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Estime de soi, régulation émotionnelle et utilisation problématique du téléphone portable

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Master

Reference

Estime de soi, régulation émotionnelle et utilisation problématique du téléphone portable

MAURON-PILLONEL, Christine

Abstract

Malgré l'accroissement fulgurant d'utilisateurs de téléphones mobiles et les problèmes liés à son utilisation excessive, cette dernière a fait l'objet d'un nombre restreint d'études. L'objectif de ce travail est de mieux comprendre les facteurs psychologiques impliqués dans la dépendance au téléphone portable. Pour cela, nous avons administré à 88 étudiantes une tâche d'estime de soi implicite (IAT), des questionnaires évaluant l'estime de soi explicite (RSE), les stratégies de régulation émotionnelle (CERQ) et l'utilisation problématique du téléphone portable (PMPUQ). Les résultats montrent que la dépendance au téléphone portable est prédite par l'âge et par une forte estime de soi implicite ce qui est contraire à nos prédictions. Aucun effet significatif des stratégies de régulation émotionnelle ni de l'estime de soi explicite sur la dépendance au téléphone portable n'a été révélé. Par contre, plusieurs résultats intéressants concernant les autres facettes de l'utilisation problématique du téléphone portable ont été trouvés.

MAURON-PILLONEL, Christine. Estime de soi, régulation émotionnelle et utilisation problématique du téléphone portable. Master : Univ. Genève, 2010

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:9623

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Estime de soi, régulation émotionnelle et utilisation problématique du téléphone

portable

MÉMOIRERÉALISÉENVUEDEL’OBTENTIONDELA MAITRISEUNIVERSITAIREENPSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS Psychologie affective

Psychologie clinique PAR

Christine Mauron-Pillonel pillonc5@etu.unige.ch

022/321.59.56

SOUS LA DIRECTION DE JURY

Martial Van der Linden Martial Van der Linden

Joël Billieux Kerstin Brinkmann

Grazia Ceschi

Genève, juin 2010

UNIVERSITÉ DE GENÈVE

FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET SCIENCES DE L’EDUCATION

SECTION PSYCHOLOGIE

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Remerciements

Je tiens à remercier en premier lieu le Professeur Martial Van der Linden pour avoir accepter de superviser ce travail.

Je souhaite également remercier Joël Billieux pour son aide et ses précieux conseils.

Pour terminer, je désire remercier toutes les personnes qui ont accepté de participer à cette étude ainsi que celles qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à l’élaboration de ce

travail.

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Résumé

Malgré l’accroissement fulgurant d’utilisateurs de téléphones mobiles et les problèmes liés à son utilisation excessive, cette dernière a fait l’objet d’un nombre restreint d’études.

L’objectif de ce travail est de mieux comprendre les facteurs psychologiques impliqués dans la dépendance au téléphone portable. Pour cela, nous avons administré à 88 étudiantes une tâche d’estime de soi implicite (IAT), des questionnaires évaluant l’estime de soi explicite (RSE), les stratégies de régulation émotionnelle (CERQ) et l’utilisation problématique du téléphone portable (PMPUQ). Les résultats montrent que la dépendance au téléphone portable est prédite par l’âge et par une forte estime de soi implicite ce qui est contraire à nos prédictions. Aucun effet significatif des stratégies de régulation émotionnelle ni de l’estime de soi explicite sur la dépendance au téléphone portable n’a été révélé. Par contre, plusieurs résultats intéressants concernant les autres facettes de l’utilisation problématique du téléphone portable ont été trouvés.

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Table des Matières

1. INTRODUCTION... 1

2. ETAT DE LA QUESTION... 4

2.1. LE TÉLÉPHONE PORTABLE... 4

2.1.1. L’usage problématique du téléphone portable ... 4

2.1.2. La relation avec les variables démographiques ... 6

2.1.3. La relation avec l’impulsivité ... 7

2.1.4. La relation avec les facteurs anxio-dépressifs... 8

2.1.5. La relation avec la personnalité ... 8

2.2. L’ESTIME DE SOI... 9

2.2.1. Définition du concept d’estime de soi... 9

2.2.2. Estime de soi explicite versus implicite ... 10

2.2.3. L’estime de soi et ses relations avec différentes composantes psychologiques... 12

2.2.4. L’estime de soi et l’utilisation du téléphone portable... 13

2.3. LES STRATÉGIES DE RÉGULATION ÉMOTIONNELLE... 14

2.3.1. Définition ... 14

2.3.2. Relation avec le genre... 14

2.3.3. Relation avec l’impulsivité et les affects négatifs ... 15

2.3.4. Relation avec l’utilisation du téléphone portable... 15

3. HYPOTHÈSES... 16

4. MÉTHODE ... 18

4.1. POPULATION... 18

4.2. PROCÉDURE... 19

4.3. MATÉRIEL... 20

4.3.1. Tâche de laboratoire : l’Implicit Association Task (IAT)... 20

4.3.1.1. Fonctionnement...20

4.3.1.2. Buts de l’IAT...22

4.3.1.3. Propriétés psychométriques de l’IAT...22

4.3.2. Questionnaires ... 23

4.3.2.1. Estime de soi de Rosenberg (RSE ; Vallières & Vallerand, 1990) ...23

4.3.2.2. Régulation émotionnelle cognitive (CERQ, Jermann et al., 2006)...24

4.3.2.3. Utilisation problématique du téléphone portable (PMPUQ, Billieux, Van der Linden & Rochat, 2008)...25

4.4. HYPOTHÈSE OPÉRATIONNELLES... 26

5. RÉSULTATS ... 27

5.1. RAPPEL DES HYPOTHÈSES ET BUT DE LÉTUDE... 27

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5

5.2. ANALYSES EXPLORATOIRES... 28

5.3. ANALYSES INFÉRENTIELLES... 30

5.3.1. Effet d’apprentissage dans l’IAT ... 30

5.3.2. Corrélations ... 31

5.3.3. Régression linéaire multiple ... 33

5.3.4. Différences entre les groupes ... 34

6. DISCUSSION ... 35

6.1. RAPPEL DES RÉSULTATS PRINCIPAUX... 35

6.2. EFFETS DE LÂGE... 36

6.3. ESTIME DE SOI IMPLICITE... 36

6.4. ESTIME DE SOI EXPLICITE... 38

6.5. STRATÉGIES DE RÉGULATION ÉMOTIONNELLE... 39

6.5.1. Relation avec l’échelle de dépendance ... 39

6.5.2. Relation avec les autres échelles d’utilisation excessive du téléphone portable... 40

6.6. DIFFÉRENCES ENTRE GROUPES... 41

6.6.1. Etudiantes en psychologie versus étudiantes tout venant ... 41

6.6.2. Dépendants versus non dépendants ... 42

6.7. LIMITATIONS ET RECHERCHES FUTURES... 42

RÉFÉRENCES ... 44

ANNEXES... 52

ANNEXE 1 :DÉPENDANCE SELON LE DSM-IV-TR(2004) ... 52

ANNEXE 2 :FORMULAIRE DE CONSENTEMENT... 53

ANNEXE 3 :FICHE PERSONNELLE... 55

ANNEXE 4 :EXEMPLES IMPLICIT ASSOCIATION TASK (IAT)... 56

ANNEXE 5 :SISE/RSE... 57

ANNEXE 6 :CERQ... 58

ANNEXE 7 :PMPUQ... 60

ANNEXE 8 :DIFFÉRENCES ENTRE LES PERSONNES AYANT RÉPONDU POSITIVEMENT VERSUS NÉGATIVEMENT À LITEM DE DÉPENDANCE EXPLICITE. ... 62

ANNEXE 9 :PERSONNALITÉ DÉPENDANTE SELON LE DSM-IV-TR(2004) ... 63

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1. Introduction

Dans les sociétés occidentales, le téléphone portable est passé d’un outil de communication réservé aux professionnels à un bien de consommation courant. Actuellement, en Suisse, la quasi totalité de la population de plus de 16 ans en possède un (gfs.berne, 2007) quels que soient l’âge, le genre ou encore le niveau socio-économique de l’individu. Ainsi, selon l’Office Fédéral de la Communication (2009), 23.8% de la population suisse possédait un abonnement de téléphone portable en 1998 alors qu’en 2008, il y en avait 9 millions d’abonnement de téléphonie mobile en Suisse pour 7,7 millions d’habitants. En effet, beaucoup de personnes ont à la fois un téléphone portable privé et un autre professionnel. Le cellulaire est donc devenu un objet de la vie quotidienne régissant notre vie sociale et personnelle.

