Sophie de Mullenheim LA LETTRE ANONYME. mame. Illustré par Marine Gosselin

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Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sophie Cluzel

Édition : Marie Rémond Direction artistique : Armelle Riva Direction de la fabrication : Thierry Dubus

Fabrication : Audrey Bord Mise en page : Pixellence

www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7289-2642-8

MDS : 532 110

« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »

LA LETTRE ANONYME

Illustré par Marine Gosselin

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Sophie de Mullenheim

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À Roule…

Quand, petites, nous pensions que le mystère se tenait juste au coin de la rue.

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Nom Prénom Âge

Nom Prénom

Âge

Classe

Profession du père Profession de la mère Qualités

Défauts Devise

Classe

Profession du père Profession de la mère

Qualités Défauts Devise Carte n°

Carte n°

ANNÉE 2019-2020

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Holmes Eliott 11 ans

6^e au Collège Paul Claudel Policier

Policière

Discipliné et observateur.

Trop précipité Au nom de la loi !

GALAXOS Mathis 11 ans

6

^e

au Collège Paul Claudel Professeur de français

Artiste peintre Gentil et sensible

Rêveur et toujours en retard Il n’y a pas de problème !

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Classe

Défauts Devise

Classe

Qualités Défauts Devise

6^e au Collège Paul Claudel Policier

Policière

Discipliné et observateur.

Trop précipité Au nom de la loi !

6

^e

au Collège Paul Claudel Professeur de français

Artiste peintre Gentil et sensible

Rêveur et toujours en retard Il n’y a pas de problème !

Nom Prénom Âge

Classe

Défauts Devise Carte n°

ANNÉE 2019-2020

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Nom Prénom

Âge

Classe

Qualités Défauts Devise Carte n°

ANNÉE 2019-2020

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DUPAIN Octave 12 ans

5^e au Collège Paul Claudel

Trompettiste professionnel Médecin urgentiste Observateur

et plein d’imagination Mauvais musicien et mauvais artiste.

L’écriture sinon rien !

DUPAIN Plume 11 ans

6^e au Collège Paul Claudel

Trompettiste professionnel Médecin urgentiste Originale et têtue.

Originale et têtue ! Rien ne m'arrête !

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1 LA BOÎTE

Accroupi dans ma chambre, j’allonge le bras sous mon lit pour récupérer ma boîte. C’est alors que la porte s’ouvre.

Je sursaute, me redresse d’un coup et rougis. Ma sœur Plume me regarde d’un air suspicieux.

– Qu’est-ce que tu fais ? – Rien… rien… je bafouille.

– J’ai bien vu. Tu cherchais quelque chose sous ton lit.

– Non, j’affirme, plus sûr de moi.

– Tu mens !

Plume a beau avoir un an de moins que moi – onze mois trois quarts en réalité, précise-t-elle toujours –, elle n’est pas du tout impressionnée par moi. Il faut dire que mon physique n’en impose pas beaucoup. Elle plisse les yeux puis me sourit. Je déteste quand elle fait ça. Elle devient si jolie que je ne peux rien lui refuser, c’est déloyal.

– Qu’est-ce que tu caches ? – Rien.

– Allez…

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Je résiste encore un peu, pour la forme, puis je cède, souris à mon tour et m’accroupis à nouveau. Du bout des doigts, je tire la boîte jusqu’à moi. Plume a les yeux qui pétillent d’ex- citation. Elle a trop hâte de voir ce que je vais lui montrer.

Je caresse la boîte du bout des doigts un instant. J’hésite à l’ouvrir.

– Tu n’as pas intérêt à te moquer, j’avertis Plume, sinon…

Sinon rien, je suis incapable de menacer ma petite sœur.

– Promis ! s’impatiente Plume.

Depuis que nous sommes entrés dans le groupe Enquêtes et Filatures, ma vie a changé. Je pense agent secret. Je vis agent secret. Je mange agent secret. Je rêve agent secret.

