Rapport de Mission 2013 au Brésil
Michel Meuret
INRA-‐SAD, UMR 0868 Selmet, 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1 meuret@supagro.inra.fr
1. Dates, principaux correspondants et lieux de mission au Brésil
Ma mission s’est déroulée du 22 Novembre au 12 Décembre 2013 (21 jours sur place), avec un séjour centré sur Porto Alegre et environs, capitale du Rio Grande do Sùl, un État au climat subtropical humide situé à l’extrême sud du pays, limitrophe de l’Argentine et de l’Uruguay, et emprunt de la culture « Gaucho ».
J’ai été invité par Paulo César de Faccio Carvalho, Professeur, chef d’équipe à l’UFRGS (*) et Olivier Bonnet, chercheur contractuel post-‐doc. à qui mon accueil avait été confié.
(*) Universidade Federal do Rio Grande do Sul (UFRGS), Research group on livestock grazing ecology, Av. Bento Gonçalves 7712, CEP 91540-‐000 Porto Alegre RS, Brasil
tel: 051-‐3308.7402
paulocfc@ufrgs.br
odbonnet@hotmail.fr
http://www.ufrgs.br/gpep/
Mes frais de vols et de séjour ont été presque intégralement pris en charge par l’équipe d’accueil. Ma mission sur place a été sans frais pour l’INRA.1
Mes lieux de séjour ont été (classés ici dans l’ordre décroissant de durée) : 1 -‐ Station expérimentale de l’UFRGS, à Eldorado do Sùl ;
2 -‐ Faculté d’Agronomie de l’UFRGS, à Porto Alegre ;
3 -‐ Fermes d’élevage de la municipalité de Lavras do Sùl (6 h de route de l’UFRGS) ; 4 -‐ Syndicat rural de Sào Gabriel.
1 Ma mission a malencontreusement généré quelques frais imprévus pour mon employeur car, à la suite d’un
accident du travail survenu le 10 décembre à la station expérimentale de l’UFRGS, j’ai eu à subir une opération chirurgicale urgente dès mon retour en France, suivie de près de 2 mois de soins en arrêt de travail.
2. Les raisons de mon invitation
Comme précisé sur la lettre d’invitation (Annexe 1), ma mission avait trois raisons :
-‐ contribuer en tant que membre invité à un workshop scientifique international organisé par l’équipe de Paulo Carvalho sur le thème spécialisé et encore peu informé des dynamiques de repas chez les herbivores au pâturage ;
-‐ donner un cours à des étudiants post-‐graduates en agronomie de l’UFRGS ; -‐ me rendre sur le terrain avec des chercheurs et doctorants de l’équipe, afin de :
i. poursuivre et développer in situ mon appui méthodologique aux travaux menés en station expérimentale sur le comportement d’ingestion des bovins dans la pampa ;
ii. réaliser des visites chez des éleveurs utilisateurs de pâturages sur pampa, afin d’envisager un programme de recherches en collaboration.
L’initiative de mon invitation a été prise par Olivier Bonnet. J’entretiens en effet avec ce chercheur d’origine française de constantes et très bonnes relations depuis les années de sa thèse en écologie soutenue en 2008 à l’Université Pierre et Marie Curie, suivi de son premier post-‐doc, tous deux réalisés en Afrique du Sud sur le comportement des grands herbivores sauvages en savanes2. Notre premier
contact avait été pris en 2005 dans le cadre du réseau « Herbivorie » (Cnrs-‐ENS-‐Inra-‐Universités-‐Oncfs) auquel j’avais contribué à la fondation en 2003 au titre de l’Inra et aux côtés de Patrick Duncan et Hervé Fritz, alors respectivement directeur et chercheur au Cnrs de Chizé. Ensuite, je m’étais rendu à deux reprises en Afrique du sud (2005 et 2006).
Depuis 2011, année de rattachement d’Olivier Bonnet à l’équipe de Paulo Carvalho à l’UFRGS, nos relations de travail se sont trouvées renforcées. Au Brésil, Olivier la charge de mener des observations sur le comportement d’ingestion au pâturage par des herbivores domestiques (en l’occurrence des génisses, futures mères à veaux), ce qui relève plus de ma spécialité que les rhinocéros et phacochères. L’un des objectifs de l’équipe était de renouveler les critères d’appréciation de la valeur alimentaire de la « pampa native », où au grand nombre d’espèces végétales comestibles (total sur site >350 ; 20 à 40 par m2) est associée une forte variabilité spatio-‐temporelle de leur abondance relative, structure et
qualité nutritive dans les parcelles. Sur la pampa, Olivier a choisi d’adapter une méthode de mesure de l’ingestion quotidienne par observation directe des prises alimentaires stratifiées, méthode que j’avais conçue il y a déjà près de 30 ans et que nous avions ensuite beaucoup améliorée en France.3 Comme je
le détaillerai plus avant en section 5, cette méthode d’observation du comportement en milieu réel adoptée par Oliver et ses collègues doctorants de l’UFRGS soulève aujourd’hui beaucoup d’intérêt, comme en témoigne l’accueil excellent qui nous a été réservé en Septembre 2013 au congrès international des herbages de Sydney (Annexe 2). C’est la raison pourquoi Olivier a souhaité que je consacre près de 10 jours de mission à ses terrains d’expérimentation dans la pampa. En début d’été au Brésil, la saison nous était très favorable.
