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Caractérisation des apports sur un bassin d'infiltration et impact sur son fonctionnement hydraulique

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Academic year: 2022

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HAL Id: hal-01115297

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01115297

Submitted on 23 Feb 2015

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Caractérisation des apports sur un bassin d’infiltration et impact sur son fonctionnement hydraulique

Carolina Gonzalez-Merchan, Sylvie Barraud, Sébastien Le Coustumer, Tim Fletcher

To cite this version:

Carolina Gonzalez-Merchan, Sylvie Barraud, Sébastien Le Coustumer, Tim Fletcher. Caractérisation des apports sur un bassin d’infiltration et impact sur son fonctionnement hydraulique. Journées Franco-Brésiliennes en Hydrologie Urbaine, 2010, Paris, France. 2010. �hal-01115297�

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1 Caractérisation des apports sur un bassin d’infiltration

et impact sur son fonctionnement hydraulique GONZALEZ-MERCHAN Carolina1*, BARRAUD Sylvie1,

LE COUSTUMER Sébastien1,2, FLETCHER Tim 2

1 Laboratoire de Génie Civil & d’Ingénierie Environnementale Université de Lyon, INSA-Lyon, Université Lyon 1

2 Department of Civil Engineering, Monash University.

*34 avenue des Arts, Bâtiment J.-C.-A. Coulomb, 69621 Villeurbanne CEDEX, France. 04 72 43 85 56, carolina.gonzalez-merchan@insa-lyon.fr

Résumé

Les ouvrages d’infiltration sont de plus en plus utilisés pour la gestion des eaux pluviales aussi bien en milieu routier qu’en milieu urbain. Bien que ces techniques d’infiltration soient largement utilisées, elles sont encore suspectées de dysfonctionnements persistants et notamment de se colmater facilement provoquant une stagnation de l’eau dans le système et une diminution importante des capacités d’évacuation.

L’objet de la publication est de présenter une contribution permettant de connaître l’évolution temporelle du colmatage, d’expliquer son évolution par les apports d’eau, de matière en suspension ou de matière organique et enfin de circonscrire les zones de développement des dépôts à partir du suivi d’un ouvrage en service.

Pour cela nous suivons la résistance hydraulique (indicateur de colmatage), et les facteurs influents tels comme la fréquence des apports, le contenu en matière organique et en matières en suspension, ainsi que la distribution de ces apports sur la surface du bassin.

Resumo

Os dispositivos de infiltração são cada vez mais utilizados para gerenciamento das águas pluviais, tanto em zonas rodoviárias como em áreas urbanas.Embora as técnicas de infiltração sejam amplamente usadas, elas ainda são suscetíveis a disfuncionamentos persistentes, principalmente devido à colmatação, provocando acúmulo de água no sistema e uma diminuição significativa da capacidade de descarga. O objeto da publicação é a apresentação de uma contribuição para conhecer a evolução temporal da colmatação, explicar sua evolução com relação aos fluxos de água, de sólidos em suspensão ou de matéria orgânica e, finalmente, a identificação de áreas de depósitos a partir do monitoramento de uma estrutura em serviço. Para isso, monitoramos a resistência hidráulica (indicador de colmatação), e os fatores influentes, tais como frequência dos fluxos, o teor de matéria orgânica e de sólidos em suspensão, assim como a distribuição destes fluxos na superfície da bacia.

Mots Clés :

Bassin d’infiltration, Eaux pluviales, Colmatage Introduction

Actuellement la concentration urbaine et son développement conduisent à collecter et transporter des quantités d’eaux pluviales de plus en plus importantes (accroissement des volumes et des débits de pointe) qui provoquent des inondations chroniques et sévères. Une des solutions actuellement mise en œuvre est le stockage temporaire des eaux pluviales et leur

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2 infiltration dans le sol. Outre un intérêt en terme de gestion des flux hydrauliques, ces solutions contribuent à recharger les nappes, à urbaniser les zones éloignées des exutoires de surfaces et peuvent être utilisées à d’autres usages lorsqu’elles ont été conçues pour être plurifonctionnelles. De plus, des recherches antérieures ont montré la forte potentialité de ces systèmes à piéger la pollution (Dechesne, 2002 ; Davis et al., 2003 ; Hatt et al., 2007) et notamment dans les premiers centimètres (Nightingale, 1987; Mikkelsen et al., 1994 ; Hutter et al., 1998 ; Dechesne, 2002) principalement par filtration et adsorption. Cependant, les rejets urbains alimentant ces systèmes transportent des sédiments fins chargés en matière organique et en polluants tels que les métaux lourds qui vont s’accumuler à la surface des ouvrages d’infiltration provoquant leur colmatage (Bouwer, 2002 ; Burton et al., 2002 et Mermillod- Blondin, 2007).