Je SUIS un agent secret ! Je ne m’ennuie plus jamais – même quand nos parents rentrent très tard le soir – et, surtout, je ne vois plus les choses de la même façon. Maintenant, partout où je vais, je ne peux pas m’empêcher de noter chaque détail, d’écouter ce que disent les gens et de devi- ner ce qu’ils ne disent pas. Dès que je vois quelque chose qui me paraît suspect, je le note. Quand je trouve un papier, je le récupère. Même un ticket de caisse peut avoir de l’importance. J’entasse les preuves en attendant que l’une d’entre elles serve un jour et je consigne tout sur un carnet. J’adore les carnets, j’en ai plein. Pire ! Depuis que je suis apprenti

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agent secret, je fouille même les poubelles ! Les corbeilles à papier, plutôt. C’est plus facile et ça sent moins mauvais.

Je soulève le couvercle de la boîte lentement, j’ai le sens du théâtre. J’ai l’impression que Plume est prête à me sauter dessus tellement elle trouve que je prends trop mon temps.

– Et voilà ! j’annonce fièrement en retirant le couvercle d’un seul coup. Mon matériel d’agent secret !

Plume se penche au-dessus de la boîte sans rien dire. Elle fait une drôle de grimace que je n’arrive pas à déchiffrer.

– C’est quoi ? me demande-t-elle enfin.

J’avais peur qu’elle se moque de moi. Pas du tout. Mais elle est loin de partager mon enthousiasme. Elle semble déçue.

– Mes récoltes, je lui explique en tentant de lui rendre les choses plus passionnantes.

Je sors une page d’agenda déchirée avec un numéro de téléphone.

– Ça, je l’ai trouvé juste en sortant de l’immeuble.

Je saisis un bouton avec un morceau de tissu encore accroché dessus.

– Il a dû être arraché, je précise. Trouvé près de la boîte aux lettres.

Je brandis sous son nez l’une des pièces maîtresses de mon trésor.

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– Un billet de train Nancy-Épinal ! J’ai dû regarder où se trouvaient les deux villes sur une carte. Pour deux personnes, j’ajoute pour que Plume mesure toute l’importance de ma trouvaille.

– Aaaah ! réagit enfin Plume. Et ça sert à quoi tout ça ? J’écarquille les yeux, sidéré par sa question.

– Bah, à enquêter. C’est une évidence. Qui sait si, un jour, l’un de ces objets ne nous aidera pas à résoudre une enquête. Et à écrire un roman, peut-être aussi. Je rêve souvent à mon futur best-seller.

– Mmm…

Décidément, Plume ne semble pas convaincue. Elle m’énerve ! Je range précipitamment mes preuves et mes indices dans la boîte, en me gardant bien de lui montrer le stylo publicitaire Locabus ou le sous-verre en carton avec un dessin dessus. Elle ne mérite pas de voir mes plus belles découvertes.

– Tu vas montrer tout ça à Yvain ? me demande ma sœur.

Je hausse les épaules, vexé, et remets ma boîte sous mon lit.

– Je ne sais pas. Peut-être…

Moi, je suis certain qu’Yvain verrait d’un très bon œil mes trouvailles. C’est grâce à lui que je me suis transformé en agent secret et je n’imaginais pas que cela me passionnerait

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autant. Tant pis pour Plume si elle n’a pas la fibre du métier comme moi.

Un jour, c’est sûr, je serai agent secret. Et écrivain, bien entendu.

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2 IL ÉTAIT UNE FOIS YVAIN ZIBLE

La dernière fois, après avoir retrouvé le chat de madame Michel¹ – qui n’était pas chez le père Lustucru, bien entendu –, Yvain, notre professeur d’Enquêtes et Filatures a accepté de nous parler un peu de sa vie d’agent secret. Enfin ! Nous n’at- tendions tous que cela.

