans la zone meridionale du Tchad, de fin septembre 1999a
fin jjlnvier 2000, complete par des etudes ponctuelles menees au Nord Cameroun,a
Maroua, Garoua et Figuil, ainsi q u 'enCentrafrique,
a
Bangui. Elle s'inscrit dans le cadre general de la preparation d'un doctorat de geographie, qui porte sur les mutations recentes de la zone soudanienne du Tchad, notamment sur les relations entre les villes et les campagnes et s u r !'organisation de l'espace.Les analyses utilisent des elements bibliographiques, les rares statistiques disponibles sur les flux internationaux, ainsi que des entretiens avec des representants des structures d'encadrement comme les organismes de recherche, l'ONDR2 ou des CNG3
• U ne etude recente menee par le PASR4
sur l'arachide a exploite de f a9on detaillee !'ensemble des statistiques fournies par la sous-direction soudanienne de l'ONDR (ONDR-DSN), et ainsi fourni une base
1
Pole regional de recherche appliquee au developpement des savanes
d'Afrique centrale.
2 Office national pour le developpement rural (Tchad).
3
Organisations non gou-vernementales.
4
PROJET D'APPUI AUX STRUCTURES RURALES (PASR), Mission d'appui
Filieres agricoles. Cas de l'arachide, rapport de fin de mission, septembre
1999, non pagine.
serieuse poU;r une etude economique classique en terme de filiere. 11 s'agit davantage pour nous, a partir d'entretiens essentiellement qualitatifs menes aupres des acteurs de cette filiere (paysans,
transf ormateurs artisanaux, transporteurs, mais s urto u t commer9ants), de comprendre son fonctionnement spatial, dans u n e perspective a la fois historique et prospective. Des comptages des vehicules impliques dans le transport des produits agricoles on t egalement ete mis en place, sur une periode d'un an, dans les trois marches hebdomadaires de Pont Karol, Kriin Krim et Nangassou. Au-dela de !'estimation des flux, ils permettent surtout de lire les rythmes et les echelles des echanges des produits agricoles.
I Un
boom arachiiiier dans la zone cotonniere
d_u
Tchad.
Al L'arachide meridionale
a
l'ombre du coton(1950-1980).
Comme le coton precolonial etait principalement une plante sahelienne, l'arachide (Arachis hypogea) a ete diffusee dans la zone soudanienne du Tchad par le nord. Son introduction au Nord Cameroun est attestee des avant les incursions Peul du debut du XIXe siecle1
• L'arachide se repand ensuite depuis le Bomou vers le Baguirmi, dont les entreprises commerciales sur ses marges meridionales, dans le cadre de la traite esclavagiste, contribuent a diffuser cette culture chez les Sara et certains peuples du fleuve (Gabri, Somral) des la deuxieme moitie du XIXe siecle. La denomination Sara de l'arachide temoigne bien de cette filiation baguirmienne, puisqu'elle est designee sous le terme de "wul dum", qui signifie "pois baguirmien "2
• Les ongmes occidentales et
septentrionales de l'arachide la distinguent done des plantes comme le manioc ou la patate, arrivees dans le bassin tchadien meridional principalement par le sud.
Ainsi, comme le coton, I' arachide est une culture conn u e depuis longtemps des paysanneries africaines. Dans certains territoires comme le Senegal, ou, plus proche du Tchad, le Nigeria o u le nord du Cameroun, elle a ete transf ormee a l' epoque coloniale, avec plus ou moins de succes, en culture industrielle destinee a
!'exportation. Au Tchad, la priorite en matiere de developpement agricole a longtemps ete accordee au seul coton, considere comme
1
CLOAREC-HEISS F., NOUGAYROL P., "Des noms et des routes : la diffusion des pl antes americaines en Afrique centrale (RCA-Tchad)", in CHASTANEf M.
(dir.), Plantes et paysages d'Afrique : une histoire a explorer, Paris, Karthala,
1998, p. 118.
2
Ibidem, p. 127.
/
!'unique sp¢culation rentable dans un contexte geographique caracterise par un fort enclavement. L'arachide y est restee cantonnee dans un role de culture secondaire d' autosubsistance. Dans les annees 1950, neanmoins, I' administration coloniale a essaye de promouvoir sa culture. Au point de vue spatial, I' arachide devait f ournir des rev en us aux paysans ne beneficiant pas ou p e u des revenus cotonniers : dans I' esprit des colonisateurs, il y av ai t une juxtaposition nette d'une zone
a
vocation cotonniere, au sud, ouI' arachide devait garder une position marginale, et d' une zone
a
potentialite arachidiere au nord, correspondant au Sahel meridional (Guera, Salamat, Chari Baguirmi), ou la culture du coton devait e tre subordonneea
I' arachide1• Cette politique de developpement d' une
aracnide sahelienne fut finalement un echec, qui s' explique
a
la fois par le developpement Ide l'insecurite dans Ia regiona
partir du milieu des annees 1 9 6 02, et par de grandes difficultes d e
commercialisation.