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Bonnet O., Fritz H., Gignoux J., Meuret M., 2010. Challenges of foraging on a high-‐quality but unpredictable food
source: the dynamics of grass production and consumption in savanna grazing lawns. Journal of Ecology, 98: 908-‐ 916. -‐ Bonnet O., Hagenah N., Hebbelmann L., Meuret M., Shrader A.M., 2011. Is hand-‐plucking an accurate method of estimating bite mass and instantaneous intake rate of grazing herbivores? Rangeland Ecology and
Management, 64(4): 366-‐374.
3
Meuret M., Bartiaux-‐Thill N., Bourbouze A., 1985. Évaluation de la consommation d’un troupeau de chèvres
laitières sur parcours forestier : méthode d’observation directe des coups de dents ; méthode du marqueur oxyde de chrome. Annales de Zootechnie, 34: 159-‐180. -‐ Dumont B., Meuret M., Prud’hon M., 1995. Direct observation of biting for studying grazing behavior of goats and llamas on garrigue rangelands. Small Ruminant Research, 16: 27-‐ 35. -‐ Agreil C., Meuret M., 2004. An improved method for quantifying intake rate and ingestive behaviour of ruminants in diverse and variable habitats using direct observation. Small Ruminant Research, 54/1-‐2: 99-‐113.
3. Le workshop international
Le workshop comportait, outre les 6 invités internationaux (Annexe 3), plusieurs chercheurs venus du Brésil, d’Argentine et d’Uruguay, mais aussi une bonne trentaine de masters, doctorants et post-‐ doctorants de l’UFRGS et institutions d’enseignement associées. Le thème du workshop était : The meal dynamics of grazing herbivores: patterns and processes. Il était donc réservé à de rares spécialistes, car les études du processus d’ingestion à l’échelle du repas -‐ et aussi menées au pâturage -‐ demeurent fort peu nombreuses. À l’INRA, les travaux précurseurs sur les dynamiques de repas ont été ceux des thèses de Philippe Faverdin (1985) avec vaches laitières à l’auge et de René Baumont (1989) avec moutons également à l’auge. S’en sont suivis les miens (thèse 1989 également) avec chèvres laitières sur parcours en milieux boisés. Depuis lors, des recherches ont été menées au pâturage, mais le plus souvent sur couverts herbacés très simplifiés en raison du choix d’acquérir les données par des techniques automatisées (capteurs de mouvements de mâchoires, de sons de sectionnement des plantes, etc.) Lorsqu’il s’agit d’étudier l’activité de prise de nourriture chez l’herbivore, la notion de « repas » a donné lieu à deux types de travaux. Les premiers, d’origine déjà ancienne, traitent des feeding bout ou « phases d’ingestion » associées à d’autres activités (rumination, repos, déplacements…) au cours d’un cycle de 24 h. En alimentation des animaux d’élevage, il s’agit surtout de comprendre les déterminants internes (physiologie de la nutrition) et externes (diverses « contraintes ») de l’organisation temporelle des activités alimentaires, avec modélisation des phases plus ou moins longues et fractionnées de prise de nourriture, ayant toutes un caractère assez statique. En écologie de la faune sauvage, mais aussi parfois des animaux domestiques sur parcours, il s’agit aussi de spatialiser ces phases afin de modéliser les caractéristiques d’habitats favorables à l’organisation de la sélection alimentaire et de l’ingestion. Le second type de travaux, plus récent, change de niveau d’organisation : il traite des dynamiques et structure internes du meal, ou « repas », avec ses successions de phases qui sont interprétées comme témoins du niveau d’appétit et de satiété, éventuellement modifié en cours de repas suite à des effets d’interactions entre composantes du régime ou en raison d’effets liés aux contexte d’alimentation et de vie sociale des animaux.
Ce qui devient intéressant dans l’approche dynamique du processus d’ingestion à l’échelle du repas, c’est qu’elle incite à s’intéresser à la variabilité du comportement d’ingestion liée à des modifications à court terme, comme par exemple les effets de contexte avec interactions positives sur l’appétit entre parcelles ou secteurs de parcelles successivement visitées par l’animal en cours de repas. Du point de vue théorique, ceci a de fortes conséquences lorsqu’on cherche à qualifier au pâturage ce qu’est un « aliment » et sa valeur. Ceci invite également à raisonner le contenu des parcelles pâturées, non plus comme une somme de plantes comestibles plus ou moins abondantes, nutritives et dispersées, mais comme une structure spatiale fonctionnelle d’offres alimentaires antagonistes ou complémentaires vis-‐ à-‐vis du processus d’ingestion et des quantités ingérées en fin de journée.4 C’est pourquoi, l’objectif du
workshop était de croiser les expériences de chacun, en privilégiant si possible l’échelle du repas considéré comme un processus dynamique en lien avec la motivation alimentaire de l’animal confronté à une diversité de d’aliments.
