LA PEDAGOGIE DE GROUPE :
le déconditionnement des adolescents au C.E. T.
Notre projet éducatif est caractérisé par une première époque de mise en question des élèves, de leurs valeurs, de leur passé scolaire et éducatif comme d'une mise à l'épreuve psycho-affective de l'enseignant. C'est le déconditionnement, c'est-à-dire le changement relatif des mentalités et des comportements.
1 - L'ACCUEIL DES ELEVES ET LA DECOUVERTE DU MILIEU
Mettre en place des rapports de subordination suppose une dose de sadisme, inconsciente par ailleurs chez l'enseignant. Pourquoi est-il enseignant ? Sans doute pour revivre et projeter des fan · tasmes d'éducastré sur ses élèves, sans doute pour reproduire une éducation autoritaire où les rap·
ports père-enfant resurgissent dans l'image de leur agressivité perçue à travers l a méthode uniformé·
ment directive.
Nous prenons l'initiative d'une pédagogie éducative qui s-::>uhaite le vécu des moyens instituants ; c'est notre objectif ; nous avons le souci de les accueillir avec le calme souriant d'un enseignant heureux d'accomplir la tâche qu'il s'est fixée.
Ces élèves se sont, selon leur désir, assis autour des tables groupées en cercles. Je les écoute pen·
da nt quelques minutes puis je prends la parole. Comment va-t-on travai lier
?Mes réponses leur apportent des informations de façon à éviter tout mystère de la méthode pratiquée. Je leur ex- plique pourquoi ils travailleront ainsi et, surtout, je les amène
àchercher ce que nous devrons construire ensemble. Ils ont compris : "L'auto-discipline
! ".Oui, si l'on veut entendre avec ce terme des règl es de vie commune, un contrat de vie co llective, des institutions créées par le groupe-classe considéré.
Il -
LA CONNAISSANCE DES ELEVES
21 - L'analyse psychosociologique de la classe est effectuée
àpartir d'un questionnaire é lève. Les questions portent sur la situation familiale, les vœux professionnels, l'emploi du temps et leurs intérêts extra-scolaires, les qualités attendues de l'enseignant, l'accord éventuel avec le travail de groupes.
211 -
Il est important et banal aussi de sou ligner la permanence des origines socio-cul·
turelles de nos élèves : enfants d'OP, d'OS, de cadres moyens, classe sociale exploitée dans le système capitaliste.
212 -
Nos élèves vivent leur échec scolaire en C.E.T.
213 -
On peut mesurer a lors le rôle sélectif d'une école qui crée des inadaptés dans l a reproduction des inégalités sociales. On peut aussi envisager une école, un C.E.T . où ces adolescents reco uvrent une certa ine dignité dans l'apprentissage d'un métier. Mais, si la fon ction intégratrice du C. E.T. leur donne les moyens - de vivre, elle demeure un support
àune vision nouvelle de leur rôle socio-économique. D'où, pour résoudre cette contra·
diction, une pédagogie adaptée à des finalités socio-politiques de changement.
214 -
La durée des déplacements ne prédispose pas au travail personnel
àla maison.
215 -
Les relations intra-familiales ne changent pas. Elles semblent au con traire se dégrader beaucoup plus rapidement. Désir d'innover des jeunes et résistance au change·
ment des adultes s'affrontent. Je n'attends guère longtemps pour voir nos élèves en souffrir et le répercuter pendant nos plages. Ils éprouvent le besoin de dire, de raconter, de juger et demandent que je les écoute.
216 -
Les qualités attendues de l'enseignant : l'enseignant doit être sympathique, com·
préhensif, juste, compétent. Donc, en premier lieu, la demande des élèves concerne l'aspect re l ationne l : les écouter, les comprendre, être accepté d'eux. Il est donc néces·
saire d'instituer des structures de communication telles que l'expression individuelle et
collnctivl!
des adolescents puisse s'é l aborer.
...
22 - Le questionnaire caractérologique : il nou
saide
àcerner
lecomportement conscient de chacun. Les élèves sont heureux de savoir ce qu'ils sont, comment ils peuvent se percevoir eux- mêmes.
221 -
Identitédes élèves de C.E.T.
:le facteur Activité est prédominant. Nos é
lèvesaiment l'action ; ils
sont actifs àcondi
tion de les motiver. Et nous voyons combien il est essentiel d'orienter la finali
té de ce tte activité en
lui donnant les moyens construc-tifs de réaliser la personne.
222
-La plupart des élèves sont primaires, c'est-à
-dire spontanés, vivants. Et nous pou- vons entre tenir cette spontanéité snns verser dans l'instabilité, en
la canalisantdans une activité structurée
.Portés vers le con
cret, ils demandent l'éducation intellectuelleautant qu'affective.
Illeur faut intérioriser la vie et comb
lerun "v
ideintérieur" que l'époque actuelle cultive avec
indifférence.Notre mission est de donner à nos élèves une raison d'être et d'agir, donc un rôle qui
liechacun à un groupe, l'attache
àun objectif, le rende so
lidaired'un avenir.
223
-Nos élèves participent pratiquement tous de deux ou de plusieurs caractères : passionné ou actif exubérant, paraflegmatique, pararéaliste, paranerveux, paramorphe ; ils sont donc éducables. De plus,
letest révèle
lesélèves
nerveux, instables,sentimentaux, amorphes, qui souffrent de problèmes familiaux : orphelins, enfants naturels, parents séparés, mésentente familiale, autoritarisme du père ; ils
les extériorisentpar une activité superficielle, désordonnée ou ils
lesintériorisent avec un mutisme parfois difficile à pénétrer.
23 - Le test sociométrique
:il corrobore le comportement des élèves peu acceptés par les phé- nomènes de rejet. Et notre tâche consiste
àintégrer ces élèves dans les groupes,
àleur apporter une aide stab
ilisatrice.Les
quatre
indices de popularité, de rejet, d'expansivité et de
refusnous permettent de
localiserle noyau des animateurs de groupes, de mieux connaître chaque adolescent, dans son style de relations. Oui choisit qui ? sur le plan ca ractérologique, nous voyons que les facteurs émotivité, primarité, secondarité sont en jeu et qu'en fait, s'i
ly a compensation entre émotivité et non émotivité,
leschoix réciproques dépendent presque exclusivement de la primarité et de la secon- darité. Un élève primaire choisi t un autre élève primaire et refuse un élève secondaire.
Le test sociométrique est unique pour ne pas cristalliser les phénomènes de rejet.
