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Surveillance ou recherche: le sens des mots

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Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien

|

Vol 58: january • janVier 2012

L’œil de la sentinelle | Exclusivement sur le web

Surveillance ou recherche: le sens des mots

Marie-Thérèse Lussier

MD MSc FCMF

Claude Richard

MAPhD

Terri-Lyn Bennett

MSc

Tyler Williamson

PhD

Anika Nagpurkar

D

ans le dernière numéro de L’œil de la sentinelle, on vous présentait le Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires (RCSSSP)1, un projet pancanadien dans le cadre duquel on conserve des don- nées extraites des dossiers médicaux électroniques sur des maladies chroniques. Mais les activités du RCSSSP relèvent-elles du domaine de la surveillance de la santé publique ou encore de la recherche en soins primaires? En réalité, elles s’inscrivent dans les 2 catégories.

Tant la recherche en soins primaires que la surveil- lance de la santé publique comportent la collecte et l’analyse des renseignements sur la santé des personnes dans le but d’améliorer la santé des individus, des com- munautés et des populations. La recherche en soins primaires est importante pour bâtir une base de con- naissances spécifiques sur le diagnostic, l’investigation, le traitement et le suivi des problèmes médicaux en soins primaires et, par conséquent, renforcer les efforts de surveillance de la santé publique. La surveillance de la santé publique est importante pour élaborer des hypothèses et stimuler la recherche en soins primaires.

Les 2 établissent une base de données scientifiques pour les programmes et les politiques liés à la prévention et au contrôle des maladies et pour comprendre l’utilité des interventions en soins primaires.

Il existe aussi d’importantes distinctions. Différentes lois s’appliquent à la recherche en soins primaires et à la surveillance de la santé publique et, dans certains cas, un organisme gouvernemental spécifique est respon- sable de l’activité en question. De plus, ces différences ont des répercussions en matière de réglementation de la protection des renseignements personnels, de champ de compétence, de financement et de méthodes pour la collecte et l’analyse des données2. Même pour des spé- cialistes expérimentés de la santé publique, il peut être difficile de faire la distinction entre la surveillance et la recherche. Par contre, des réponses se trouvent dans les méthodes utilisées, le but de l’activité, et les utilisateurs ultimes des données et des renseignements sur la santé.

La surveillance est une fonction de base de la santé publique au Canada. Elle est motivée par le devoir du gouvernement de protéger et de promouvoir la santé publique. Cette responsabilité est répartie entre les auto- rités régionales, provinciales et fédérales. La surveil- lance a pour but de recueillir des données non pas pour leur valeur intrinsèque, mais pour orienter les politiques et les interventions en santé publique. De fait, on a défini la surveillance de manière succincte comme étant

de «l’information pour l’action». Un aspect essentiel de la surveillance de la santé publique est la nature con- tinue de la collecte de données, permettant de compren- dre les tendances dans la survenance des maladies et le potentiel de présence de ces maladies dans une popula- tion au fil du temps. Par contre, aucun système de sur- veillance de la santé publique n’est complet sans des liens directs et étroits avec les interventions en santé publique. Il peut s’agir d’orienter les mesures de con- trôle des maladies, les politiques et la planification ou les activités d’attribution des ressources.

La surveillance repose sur les principes de l’éthique en santé publique, qui sont axés sur la santé et le mieux-être des populations tout en respectant la dignité et les droits de la personne. La recherche, d’autre part, est habituellement fondée sur les principes de l’éthique médicale, qui se concentrent sur les intérêts des patients, tout en maintenant un équilibre avec le bien de la com- munauté. En général, la recherche est menée sous la direction d’un comité d’éthique en recherche chargé d’assurer cet équilibre entre les bienfaits et les coûts.

La surveillance et la recherche utilisent des méthodes semblables. En général, la recherche teste des hypothèses tandis que la surveillance les génère.

La recherche peut se servir de méthodes non tradition- nelles ou expérimentales, tandis que la surveillance utilise habituellement des méthodes standards, large- ment acceptées. Les renseignements tirés de la sur- veillance sont diffusés dans des rapports publiés; les résultats de la recherche sont souvent rendus publics dans des revues spécialisées révisées par des pairs.

Qu’importe leur source, ces données ne sont pas aisé- ment accessibles aux médecins de famille en pratique active. Le RCSSSP innove ici, en ce sens qu’il donne une rétroaction périodique aux cliniciens sentinelles et informe le milieu de la santé publique en publiant régu- lièrement des renseignements importants à l’aide de divers médiums, dont la présente série.

Étant donné les recoupements entre les plans d’action de la recherche en soins primaires et de la surveillance de la santé publique, il peut être difficile de délimiter précisément ces concepts dans la pratique. Souvent, les projets n’appartiennent pas clairement à l’une ou l’autre de ces catégories. Par exemple, le RCSSSP comporte à la fois des composantes de surveillance et de recherche.

Pour déterminer si une activité constitue de la recher- che ou de la surveillance, on doit prendre en consi- dération son intention, sa motivation et ses objectifs.

À quelle question principale cherche-t-on à répon- dre? Qu’est-ce qui a motivé cette activité? En vertu de This article is also in English on page 117.

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L’œil de la sentinelle

Vol 58: january • janVier 2012

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quelle autorité (ou pour qui) est-elle effectuée? À qui bénéficiera-telle? Utilise-t-on un processus standard ou expérimental? Qui sont les utilisateurs ultimes de cette information? Les réponses à ces questions sont impor- tantes pour déterminer sous quel angle (recherche ou surveillance) la collecte et l’analyse des données sont examinées.

La recherche et la surveillance se renforcent et s’alimentent mutuellement. Les 2 sont importantes pour améliorer la santé des individus, des communau- tés et des populations, et le RCSSSP occupe une posi- tion privilégiée pour faciliter ces 2 activités. Il peut fournir des données de surveillance uniques et opportunes, et être mis à contribution dans l’étude d’importantes hypothèses de recherche en soins primaires.

Dre Lussier est professeure agrégée à l’Université de Montréal, au Québec.

M. Richard est chercheur associé au Centre de santé et de services sociaux de Laval, au Québec. Mme Bennett est épidémiologiste à l’Agence

de la santé publique du Canada à Ottawa, en Ontario. M. Williamson est épidémiologiste principal au RCSSSP à Mississauga et professeur adjoint à la Queen’s University à Kingston, en Ontario. Mme Nagpurkar est responsable de l’Application et de l’échange des connaissances au RCSSSP.

intérêts concurrents Aucun déclaré

les opinons exprimées ici ne représentent pas nécessairement celles de l’Agence de la santé publique du Canada.

références

1. Birtwhistle RV. Canadian Primary Care Sentinel Surveillance Network—a developing resource for family medicine and public health. Can Fam Physician 2011;57:1219-20 (ang), e401-2 (fr).

2. Hodge JG Jr, Gostin LO. Public health practice vs. research—a report for public health practitioners including cases and guidance for making distinctions. Atlanta, GA: Council of State and Territorial Epidemiologists; 2004.

L’œil de la sentinelle est coordonné par le Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires, en partenariat avec le Collège des médecins de famille du Canada, dans le but de mettre en évidence les activités de surveillance et de recherche entourant la prévalence et la prise en charge des maladies chroniques au Canada. Veuillez faire parvenir vos questions ou commentaires à Anika Nagpurkar, Application et échange des connaissances, à an@cfpc.ca.

Références

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