Dans la zone soudanienne, des annees 1950 aux annees 1970, la situation de I' arachide reste quasiment inchangee. L' essentiel de la production demeure autoconsommee (97% dans la region de Keio dans les annees 19603
), meme si des flux timides, de quelques
centaines de tonnes
a
3000 tonnes au maximum, sont parfois enregistresa
I' exportation4 vers I' Afrique centrale fores ti ere,servant de fret retour aux produits manufactures importes par I a
"voie federale"5
• Mais ces flux s'inversent aussi parfois, et le Tchad
n'est pas consi,dere comme autosuffisant en produits oleagineux, de sorte que 3000 tonnes d' arachides sont importees en 1 9 7 66
• Les
arachides participent,
a
un niveau modeste, au secteur intermediaire de l'economie, definia
l'origine7 comme un secteurentierement monetarise qui echappe au controle de I' encadrement. Elle met ainsi en jeu, depuis longtemps, des echanges
a
longue1
SAUTTER G., Le chemin de fer Bangui Tchad dans son contexte economique
regional, etude geographique de l 'economie des transports au Tchad et dans
le nord de l'Oubangui, Bangui, SCECFBT, Universite de Strasbourg, 1958, pp.
44-45.
2 Du fait de la rebellion du FROLINAT (Front de liberation nationale).
3
BOUQUET C., CABOT J., Le Tchad, " Que sais-je" 0°1531, 1973, p. 68.
4
SAUTTER G., op. cit., p. 257.
5
La "voie federale" de l 'Afrique Equatoriale Fran9aise correspondait
a
I' axePointe Noire / Brazzaville / Bangui / Fort Archambault (ou Moundou) I Fort Lamy, qui concentrait une part essentielle des importations et des exportations du Tchad.
6
REP TCHAD, MINISTERE DE l'ECONOMIE, DU PLAN ET DES TRANSPORTS, Etude
des possibilites de developpement de la culture arachidiere, Annexe au
Rapport general sur le developpement agricole integre du Sud - Tchad,
decembre 1976, p. 20. 7
Voir COUfY Ph., "La structure des economies de savane africaine", in
Cahiers ORSTOM, serie sciences humaines, 1968a, vol. V, n°2, pp. 23-43.
, /
distance entre des aire.s biogeographiques differentes, n otammen t
les savanes sahelo-soudaniennes tt l' Afrique forestiere humide
subequatoriale.
L'encadrement agricole du Tchad meridional reste longtemps accapare par la culture cotonniere, consideree comme strategique et
prioritaire1
• Au-dela de cette preference accordee au coton, les
obstacles principaux identifies pour le developpement de la culture
de l'arachide sont la qualite mediocre des semences et les
insuffisances de la commercialisation. Les exportations, qui tenden t a devenir de plus en plus remuneratrices dans la deuxieme moitie des annees 1970, du fait d'une hausse sensible des prix2, sont
deco-uragees par les autorites, qui entendent garantir les
approvisionnements de~ huileries nationales3
• Mais les prix d' achat
de l'huilerie de la COTONTCHAD sont juges trop bas pour stimuler veritablement la production.
B/ L'irresistible ascension d'une culture secondaire.
1/ Une croissance rapide de la production.
A partir de la fin des annees 1970, on assiste a une
augmentation spectaculaire de la production d'arachides du Tchad meridional. Les superficies cultivees passent de 100 000 a 250 000
hectares4, de JDOins de 15% des superficies totales en 197 55 a u n
peu plus de 20% en 19976
• Alors que l'arachide etait le plus souvent
semee en associat10n, les dynamiques recentes semblent
s'accompagner d'une diffusion des champs de culture pure, sur des surfaces croissantes. La place de l'arachide dans les superficies
cultivees au sein d'une exploitation moyenne passe de 0,5 hectare
en moyenne dans les annees 1970 a 1 hectare en 1 9 9 77
• Le taux de
croissance annuel des superficies, de I' ordre de 3, 1 % par an, de pass e
nettement celui de la croissance demographique liee au mouvement nature!, evalue a 2,5%/an. De meme, la croissance de la production arachidiere est plus rapide que celle du coton et surtout que celle
des cereales traditionnelles, mils et sorghos (cf. figures 1 et 2).
