L E
CONVALESCENT
DE QUALITÉ, ..ou
9
L’ARISTOCRATE.
COMÉDIE.
LE
CONVALESCENT
DE QU*ALITÈ,
-OU
.L’ARISTOCRATE..
«COMÉDIE
*EN DEUX ACTES ET EN VERS,
Par
P.F.N. Fabrje D’églantine.
Re F R És
EK T
ÉE
pourlapremièrefoisau Théâtre Français,dit laComédieItalienne, /e28Janvier1791.
A PARIS.
Chez
laVeuve DUCHESNE&
Fils, Libraires îrue SaintJacques,N®.47.
1791,
DigitizedbyCoogle
PE RSO NNAGES,
LeMarquis
D’ApREMiNEjAriftocrate.Mathilde
,61IeduMi$, Chanoinefle.Un Médecin.
«Richard
,Intendnntdu
Marquis.Gauthier,
PropriétaireCaAipagnard.Gauthier
fils,Commandant
deBataillon delaGarde
NationaleParifienne.Un Secrétaire du
Marquis.Bertrand
,Créancierdu
Marquis. ^Un
Huissier.Un Laquais
,parlant.Laquais
,du
Marquis.<*-
La Scène
ejlà Paris
,dans
L’Hôteldu Marquis,
DS l’Imprimerie des Freres Barbou.
DigitizGdbyGoogle
JL.Ta '
LÉ
.CONVALESCENT
.
DE QUALITÉ.
O U
L’ARISTOCRATE.*
.«
Sk
oculos,fieiUemanus,fie ora ferehat.
Virg.
Æn.
fib.III.D
voyoît,âgîlfoit,parloitdecette forte.
ACTE PREMIER.
%
SCÈNE PREMIERE.
LÉ. Médecin, richard.
«
Ls MÉbEClR.
Que
m*apprenez-vouslà,Monfieur Richard?cethomme
Veutdonc mourirfRichard.
Monfieur, jeveux quel’onm’aflbmme
A
• I
/ DigitizedbyGoogle
a
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
je n’aimisenjeu l’adrefle
&
laraifon,Pourqu’ilgardâtlachambre judumoinslamalfon; fiienne
me
réuffit;ilveutfortîrvous dis-je.Le Médecik.
C’eflun
homme
perdu.Vraimentcela m’afflige.JefuisfonMédecin;j’ailedroitdejjlâmer, Cefte imprudencelà:vouloirfegendarmer Contre mesbonsavis
&
franchir fa clôture! 11 fefaitplusdetort qu’ilnecroit, jevous.jure;11 falloirfaireenforte... .
,
Richard.
•
Eh
!quen’ai r jepasfait!«
Vousperdezlebonfens&
l’efprittout-à-fait, 5>Luidifois-je»Monfieur;Ecoutez-moide grâce,»
Attendez feulement quetethyverfc paffe.>»QuoiîMonfieurleMarquis,ne vousfouvieht-il plus ï>Combienpendantdeux ans parlagoutte perclus nVousfûtesendattger?un mouvementdebflè '*^ J»Rendoitlaguérifonencorplusdifficile.
•>»SivotreMédecinjugeatrès-à- propos
y>D’établiren votreameun abfolu repos; SIpolir effefluercereposnéceffaire nIIvousrecommandade vivrefolitaire
,
» De
relierenfermé dans votre appartement/»
De
n’ycommuniquerqu’avecmoifeulementt>Et qu’aveclüi....» *
Le Médecik,
»
Sans doute* '
DigitizedbyGoogle
0 ' U Enfinfilaprudence V’M’ordonnadeveilleravec perfévérance
»Autour devous,afind’enchafieravecfoin
»Touteoccupation
&
pourvoustenir loin»
De
toutce quipourroitfepafiferdanslemonde:»C’eft qu’ilconnoitfortbien votrehumeurfuribonde.
>1C’eft qu’il craint....»
Le MéoEciN.
Maisvraimentc’eftpourcette raifon
Que
jel’airetenuhorsdecettemaifon Depuis deux anspafies;que danscetteCampagne,
Qu’il a danslesforêts,an pied d’unemontagne
,
Jel’aifaitdemeurer depuis ce
même
tems,
Pourqu’ilyfûten paix
&
loindes mécontens.Quin’auroientpasmanquédeluibrûler la bile ,
ttle*voilà_'morbIeu!deretouràla villeI
Â
Paris!depuisquand?Richard.
