G ERGONNE
Questions résolues. Solution des deux derniers problèmes de géométrie proposés à la page 380 du XII.e volume du présent recueil
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 13 (1822-1823), p. 201-212
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201
QUESTIONS RÉSOLUES.
Solution des deux derniers problèmes de géométrie
proposés
àla page 380 du XII.e volume du pré-
sent
recueil ;
Par M. G E R G O N N E.
QUESTIONS RÉSOLUES.
PROBLÉME
I.Assigner
l’arc decourbe
le moinslong,
entretuas ceux
qui,
se terminant aux deux extrémités de la base d’untriangle
isocèledonné,
et étant en cespoints tangens
aux deuxautres côtés du
triangle, partagent
son aire en raison donnée ? Solution. Ceproblème semble ,
aupremier aspect, présenter
une sorte de
paradoxe.
Il est d’abord d’une évidentepossibilité ;
et, si
quelque
doutepouvait
s’éleverici ,
ce seraituniquement
sur la
question
de savoir s’ilpeut
admettreplusieurs solutions ,
ousi ,
aucontraire,
il n’en admetqu’une seule ; mais,
d’un autrecôté ,
si on lui
applique
la méthode desvariations ,
on le trouve, engénéral , plus
quedéterminé,
et de nature àprésenter
un ensemblede conditions tout-à-fait inconciliables.
On
sait,
eneffet,
que cetteméthode ,
d’accord en cela avecles considérations les
plus
évidentes de lagéométrie
pure,indique positivement
l’arc de cercle comme le moinslong
entre tous lesarcs de courbes
qui,
avec d’autreslignes
donnéesquelconques ,
concourt à enfermer un même espace
plan
donné.Or ,
dans laquestion qui
nous occupe , la condition d’avoir pour corde la base dutriangle
et celle departager
son aire en raisondonnée ,
suffisentà elles seules
pour déterminer
l’arc de cerclecherché, qui
nepourra
ainsi
qu’accidentellement ,
et dans des casparticuliers seulement ,
satisfaire à la condition de tangence avec les deu-x autres côtés de
ce
triangle.
Etsi, au contraire,
on combine seulement cetteder-
nière conditionavec
cellequi exige
que l’arc de cercle ait pour cordela
base dutriangle ;
cet arc se trouveraencoré ,
par cesdeux
seules
conditions ,
tout-à-faitdéterminé ;
de sorte que ce nepourra être qu’accidentellement ,
et dans des casparticuliers , qu’il
divi-sera l’aire de ce
triangle
suivant la raison donnée.On
peut
d’ailleurs s’assurer bienfacilement ,
etIndépendamment
de la méthode
des variations ,
que tout arcde courbe ,
autrequ’un
arc de
cercle ,
ne saurait résoudre leproblème. Soient,
eneffet
AB la base et S le sommet du
triangle
dont ils’agit ( fig. 8 ) ;
et supposons
qu’on
veuilleprétendre
que leplus petit
desarcs
de
courbesqui, ayant
AB pour corde commune etSA ,
SB pourtangentes
communes en A etB , partagent
l’aire dutriangle
enraison donnée,
est un certain arcADEB,
différent d’un arc decercle ;
endétachant
del’espàce
ADEB unsegment plus
ou moinsgrand,
par une corde arbitraireDE,
et,remplaçant
cesegment par
unsegment
de cercleéquivalent
,ayant
la mêmecorde ;
l’arcde cercle
correspondant; augmenté
des arcs restans DA et EB del’autre
courbe,
formerait uneligne
discontinuequi, remplissant
d’ail-leurs toutes les autres conditions du
problème, serait
moinslongue
que la
première qui
nejouirait
pasconséquemment
de la pro-priété
du minimum delongueur , ainsi qu’on l’avait
d’abordsupposé.
Il est donc absolument hors de doute que la
partie
de laligne
cherchée non adhérente aux côtés
égaux
dutriangle
ne sauraitêtre
qu’un
arc decercle ;
et dès-lors voici la seule manière dont leproblème puisse
être résolu. Soittoujours
ASB letriangle
donné( fig. 9 ).
