Eléments de biographie de Madame le Professeur Tréheux
Denis Regent Radiologiste des Hôpitaux de Nancy, Professeur Honoraire à la Faculté de Médecine Augusta-Emilie Beauchot voit le jour en 1923 dans la région picarde au sein d'une famille de
commerçants de bestiaux. De ces origines elle gardera certaines expressions imagées dont une des plus appropriée et suggestive était réservée au regard fourbe de certains interlocuteurs "celui-là, il a l'air franc comme un âne qui recule"
Augusta-Emilie Beauchot a 17 ans en juin 1940 et, comme beaucoup de jeunes gens de cette époque va voir sa vie sociale et scolaire bouleversée par les 5 années de guerre. Elle passe son PCB à Paris en 1942 puis sa première année de médecine en 1943. Elle se marie alors avec le Professeur Jacques Tréheux , ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure rue d'Ulm , agrégé de lettres classiques et brillant helléniste , qu'elle va accompagner sur l'Île grecque de Délos ,un des sites de fouilles et de recherche de l'Ecole Française d'Athènes dont le Professeur Jacques Tréheux est un membre éminent depuis 1941 Augusta-Emilie Beauchot reprend ses études de médecine en 1949, à Nancy où son mari est nommé Professeur à la Faculté de Lettres. A l'issue de son cursus normal, elle s'inscrit au certificat de spécialité d'électroradiologie nouvellement créé et travaille dans le service central de radiologie dirigé par le Docteur Marcel Antoine. Elle complète sa formation dans différents services parisiens (radiologie digestive à l'Hôpital St Antoine et à l'Hôtel-Dieu ; radiothérapie à la Fondation Curie;
curiethérapie à l'Institut du Cancer à Villejuif)
Durant cette période, Augusta –Jacques Tréheux effectue un stage à Uppsala dans le service du professeur Knutson .Elle y perfectionne ses connaissances en pathologie des glandes salivaires et publie en 1952 une monographie sur" la sialographie. Technique-radiodiagnostic ", cosignée avec Marcel Antoine
En 1953, Augusta-Jacques Tréheux soutient sa thèse consacrée à l'étude radiologique de la
dynamique d'évacuation de la vésicule biliaire en cholécystographie après repas d'épreuve de Boyden
; travail réalisé sous la direction du docteur Guy Albot au Centre de gastro-entérologie de l'Hôtel- Dieu. Ce travail est récompensé par un prix de thèse de la Faculté de médecine de Nancy.
En 1954, le docteur Augusta-Jacques Tréheux est reçue au CES d'électroradiologie qui vient d'être crée. Son mémoire de CES est consacré aux méthodes modernes de cholécystographie.
En 1955 elle est reçue au concours d'Assistant des Hôpitaux et exerce ses fonctions au service de radiologie de l'Hôpital Central. Elle collabore en particulier avec le professeur Maurice Gosserez, chef du service de chirurgie maxillo-faciale pour définir une nouvelle incidence appelée "racine-base" de la pyramide nasale permettant l'étude en projection axiale verticale des os propres du nez et des apophyses orbitaires du maxillaire supérieur. En 1958 est publiée une monographie consacrée à l'exploration radiologique du massif facial en traumatologie, cosignée par les 2 auteurs. L'incidence racine-base de Gosserez-Tréheux restera une référence en traumatologie de la face jusqu'à
l'avènement du scanner
En 1962 est ouvert un concours pour le recrutement d'un radiologiste des Hôpitaux de Nancy, poste localisé au service de radiologie centrale dirigé par le docteur Marcel Antoine. Les assistants du service de radiologie et un assistant du service de physique médicale, spécialiste de la scintigraphie thyroïdienne, ancien major d'Internat se présentent au concours. Par sa très brillante prestation aux épreuves pratiques et en dépit d'une misogynie déclarée d'une partie du corps professoral, le docteur Augusta Tréheux est nommée. Plus tard elle rappellera souvent l'inénarrable prophétie d'un des plus célèbres professeurs de la Faculté "ils ont réussi à nommer une femme et bien vous verrez ils en nommeront d'autres!..." on reste confondu devant une telle perspicacité…
En 1963, Le docteur A-J Tréheux choisit l'intégration comme Maître de Conférences agrégé proposée aux spécialistes des Hôpitaux par la loi Debré lors de la création des CHU. Sur le plan hospitalier elle est adjointe au chef de service le docteur Marcel Antoine, devenu lui aussi Maitre de Conférences agrégé par intégration.
En 1966, le Docteur A-J Tréheux crée l'école de manipulateurs du CHU qu'elle dirigera jusqu'en 1988.Sous l'impulsion de cadres dynamiques, l'école deviendra rapidement une référence nationale Au départ en retraite du professeur agrégé Marcel Antoine en1967, le professeur agrégé A-J Tréheux devient chef du service de radiologie centrale à l'Hôpital Central. Elle développe de nombreux secteurs de la radiologie mais en particulier celui de l'angiographie dans lequel excelle le docteur Jacques Fays , bourreau de travail, perfectionniste et impétueux .A l'autre extrémité du service et dans un autre style, le docteur Marie-Claude Bretagne-de Kersauson assure avec compétence le domaine radiopédiatrique. A distance, le professeur Tréheux soutient le docteur Luc Picard dans son combat pour acquérir son indépendance matérielle et développer la neuroradiologie diagnostique et interventionnelle qu'il amènera au pinacle de la spécialité.
En 1975, le professeur agrégé Augusta Tréheux est nommée Professeur sans chaire par ses pairs de la Faculté; deux ans plus tard elle sera promue professeur titulaire et choisira la désignation de Chaire de Radiologie clinique
En 1977, après le décès du professeur Roussel, le professeur Augusta Tréheux lui succède à la tête du service de radiologie adultes du CHU Nancy-Brabois qu'elle dirigera jusqu'à sa retraite en 1991.
Durant ces 14 années elle aura la lourde charge de conduire la mutation rapide et exigeante de la radiologie, de l'imagerie par projection à l'imagerie en coupes. Il lui faudra en outre faciliter le développement de la radiologie interventionnelle .Tout cela nécessite des ressources financières et humaines que le professeur Tréheux saura trouver grâce à ses talents diplomatiques et à ses
remarquables qualités relationnelles. Elle sera ainsi amenée à faire acquérir par le CHU les premiers échographes en milieu radiologique ; le premier scanner grâce à un partenariat avec le centre anti- cancéreux, à une époque où cette pratique était encore balbutiante, la première IRM "corps entier"
En 1977, le professeur Pierre Bernadac et le professeur Jean-claude Hoeffel succèdent au professeur Tréheux au service de radiologie de l'Hôpital central respectivement pour les adultes et la
radiopédiatrie.
En 1998, le professeur Jacques Roland prend la tête du service de radiologie de l'Hôpital Central et décide de le placer sous le patronyme de "Guilloz". En 2003, le professeur Alain Blum succède au professeur Roland nommé président du Conseil National de l'Ordre des Médecins
