M. VERMOREL J.B. COULON INRA Laboratoire Croissance et
Métabolismes des Herbivores
*INRA Laboratoire
Adaptation
desHerbiuores aux Milieux
Theix 63122 Saint-Genès
Champanelle
Alimentation des vaches laitières :
Comparaison des systèmes
d’alimentation
énergétique
La plupart des systèmes actuellement utilisés pour le rationnement
énergétique sont basés
surl’expression
enénergie nette de la valeur des aliments et des besoins des animaux. L’objectif de cet article est de mettre
en
évidence les différences qui existent entre les principaux systèmes
utilisés dans le monde pour le calcul des besoins des vaches laitières selon leur niveau de production, pour la prédiction de la valeur énergétique des
aliments et pour les ajustements nécessaires pour tenir compte des effets de
l’accroissement du niveau d’alimentation et des interactions entre les aliments.
L’objectif
de toutsystème
d’alimentationénergétique
est de satisfaire au mieux les besoins desanimaux, quelle
que soit leur pro-duction,
àpartir
des alimentsdisponibles
(dont la nature, lacomposition chimique
et lavaleur nutritive
peuvent
varier avec les condi-tions de
milieu,
enparticulier
les conditionsclimatiques
ouéconomiques),
en tenant comp- te del’ingestibilité
des aliments et de la capa- citéd’ingestion
des animauxA la suite des nombreuses études réalisées
sur la
composition chimique
et l’utilisationdigestive
des aliments et des rations et sur lemétabolisme
énergétique
des vacheslaitières,
de nouveaux
systèmes
ont été élaborés entre1974 et 1977. Ils ont été introduits dans leur pays
d’origine
et ont diffusé dans les pays voi-sins,
enparticulier
enEurope
(tableau 1).Exceptés quelques systèmes
basés sur lateneur en
énergie
métabolisable (EM) des ali- ments, ilsreposent
pour laplupart
sur lateneur en
énergie
nette lait (ENL) des ali- ments, calculée àpartir
de leur teneur enénergie
métabolisable (EM) et du rendement (kl) d’utilisation de l’EM pour la lactation (ENL = EM x kl)(figure
1).Les différences entre les
systèmes
de cettefamille
peuvent provenir
essentiellement de 4 éléments :- les besoins des animaux
(entretien,
lacta-tion,
variation depoids...) ;
- la valeur
énergétique
desaliments,
etplus précisément
la méthode et les coefficients utili- sés pour calculer leur teneur enEM ;
- les interactions
digestives
etmétaboliques
entre les aliments au sein d’une ration et l’effet de l’accroissement du niveau
d’alimentation ;
- la constitution des rations
qui dépend
desvaleurs utilisées dans
chaque système
pour lacapacité d’ingestion
des vaches laitières selon le stade de lactation et le niveau deproduction laitière,
etl’ingestibilité
des aliments. Cetaspect
ne sera pasdéveloppé
dans cet article.Résumé
——————————————————————————Les besoins
énergétiques
(entretien, lactation, variation depoids)
des vaches laitièresproduisant
de 20 à 45kg
de lait parjour,
ainsi que la valeurénergétique
des aliments (teneur enénergie métabolisable, EM,
rendement d’utilisation del’EM, kl,
et teneur enénergie
nette) sontcomparés
dans lessystèmes français
(UFL), allemand (ENL), améri- cain(NRC), britannique
(ARC) et néerlandais (VEM). Les corrections utilisées danschaque système
pour tenir compte des interactions entre les aliments et de l’accroisse- ment du niveau d’alimentation sontégalement
discutées. La validité dessystèmes
fran-çais
et néerlandais a été testée par des bilans en chambresrespiratoires
et des essaisd’alimentation,
celle dusystème britannique
par des essais d’alimentation. Lesquanti-
tés d’aliments nécessaires pour satisfaire les besoins
énergétiques
des vaches laitières sont très voisines dans lessystèmes français
etnéerlandais ;
les différences sontplus importantes
avec lesystème britannique (ARC) ;
elles augmentent avec laproduction
laitière dans les
systèmes
allemand (ENL) et américain (NRC).Pour des raisons
pratiques
deprésentation,
la
comparaison
sera limitée à 5systèmes :
lesystème
UFL(1978,
révisé en 1987)(France),
le
système
VEM (Van Es 1978)(Pays-Bas, Belgique),
lesystème
dérivé dusystème VEM,
utilisé en
Allemagne
et en Autriche(1982),
lesystème
de l’ARC (1980) utilisé en Grande-Bretagne
et lesystème
du National Research Council (NRC 1988) utilisé aux USA. Ces sys- tèmes ont été décrits defaçon synthétique
par Van derHoning
et Alderman (1988).1 / Besoins énergétiques
des vaches laitières
Le besoin d’entretien des vaches en stabu- lation entravée est
généralement pris égal
à 70kcal ENL par
kg P O , 75,
cequi correspond
à5,0
UFL pour une vache de 600
kg.