Cet outil technologique a révolutionné nos vies, nous permettant de rester connecté en permanence avec nos proches et est devenu, en très peu d’années, un moyen de communication indispensable. Ainsi, « c’est la déconnexion volontaire du réseau qui devient un acte exceptionnel, et non la connexion » (Haladjan, 2004). Relativement facile d’utilisation, le téléphone portable tient dans la poche et est multifonctionnel, nous permettant d’envoyer des messages électroniques, de surfer sur Internet, de jouer, de calculer, d’écouter de la musique, de prendre des photos ou des vidéos, de regarder la télévision, d’agender des rendez-vous, de se réveiller, etc. Toutes ces qualités en font un outil très utilisé de nos jours.

Indépendamment des aspects technologiques et communicationnels, le téléphone portable peut également être perçu comme un symbole de statut à travers les pairs surtout si celui-ci est avancé technologiquement (Walsh & White, 2007 ; Walsh, White, & Young, 2008). Il peut aussi renvoyer à une certaine forme d’expression de l’identité. En effet, le téléphone portable peut se personnaliser grâce à la sonnerie d’appel, au fond d’écran, à sa coque, son étui ou encore à des bijoux fantaisies qu’on peut y accrocher. Ces significations (i.e. le statut et l’expression de l’identité) rattachées au téléphone portable sont particulièrement présentes chez les adolescents et jeunes adultes à la quête non seulement de se différencier d’autrui mais également de se conformer à leur groupe d’appartenance (Walsh & White, 2007).

La téléphonie mobile peut comporter un certain nombre de risques. Le risque le plus documenté et le plus discuté actuellement concerne les effets que les ondes électromagnétiques émises par le téléphone portable peuvent engendrer sur la santé (p.ex.,

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2 Kramarenko & Tan, 2003). Le second aspect le plus documenté est l’utilisation du téléphone portable lors de la conduite, de la diminution d’attention que cette utilisation entraîne et donc l’augmentation de la probabilité d’occurrence d’un accident (p.ex., Redelmeir & Tibshirani, 1997). Mais d’autres aspects liés à son utilisation problématique sont également traités dans la littérature, comme la perturbation d’appareils techniques (aéroports), les problèmes sociaux, financiers et psychologiques que son utilisation excessive peut entraîner. Ces observations indiquent le fait que des problèmes liés au téléphone portable et plus précisément à son utilisation excessive existent.

Selon un sondage réalisé en 2009 par TNS Sofres, la peur principale des adolescents (12-17 ans) concernant leur téléphone portable est qu’ils n’en n’aient plus (54% des 500 sondés), suivi par les conséquences que le mobile peut avoir sur la santé puis d’être pris en photo ou filmé dans une situation embarrassante (51 % des filles). De plus, selon la même étude, 16%

des adolescents (20% des filles) disent avoir déjà été harcelés via leur téléphone mobile. Une autre étude menée en Grande Bretagne (Carephone Warehouse, 2007) révèle que chez les 16 à 24 ans, 25% se disent dépendants de leur téléphone portable et 16% n’accepteraient pas de se passer de leur téléphone portable en échange d’un million de livres sterling (environ 1,6 millions de francs suisses). Toujours en Grande Bretagne, le téléphone portable est jugé comme étant un élément indispensable dans les relations sociales pour 76% des sondés. Ainsi, 16% des britanniques se sentiraient indésirables si durant une journée ils ne recevaient ni appels ni messages par téléphone portable. De même, 48% des étudiants japonais ont peur de ne pas recevoir de réponse à leurs messages (Kamibeppu & Sugiura, 2005). Par ailleurs, selon le même institut de sondage (Carephone Warehouse, 2007), 10 % des européens sondés déclarent que le téléphone portable est l’objet le plus important qu’ils aient en leur possession.

Le téléphone portable peut donc devenir une source d’anxiété voire de dépendance et ce particulièrement chez les adolescents.

Il ne faut cependant pas non plus stigmatiser le téléphone portable : son utilisation peut se révéler grandement positive. Ainsi, il permet la facilitation du réseau social en étant plus facilement joignable (Walsh & White, 2007). De la sorte, plus besoin de planifier à l’avance un rendez-vous, il suffit d’appeler. Ainsi, selon Geser (2004), le téléphone portable nous permet de communiquer sans devoir être physiquement proche de notre interlocuteur et tout en pouvant vaquer à diverses occupations. Par ailleurs, il peut procurer un certain sentiment de sécurité surtout chez les jeunes femmes et les parents qui peuvent grâce au téléphone portable facilement savoir où se trouvent leurs enfants et ainsi se rassurer. Cette

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3 problématique de la sécurité pourrait expliquer pourquoi, selon TNS Sofres (2009), les adolescentes acquièrent plus précocement un téléphone portable que les garçons. Lors d’un accident, il permet également de prévenir rapidement les secours. Le téléphone portable peut aussi permettre d’organiser ses activités de la vie quotidienne à l’aide de l’agenda qu’il contient ou simplement en téléphonant pour confirmer un rendez-vous, par exemple. Selon des étudiants japonais (Kamibeppu & Sugiura, 2005), le mobile permettrait même des relations interpersonnelles plus vastes (nombre de relations plus important) et profondes (notamment en permettant de se contacter plus fréquemment). En conclusion, on peut dire que le téléphone portable est un outil pratique, facile d’utilisation, permettant une certaine autonomie tout en donnant un sentiment de sécurité. Ainsi, lors de ce sondage (TNS Sofres, 2009), seulement 16% des personnes interrogées évaluaient négativement le téléphone portable.

En dépit de l’augmentation exponentielle de l’utilisation de la téléphonie mobile, de son importance sociale et des problèmes potentiels qui peuvent en découler, peu d’études ont été menées au sujet d’une utilisation inadéquate du téléphone portable.

Dans cette recherche, nous allons étudier l’effet de l’estime de soi et des stratégies de régulation émotionnelle sur l’utilisation problématique du téléphone portable. Le but de cette recherche est de mieux identifier les facteurs psychologiques en jeu dans l’utilisation problématique du téléphone portable.