1 Etude des possibilites de developpement de la culture arachidiere, op. cit.,
pp. 1-2.
2
Voir ONDR-DSN, Rapport annuel, campagne 1975-76, p. 18.
3
Celles de la COTONfCHAD, installees a Keio puis a Moundou, fonctionnent de
1974
a
1987.4
PASR, op. cit., p. 10.
5
Etude des possibilites de ·developpement de la culture arachidiere, op. cit., p.
16. 6 PASR, op. cit., p. 14. 7 Ibidem, p. 26. 8 . /
La production d'arachide coque passe de 80000 tonnes en 1976
a
180000 tonnes en 1997. Loin devant toutes les autres cultures secondaires, l'arachide s'impose indiscutablement comme une des trois premieres cultures de la zone soudanienne, avec le coton et le mil. La trilogie mil/coton/arachides se substituea
l'ancien duo mil/coton comme base des systemes agricoles soudaniens.Figure 1 : L' evolution des productions d' arachide, de cereal es et de coton de la zone soudanienne.
Annee Arachides Coton Cereales
1974 78500 143600 325100 1975 82300 174000 374200 1976 73700 147400 352300 1977 87600 125300 298600 1978 93800 136800 301700 1979 98600 91300 289400 1980 86100 85700 346100 1981 73000 71400 313100 1982 77700 102100 319500 1983 76800 158500 216900 1984 76600 98400 291400 1985 104800 99500 418500 1986 97900 89400 458200 1987 79100 127600 341800 1988 114000 137500 366400 1989 127200 150900 421000 1990 97200 160000 314000 1991 150900 174500 412400 1992 176200 125300 511800 1993 156400 97200 309900 1994 179700 156700 421200 1995 159200 157500 479300 1996 166300 213000 385400 1997 183000 271400 395000 1998 161500 161300 398700
Source: PASR, op. cit., p. 12, d'apres ONDR-DSN.
' /
Figure 2 L' augmentation de la part de l' arachide dans l 'agriculture.
Evolution des indices de production de l'arachide, du coton et des cereales
depuis 25 ans 2 5 0 "" . .-.. -... -.c . ~ ·- .. , .-.. - . •· -~ 200 a,
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Source : d' a pres PASR, op. cit., p. 12.
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--Arachides
--Coton
· · • •· Cereales
Cette tendance
a
l' augmentation de la place de l' arachide d ansles systemes · 'agricoles semble encore s' accentuer au cours des
annees 1990. Elle s'explique par un changement important de la
destination du produit, puisque la part de I' autoconsommation n e
cesse de diminuer au profit des quantites commercialisees. De 97%
de la production autoconsommee dans les annees 1960, on passe
a
85% en 197 61
, 70% en 19842, pres de 50% en 19923, et
probablement un peu moins encore
a
la fin des annees 1990 (cf.figure 3). La croissance de la production est etroitement liee
a
l' augmentation des prix de l' arachide, sensible
a
partir de 1991, etqui s'accelere
a
partir de 1994-19954. L'arachide integre doneparfaitement la definition du vivrier marchand : culture vivriere
a
vocation mixte, destinee
a
une large commercialisation en plus del' autoconsommation.
1 Etude des possibilites de developpement de la culture arachidiere, op. cit., p
.
20.
2 MOLIN J.M., "L'operation arachide au sud Tchad ", in Oleagineux, vol. 39,
n°12, decembre 1984, p. 587.
3 US AID, (CAPRIO G., WEST W., MASSINGAR T., M;\LLOT SANDA 1.), Vue
d'ensemble sur l'exportation des produits agri-coles du Tchad, N'Djamena,
fevrier 1994, p. 28.
4
PASR, op. cit., p. 20.
/
Figure 3 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 1965
Part de la production d'arachides commercialisee 1976 1984 Annees 1993 1999 • Autoconsommation D Commercialisation
2/ Intensification des echanges commerciaux et multiplication des marches.