La commande m’avait été faite par les organisateurs du workshop de réactualiser à cette occasion mes travaux menés dans les années ’90 sur le pilotage de l’ingestion par des bergers et chevriers à l’aide de circuits quotidiens, travaux ayant conservé un caractère original. Conçue et signée avec Fred D. Provenza (Professeur émérite de l’Université de l’Utah, spécialiste du comportement d’ingestion des herbivores sur parcours, ayant été également invité mais n’ayant pu se déplacer au Brésil), notre intervention a été intitulée : How herders use experiential knowledge to stimulate intake through meal sequencing on rangelands in southern France. Il est intéressant de signaler que, parmi les contributeurs, j’ai été le seul à traiter d’une pratique empirique d’élevage organisée à l’échelle du repas et de ses phases dynamiques, processus ciblé par le workshop. L’abondance des questions ayant suivis mon intervention, ainsi que les fréquentes références aux connaissances et pratiques de bergers en France
4
Voir : Meuret M., 2005. Piloter la motivation alimentaire des herbivores sur milieux diversifiés : pour une éco-‐ zootechnie des pratiques de pâturage. Mémoire pour le diplôme d'Habilitation à diriger des recherches, Université
lors des débats ultérieurs du workshop, ont témoignés de la pertinence de la commande m’ayant été adressée par les organisateurs. Notre conférence a été retenue pour être publiée en Juin 2014 dans un numéro spécial de Animal Production Science, revue de sciences animales du Csiro. À la date de rédaction de ce rapport, le manuscrit en est à ses dernières retouches.
Enfin, je tiens à saluer l’inventivité mais aussi la témérité des organisateurs du workshop, ayant choisi de convier tous leurs invités à se rendre durant une journée sur le terrain (station expérimentale de l’UFRGS) afin de se faire initier à l’observation directe du comportement des génisses. Ceci fut l’occasion pour Olivier Bonnet d’expliquer en détails sa méthode (voir section 2 et annexe 2), d’en débattre in situ, puis de placer chaque invité dans un des parcs de 4 ha, en compagnie de 3 ou 4 génisses et durant 2 heures (Photo 1). Le succès fut quasi total, car je fus étonnamment le seul à rencontrer quelques difficultés avec « mon » lots de génisses.
Photo 1 -‐ Un invité au workshop en stage d’initiation à la méthode d’observation directe des prises alimentaires -‐ Station expérimentale de l’UFRGS.
4. Cours
Donné durant une demi-‐journée à une dizaine de post-‐graduates en agronomie de l’UFRGS, mon cours était intitulé : « Estimer la valeur des pâturages en tenant compte du point de vue de l’animal ». Olivier Bonnet m’avait conseillé de laisser mes 99 diapositives en français, ce qui m’arrangeait car je repartais de mon cours donné depuis 3 ans aux étudiants du Master PARC de Montpellier SupAgro, module « Analyse fonctionnelle » (resp. Magali Jouven).
Du fait de mon inexpérience d’enseignant au Brésil, j’ai été confronté à deux écueils imprévus :
-‐ Mes diapositives étaient en français et je me suis exprimé Anglais, mais Olivier Bonnet a du néanmoins traduire fréquemment vers le Portugais car plusieurs étudiants ne maitrisaient pas bien l’Anglais.
-‐ J’ai assez vite perçu une incompréhension vis-‐à-‐vis de la première partie de mon cours, celle qui vise à replacer mes connaissances parmi celles dominantes en zootechnie et agronomie des couverts pâturés. Je commence en effet par rappeler quels sont les démarches classiques, puis je les mets en critique lorsqu’il s’agit de les appliquer aussi aux conditions de pâturage en milieux très hétérogènes (parcours et herbages naturels). Or, après enquête durant la pause, il s’est avéré que mon auditoire n’avait en
réalité jamais été confronté aux démarches classiques : ajustement par calcul d’une offre fourragère aux besoins alimentaires chez l’animal, prévision de la composition de régimes pâturés par une approche multifactorielle, etc. Mes propositions de déconstructions étaient donc vouées à l’échec, puisque nulle construction ne leur avait été faite auparavant. Avant de donner cours à l’avenir, il faudra me renseigner d’avantage.
Heureusement, la seconde partie du cours a été beaucoup appréciée. Abondement illustrée d’exemples concrets, elle est bâtie sur la base de mes travaux personnels de recherche en France et aux États-‐Unis. Elle corroborait et élargissait la portée théorique et pratique des résultats acquis récemment par l’équipe dans la pampa. Heureusement aussi, Olivier Bonnet m’a ensuite précisé que la rareté des questions provenant de l’auditoire avait surtout été dictée à la crainte de devoir s’exprimer en Anglais.
5. Séjours sur les terrains d’expérimentations
Malgré mes nombreux et fréquents échanges écrits avec Olivier Bonnet, ce dernier m’ayant tenu informé de près, photos à l’appui, quant aux conditions de ses suivis expérimentaux dans la pampa avec les génisses (voir Annexe 2), j’ai été fort surpris, et tout à fait enthousiasmé, par la prouesse de ses travaux, et aussi par la confiance que Paulo Carvalho avait accordée à son jeune chercheur.
En effet, durant mes 30 années de recherches à l’INRA, menées en sous-‐bois, landes, alpages ou steppe, je n’avais jamais imaginé qu’il serait un jour possible à quelqu’un de prétendre réaliser aussi des observations continues et fiables du comportement d’ingestion à l’échelle des prises alimentaires sur un couvert aussi hétérogène et complexe que la pampa native brésilienne. À première vue, ce couvert apparaît comme un véritable cauchemar pour observateur du comportement d’ingestion (Photo 2). Dans la grande majorité des communautés végétales des parcs, les espèces sont extrêmement diverses, intimement imbriquées, quasiment tous comestibles, en croissance rapide, et pour certaines d’une hauteur de 0,5 à 1 mètre, ce qui pose nécessairement problème lorsqu’il s’agit de ne pas quitter des yeux l’appareil buccal de l’animal observé.
