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Goutte tophacée chez un drépanocytaire de 24 ans

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Revue Marocaine de Rhumatologie

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CAS CLINIQUE

Résumé

La drépanocytose est une maladie héréditaire pouvant se compliquer d’atteintes ostéoarticulaires. Parmi celles-ci, la goutte est une complication qui survient rarement.

Nous rapportons un cas de goutte tophacée, observée chez un drépanocytaire de 24 ans.

La surproduction d’acide urique en rapport avec la diminution de la clairance rénale sont les principaux facteurs qui contribuent à cette goutte secondaire chez le sujet jeune.

MOTS CLÉS

:

Goutte; Drépanocytose;

Afrique noire.

Abstract

Sickle cell disease is a hereditary disease that can be complicated by osteoarticular involvement. Of these, gout is a rare complication. We report a case of tophaceous gout, observed in a sickle cell disease patient of 24 years. The overproduction of uric acid in relation to the decrease in renal clearance are the main factors contributing to this secondary gout in young subjects.

KEY WORDS : Gout; Sickle cell disease; Black Africa.

Correspondance à adresser à : Dr. P. Houzou Email : h_prenam@yahoo.fr

Disponible en ligne sur www.smr.ma

Goutte tophacée chez un drépanocytaire de 24 ans

Tophaceous gout in a 24 year old sickle cell disease patient

Oniankitan Sadat

1

, Houzou Prénam

2

, Koffi-Tessio Viwalé Sika

1

, Fianyo

Eyram

3

, Kakpovi Kodjo

4

, Tagbor Komi Cyrille

4

, Atake Awaki-Esso

2

, Oniankitan Owonayo

1

, Mijiyawa Moustafa

1

1 Service de rhumatologie du CHU Sylvanus Olympio ; Lomé, Togo 2 Service de rhumatologie du CHU Kara ; Kara, Togo

3 Service de rhumatologie du CHR Lomé Commune; Lomé, Togo 4 Service de rhumatologie de l’Hôpital de Bè ; Lomé, Togo

Rev Mar Rhum 2019; 50:50-2 DOI: 10.24398/A.341.2019;

La drépanocytose est une maladie héréditaire, caractérisée par la polymérisation de l’hémoglobine responsable de la pathogénie de la maladie dont la vaso-occlusion et l’hémolyse [1]. Elle peut se compliquer de plusieurs affections ostéoarticulaires dont la goutte. La goutte secondaire à la drépanocytose est rare [2-4]. Elle l’est d’avantage dans sa forme tophacée [5]. Nous rapportons le cas d’une forme authentique de goutte tophacée secondaire à la drépanocytose chez un jeune togolais.

OBSERVATION

Il s’est agi d’un patient de 24 ans drépanocytaire SS connu depuis l’âge de 3 ans qui a consulté pour une tuméfaction indolore des mains et des pieds évoluant depuis 3 ans.

Ces tuméfactions font suite à des épisodes de gonflement douloureux des articulations des mains et de la première métatarso-phalangienne droite, d’horaire inflammatoire, évoluant par poussée d’une semaine depuis un an, et soulagés par la prise du Diclofénac. Le patient n’était ni hypertendu, ni diabétique, ni éthylique, et n’avait pas d’antécédent familial de goutte. L’examen général notait une tension artérielle à 100/60 cmhg, une pâleur modérée, un subictère conjonctival et un retard staturopondéral (poids = 44 kg ; taille = 1m47 ; IMC = 20,37 kg/m2). A l’examen physique on notait un gonflement des deuxième et troisième métacarpophalangiennes, de la troisième interphalangienne proximale de la main droite et des tuméfactions sous cutanées nodulaires de consistance dure

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mesurant 3 cm de diamètre (tophi) sur le dos des pieds et à la première métatarsophalangienne droite (figures 1, 2). La mobilisation des articulations périphériques était indolore et sans raideur. Les examens biologiques réalisés ont noté:

uricémie : 117 mg/l ; taux d’hémoglobine: 5,9 g/dl ; VGM : 88 ; TCMH : 29 ; globules blancs : 17800/ mm3 dont 59,4% de polynucléaires neutrophiles et 29,7% de lymphocytes ; Plaquettes : 430000/mm3 ; taux d’urée: 0,52 g/l ; créatininémie : 9,4 mg/l avec une clairance à 80,77 ml/min ; ASAT : 55 UI/L ; ALAT : 17 UI /L, gamma GT- 180 UI/L. la sérologie à VIH est négative. Les radiographies de la main droite et des pieds ont révélé des encoches épiphysaires à la troisième interphalangienne proximale (figure 3) et une opacité des parties molles des pieds (figure 4). Le diagnostic de goutte tophacée a été retenu. Le patient a été mis sous allopurinol et Colchicine, ce qui a entrainé une disparition des crises douloureuses et une diminution progressive de l’uricémie qui était de 53 mg/l après 8 mois de suivi.

DISCUSSION

Notre patient souffrait d’un cas de goutte tophacée secondaire à la drépanocytose. La goutte est une complication rare au cours de la drépanocytose [6].

Lorsqu’elle survient, elle touche le sujet plus jeune comme le cas de notre patient. L’âge moyen de survenue de la goutte dans la population générale est de 52 ans [4,7,8]. Bien qu’il n’y ait pas de différence statistiquement significative de Goutte tophacée chez un drépanocytaire de 24 ans.

Figure 1 : Tophi aux dos des pieds et 1ères MTP.

Figure 2 : Tophi des 2ème et 3ème MCP et de la 3ème IPP.

Figure 3 : Image d’encoche épiphysaire à la 3ème IPP.

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l’expression sémiologique de la goutte chez le sujet porteur de l’hémoglobine AA, AS ou AC9, chez le drépanocytaire, elle semble toucher autant l’homme que la femme [10], et les tophi peuvent être observés [11,12] tout comme chez notre patient. La surproduction d’acide urique observée chez le drépanocytaire est le plus souvent secondaire au catabolisme des acides nucléiques en rapport avec l’hémolyse chronique [2,3,13]. L’installation d’une arthrite goutteuse nécessite non seulement une hyperuricémie mais également une altération de la fonction rénale consécutive aux infarctus répétés des tubules rénaux [1,2]. Toutefois, aucours de la drépanocytose, l’existence de l’hyperuricémie et de l’insuffisance rénale n’est pas toujours accompagnée par une incidence élevée de la goutte [2,14]. L’évolution a été favorable sous colchicine et allopurinol chez notre patient. La goutte secondaire à la drépanocytose répond bien aux thérapeutiques usuelles [10,11].

CONCLUSION

Bien que rare, le diagnostic de la goutte secondaire à la drépanocytose ne doit pas être négligé. Elle touche le sujet relativement jeune, et est favorisée en partie par l’hémolyse chronique et l’altération de la fonction rénale.

CONFLIT D’INTÉRÊT

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt.

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CAS CLINIQUE

Dr. P. Houzou, et al.

Figure 4 : Radiographie des pieds montrant une opacité des parties molles

Références

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