Au cours des annees 1990, les hausses conjuguees du pnx d'achat du coton et de la production cotonniere, qui accroissent les
disponibilites ·' monetaires en milieu rural, d'une part, de 1 a
production et de la commercialisation des arachides, d'autre part, s e
traduisent par une nette dynamisation des echanges commerciaux1
•
Le volume des transactions augmente sensiblement sur les marches
hebdomadaires anciens. Ainsi,
a
Benoye, on comptait generalement,au cours des annees 1980 et pendant la periode d e
commercialisation la plus active (d'octobre
a
fevrier), quatrea
cinq vehicules les jours du marche, partages entre des camions de 7 tonnes de capacite et des petits Peugeot 404 pick up (1 tonne). A la fin des annees 1990, on recense le plus sou vent une dizaine devehicules, domines par les camions de 7 ou de 12 tonnes. De meme,
sur le grand marche hebdomadaire de Bodo, !'intensification des
activites commerciales se repercute-t-elle en deux temps s u r
!'organisation du marche. En 1984, le marche hebdomadaire est transfere du centre du village, face
a
la residence du chef de canton, OU ii etait tropa
l'etroit, vers une peripherie, OU il s'etend Sur u n1
Voir MAGRIN G., Des fam'ines au "Tchad utile", Reflexions sur Les relations
entre culture du co ton et securite alimentaire dans la zone soudanienne du
Tc had, Observatoire du developpement PRASAC - Universite de Paris I, ju in
1999, pp. 75-77.
, /
vaste carre. Celui-ci est delimite par des magasins de stockage, souvent bien construits en brique cuite ou en dur et couverts de tole, eriges pour la plupart au cours des trois dernieres annees (1996-99) en reponse au developpement du marche.
On assiste par ailleurs
a
un mouvement significatif de creation de nouveaux marches, qui concerne toutes les categories de marches hebdomadaires ruraux. Cette dynamique ex primea
la f ois une croissance des quantites commercialisables et une prise de conscience de l'interet economique des marches - chaque canton, chaque village souhaitant pouvoir beneficier des retombees de l'activite marchande. Ainsi, une dizaine de marches fonctionnaient dans- le canton de Bodo au cours des annees 1980. En 1999, 1 a grande majorite des51
villages du canton possedaient un marche hebdomadaire, aussi petit soit-il. De meme, le marche de Peni, cree en 1996-97 sur le grand axe est/ouesta
praticabilite permanen te, entre Doba et Koumra, au nord du principal foyer de production, a -t-il connu un grand succes immediat, au point d'attirer chaque mardi plusieurs camions gros porteurs, transportant de grands commer9ants exportateurs, qui resident dans les villes du Tchad meridional, en RCA ou au Cameroun. Cette dynamique semble etroitement lieea
l' essor du commerce arachidier, puisqu' elle n' est pratiquement pas perceptible dans les es paces comparables o u l' arachide occupe une faible place dans les systemes de production, comme la region de Ba'ibokoum, qui appara1ta
maints egards en marge de l' ecpnomie marchande.Enfin, on peut signaler le role particulier de ce dynamisme commercial dans les evolutions demographiques de certaines localites. Des villages comme Pont Karol et Danamadji, qui abritent parmi les plus grands marches hebdomadaires de la zone soudanienne, ont connu depuis les annees 1960 une croissance demographique beaucoup plus soutenue que celle des agglomerations comparables proches, passant de moins de mille habitants en 1968
a
plus de 5000a
la fin des annees 199 01• Cette
croissance a ete consacree par !'erection de Danamadji au rang de Poste Administratif (PA), en 1998, ce qui en fait une ville2
• Ce type
d'evolution, OU l'essor economique endogene base sur les echanges precede la reconnaissance administrative, se revele particulierement original au sein d'une Afrique centrale ou 1 a
1
Pont Karol comptait 886 habitants lors de l'enquete demographique de 1968, 4777 au recensement de 1993, probablement pres de 6000 en 1999.
2 Au Tchad, le critere de !'urbanisation est entierement administratif : u n
chef lieu de canton est considere comme ru_!al, ma1s les echelons de
l'encadrement territorial que sont les postes administratifs, les sous-prefectures et les sous-prefectures sont des villes.
/
genese de !'urbanisation procedait traditionnellement de l'acte fondateur de l'Etat1
•
C/ Geographie de la production d'arachide
coton ?