Les premiers jours où nous avons fait sa connaissance, il évitait le sujet. Pourtant nous rêvions tous qu’il nous dise pourquoi il avait un œil de verre et à quoi correspondait chacune de ses cicatrices sur le crâne. Avait-il été blessé en mission ? Ou fait prisonnier ? Ou torturé ? Chacun de nous imaginait mille choses, surtout moi. C’est le propre de l’écri- vain d’imaginer. Mais Yvain ne livrait rien. Il est resté muet comme une tombe jusqu’à ce que nous terminions notre première enquête. Cette fois-ci, comme nous avions appris à interroger une personne le plus efficacement possible, il ne pouvait plus nous échapper ! Et en particulier à Plume. Quand

1. Lire La mère Michel a perdu son chat.

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ma petite sœur – elle déteste que je l’appelle comme ça mais elle est quand même plus jeune que moi – a une idée en tête, elle n’en démord pas. Et son idée, c’était de tout savoir sur Yvain. En tout cas, maintenant, nous en savons tout de même suffisamment pour nous donner à tous envie d’être agents à notre tour. Même Eliott qui fait partie de notre groupe – nous sommes quatre à Enquêtes et Filatures, je vous l’ai dit ? – a abandonné l’idée de devenir policier comme tous les membres de sa famille pour rejoindre le milieu très privé des agents secrets.

Yvain s’appelle Yvain Zible, du moins c’est ce qu’il sou- tient, et il est né en Normandie. Où et quand ? Ça, il a refusé de nous le dire. En tout cas cela fait sans doute un bon bout de temps car premièrement, il est à la retraite et, deuxièmement, il a une barbe grise et plus un cheveu sur la tête, mais beaucoup de cicatrices. Avant d’être agent secret, Yvain était dans le commerce. Il vendait des balais magiques sur toutes les foires de France. Rien à voir avec Merlin l’enchanteur ou Harry Potter ! Son balai ne volait pas mais il permettait de passer la serpillière en un temps record.

– J’étais le meilleur vendeur de balais magiques de France ! nous a raconté Yvain, très fier. Dans les foires où j’allais, les autres marchands détestaient se retrouver à côté de mon stand car j’attirais tous leurs clients.

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– Mais comment êtes-vous devenu agent secret ? a demandé Plume avec impatience.

– J’y viens, j’y viens… Un jour un homme est venu me voir et m’a proposé de m’acheter tout mon stock de balais magiques si j’acceptais de lui accorder une heure pour prendre un café.

J’étais en début de tournée et j’avais 102 balais dans mon camion. J’ai accepté. C’était l’affaire de ma vie !

Yvain nous a raconté alors que l’homme lui avait dit qu’il le suivait depuis plusieurs jours et qu’il s’était rensei- gné sur lui. Ils avaient besoin de lui aux services secrets du pays. Comme il se déplaçait sans cesse avec son métier de

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vendeur de balais, c’était la couverture idéale pour aller d’un endroit à un autre sans se faire remarquer.

– C’est ainsi que je suis devenu agent secret ! J’ai suivi une formation pendant six mois, dès que je n’étais pas sur des foires, puis j’ai repris mon activité de marchand de balais magiques.

À chaque fois que j’étais dans une ville, je m’arrangeais pour prendre des renseignements sur les personnes dont on me parlait.

– Vous avez continué à vendre des balais magiques long- temps ? a questionné Mathis – le quatrième de notre bande avec Plume, Eliott et moi.

– Pendant trois ans. Puis le balai magique n’a plus intéressé personne. Les gens sont passés à la serpillière électrique et j’ai arrêté d’être vendeur.

– Et agent secret ? – Non. Ça, j’ai continué.

Il s’est alors arrêté de parler et il a fallu que Plume le relance.

– Et alors ? – J’ai continué.

Quand je disais qu’il ne nous avait pas tout dit… Pour son œil, nous n’en savons pas plus.

– Ma vie d’agent secret avait tout changé pour moi.

Je ne pouvais plus revenir en arrière, a-t-il simplement conclu.