Sur un ouvrage d’infiltration on distingue en général le colmatage physique ou mécanique lié aux matières en suspension (MES) et le colmatage biologique. Les MES véhiculent une part importante des polluants des rejets urbains de temps pluie, et les apports de matière organique contribuent au développement de la biomasse (algues, micro-organismes, …) (Gautier., 1999 ; Bouwer., 2002 ; Pokrajac et al., 2002 ; Badin., 2009). Si les causes du colmatage sont identifiées, on connaît peu de chose de la dynamique de son évolution en fonction des apports sur des systèmes opérationnels. Ainsi des bassins présentant un environnement physique similaire ont des temps d’évolution du colmatage différents. Certains bassins ayant fonctionné sans se colmater pendant plus de 20 ans, se colmatent en quelques mois après une réhabilitation (e.g. Perrodin et al., 2005).

L’objet de la publication est de présenter une contribution permettant i) de mieux connaître le développement temporel du colmatage, ii) d’essayer d’expliquer son évolution par les apports d’eau et de matières en suspension (MES) et de matière organique (MO) suivis en continu et de caractériser les zones et les processus du développement spatial des dépôts à partir du suivi d’un ouvrage en service.

1. Description du site expérimental et méthodes 1.1. Présentation du site étudié

Le site étudié est le bassin de retenue-infiltration Django Reinhardt situé dans la banlieue Est de Lyon sur la commune de Chassieu (69, France). Ce site fait partie de l’observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine (OTHU). Il draine un bassin versant de type industriel, d’une surface de 185 ha, plutôt plat (pente moyenne de 4‰ dans le sens Est-Ouest) et de coefficient d’imperméabilisation d’environ 70%. Le bassin versant est drainé par un réseau séparatif pluvial qui reçoit en outre et en permanence des eaux de temps sec « théoriquement » propres venant de process industriels de la zone (eaux de refroidissement par exemple). Ce réseau aboutit à un système composé d’un bassin de rétention/décantation suivi d’un bassin d’infiltration (Cf. Figure 1 a et 1 b) situé au-dessus d’une nappe dont le toit est à 13 m de profondeur. Les volumes de ces deux compartiments sont respectivement de 32 000 m3 et 61 000 m3.

L’ouvrage d’infiltration a une surface de fond d’environ 8 000 m2 relativement plane. Le rapport entre la taille de l’ouvrage d’infiltration et la surface imperméabilisée du bassin versant est d’environ 0.6%.

L’ensemble du système, est situé dans la plaine de l’Est Lyonnais dont le substratum est composé de dépôts fluvio-glaciaires, qui ont une conductivité hydraulique moyenne de 5.10-4 m/s (Barraud et al., 2002). Notons enfin que l’ouvrage d’infiltration a été décolmaté fin mars 2004.

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3

(b) (a)

(c)

(b) (a)

(c)

Bassin de décantation Bassin de rétention Point d’arrivée du

réseau séparatif

1 3

2 4

1 3

2 4

Fig. n°1. Vue aérienne des ouvrages d’infiltration et de décantation (a), schéma du système de décantation et d’infiltration (b), Emplacement des capteurs de hauteur (c)

On trouvera une description complète et détaillée du dispositif métrologique général dans (Barraud et al, 2002). La description de l’équipement utilisé pour cette recherche est la suivante.

L’entrée du bassin d’infiltration est munie d’une mesure en continu au pas de temps deux minutes (720 mesurages par jour) des débits (mesure de hauteur d’eau et de la vitesse d’écoulement en conduite), de la turbidité, de la conductivité et de la température d’eau. Pour la mesure de turbidité, conductivité et température, les eaux sont pompées vers un bac dans lequel plonge les différents capteurs (Cf. figure 2).