Photo 2 – Une des communautés végétales des parcs à génisses dans la pampa native, avec diversité d’espèces toutes comestibles et particulièrement imbriquées.
Malgré ces conditions extrêmes, Olivier Bonnet et trois collègues de l’équipe, Marcelo Tischler, Ian Cezimbra et Julio Azambuja, ont réussi à observer avec succès 30 génisses de 2 et 3 ans (races Hereford, Black Angus et Zébu) au cours des 4 saisons de 2012 (120 journées d’observation x génisse). En complément du pâturage, les génisses ne recevaient comme à leur habitude que du sel et de l’eau, cette dernière généralement issue des bassins de rétentions construits au sein de chaque parcelle.
En mettant au point une grille de codage originale des catégories des prises alimentaires (Annexe 4), inspirée des grilles faites précédemment en France3, Olivier et ses collègues ont pu montrer (sachant
que l’analyse complète des données est en cours) que, malgré la stabilité de la gamme d’offre fourragère à une saison donnée, toutes les génisses ont systématiquement fait varier leurs choix alimentaires entre les jours, en cours de journée, mais aussi en cours de repas, et ceci en toutes saisons. Ce premier résultat permet déjà de remettre en question, pour le cas du pâturage sur des couverts très diversifiés de type pampa, la notion théorique de « préférence » des herbivores vis-‐à-‐vis de certaines plantes (voir poster à l’Annexe 2). Ici, comme dans plusieurs des situations que nous avions étudiés en France, il semble que ce soit la possibilité de diversifier fréquemment le régime en cours de repas, en associant des espèces de qualité et de structure préhensibles différentes, qui motive l’ingestion quotidienne en composition et en quantité.
Au cours de mon séjour sur le terrain de la station, nous avons visité à plusieurs reprises chacune des 10 parcelles, ce qui nous a permis de discuter des conséquences de tels résultats en matière de gestion des pâturages. Lorsqu’il s’agit de définir la taille et le contenu d’un espace à faire pâturer, puis d’en organiser la gestion par les prélèvements des animaux mais aussi par d’éventuels moyens complémentaires (fauche, feu contrôlé…), il est préférable de privilégier sur les parcelles, non pas les quelques espèces qui seraient classées comme « préférées », mais plutôt une large gamme d’espèces de qualités et de structures contrastées et disposée en mosaïques dans les parcs (voir développement de ceci en section 7 « perspectives »).
Sur un second terrain d’expérimentation de la station de l’UFRGS, j’ai aussi beaucoup apprécié le transfert très réussi (thèse de Roberto Neto, Photo 3), de la démarche et de la méthode d’observation des catégories de prises alimentaires mise au point à l’origine pour la pampa. Dans ce cas, il s’agit d’enregistrer le comportement de génisses de 3 ans sur un espace d’herbes cultivées nettement moins hétérogène puisque comportant seulement deux catégories de couverts : un tapis avec mélange de graminées et dicotylédones de petit format (5 à 10 cm) versus une graminée sociale (Eragrostis plana Nees) en touffes de gros format (40 à 60 cm).
Photo 3 – Observation directe et continue des prises alimentaires sur couvert d’herbes cultivées.
Originellement issue d’Afrique subtropicale, la dynamique de population de la graminée sociale est connue pour être dominante et, de plus, ses feuilles dures et riches en silice sont réputées « peu appétentes » dans la littérature, mais aussi aux yeux de tous au Brésil (O.Bonnet, com.pers.) C’est pourquoi, le dispositif expérimental visait à l’origine à considérer cette graminée comme une barrière pour l’accès des génisses au tapis d’herbes rases, supposé nettement préféré. Dans chacun des sous-‐ parcs (400 m2) de l’expérimentation, la graminée avait été replantée en « haie », en bloc large, ou
encore en mosaïque à maille plus ou moins lâche.
Quelle ne fut donc pas la surprise des chercheurs d’avoir à constater que, dès les premiers jours de l’expérimentation, les génisses alternaient en cours de repas des prises alimentaires sur tapis d’herbes rases avec d’autres sur la graminée en grosses touffes. Plus étonnant encore, et comme nous avons pu tous le constater lors de la visite organisée pour le workshop (Photo 4), les génisses commencent parfois leur repas par l’ingestion de la graminée supposée peu appétente, ceci malgré l’abondance des espèces composant le tapis alentours. Ici à nouveau, la notion de « préférence » alimentaire chez
l’herbivore domestique semble devoir être remise en question, y compris sur cet espace à seulement deux composantes d’offre et ne comportant aucune « contraintes extérieures » (ex. nécessités de déplacement), puisque les génisses ont le choix entre tapis d’herbe et touffes de graminée haute à un mètre ou deux de distance, voir même parfois au sein d’une même « station alimentaire » (c.a.d. sans avoir à bouger les pattes avant).