Lesystème
du NRCprend
une marge de sécurité de 14 % (80 kcalENL/kg
pl,15) parrapport
aux valeurs obtenues en chambresrespiratoires.
Enrevanche,
la valeuradoptée
par l’ARC est infé- rieure de 6% à celle des autres pays (110contre 117 kcal
EM/kg
pO.75 pour une ration moyenne, soit environ 67 kcalENL/kg
PO,75).Dans le cas des vaches en stabulation
libre,
le besoin d’entretien doit être
augmenté
de 10%pour tenir
compte
de l’activitéphysique supplé-
mentaire. L’AFRC Technical Committee (1990)
en
Grande-Bretagne
propose uneaugmenta-
tion du besoin de 7 % conduisant à un besoin de 118 kcal
EM/kg
pOcontre 128 dans laplu- part
des autressystèmes. Cependant,
dansl’application pratique
du rationnement enFrance,
cetteaugmentation
n’est pas actuelle- mentprise
encompte.
Eneffet,
il estprobable
que cet accroissement des besoins soit en par- tie
compensé
par uneaugmentation
de la capa- citéd’ingestion.
Or lamajorité
des mesuresd’ingestion qui
ont servi au calcul de lacapaci-
té
d’ingestion
des vaches laitières ont été réali- sées en stabulation entravée.Besoin
par kg
de lait à 4 % de matières grasses (lait deré férence).
Le besoin retenu est
généralement
de 740kcal
ENL/kg ;
ilcorrespond
à la teneur moyen-ne en
énergie
du lait à 4 % de matières grasses et3,15
% deprotéines.
Le besoinpeut
être cor-rigé respectivement
de 6 et 10kcal/kg
pourune variation de 1
point
du tauxprotéique
etdu taux
butyreux.
Dans lesystème
del’ARC,
le besoin parkg
de lait est un peuplus
élevé (749contre 740
kcal/kg),
cequi
compense le besoin d’entretienplus
faible pour uneproduction
lai-tière de 35
kg. Enfin,
il fautsignaler
que dans lesystème
allemand le besoin annoncé (757 kcalENL/kg) comprend
une correction (17 kcalENL/kg)
pour tenircompte
de l’effet de l’éléva- tion du niveau d’alimentation surl’apport
réeld’énergie
par la ration.Besoin
par kg
de variation(gain
ouperte)
depoids.
La
quantité d’énergie correspondant
à unevariation de
poids
de 1kg
est difficile à déter-miner en raison de
l’imprécision
des méthodes deprévision
de la masse du contenudigestif
etde la masse et de la
composition
des tissus chezun animal vivant. Selon les mesures, elle varie- rait de 4 à 9
Mcal/kg (Chilliard
et al 1987) et de5,4
à7,8 Mcal/kg
selon le stadephysiologique
etl’état
corporel
de l’animal(Wright
et Russell 1984). Ceciexplique
les valeurs de 5 à7,5 Mcal/kg
utilisées dans les différentssystèmes.
Dans tous les
systèmes,
le rendement d’utilisa- tion de l’EM pour legain
depoids
est voisin de60
%,
et le rendement d’utilisation del’énergie
des réserves
corporelles
est voisin de 82 %.Pour le
gain
depoids,
souvent faible enpériode
de reconstitution desréserves,
l’inci- dence de ces différences sur les besoins totaux est limitée. Enrevanche,
en début de lactation(pertes
depoids pouvant
atteindre 2 à 3kg
parjour
chez les vaches laitières fortesproduc- trices),
les réservescorporelles
contribuent for- tement à la couverture desdépenses
de lacta-tion ;
selon lessystèmes,
uneperte
depoids
de1
kg
peutcorrespondre
à un besoin deproduc-
tion de lait assez variable :
5,5
ou 8kg
delait,
dans lessystèmes
néerlandais etfrançais
res-pectivement.
