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une sorte de combat perpétuel entre la lumière et l'ombre.

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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une sorte de combat perpétuel entre la lumière et l'ombre.

CRIRE cet article sur le noir et le blanc, pour CRÉATIONS, personne ne m'a obligée à le faire. C'est moi-même qui l'ai proposé. Alors, d'où vient que je cherche à repousser le moment d'écri- re ? D'où vient que je m'échappe à chaque instant ? Ecrire un article, ce n'est pas facile, je le sais, car j'ai déjà expérimenté. C'est oser se mettre à nu même si l'on prend des précau- tions, si l'on se fabrique des mas- ques. Mais là, pourquoi est-ce plus difficile ? Ce n'est pas par coquette- rie, non. Il s'agit de beaucoup plus, de quelque chose qui est essentiel à ma création même si ça se traduit par ces deux mots tout à fait ordi- naires : LE NOIR ET LE BLANC. C'est essayer de dire maladroitement, avec des mots, ce que l'on ressent très loin au fond de soi. Et je m'en veux de cette maladresse quand je voudrais faire passer cette force qui sourd de

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moi-même. En plus, de quoi ai-je l'air avec tout ce préambule ? C'est encore une échappatoire ?

C'est aussi que la surface vierge de tout signe est dure à vaincre.

La donnée blanche est la lumière en soi. Pour l'instant, toute résistance est morte, et l'ensemble privé de mouvement, sans la moindre vie. JI faudra donc faire appel au noir et l'inciter au combat, combattre la toute puissance amorphe de la lu- mière (KLEE).

Le premier signe noir sur le fond blanc crée par lui seul, quelle que soit sa forme, sa qualité, un devenir.

Il crée une zone d'attente, d'autres signes semblables ou différents.

Quelque chose naît de cette vibration du blanc au contact du signe noir, quelque chose qui ne demande qu'à vivre, qu'à émerger. Et la main alors, souvent, n'est pas assez rapide pour saisir tout ce qui vient au jour, remonte des profondeurs.

Peut-être le peintre, avec la couleur, ressent-il ce genre de sensation ? C'est possible. Alors qu'un trait, une bande tout à fait quelconque, noir sur fond blanc, pour moi, se met déjà à vibrer, à vivre, à me trans- mettre quelque chose, jamais la cou- leur ne m'a procuré une telle sensa- tion ! Peut-être parce que de la nuit vient l'inexpliqué, le non détaillé, le non rattaché à des causes visibles, l'attaque par surprise, le mystère, le religieux, la peur... et les monstres, ce qui sort du néant, non d'une mère. (MICHAUX). Il lui suffit alors d'une toute petite tache noire à la surface du papier pour jaillir dés profondeurs.

Lorsque je commence un dessin à l'encre, les premiers traits que je trace me donnent une espèce d'avidi- té à aller plus loin, à fouiller les es- paces sombres d'où sortiront des for- ces que j'ignore. Il y a comme une sorte de jouissance à fouiller ces zones d'ombres qui naissent... de mes pro- pres doigts, comme si le résultat ne dépendait pas de moi. Je sais aussi que parfois, je joue avec certains espaces « neutres» de mon dessin, guettant, l'air de rien, le moment où se produira la petite vibration où je m'engloutirai avec délice et crainte.

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Mes dessins sont pleins de milliers de traits qui peuvent paraître nés d'un travail fastidieux, mais, pour moi, il n'en est rien. Chaque trait déposé est une attente de quelque chose qui va forcément se produire à un moment donné. Quelque chose va sourdre de l'entremêlement de mes lignes que je vais laisser jaillir ou dompter à mon gré.

C'est une sorte de combat perpétuel entre la lumière et l'ombre. Cette part d'ombre qui naît de mes dessins, je sais que je ne la laisse ja- mais jaillir entièrement, mais elle est là qui sous-tend mon travail. Je n'ai pas envie de me laisser dévorer entiè- rement par elle. Je l'utilise, je m'en nourris, j'en ai besoin, besoin, mais il ne faut pas que vous le sachiez, vous qui regardez mes dessins. Il ne faut pas que vous vous rendiez compte à quel point je dépends de ces ténè- bres. C'est pourquoi je leur fais ce fin réseau de lignes qui, à la fois les révèlent et les emprisonnent.

Obscurité, antre d'où tout peut sur- gir, oii il faut tout chercher.

(MICHAUX)

Annie FRANÇOIS

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