Depuishier.
LeMédecin.
»Ma
foi <'Danshuit joi)fsilefimort.
Richard.
Comme
vousje lecroLLe Médecin.
Desaffairesdu tems connoit-ilquelque chofe?
•4
LE CÔNVjflES CENT DE QUALITÉ,
• »
Richard.
Paslemot. Luiparlerdelamétamorphofe
„ Qui
vientde s’opérer depuis quinzeouvingt mois, Ceutétéluiplonger vingt poignards àlafoisDans
leplusvif du.cœur.Le Médecin.
11eftAriftocrateî
Richard.
®e
Pereenfils.Le Médecin.
Jngez decettedifparatej Siparcequim^arriveilfautjugerdelui! Monfieur Richard,lebienquis’opèreaujourd’huiÿ
Me
donneunairvermeil,ma^foi,quifaitenvie; Je ne
me
fuisjamaismieuxportédema
vie.Jefuisbon'Citoyenau moins:laLiberté Eftun régimedoux
&
furpourlafamé;Larévolutionnuitàlamédecine; Iln’importe;maislui,leMarquis d’Apremine! Haut-ôc-puilTant-Seigneur,Defpote habitué
Au
jeu, queTespareilsontfilong-tems joué.Que
«va-t-ildeveniriilen perdrah.tête.Richard.
t Parfon début déjàjeprévoislaaempête.
Furieux defevoircontrarierfifort Surleprojetqu’ila de s’échapper;d’abord Ilachaffe fesgens;c’eftune chofefaite.
Hierilmîordonna defairemaifonnette:
Et depuis ce matintouteftnouveau céans;
«
DigitizedbyGoogle
*
COMÉDIE, Act.
I.* Secréulte,Cocher,Laquaispetits
&
grands; Moifeulenfindetous jerefteàfonfervice.Voicilepis,ilvientd’ordonner à fon Smfle, Eftafierquin’entendnirimeniraifon
,
D’ouvriràtoutvenantfaporte
&
famaifon.Le Méde
c in.Ma
foi!tantmieux.Richard.
^
Comment
}Le Médecin.
Oui» tantmieux,jevousjure.
Puifqu*ilveut aprèstoutencourir l’aventure, J’aimemieux qu’enunjour
&
fansprécaution ,Ilapprenne enentier larévolution.
Recevant coup-fur-eouplés traitsquilemenacent, L’eiFetenferaprompt;lesgrandes douleurspalTent- Aulieuque pas-à-pas en fon propreintérêt.
S’iléprouvoit,du tems,l’afcendantindifcret ,
Cedétail ajoutantfa colereàfapeine, l|||
^ Illèroitdanslatombeau bout dela,femaine.
Qu’ilenfafleàfatêteau reAe»ileAperdu; Je levois;mais au moins'j’aifaitcequej’aidû.
Jeneveuxpaslevoir maintenant;dans une heure• Jeteviendrai;d’ailleursvous favez m'a demeure..
4k
DigitizedbyGoogle
6
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
,SCÈNE IL R
IC H A R D
,
H UM
!hum
!jenefuispointdemême
avisquelui;Mon
embarrasn’eftpas médiocreaujourd’hui:Autantqu'ilfepourra
,jeveux cacher encore
A
MonfieurleMarquisleschoiesqu’ilignore^Etjerifqueroistrop àluiparler fansfard.
Jefensbiencependantqu’ilfaudratôtoutard...;
Le Marquis
en dedans.Hé
!!.!Richard..
Ma
foilevoiciquiquerelle&
quigronde.SCÈNE III.
LE MAI^UIS
en robe dechambre&
enbonnetde nuit,RICHARD.
.
Le Marquis.
Hé
!fonnezjMons
Richard, appeliez toutmon
monde;Je prétends voirmesgens.
Richard.
1 Monfieur,jedois
Le î^arquis.
. Sonnez.
»
Digilized byGpogle
f
COMÉDIE, Act.
I. 7 Qu’eA-ceadire,Faquin,commentvous raifonnez?Richard.
«
Non,\IonrieurleMarquis,mais(buffrezque]edife L’avisdu Adédecln:ilredoutela crife..
.
Lç Marquis.