Le cadre théorique de ce travail est divisé en trois parties. La première partie sera consacrée à une revue des questions relatives à l’utilisation problématique du téléphone portable et terminera par le concept de dépendance aux technologies auquel pourrait appartenir la dépendance à l’égard du téléphone portable. La seconde partie traitera de l’estime de soi en commençant par définir ce concept, faire la distinction entre l’estime de soi implicite et explicite puis en reliant les difficultés psychologiques liées à une mauvaise estime de soi et notamment l’utilisation excessive du téléphone portable. Dans la dernière partie, nous évoquerons les stratégies de régulation émotionnelle. Nous parlerons des effets de l’utilisation préférentielle de stratégies dites adaptatives versus non adaptatives sur différentes variables psychologiques (symptômes dépressifs, impulsivité). En effet, ces variables ont, à plusieurs reprises, été liée à une utilisation excessive du téléphone portable. Et, pour finir, nous aborderons le lien potentiel entre ces différentes stratégies et l’utilisation excessive du téléphone portable.

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2. Etat de la question

2.1. Le téléphone portable

2.1.1. L’usage problématique du téléphone portable

La téléphonie mobile peut comporter un certain nombre de risques liés à la diminution de l’attention, à la perturbation d’appareils techniques, aux ondes électromagnétiques émises et aux problèmes sociaux et psychologiques que son utilisation excessive peut entraîner. Dans cette recherche, nous allons nous intéresser plus particulièrement à ce dernier point.

Billieux, Van der Linden et Rochat (2008) ont révélé quatre types de problèmes liés à l’utilisation de la téléphonie mobile à savoir : l’utilisation prohibée, l’utilisation dangereuse, les problèmes financiers, et les symptômes de dépendance.

L’utilisation prohibée concerne l’incapacité, pour la personne, de ne pas utiliser son téléphone portable dans les lieux où son usage est interdit (p.ex., bibliothèque, cinéma, école) ou dans des situations socialement inadaptées (p.ex., restaurant).

L’utilisation dangereuse fait référence à des situations qui pourraient mettre la vie de l’utilisateur ou celle d’autrui en danger lors de l’utilisation du téléphone comme, par exemple, téléphoner en conduisant. Selon de nombreuses études (p.ex., Al-Darrab, Khan & Ishrat, 2009 ; Redelmeier & Tibshirani, 1997), téléphoner en conduisant diminue considérablement l’attention mise sur la route et multiplie donc par quatre le risque d’accident.

Le téléphone portable peut également engendrer des difficultés financières et ce plus particulièrement chez les adolescents. En effet, Funston et al. (1999 cité par Weerakkody, 2008) ont révélé que sur 750 jeunes âgés de 16 à 21 ans, 18 % ont des problèmes pour payer leurs factures de téléphonie mobile et 7 % ont déjà dû recourir à l’aide d’un tiers pour en régler une. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux n’avaient pas compris les termes de leur contrat de téléphonie mobile.

Finalement, le quatrième volet des problèmes liés à l’utilisation excessive du téléphone mobile sont les symptômes de dépendance. Le concept de dépendance consiste selon le DSM- IV-TR1 en une « utilisation inadaptée d’une substance conduisant à une altération du

1 Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (American Psychiatric Association, 2004).

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5 fonctionnement ou une souffrance » (cf. annexe 1). Plusieurs années durant, le concept de dépendance a été appréhendé du point de vue bio-médicale, se centrant sur les dépendances à une substance (alcool, nicotine, cocaïne, canabis, etc.). Or, depuis quelques années, ce concept tend à s’élargir à des comportements (dépendances comportementales) tels que le jeu pathologique, l’achat compulsif, le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), l’hypersexualité, la kleptomanie, la boulimie, l’anorexie, la dépendance au sport ou au travail ou encore la dépendance aux nouvelles technologies comme Internet ou le téléphone portable (Bianchi &

Philips, 2005 ; Fernandez, Bonnet & Loonis, 2004 ; Lejoyeux, Avril, Richoux, Embouazza &

Nivoli, 2008 ; Marks, 1990 ; Morahan-Martin, 2005 ; Shapira et al., 2003). Tout comme les dépendances à des substances, les dépendances comportementales peuvent engendrer des symptômes de tolérance2, de sevrage3, une fréquence et une durée du comportement plus importante que prévue, un désir infructueux de contrôler le dit comportement et des rechutes fréquentes (Bianchi & Philips, 2005 ; Fernandez et al., 2004 ; Lejoyeux, et al., 2008 ; Marks, 1990). Par ailleurs, les dépendances comportementales tout comme celles liées à l’abus d’une substance sont en lien avec des difficultés d’inhibition (Lejoyeux et al., 2008). Malgré tous ces points communs, le concept de dépendance comportementale fait l’objet d’un débat scientifique et n’apparaît pas dans le DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994) ni dans la CIM-104.

Nous allons considérer dans ce travail que la dépendance au téléphone portable fait partie du spectre des dépendances comportementales. En effet, plusieurs études ont démontré que le téléphone portable pouvait engendrer des symptômes de dépendance (p.ex., Billieux, Van der Linden, d’Acremont, Ceschi & Zermatten, 2007). De même, Bianchi et Phillips (2005) ont montré que l’utilisation problématique du téléphone portable auto-reportée est liée à la fois à son temps d’utilisation hebdomadaire et au potentiel addictif5. Ainsi, une utilisation excessive du téléphone portable (p.ex., des personnes qui téléphonent chaque fois qu’elles se trouvent face à un problème ou une situation anxiogène), peut être adaptatif à court terme (obtenir du soutien ou des conseils) en réduisant le niveau d’anxiété mais peut s’avérer contre-productif sur le long terme (diminution de l’autonomie et de l’estime de soi) (Hyun Ha, Chin, Park, Ryu

& Yu, 2008 ; Walsh & White, 2007). Plus spécifiquement, la dépendance au téléphone

2 Besoin de stimulations plus intenses pour atteindre le niveau de plaisir présent dans les premiers stades de la dépendance.

3 Impression de manque lorsque le comportement en question ne peut pas être réalisé.

4 Classification Statistique Internationale des Maladies et des Problèmes de Santé Connexes, 10ème révision (Organisation Mondiale de la Santé, 1993).

5 Le potentiel addictif a été étudié dans cette étude à l’aide du MMPI-2 Addiction Potential Scale.

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6 portable « se traduit par l’obligation minimale d’être toujours - en tout temps et partout - au moins disponible à la communication » (Caron & Caronia, 2005, p.98).

2.1.2. La relation avec les variables démographiques

En comparaison avec les jeux vidéo, le téléphone portable est une technologie relativement égalitaire en matière de genre (Geser, 2006b). Il existe cependant quelques différences entre les genres dans l’utilisation du téléphone portable. Du côté des buts de l’utilisation du téléphone portable, les femmes utilisent davantage leur mobile pour des raisons sociales alors que les hommes l’utilisent davantage pour des raisons professionnelles (Bianchi & Phillips, 2005 ; Geser, 2006b). Ainsi, l’utilisation du téléphone portable semble varier en fonction des différents rôles conventionnels et des stéréotypes de genre. De plus, les filles acquièrent un téléphone portable plus précocement que les garçons (Geser, 2006b ; TNS Sofres, 2009). Du côté de l’utilisation problématique du téléphone portable, on observe également des différences de genre : les hommes ont tendance à utiliser davantage leur téléphone portable lors de situations dangereuses (conduite) alors que les femmes développent davantage de symptômes liés à la dépendance (Billieux et al., 2008). De plus, les femmes ont des scores plus élevé que les hommes sur les questionnaires évaluant l’utilisation excessive du téléphone portable (Beranuy, Oberst, Carbonell & Chamarro, 2009 ; Geser, 2006b).