Ill -
LA PERCEPTION DE L'IMAGE DE L'ENSEIGNANT
Que représentons-nous aux yeux de
l'adolescent? Oui sommes-nous pour sa psychologie ? Figure de l'autorité institutionalisée avec un statut social précis,
l'enseignant contraint les adolescents à travailler dans le cadre scolaire institué. Il fait partie de
lagalerie de portraits que les élèves rencontrent sans illusion depuis
l'écoleprimaire. Un enseignant de plus, une année de plus
!L'habitude s'inscruste, parée de bons points, de sanctions, de carnets de notes
OLIles joies se mêlent aux chagrins. C'est le passé de
chacun. Mais danscelui de nos adolescents, le chagrin s'est crista
lliséen carapace de fatalisme. Il
sretrouvent, avec déplaisir sinon avec amertume et révolte, un
universd'échec. Peuvent-ils enco re réagir ? et comment les motiver ? Est-ce en jouant
lemoralisateur paternaliste mystifié
et mystifiant? Est-ce en privilégiant
lecontenu ?
Est-ce en exerçant un pouvoir coercitif ? Devons-nous les maintenir dans un état de sous-déve-
loppementculturel grâce
ànotre fonction intégratrice ? Ou devons-nous chercher
àles auto- développer,
à lesauto
-éduquergrâce à notre possible fonction de formateur ?
Notre rôle d'animateur
-éducateur est sous-tendu par des attitudes d'écoute, de compréhension, d'acceptation de soi et des autres. C'est l'image que
jeveux donner afin d'établir des relations de confiance avec
les adolescents,une image non-frustrante. Et pratiquement jusqu'à la fin
novembre, cette
imagen'est pas totalement perçue par
l'ensemble du groupe-classe. Pendant deux mois et demi je vis avec intensité un décalage entre
l'imagede l'enseignant vécue antérieurement par
lesadolescents et
l'imageprésente. Et toute la problématique du déconditionnement réside dans ce passage de
laperception d'une image frustrante
,anti
-éducative, àla perception d'une image non-frustrante, éducative. Le passage représente aussi la modification de l'image de l'autorité.
Elle a été intériorisée sur le mode technocratique, hiérarchisé et répressif ; un autre vécu fait place
àune autorité de type relationnel
liéeà un fonctionnement démocratique
.Concrètement,
les adolescentscheminent d'un comportement agressif par un comportement plus ou moins
incontrôlé,désordonné, anarc
hique jusqu'à un comportement contrôlé.
Il
n'est pas facile parce que
l'apparencedémagogique ressort vite, de transformer des relations
d'autorité de subordination en relations de pouvoir et d'aide au niveau de la percept ion des ado-
lescents.
Ilfaut leur prouver que cette transfo
rmationest possible et qu'elle se réalise. D'où l'im·
portance de l'organisation du travai l et de la mise en oeuvre de procédure et d'apprentissages démocratiques. D'où la légitimité d'une atti tude non-directive , c'est-à-dire directive sur la forme et non directive sur le fond . Cette manière d'être, par exem ple, nous permet d'être à l'écoute des besoins obj ectifs et sub jectifs des él èves. L'expression des besoins, ainsi facilitée, amorce l'effort de conscienti sation que nous entrepren ons. L e petit groupe constitue alors le milieu p rivi·
l égié de ce tte consci entisation pu i squ'il in stitue la lib ération de parole donc l'expressio n,
le dire,la production donc le travai l,
le faire,le choix du ou des thèmes donc la décisi on,
le décideret la réa lisation, l es activités intellectuelles, manuelles, donc l'act ion,
l'agir.Dans ce contexte de répon se à la demande, nou s savons que nous provoquons l'adhésion affective des adolescents. Le passage à l'ad hésio n raisonnée au niveau des objectifs est affaire de temps et de pati e nce. Elle intervient hab ituelle men t e n 2e année.
Début décembre, les é l èves établissen t eux-mêmes le silence dans la classe, c'est-à-dire chacun se ta it de sa propre initiative, e lle- même conçue non comme inhibante mais comme libéra tr ice. Ce qui induit et suppose tout à la fois une acceptation de soi et des autres et une considération positive de soi et des autres. En fait, nous constatons une prise de conscience progressive de cette attitude et son inté riorisation correspond avec les apprentissages de la prise de parole e t de la vie en groupe.
Far from the world Far from life
Far from nature Far from the sea
Lou is- Pie rre JOUVENET C.E.T. "La Sauvagère"
LYON
Far from the sky and the clouds Far, far, far away ...
B.ut where to go?
Florence
6", C.E.S. Victor Louis, Talence {33)
Winter
A b~ue sky A black floor White ciouds
A green sky A white floor Black clouds lt ls a winter day
I sabelle
5"
T h e chair and the apple
On a chair A white chair White like the snow ls a red apple
Red as blood
The blood of death The blood of war
The blood of birth
Isabelle
s·
Extrait de la Gerbe
no 20
· Gerbe
internationaleEn vente
à
la CELBP 282 - 06403 Cannes
le n°
:
3 FETVO. RESULTATS?
Ceti:a fiche non pas pour moraliser,
mais pour répondre à un besoin qui est apparu à la Régionale ouest
Voilà ce que d
emandent les
parentsen d ébut
d'année quand nous les réunissons.Eh bien
,
à cette question il faut pouvoir répondre.J'abandonne tous les apprentissages (et donner les raisons)
ou
bien-
Je ne néglige pas les apprentissages parce que ...Mais alors il faut leur dire qu'il y
a
AUTRE CHOSE qu'ils n'envisagent peut-être pas, parce qu'on n'en parle pas à l'école:
éve
il de la personnalité autonomie de l'enfantmotivation
et va
lorisation dece
qu'il réalise recherche de J'équilibre affectif...
E
t il te tàudra dire POURQUOI tu pratiques ainsiet très
précisément COMMENT ? Il te faudra dire aussi les CONCESSIONS- Reprise en main des A.G. pour que ça tourne m1cux. qu
e
le cloute
ne s'installe pas...