Photo 4 – Le groupe d’invités au workshop constatant des préférences alimentaires assez imprévues chez une génisse élevée dans la pampa.
Par ailleurs, je tiens à souligner combien j’ai été surpris et heureux de constater que le groupe de doctorants de l’UFRGS, au nombre parfois de 5 ou 6 lorsqu’il y avait nécessité de renforts venus pour la journée de Porto Alegre, se comportait avec beaucoup de soins et d’intelligence vis-‐à-‐vis des bovins. Par conséquent, malgré la lourdeur du dispositif expérimental sur les parcelles d’herbes cultivées, nécessitant le harnachements multiple des génisses, une double pesée des animaux et de leurs fèces, des observations menées en parcelles avec présence simultanée de 4 ou 5 observateurs en espaces réduits, les génisses furent toujours très calmes et peu craintives, y compris vis-‐à-‐vis d’inconnus comme moi qui apparaissait parfois à moins d’un mètre de leur tête (voir photo 3). J’ai d’abord pensé que mes a priori défavorables sur les techniques « gauchos », réputées similaires à celles pour le moins brutales des cow-‐boys aux États-‐Unis, étaient à revoir. Puis, l’un des doctorants m’ayant entretenus de ses lectures de Temple Grandin (spécialiste nord-‐américaine réputée du « low-‐stress handling »), je lui ai demandé s’ils en discutaient parfois entre doctorants. Il m’a répondu : « Presque toutes les semaines ».
6. Visites en élevages
Pour nos visites d’élevages, nous avons été accueillis dans la municipalité de Lavras do Sùl par Fabio Brandão, agent local du réseau SIA (Serviço de Inteligência em Agronegócios), réseau dont l’objectif est le conseil technique en élevage pour une utilisation raisonnée des ressources naturelles, une plus grande autonomie fourragère et économique des exploitations, ainsi que pour la réduction des nuisances à l’environnement (voir : siabrasil.com.br).
Les élevages de bovins allaitants que nous avons visités ont été d’une grande diversité. La création de l’un d’eux remontait à près de 2 siècles, époque de conquête et de capitalisation des terres et du bétail par des familles émigrées depuis le Portugal. Un autre avait été récemment créé par un couple
d’avocats en reconversion, apparemment difficile, dans l’élevage. Un troisième, également ancien mais bien plus modeste que le premier, relevait plutôt de l’agriculture familiale. Tous avaient été choisis car utilisateurs de pâturages sur pampa.
La pampa, ou « plaine » en langue quechua, est constituée de prairies naturelles et savanes. Contrairement à la plupart des savanes africaines, ce biome d'Amérique du Sud est sensé être dépourvu d’arbres.
On appelle également « la pampa », ou plus exactement « les pampas », la région de près de 750.000 km² incluant trois vastes provinces de l’Argentine, mais aussi l'Uruguay et le Rio Grande do Sùl au Brésil.
Dans la municipalité visitée, la pampa m’est apparue très différente de son archétype des grands espaces argentins. Elle est devenue ici un espace interstitiel, enchâssé entre grandes cultures de soja, maïs, prairies semées et plantations d’eucalyptus. Il faut dire qu’à la saison de nos visites, fin de printemps et début d’été, les cultures de soja GM avaient toutes été récemment traitées au glyphosate et s’étendaient dans le paysage comme des déserts secs, beiges et uniformes, qui tranchaient avec le relatif désordre des végétations de pampa. La pampa est également devenue ici un espace fragmenté, y compris au sein de certains territoires d’élevage qui profitent de leurs secteurs au sol plus profond et mieux drainé afin d’installer des parcelles d’herbage à base de ray-‐grass et brachiarias. Les brachiarias, graminées originaires d’Afrique tropicale, sont utilisées sur plus de 40.106 ha au Brésil, seules ou en
association avec des légumineuses, notamment au Mato Grosso, la principale région de production de zébus à viande.
Les troupeaux allaitants visités étaient constitués de vaches Black ou Red Angus, Hereford, et leurs croisements, mais aussi de quelques Zébus et Bradford. Pour tous les éleveurs, c’était la fin de saison principale des vêlages (Photo 5). Dans certains élevages, j’ai eu également la chance de croiser le ou les berger(s), c’est-‐à-‐dire les gauchos avec leurs chevaux et parfois leurs chiens de travail (Photo 6). Selon les employeurs, ils sont nommés functionario (fonctionnaire de ferme) ou peão (travailleur rural).
Photo 5 – Lot de mères de race Hereford à tête blanche, ayant récemment vêlé ou prêtent à le faire.
Photo 6 – Un gaucho, son cheval et son chien de travail, salué par nous lors d’une visite.
En raison du temps imparti, nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de nous faire expliquer les calendriers de pâturage, ni les éventuelles pratiques d’allotement dans les troupeaux. Mais ce que nous avons clairement perçu, c’est que nous nous retrouvions ici, tout comme généralement en France, face ce que j’appelle dans mes publications le « culte de l'herbe », et donc la lutte déterminée avec les arbustes. Lors de nos discussions avec les éleveurs, « les envahisseurs » et « le sale » ont été des termes fréquemment entendus. Certains éleveurs associent pâturage bovin et ovin, leurs brebis étant chargées d’aider à contenir, après broyage, les repousses arbustives (Photo 7).