L’âge joue également un rôle important dans l’utilisation problématique du téléphone portable. Ainsi, il semble que les jeunes (16 à 24 ans) ont une relation affective et inconditionnelle au téléphone mobile : leur plus grande crainte liée à celui-ci étant de le perdre (TNS Sofres, 2009). Tandis que les personnes plus âgées ont une relation plus fonctionnelle avec le téléphone portable. Les jeunes sont également dans la tranche d’âge la plus susceptible de développer des problèmes liés au téléphone portable. En effet, dans leur étude, Bianchi et Phillips (2005) ont fait remplir à 195 participants âgés de 18 à 85 ans (M = 36.07 ans, SD = 12.43) des questionnaires d’estime de soi (l’inventaire de Coopersmith), de personnalité (Eysenck), d’utilisation du téléphone portable et de tendance addictive (MMPI- 2). Leurs résultats ont montré que l’âge est un excellent prédicteur du temps hebdomadaire passé à utiliser le téléphone portable. Par ailleurs, les raisons de son utilisation varient en fonction de l’âge : les jeunes l’utilisant davantage pour des raisons sociales et les plus âgés pour des raisons professionnelles (Bianchi & Phillips, 2005). De plus, il est, surtout pendant

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7 l’adolescence, un symbole de statut et d’affirmation de l’identité (Caron & Caronia, 2005 ; Geser, 2006b ; Walsh & White, 2007). Selon Caron et Caronia (2005), l’acquisition d’un téléphone portable marque dans les sociétés occidentales le début de l’adolescence. D’autre part, les adolescents sont particulièrement influencés par les modes les rendant susceptibles d’adopter facilement de nouvelles technologies surtout lorsque celles-ci sont considérées comme « à la mode » (Ling, 2001 cité par Geser, 2006b). En conclusion, l’âge et le genre sont deux variables importantes dans l’utilisation excessive du téléphone portable. Il semble en effet que les femmes jeunes représentent le groupe le plus susceptible de développer des symptômes d’addiction au téléphone mobile.

2.1.3. La relation avec l’impulsivité

Selon le modèle UPPS (Whiteside & Lynam, 2001), l’impulsivité peut être séparée en quatre composantes : l’urgence, le manque de préméditation, le manque de persévérance et la recherche de sensation. L’urgence correspond à la tendance à vivre des impulsions fortes surtout lors d’affects négatifs. Le manque de préméditation réfère à la difficulté à penser et à prendre en considération les conséquences possibles de ses actes avant de les commettre. Le manque de persévérance est défini comme la difficulté à rester engagé dans une tâche surtout lorsque celle-ci est évaluée comme ennuyeuse ou difficile. Et, finalement, la recherche de sensation réfère à la tendance à l’ouverture vers de nouvelles expériences, à apprécier et s’engager dans des activités jugées excitantes.

Selon Billieux et al. (2008), l’utilisation actuelle du téléphone portable6 serait liée à une augmentation de l’urgence et une diminution de la persévérance selon le modèle UPPS. Plus spécifiquement :

(1) le comportement dangereux (p.ex., téléphoner en conduisant) est prédit par une haute urgence et un score élevé en recherche de sensation ;

(2) l’utilisation prohibé est prédite par un bas niveau de préméditation ;

(3) la dépendance au téléphone portable est prédite par un score élevé sur l’échelle d’urgence ;

(4) les problèmes financiers sont liés à une haute urgence et un manque de persévérance.

6 L’utilisation actuelle du téléphone portable correspond à la durée et la quantité moyenne des appels effectués quotidiennement.

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8 Ainsi, différentes dimensions de l’impulsivité sont liées différemment avec les différentes dimensions de l’utilisation problématique du téléphone portable.

2.1.4. La relation avec les facteurs anxio-dépressifs

Hyun Ha et al. (2008) montrent dans leur recherche que le groupe de participants ayant un usage excessif du téléphone portable a un niveau plus élevé de symptômes dépressifs et alexithymiques que les participants n’ayant pas un usage excessif du téléphone portable. Par ailleurs, ce même groupe de participants a tendance à avoir un niveau d’anxiété interpersonnelle plus haut et une moins bonne estime de soi que le groupe contrôle. Ainsi, l’utilisation problématique du téléphone portable est liée à des troubles de l’humeur comme la dépression et l’alexithymie mais aussi à l’anxiété sociale.

Ce résultat est corroboré par la recherche de Billieux et al. (2008) selon lesquels le niveau de dépression et d’anxiété prédisent le nombre d’envoi de SMS quotidiens. Selon ces auteurs, les personnes anxieuses sociales enverraient davantage de messages pour éviter la confrontation directe avec un interlocuteur. Par contre, contrairement à Hyun Ha et al. (2008), ils n’ont pas trouvé d’effet des symptômes dépressifs et anxieux sur l’utilisation problématique du téléphone portable.

D’autre part, Beranuy et al. (2009) ont montré que l’utilisation inadaptée du téléphone mobile est liée avec la détresse psychologique7. D’ailleurs, selon Kraut et al. (1998, cité par Beranuy et al., 2009), l’utilisation pathologique des nouvelles technologies réduit l’implication sociale de l’individu dans le monde réel.

2.1.5. La relation avec la personnalité

Du côté des traits de la personnalité, les personnes ayant un score élevé en neuroticisme préfèrent écrire des SMS plutôt que d’avoir une interaction face-à-face (Butt & Phillips, 2008 ; Ehrenberg, Juckes, White & Walsh, 2008 ; Pierce, 2009) et ont plus tendance à être dépendantes au téléphone portable (Ehrenberg et al., 2008). L’interprétation de Butt et Phillips (2008) de cette utilisation accrue des SMS par les personnes neurotiques est la

7 La détresse psychologique correspond dans cette étude à un score total élevé au Symptom Checklist-90-R.

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9 diminution de l’anxiété liée à la peur d’être mal interprétées. En effet, elles ont ainsi tout le temps qu’elles veulent pour réfléchir quoi écrire et ont ainsi plus de contrôle sur la communication. Cette relation entre le score de neuroticisme et l’utilisation accrue du service de messagerie n’a par contre pas été trouvée par Bianchi et Phillips (2005).

Les personnes ayant des scores élevés en agréabilité (NEO-FFI) téléphonent moins et ont moins tendance à être dépendant de leur mobile (Ehrenberg et al., 2008). A contrario, les personnes ayant des scores faibles en agréabilité reçoivent davantage d’appels (Butt &

Phillips, 2008). Ainsi, les personnes préfèrent peut-être appeler les individus désagréables plutôt que de les voir.

Un effet significatif de l’introversion sur la durée d’utilisation hebdomadaire du téléphone portable, le nombre de personnes appelées et le score total à un questionnaire d’utilisation excessif du téléphone portable a également été trouvé (Bianchi & Phillips, 2005 ; Butt &

Phillips, 2008). Les personnes extraverties recevraient plus d’appels car ce sont des personnes sympathiques et ayant beaucoup de relations sociales. Par ailleurs, une autre hypothèse, serait que l’entourage pourrait chercher à contrôler les prises de risques des extravertis en les appelant (Butt & Phillips, 2008).