touten
laissant la parole ~~ l'enfant...- Le SUJET apparu
au co
urs duclub d e
lecture, d'une discussione
tsur leq
uel tu dema
ndes à tous d'écrirepo
ur telle date ... (bien sù
ren t'a ssurant
de l'adhésion de
lacla sse)
- l<1
dictée que tu fais aujourd'
hui malgré toutes
tes réticences parce que
...-
Et
dis les questions que tu te poses peut-être sur l'égalité des chances,
les limites que tu voisà
lacorrect
ion des inégalités (liées aux inégalit és sociales
, mais
que tuvo
is se confinner au lieu dese
résorberaussi vit e qu e
tu le voudrais ... )- Dis que l'école ·a pour rôle celui de
sé
lectionnere
t que tu n'yéchappes
pas totalement parce qu'il y a des examens (qui les préoccupent tant) et les autres profs qui les auront...ce
qui valo- rise unce
rtain langage et une certaine approcheabstraite d e
la réalité ou d'unvécu
qui n'est pas
le leur.DIS
TES DOUTES
MAIS AUSSITES
REUSSITES, TESES
POIRS CE
QUETU
FAIS PRECISEMENT POUR LESEN
SORTIR .•
N'hésite pas
à
réunir les parents dès les premiers jours, voireà
la fin de l'année précédente. Tu t'exposes autrement au risque d'être dénigré sans poul'oir te défendre et tu exposes les enfantsà
être écartelés entre les parents qui ne te comprennent pas, et ta pratique qui, au départ les sur- prend.Et tu verras que de t'obliger
à
répondre tu seras amenéà
réfléchirà
ce que tu fais ... peut-êtreà
faire 1111 constat douloureux, peut-êtreà
te remettre en question ... Mais après tu en seras peut-être sécurisé.Car avoir réuni les parents ne l'eut pas dire que tu auras dépassé toutes les difficultés dans ta re- lation
à
la famille. età
l'enfant.Mais que jàites-vous ? Pourquoi sont-ils heureux ? - Comment vont-ils REUSSIR
?
Note que la notion de· réussite n'est certainement pas la même que pour toi. La preuve les en- jànts heureux les inquiètent.
.·
LE DEMARRAGE EN MATHEMATIQUE AU SECO ND DEGRE
(suite)
Nous publions ici la deuxième partie du dossier démarrage réalisé par la commi ssion math. second d egré. La première partie a paru dan s "La Brèch e
11°7" . A va nt de relater d'autres exemples de démarrage, nous essay ons de définir l'attitude pédagogiqu e qui semble co nditionner
llllbon démarrage en Pédagogie Freinet.
l - LE PREMIER CONTACT
Nous devons être conscient que chaque année, sc retrouver devant des élèves inconnus est une aven- ture difficile pour certains professeurs, inquiétante pour d'autres, mais toujours passionnante. Quand le professeur est dans l'établissement depuis plusieurs années, les élèves ont déjà entendu parler de lui d'une façon ou d'une autre. Ils ont sur lui un léger avantage mais pour eux se pose une question : la réa- lité confirmera-t-elle les "on dit" ? De là cette at- mosphère si pénible et si décisive qui pèse sur ces premières minutes. Il semble presque que tout est fonction du coup d'envoi qu'un mot, uu signe, peu- vent déterminer l'année entière, que la moindre fausse manoeuvre peut libérer des énergies dont on ne pourra plus contrôler jamais le flot ou au contraire éteindre d'un coup une flamme qu'on aura mille peines à raviver. Les élèves de sixième et à plus forte raison de cinquième ont déjà laissé pas mal de leurs illusions au cours des années passées. Certains sont déjà meurtris, désenchantés. D'autres sont prêts à sc livrer entièrement mais prenons garde de ne pas nous engager trop le premier jour et de ne pouvoir éviter plus tard de trahir leur confiance. Existe-t-il une re cet tc miracle pour ce premier obstacle dont le passage est si déterminant pour l'avenir ? Non évi- demment car cela voudrait dire que tous les profes- seurs sont du même modèle, que tous les élèves se ressemblent et que tous nos établissements sont du même type. Pourtant nous nous proposons ici de dé- gager un certain nombre de points qui semblent être indispensables à l'établissement d'un climat favorable à la pratique de notre pédagogie.
Tout d'abord il faut se montrer accueillant, sans tomber dans le paternalisme et se garder d'agir de manière calculée "pédagogique" car ceux qui vous regardent ne s'y trompent pas.
Il faut ensuite éviter à tout prix de monopoliser la parole pour faire l'énumération de toutes les structures que l'on a pu penser pour l'année scolaire. Si on enferme l'enfant, dès le premier jour, dans un cadre
pensé par nous, nous nous privons d'emblée des res- sources de son imagina ti on.
Il faut enfin et stutout être nous-mêmes c'est-à-dire être da11s la classe comme nous le sommes par ailleurs dans la vie. Prenons les enfants où ils sont ct dès la première minute donnons leur la main. Nous allons faire un bout de chemin ensemble. Nous leur appor- teront la solidité de notre bras et l'expérience acquise au cours des randonnées passées ct ils nous appor- terons leur inlassable curiosité, leur agilité, leur sou- plesse, leur enthousiasme. Les obstacles ne manque- ront pas tout le long du chemin. Nous nous em- ploierons à les franclùr ensemble et ce sera d'autant plus facilement que les élèves sentiront que l'attitude du professeur est nattuelle et qu'il est lui-même à tous les instants.
Après ces quelques remarques générales relatives au tout premier contact voici quelques exemples qui per- mettront de mieux saisir le déroulement des premières heures de classe en mathématique avec des élèves de sixième et de cinquième. Cc que nous avons dit plus haut permet de comprendre que ce ne sont en aucune façon des exemples à suivre au pied de la lettre.
D'ailleurs ils ne peuvent rapporter au lecteur, l'attitude physique, le geste, le sourire, le regard qui font le liant indispensable et original de chacune des expé- riences relatées ici.
II - LES PREMIERS HEURES DANS UNE CLASSE DE SIXIEME
"Nous faisons connaissance à l'aide de fiches pour les élèves et moi j'écris ma fiche au tableau. (Nom, Prénom, adresse date et lieu de naissance, profession des parents, nombre de frères et sœurs, d 'otl vient-tu ? qu'est-ce que tu aimes le plus ? ) Ensuite je pose la question du rôle de chacun de nous dans la classe, en particulier les relations professeur-élèves et élèves entre eux pendant le cours. Je fais quelques schémas pour orienter un peu la discussion qui s'engage ensuite très librement entre nous. ·
Professeur autorité élèves écoutent et obéissent.
Elèves peuvent poser des questions au professeur mais celui-ci conserve
Travail de groupe ou discussion autour d'un sujet mené par un élève ou le professeur
Autodiscipline.
son autorité.
Deuxième heure : La discussion a porté surtout sur le schéma 2 et le schéma 3.
·'JI faut un chef de groupe mais alors on est obligé de suivre .le chef"
"Il ne faut pas de chef car s'il y en a un, certains
sont jaloux et il y a toujours des disputes pour être chef'.
Cette discussion a été passionnée. Ils n'ont pas pu se décider pour l'un ou l'autre schéma : peur de la nouveauté. J'ai dü proposer une fonne de travail pour la troisième séance.
Travail de groupe (3 ou 4) avec plusieurs sujets de recherches Ue fournis le matériel). Par exemple jeu de cartes, blocs logiques, enquêtes sur les sports préférés, les animaux préférés etc.
Ils sont sortis de cette heure enthousiasmés.
