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ne se donnerait la peine d’aiguillonner. Le profit repose en fa it sur diverses justifications idéologiques qui cherchent toutes

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Academic year: 2022

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LES MILLE ET UNE

JUSTIFICATIONS DU PROFIT

L’existence du profit est communément admise comme

nécessaire à tout processus économique. Sans lui, nul investissement, et une économie atone qu'aucun entrepreneur intrépide

ne se donnerait la peine d’aiguillonner. Le profit repose en fa it sur diverses justifications idéologiques qui cherchent toutes

à se présenter comme des évidences.

P

o u r les é c o n o m is t e s n é o c la s ­ s iq u e s (v o ir gra p h iqu e p .l8 ), le p ro fit serait la rém u n ération d'un fa c­

t e u r de p ro d u c tio n ’, le c a p ita l’, de la m êm e m anière que le salaire rétribu e le travail*. Chacun de ces fa cteu rs de p rodu ction r ec e v ra it donc un reven u p ro p ortion n el à sa con tribution.

L 'id ée sou lève un e p r e m iè r e d iffi­

culté. Le capital n 'est pas une grandeur physique hom ogène : un bâtim ent n'est pas un ordin ateu r, un m ois d 'a p p ro ­ v is io n n e m e n t en é le c tr ic ité se c o m ­ p a re d iffic ile m e n t à du m ob ilier, etc.

D e plus, les ou tils qui p e r m e tte n t de le v er les fon ds auprès d'investisseurs p ou r fin an cer ce capital - les actions, par exem ple - n 'o n t pas de valeur fix e : celle-ci dépend de m o u v e m e n ts s p é ­ culatifs, des résu ltats de l'e n tre p ris e et... de son taux de p rofit. Rapidem ent, donc, le serp en t se m ord la queue.

MOINS DE GARANTIES D eu xièm e d ifficu lté: s'il va de soi que to u te production n écessite du travail humain e t (sau f rares excep tion s) des équ ip em en ts, le p r o fit n 'e s t é v id e m ­ m en t pas versé aux machines e t revient à leu rs p ro p rié ta ire s . À ce p a ra d oxe l'éco n o m ie d om inan te o ffr e plusieurs réponses. La p re m iè re con siste à dire que c'es t l'avance de fon ds nécessaire pour ach eter les éq u ipem en ts qui est

Part des salaires dans la production française de richesse,

en pourcentage

rém u n éré e . O r le tau x de p r o fit des e n tr e p r is e s d épa sse en g é n é ra l les rémunérations versées à leurs financiers (banques ou actionnaires). Une seconde consiste à dire que le profit rém unère de surcroît une qualité spécifique des capi­

ta listes: l'e sp rit d'en treprise, la capa­

cité d'innovation et, surtout, la prise de risques. C'est, en substance, la logique qu'a défendue le ministre de l'économ ie français Em m anuel M acron lorsqu'il a déclaré, sur RM C, le 20 ja n vie r 2016 :

« L a vie d'un entrepreneur est souvent plus dure que celle d'un salarié. Il peut tou t perdre, lui, et il a moins de garan­

ties. » M ais c e tte justification tient-elle en co re alors que les tra n sform a tion s récentes du capitalisme tendent à trans­

fé re r le risque sur les salariés (attaques con tre le con trat à durée indéterm inée, c o n tre les con seils de pru d'h om m es, con tre le code du travail, e tc .)?

U n e a u tre ju s tific a tio n co m m u n e du p r o fit e s t connue sous le n o m de

« t h é o r è m e de S c h m id t», én on cé par le chancelier allemand H elm ut Schmidt le 3 n o vem b re 1974: «L e s profits d'au­

jo u rd ’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. »

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L 'observation du capitalism e c o n te m ­ porain suggère cepen dant que c'est de m oins en m oin s vrai: l'accroissem en t des p ro fits dans la rich esse p ro d u ite s'a cco m p a g n e n o n s e u le m e n t d'une réduction des salaires, mais aussi d'une fla m bée du chôm age (v o ir graphique).

En d 'a u tres te r m e s , le tau x d 'in v e s ­ t is s e m e n t n 'a u g m e n te pas p u isq u e le su rcroît de p ro fit es t distribué aux a c tio n n a ir e s : le « m a u v a i s » p r o f it chasse ainsi le « b o n » .

Faut-il vraiment voirie profit comme la rémunération bien

Pour les m arxistes, le p ro fit découle de la n atu re in égale de la rela tion e n tre déten teu rs de capitaux e t travailleurs.

L e s s e c o n d s s o n t c o n tr a in ts d e se m e ttr e au service des prem iers, mais la valeur du travail qu'ils accom plissent d ép a sse la r é m u n é r a tio n qu 'ils p e r ­ çoiven t (v o ir graphique p. 52). Dans ces conditions, la question de lajustification du pro fit laisse la place à une autre inter­

ro g a tio n , p o r ta n t su r la ju s tific a tio n

d'une situation où certains détiennen t seuls la p ro p riété des m oyen s de pro­

duction. S'agit-il là de la m eilleure façon de garantir l'efficacité sociale?

Si les t h é o r ie s d o m in a n te s n 'e x ­ p liq u en t pas l'o rig in e du p ro fit, c'est qu'elles p e in e n t à dissim uler qu'il n'a pas de ju stification strictem en t écono­

mique. Les revenus dont bénéficient les capitalistes ne rep osen t ni sur le risque ni sur le talent, mais sur le droit de pro­

p riété privée. Alors que les travailleurs son t rém unérés pour leur contribution directe à la production, les actionnaires ou les ch efs d 'en trep rise le son t parce qu'ils d é tie n n e n t les m o y en s de p r o ­ duction, hérités ou acquis. À ce titre, ils em bauchent, licencient, bref, exercen t un pouvoir sur les travailleurs. Le profit e s t d avantage un trib u t p rélevé sur la production sociale, depuis une position dom inante, qu'une rém u n ération bien m é r ité e de l'e ffo r t con sen ti. Si le p ro ­ fit e s t p on ction, pou rqu oi con sidérer la re n ta b ilité du cap ital c o m m e une m es u re de l'e ffic a c ité é c o n o m iq u e ? Ou, dit a u tre m en t: la so ciété doit-elle s 'en r e m e t t r e aux d écisio n s p rivées pou r la d é fin itio n de ses p rio rité s ? ■

t Frase una vez (Il était une fois).

peinture du collectif valencien Equipo Realidad, 1965-1966.

* c O FOL\ * 7

L’IMPÔT TUE

in terrogé sur la chaîne CNN, Grover Norquist, conseiller du ch ef des républicains à la Chambre des représentants, a donné une définition originale de la redistribution fiscale en faveur des plus démunis (17 avril 1995):

«C ela revient à enlever de l'argent à Microsoft, qui s'en servirait pour créer des emplois et des investissements, et à le donner à l'État, qui, en le distribuant aux pauvres, détruira les structures de la fa m ille .»

Références

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