Photo 7 – Une parcelle récemment gyrobroyée, puis sursemée en ray-‐grass, et pâturée ensuite par des génisses et des brebis, ces dernières étant chargées de contenir les repousses arbustives.
D’autres éleveurs se sont récemment lancés dans des opérations de débroussaillage de grande ampleur. Ceci conduit à des paysages à trois composantes : 1. les zones gyrobroyées, où circulent abondement leurs vaches ou leurs génisses, comme en témoigne la hauteur d’herbe résiduelle mais aussi l’abondance des déjections ; 2. des andains linéaires de bois morts disposés de chaque côté et empêchant toute circulation ; 3. le reste des espaces plus ou moins densément embroussaillés, considérés comme inutiles et donc « à nettoyer » dès que possible. Sur les zones broyées depuis quelques mois, apparaissent déjà de vigoureuses repousses d’arbustes, invitant les éleveurs à réitérer au plus vite leurs travaux d’aménagement. Une constante donc : seule l’herbe, si possible jeune et de qualité prévisible, constitue la ressource fourragère.
La lutte des éleveurs visités envers les ressources non-‐herbacées peut s’interpréter du fait que :
-‐ aucun des élevages n’est disposé sur un plateau herbeux, mais plutôt sur de petites collines (voir photo 7) type « parcours », avec parfois un sol très superficiel, voire même une roche apparente, toute choses qui favorisent une forte hétérogénéité des pressions de pâturage ainsi que des dynamiques arbustives ailleurs que sur les bords de rivières ;
-‐ dans le pays, la réputation des feuillages d’arbres et d’arbustes en tant que ressources pour l’élevage, et plus généralement de la « brousse » (Mato), reste négative car elle est associée au sauvage et au danger (plantes toxiques, refuge d’animaux venimeux ou carnassiers) ;
-‐ il semblerait que domine encore aujourd’hui au Brésil un modèle de gestion du pâturage conseillant aux éleveurs d’abondement fractionner leur espace (d’où les nombreuses et massives clôtures fixes rencontrées), puis d’y pratiquer un « pâturage rotatif » avec consigne de ne sortir le bétail d’une parcelle que lorsque l’herbe y a été broutée assez uniformément et ras. Ce modèle, critiqué aujourd’hui par les chercheurs brésiliens (O.Bonnet, com. pers.), est officiellement issu des travaux d’un agronome français, André Voisin (1923-‐1991), ayant eu beaucoup de succès ailleurs qu’en France, et notamment en Nouvelle-‐Zélande et sur le continent américain.
Toutefois, il nous a semblé lors des visites que les vaches de certains éleveurs, ainsi que leur récente progéniture, n’avaient pas bien assimilé les travaux d’André Voisin, et surtout, appréciaient bien plus que leurs éleveurs une certaine forme de diversité fourragère, jusqu’à y compris plusieurs types de feuillages d’arbres et d’arbustes en lisières ou dans les bosquets restés accessibles. Nous nous sommes ainsi retrouvé dans une situation que je connais déjà fort bien en France, avec des éleveurs à qui on présente des rameaux d’arbustes (y compris dans ce cas, de l’acacia) et qui affirment : « ça ne se mange pas ! ». Pourtant, il leur aurait été facile d’observer que les rameaux de la même espèce étaient fraîchement broutés non loin, et jusqu’à une hauteur de 2 mètres. Certaines espèces d’arbustes présentent même un port nanifié en raison du broutage répété.
La lutte constante et couteuse des éleveurs envers « les envahisseurs » est-‐elle à ce point nécessaire ? Quant à vouloir faire brouter ras les multiples végétaux de pampa, au même titre que les cultures de ray-‐grass et brachiarias, il y aurait assurément aussi quelques informations nouvelles à porter au débat. Parmi les plus récentes, les suivis expérimentaux d’Olivier Bonnet (voir section 5) trouvent visiblement ici de la pertinence (Photo 8). Il me semble possible d’aider à en étendre d’avantage le champ de validité à partir de résultats obtenus ailleurs, et notamment sur parcours en France, aux États-‐Unis et en Australie. La situation de départ entre nos pays est en effet proche, comportant une défiance quasi générale vis-‐à-‐vis des ressources non-‐herbacées. Les connaissances françaises, et notamment celles issues des travaux de l’INRA-‐SAD, mériteraient d’être remobilisées au Brésil. Cela me parait d’autant plus envisageable que Davi Teixeira dos Santos, directeur exécutif du réseau SIA que j’ai la chance de rencontrer au Syndicat rural de Sào Gabriel suite à nos visites, s’est montré vivement intéressé.
Photo 8 – Olivier Bonnet (à gauche) discutant avec un éleveur (au centre) et Fabio Brandão, agent local SIA, de l’avantage pour l’ingestion chez les vaches de conserver certaines formes de diversités spécifiques et structurales au sein des couverts de pampa.
7. Perspectives de collaborations
Discutées à l’approche du terme de ma mission avec Olivier Bonnet (sachant que le responsable d’équipe UFRGS, Paulo Carvalho, était alors reparti à UC Davis, États-‐Unis, pour y poursuivre ses travaux en année sabbatique), mes perspectives sont actuellement au nombre de quatre. Les deux premières ne nécessiteront pas de nouvelles missions de ma part au Brésil, au contraire des deux suivantes, nécessitant à nouveau un appui sur le terrain. Olivier Bonnet, ayant lu et corrigé mon rapport avant sa diffusion, valide ces perspectives de collaboration.