Dans les heures suivantes ils ont recherché des en- sembles des diagrammes. Ils ne reprenaient pas celte recherche chez eux et quand ils venaient en classe, ils semblaient reprendre la recherche tout au début ct cela ne semblait pas avancer. Après avoir pris cons- cience de cet obstacle nous instaurons une fiche professeur-élèves qui pennct à chaque élève ou à chaque groupe de noter rapidement où elle en est ct ce qu'elle prépare. J'utilise moi-même cette fiche pour communiquer aux élèves quelques conseils.
Certains ont trouvé le travail de groupe très dur et au début ont préféré chercher seuls. D'autres ont trouvé qu'on allait très lentement. J'ai toujours peur moi- même dans les premiers jours de passer trop de temps à établir un climat sans que cela semble déboucher immédiatement sur des résultats sensibles. Mais je sais bien qu'il est nécessaire de piétiner, de reculer quelques fois pour mieux avancer ensuite ... "
III - DANS UNE AUTRE CLASSE DE SlXIEME 1ère heure : premier contact, nous faisons connais- sance.
2e heure : nous essayons de représenter tous les ren- seignements recueillis dans la première heure.
3e heure : suite cela ne marche pas fort. A deux qui semblent complètement se désintéresser de ce que les autres font, je conseille d'écrire la table de multipli- cation par neuf et d'observer.
4e heure : exposé sur le travail réalisé autour de la table de multiplication par 9 discussion toute l'heure les remarques fusent.
se heure suite. Le sujet est beaucoup plus passion- nant que l'exploitation des renseignements.
6e heure : bilan des travaux sur les renseignements.
On note une synthèse sur les groupements d'objets.
Nous nous ennuyons.
7e heure : j'invite au travail individuel. J'indique quel- ques pistes générales (nombres, jeux, géométrie). Je discute avec les uns et les autres pour les amener à choisir un sujet pour ensuite chercher dessus (obser- ver, remarquer, peut-être expliquer)
ge heure : bilan de tous les sujets abordés (messages codés. opérations codées, remarques numériques, jeux ... ) courts exposés de tout cela. Cela permet de voir dans quel sens on peut chercher. .. donc de saisir un peu plus concrètement cc que je demande. 9e heure : j'introduis la fiche de liaison.
lOC heure : travail individuel. La classe est lancée.
Nous avons démarré. Depuis nous avons fait quelques exposés mais presque toutes les séances sont consacrées à du travail individuel. Les pistes sont très diverses et en général très riches. Je n'aide qu'assez peu, excep-
t ionnellemen t.
IV - DANS UNE CLASSE DE CINQUIEME
Dans cette classe de "niveau faible" il y a 24 élèves 14 garçons et 10 filles tous très sympathiques, éveillés et pour la plupart intéressés et désireux de réussir.
Les conditions sont donc favorables étant entendu que nous considérons l'attitude devant le travail plus im- portante que le niveau.
"Les élèves s'at tendaicn t sans doute
à
ce que je leur demande leur nom, la classe d'où ils venaient etc.C'est ce que nous avons fait oralement ; je les au:ai peut-être surpris en opérant différemment. De cette présentation est né un échange entre les élèves et moi-même : "Où habitions-nous ? combien d'élèves de la classe habitaient au chef-lieu de canton ? corn- bien avions nous de frères et soeurs etc. J'ai alors pro- posé à la classe d'utiliser les représentations étudiées l'an dernier en mathématiques pour ordonner tout ce que nous venions de dire. Des groupes de travail sc sont répartis par affinité et non autour d'un intérêt commun, cc qui parait bien naturel pour un début d'année. Chaque groupe se chargeait de représenter comme il l'entendait un des sujets abordés ensemble.
Voilà quel a été mon premier contact : je suis resté assez proche du traditionnel, les élèves n'étaient
PR!NC;PES ET EX IGENCE S DES ACTIVITES EN FRANÇAIS
Le document que vous allez lire a été n'digé 11ar Michel VibCI't dans 1111
but bien précis : "Je l'ai mis au point -- écrit-il pour les élèl'es et les parents et il me sert de base de discussion dans les réunions ... , m'aidant
à
présenter l'organisation de notre travail". Il s'agit donc d'un texte volon- tairement précis : l'organisation dont il fait état n'est Jl(i/ab/e que dans le contexte de notre CEG de Douvres, qui fonctionne souPent les après-midi en ateliers. A il/eurs il faudrait sans doute adapter.Tels quels. ces "PrincitJes et exigences des activités en Français" pourront, espérons-le, rendre bien des serl'ices, et il eût été dommage, voire impos- sible de les adapter. A chacun d'établir les adaptations nécessaires en fonc- tion des structures de l'établissement oti il exerce.
PRINCIPES
ET EXIGENCES
DES ACfiVITES ENFRANCAIS
No
t:·e travailes
tbasé sur l'expressio
n libresoit écrite, so
itorale, soit
gestuelle,so
itmanu
elle.Ce
travail estorga
nisé encommun selon un planning de
15 jo
urs quireprésente
une
ngagementà respecter. Ce
planningest a
ussi unbilan
du travail réalisé dans laquinzaine (trava
il collectif
et travailpersonnel).
Le travail
dans
la quinzaine estréparti en t ro
is directio
ns essentielles l)Les activités communes :
Toute
la classe travaille enmême temps, globalement o
upar group es sur un suj e
tprecis o
usur des suje
ts diffé
rents(mise au point
des textes libres-lecture-orthographe-grammaire-textesd'auteurs etc.)
2) Les activités
individuelles tec
hniques :E
lles sontsurt o
utdestinées au travail perso
nnelde correction de
stextes (style-orthographe ... ) fiches auto-correc
tives-conjugaison-lectures-recherchesde documents (
textes-dessins-stat
istiques etc.)3) Les activités e
n optioi}:
Ell es sont
prévuesau planning. ·Elles permettent à
unélève ou à plusieurs regroupés de se
livrer en fonction
de
leursactivités globales, à
desmontages
de livres, depoésies (au magnétophon
e)avec ou sa
ns diapositives,à des montages
d'interviewseffectuées en d
ehorsdu CEG, des mises au point de
saynettes, de jeux dramatiques. de dan
ses,de chansons, de marionne ttes, de peintures expressives,
de montages sculptés,
toutes activitésélargissant considérablement le cadre
dufrançais et apportant à chaque
individuet à
la viedu groupe
unélan fondamental et
une somme de
con-naissances, considérable.
Tu
doiso
rganisersérie usement ces options à
l'avance(idées-coéquipiers-matériel-lieux)
Le travail
doit permettre
l'épanouissement de
chacun,
librement etselo
nson propre rythme. Il
doit permettre aussi l'échange e
t la communicationdans
le respectd'autrui.