En conclusion, les personnes envoyant beaucoup de messages (SMS), ont tendance à avoir des scores plus élevés en neuroticisme (Butt & Phillips, 2008 ; Ehrenberg et al., 2008), plus de symptômes dépressifs et anxieux (Billieux et al., 2008 ; Hyun Ha et al., 2008 ; Pierce, 2009) et plus particulièrement des symptômes d’anxiété interpersonnelle. Plus globalement, une utilisation excessive du téléphone portable est liée avec davantage de problèmes psychiques (Beranuy et al., 2009) et un score bas en agréabilité (Ehrenberg et al., 2008). Il existe par contre des divergences entre les études sur les liens entre dépression, anxiété et utilisation excessive du téléphone portable (Billieux et al., 2008 ; Hyun Ha et al., 2008).

2.2. L’estime de soi

2.2.1. Définition du concept d’estime de soi

Bien que tout le monde, autant dans la littérature scientifique que dans le langage commun, connaisse et utilise le concept d’estime de soi, il n’existe pas de réel consensus sur sa définition. En effet, pour Brown et Marshall (2001, 2006 cité par Oakes, Brown & Cai, 2008),

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10 l’estime de soi pourrait se définir en terme affectif ; ce serait le sentiment d’affection que l’individu éprouverait pour lui-même. Pour d’autres auteurs, la définition serait plus cognitive ; l’estime de soi serait ainsi un jugement global que l’on fait pour évaluer sa valeur en tant que personne (Crocker & Wolfe, 2001 cité par Oakes et al., 2008). Cependant, la majorité des auteurs affirment que l’estime de soi est un concept multidimensionnel qui comprend des aspects cognitifs et affectifs. Nous prendrons alors comme définition de l’estime de soi celle, relativement commune de Bianchi et Phillips (2005) qui englobe les aspects affectifs et cognitifs de l’estime de soi. Selon ces auteurs, l’estime de soi est une évaluation relativement stable que les individus font d’eux-mêmes.

2.2.2. Estime de soi explicite versus implicite

L’estime de soi peut classiquement être mesurée de deux façons : de manière explicite ou de manière implicite. On peut évaluer l’estime de soi explicite en demandant directement à l’individu ce qu’il pense de lui-même, par exemple. Ce type de mesure a comme désavantage d’être assez sensible à certains biais comme la désirabilité sociale (Oakes et al., 2008).

Ainsi, les chercheurs préfèrent parfois recourir à des mesures plus implicites de l’estime de soi. Pour Greenwald et Banaji (1995), l’estime de soi implicite est une attitude qui se manifeste par des actions ou des jugements contrôlés par des évaluations activées automatiquement (i.e. sans que la personne en ait conscience). L’estime de soi implicite s’obtient, par exemple, en mesurant la différence de temps de réaction pour associer des adjectifs positifs versus négatifs avec soi (Implicit Association Task, Greenwald & Banaji, 1995) ou encore en évaluant le degré de préférence des lettres faisant parties de son nom comparées à d’autres lettres (Name Letter Test, Krizan & Suls, 2007). Cependant ce type de mesure a comme désavantage d’être indirecte, on ne peut ainsi pas être totalement sûr qu’on mesure bien l’estime de soi.

Par ailleurs, selon la littérature abondante à ce sujet, l’estime de soi implicite et explicite tendent à être peu corrélés (p.ex., r = .17, Greenwald & Farnham, 2000). Selon ces auteurs, l’estime de soi explicite serait biaisée, en proportion inconnue, par des distorsions de la perception de soi de l’individu. L’Implicit Association Task (IAT) ne demandant aucune introspection, ne serait pas affectée par ce type de distorsion. Cette différence entre l’IAT et les mesures d’estime de soi explicite implique, selon ces auteurs, une bonne validité

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11 discriminante de l’IAT. Cependant, d’autres auteurs ont démontré que le lien entre l’estime de soi implicite et explicite pouvait être fort (Nosek, 2005 ; Oakes et al., 2008). Ainsi, par exemple, si la mesure implicite est basée sur des stimuli pertinents pour le soi (p.ex., intelligent) ou si la mesure explicite est plus axée sur l’aspect affectif de l’estime de soi (p.ex.,

« je trouve que je suis quelqu’un qui a de la valeur »), les mesures d’estime de soi implicite et explicite corrèlent davantage. De plus, la corrélation entre l’estime de soi explicite et implicite est meilleure si la tâche d’estime de soi explicite est réalisée en premier (Krizan & Suls, 2007). Par ailleurs, il faut souligner que cette corrélation est supérieure chez les femmes que chez les hommes (Pelham et al., 2005).

Plusieurs auteurs (p.ex., Nosek, 2005 ; Oakes et al., 2008) sont d’avis que les mesures implicites de l’estime de soi évalueraient plus les composantes affectives (s’accepter et s’aimer tel que l’on est) et moins les composantes cognitives (sentiment de capacité et d’efficacité) de l’estime de soi. En effet, dans l’IAT, par exemple, on évalue l’association en mémoire des concepts liés au soi et des mots positifs sans tenir compte du sentiment de performance qu’a l’individu. Ces deux mesures n’évaluant pas strictement les mêmes concepts, cela pourrait expliquer leur faible corrélation.

L’incongruence entre l’estime de soi implicite et explicite8 peut engendrer plusieurs difficultés telles que colère internalisée, attribution interne des échecs, attribution externe des réussites, suppression de la colère, nervosité et somatisation (Schröder-Abé, Rudolph et Schütz, 2007). De même, cette incongruence est notamment liée avec des évaluations plus négatives des membres de l’out-groupe9, plus d’optimisme non réaliste et davantage de comportements d’auto-promotion10 (Bosson, Brown, Zeigler-Hill, & Swann, 2003 ; Kernis et al., 2005). Ces résultats sont corroborés par Zeigler-Hill (2006) et Bosson et al. (2003) qui ont trouvé que les individus ayant une estime de soi explicite élevée mais implicite basse, ont les scores les plus élevés en narcissisme. Les narcissiques faisant croire à autrui qu’ils ont une bonne estime d’eux-mêmes alors que leur estime d’eux-mêmes implicite (donc moins influencée par la désirabilité sociale) est mauvaise. Par ailleurs, cette incongruence rend l’estime de soi de l’individu plus instable et donc plus influençable (Zeigler-Hill, 2006).

8 i.e. une basse estime de soi explicite et haute en implicite ou versus.

9 i.e. les personnes ne faisant pas parti du groupe d’appartenance de l’individu.

10 consistant dans l’étude de Kernis et al. (2005) à évaluer les capacités nécessaires à la réussite universitaire congruentes avec ses propres capacités.

(18)

12 2.2.3. L’estime de soi et ses relations avec différentes composantes psychologiques

L’estime de soi est par ailleurs un concept très utilisé dans la littérature sans doute dû aux nombreux liens avec des facteurs de santé mentale et physique. Ainsi, selon la littérature, une estime de soi explicite élevée est associée avec diverses répercussions positives sur la vie quotidienne et la santé psychique telles que:

(1) l’optimisme (Taylor & Brown, 1988, cité par Schröder-Abé et al., 2007),

(2) la satisfaction de vie (p.ex., Cambell, 1981 cité par Vallières & Vallerand, 1990), (3) la stabilité émotionnelle (Judge, Erez, Bono & Thoresen, 2002),

(4) un bas niveau de dépression (p.ex., Watson, Suls & Haig, 2002),

(5) de stress et d’effets négatifs suite à un événement négatif (p.ex., Brown & Dutton, 1995, cité par Schröder-Abé et al., 2007).