Ça, je veux bien le croire. Pour moi, c’est pareil.

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3 AU FOND DE LA CORBEILLE

Au collège, je furète chaque jour du côté de l’imprimante pour regarder ce qu’il y a dans la corbeille à papier. J’espère toujours y trouver quelque chose d’intéressant. On ne sait jamais. Yvain nous a bien dit qu’il n’y avait pas de petite enquête. J’imagine donc qu’il n’y a pas de petite piste non plus. Enfin… Pour le moment, je n’ai pas fait de grandes découvertes. Rien de bien passionnant en dehors d’une dis- pense de sport pour un élève – il faudra que j’y pense pour m’éviter d’avoir à courir autour du stade chaque semaine –, du menu de la cantine – pas terrible comme d’habitude – et des notes du devoir de mathématiques – que j’aurais préféré ne jamais voir tant je suis nul en maths. Mais je ne désespère pas de faire la découverte du siècle.

Ce soir, juste avant de sortir de cours, je passe comme à mon habitude près de la photocopieuse. Je m’arrête et je fais semblant de chercher quelque chose dans mon sac à dos. C’est la meilleure méthode que j’ai trouvée

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pour pouvoir m’accroupir – avec les lacets à faire mais je n’en ai pas aujourd’hui – et jeter un œil dans la poubelle. Je plonge discrètement une main dans la corbeille et j’écarte les papiers.

– Tu fouilles dans les poubelles ? me demande la professeure de français qui s’approche de la photocopieuse.

– Euh…

Je sens mes joues qui s’enflamment d’un coup. Je dois être rouge comme une tomate.

– Tu joues toujours les agents secrets ? me taquine-t-elle.

– Pas… Pas du tout. Vite, vite, une idée. Je… récupère du papier pour faire des feuilles de brouillon. J’improvise.

Au collège, on essaye de gaspiller le moins possible de papier alors j’espère que mon argument va plaire.

– Tu recycles ? C’est bien.

Bingo !

– C’est idiot de jeter autant de papier, je poursuis. Je pré- fère en récupérer ici plutôt que d’en acheter.

Tout en parlant, je prends une brassée de papier que je glisse dans mon sac à dos. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour faire croire à mon histoire !

Ma professeure de français sourit.

– Tu as raison. C’est une bonne idée. Je penserai à te mettre de côté les photocopies que j’ai en trop parfois.

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– Merci. Ce serait chouette ! J’en rajoute, là.

Je referme mon sac et je m’éloigne le plus vite possible.

Maintenant il pèse une tonne avec toutes ces feuilles inu- tiles. Je ne sais pas combien j’en ai récupéré mais il y en a un gros paquet. Je vais devoir faire un détour par le conteneur à papier pour m’en débarrasser.

À la sortie du collège, et avant de mettre en pratique mes belles idées de tri sélectif, je retrouve Plume, Eliott et Mathis dans le square qui est devenu notre point de ralliement. Nous l’avons découvert lors de notre première enquête sur le chat de madame Michel, la gardienne de l’immeuble d’Yvain, et nous avons décidé d’en faire notre Q.G., quartier général. Ici, c’est bien. Il y a du monde et personne ne peut se douter de ce que nous faisons. L’ano- nymat est la meilleure couverture pour un agent secret.

Depuis que nous nous sommes rencontrés au cours Enquêtes et Filatures, nous sommes devenus inséparables tous les quatre. Il paraît que les sports d’équipe créent des liens, d’après ce qu’on m’a dit, je n’ai jamais testé. Eh bien, être agent secret aussi ! Seulement, les autres ne compren- draient pas. S’ils savaient pourtant. Nous sommes devenus plus proches que bien des joueurs en équipe de foot.