Voici
donc ce qu
e tuas à faire
1)
L'organisation en commun du planning
a)
tuy participes activement
,proposes
tes av
is, acceptes
unedécision coopé
rative,
tuprévois tes activit és en optio
ns.b) tu remplis
ton bilan au fur et à
mesure dudéroulement des act
ivités. Tu notes tout ceque
tufais
_ y compris lestravaux d'atelier,
les lectures ...c) tu remets ce
bilan co
mplété sérieusement. à la date préJ>ue,sans avoir oublié de
noter tesremarques,
tesavis
...d
) ces bilans so
nte
nsuite classés dans
tonclasseur personnel.
JI) L'expression
éc
ritea) Tu écris ce
quetu ve
ux,quand tu
le veux et sous laform
eq
ue tuve
ux ettu
me transmets ces tex
tesquand
tu leveux.
Iln'y a pas de
ryt
hme imposé ... je saisbien qu'un
élève quia compris et qui goût
e notre mode de vie, écrit
beaucoupet réguliè-
rement.
b) Je réfléchis sur ton t rava
ile
tte rend s t
estex
tes accompagnés d'indications re
latives àà l'idée. à la form e . Je t'indique des travaux
àfaire pour améliorer l'ensemble.
c) Tu travailles sans tarder le tex te rendu et réalises les travau x demandés (fiches et exercices ... ) Tu me proposes ensuitt
'le t
exte travai llé.
S'il est nécessa ire , ce process us se reprodu it jusqu'à ce que le texte soit au point.
Tu
conservestout es é ta pes de ce trava il et tu notes tout au fur et à mesure sur ton bilan. (moi-m ême, je not e to ut sur mo n cla sseur perso nn el).
d) Tu c herches pour chacun de tes textes, des prolongements (textes d'auteurs-poésies- musiq ue- pcin tu res) dont tu notes les références en d essous de ton tex te. Tu peux copier des extrait
squi te plaisent.
e) Tu peux lire t es text
esà tes camarades, tu peux les envoyer aux correspondants,
tu peu x les pro poser po ur le journal e t la gerbe.
La maj eure partie de cc travail écrit peut être réa
liséeen clas se pendant les heures de travail person ne l (avec mon aide ou celle d' un camarad
e)mais tu dois aussi travailler chez toi.
Un conseil : ne t e laisse pas subm erger par les trava ux de mise au point et de correc tions, fais les au fur e t à mes ure.
Ill) L'expression orale
a) la poésie
:tu disposes d'un grand nombre de re cueils de poesie. A toi de les lire, de choisir ce qui te plaît. Tu peux ensuit e recopier des poésies dans ton classeur, les apprendre (ca r on les dit mieu x et c'est agréable) les proposer à tes camarades quand tu le veux, agrémenter ce que tu fais de musique que tu peux créer toi-même.
La poésie me para ît une nourriture vit ale e t je voudrais que tu l'aimes co mme je l'aime.
b ) la lec ture : il est indispen sable de lire J e plus possible. Nous organisons pour cela, dans notre quinza ine, des séances de lecture person nelle, et en options o n peut lire quand on le ve ut.
Cependant il faut t e réserver chaque jour chez toi un moment d
electure (ne
serait-ceque
15minutes ! ).
La bibliothèque t'est fac ilement accessible, n'hésite pas à t'y rendre (tous les jours de 12 h 20
à13 h 40).
N'hésite pas si tu es en panne, à me demander co nseil.
Ces lectur es peuvent aboutir à des fiches d e lect ure et à des mo ntages.
c) les montages à l'aide du magnétophone
:L'idée d'origine peut être très variable : texte-poésie-livre-enquête
...etc. Le magnétophon e permet l' adjonct io n de musique ; il permet aussi le travail d iscontinu et une présen t ation plus fa
cile.Les montages peuvent être accompagnés de diapositives qu'on peut dessiner.
Ces montages e nregistr és peuvent ê tre transmis aux correspondants.
d) les chansons-les saynettes-les marionnettes e tc .
Ce sont des ac tivités entreprises pendant
leshe ures d'option s prolongées ou non (ou créées) pend an t les heures d'atelier.
Ces créa tions sont présentées au groupe cla sse qui n'a pas dans ce cas J e seul rôle de spectateur ; pa r ses avis critiques il permet un dépassement de ce qui est proposé.
Toutes ces activités orales et corporell es te pem1ettront d 'acquérir une plus grande facilité d'ex- pression e t
situ t'y livres avec passion elles t e pennettront un large épanouissement.
Toutes ces activités do ivent être dûment préparées et prévues dan
ston p lanning person nel (cama- rades concernés - mat
érielnécessa ire ... )
E lles entraîneront sa ns doute d es problèmes de matériel et de locaux, mais nous essa ierons tou- jours de les résoudre (c'est-à-dire de trouver une juste répartition) dans un esprit de coopération et d e gentillesse.
R EMARQU ES UTILES
1) to n travail doit être organisé et precis - en classe ... p lanning commun - chez toi
...plann
ingpe rsonnel.
2) tu dois t 'efforcer d e res pect er les e ngage ments pris
-travau x à rendre à un e date précise
-
bilans
àrendre à une date précise
Ceci doit permettre à tous de viv re
correctement.3)
to n classeur do it
êtreo rga ni
sé et bienpré
senté.J
ele vois réguli èrement.
4) rése rve-toi un moment chaq ue jo ur, po ur lire.
CONCLUSION
Tu peux vivre ain
si dansun
c..:limatd'<smitié e t de res pect mutue l,
enapportant ta part,
en échan-geant. Un travail régulier tc permet d'acqué rir
une somme important
ede
connaissances.Tous les problèmes pe uvent
être réglés en r
éunion de coopérative mais je suis naturellement tou- jours
ùta dispos itio n
pourt'aider.
Cette liberté cl 'expression el de choix 11 'implique surtout pas le laisser-aller, a
u
contraire,mais
per-met la
fantaisie. Elle es t fait
e d'exigences personnelles qui, jele pense t'aideront
i\mieux vivre ta vi
ed'adolescent
etplus tard ta vi
ed'adult
e, et les multiples
responsabilitésqu'elles impliquent.