Je neredoute rien-&jeprétendsfortir.
Jem’ennuie aprèstout.
Richard.
.
De
quoi?deconfentirAuxfoins'que nous prenons de votrefantéchere? Attendez quelquesjoursencor,Moniteur,j’elpere Quevotre guérifon pourrafans
me
flatter. ...
•
Le Marquis.
Mon
corpsn’aqu’à guérir,jeveux bienme
porter.Sam
contredit.R
1cH A^
o>.Le Marquis.
Sonnez.Etvoyonsfi
ma
fuiteA
latoufnureenfin,quçjevousalprefçrite. •Richard
avec unpeude dépit&
commecontraint, fe retourne versVanti-chambre&
crie,^
Hé
!lesgens de Monfieur,entrez&
rangez vous.A 4
r
DigitizedbyGoogle
*
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ;
i
SCENE IV.
LE marquis
,RICHARD
,LAQUAIS
ddruk
fond.,Le
Marquis
regardantavec faloupelesjfaquaïsfanslivriei&
vêtus de differentescouleurs.U
O
IIcefont làmes Gensî.
Richard.
Monfieur,lesrollàtous.’
‘
LeMarquis.
Et d'ob vient,s’ilvousplaît^, qu’ilsn’»ntpas
ma
livréeîRichard
emharrajfi.i
i
Monfieur.. ,.C’enque....
Le Marquis,
lavôîx haute,aigre&
tranchante;çommedans Ÿtefquetout
U
r6le.Comment
?Uk Laquais
hardimentfrd'une voix defauffet.LaLoil’adéchirée.
^
LeMarquis.
Que
dit*ilîRichard.
Ilveutdire,en termes fingulien
Que
leurs habits étoientpourallerauxpilliers, .Qu’ilsétoientvieux,ufés.. .,
Di(ji!i.fedbyCîooalc
Mons
Richard,jevous charge D’en avoir denouveaux;quelegalonfoftlarge.
(Les Laquais femettentàrireentr’eux.)
Richard,
fièrementauxLaquais.Soyez,devant Monfieur, refpeûueux,,fournis;
Le Marquis.
Humbles,filencietix. *
Richard.
Ils
me
l’onttouspromis^y
Le Marquis,
lesregardantencorty Ilsontuncertain aird’alTurance,quichoque.J’entendsque
mon
afped,luifeul, lesinterloqueîEntendez-vous?
*
Richard.
Croyez,lorfqu’ils*-ferontaufait.:
«
Le Marquis.
Derrière
mon
carroffeunairtrès-fatisfait.Richard
donnant dans finfins.Lefrontémerveillédeleurbonnefortune?
Le Marquis.
Oui,fiersd’êtreéchappés àlafoulecommune; Sur-toutl’œilarrogant qui regarde enpitié, Làces*petitesgens qui vont toujours àpi4*^
Cesavisfontdepoids.
Le Marquis,
charméd’itredeviné,^ Sanscontredit.
Ah!vous
me
comprenez,vous avez del’efprit.{Richardfaluei) Je veuxpartirdemainpourallerà
ma
terre.D’Anjou. ,
Richard.
Permettez-moi,fansvouloirvousdéplaire,
De
vous enempêcher,l’airefttropvifpour vous.Le Marquis.
Eh
!bien,ilchangera.Richard.
Quandildeviendroitdoux,
Vousne pouvezpartir;l’objetde cevoyage
,
Eftd’allerpromptementjouirde votre ouvrage?
Vousvoulez voirle parc* le jardinén^ais
Que
vous avez, Monfieur,çomipandés à grandfrais?LeMarquis.
• \
Précifément. Ainfi préparez
ma
voiture.Richard.
Cesjardinsne font pas en
^t
,je^ousjure.Pour aborder au parc, fera-t-on pourdemain Unelieueà-peu-prèsde votre grand. chemin? 11n’eftpaslait.
Le Marquis.
D’oùvient?
Richard.
Ilfaudroitpar journée
it
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ
Quatrecentsouvriers»pour qu'au bout de l’année
Ce
cheminlutfini.Cesgens coûtentfortcher.Lç Marquis’.
Vous
me
bercez toujoursde,vos contes enl’aii.Ilfalloirm’avertir d’un objetaufllmince.