Au niveau du bassin d’infiltration, la hauteur d’eau dans le bassin est réalisée en 4 points (Cf. figure 1-c).

Enfin quelques paramètres externes ont été intégrés à l’analyse. Il s’agit de l’énergie solaire et de la température d’air. La valeur de l’énergie solaire journalière ainsi que la température d’air ont été fournies par Météo-France à la station de Bron (69) pour les dates comprises entre le 1 avril 2004 et le 24 juin 2009. Après de cette date, les mesures ont été réalisées in situ.

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4

pH, conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

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centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth +

pH, conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

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rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

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rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs pH,

conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth +

pH, conductivité, température, turbidité (2x) pH, conductivité, température, turbidité (2x) pompe

écoulement prise d’eau

bac transfert

rejet

sampler

( depth + )

centrale de données préleveur

débitmètre (2x) : hauteur d ’eau + vitesse

transmetteurs

Fig. n°2. Station de mesure en continu située à l'entrée du bassin Django Reinhardt

1.2. Principe et méthodes

La recherche consiste à quantifier l’évolution du colmatage du bassin présenté précédemment par le suivi de l’évolution de son infiltration globale au cours du temps.

La mesure de la conductivité par les méthodes classiques comme celle de l'anneau par exemple est peu adaptée pour ces ouvrages : d'une part en raison de la variabilité spatiale de cette conductivité hydraulique qui nécessiterait un grand nombre de tests à intervalles de temps réguliers et qui ne sont pas aisés à réaliser sur les berges et d'autre part à cause du type de sol (fluvio-glaciaire ayant une conductivité hydraulique élevée). Une des solutions est de déterminer l’infiltrabilité de l’ouvrage et d’estimer sa résistance hydraulique globale.

La résistance hydraulique représente la durée nécessaire à une quantité unitaire d’eau pour passer à travers de la couche colmatée sous une charge unitaire. L’estimation de cette résistance nécessite de suivre l’évolution des hauteurs d’eau dans le bassin, les débits entrants et la température de l’eau pendant les évènements pluvieux. Elle réclame également une modélisation topographique du terrain naturel du bassin de manière à disposer de relations liant les hauteurs et les volumes stockés dans le bassin d’une part et les hauteurs et les surfaces d’infiltration couvertes d’autre part.

Le suivi a donc consisté à :

ƒ acquérir en continu avec un pas de temps de 2 min : le débit, la température des effluents entrant dans le bassin ainsi que l’évolution des hauteurs d’eau dans le bassin en 4 points en utilisant le système métrologique décrit précédemment ;

ƒ estimer les résistances hydrauliques globales évènement pluvieux par événement pluvieux à partir du calage du modèle de Bouwer dont la pertinence a été démontrée lors des travaux antérieurs (Gautier et al., 1999 ; Le Coustumer, 2008),

ƒ calculer les incertitudes sur ces grandeurs ;

ƒ analyser l’évolution de ces résistances au cours du temps sur de longues périodes de plusieurs années

ƒ essayer de corréler cette évolution aux apports et à certains facteurs climatiques.

Ce travail prolonge des recherches antérieures et notamment celles de Le Coustumer (2008) dans laquelle on trouvera décrites précisément la méthode de calage de la résistance hydraulique et celle permettant d’estimer les incertitudes.

(6)

5 1.3. Les facteurs susceptibles d’expliquer l’évolution du colmatage

Les facteurs pris en compte dans l’étude sont :

ƒ Les quantités d’eau apportées au système et leur rythme en fonction du temps

Ces quantités sont déduites des mesures en continu de débits. Il s’agit plus précisément de :

- Veau cumulé (m3) : volume cumulé écoulé depuis le décolmatage en 2004 [m3].