l'envers du
Si l'arachide n'est nulle part totalement absente des systemes agricoles du Tchad meridional, sa geographie presente neanmoins des contrastes importants. A petite echelle, en reprenant l' ancien
decoupage de l'ONDR en sept grands secteurs, on constate u n
glissement vers I' est des bas sins arachidiers ( cf. carte 2). Al ors q u e
la Pc!.lt de I' ouest dans la production arachidiere totale de la zone
soudanienne reste stab}e,
a
un niveau modeste, on assistea
u n eaffirmation de la region !.de Sarh, et surtout du haut Mandoul, tandis que le centre nord (la Tandjile) s'efface. Dans l'economie du Moyen Chari, et notamment dans l'activite commerciale de sa capitale, affectee par la crise du secteur f ormel2, il semble meme q u e l' arachide, qui occupe de loin la premiere place dans les acti vites de
dechargement et de stockage du grand marche de Sarh3
, joue u n
role preponderant. Ces dynamiques semblent aller dans u n e
certaine mesure
a
I' encontre des dynamiques de la geographiecotonniere, dont les poles les plus productifs glissent, quant
a
eux, vers I' ouest, de Gounou-Gayaa
Lere, en passant par Pala, ou vers 1 es marges orientales, notamment la region de Kyabe.A une echelle plus fine, on peut distinguer deux types de
bassins arachidiers (cf. carte 3). D'une part, des espaces depuis
longtemps
a
la limite du surpeuplement, aux sols appauvris, et ou 1 a culture de l'arachide a ete encouragee par l'encadrement pour pallier la faiblesse des rendements et done des revenus cotonniers.11 s'agit essentiellement de deux zones : la premiere s'etend du
koro de Benoye
a
la region de Bebedjia, la seconde, plus etend uemais moins productive, s'inscrit dans un quadrilatere Sarh /
Koumra I Dono Manga / Goundi. Les rendements arachidiers
moyens y sont relativement bas, de l'ordre de 600 kg/ha4. Les excedents commercialisables sont probablement moins importants que dans le second type de bassin. L'arachide joue un role crucial en matiere de securite alimentaire, ce qui explique ici la predominance des varietes precoces, consommees au moment de la soudure.
1
Voir POURTIER R., "Petites et moyennes villes en Afrique centrale
developpement local et encadrement etatique", in Afrique contemporaine
0°168, oct-dec 1993, p. 87.
2
Avec notamment l'arret .des activites de la SIT (Societe textile du Tchad) en
1991.
3
USAID, op. cit., pp. 26 et 30.
4
PASR, op. cit., p. 15, d'apres l'enquete exploitation du PCVZS (Projet d'appui
aux cultures cotonniere et vivrieres en zone soudanienne), 1998. /
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Carte 2 : L'evolution de la geographie arachidiere (1976-1977 / 1996-1999) I I I,
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- Routes goudronn6es
·zone arachldiere· dt§finie en 1984. Sols peuvres peu favorables ll la culture du colon. R6/e /mportant en mallere de securi/6 alimentaire. Les cours d'eau - - Route en vole de bitumage (1998-1999)
Autres espaces
D Especes ou /'arachide occupe une position moyenne ou seconds/re
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Zone /nondable ll orientstlpn rizico/e, peu proplce ll la culture de /'arach/de~ Autres ~es inondables
Cours d'eau permanents principeux Cours d'eau permanents seconds/res Cours d'eau temporaires
= Principe/es pistes ll praticabi/it6 permanente
= = Principe/es pistes SBisonnleres = Autres pistes
D'autre part, les espaces de plus forte production arachidiere
correspondent
a
des zones au peuplement relativement recent etfaible, aux sols plus riches. Les rendements y atteignent en
moyenne 900 kg/ha1
• Ces espaces se divisent en deux ou trois
ensembles : un premier bassin correspond approximativement aux
hautes vallees de la Kabia et de la Tandjile, delimite par la Nya au sud (de Gagal
a
Tapol en pass ant par Be'inamar). 11 s' agissait historiquement d'une marche quasiment deserte, sorte de no man'sland entre le monde Sara et les principautes esclavagistes Foulbe d e
l' ouest2. L' essor arachidier y est relativement recent - sensible par
exemple dans la region de Gagal et Befaamar depuis le milieu des
annee'S 1990 seulement. Le second ensemble correspond
a
la ha u tevallee du Mandoul,
a
l'(nterieur d'un triangle Beboto I Moi"ssala / Bedjondo. 11 s'agit d'une aire au peuplement plus dense, aux sols assez riches, ou I' essor arachidier des dernieres annees amplifie etprolonge d'anciennes pratiques de commercialisation de produits
agricoles : la region est en effet structurellement excedentaire
depuis longtemps, notamment en mil et en manioc. Un troisieme bassin, moins vaste mais tres productif, s' organise au tour de I' axe Sarh/ RCA, de Moussafoyo
a
Maro, en passant par Danamadji. _Ces trois bas sins correspondent aux zones pionnieres des
marges meridionales et sud-occidentales de la zone soudanienne. Si la fertilite des terres et l' abondance des sols sableux ou
argilo-sableux qui conviennent
a
l' arachide constituent un f acteurd'explication qe cette repartition, d'autres elements doivent
egalement etre pris en compte. Les es paces interstitiels, qui
separent entre eux ces trois bassins meridionaux, entre Moundou,
Gore et Laramanaye, puis entre Dembo et Maro, constituent soit des espaces aux densites extremement faibles, soit des espaces dont les
populations manifestent, pour des raisons sociologiques, des
reticences face
a
!'innovation, notamment facea
la revolutionconstituee par le vivrier marchand. Celles-ci contrastent avec
l' engouement des N' Gamba ye de l' ouest, des Gor de Bodo ou des Mbaye de Mo'issala, pour les speculations nouvelles remuneratrices.