2 / Valeur énergétique
des aliments
2.i
/ Teneur
enénergie métabolisable (EM)
La teneur en EM des aliments est
générale-
ment calculée à
partir
de leurs teneurs en élé-ments
digestibles. Cependant,
des coefficients différents sont utilisés selon lessystèmes,
cequi
conduit à des écarts nonnégligeables
pourun aliment donné (même
composition
chi-mique,
mêmedigestibilité).
Lesystème
fran-çais
des UFL utilise une démarcheplus analy- tique reposant
sur la teneur enénergie
brutede
l’aliment,
ladigestibilité
de la matière orga-nique
et lerapport
entrel’énergie
métaboli-sable et
l’énergie digestible.
Les
principaux systèmes
actuellement utili- sés ont étécomparés
par Van derHoning
etAlderman (1988) pour 32 aliments
représen-
tant les
principaux types
defourrages
et d’ali-ments concentrés. Nous avons
repris
cettecomparaison
pour 14 alimentsreprésentatifs
de cet
ensemble,
en utilisant pour lesystème
UFL les relations
proposées
lors de la révision dusystème
des unitésfourragères
en France (Vermorel et al 1987).Les résultats
(figure
2) montrent que pour des aliments de mêmecomposition chimique
etde même
digestibilité,
lesystème
VEM(Pays-
Bas) conduit à des teneurs en EM inférieuresde
2,7 ± 2,7
% en moyenne à celles données par lesystème UFL ;
les écarts sontimportants
surtout pour les
ensilages
(- 5 à - 7 %). Les dif- férences sontplus
faibles avec lessystèmes
utilisés enGrande-Bretagne
et enAllemagne
(-0,8
±2,8
%) mais les valeurs des céréales et despulpes
de betteraves sontplus
élevées (+ 3et + 4 %). Les teneurs en EM des aliments don- nées par le
système
américain du NRC sont enmoyenne
supérieures
de5,7± 2,8
% à celles données par lesystème
UFL et l’écart est deplus
de 8 % avec lesystème
VEM.2.
2 / Teneur
enénergie
nettelait
des aliments (ENL)
Dans le
système
de l’ARC (GrandeBretagne),
la valeurénergétique
des aliments estexprimée
en EM et non enénergie
nette.Dans les autres
systèmes récents,
elle estexprimée
enénergie
nette lait (ENL). Cette dernière est leproduit
de la teneur en EM desaliments mesurée au
voisinage
de l’entretien et du rendement kl d’utilisation del’EM,
saufdans le
système
du NRC(USA).
La relation deprédiction
de kl utilisée est celleproposée
parVan Es (1974) : kl =
0,60
+0,24 (q - 0,57)
avecq =
EM/énergie
brute.Le rendement kl
augmente
avec ladigesti-
bilité ou la teneur en EM des aliments ou des rations
(figure
3) carl’équilibre
des nutriments(produits glucoformateurs/acétate
etbutyrate) permet
un fonctionnement cellulaireplus
effi-cace au
plan énergétique.
Comparées
à celles données dans lesystème français,
les teneurs en ENL des aliments dans lesystème
néerlandais (VEM) sont infé- rieures de1,4
% en moyenne (de +1,5
à -3,7 %),
sauf pour les
ensilages
d’herbe où les diffé-rences se situent entre 7 et 10 %
(figure
4).Dans le cas du
système
utilisé enAllemagne,
les teneurs en ENL des
fourrages
sont infé-rieures de
2,1
% en moyenne (de 0 à -4,3 %),
tandis que les teneurs en ENL des céréales sontsupérieures
de 4 % en moyenne.Le rendement kl est
également
utilisé dans lesystème
de l’ARC maisuniquement
pourestimer les besoins en EM des animaux à par- tir des besoins
exprimés
enénergie
nette. Larelation utilisée dans le
système
de l’ARC (kl =0,42
+0,35 q)
est différente de celleproposée
par Van Es (1974) et conduit à une variation
plus importante
de kl avec ladigestibilité
desaliments.