J'ai
coufiance.Bon
cotu·age !Michel VIBERT
*
ANGLAIS
Utilisation de la B.T.Sonore
«AU SUD DE LONDRES»
"J'avais
eul'id
ée de faireun exposé
surles repas anglais parce que, ayant été en Angleterre et
ayanttrouvé la nourriture excellente, je voulais montrer à mes camarades qui ne
sontpas
alléslà-bas,
ceque l'on mange dans
cepays
et combienc'est bon. J'essayais donc de trouver un te
xte ...Un jour mon professeur d'anglais a demandé
si personne ne voulait de cedisque pour pré parer un
exposé.Personn
ene Je voulait
alorsje me suis dit que
finalementil
yaurait peut
êtrede bons
sujets.Je prends donc ce disque. Mon document
seprésentait
sousla forme d'un document livret avec un disque
enanglais, des diapositives sur les textes qui se trouvent dans le disque,
etun d
é-pliant
sur les diapositives etqui
expliquaitle vocabulaire à
employerpour les commenter. Arrivée
chez moi,j'écoute
cedisque. A la fin d
ela première face, je me dis
:"Que vais- je prendre ? les
sujetstr
eme
passionnentpas"
.J'écoute la
secondeface
.Voilà t'il pas qu'au début de la
seconde·face,
on commence à parlerdes repas ! Quelle chance me
dis-je enmoi-même, voilà
cequ'il me faut.
1
Arrêtant le disque, je
cours chezFlorence pour qu'e lle me prête son magnétophone. J'enregistre donc
cet
exte et sans retard, je commence à transcrire
ceque j'entends. Comme
c'était amusant! Il fallait que j'écoute trois fois
aumoins chaque phrase pas trop difficiles mais
centfois
aumoins
certainesphrases (auxqu
elles je n'ai du reste rien compris). Enfin, aubout de deux
semaines,j'ai fini de transcrire
ce queje
croyais entendre.Le texte
commençait àavoir un
sens.J'essayai de trouver quelqu'un qui pourrait m'aider à finir mon
exposé.Je pensais
àHélène.
Ellem'expliqua qu'elle n'avait pas le temps
cettesemaine-là. J
ecommençai donc seule à préparer mon texte. Un jour je demande
auprofesseur de regarder ma transcription. Il la regarde
etme rend
monpapier
avecmes faut
es corrigées.Je me mis
àtraduire. Il n'y
avaitqu'une phrase que j
ene
comprenaispas. Je me réjouissais
etje me disais que mes
camarades comprendraient sürementtrès bien et qu'il aurait une grande discussion. La traduction faite, je prépare la liste du vocabulaire
àdonner C
ar en classe, à chaquefois qu'il y
aun nouvel
exposé,on donne Je vocabulaire difficile pour
aiderles
élèves à comprendreplus facilement. Pour Je vocabulaire
onprend les mots qui nous
ont semblédifficiles
à comprendre.Le jour de l'exposé, notre professeur
secharge d'expliquer
en an-glais.
·Le vocabulaire trouvé, il fallait penser à des questions. Pour les que
stions il faut penser à beaucoupde choses
:d'abord, combien de temps durera le texte
enregistrésur lequel nous travaillons
d'abord
, ensuitedes questions intéressantes, et
enfin savoirtrouver des
questionsqui
amèneraientà
une bonne discussion. Pour mon
expose,JC
compte y resterdeux heures. Je
commetH.:e ùpréparer des questions
surle texte
(ilfallait J peu près une question
pourtrois phrases, cela ferait ma première heure
, puisdeux questions générales
sur chaquediapositive pour la seconde heure. Tout l'exposé prêt,
ilne resterait qu'à préparer un
stencilct un tirage pour que
chacun aitun texte
pourla fin de la première heure. Puis nous
remettonsle tout
auprofesseur, qui nous
corrigeles fau tes
etnous
donnedes
conseils.Enfin
mon projet ayant
été choisipar la classe lors de la réunion d'organisation et inscrit au plan- ning du mois, le jour de mon
exposéarrive. Hélène
commence àvouloir travailler et me dit
:"Bon, très bien, je
vaistout faire
aujourd'hui".Mais je lui réponds : "Dis donc,
pas sivite,
chèreamie, n'oublie
pasque j'ai tout préparé
alorslaisse-moi parler
surtoutque toi tu parles facilement alors que moi,
non". Enfin,la première heure ne
sepassa pas bien. Les
élèves étaient énervés etne travaillaient pas. Remarquez, je les comprends
: sans arrêtHélène posait la même question :
"Que
mange-t-on au petit déjeuner ? ". Alors je me dis
: "Isabelle,ne faut plus que
celadure, tu vas parler pendant la
secondeheure
ettu vas rendre la classe plus vivante. C'est ce que
jefis
àla seconde
qui amon
avis a mieuxmarché et
était plus intéressante.Je pense que travailler avec
cetteméthode
sertbeaucoup. D'abord
ellenous apprend à prononcer bien
etavec l'accent,
à comprendrefacilement un Anglais qui parle, à apprendre beaucoup de
voca-bulaire,
à s'exprimer ctà dire
ceque l'on pense
en anglais.Je préfère
cetteméthode à
celle oùon apprend les leçons par
coeur".•• •
Isabelle F. 3e
Isabelle retrace une genèse typique : celle d'une recherche.
Elle part d'un sujet, puis par hasard (ce qui suppose
w1apparent papillonnement) tombe sur le document qu'il lui faut. Puis commence la longue marche : il faut d'une part traiter l'informa- tion, d'autre part essayer de constituer une équipe qui ici ne se concrétise pas. D'autres fois, on a affaire à
w1groupe soudé qui mène le travail de bout en bout. Ici plusieurs camarades vont aider, mais ni Florence et son magnétophone, ni Hélène et son offre de dernière minute (cas assez fré- quent mais on ne le sait pas toujours et à quoi bon ? ) ni d'autres qui ont travaillé avec Isabelle lors de séances d'atelier (baptisées "Travail indépendant" sur le cahier de textes) n'empêcheront Isabelle de rester seule responsable de son exposé.
Sur la 'forme de cet exposé, la classe a tro1111é là un équilibre après un an de tâtonnements l'an dernier entre des [onnes très variées d'exposés et de débats. Je les avais en quatrième et c'est ainsi qu'Isabelle a participé au voyage-éclzange). Cette année pendant une heure on écoute et on essaie de comprendre le texte aidé par le vocabulaire du tableau et de questions factuelles qui ren- voient au contenu. A la fin de l'heure, on distribue le texte polycopié. A la seconde heure, le lendemain on relit le texte et on soulève deux ou trois problèmes de fond évoqués par le texte (ici il s'agissait de réagir aux trois diapos de la B.T. et comme ça se passait à midi moins le quart, l'eau nous venait à la bouche ... )
A la fin de l'année, on va réunir tous les tex tes d'exposés et chacun se composera son recueil avec les ouinze ou vingt qu'il préfère (quitte â prendre des textes qui ont été travaillés mais pas comme exposés à la classe qui ne les a pas choisis). On utilise le même procédé en Terminale pour le Bac.
Tout cela est bien scolaire mais bien sécurisant et ça permet d'écrire des textes, de correspondre, etc. d'un coeur léger sans être trop inquiets pour le BEPC.