Par rapport aux dynamiques cotonnieres, il est interessant de
relever que ces espaces arachidiers apparaissent en position
moyenne, tant pour les rendements que pour les niveaux de
production. Les rendements sont inferieurs
a
ceux que l'on observe dans les secteurs les plus productifs de l' ouest (Lere, Pala, Gounou-Gaya) ou de l'est (Kyabe) de la zone cotonniere, ou encore entre Bessao et Donia (un des interstices entre bassins arachidiers), maissuperieurs
a
ceux des vieux bassins cotonniersa
la fertilitedegradee (le " V" Koumra I Doba / Benoye / Kelo).
1
Ibidem. .
2
Voir CABOT J., Le bassin du Moyen Logo~e, Paris-, ORSTOM, 1964 , p. 76.
1 6
Enfin, les plaines d'inondation, qui offrent des conditions a
priori peu favorables
a
la culture de l'arachide, presentent dessituations contrastees . Si la grande plaine rizicole du moyen Logone
(cf. cartes 1 et 3) parait
a
premiere vue peu concernee par l'essoractuel de la culture de l'arachide, c'est autant du fait de conditions
pedologiques et hydrologiques peu adaptees (sols trop argileux,
bourrelets exondes trop etroits) que de !'existence d'autres
speculations plus rentables relevant aussi du vivrier marchand (riz,
taro). En revanche, on assiste au developpement de nouvelles
formes de cultures de l'arachide dans d'autres zones basses
inondables moins etendues, aux sols riches. Ainsi, depuis trois ans,
l'arachide s'est ajoutee }tux cultures de decrue (haricot, patates) pratiquees depuis longtemps par les Moundang sur les rives du lac de Lere (cf. planche la). II est possible que ce type de mise en
valeur de contre saison s' etende dans d' autres es paces disposant de
potentialites semblables, comme la vallee du Mandoul.
II
Facteurs et acteurs internes de la croissance.
A/ Le role limite de I' encadrement.
1/ La diversite, varietale politiques semencieres et diffusions
spontanees.
A la difference de la filiere cotonniere, fleuron du secteur
formel de l' economie tchadienne, la filiere arachidiere actuelle
rel eve presqu' exclusi vement de l' informel. Cela ne signifie pas pour
autant que I' action de l' encadrement n' ait eu aucune influence s u r
les evolutions recentes. Si I' encadrement n' eut aucun role en
matiere de commercialisation, ii a en revanche contribue
a
accompagner l'essor de la production au travers des politiques
semencieres. La premiere grande operation fut "I' operation
arachide", menee entre 1980 et 1984, destinee
a
stimuler u n eproduction de rente alternative au coton dans les espaces les moins
productif s1
• Elle definit une "zone arachidiere" au sein de la zone
cotonniere, dont les limites correspondaient au premier type de
Au meme moment, la cooperation fran~aise finan~a egalement u n e
operation d'appui a la riziculture dans les zones inondables, aux objectifs semblables. Le contexte politique - la guerre civile, et l'existence d'une zone meridionale autonome de fait vis-a-vis du pouvoir de N'Djamena -, la situation
alimentaire (secheresse et famine de 1984) et @ confoncture economique
(chute des cours mondiaux du coton) ne furent sans doute pas etrangers a cette concentration d'actions de soutien a la diversification de l' agriculture
soudanienne.
zone arachidiere evoque ci-dessus (sous-prefectures de Bebedjia,
Benoye, Koumra et Sarh rural),
a
savoir les anciens bassinscotonniers
a
fertilite reduite. Les resultats en terme demultiplication ne furent pas
a
la hauteur des objectifs, mais lessemences ameliorees diffusees
a
partir des fermes de Deli et deMoussafoyo (cf. carte 3) jouerent un role non negligeable dans
l' augmentation de la production. A partir de ces fermes, les
politiques semencieres furent ensuite prolongees de fa<ron plus o u
moins continue, dans le cadre de divers projets1
• Si la production
des fermes est tres insuffisante par rapport aux besoins theoriques
en semences de qualite - Deli produit 30
a
40 tonnes par an, alorsque la consommation est de l'ordre de 20000 tonnes -, l 'existence
de zones de forte producjion d' arachide dans un rayon de 25
a
5 0km autour d'elles temoigne de leur influence.