Soit menée à sa base uneparallèle
arbitraireXY , qui
en
retranche ,
du côté de cettebase ,
uneportion moindre
que cellequ’en
doitretrancher
laligne
cherchée. SurXY,
commecorde,
RÉSOLUES. 203
et du côté da sommet, soit
construit
un segment de cercle XVYqui complète
laportion
aretrancher ;
nous aurons alors uneligne
discontinue
AXVYB, qui
aura pour corde la base ABdu triangle qui
seratangente
en A etB a
sesdeux autres côtés , puisque
ses
parties
AX et BY se confondront avec eux, etqui
partageraen outre l’aire du
triangle suivant
la raisondonnée ;
cetteligne
AXVYB
remplira donc toutes
les conditions duproblème,
saufpeut-être
la condition du minimum delongueur ;
tout se réduiradonc à profiter
de l’indétermination de ladistance
de la base à saparallèle XY ,
pour faire en sorteque
cette dernière condition soitremplie ;
et c’est ce dont nous allonsprésentement
nous occuper.Tout étant d’ailleurs
dans
lafigure
10 comme dans lesprécé- dentes,
soient XY et XVY la cordeparallèle
à la base et l’arccorrespondant qui résolvent
leproblème ;
soitjoint
le sommet Sau milieu C de la
base AB,
par une droitequi
seraperpendi-
culaire sur cette
base,
ainsi que sur la cordeXY ,
coupera cettecorde ainsi que son arc en
leurs milieux Z
etV, et
diviseral’angle
S en deux
parties égales ;
cette droite contiendra le centre del’arc, qui
se trouvera ainsi enquelque point
0de
sadirection.
Faisons
nous:
auronsd’où nous conclurons
en
conséquence
dequoi
nous trouveronsLe triangle SXO
donnera ensuited’où
on conclura successivementsi donc
on exige
que la surface totale AXVYB soitéquivalente
àcelle 03C9r2 d’un cercle
dont
le rayon donné est r, il faudraque
samoitié
CAXV
soit moitiéde, celle
de cecerclè
, cequi
donneral’équation
au moyen de
laquelle,
en. se donnant arbitrairement une des deux variables x et t , l’autre se trouvera aussitôt déterminée.Si ,
parexemple ,
c’est tqui
estdonnée ,
on tirera de cetteéquation
de
sortequ’en
posant, pourabréger ,
b
RÉSOLUES. 205
on aura
simplement
Cela
posé ,
on aou encore
mettant donc pour
x Sin.t
la valeur trouvéeci-dessus,
il viendrail
s’agira
donc deprendre t
de telle sorte que cettequantité
soitun
minimum ;
cequi
se réduira à rendre telle laquantité
égalant
donc â zéro la différentielle de cettedernière , prise
parrapport à t ,
ilviendra,
toutes réductionsfaites 1
Tom.
XIII. 29L’égalité
dupremier facteur
à zéro donnerait t=o ;de
sorteque la-
partie
retranchée dutriangle
se réduirait à untrapèze,
ce
(lui
nepeut
convenir auminimum , puisqu’en
retrànchant à lapartie supérieure
dutrapèze
uneportion
sipetite qu’on voudrait
par une
parallèle à
sesbases,
et- enremplaçant
laportion
retran-chée par un
segment
decercle équivalent
et de mêmebase ,
onaurait une
ligne
totale moinslongue
que lapremière.
C’est doncI’autre facteur
qu’il
fautégaler
àzéro ;
on doit doncavoir ,
pourle
minimum ,
c’est-à-dire ,
que lesangles t
et 03B1 doivent êtresupplément
l’un del’autre,
ou que la droite OX doit êtreperpendiculaire
àSX ,
ouqu’enfin
la droite XY doitêtre à telle
distance de la base AB dutriangle
que l’arc XVY soittangent
à ses deux autres côtes en X et Y. Il arrivera donc ainsi que laligne
totale AXVYBqui
résoudra
leproblème
sera aussi peu discontinuequ’elle puisse
l’être.
On a donc
aipsi
ce
qui
donneet la
longueur
de laligne
minimum seraSi,
parexemple,
on demandait que cetteligne divisât
letriangle
en
deux parties équivalentes ,
ondevrait avoir
RESOLUES. 207
ce
qui donnerait
et la
longueur
de laligne
cherchée serait alorsOn
voit
par cequi précède, que ;
s’ils’agissait
de trouver unecourbe
qui ayant
pour corde la base d’unrectangle ,
étant tan-gente
aux côtésadjacens
auxdeux
extrémités de cette base et divisant lerectangle
en raisondonnée,
eût la moindrelongueur possible ,
lapartie
retranchéedevrait
être un autrerectangle
sur-monté d’un demi-cercle.