J. POITEVIN.
·La B.T.Sonore Au sud de Londres est en vente à la C.E.L.
en version française - en version anglaise 1 disque et 12 diapositives : 36 F
(Préciser la version choisie)
«Ecole, sexualité, animation»
par Françoise GROS-TRIBILLON at Claude MANGE.
Les cahiers de l'Education permanente 123 p., 1974- Tema Editions 4, rue de la Michardière, Paris 2e
"Ce lirret part d'une étude précise des textes officiels proposés à l'école mais la déborde par une analyse de la re/arion sexualité-société. ainsi que par une analyse prospective du terrain qui s'offre à l'animateur en matière d'Education sexuelle. C'est à cet animateur qu'il est avant tout destiné".
C'est en ces termes que ce livre est présenté sur la dernièr<! page de couverture et la définition qui en est ainsi donnée correspond bien à la réalité.
F.G. TribiUon et C. Mange sont tous deux des responsables de La Ligue Française de l'Enseignement ct entre autre chargés de la formation des animateurs en matière d'éducation sexuelle : cc sont donc des gens qui savent de quoi ils par! en 1.
Et pour présenter leur livre, il me semble plus évocateur de donner - de celui-ci - un choix de quelques citations particulièrement bien venues, plutôt que de le paraphraser plus ou moins adroitement.
En voici quelques unes :
- Dès que les adultes engagent avec les jeunes un type de débats sur la sexualité qui remet vraiment en cause l'ordre établi, la répression ne tarde guère.
- La nouvelle sexualité est donc en liberté surveillée.
- Comment prétendre s'occuper d'éducation sexuelle sans mettre en jeu une éducation du bonheur, c'est-à-dire w1 projet de société.
- L'enfant, l'adolescent ... qui va l'aider à conquérir ainsi sa majorité sexuelle '! L'adulte ? ... L'adulte formé sur le tas par la vieille éduœtion irresponsable de la fable et du silence.
- En fait toutes ces précautions (du ministre) s'expliquent par la peur des parents : celle qu'ont les parents ; celle que le ministre a des parents.
- Le ministre sous-infonne parce qu'il
a
peur des parents qui sont sous-informés, qui ont peur parce qu'ils sont sous-informés. Qui brisera le cercle ? Les enfants peut-être.Sous la pression de l'événement 1m ministre de l'Université s'improvise ministre de la sexualité.
- Préserver la source même de toute éducation : l'expression.
- Toute éducation repose sur les moyens d'expression, y compris l'éducation sexuelle car la sexualité est aussi 1111 moyen de conw1uniquer.
- Comment "permettre" aux autres de vivre si l'on ose pas se contempler dans un miroir; ou si lon sy complaît.
- L 'em•irom1ement urbain actuel on le sait, c'est w1 univers fonctionnel, anonyme axé en priorité sur le travail.
Quant aux relations sexuelles des jeunes, elles ne sont tolérées que dans la mesure où elles resteront marginales et accidentelles.
Et bien pourquoi ne pas sexua/iser l'urbanisme, et offrir à l'imagination des miwurs débutantes des espaces plus sauvages et profonds que ceux des grands ensembles avec leurs blocs de béton froids et géométriques.
Ce ne serait pas incitation à la débauche pour reprendre le pénible jargon d'une civilisation puritaine, mais invi- tation au bonheur dont la recherche reste bien sûr à la charge des couples d'usagers.
(A moins qu'aux petits chemins étroits de 110s campagnes on ne préfère les caves des HLM).
Comme on peut le voir, les auteurs ont le courage d'aller jusqu'au bout de leurs convictions ct d'en tirer des conclusions pratiques ... même si elles dérangent quelque peu nos vieilles conceptions.
Combien sont capables d'une telle remise en question, même ~t y compris au sein de l'Ecole Moderne ? Ce livre est un livre courageux, point de vue lucide et réaliste de gens qui savent de quoi ils parlent ce qui est rare.
Certes il n'est point exempts de critiques :
1) Par exemple il ne remet pas en cause cette fameuse période de "latence" que ne reconnaissent guère de nom- breux camarades dans la classe desquels les enfants peuvent vivre, s'épanouir, s'exprimer librement.
2) De même, le principe même de la séparation de l'iriformation et de l'éducation n'est guère remis en question au niveau pratique.
L'auteur reste enfermé dans le modèle ministériel de "l'équipe" et de son intervention en dehors de la classe.
Il n'est dit nulle part, sauf erreur de ma part, que l'équipe cc pourrait être aussi, ce devrait être l'équipe des professeurs de toutes les disciplines, répondant aux questions quand elles se présentent naturellement et dialoguant avec des élè,•es quïls connaissent bien et qui les connaissent bien.
Et non cc~ ··spécialistes" étrangers à l'établissement inconnus des élèves et ne les connaissant pas, ct qui viennent là le lundi de 17 h à 18 h 30 discuter de questions dont -· le moins qu'on puisse dire - est qu'elles n'ont aucune raison de naître le lundi de 17 à 18 h 30 et seulement le lundi de 17 h à 18 h 30.
Outre cette inadaptation totale au niveau psychologique rien n'est dit de l'impossibilité matérielle de faire fonction- ner de telles équipes.
- A raison de trois ou quatre "spécialistes" par groupes de quinze élèves, tout ce qui existe de psychologues, de médecins, de sexologues ... je ne dis pas en France, mais dans toute l'Europe n'arriverait pas à couvrir les besoins de tous les élèves de France (même à raison seulement d'une ou deux séances par mois).
- Quant aux crédits nécessaires (à raison de 62,97 F par heure ct demie, de présence d'animateur comme cela est prévu), il est intéressant de prendre un cas concret ct de sc livrer
à
un rapide calcul pour voir l'irréalisme de telles propositions :Soit un CES moyen : 600 élèves soit 40 groupes de 15 élèves Soit 5 séances par groupe (c'est un minimum) - Total 200 séances.
Chaque séance coûte 62,97 F x 3 "spécialistes"
=
188,91 F188,91 F x 200
=
37.782 F soit près de quatre millions anciens.Sans commentaires !
Enfin ct c'est le point le plus important, on est dans cette fommlc pluraliste d'endoctrinement des élèves mis à la disposition des familles. Où est le droit de l'enfant ?
"Lorsque j'aurai 1111 enjànt, je respecterai ses idées, même si elles ne sont pas les miennes", écrivait l'année dernière une adolescente de treize ans dans un texte libre.
Voilà un chapitre qu'on aurait aimé voir développer.
Mais malgré ces critiques, il n'en reste pas moins que "Ecole, sexualité et animation" reste un livre à lire ct à méditer.