Au niveau varietal, on constate parmi les graines
commercialisees au Tchad et dans les pays limitrophes u n e
tendance
a
la disparition des varietes traditionnelles, au profit detrois ou quatre types de graines largement diffusees - ce qui
n'exclut pas les frequents melanges. La ferme de Deli commercialise
essentiellement trois varietes. Une arachide precoce (55-437)
a
teinte claire et
a
grains assez petits ( cf. planche 1 b et c) ; u n evariete
a
cycle intermediaire, peu repandue (73-33 ), et une varietetardive (57-313)2, de loin la plus cultivee. On rencontre aussi
frequemment . ~ur les marches une variete couramment appelee
"delavee", dont les graines, rouges et blanches, apparaissent comme
striees (cf. planche le). Celle-ci est issue de la variete manipintar.
Elle a ete diffusee seulement depuis une dizaine d'annee au sud du
Tchad, de maniere spontanee,
a
partir de la RCA, OU elle avait eteintroduite par l'IRH03
a
partir du Burkina Faso au milieu des annees197 04. Dans certains espaces assez localises, des varietes anciennes de couleur rouge continuent d'etre cultivees, comme la "Mandja" des environs de Bedjondo (cf. planche lb).
1
Le dernier en date est le PCVZS, qui finance la production des fermes
semencieres.
2
D'apres Yassine GA YE SENA, chef de la ferme de Deli.
3
Institut de Recherche sur les Huiles et les Oleagineux. (verifier).
4
D'apres une communication orale de Rodrigue YAKENDE, chercheur ICRA
(lnstitut centrafricain de recherche agrgnomique)'; Bangui, janvier 2000.
Plauche 1 : Varietes et cultures nouvelles.
a/ Depuis trois ans, l'arachide est cultivee en saison seche au bord du lac de Ure, en
culture pure,
a
cote des cultures de decrue traditionnelles (haricot). On semeessentiellement une variete precoce (deux mois), appelee "ONDR". En 1999, le haut
niveau atteint par la crue a pennis notamment
a
de nombreux eleves de s'essayera
cettespeculation. Ure, novembre 1999.
19 · bl d'arachide "mosso". Detaillantes de type Varietes traditionnelles ("Mandja", en bas
a
gauche) et nouvelles(precoce en bas
a
droite,tardive au fond). Marche
de Bedjondo, octobre 1999.
c/ La variete "delavee",
introduite en RCA par l'encadrement, connait au sud du Tchad et au
nord Cameroun une
diffusion spontanee
rapide depuis quelques annees.
Les noms donnes par les populations aux differentes varietes sont souvent instructifs quant
a
l'origine de ces dernieres, mais ils doivent etre consideres avec precaution, au risque de conduirea
des contresens (cf. figure 4). Ainsi, si les termes Sara "wul dum" et "Bousso" font bien referencea
une ancienne origine septentrionale de l'arachide, si les termes Mousseye designant les graines precoces ou tardives integrent bien la difference de duree de cycle, d' au tre s appellations pretenta
confusion. Ainsi, les Mousseye qualifient de"zoi:ra N'Gambaye" ( arachide des N'Gambaye) la variete di te
"delavee", non parce qu'il s'agirait d'une variete traditionnelle N'Gambaye, mais simplement parce qu'elle leur a sans doute e te transmise par ceux-ci dur simple fait de la contigulte geographique. En revanche, la proximite des termes N'Gambaye, Sara et Sango
(yeyew, yayaw, yahou yahou) temoigne de la provenance
centrafricaine de cette graine. On ne sait trop en revanche, s'agissant de cette meme variete, comment interpreter I a denomination camerounaise de "Kampala"
Figure 4 : Les noms des arachides.