PROBLÈME II. Assigner
laportion
desurface
courbe la moinsétendue,
entre toutes cellesqui,
se terminant à lacirconférence
de la base d’un cône droit
donné,
et touchant sasurface
convexesuivant cette
circonférence, partagent
son volurne en raison donnée ? Solution. Ceproblème
donne lieu à des observations tout-à-faitanalogues
à celles que nous avons faites sur leprécédent,
et que, pour cetteraison ,
nous nousdispenserons
derépéter ici ;
il s’ensuit que , pour lerésoudre ,
il faut d’abord faire dans le cône unesection par un
plan parallèle à
sabase ,
et assezpeu
distant decette base pour
qu’il
ne retranche pas de son volume toute laportion exigée
par l’énoncé duproblème ;
en construisant ensuite sur la section commebase,
et du côté du sommet, unsegment sphérique qui complète
cequi
manque de volume au tronc pour que le cône soit divisé suivant la raisondonnée ,
la calottequi
terminerale
segment 1 augmentée
dela
zoneconique comprise
entre elle etQUESTIONS
la base du cône
formera
une surface discpntinuequi remplira
toutesles conditions du
problème ,
sauf celle du minimum desurface ;
et il ne
s’agira plus
que deprofiter
de l’indétermination de la dis-.
tance du
plan coupant, à
la base ducône ,
pour faire en sorte quecette dernière condition soit
remplie.
Supposons
que lafigure
10représente
la section du cône par unplan quelconque passant par
son axe ; et concevons les mêmesdénominations et notations que
ci-dessus.
Alors AC et XZ serontles rayons des deux bases du tronc de
cône ,
dont la hauteur seraCZ ;
ZV sera la flèche du segmentsphérique , dont
le rayon seraOX ou
OV ;
la dreite AX et l’arc VX seront leslignes généra-
tiices de la zone
conique
et de la calottesphérique ;
enfin 03B1 seral’angle générateur
ducône ,
et t seral’angle générateur
d’un autrecône dont il faudra retrancher le volume de celui du secteur
sphé- rique engendré
par la révolution du secteur circulaireVOX
pour obtenir le volume dusegment sphérique.
Ces choses ainsi
entendues ,
on aurad’abord ,
pour le volumedu tronc de cône
engendré
par la révolution dutrapèze CAXZ ,
en trouvera
ensuite successivement
RESOLUES.
209Si donc on veut que le corps
engendré
par la révolution de lagénératrice
VXA détache du cône uneportion équivalente
au va-lume d’une
sphère
dont le rayon donné est r, on devraavoir,
équation qui
détermine chacune des deux indéterminées x et t au moyen del’autre,
et delaquelle
ontire,
enparticulier ,
de sorte
qu’en posant,
pourabréger,
on aura
simplement
Cela
pose ;
la surface de la zoneconique engendrée
par AX esten y
ajoutant
donc la surface de la calottesphérique , déjà
déter-minée ci-dessus ,
nous aurons pour lasurface
totaleengendrée
par
laligne VXA ,
en
y introduisant
doncpour x sin,t la valeur
trouvée ci - dessus,
elle deviendra
telle
est donc laquantité qui doit
êtreminimum ;
cequi se
réduità rendre
telle laquantité
égalant donc
sadifférentielle
àzéro,
il-viendra,
toutesréductions
faites ,
L’égalité du premier facteur à
zéro donne t=oqui,
pour des raisonstout--à-fait analogues
à celles que nous avonsdonnées
ci-dessus,
ne sauraitconvenir
auminimum ;
c’est donc le secondqu’il faut égaler
à zéro pourl’obtènir ;
il faut donc encore icique
l’angle t
soitsupplément
del’angle 03B1 ;
la calottesphérique qui,
avec la zoneconique
doit composer lasurface
résolvantle
problème
doit doncêtre tangente à
cette zone suivant la cir-conférence par
laquelle
elle s’unit àelle ;
la surfacequi
résout leproblème
est donc encore ici aussi peudiscontinue quelle puisse
l’être.