- te : durée totale des épisodes pluvieux antécédents depuis le décolmatage du bassin en 2004 jusqu’à la date de calage de la résistance hydraulique [s]

- Ne : nombre total de pluies antécédentes depuis le décolmatage du bassin en 2004 jusqu’à la date de calage de la résistance hydraulique [-]

ƒ Les quantités de MES ou DCO

Ces quantités sont déduites des mesures en continu de la turbidité obtenues également au pas de temps de 2 min. Les concentrations en MES et DCO à chaque pas de temps sont évaluées par des relations Turbidité / Concentration en MES ou DCO établies et régulièrement mises à jour tant par temps de pluie que par temps sec à partir de la méthode décrite par Bertrand-Krajewski et al. (2007). La reconstitution des concentrations en MES ou DCO apportées à l’ouvrage a également permis d’évaluer les masses de sédiments et de matière organique qui arrivent à l’ouvrage. Les facteurs qui ont été plus particulièrement étudiés à ce niveau sont :

- MMES Cumulée (Kg) : masse des sédiments cumulés, apportés depuis le décolmatage en 2004 [Kg]

- MDCO Cumulée(Kg) : masse cumulée de DCO, depuis le décolmatage en 2004 [Kg]

ƒ Quelques facteurs externes Il s’agit plus précisément de :

- E énergie solaire cumulée : énergie solaire antécédente cumulée depuis le décolmatage du bassin en 2004 jusqu’à la date de calage de la résistance hydraulique [J/cm²]

- Tair (°C) : la température de l’air pendant l’événement du calage [°C]

Enfin, nous avons essayé d’expliquer l’influence des facteurs externes sur la capacité d’infiltration de l’ouvrage, en fonction de la température de l’air et le rayonnement solaire précédents dans une période de temps t antérieure à chaque calage de la résistance hydraulique. Comme nous ne connaissons pas a priori la période de temps t qui peut avoir une influence notable sur le colmatage, nous avons étudié différentes périodes et regardé celle qui présentait la plus grande corrélation. Ainsi nous avons intégrées les variables suivantes :

- A-En : énergie solaire cumulée dans une période de temps t précédente [J/cm²].

- T-My, T-Mx, T-Mn: respectivement la température moyenne, maximale, minimale sur une période de temps t précédent l’estimation de la résistance [°C]

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6 La température de l’eau n’a pas été utilisée comme facteur influençant puisque ce paramètre est intégré directement dans l’estimation de la résistance hydraulique. En effet la température de l’eau agit sur la viscosité et donc sur la conductivité hydraulique. Pour pouvoir comparer les valeurs de résistance au cours du temps, toutes ont été normalisées à 20°C. Le rôle de la saison a également été exploré mais les saisons ayant été particulièrement peu représentatives de saisons « traditionnelles », nous l’avons finalement exclu de notre analyse.

2. Résultats et Discussion 2.1. Evolution du colmatage

L’évolution du colmatage reprend les évaluations antérieures publiées dans (Le Coustumer, 2008) et complète la série de fin 2007 et 2010. Le détail des valeurs de résistances et leurs incertitudes sont représentés à la figure 3.

Jan-04 May-05 Oct-06 Feb-08 Jul-09 Nov-10

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Date

R- (h)

40 35 30 25 20 15 10 5

0Janv-04 Mai-05 Oct-06 Fevr-08 Juil-09 Nov-10 Début de la végétation

Décolmatage

Fig. n°3. Evolution de la résistance hydraulique en fonction du temps.

Le Coustumer (2008) avait ainsi montré qu’entre, décembre 2003 et jusqu’à fin mars 2004, l’ouvrage était colmaté. Les résultats du calage sur cette période donnent des valeurs de résistance comprises entre 15.3 h à 29.2 h avec une valeur moyenne de 23.4 h et un coefficient de variation de 23% (pour n=5). Ces valeurs élevées confirment que l'ouvrage présentait des signes importants de colmatage puisque l’on estime en première approche que des résistances supérieures à 24 h marquent un colmatage avéré.

Début avril 2004, l'ouvrage a été décolmaté, c'est-à-dire que les premiers centimètres de l'ouvrage ont été décapés. Ce décolmatage se traduit par une chute nette de la résistance hydraulique dans les mois qui suivent cette opération. Entre avril 2004 et novembre 2005, la résistance hydraulique moyenne est de 5.7 h avec un coefficient de variation de 7 % (n=3). Il est à noter que sur cette période de 20 mois, la conductivité hydraulique étant très élevée, le modèle n'a pu être calé que sur peu d'événements (conditions non optimales pour appliquer le modèle de Bouwer c'est-à-dire hauteurs faibles, épaisseur de colmatage quasi inexistante).

