La Lettre du Psychiatre • Vol. XIII - n° 1-2 - janvier-février-mars-avril 2017 | 49
ÊTRE ET SAVOIR
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La FFAAIR : résolument engagée dans la lutte contre le tabagisme
The French federation of patients with
respiratory insufficiency: strongly committed in the fight against smoking
Forte de ses 70 associations membres, la Fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants
ou handicapés respiratoires (FFAAIR), agit depuis plus de 2 décennies sur le terrain de la prévention du tabagisme comme de celui des conséquences qu’entraîne ce fléau mondial.
Notre fédération, qui rassemble un nombre croissant de malades atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), dont les plus sévèrement atteints sont sous oxygène, est particulièrement bien placée pour mesurer l’effet du tabagisme sur la population. Chaque participation de l’une de ses associations à un événement national décliné sur le plan local ou chaque initiative organisée en propre dans un hôpital, une mairie, un centre commercial ou lors d’une manifestation sportive
− que relate régulièrement notre publication La voix des AIR −, sont des temps forts de notre vie associative permettant de rappeler au grand public que notre vocation n’est pas d’accueillir dans nos rangs de nouveaux membres porteurs d’une maladie respiratoire. La prévention du tabagisme est un combat sans fin, que nous menons depuis des années avec d’autres structures, associations de professionnels de santé ou sociétés savantes.
La FFAAIR a son siège à la Maison du Poumon à Paris, aux côtés de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), de la Fédération française de pneumologie (FFP), de la Fondation du Souffle et de
l’Association nationale pour les traitements à domicile, les innovations et la recherche (ANTADIR). Année après année, nous avons, chacun de notre côté ou ensemble, agi pour faire reculer le tabagisme en France et mis l’accent sur ses conséquences en organisant régulièrement des campagnes d’information.
Organiser l’accompagnement médical
Nous savons que cette addiction est particulièrement sévère.
La FFAAIR a diligenté une étude réalisée auprès d’un échantillon de 352 personnes atteintes de maladies respiratoires, interrogées
entre les mois de juin et octobre 2015. Il en ressort que près de 6 malades sur 10 ont fumé au cours de leur vie. Sur l’ensemble des répondants
Michel Vicaire
Président de la FFAAIR
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L’auteur déclare ne pas avoir de liens d‘intérêts.
Une première version de cet article a été publiée en novembre 2016 dans La Lettre du Cardiologue.
insuffisants respiratoires, dont 46 % souffrent de BPCO et 20 % d’asthme, 8 % confient être encore fumeurs. Un phénomène dont nous mesurons, hélas, l’importance dans nos propres rangs : 59 % des malades atteints de BPCO disent avoir fumé et 8 % le font encore ; ce dernier taux double chez les moins de 60 ans et passe à 23 % chez les malades encore en activité. Le tabagisme passif provoque des dégâts tout aussi importants : 71 % de l’ensemble des répondants disent y avoir été exposés, et l’exposition est supérieure à 10 ans pour 70 % d’entre eux.
Selon les résultats de cette enquête, disponibles auprès de la FFAAIR, la majorité des malades estiment être insuffisamment accompagnés par les professionnels de santé dans leur démarche d’arrêt du tabac. Ils sont même 81 % à déclarer que les médecins généralistes n’ont pas le temps d’accompagner réellement les fumeurs souhaitant arrêter, et 78 % à déplorer un manque de suivi quand ces mêmes professionnels conseillent vivement l’arrêt du tabac devant le diagnostic de maladie respiratoire. Les patients se sentent seuls et un peu perdus face aux accompagnements existants, nous enseigne encore cette enquête.
C’est dire les difficultés que vivent les malades insuffisants ou handicapés respiratoires, par rapport à une addiction dont ils savent que l’arrêt est salutaire, sinon vital. Ils attendent un accompagnement médical plus organisé, avec l’identification d’un responsable unique
et des consultations dédiées à l’arrêt du tabac.
Ces vœux doivent aussi être assortis d’engagements forts de la communauté médicale comme des pouvoirs publics.
Dans la prévention du tabagisme, un acte aussi simple qu’une mesure du souffle au cabinet médical peut donner un premier enseignement, mais elle est encore trop rarement réalisée. Sur un autre registre, la FFAAIR réclame régulièrement que la BPCO figure en bonne place dans la communication sur les méfaits et conséquences du tabagisme.
Notre ministre de la Santé ne cite jamais cette maladie dans ses
déclarations publiques et nous le regrettons profondément. L’acronyme BPCO demeure méconnu du grand public. Il s’agit pourtant d’un
“tueur silencieux”, qui doit être démasqué, désigné et dénoncé à tout instant.
Il y a urgence en la matière. La FFAAIR le répètera sans cesse
aux autorités de santé. La BPCO doit devenir une grande cause nationale, au même titre que l’est la lutte contre le cancer.