A mon
petitparentl’Intendantde ft-ovince.Pourquoine pasécrire,afinqu'àcechemin Millehommes
,parcorvée,aillentmettrelamain? Iln’encoûteraitrien
&
lachofeiraitvite.Richard.
On
ne peutriendemieuxqu’unetelleconduite:Maiscomment,furce point,
me
ferois-je intjigué ?Le Marquis.
Ceft moins querien,unmotà fon fubdélégué.
Richard,
héfitant.n
foutencor,Monfieur,quejevousavertiffeD’unfait.... .
Le Marquis.
Dépêchezdonc,vousfaites
mon
fuppnce 1|IchAr
d.C’eftde votrejardin angloisdontils’agit ,
L’ouvrageeftrelié là,c’eftcequel’onm’écrk.
On
a, dans votre plan, comprislachenneviére D’unecertaineveuve,AdritmcMercïere,
Ellefaitun procès aujourd’hui, pour prouver
Que
deIbn bien,Monfieur,enne peutlapriver.C O M É D
IE Act.
I. 13Le Marquis,
rkannant,^
Sonbien?àlabonneheure!
&
puirqu’clle réfifteOn
plaidera.Voyez, voyezmon
féodifte;Nouapartageons:dèslorsque cefol
me
convient, C’eftàluide prouver que cefolm’appartient.Ilellfort .habile
homme &
j’enfaisfonaffaire.En
atteiidanttoujoursprenezla clienneviére:Elleimportebeaucoup?. .
,
Richard,
avecimportance.’ C’eftpourbâtir deftus L’herraitage,
&
je croisletempljde Vénus.Le Marquis.
Bien1... .
allez.
(Richardfort. )
SCÈNE VI.
•LE MARQUIS, IBAUT LE R
pere,fon vêtement « recouvertd'unelargeredingotte boutonnée.Gautier.
Le
bonjour à Monfteur d’Apremine!Comment
valafanté?Je juge à votremineQae
vousnemourrez pas encor decelle - ci:Tantmieux!vivez long-teiçs1jeledélire ainft.
Lagoutteeftunfiermal,fij’encroisl’apparence.*
Quantàmoijufqu’ici
,l’utiletempérance
,
Un
exerciceégaluntravailbienréglé ,DigitizedbyGoogle
ï4
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
Onttenu cefléaude
mon
toîtexilé.Quoiqu’ilenfoit,jevienspour vousparler d’affaire.
AiTc^ons-nous,Monfieur.
(Ilprend unechaïfe
&
latraîne,') ,Le Marquis,
d'unehauteurpincée,« 11n’eflpasnéceffalre.
Gautier.
Je viens de
mon
domaineà pied,vous jugez bien Qu’ileftfortnécelTaire,entout cetentretien,
Que
jem’afleye unpeu':même
aifance fansdoute •Vousatrangetafort,carvous'avezla goutte.
Le Ma%.QUis,
demême.Lagouttenefaitrien,maisleségards beaucoup,
Gautier.
Les égards ne fontrienohlebefoinefttout:
Et quand jeVuis bienlasj’aibefoind’ui\echaife.
(Il faitminede i’ajfeoire%afjurantfon- fége. )
Le Marquis,
dumêmeton&
un peu^plusméprifant.Si je reftedebout?cependant
Gautier.
O <
•-
A
votreaife.Oh
!jene prétends pas vous gêner,entrenous ,VousêtestSenlemaître
&
vohsêteschez vous,{^lls'ajjied.)Or
donc pourenveniràce,quejeveuxdire.., .Le Marquis
,ftupé/âit, aprèss'êtreagitiys’approchant&
dumêmeair, 'Aquiparlai-je ?DigitizedbyGoogle
A
qui?jevaisvous eninftruire.Jeme
nomme
François-Henri-Louis Gautier ,Citoyen,exerçantl’eftimablemétier
De
faireprofperertroismillearpens deterre,
Dontfansdevoir un foujefuispropriétaire.
Lequel bien au-furplus entoutebonnefoi.
Accru de pere enfilseftvenujufqu’^moi
,
Depuis quatrecentsansonremonte l’époque
De
NicolasGautierqui bâtitma
bicoque:Elleeftun peuplus belle,en cemomentqu’alors; Maisj’yreftetoujoursmes-ayeui^yfontmors.