Pendant l’année 2006, neuf événements ont produit des hauteurs d’eau suffisantes pour caler le modèle. Sur cette période, la résistance hydraulique moyenne est de 9.7 h avec un coefficient de variation de 26% (n=9). Cette résistance moyenne est statistiquement supérieure à la valeur précédente (t-test, p-value < 0.05). La résistance a donc globalement

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7 augmenté. Cependant les dernières valeurs étaient encore très faibles par rapport aux valeurs avant décolmatage.

Pour l’année 2007, 5 évènements ont pu faire l’objet de calage de la résistance hydraulique.

Sur cette période, la résistance hydraulique moyenne est de 7.3 h avec un coefficient de variation de 20% (n = 5). Cette résistance est statistiquement inférieure à la valeur précédente (t-test, p-value < 0.05). La résistance a légèrement diminué. L’observation qualitative du site nous montre qu’au début de cette période (fin 2006 à juillet 2007), une végétation spontanée formée d’herbes et de petits d’arbustes s’est considérablement développée et n’a pas été enlevée.

Enfin, entre 2007 et 2010 vingt-quatre évènements ont pu faire l’objet de calage de la résistance hydraulique. Pour cette période on observe une remontée très lente des résistances hydrauliques. Entre années successives, elles ne sont pas significativement différentes (t-test, p-value > 0.05). Ce n’est qu’à partir de 2009 que la résistance devient statistiquement supérieure à celle de 2007 (t-test, p-value = 0.015). Entre 2007 et 2010 les valeurs moyennes annuelles de la résistance hydraulique ont augmenté quasiment du double. Il semblerait donc que la végétation puisse avoir un rôle non négligeable. Le rôle de certaines espèces ont déjà été mis en évidence pour des systèmes pluviaux de ce type mais en laboratoire ou sur pilote de laboratoire (Citeau, 2006 ; Le Coustumer et al, 2007) et non in situ pour une végétation variée.

L’étude des sollicitations en MES apportées à l’ouvrage, montre que la masse apportée est approximativement de 132 t ± 40 t, en 6 ans. Nous nous intéressons également à la DCO car c’est un paramètre traduisant globalement la charge organique des apports. Elle est également susceptible de jouer un rôle non négligeable dans le colmatage tant physique que biologique.

La masse DCO apporté est approximativement de 229 t ± 55 t en 6 ans. Les apports en DCO et MES représentent environ 39 mm d’épaisseur de la couche de colmatage en 6 ans si l’on rapporte le volume de sédiments obtenu à la surface du bassin. Le Coustumer (2008) avait identifié un ordre de grandeur similaire sur les 35 mm les premières années. Cependant, la répartition des dépôts reste très hétérogène.

2.2. Analyse de corrélation

Les résultats des corrélations entre les différentes variables étudiées sont donnés au tableau 1.

Aucune variable n’explique, seule, majoritairement les fluctuations de la résistance hydraulique, ni la masse de sédiments reçue entre deux évènements de calage, ni la masse cumulée, ni les volumes d’eau. Les variables qui sont le plus corrélées sont cependant le volume cumulé d’eau reçu par l’ouvrage depuis son décolmatage et la masse cumulée de sédiments apportés et ce, avec des coefficients de détermination r² de l’ordre de 0,4 (respectivement 0.41 et 0.46).

Les corrélations obtenues entre les apports de sédiments et l’évolution du colmatage ainsi que les observations de terrain montrent que le colmatage est très hétérogène à la surface du bassin. Les sédiments se déposent préférentiellement dans les parties les plus sollicitées, parties dans lesquelles l’épaisseur de sédiment augmente. Au fur et à mesure les dépôts s’étendent pour couvrir la totalité du fond. Au bout de 5 ans et sur ce bassin de 8 000 m² environ, les dépôts n’ont cependant pas encore tout recouvert. Cette couche se comporte de façon indépendante du sol initial et forme un sol à part entière avec des caractéristiques qui lui sont propres (granulométrie, perméabilité, consolidation, …). C’est donc probablement plus dans l’examen de la formation de ces dépôts qu’il faudrait aujourd’hui chercher les fluctuations et le développement du colmatage physique.