D’après
cerésultat
on trouveraet
la surface minimum
aura pourexpression
R E S O L U E S. 2II
Si ,
parexemple,
on demande que le cône soitpartagé
en deuxparties équivalentes ,
on devra avoirce
qui
donneraet la surface minimum sera
Si ,
au lieu d’uncône,
c’était uncylindre
droitqu’il
fallût diviseren raison
donnée ,
onvoit ,
par cequi précède ,
que la calottesphérique
devrait être alors unhémisphère.
Concevons que sur la
base
d’un cône oud’un cylindre
droit creux,en
fer-blanc,
parexemple,
on aitappliquéuncercle
de mêmegrandeur
d’une étoffe
parfaitement
flexibleet élastique,
commeserait, à
peuprès,
un morceau de
vessie,
et que l’on aitassujettie invariablement
sur cettebase,
par sa circonférence seulement. Sialors,
à l’aide d’unepetite
ouverture
pratiquée
dans labase,
et au moyen d’unepompe
de com-pression
ou d’unsoufflet,
on introduit de l’air entre cette base etle cercle de
vessie,
il estaisé,
par cequi précède, de
voir cequi
arrivera. On voit en effet que le morceau de vessie se courbera d’abord
en calotte
sphérique
d’unrayon
continuellementdécroissant,
et con-tinuera d’affecter cette
figure, jusqu’à
cequ’il
y ait assez d’air in- troduit pour rendre la calottetangente
à la surface latérale du côneou du
cylindre;
mais ce terme une foisatteint,
si on continue à introduire del’air,
lapartie
de la vessie laplus
voisine du bords’appliquera
exactement contre la surface latérale du cône ou ducylindre,
où elle formera une sorte de zone, tandis que lesurplus
continuera à se
développer
en une calottesphérique,
formant unprolongement
à la zone, àlaquelle
elle seratangente
de toutes parts.Les choses se
passeraient
à peuprès
de mêmesi,
au cône ouau
cylindre,
onsubstituait
un vaseconique ayant
le diamètre de sonQUESTIONS
ouverture
plus grand.
que celui de sonfond,
avec cette seuledifférence qu’ici
la calottesphérique pourrait
devenirplus grande
quel’hemisphère,
et demeurerait constamment telle dès
qu’elle
le serait devenue.QUESTIONS PROPOSÉES.
Problème d’Acoustique.
UNE
modulation mineure est bienétablie
soitpar
les accords fondamentaux du tonfréquemment rebattus,
soit par unephrase
de chant terminée par une cadence
parfaite.
Pour fixer lesidées ,
on suppose que cette modulation soit celle de la mineur.
Cela
posé ,
on propose -de faire marcher la basse par semi-tonschromatiques, depuis
latonique
lajusqu’à
son octavesupérieure, chaque
noteportant harmonie ;
et l’on demandequelle
serait lasuccession d’accords la
plus propre
à maintenirtoujours
l’oreilledans le même ton de la
mineur. On
proposeégalement
de trouverune
pareille
successiond’accords,
dans le casoù ,
aucontraire,
la basse
descendrait,
par semi-tonschroniatiques,
de latonique
la à son octave inférieure. On propose enfin
d’assigner
les deuxmêmes successions d’accords dans le cas du mode
majeur ? (*) Théorème de Géométrie.
Deux
hyperboles équilatères quelconques
tellementdisposées
l’une par
rapport à l’autre ,
que les diamètresprincipaux
de cha-cune sont les
asymptotes
del’autre,
secoupent toujours a angle
droit.(*) Dans les
partitions
desgrands maîtres,
on trouve bien des passageschromatiques
deplusieurs
notesconsécutives ,
avec une harmonie conservantimpression
du ton dominant ; mais il neparait
pasqu’on
y rencontre un pas- sage de 12 semi-tons consécutifs ou le sentiment de la mêmetonique
se trouvemaintenu. La solution de cette difficulté semblerait devoir offrir
beaucQup
deressources et
de
moyens de variété à l’harmoniste habile dans rart depréluder ,
attendu que connaissant alors non seulement tous les accords du ton dans le-
quel
il se trouverait , mais encore les accordséloignés qui pourraient s’y
rat- tacher, il se trouverait ainsibeaucoup plus
maître de sonclavier ,
etpourrait
par