Etjeveux,vnletraindeschofesqui fepaffent ,
Que
dansmilleansd’icilesGauticrsy
trépaffent.En
quatremots,voilàquij’étois,-qui jefuis;Ma
qualité,mon
bien,& ma
vie&
fesfruits. ^Le Marquis,
en ftu£et&
d’unton proteSeur,Eh
bien!queme
veux-tu Gautier? •Gautie
r,riant&
felevant.ce langage Jevousvois
nmn
ami.Bon1Le Marquis,
d'unair fier'&
brufipu, . Pointde badinage.Gautier,Monfieur Garni»- vousoubliez jevol
^
Le
refpeûquel’ondoità des genstelsque moi..
Gautier.
". Je mailquederefpeél?,6
le CONVALESCENT DE QUALITÉ, Le Marquis,
fichement.*
Ouibeaucoup1
Gautier.
L’apparence Puifquejeviens pourfaireavec vousalliance,
Demanderpour
mon
fils , filsunique Matthieu, Vottefillecadette en mariage,.•.
Le Marquis.
O
Dieu!Gautier.
Comment
doncï^
Le M
ARQ
UIs,s’agitant.Qu’elle horreur!
Gautier.
Et que voulez -vousdire.
LeMarquis.
V Sorsde chezmoi,Faquin,Gautier.
Allonsvous voulekrire»
#
Le Marquis,
vers Variticha^bre.Holà!mesgens,àmoi!mesgens,mesgens,Holà! (Les Laquaisentrent.
) Qu’on
me
chaffe cethomme.(^shéfitent,illespoujje.)
* Allezvite.
Gautier
,/êretranchant&
ficampant fur finbâton enenfonçant fin chapeau,Alte-là, Voyons
DigilizedbyGoogle
>7
COMÉDIE, Act.
I.Voyonsquid’entrevous auracetteinfolence? (i/ouvrtfaredingote £•montreàdécouvertfonhabit national.) Regardezcet habit.
(Xm
Laquaiss’enfuient.)• "
LeMarqvis.
«
Maisilsfontfous,jepenfe.
Rentrez poltrons,rentrez.
Gautier
,affirmativementau Marquis^Ilsne rentreront pas.
Etjevous en réponds.
De
pareilsattentats Sontindignes,Mondeur,d’unbrave&
galanthomme.De
queldroitpouvez-vous,fi?.,.Le Marquis,
criant&
s’agitant.JeillisGentilhomme.
Gautier.
*Eh
!qu’importe?Le Marquis;
Marquis!
homme
dequalité!Gautier.
A
labonneheure.I
LeMarquis.
Ilfautêtrebieneffronté..i;
Gautier.
’En
quoidonc?de venirdemandervotrefille?Eh
bien!quandonrejetteune honnêtefamille,'Un
honnêterefusfuffit,Monfieur,jecroi Qu’iln’eftquelescoquins qu’onchaffide chezfoi.B
«
DigitizedbyGoogle
tt
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
•Au
reftej’oublieraicetteinfulteinfenfée;Mon
filsm’eft cher,luifeuloccupema
pcnfée.Ilaime votrefille,ilenefteftimé....
Le Marquis.
Lui?
Gautier.
Je puisdireplus,c’eftqu’ileneftaimé.
Le Marquis.
Cela nefepeut pas,
ma
filleeftDemoifelle:Aimer unroturier!
Gautier.
. L’amourferoitnouvelle
En
effet.Au
furplusj’approuvecetamour,
Je n’y renonce pas,voyezà votretour.
Comme
jenefaisrienquinefoitlégitime,
Agir ouvertemeutfuttoujours
ma
maxin\e.(tfun tondécidé.) Je vous en préviens donc;j’idolâtremon
fils.Touslesmoyens,Monfieur,qui
me
ferontpermisNon
pas par voserreurs,nipar votrenobleffe,
Maisparlesloixde France
& ma
délicateffe ,Pourfaireunmariage heureux
&
défiré ,J’enfkurai faireufage
&
je lèsemployçrai. (//fort. )DigitizedbyGoogle
*9
*
\
COMÉDIE, Act.