(9)

8 Le fait que le colmatage physique soit localisé et s’étende progressivement autour de zones les plus sollicitées est plutôt une information intéressante pour les gestionnaires. En effet, les ouvrages extensifs peuvent être conçus de manière à circonscrire des zones sollicitées facilement curables et gérables et dont l’entretien plus ciblé est moins coûteux et plus simple à réaliser. Mais cela n’est vrai que si le colmatage biologique se comporte de manière similaire au colmatage physique ou bien si ce dernier n’est pas prépondérant.

Variables

explicatives Signification des variables r

Veau cumulé (m3) volume cumulé depuis le décapage de l’ouvrage (au 1er avril

2004) 0.64 0.41

te

durée totale des épisodes pluvieux antécédents depuis le décolmatage du bassin en 2004 jusqu’à la date de calage de la résistance hydraulique

0.63 0.40 Ne

nombre d’évènements pluvieux ayant précédé l’évaluation

de la résistance 0.63 0.40

M MES Cumulée (Kg) ou M DCO Cumulée (Kg)

masse cumulée de sédiments depuis le décapage de

l’ouvrage 0.68 0.46

(E énergie solaire cumulée),

l’énergie solaire antécédente cumulée depuis le décolmatage du bassin en 2004 jusqu’à la date de calage de la résistance

hydraulique

0.63 0.40

Tair (°C) Température de l’air pendant l’événement 0.29 0.08 Tableau 1. Coefficients de détermination linéaire entre la résistance hydraulique et les différentes

variables étudiées.

L’influence de la température d’air et l’énergie solaire ont été étudiées aussi car ce sont de facteurs susceptibles de donner une idée des conditions de développement possible d’un biofilm. Dans un premier temps nous avons évalué l’énergie solaire cumulée et la température moyenne, maximale et minimale antérieures à chaque calage de la résistance hydraulique (R).

Le Tableau 2 montre que statistiquement l’influence la plus importante se situe dans les 3 jours pour ces facteurs. Cependant ils ne sont pas si bien corrélés que cela (r² de l’ordre de 0.55 - p-value<0.05) comme indiqué au tableau 2.

Paramètres avec lesquels sont corrélés la résistance (R)

Coefficient de

détermination r² p-value Temps antérieur (t)

A-En. T-Mx 0.54 2.22 x 10-4 3 jours

A-En. T-My 0.55 1.31 x 10-5 3 jours

A-En. T-Mn 0.57 3.53 x 10-5 3 jours

A-En 0.53 1.27 x 10-5 3 jours

Tableau 2. Temps (t) précédent l’estimation de la résistance et donnant la corrélation la plus grande avec les autres paramètres : A-En : énergie solaire cumulée dans une période de temps t précédente, T-My,

T-Mx, T-Mn températures moyenne, maximale, minimale sur la période de temps t précédent l’estimation de la résistance

Il semblerait que les conditions précédentes jouent un rôle important sur la capacité d’infiltration de l’ouvrage, ce qui parait assez logique. Les résultats antérieurs montrent que les facteurs externes notamment la température de l’air et surtout l’énergie solaire et peuvent modifier les conditions du sol en trois jours et donc probablement la capacité d’infiltration globale de l’ouvrage.

L’ensemble de l’étude montre que le colmatage ne peut être expliqué complètement par chacun des facteurs étudiés pris isolément. Cependant les meilleures corrélations ont été trouvées pour les masses des sédiments cumulées (MES) et l’énergie solaire cumulée dans une période de temps antécédente (A-En-3jours). Nous avons donc essayé de composer un

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9 modèle statistique tentant d’expliquer la résistance hydraulique par ces deux facteurs conjointement. La Fig. n°5, présente les résultats des calages entre les valeurs calées de R et les valeurs estimées de R avec la relation ajustée en fonction de : les masses des sédiments cumulées (MES) et l’énergie solaire cumulée dans une période de temps précédente A-En.

En faisant l’analyse de régression multiple avec les deux facteurs sélectionnés, nous obtenons un coefficient de détermination de r² = 0.6 - p-value << 0.05.

Fig. n°5. Valeurs de la résistance hydraulique R estimées in situ et les valeurs de R obtenues avec le modèle statistique

Conclusions

Cette étude a permis de mettre en évidence l’évolution d’un bassin d’infiltration réel en service, à l’aide de la notion de résistance hydraulique calée à partir du modèle de Bouwer.