L’application
de cette relation au cal-cul de la teneur en ENL des aliments entraîne
un accroissement de 4 % de la valeur des céréales alors que celle des
fourrages
restepratiquement inchangée (figure
4).Dans le
système
américain du NRC la teneur en ENL des aliments(Mcal/kg MS)
estcalculée directement à
partir
de la teneur enéléments
digestibles
totaux (TDN % de la MS)mesurée à l’entretien : ENL =
0,0266
TDN -0,12.
Cette méthode de calcul conduit à unesurestimation
importante
(de 5 à 10 %) de lateneur en ENL des
fourrages
et ce d’autantplus qu’ils
sont pauvres(figure
4). Lesystème
NRC met d’ailleurs engarde
les utilisateurs contre ceproblème.
Si on calcule le rendement kl àpartir
des teneurs en ENL et en EM desaliments dans le
système
du NRC on obtientune évolution très différente de celles
généra-
lement établies : kl diminue
lorsque
ladigesti-
bilité des aliments
augmente, passant
de0,67
pour les foins à
0,64
pour les céréales(figure
3).Selon les
systèmes
il existe donc des diffé-rences dans la hiérarchie des aliments : par
rapport
ausystème français,
lesystème
alle- mand a tendance à surestimer les aliments concentrés tandis que lesystème
du NRC sur-estime les
fourrages.
3 / Interactions entre aliments et effet du niveau
d’alimentation
L’apport énergétique
réel d’une ration est souvent inférieur à la somme desapports
de chacun des alimentsqui
lacomposent.
Eneffet,
l’activitécellulolytique
de la flore durumen est
généralement
réduite parl’apport
d’aliments
concentrés,
surtout s’ils sont richesen amidon. La
digestibilité
desparois
des four-rages est donc diminuée. Le
phénomène
estd’autant
plus important
que lesfourrages
sontplus âgés
etplus lignifiés.
Il estégalement amplifié
parl’augmentation
du niveau d’ali- mentationqui
accélère le transit des aliments dans les réservoirsdigestifs,
donc diminue l’at-taque
microbienne desparois végétales
(Vermorel et al 1987).Or,
le niveau d’alimen- tation estégal
à 4 et 5 chez des vachesprodui-
sant 35 ou 45
kg
de lait parjour.
La diminution de la
digestibilité
des ali-ments n’est que
partiellement compensée
par la réduction despertes d’énergie
sous forme deméthane et dans l’urine.
L’apport
d’EM de laration est donc inférieur à la somme des
apports théoriques
des alimentsqui
la compo- sent. La diminution estvariable,
mais del’ordre de 6 % pour des rations à base de foin
ou
d’ensilage
de maïs distribuées à des vachesproduisant
30kg
de lait(Vermorel
et al 1987).Il faut donc tenir
compte
de cesphénomènes
dans le calcul des rations pour satisfaire les besoins des vaches
laitières,
surtout dans lecas des vaches fortes
productrices qui reçoi-
vent des rations riches en concentrés.
Dans le
système
américain du NRC lateneur en ENL des aliments est donnée pour
un niveau d’alimentation de 3
qui correspond
àune
production
laitière de 23kg
parjour.
Ellepeut
être calculée directement àpartir
de lateneur en TDN à l’aide de la relation suivante : ENL =
0,0245
TDN -0,12,
cequi correspond
àune correction de 8 % environ pour tenir comp- te des effets de l’accroissement du niveau d’ali- mentation. Il n’est pas introduit d’autre correc-
tion, quels
que soient le niveaud’alimentation,
laproduction
laitière ou lacomposition
de laration.