Une estime de soi élevée n’a cependant pas uniquement des conséquences positives. En effet, selon Bushman et Baumeister (1998), une forte estime de soi explicite mènerait à des comportements agressifs et défensifs. Ainsi, les personnes ayant une estime de soi élevée (et donc un haut niveau de narcissisme et d’égocentrisme) auraient davantage recourt à des comportements agressifs et ce, plus particulièrement lorsque leur estime d’eux-mêmes est menacée. Il semble cependant que cette relation entre une estime de soi explicite élevée et des comportements agressifs accrus soit médiatisée par une estime de soi implicite basse (Jordan, Spencer & Zanna, 2005). Ainsi, ce serait plutôt l’incongruence entre l’estime de soi explicite et implicite qui serait à l’origine de comportements agressifs chez les personnes ayant une estime de soi explicite élevée car, selon les auteurs, l’estime de soi explicite serait plus instable et donc plus susceptible d’être menacée. Cette menace continuelle sur l’estime de soi, mènerait à des comportements agressifs et défensifs.

Selon Garnefski, Teerds, Fraaij, Legerstee et Van den Kommer (2004), il existerait un lien entre l’estime de soi et l’utilisation préférentielle de certaines stratégies de régulation émotionnelle. Les personnes avec une faible estime d’elles-mêmes auraient tendance à utiliser davantage des stratégies moins efficaces comme la rumination par exemple.

De plus, plusieurs études ont montré des liens entre une faible estime de soi et la présence de symptômes dépressifs (p.ex., Garnefski et al., 2004). Cette relation peut en partie être expliquée par l’utilisation de stratégies de régulation émotionnelle inadaptées à la situation (rumination, s’auto-critiquer, etc.).

(19)

13 2.2.4. L’estime de soi et l’utilisation du téléphone portable

L’estime de soi est fortement impliquée dans l’utilisation problématique du téléphone portable. En effet, selon Walsh et White (2007), ce serait même le prédicteur principal. De plus, Bianchi et Phillips (2005) prédisent que les personnes ayant une faible estime d’eux- mêmes ont tendance à utiliser davantage leur téléphone portable comme stratégie de régulation émotionnelle notamment pour se rassurer socialement. Cette hypothèse est corroborée par Joinson (2004) qui a démontré que les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes préfèrent écrire un e-mail plutôt que d’avoir une interaction face-à-face. Alors que pour les personnes ayant une estime d’elles-mêmes élevée, on observe le pattern inverse.

Ainsi, les personnes avec une faible estime d’elles-mêmes préfèrent interagir via leur téléphone portable qu’en face-à-face.

Par contre, Butt et Phillips (2008) n’ont pas trouvé d’effet de l’estime de soi sur l’utilisation problématique du téléphone portable.

D’après Ehrenberg et al. (2008), les personnes ayant une estime de soi forte (évaluée par l’inventaire d’estime de soi de Coopersmith) sont moins dépendantes aux nouvelles technologies et ont moins tendance à avoir une utilisation excessive du téléphone portable.

Par contre, ils n’ont pas trouvé d’effet de l’estime de soi sur la dépendance au téléphone portable. Il faut cependant souligner que leur mesure de dépendance au téléphone portable se limite à trois items non validés.

Toutes ces études se sont centrées sur les relations entre l’estime de soi explicite et l’utilisation problématique du téléphone portable. Il n’y a actuellement aucune étude ayant investigué le lien entre estime de soi implicite et l’utilisation du mobile. Cependant, comme la relation entre estime de soi implicite et explicite est positive (bien qu’elle soit faible), nous pensons que l’estime de soi implicite aura un effet négatif sur l’utilisation excessive du téléphone portable.

(20)

14 2.3. Les stratégies de régulation émotionnelle

2.3.1. Définition

Selon Gross (2001), les stratégies de régulation émotionnelle englobent « l’ensemble des stratégies qui sont utilisées afin d’accroître, de maintenir ou de réduire une ou plusieurs composantes d’une réponse émotionnelle ». Elles peuvent être conscientes ou inconscientes ; volontaires ou automatiques. La régulation émotionnelle permet donc aux individus d’éviter de donner la réponse émotionnelle spontanée en faveur d’une émotion plus adéquate (Koole, 2009).

On classe généralement ces stratégies selon deux types. La réévaluation positive, l’acceptation, la centration positive, la centration sur l’action et la mise en perspective sont considérées comme des stratégies adaptatives. Alors que la suppression, la rumination, le blâme de soi ou d’autrui et la dramatisation sont plutôt considérées comme des stratégies non adaptatives (cf. tableau 4, p.25 pour une définition de chacune de ces stratégies ainsi que des exemples d’items). Il faut cependant souligner que certaines stratégies peuvent se révéler être adaptatives dans certaines situations et pas dans d’autres. Ainsi, par exemple, une stratégie adaptative (p.ex., acceptation) peut être inadaptée lors de situations négatives chroniques (p.ex., violence conjugale) (Iverson, Shenk, & Fruzzetti, 2009 ; Werner & Gross, 2010).

2.3.2. Relation avec le genre

D’après la littérature, les femmes utilisent plus de stratégies de rumination et de dramatisation que les hommes (Garnefski et al., 2004 ; d’Acremont & Van der Linden, 2007). Ces deux stratégies sont particulièrement liées à la symptomatologie dépressive, ce qui pourrait en partie expliquer la forte propension des femmes par rapport aux hommes de développer ce type de pathologie.

Par contre, les femmes ont tendance à moins blâmer autrui que les hommes. Il existe également une différence de genre dans l’utilisation de la stratégie de régulation émotionnelle de mise en perspective (Jermann, Van der Linden, d’Acremont et Zermatten, 2006). Cette stratégie étant moins utilisée par les hommes que par les femmes. Par ailleurs, selon Garnefski, et al. (2004), les femmes ont plus tendance à utiliser des stratégies de réévaluation

(21)

15 positive qui est une stratégie liée avec une diminution de la propension à développer une symptomatologie dépressive.

En somme, les femmes auraient tendance à davantage ruminer et dramatiser que les hommes.

Par contre, elles utilisent également plus de stratégies de régulation émotionnelle de mise en perspective et de réévaluation positive que les hommes qui, eux, ont plus tendance à blâmer autrui.

2.3.3. Relation avec l’impulsivité et les affects négatifs

L’impulsivité est liée avec une utilisation accrue de stratégies de régulation émotionnelle non adaptatives (d’Acremont & Van der Linden, 2006). Selon ces mêmes auteurs, plus on utiliserait de stratégies de régulation émotionnelle appropriées, moins on serait déprimé et moins on aurait tendance à être impulsif. Ainsi, les stratégies de régulation émotionnelles médiatisent la relation entre l’impulsivité (particulièrement l’urgence et le manque de persévérance) et les symptômes dépressifs.

Les liens entre les stratégies de régulation émotionnelle et les affects négatifs ont été très étudiés dans la littérature. Ainsi il semble que l’utilisation préférentielle de stratégies de régulation émotionnelle non adaptatives et, plus particulièrement, se blâmer soi-même, dramatiser et ruminer, corrèlent positivement avec les symptômes dépressifs (d’Acremont &

Van der Linden, 2006 ; Christophe, Antoine, Leroy & Delelis, 2008). Alors que les stratégies de régulation émotionnelle plus appropriées sont corrélées négativement avec les scores de dépression (surtout la centration sur l’action et la réévaluation positive).