Alors que l’on observait un accroissement régulier de la résistance hydraulique depuis son décolmatage (avril 2004 à juin 2007), la période étudiée (juin 2007 à 2010), montre une stagnation de son évolution et même une légère décroissance qui pourrait être imputable en grande partie au développement d’une végétation spontanée importante qui ne s’était pas produite antécédemment. A partir des suivis des apports d’eau et les concentrations en MES et DCO au cours du temps, nous avons pu constater que les quantités d’eau, de MES et de DCO apportées n’ont pas été proportionnellement très différentes sur les diverses périodes, on peut légitimement faire l’hypothèse que la végétation a pu jouer un rôle bénéfique sur l’évolution du colmatage. Si des études antérieures concernant le rôle de la végétation sur le colmatage des systèmes d’infiltration des eaux pluviales ont montré que toutes les espèces ne permettaient pas une limitation de son évolution (Le Coustumer, 2008 ; Citeau, 2006) aucune n’a été réalisée en vraie grandeur sur des systèmes réels. Aussi serait-il particulièrement intéressant d’approfondir son rôle in situ et d’étudier comment optimiser son choix et son emplacement selon les points de vue des gestionnaires (limitation du colmatage, piégeage des polluants, facilité d’entretien et intérêt dans la constitution du paysage).

Notons cependant, que le temps passant la végétation en place ne maintient pas un état de colmatage constant. Le colmatage progresse plus lentement, certes, mais progresse.

Cette recherche n’a pas pu mettre en évidence de facteurs explicatifs satisfaisants vis-à-vis du développement du colmatage. Cependant l’étude nous informe sur le fait que les apports cumulés de MES, s’ils ne permettent pas d’expliquer seuls les variations du colmatage, peuvent tout de même en expliquer une bonne partie. Le colmatage physique est malgré tout

r2 = 0.60; p-value << 0.05

0 2 4 6 8 10 12 14 16

0 5 10 15

Valeurs observées

Valeurs estimées

(11)

10 un facteur à prendre en compte même s’il n’est pas prépondérant et seul en cause. Ainsi, un compartiment de décantation efficace préalable à un compartiment d’infiltration s’avère dans tous les cas judicieux pour des ouvrages de grandes tailles recevant des eaux de bassins versants importants.

L’étude nous informe également qu’il faut chercher d’autres variables explicatives parmi lesquelles des facteurs biologiques. L’énergie solaire cumulée dans une période de temps précédente (3 jours dans notre cas) semble être, parmi les facteurs étudiés, celui qui est statistiquement le plus influent. Cependant, il serait intéressant de suivre dans le temps non seulement les conditions d’ensoleillement et de température mais aussi les teneurs en eau et de réaliser périodiquement des mesures de biomasse de manière à comprendre et mesurer la part de ce facteur dans le colmatage global. En attendant l’issue de ces recherches, et par précaution, il est donc souhaitable de créer les conditions permettant aux biofilms de ne pas s’installer. On peut penser par exemple à améliorer les conditions de drainage des couches superficielles de manière à réduire au maximum leur humidité en couvrant le fond des bassins de matériaux granulaires (e.g. gravier) ou en protégeant la surface des effets du soleil par un couvert végétal.

Cette recherche a montré que le colmatage, tout inéluctable qu’il soit, peut être retardé. La végétation peut avoir un effet positif même si le choix, la localisation des espèces mériteraient des recherches plus abouties s’appuyant sur des études de terrain s’inscrivant dans le temps et intégrant des composantes plus larges (lutte contre la pollution, contre le colmatage, intérêt paysager, facilité d’entretien, contribution à la biodiversité).

Le modèle explicatif entre les facteurs identifiés comme prépondérantes dans cette étude met en évidence l’importance des process biologique dans l’évolution du colmatage. Il semblerait que le développement du colmatage d’origine biologique puisse être non négligeable par rapport au colmatage physique.

Remerciements

Les auteurs remercient l’OTHU (Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine) pour le soutien scientifique, la direction de l’Eau du Grand Lyon pour la mise à disposition de sites, le Projet Ecopluies (ANR PRECODD) et le projet DRAST « Analyse des dynamiques d’évolution du colmatage d’ouvrages d’infiltration des eaux de ruissellement pluvial en relation avec les apports » pour le financement de cette recherche et la région Rhône Alpes pour le soutien du travail (allocation de recherche).

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Références

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