Pour des raisons
pratiques,
dans laplupart
des autres
systèmes qui
lesutilisent,
ces cor-rections sont
ajoutées
aux besoins stricts desanimaux. Le
système
VEM (utilisé auxPays-
Bas et en
Belgique)
et lesystème
de l’ARC (GB)introduisent seulement une correction pour
l’augmentation
du niveau d’alimentation :lorsque
ce dernieraugmente
d’une unité(équi-
valent à
11,5 kg
delait),
le besoin total de la vache estaugmenté
de1,8
%.Seul le
système français
des UFL introduitune correction
qui
tientcompte
des interac- tions entre les aliments et de l’effet del’aug-
mentation du niveau d’alimentation (Vermorel
et al 1987). A titre de
comparaison,
ces correc-tions ont toutes été
exprimées
en kcal d’ENLpar
kg
de lait (tableau 2). Elles varient de 17 kcal pour lesystème
utilisé enAllemagne
à 80kcal pour les
systèmes
de l’ARC (GB) et VEM(Pays-Bas)
et sontcomprises
entre 70 et 150kcal pour le
système
UFL(France)
selon lacomposition
de la ration et laproduction
laitiè-re dans les 2
exemples
de rationsprésentés
ci-après.
4 / Besoins totaux
enEM et
enENL selon le niveau de production laitière
Les besoins des vaches laitières
multipares
(700kg
depoids
vif) dans les 5systèmes précé-
dents ont été calculés pour des
productions comprises
entre 20 et 45kg
de lait parjour.
Par souci de
simplification,
on n’a tenucompte
que des besoins d’entretien et de
production
delait et on a
ajouté
les corrections pour les interactions entre les aliments et l’accroisse- ment du niveau d’alimentation . Dans lesystè-
me
français,
les besoins totaux ont été calculés pour 2 rations : l’une à based’ensilage
de maïs(0,89 UFL,
52 gPDIE,
66 g PDIN et1,08
UELpar
kg
deMS),
l’autre à base de foin d’excellen- tequalité (0,84 UFL,
88 gPDIE,
89 g PDIN et1,00
UEL parkg
de MS). Ces 2fourrages
debase étaient
complémentés
par des aliments concentréscomposés d’orge
et de tourteau desoja
enproportions
variables pour satisfaire les besoins des vaches selon leur niveau deproduction
laitière. Les corrections pour lesphénomènes
d’intéraction entre les aliments sont voisines pour les 2régimes.
Dans lesautres
systèmes
on ne tient pascompte
dupourcentage
de concentré dans lerégime.
La
figure
5 montrequ’il
existe un bonaccord entre les
systèmes
UFL (France) etVEM
(Pays-Bas) ;
les différences de besoins enENL sont
négligeables jusqu’à
30kg
de laitpar
jour
et sontcomprises
entre0,4
et0,6
UFLpour des
productions
de 35 à 45kg
de lait parjour.
Les différences sont faibleségalement
(de0,2
à 0,5 UFL) avec lesystème
de l’ARC (G.B.). ).Dans le
système
utilisé enAllemagne,
la diffé-rence avec le
système français
passe de 0 pour 25kg
de lait parjour
à -1,7
UFL pour une pro- duction de 45kg
de lait parjour.
Dans le sys- tème américain duNRC,
les besoins en ENL sontsupérieurs
de0,8
UFL pour uneproduc-
tion de 20
kg
de lait parjour
(en raison dubesoin d’entretien
plus élevé), comparables
pour une
production
de 30kg
de lait parjour
et inférieurs de
1,2
UFL pour uneproduction
laitière de 45
kg
parjour.
5 / Quantités d’aliments
nécessaires pour satisfaire les besoins
Si les besoins totaux des vaches laitières varient selon les
systèmes,
les valeursénergé- tiques
des alimentspeuvent également
êtredifférentes. Il est donc
important
de savoir siles besoins des vaches laitières
peuvent
êtresatisfaits avec les mêmes
quantités
d’alimentsdans les différents
systèmes.
Les calculs ont été faits pour les 2 rations
présentées précédemment
(tableau 3).Soulignons qu’il s’agit
des mêmes aliments (mêmecomposition chimique,
mêmedigestibi-
lité) pour les différentssystèmes.
Lacomposi-
tion centésimale des
régimes adaptés
àchaque
niveau de
production
laitière a été calculée dans lesystème français
en tenantcompte
de lacapacité d’ingestion
des animaux et pourune couverture
optimale
des besoins en PDI.Ensuite,
lesquantités
d’aliments secs néces- saires pour satisfaire les besoins des vaches laitières dans les différentssystèmes
ont étécalculées en tenant compte de la valeur éner-
gétique
des aliments et des besoinsénergé- tiques
des animaux dans cessystèmes,
maissans tenir
compte
de leurcapacité d’ingestion.