LS C É N E
.V
Ir.LE MARQUIS,
ftul.Pa
Rexemple,voilàlecombledel’audace!...M’infulter?...
me
manquer?...quefaut-ilqueje faffe?. .; Fort bien !...L’autorité:fansdoute.Tu
vas voirComment
onfait'rentrerun Drôle en fon devoir.f
IIprendlafonnette quiejîfurlatableenformede\
Bureau à fa gauche,ilfonne,un Laquaisvient.Mon
Secrétaire...ildit,ilprétendquema
Elle.. .Nousverrons;carcecin’eû pointunevétille.
Oeftunprojet affreux...à reculerd’horreur.
Qu’ilfautpunirfoudain.( Il fonne.)
»
SCÈNE VIII.
LE MARQUIS, UN LAQUAIS.
Le Laquais.
^^UE
vousplaît-il,Monfieur,'Le Marquis.
Richard,
mon
Intendant.(Le Laquaisfort.}
DflitizedbyGoogle
SCÈNE XI.
LE SECRÉTAIRE, LE MARQUIS,
î
Le Secrétaire.
J
leSecrétaireDe
MonfieurleMarquis.DigitizedbyGoogle
COMÉDIE, Act.
I.Le Marquis.
Il
Vousm’êtesnéceffaire.
Vitemettez 'VOUSIL
(LeSecrétaire s’ajjiedau Bureau pourécrire.)• Fort bien,petitpapier, Pointdemarge,àlaligne...hum!le
nommé
Gautier, (Il diéle,&
leSecrétairerépététederniermotdechaquephrafet)»
Le noijmé
Gautier,homiTie decampagne
,vient»Monfieur.... [Il s'interrompt.)
Hé
!quefaites-vousdonc?labévueeftinfigne;Ne
mettez,leMonfieur,qu’àlafécondéligne.(Ilreprend.)»
Le nommé
Gautier,homme
decampagne,vient,»Monfieur,de
me manquer
d’une maniéréoutra-» geante
—
outrageante.—
C’eftchezmoi
,&
enface» de
moi
qu’ils’eftpermislesexcèslespluscriminels»
—
<riminets.— Le
filsdecethomme
apouliela»
démence
jufqu’à parlerd'amouràMadame
laGha>-»noinellè
ma
fille— ma
fille.—
Je vouspriede m’en-« voyerfans retarduneLettre-de-cachet.... .
Le
sECRÉ t-aire,
avecétonnement.Que
faites-vous,Monfieur, daignez confidérep.# Le Marquis,
avecdédain.•s
Que
cen’eft.pas àvous,Monfieur,à m’édairerîLe
sec r-ét aIre.Surce point cependant,oferai-jevousdire,.'.l
Le Marquis,
impérieufemenr.Rien,Monfieur, rien.du tout, vous ne devez cm’écri*, ilconiiiwc
B
i4
) DigitizedbyGoogle32
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
»uneLettre-de-cachet,pourfairemettre enlieu fût,
»cesdeux
hommes
-là.J’attends ce fervicedevotre»extrêmebonté
— EXTRÊME BONTÉ
!. ..
—
Vous» favezavecquelattachement,...je fuis...Monfieur
,,
**votre...très-numble...&très...obéi(rant...ferviteur.i»
(Le Marquisfigne.)
Le Secrétaire.
Monfieur,
Le Marquis,
ledédaignant.^ Pliez laLettre,&
mettezle-delTus.»>
A
MonfieurleLieutenanNgénéral dePolice..^7Le Secrétaire,
impatienté.Jevousledifoisbien,vosfoinsIbnt fuperflus ,
Jecommenceàrougirde
me
voirfidocile.LesLettres-de-cachetfont,Monfieur, duvîfeux ftile;
Vousn’enobtiendrezpas.
Le Marquis,
avechauteur.Laiflbnslesentretiens.
C’eftlatrente-feptiémeenunmotquej’obtiens ,
Etpourmoinsquecela.Vousdevezdonccomprendre..:
' %
Le Secrétaire.
«
Que
vous n’en aurez point, Monfieur, daignez m’entendre;Et quant au Lieutenant àquivous écrivez ,
Vous
me
furprenezfort.Le Marquis.
Mon
ami,vous rêvez, étd’oîivenez-vous donc?de l’Angleteae?j’aime Votremoralité.»
DigitizedbyGoogic
C O M É D
IE
,Act.
I. 1Le Secrétaire^
avechumeur^
fe levant.Doù
venez-vous,vous-même,''^
MonCeurleMarquis?
