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La méthode d'Émilie du Châtelet entre hypothèses et expériences

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Academic year: 2022

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La méthode d'Émilie du Châtelet entre hypothèses et expériences

Dans le chapitre IV des Institutions de physique, Madame du Châtelet propose de définir l’hypothèse, entendue comme « une supposition qui rend raison d’un phénomène », en articulant sa conception de l’hypothèse à la détermination de la certitude qu’elle comporte :

Les hypothèses ne sont donc que des propositions probables qui ont un plus ou moins grand degré de certitude, selon qu’elles satisfont à un nombre plus ou moins grand des circonstances qui accompagnent le phénomène que l’on veut expliquer par leur moyen, et comme un très grand degré de probabilité a entrainé notre assentiment, et fait sur nous presque le même effet que la certitude, les hypothèses deviennent enfin des vérités quand leur probabilité augmente à un tel point, qu’on peut la faire moralement passer pour une certitude, et c’est ce qui est arrivé au système du monde de Copernic et à celui de M. Huygens sur l’anneau de Saturne.

L’intérêt de ce passage est qu’il permet de déterminer le parcours qui conduit l’hypothèse de la supposition à la vérité. Et en définitive, tout le travail de la marquise dans ce chapitre est à la fois de pointer les inductions indues de l’hypothèse à la vérité et corrélativement de montrer le chemin permettant de les considérer comme légitimes. Ainsi, comme l’avant-propos l’indiquait, il serait absurde de bannir les hypothèses en physique puisque nous ne pouvons connaître avec certitude les causes des mouvements dans la nature, en revanche, il faut se garder de les tenir pour des vérités : elles sont les « échafauds » d’une maison en construction : la science physique. L’usage de l’hypothèse est donc considéré comme légitime lorsqu’elle permet d’expliquer des phénomènes dont la cause se révèle inaccessible que ce soit par l’expérience ou par la démonstration. Elle est alors considérée comme le point de départ, parfois hasardeux, mais toujours nécessaire, des découvertes importantes. Ces hypothèses suscitent des expériences qui peuvent confirmer l’hypothèse à condition qu’elle permette d’expliquer le phénomène en question.

Dans la suite du chapitre, la marquise détaille les règles à suivre pour éviter un mauvais usage des hypothèses : la première d’entre elles étant évidemment le fait qu’elle n’entre pas en contradiction avec le principe de raison suffisante. Emilie du Châtelet se livre alors à une réflexion sur la relation entre le bon usage des hypothèses et le recours aux expériences : indiquant tour à tour qu’« une expérience ne suffit pas pour admettre une hypothèse, mais qu’une seule suffit pour la rejeter lorsqu’elle lui est contraire

». Ou encore : « une hypothèse peut être vraie dans une de ses parties et fausse dans l’autre : alors la partie qui se trouve en contradiction avec l’expérience doit être corrigée ». On trouve donc un véritable guide du bon usage des hypothèses.

Anne-Lise Rey. Le leibnizo-newtonianisme : la construction d’une philosophie naturelle complexe dans la première moitié du 18e siècle. La méthode d'Émilie du Châtelet entre hypothèses et expériences. Cairn 2013.

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