Nous nous comprenons d’un simple regard, c’est pratique,

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et quand nous avons besoin de communiquer, nous pou- vons utiliser notre propre langage, le morse, pour ne pas être compris des autres. Nous savons aussi mener des inter- rogatoires efficaces – sauf avec Yvain – et marcher dans la rue incognito. En dehors de Mathis peut-être car avec ses énormes lunettes et sa tête de rêveur, il ne passe jamais inaperçu nulle part.

– Alors ? demande Eliott comme chaque soir.

Eliott est comme moi : impatient. Mais pas pour les mêmes raisons. Lui, il rêve de l’enquête qui lui permettra de briller aux yeux de sa famille de policiers. Moi, je suis à la recherche du scénario parfait pour mon roman policier.

Celui qui doit me rendre célèbre.

– Rien, avoue Plume en secouant la tête. Vivement mer- credi qu’Yvain nous trouve une nouvelle enquête !

– Mathis ? demande Eliott.

Mathis met un certain temps à répondre – il a toujours un petit temps de retard Mathis, le temps qu’il redescende de sa planète – et plisse le nez.

– Ça veut dire quoi, ça ? demande Eliott en imitant sa grimace. Rien ?

Il m’amuse Eliott, on a toujours l’impression qu’il nous fait passer un interrogatoire.

– Pas grand-chose, répond Mathis.

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– C’est-à-dire ?

– Le prof d’histoire des quatrièmes est absent, raconte Mathis sur un ton monocorde. Personne ne sait trop pourquoi. La cantine a reçu un lot de conserves périmées et la photocopieuse de la salle des profs est en panne. Cela explique que la prof de français m’ait coincé à la photocopieuse de la vie scolaire.

Il m’épate Mathis. Il a l’air toujours ailleurs mais c’est le meilleur de nous tous pour repérer tout ce qui est bizarre.

C’est peut-être parce qu’il est un peu bizarre d’ailleurs. – C’est tout ? demande Eliott.

– Le prof d’E.P.S. s’est fait voler tous les ballons de foot.

Ils ne me manqueront pas.

– Ah, ça, c’est bien ! s’enthousiasme Eliott.

– Mais, en fait, poursuit Mathis, il les a simplement rangés dans la mauvaise salle.

Dommage.

– Et toi Octave ?

– Rien non plus. La prof de français m’a surpris en train de fouiller dans la poubelle de la photocopieuse ! J’ai fait croire que je prenais du papier brouillon et j’ai dû charger plein de feuilles dans mon sac.

– Trop drôle ! s’exclame Plume.

– J’aurais aimé t’y voir.

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– Tu as regardé au moins ce que tu mettais dans ton sac ? demande Plume avec le même air moqueur.

– Même pas.

– Il y a peut-être des merveilles, ricane-t-elle.

Plume est comme moi, elle adore notre cours d’Enquêtes et Filatures mais je vois bien qu’elle trouve que j’en fais un peu trop à vouloir récupérer plein de preuves tout le temps.

Elle, ce qu’elle préfère, c’est l’observation.

– Regarde au moins, m’encourage Mathis. Mathis fait toujours très attention aux autres, c’est très agréable.

On ne sait jamais.

– Oh… je réponds en haussant les épaules. Plume a raison. Je n’ai jamais rien trouvé de très intéressant.

– Mais au moins, tu n’auras pas de regrets.

J’hésite quelques secondes puis j’acquiesce. Mathis a raison. Je vide mon sac à dos au milieu de notre petit cercle.

Plume rit devant tout ce que j’ai emporté. Même moi, je souris. La professeure de français a dû bien s’amuser en me voyant mettre autant de papier dans mon sac. Mais Mathis ne fait aucune réflexion. Eliott non plus d’ailleurs.

Il aime l’action avant tout et plonge aussitôt les mains dans les papiers.

Nous les épluchons tous pendant un petit moment quand Eliott souffle entre ses dents.

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– J’y crois pas…

Nous nous arrêtons tous pour le regarder. Sans rien dire, il brandit devant lui ce qu’il vient d’extraire de mon paquet de feuilles : une lettre anonyme !

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