7.1. Publication conjointe au sujet des portées théoriques et pratiques de nos démarches de recherches sur le comportement d’ingestion d’herbivores en milieux pâturés hétérogènes
À la suite du workshop tenu à Porto Alegre, Olivier Bonnet et moi-‐même sommes actuellement occupés à rédiger une publication invitée pour un numéro spécial de Animal Production Science du Csiro. Elle est programmée pour Juin 2014 et devrait être intitulée : Interview with a cow: direct observation method to assess the dynamics of foraging behavior (voir Annexe 5). Paulo Carvalho en sera l’un des co-‐auteurs. 7.2. Appui à l’interprétation et à la valorisation des résultats issus des expérimentations menées en 2012 sur le comportement d’ingestion des génisses sur la pampa de l’UFRGS
Olivier Bonnet étant bien plus compétent que moi, outre dans l’analyse des grands jeux de données, notamment du point de vue statistique, mais aussi pour ce qui concerne le volet théorique en écologie animale de l’interprétation du processus d’ingestion, il n’a pas besoin de recourir à mon appui dans ces domaines. Par contre, ayant accumulé depuis 30 ans des expériences à l’INRA sur le comportement d’ingestion des ruminants au pâturage dn milieux analogues, j’ai répondu positivement à sa demande d’appui pour ce qui concerne les objectifs de recherche suivants :
i) Analyse des stratégies d’utilisation par des génisses élevées sur parcours d’une ressource fourragère extrêmement hétérogène ; processus organisé depuis l’échelle des secondes (relations entre
composition, masse et fréquence des prises alimentaires) jusqu’à celle des séries de jours (utilisation spatiale de la diversité au sein des parcs) ;
ii) À partir des résultats acquis en i), mais aussi des connaissances existantes ailleurs, modélisation des règles de conception et de gestion des espaces à faire pâturer, ainsi que des modalités de conduite des animaux en parcs (voir également 7.3.C.).
Olivier s’est bien entendu engagé à valoriser cette collaboration par des publications cosignées.
7.3. Expérimentations sur le pilotage indirect des circuits de pâturage et de l’ingestion chez les bovins en pampa
Dans la pampa du Brésil comme le plus souvent ailleurs, les pratiques de gestion des pâturages tablent presque uniquement sur des ajustements de la « pression de pâturage » (nombre de bovins, parfois convertis en kilos, par unité de surface) selon les saisons et les éventuels aliments distribués en complément. La configuration des parcs ainsi que leurs équipements sont considérés comme neutres, ou relevant des « contraintes abiotiques ». Or, il est de plus en plus reconnu internationalement, surtout suite aux travaux menés en France avec des bergers5 que, y compris sur des espaces réduits à quelques
hectares, un troupeau se comporte toujours en faisant des circuits de pâturage quotidiens ou bi-‐ quotidiens qui procèdent par un enchaînement d’une série de secteurs d’offres fourragères complémentaires, ainsi que des passages et séjours en des « points de focalisation », tels les lieux de repos de jour et de nuit, les espaces à l’ombre, (lorsqu’il fait chaud et sec), au vent (lorsqu’il fait chaud et humide), les points d’abreuvement et de distribution du sel.
Au cours de nos visites d’élevages, nous avons d’ailleurs observé qu’un éleveur, malgré son manque d’appétit pour les « envahisseurs » (voir section 6), avaient conservé des bosquets et haies d’arbres qui, à la saison de nos visites (début des chaleurs d’été), servaient quasiment toutes de zones d’abris de milieu de journée pour ses vaches. Par contre, d’autres éleveurs, tout comme à la station agronomique de l’UFRGS, ne disposaient d’aucun espace à l’ombre ou autres formes d’abris pour le bétail. Quant au sel, la plupart des gros distributeurs croisés en chemin dans les élevages nous sont apparus vides. Après enquête, il s’est avéré que les blocs à lécher, nettement plus aisés à transporter que les gros sacs de sel, n’était pas encore en usage au sud du Brésil.
Notre envisageons une collaboration en trois temps :
A. analyse des enregistrements 2013 et 2014 des circuits quotidiens de pâturage par les génisses de la station de l’UFRGS (suivis GPS) et mise en relation avec les enregistrements du comportement d’ingestion réalisés sur ces mêmes parcelles en 2012. D’après l’équipe des observateurs (cf. section 5), les génisses faisaient chaque jour en 2012, et dans chacun des parcs, des circuits au rythme leur étant devenu prévisible avec une marge d’erreur limitée (15 à 30 minutes en conditions de météo stable). B. Selon les résultats de A., premier volet d’expérimentation sur l’effet du pilotage indirect des circuits de pâturage par création de nouveaux points de focalisation (zone d’ombre artificielle), ou déplacement de ceux existants (ex. distributeur de sel), ceci en vue de modifier les pressions locales de pâturage et d’améliorer ainsi l’utilisation quantitative des ressources dans les parcs.