Le Marquis,
avechauteur.Quoi!qu’eft-ceàdire?comment!
Vous
me
manquez.Le Secrétaire,
avecunedignité flegmatique.Manquer!...non,MonCeur,nullement.
Maislorfqu’unbonFrançais,foitfoiblelTeou méprife,
A
lemalheurd’écrireunetellefottifer Toutinutile,enCn,quefoituntelpapier, C’eftun crime.(Il déchire la Lettre&
la jettefurla table.)Etvoilà
comme
ildoitl’expier.{Ilfort.)
SCÈNE XII.
LE MARQUIS,
/«/.Ins O
LENT
!Malheureux....horsde chezmoi!je jureDe
gliflerau Miniftreunmotdecetteinjure.- Tuverrasleurcolere,&
quefurcefujet Ilsneplaifantentpas,. ..ûcen’eftenfécret....
C’eftde Londres qu’ontientcescoupablesfadaifes, Vousverrezqu’ilen vient,oudesîlesanglaifes.
On
devroitruiner cesmalheureux pays,Où
lacanailleadroitdedirefonavis.Iln’eftrien,ûlesRois vouloient un jour s’entendre Qu’à toutlegenrehumainiilsnepuflentdéfendre:
B
4t
DigitizedbyGoogle
24
LE CONVALESCENT DE qualité;
Que
nousferionsheureux, nousalors!eneffet Rien neferoitplusjuffe,&
plusfage,&
mieuxfaitQue
d’affervirlaterre&
fur-tout la françaife, Pour nosmenusplaiflrs,&
nous mettre à notreaife.(Cojnmeilva pour fortir iltrouve Tinterlocuteurfuivant furfit pas.)
SCÈNE XIII.
LE MARQUIS
,BERTRAND.
«
Bertrand,
hommehrufque,fansinjolenee; mais fanspolitejfe.A H
!MonfieurleMarquis,jevous trouve àla ffn; Aprèsunfilong-tems vous vous montrexenfin!£ff<eaffez,dites-moi,faireattendreunpauvre
homme A
quivous retenezuneaufiifortefommef Si jem’étoisdoutédecela,non,morbleu!Jen’auroispas acquis
&
jouéfigrosjeu. *Comment
,moiCréancierpour vous rendrefervice.Le Marquis.
Appalfez'vous,Bertrand.
Bertrand.
Oh
!decettemalice Jefuisdupe unefois;mais vienne qui voudra ,Je réponds déformais... .
Le Marquis.
Allons,Ufsmira.'
I
comédie; A%
r.I.Bertrand,
Ceft uneconfcience.{fe frappantlatête.)Infenfé!Miférable!
Quanddoncferas*tu las d’êtrefiferviable!
A
l'Hopiul^ Benêt! 'LeMarquis.
Paix!paix!entendons 'nous.
'
Bertrand.
Me
voilàruiné. •Le Marquis;
Bertrand, affeyez-vous.'
Bertrand.
Je ne veux pasm’afleoir;toutesces pofitefTes
Ne
fontpasmon
affaire.Ilme
'fautdesefpéces.'Le Marquis;
•
Savez-vous,
mon
ami,que vous'êtesch<* moi,' Et que vousme
manqueziBertrand.
Je vousmanque?
ma
foi!* Je vousfuisobligé.Dites-moi,jevousprie,
Quand
vousvîntescheznous, quej’eusladuperie*D’époufer,enunbloc,trente-feptCréanciers, Quitousfaifoientarrêtaux mains de vos fermiers;
Qu’envousen délivrant, en un jour,furmeslivres.
Je vous couchai, Monfieur, pour deux centmille livres;
Jenevousmanquai point?voilàlegrand merci!
Maisaufait
,jeverrailafinifttoutceci.
Jeveuxêtrepayé.
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a6
LE C02 »vAeSCENT DE QUALITlÉ, L
EM
A R.QU
1S.Vousleferezfansdoute* Jefaisbienà*peu*près,toutce quejevous couteJ Maisvous favez audl,malgré cegrand courroux,
Quelfutl’arrangement,alorsprbentrenous?
Bertrand.
Chanfons!que toutcela.
.
Le Marquis.
“Maisvous perdezlatête.
MaisBertrandautrefoisvousétiezdoux,honnête.
Bertrand.