Elles
correspondent
à un bilanénergétique
nul. Les différences par rapport au
système français
sontprésentées
dans lafigure
6.Il existe un très bon accord entre le
système
UFL (France) et le
système
VEM(Pays-Bas, Belgique) ;
les différences sontcomprises
entre+
0,7
et -0,4 kg
de MS (en moyenne +0,4
et -0,2 kg),
les écarts lesplus importants
étantobservés avec le
régime
à base de foin pourune
production
laitière de 20kg
parjour.
Les différences sont
plus importantes
avec les 3 autressystèmes
etaugmentent
avec laproduction
laitière :- avec le
système
utilisé enAllemagne,
sur-tout au-delà d’une
production
de 30kg
de laitpar
jour
(de -0,8
à -2,1 kg
de MS parjour),
essentiellement en raison de la faible correc-
tion pour les interactions entre les aliments et pour l’accroissement du niveau
d’alimentation ,
- avec le
système
de l’ARC utilisé enGrande-Bretagne
(de -0,4
à -1,3 kg
de MS parjour),
à la fois parce que les correctionsprécé-
dentes sont un peuplus
faibles que dans lesystème
francais et que les valeursénergé- tiques
des aliments sont un peuplus
élevées (EM etkl),
- avec le
système
NRC utilisé aux USA (de -0,2
à -2,1 kg
de MS parjour),
pour les mêmesraisons,
avec des écarts encoreplus marqués
pour
chaque
facteur.Pour une
production
laitière de 45kg,
lesapports
alimentaires nécessaires calculés avecles
systèmes
utilisés enAllemagne
et aux USAsont inférieurs de
2,1 kg
de MS à ceux déri-vant des
systèmes
utilisés en France et auxPays-Bas.
Ces différencescorrespondent
à unbesoin de
production
de4,8 kg
de lait parjour
ou à une variation de
poids
d’environ 300 g parjour.
Il est doncimportant
de vérifier la validi- té de cessystèmes
pour éviter une sous-ali- mentation des animaux ou ungaspillage
d’ali-ments concentrés.
6 / Contrôle de la validité
des systèmes
_______Les seuls critères dont
dispose
l’éleveurpour
apprécier
laqualité
du rationnement sont laproduction
laitière et la variation d’état cor-porel
des animaux. Ces critères ne sont évi- demment pas assezprécis
pour mettre en évi-dence des différences de
quelques
pourcents.Depuis
le début du siècle et au cours des dernières années encore, de nombreux essais d’alimentation ont été réalisés pour détermi-ner la valeur
énergétique
des aliments ou des rations ou pour contrôler la validité des sys- tèmes d’alimentationénergétique.
Pour êtresuffisamment
précis,
les essais d’alimentation doivent être delongue
durée (16 à 30 semaines) etporter
sur des lotsimportants d’animaux,
en raison de la variabilité indivi- duelle élevée. Ondispose
de données obtenues dans ces conditions au cours des 20 dernièresannées (tableau 4).
Cependant,
laproduction
laitière est souvent
comprise
entre 15 et 20kg
par
jour
et on nepeut
pas estimerprécisément
la variation de
composition corporelle
des ani-maux, donc les
quantités d’énergie déposée
oumobilisée.
De nombreux bilans
énergétiques
ont étéréalisés sur des vaches laitières à divers stades
physiologiques
et pour différents niveaux deproduction
laitière à l’aide dechambres
respiratoires.
Cette méthodepermet
de déterminer avecprécision
lesquantités
d’aliments
consommés,
lesapports d’énergie digestible
etd’énergie métabolisable,
les quan- titésd’énergie corporelle déposée
ou mobiliséeet le rendement d’utilisation de l’EM pour la lactation. Ces données sont évidemment
pré-
cieuses pour tester la validité dessystèmes.