2.3.4. Relation avec l’utilisation du téléphone portable

Plusieurs études nous permettent de supposer des liens entre les stratégies de régulation émotionnelle et une utilisation problématique du téléphone portable bien qu’il n’existe aucune étude investiguant directement ce lien. Ainsi, dans leur recherche, Billieux et al. (2008) ont trouvé un lien important entre l’impulsivité et l’utilisation problématique du téléphone portable. Or, selon d’Acremont et Van der Linden (2006), l’impulsivité est liée avec des

(22)

16 difficultés de régulation émotionnelle. Nous pouvons donc émettre l’hypothèse d’une relation de médiation entre l’impulsivité et l’utilisation excessive du téléphone portable.

3. Hypothèses

Le cadre théorique nous a permis de souligner l’existence de liens entre l’utilisation problématique du téléphone portable d’une part et l’impulsivité, symptômes dépressifs et anxieux d’autre part. Il pourrait donc être intéressant d’investiguer la relation entre la régulation émotionnelle et l’utilisation problématique du téléphone portable. Ainsi, l’objectif de cette étude est d’explorer le rôle de l’estime de soi et des capacités de régulation émotionnelles sur les symptômes de dépendance à l’égard du téléphone portable et, plus généralement, sur son usage problématique. Comme il existe d’importantes différences selon le genre sur plusieurs des variables précitées, nous étudierons uniquement des femmes. En effet, les femmes ont des scores plus élevés d’utilisation excessive du téléphone portable et de dépendance et plus faibles dans l’échelle de comportement dangereux que les hommes (Beranuy et al, 2009 ; Billieux et al., 2008 ; Geser, 2006b). Concernant l’estime de soi, elle est généralement plus faible chez les femmes (particulièrement les jeunes femmes) que chez les hommes (p.ex., Birndorf, Ryan, Auinger, & Aten, 2005). Par ailleurs, les corrélations entre estime de soi implicite et explicite sont plus élevées chez les femmes que chez les hommes (Pelham et al., 2005). De plus, elles acquièrent plus précocement un téléphone portable et l’utilisent davantage pour des raisons sociales alors que les hommes l’utilisent plutôt pour des raisons professionnelles (Bianchi & Phillips, 2005 ; Geser, 2006b).

Notre première hypothèse postule que l’estime de soi a un effet sur l’utilisation du téléphone portable. L’estime de soi correspond à une évaluation relativement stable que les individus font d’eux-mêmes (Bianchi & Phillips, 2005). Or, nous pensons que lorsque cette évaluation est négative, les individus ont tendance à avoir davantage de symptômes de dépendance au téléphone portable, c’est-à-dire une utilisation excessive conduisant à une souffrance cliniquement significative. Cette hypothèse se base notamment sur la recherche de Walsh et White (2007) qui ont conclu que l’estime de soi était le prédicteur principal de l’utilisation problématique du téléphone portable. Par ailleurs, dans une étude comparant un groupe ayant

(23)

17 un usage excessif du téléphone portable avec un groupe contrôle, Hyun Ha et al. (2008) ont découvert que les participants ayant un usage excessif du téléphone mobile ont une estime d’eux-mêmes plus basse que les participants du groupe contrôle.

Nous ne postulons pas de différences a priori entre l’estime de soi implicite et explicite sur l’utilisation problématique du téléphone portable. En effet, bien que ces deux mesures soient généralement peu corrélées (p.ex., Greenwald & Farnham, 2000), leur lien est positif.

Cependant, il peut se révéler intéressant de voir de quelle manière ces deux mesures seraient liées différemment à l’utilisation inappropriée du téléphone portable. L’investigation de l’estime de soi implicite et explicite se fait donc ici à titre purement exploratoire.

La seconde hypothèse postule que le type de stratégies de régulation émotionnelle (adaptées versus inadaptées) préféré par l’individu a une influence sur l’utilisation du téléphone portable. Ainsi, si le participant utilise préférentiellement des stratégies de régulation émotionnelle inadaptées comme la rumination par exemple, il aura tendance à avoir une utilisation plus problématique du téléphone portable qu’une personne utilisant préférentiellement des stratégies de régulation émotionnelle jugées plus efficaces. Il a été démontré que les individus qui utilisent préférentiellement des stratégies de régulation émotionnelle non adaptatives ont davantage de problèmes d’impulsivité (d’Acremont & Van der Linden, 2006). Par ailleurs, une relation importante entre l’impulsivité et l’utilisation problématique du téléphone portable a été relevée par Billieux et al. (2008). C’est pourquoi nous postulons un lien directe entre une utilisation préférentielle de stratégies de régulation émotionnelle non adaptatives et une utilisation problématique du téléphone portable.

En vertu des recherches multiples sur les lien entre l’estime de soi et le type de stratégie de régulation émotionnelle (p.ex., Garnefski et al., 2004 ; Schröder-Abé et al., 2007), nous nous attendons à trouver une relation positive entre l’estime de soi et les stratégies de régulation adaptatives. De même, aucune différence liée aux différentes mesures de l’estime de soi (implicite versus explicite) sur les stratégies de régulation émotionnelle n’est attendu.

Finalement, nous émettons l’hypothèse intuitive que le type de stratégies de régulation émotionnelles médiatise (totalement ou partiellement) les liens entre estime de soi et dépendance au téléphone portable (voir figure 1).

(24)

18

Figure 1

Relations postulées entre estime de soi, régulation émotionnelle, et dépendance au téléphone portable

Note. 1 = première hypothèse, 2 = seconde hypothèse, 3 = troisième hypothèse, la quatrième hypothèse correspond à l’effet de médiation des stratégies de régulation émotionnelle sur la relation entre l’estime de soi et la dépendance au téléphone portable.

4. Méthode

4.1. Population

L’échantillon initial contient 97 participants volontaires auquel nous avons retiré les six participants masculins afin de garder un échantillon strictement féminin. Ces participantes étudient pour la plupart à l’Université de Genève (n = 89) et ont accepté de leur plein gré de participer à cette expérience sans rémunération. Les critères d’inclusion pour cette étude sont le genre (uniquement des femmes), l’âge (18 à 42 ans), avoir de bonnes connaissances de la langue française afin de bien comprendre les questionnaires et être en possession d’un téléphone portable.

De plus, trois participantes féminines ont été retirées de l’analyse suite à leurs performances extrêmes11 à la tâche d’IAT suggérant une inattention ou des réponses au hasard. Ainsi, notre échantillon final contient 88 femmes âgées de 18 à 42 ans et ayant au minimum un bon niveau de français (55 d’entre elles sont de langue maternelle française). Par ailleurs, elles ont pour la plupart un niveau élevé de formation (cf. tableau 1).

11 Plusieurs temps de réaction supérieurs à 3000 ms ou inférieurs à 300 ms (pour plus de détails, voir point 5.2., p. 28).

1

3 2

Estime de Soi

Stratégies de régulation émotionnelle adaptées

Stratégies de régulation émotionnelle inadaptées

Dépendance au téléphone portable

2 3

(25)

19

Tableau 1

Caractéristiques démographiques des participantes

n Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

Âge 88 18 42 22.02 3.72

Nombre d’années de formation 87 7 22 14.28 2.44

Note. Les années de formation sont comptabilisées à partir de l’école obligatoire.

4.2. Procédure

La plupart des participantes (n = 49) ont été recrutées dans les couloirs de l’Université de Genève et proviennent de diverses facultés. Les autres (n = 39) sont des étudiantes de psychologie de deuxième année de Bachelor qui ont participées à cette recherche dans le cadre de leur cursus universitaire. Toutes les participantes étaient initialement naïves quant aux variables testées et aux hypothèses de recherche. Lors du recrutement, nous les avons informées qu’elles participeraient à une expérience en psychologie pour un travail de master portant sur les variables influençant la dépendance au téléphone portable et que la durée de la session était d’approximativement de 30 minutes.