Jean MARIN
FICHES TECHNOLOGIQUES
Information - Presse
Les fiches information presse ont
été élaborées
par ungroupe
decamarades
dans le but de livreraux
lecteurs l'étatactuel
de nos outils de travail dansce domaine, et avec
l'espoirque
ces fichesaideraient
desclasses
à travailler le thème, à l'élargir...
pourelles-mêmes
nous livrerensuite
lesrésultats
de leurs travaux, des pistes nouvelleset
peut-être matière à unprojet
debrochure
BT2. Ces fiches faisaient le bilan de nos recherches voici deux ans:
depuis les recherches sontallées
bien plus loin. Malgréceia,
nous publionsaujourd'hui ces
fichesprimi-
tivement destinées à L'Educateur, qui n'apas
pu les intégrer. Peut-êtreaideront-elles
des collèguesà
démarrer uneétude sur
la Presse.La
commission
2d ·degré Lettres 1. La presseet
l'argent2.
La presse en périlA paraître dans
1111prochain numéro
3.
Lapresse gratuite
: un bienou
un mal?
4. Bibliographie
La pres se et l'argent
rr Politique Hebdo »expliquait (n° 29, 22 avril 1971):
La fabrication du journal (papier, imprimerie, photogravure) coûtait chaque semaine 60 000 F, auxquels il fallait ajouter les charges salariales, les frais rédactionnels (piges, déplacements, etc.), le loyer, les impôts, les frais de bureau, soit en moyenne 55 000 F. Chaque numéro coûtait donc un peu plus de 110 000 F. Ce qui, pour un journal comme le nôtre, avec 40 pages et un volume d'articles important, représente un prix de revient relativement faible si on le compare à celui d'autres journaux.
NOS RECETIES
Pour chaque exemplaire vendu 3 F, il revenait au journal environ 1,71 F, le reste correspondant aux frais de distribution prélevés par les Messageries de Presse (N.M.P.P.).
Chaque numéro vendu par abonnement nous rapportait environ 1,92 F. Les recettes de nos ventes s'élevaient donc à 60 000 F environ par numéro, auxquels s'ajoutaient de très maigres ressources de publicité.
Le niveau de notre vente et, bien sûr, notre orientation, n'étaient pas de nature à attirer un grand nombre d'annonceurs. Nous ne nous en étonnions pas. Les quelques lecteurs qui nous ont reproché d'accepter de la publicité doivent savoir que la grande presse, celle avec laquelle nous nous trouvions en concurrence, tire de 40 à 60 %, et même davantage, de ses recettes de la publicité.
Et Jacques SAUVAGEOT précisait dans rr Le Monde JJ (21 avril 1971):
Lorsque Le Monde était vendu 50 centimes, le produit net de la vente pour chaque numéro tiré s'établissait à 15 centimes environ et le coût de la distribution représentait par conséquent 70 % du prix du journal. Désormais, pour un quotidien à 70 centimes, la recette nette se situe aux environs de 23 centimes ; c'est une amélioration sensible. Pour équilibrer le budget d'un quotidien de vingt pages au format du Monde à 70 centimes, il faudrait obtenir un tirage de ... 2 400 000 exemplaires s'il fallait compter sur les seules ressources de la vente ! 11 est absurde d'y songer. A l'inverse; un quotidien de vingt pages tiré à 500 000 exemplaires devrait porter son prix de vente à près de 1,50 F s'il devait renoncer à toute publicité. Quelle que soit la fidélité des lecteurs, on conçoit mal que l'information quotidienne coûte plus de 36 F par mois, et le renfort de la publicité, complément d'information ou moteur du développement commercial, est ici bénéfique.·
::t~;;,; .
.. ; \- ~~~,~~~
, .. ,.~;
La presse en péril ?
Les difficultés que connait la. presse écrite ne sont pas dues seulement à la concurrence de la radio et de la télévision. Elles tiennent d'abord à ses conditions d'exploitation, à des prix de revient et, pour la presse parisienne, à des frais de distribution excessifs. Il s'y ajoute depuis quelques mois une baisse des recettes, non de publicité proprement dite mais des petites annonces, dues à la réduction des offres d'emploi. La presse est de plus en plus exposée aux fluctuations économiques ou politiques.
Mais le paradoxe est là : même dans les pays où l'audiovisuel est beaucoup plus développé que dans le nôtre, la presse demeure à la fois un moyen indispensable d'information et un support irremplaçable pour la publicité. Toutes les études, tous les sondages, le prouvent. Au Japon, royaume de la télévision, 45 à 60 % des habitants considèrent les journaux comme la source d'information la plus digne de confiance, et le pourcentage s'accroit à mesure que le degré d'instruction s'élève. En fait, les divers moyens de communication sont moins concurrents que complémentaires. La radio annonce, la télévision montre, la presse expliqua.
Dans chacun de ces rôles, chacun de ces moyens est imbattable.
La presse écrite a pour elle la permanence et le volume. Sait-on qu'un journal télévist de vingt minutes tiendrait dans trois colonnes d'un quotidien, et peut-on comprendre ou mé:ne connaître son époque en ne lisant qu'une demi-page de journal ? Sait-on que l'on ~ut lire vingt-cinq mille mots à l'heure mais qu'on ne peut qu'en entendre neuf mille ? On r~oit donc plus d'informations en lisant qu'en écoutant. Si paradoxal que cela puisse parailre <· un homme pressé et qui veut s'informer a finalement plus d'intérêt à lire qu'à entendre ». Il s'agit d'un problème non seulement de communication et de technique mais aussi de civilisation. La culture, c'est la lecture, a pu dire le Président de la République.
Il s'agit d'un problème d'Etat. Il appartient certes à la profession tout entière d~ s'organiser, de se discipliner, de se défendre. Le statut de la presse ou, si le mot effraie, sa « charte » relève en effet, d'abord de la presse elle-même. Mais le sort de celle-ci dépend aujourd'hui plus que jamais de l'Etat.
S'il lui a été trop demandé dans le passé, l'Etat détient d'une put les clés de la fiscalité et des aides directes ou indirectes qui sont accordées aux journaux sans discrimination politique et, d'autre part, le monopole de l'O.R.T.F.
La télévision fait peser une triple menace sur la presse : elle réduit le temps de lecture ; elle perçoit une taxe obligatoire qui, pour les budgets modestes, dissuade d'acheter un journal ; elle prélève une part croissante du marché de publicité au détriment de la presse, surtout populaire ou régionale. La presse écrite n'a aucun droit acquis en la matière. Mais il faudra un jour décider si le monopole est compatible à la fois avec la taxe et avec la publicité.
Le combat de la presse, même quotidienne, n'est pas, hélas ! toujours celui « de l'intelligence et de la culture ». C'est toujours celui de la liberté, c'est-à-dire celui du pluralisme.
Le Monde t 6- 1 72)
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