Caracteristique Variete Sara du centre NGambaye Pont Karol Pays voisins
<Bediondo) rMousseve)
precoce 55-437 (Deli) Bousso wul wubu zoi'ra ndolla
(petite graine (le pois pour (l'arachide en
rouge pale) l'huile) saison des
-' pluies)
90 i
tardive 57-313 (Deli) gadji wul durn zoira walla CAMEROON (grosse graine (nom generique (le pois des (l'arachide en birizi
plus claire) en bedjond) Baguinniens) saison seche) (generique Foufoulde)
120 a 140 i "rouJ?;es"
striees (rouge manipintar yeyew yayaw zoira RCA
et blanche) NGambaye yahou yahou
(l'arachide des CAMEROON
105-110 i NGambaye) Kampala
rouges diverses mandja RCA
(grains petits traditionnelles yahoo-kourou
au rouge - - talon dame
soutenu)
90-100 i?
Source : enquetes personnelles.
Ces varietes n'entrent pas de fa~on equivalente dans le processus de commerciafisation. Si les arachides tardives (appelees parfois "blanches" au Tchad, mais "rouges·~ au -Nord Cameroun !)
dominent tres largement les echanges, les autres varietes occupent une place plus limitee, variable selon le moment · de la saison et les
20
destinations. Les arachides precoces sont largement autoconsommees au moment de la soudure, et alimentent de ce f ait peu les flux d'exportation. Les arachides striees ("delavees") peuvent etre acheminees indifferemment vers le Cameroun ou 1 a Centrafrique. Les rouges en revanche sont destinees exclusivement
a
la RCA et au Congo, ou elles sont particulierement prisees, notamment par leur ressemblance avec les varietes connues localement1• 11 en resulte que le prix des differentes varietes varie en fonction de la nature des marches d'exportation. Dans tous les cas, les varietes tardives,
a
teneur en huile reduite, presentent les prix le moins eleves. Au Cameroun, seules les arachides "delavees" seronf distinguees, et vendues un peu plus cher que les ordinaires, par exemple 26000 Fc(a le sac d'arachides decortiquees, contre 24000 Fcfa pour les tardives, le 31 novembre 1999, au marche au mil de Maroua2• Entre les arachides ordinaires et les arachides
rouges, en revanche, le differentiel de prix peut atteindre des niveaux plus eleves en RCA ou au Congo, de l'ordre de 20%, par exemple 40 000 Fcfa le sac d'arachides blanches
a
Brazzaville le 1 4 janvier 2000, contre 50 000 Fcfa pour les rouges.2/ L'importance des materiels de transformation.
Enfin, pour conclure sur le role de l'encadrement, ii faut evoquer le role de la vulgarisation de certaines ameliorations techniques da~ cette dynamique de croissance de la production d'arachides au Tchad meridional. La plus importante en est probablement la diffusion des decortiqueuses mecaniques, sous l'impulsion de l'ONDR et de certaines <N::i3
, dan3 le courant des
annee 1980 (cf. planche 2a). Celles-ci permettent de traiter un sac de 100 kg d'arachide coque en deux heures, au lieu de deux jours lorsque I' operation etait realisee
a
la main. L'ONDR s' est depuis quelques annees desengagee de la vente de materiel agricole, mais certaines ONG (APICAa
Sarh, AFDIa
Doba par exemple) continuent d'appuyer des ateliers artisanaux ou des groupements de forgerons qui fabriquent ce type de materiel.t 1
A la difference de ce que l'on observe au Tchad, la plus grande part de la production centrafricaine est composee d'arachides rouges.
2
Les sacs les plus couramment utilises pour le commerce des cereales et des oleagineux soot les sacs dits "Baba gana", de fabrication mgenane, d 'u n volume de 100 litres. Bien. remplis d'arachides bien sechees, ils peu vent
approcher les 100 kg. _
3
Par exemple dans le cadre du projet "Appi::opriation de technologies appropriees", mene par une ONG suisse dans le Mayo Kebbi (Lere, Pala, Gounou Gaya), qui consistait notamment
a
promouvoir la production de decortiqueuses simples par les artisans J,ocaux. - .,.Planche 2 : Transformation et pruduits derives.
a/ Decortiqueuses mecaniques. Elles permettent de traiter un sac de 100 kg d'arachide
coque en 2 heures, contre 2 jours
a
la main. Bodo, octobre 1999.b/ Mme Ourmeum,
productrice et vendeuse
de pate, d'huile et de
tourteaux d'arachide.
A vec la preparation des
alcools traditionnels, le
commerce de ces
produits derives de
l'arachide constitue une des principales sources
de revenu pour les
femmes. Marche de
Bedjondo, octobre
1999.
/
22
ci -Moulin manuei
a
pate d'arachide.D'un prix accessible, encore peu
diffuses, ils foumissent des revenus
app.recies
a
leur proprietaire. Ils sontparf ois concurrences par des moulins
a
moteur. Danamadji, decembre 1999. Cliches: G. MAGRIN.