Les participantes avaient rendez-vous individuellement dans un bureau de l’Université de Genève. Après une brève discussion pour les informer des détails de la recherche, elles devaient lire puis signer le formulaire de consentement (cf. annexe 2) qui, par la suite, a été conservé séparément des questionnaires dans un but de confidentialité. Ensuite, si elles n’avaient pas de questions, elles répondaient à la tâche d’association implicite sur un ordinateur portable. Puis elles remplissaient individuellement les différents auto- questionnaires papier-crayon randomisés avec, comme consigne, de répondre le plus spontanément possible et dans l’ordre aux énoncés sans omettre d’items. Ces questionnaires étaient précédés d’une fiche personnelle (cf. annexe 3) récoltant des données démographiques. Finalement, un bref débriefing leur expliquant les variables étudiées et les tests utilisés leur était fourni. Nous les avons également informées, à ce moment, qu’elles pouvaient en tout temps nous contacter en cas de questions relatives à l’étude.

(26)

20 4.3. Matériel

4.3.1. Tâche de laboratoire : l’Implicit Association Task (IAT)

4.3.1.1. Fonctionnement

La tâche informatisée de l’IAT dure approximativement 8 minutes. Le participant doit classer des mots apparaissant au centre de l’écran (précédés d’une croix de fixation) le plus correctement et le plus rapidement possible selon les concepts ou les associations de concepts écrits à gauche ou à droite de l’écran (cf. tableau 2).

Tableau 2

Items retenus, par catégorie

MOI AUTRUI Positif Négatif

JE MA MIENNE MON MOI-MÊME

ILS

LES AUTRES EUX

LEURS LUI

Beauté Valorisation Réussite Paix Famille

Mort Cadavre Douleur Prison Pauvreté

Si le participant fait une erreur (p.ex. classer « mien » dans la catégorie « autrui »), elle est signalée par un X rouge apparaissant sous le mot à relier. Le mot suivant n’apparaît que lorsque le participant a donné la bonne réponse (cf annexe 4).

Lors du premier bloc, les participants doivent catégoriser vingt mots selon des concepts personnels (« Moi ») ou impersonnels (« Autrui ») (cf. tableau 2). Le second bloc est constitué des concepts de valence « positif » et « négatif ». Puis, lors de la première phase de concepts combinés (bloc 3, condition congruente), le participant doit classer les mots (faisant partie des blocs 1 et 2) en deux groupes : « moi ou positif » versus « autrui ou négatif » (cf.

tableau 3). Ainsi, par exemple, si le mot « mien » ou « paix » apparaît au centre de l’écran, il faudra le classer dans la catégorie « moi ou positif » (à gauche de l’écran). Le bloc 4, contient les mêmes items et les mêmes catégories que le premier bloc mais les réponses sont inversées : « autrui » se situe à gauche de l’écran. Finalement, la dernière phase où sont combinés les concepts « autrui ou positif » versus « moi ou négatif » (combinaison des blocs 2 et 4) constitue la phase test (condition incongruente) qui sera comparée avec la troisième phase.

(27)

21

Tableau 3

Schématisation de l’IAT

Clé de réponse Bloc

Nombre

d’essais Tâche Gauche Droite Exemples d’items

1 20 Apprentissage de discrimination

MOI LES AUTRES Je, ma, …

Versus Eux, lui, … 2 20 Apprentissage de

discrimination

Positif Négatif Beauté, Paix, … Versus

Mort, douleur, … 3 60 Tâche d’association,

condition congruente

MOI Positif

LES AUTRES Négatif

Je, ma, beauté, paix, … Versus

Eux, lui, mort, douleur, … 4 20 Apprentissage de

discrimination inversée

LES AUTRES MOI Eux, lui, …

Versus Je, ma, … 5 60 Tâche d’association

inversée ; condition incongruente

LES AUTRES Positif

MOI Négatif

Eux, lui, beauté, paix, … Versus

Je, ma, douleur, mort, …

Voici la consigne exacte donnée aux participants : « Notre recherche vise à mesurer vos capacités de classer rapidement différentes catégories de mots courants de la langue française. Nous chercherons à comparer le classement de pronoms et de noms par exemple, mais également à comparer les performances des femmes à celles des hommes. Le classement doit donc se faire aussi rapidement et correctement que possible, quelques erreurs sont normales, mais surtout ne répondez pas au hasard… Veuillez garder tant que possible la position qui vous sera demandée, afin de ne pas induire de biais dans les résultats. »

Il est particulièrement important de donner les consignes identiques à l’ensemble des participants. Effectivement, des biais peuvent d’être introduits dans les données si la consigne varie ou pire, on risque de ne plus réellement étudier l’estime de soi implicite mais explicite si l’on fait comprendre au participant que le test qu’il va faire mesure l’estime de soi (Greenwald & Farnham, 2000).

(28)

22 4.3.1.2. Buts de l’IAT

La tâche d’association implicite (IAT) a pour but d’estimer l’attitude implicite que l’individu a envers lui-même en mesurant son évaluation automatique (Greenwald et al., 1998). Selon De Houwer (2002), ce test permet d’évaluer les associations qui font parti des croyances (à valence non neutres) stockées en mémoire sémantique (p.ex. « je ne suis pas bon »). Ainsi l’estime de soi d’après cet auteur est forcément non neutre (donc soit positive soit négative).

Ainsi, le postulat de l’IAT suggère que plus les mots liés à soi et les mots positifs sont associés en mémoire, plus ils sont traités rapidement en phase 3 (phase d’association « moi » et « positif », condition congruente) et plus ils sont traités lentement en phase 5 (phase d’association « moi » et « négatif », condition incongruente). C’est ce qu’on appelle le postulat de proportionnalité. On évalue donc que plus la différence de latence entre les phases 5 et 3 est élevée, plus l’estime de soi du participant est également élevé car « moi » et

« positif » sont très associés en mémoire (De Houwer, 2002). Autrement dit, l’effet de l’IAT (ou l’estime de soi implicite) correspond à la soustraction des moyennes des temps de réaction aux essais des blocs 5 et 3. On observe généralement une diminution des temps de réaction moyen entre les blocs 1 et 4 due à un effet d’apprentissage de la tâche puis à une augmentation du temps de réaction moyen au bloc 5 due à la difficulté d’associer des mots négatifs avec soi.

4.3.1.3. Propriétés psychométriques de l’IAT

Les propriétés psychométriques de l’IAT ont été fréquemment étudiées dans la littérature.

Ainsi, la fidélité test-retest de l’IAT se situe à r = .55 ce qui est une stabilité plutôt faible mais satisfaisante (Greenwald & Farnham, 2000). Greenwald et al. (1998) ont également démontré que l’effet de l’IAT restait stable à travers des variations de procédures telles que des changements de côté (p.ex. positif à gauche), changement du temps d’intervalle entre la réponse et la présentation du stimulus suivant, et des changements du nombre d’items pour représenter un concept. Selon ces mêmes auteurs, l’IAT possède également une bonne validité discriminante due à ces corrélations plutôt basses avec des mesures d’estime de soi explicites comme l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (r = .17). Ainsi, ils postulent que l’IAT mesure un construit différent de ce que mesure les questionnaires d’estime de soi explicite.

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