C. Second volet d’expérimentation, qui reste à discuter en détails avec les agronomes de l’équipe, sur les effets conjoints d’un pilotage indirect des circuits selon les techniques évoquées en B., mais aussi par création de « tâches » de régénération de la végétation après fauche ou feu contrôlé, ceci en vue de rompre l’excès de monotonie de certaines communautés végétales, à commencer par celles typiques de la pampa, comportant d’abondantes graminées en grandes touffes, à la maturation précoce et parfois très densément disposées.
5
Meuret M. and F.D. Provenza, [Eds.]. 2014. The Art and Science of Herding: Tapping the Wisdom of French Herders. Acres USA, Austin, 434 p. -‐ Meuret M. and F.D. Provenza, (invited synthesis). When Art and Science Meet:
Integrating Herders' Knowledge with Science of Foraging for Managing Rangelands. Rangeland Ecology and
Cette étude devrait nous permettre de mettre à l’épreuve dans le cas de la pampa la proposition théorique, mais aussi pratique et ayant déjà fait preuve de robustesse en France et aux États-‐Unis, selon laquelle un espace à pâturer doit être considéré comme une « portion d’habitat écologique pour animaux domestiques ». L’espace d’un parc clôturé doit en effet inciter les animaux, devenus parfois routiniers, à diversifier leurs circuits de pâturage mais aussi à développer une série d’activités complémentaires en journée, dont la rumination et le repos ayant un impact direct sur l’appétit et donc sur la valeur alimentaire du parc.
7.4. Que penser des feuillages d’arbres et d’arbustes en tant que ressource complémentaire à l’herbe en élevage bovin ?
Pour ce qui concerne ce thème déjà abondamment informé dans d’autres pays, y compris en régions intertropicales, nous envisageons de procéder à des travaux organisés en trois volets successifs. Ils reposeraient sur des méthodes déjà éprouvées, et seraient donc assez aisés à mettre en œuvre.
A. dans une série de fermes d’élevage bovin allaitant, sélectionnées selon un gradient d’intensité de leur lutte envers les espèces non-‐herbacées, mais aussi de la diversité de leurs calendriers de pâturage, nous envisageons de réaliser des entretiens avec les éleveurs et leurs employés (bergers) au sujet de leurs expériences vis-‐à-‐vis des feuillages (comestibilité, saisonnalité, dynamiques, statut en élevage) ;
B. Sur ces mêmes exploitations, nous envisageons ensuite des échantillonnages de terrain géoréférencés sur le niveau d’impact du pâturage sur les espèces ligneuses les plus fréquemment rencontrées (arbres et arbustes), complété par des estimations des ressources en herbe disponibles aux alentours (échelle « secteur de pâturage »). L’originalité de l’étude proviendra notamment du fait que la ou les saisons privilégiées pour ces enquêtes seront celles où les ressources en herbes ne sont apparemment pas limitantes.
C. Enfin, sous l’égide et avec l’aide du réseau SIA, nous nous proposons de réaliser une série de conférences techniques fondées, d’une part, sur les connaissances déjà stabilisées hors du Brésil, et notamment en France, et d’autre part sur notre restitution de nos enquêtes locales (cf. A. et B.).
our conclure, je tiens à dire combien j’ai été particulièrement touché par l’accueil m’ayant été réservé au Brésil par l’équipe de Paulo Carvalho, ce dernier ayant pris soin, par exemple, de venir m’accueillir personnellement dans les heures ayant suivi ma descente d’avion, et alors que lui-‐même arrivait tout juste de Californie. Quant à Olivier Bonnet, je crois que le contenu de ce rapport suffit à témoigner de la confiance que nous nous portons mutuellement depuis des années.
J’ai également été très satisfait de recevoir les encouragements de Benoit Dedieu, mon chef de département, à poursuivre et développer cette collaboration au Brésil. Les relations entre le département SAD de l’INRA et l’équipe UFRGS de Paulo Carvalho sont anciennes et bien éprouvées. Je devrais être en mesure de contribuer à les développer sur des thèmes non encore abordés, ceci en coordination avec d’autres réseaux de recherches partenariales de l’INRA-‐SAD en pays voisins, principalement en Argentine.
Porte de parc à génisses de la station de l’UFRGS. Photo : O.Bonnet.
Annexes
Annexe 2 – Poster co-‐signé avec Olivier Bonnet et présenté par lui et Paulo Carvalho au 22e Congrès
Annexe 3 – Programme du workshop scientifique, comportant les noms des six « plenary speakers » invités.
Annexe 4 – Grille de codage des catégories de prises alimentaires conçue pour l’observation continue du comportement d’ingestion chez des bovins sur pampa native au Brésil (Bonnet et al., 2013).
3, 5...
8 -15
(A) 1 (A) 2 (A) 3 (A) 4
>10 4 5, 10... “Mix” 3, 5... <12 Den
Small Tussocks (8-25 cm)
5, 10... T 5, 10... T ... iShort lawn
Grazed Tussocks
C ... iTall Tussocks (> 25 cm)
f 5, 10... f ... i 5, 10... In 3 B 5, 10... Flor To 5, 7... In In 2 C 4... >10 C 10, 15... Pel 10, 20... BF 10, 15 Bu Gra S GraForbs
(Esp) Stolon (Esp) Bu
20, 40... Ci 2, 4... <10 Fu... Stolon (Esp) G 20, 40... f 20, 30... >10 S 15, 20... Bu (A) Gri Gra F Gra Ré Gra M CP 20 ...