Aux
Pays-Bas,
les résultats de 40 études réalisées en chambresrespiratoires
par Van Es et Van DerHoning,
sur des vaches recevant des rations à base defoin, d’ensilage
d’herbeou d’herbe verte,
supplémentées
en alimentsconcentrés,
ont été utilisés pour contrôler la validité dusystème
VEM. Lesapports prédits
par le
système
et les besoins mesurés diffèrenten moyenne de -
0,9
à +1,6
% seulement. Deplus,
les résultats des 60 essais d’alimentation montrentqu’en
moyenne lesperformances
desanimaux
(production
laitière et variation depoids)
sont enparfait
accord avec lesperfor-
mances
prévues
par lesystème
VEM. Les dif-férences
d’énergie
nette des rationsprédites
par le
système
VEM et calculées àpartir
desperformances
des animaux sont en moyenne nulles etdépassent
rarement 3 % (Van DerHoning
et al1977 ;
tableau 4).En
Grande-Bretagne,
15 essais d’alimenta- tion ont été réalisés avec des effectifsimpor-
tants de vaches laitières et sur des
périodes
de17 ou 30 semaines dans 3 stations différentes :
Hurley, Edimbourg
et Shinfield (AFRCTechnical Committee 1990 - tableau 4). Les écarts observés entre les
apports énergétiques prédits
par lesystème
de l’A.R.C. et lesapports
calculés àpartir
desperformances
desanimaux ont été
importants
et très variablesselon les
stations, respectivement
+ 6 % enmoyenne à
Hurley,
+ 3 % àEdimbourg
et - 10 %à Shinfield. Cette variabilité
s’explique
vrai-semblablement par le fait que la
prise
encompte
desphénomènes
d’intéraction a été dif- férente selon les cas : pas de correction àHurley
et àEdimbourg,
correction certaine- ment tropimportante
dans le cas de Shinfield (rations très riches en aliments concentrés)puisque
ladigestibilité
des rations a été mesu-rée sur ces vaches mais on a
négligé
la com-pensation partielle
de la diminution de ladigestibilité
par la réduction despertes
d’éner-gie
sous forme de méthane et dans l’urine.En
France,
la validité del’équation
depré-
diction des interactions
digestives
et métabo-liques
et celle dusystème
UFL ont été contrô- lées à l’aide des résultats de 2types
de tests(Vermorel
et al 1987) :* 71 essais d’alimentation réalisés à l’INRA
avec des rations à base de
foin, d’ensilage
demaïs ou
d’ensilage
d’herbecomportant
de 5 à44 % d’aliment concentré (en moyenne 25 %).
Les différences entre les
quantités
d’ENL four- nies par lesrations, prédites
par lesystème
UFL ou calculées à
partir
desperformances
des animaux sont
comprises
entre 0 et 3 % (enmoyenne
1,6
%) (tableau4) ;
* 5 études réalisées en chambres
respira-
toires (127 bilans
énergétiques individuels)
avec des vaches en début de lactation recevant des rations à base
d’ensilage
de maïs. La pro-duction laitière était
comprise
entre 22 et 43kg
parjour.
Les différences entre lesapports
d’ENLprédits
par lesystème
UFL et calculésà
partir
des bilansénergétiques
sont enmoyenne de
1,1
% seulement.Conclusion et perspectives
Les
systèmes
introduits dans de nombreux pays au cours des 10 dernières années repo- sent pour laplupart
sur l’utilisation de l’éner-gie
pour la lactation (ENL). Les différences entre cessystèmes portent
essentiellement sur2
points :
laprédiction
de la teneur enénergie
métabolisable des aliments et la correction des
apports énergétiques
pour tenircompte
desinteractions entre les aliments et de l’effet de l’accroissement du niveau d’alimentation. Il existe
également
des différences dans les besoins des vaches laitères(qui parfois
pren- nent encompte
unepartie
des intéractions entre les aliments) ou dans les rendements d’utilisation del’énergie
pour la lactation.Cependant, chaque système
a sa propre cohé-rence. Il est donc
important
derappeler
que les besoins desanimaux,
leurcapacité d’inges-
tion et les valeurs
énergétiques
des alimentsutilisés pour le rationnement doivent être
pris
dans le même
système.
Des écarts liés à lavaleur des aliments ou aux besoins des ani-
maux peuvent être
compensés
ou au contraireaccentués par des écarts liés à la
capacité
d’in-gestion
des animaux ou àl’ingestibilité
desfourrages. Ainsi,
lesquantités
de matièresèche totale
ingérée prévues
par lessytèmes
américain et
français
pour les deux rations données enexemple précédemment peuvent
varier d’un
système
à l’autre de +0,4 kg
pour la ration à based’ensilage
de maïs chez desvaches à 30
kg
delait,
à -1,7 kg
pour la ration de foin offerte à des vachesproduisant
40kg
de lait.
Les valeurs
indiquées
tant pour les besoins que pour la valeurénergétique
des aliments sont valables pour des lots d’animaux. Onsait,
en
effet,
que la variabilité individuelle des besoins est élevée (CV = 8 à 10 % pour le besoind’entretien,
parexemple,
VanEs,
1961)et
qu’il
existe des variations d’utilisationdiges-
tive d’une même ration entre les animaux. En utilisant ces valeurs moyennes, on sous-ali- mente certains animaux et on en suralimente d’autres. Selon le rapport de l’AFRC Technical Committee
(1990),
il faudraitprendre
unemarge de sécurité de 20 % dans les
apports
ali-mentaires pour ne
risquer
de sous-alimenter que 5 % des animaux.En
définitive,
lesystème
UFLpermet
actuellement de raisonner correctement le rationnementénergétique
des vaches couram-ment rencontrées. Sa
validité,
comme celle dusystème
VEM(Pays
Bas etBelgique) qui
conduit à des
apports
alimentaires très voi-sins,
a été contrôlée à la fois à l’aide de résul- tats de nombreux essais d’alimentation et de bilansénergétiques
réalisés en chambres res-piratoires.
Certainesquestions
restent cepen- dantposées
et des améliorationspourraient
être
apportées.
Elles concernent enpremier
lieu la modulation des besoins d’entretien en
fonction du stade
physiologique
et des facteurs d’environnement et de conduite des animaux(dépenses supplémentaires
aupâturage
parexemple),
comme cela est actuellement déve-loppé
dans lesystème proposé
par l’université deCornell,
ou par celui utilisé en Australie (CSIRO 1990). En secondlieu,
il est nécessaired’améliorer la
prédiction
des interactionsdigestives
etmétaboliques,
enparticulier
1) en début delactation,
2)lorsque
lapart
deconcentré dans la ration
dépasse
50%,
et 3) en fonction de la nature desfourrages
et desconcentrés et de leur mode de distribution (Coulon et al
1989,
Michalet-Doreau et Sauvant 1989). Enfin et surtout, une améliora- tionimportante
dusystème
UFL sera réaliséelorsque
serontprises
encompte
la nature del’énergie,
la partrespective
de ladigestion
dans les différents
compartiments digestifs,
lavitesse de
digestion,
lesquantités
desproduits
de
dégradation
dans chacun de cescomparti-
ments et l’utilisation
métabolique
de ces pro- duits. Des travaux sont actuellement conduits dans ce sens en France(équipes
de Michalet- Doreau à Theix et de Sauvant à Paris) et àl’étranger (équipe
de Nocek aux USA et deTaminga
auxPays-bas)
(Nocek etTamminga
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Summary
Dairy
cowfeeding : comparison of
energyfeeding
sys- tems.Energy requirements
(formaintenance,
lactation andbody weight changes),
ofdairy
cowsyielding
20 to 45kg
milkday,
as well as energy value of feeds (metabo- lizable energy contentME, efficiency
of ME utilisa-tion, kl,
net energy contentgiven by
the American(NRC),
British(ARC),
Dutch(VEM),
French (UFL) and German (NEL)systems
werecompared.
The correc-tions used in each
system
for associative effects bet-ween feeds were taken into account. The
validity (accuracy)
of the Dutch and Frenchsystems
was chec-ked
using
indirectcalorimetry
balances andfeeding trials,
and that of the Britishsystem using feeding
trials. The
quantities
of feedsrequired
to meet theenergy
requirements
oflactating
cows were similar inthe Dutch and French
systems.
The differences bet-ween these
systems
and the three others werelarger
and increased with milk
yield, especially
in theAmerican (NRC) and German (NEL)
systems.
VERMOREL M., COULON J.-B., 1992. Alimen-
tation des vaches laitières : comparaison des sys- t6mes d’alimentation 6nerg6tique. INRA Prod.
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