J’étois
comme
j’étois;ilapaflevraiment Bien del’aaufous lepont depuis l’arrangement.Le MaRqu
is.Non
,non, riefcn’eftchangé;je fuistoujourslemême.
Mon
amitiépour vouseft jepubdireextrême ,Etjetiendraiparole.Arrangeons nous,voyons.
Xoici donc,ce
me
femble,à quoi nous enétions.Vousavezdois enfans, deux garçons,unefille.
Un
neveu....*
Bertrand.
Brrd!oh!bien,s’ilfautque
ma
famille Attende....Le Marquis.
Paix,Bertrand,
&
laificz-moi parler ,/
B
E lA*R A ND.Eh
!non,déjàjevoisoùvousvoulezaller.Le Marquis,
avecimpatience&
hauteur.Lalffez-moidoncfinir,eft-ce ainfiqu’on abnfe .
Bertrand.
Mon
Dieu1je leveuxbienfiMaisvous prêchezunfourd.
Le Mar
Pointdutout,vous verrez.^
N’étions-nous pasd’accord,^vous en conviendrez.
Qu’àl’aînéde vosfils,parlecréditîmmenfe Destroisnouveaux pareqts quej’aidanslaFinance Jeferoisobtenirunedireélion
DesfermesenChampagne,avec condition'
Que
lepolievâudroitfixmilleécusde rente.Sansletourdu bâton,?l’affaireeft excellente!
Voilàl’aînéplacé.Quantàvotrè cadet
,
Que
j’aivufijolifouslepetitcbllet," <
Nous fommesconvenus,que
ma
foeur laBaronne^Dont
lecréditpeut toutfurcertaineperfonne ,Le nommeroitbientôt,vulefoinquejeprends,
Au
Prieuréd’Evron qui vautfixmille francs.Votrefille,qui doit,
comme
jeleptéfume, Epouferl’anprochain,certainhomme
deplume,
Doitluiporterén dot deuxmilleécusauffi
De
rentefurlaCaiffeétablieàPoiffy.11nousrefteunneveu,qui,furlaLoterie
,
Doit obtenir unbon,lequel,jeleparie,
Luivaudra touslesansmilleécuspourlemoins.
Etvousquinepouvez avoir perdu vosfoins ,
Jevousferaitoucher, malgré vôtre fortune.
Centlouischaqueétéfurleclairde
k
Lnne.vousatnufe ,
Qü
Is.i8
LE COITVALESCENT DE QUALITÉ;
Bertrand.
Centlouischaqueété?
Le Marquis.
ê
j[eftvous reviendraquandilme
plaira; Calculez maintenantDesrevenusnombreux"que
ma
faveurvousdonne;Et convenez aumoins,d’uneamefranche'
&
bonne Vosdeuî^centsmillefrancs l|kayés&
rabattus,
Que
vousme
redevez encor centmilleécus.'
Bertrand.
fefuisdéfefpéré,carlaperteeftfunefle ,
De
ne pouvoir,Monfieur, vous rendre votrerefte.Le Marquis.
^Je vousenfaispréfent,nous relierons amis,
<'
Bertrand.
Non
pas;mesintérêtsferoLenttropcompromis.Voiladonc votrecompte?
L
EM
A RQ U
Is.• IleftclairSifollde.
Bertrand.
Très-folide:orvoici lemienqui
me
décide.A
bienjugerdu temps&
del’airdu bureau ,Laraifonaréduitvoscalculsàzéro.
Votredireélionfur lesFermesau Diable!
Les Fermiers maigriront,riendepluséquitable.
/
Di^.tizec
COMÉDIE; Act.
I.Vosemplois de Finance,ailleurs,tout
comme
ici ,Jen’endonnerois pas douzefols,Dieumerci!
^quant
au Prieuré,pour detelsBénéfices ,
Mon
filsn’apasletems dediredes Offices;Et bref, àlatonfureilafaitfesadieux; Ileftbrave Soldat,
&
cela luivamieux.Ainfi tout calculé,daignezprendrelapeine
De
repondreen argent audefleinquim’amène.' Mesdeux centmillefrancs;jelesveux,ou|finon Vosbiensferontfaifis,ouj’yperdraimon
nom.Le Marquis.
C’enefltropàlafin
,
mon
amecomplaifante A.bienvoulufouffiir cettehumeurimprudente...Bertrand.
Quand
onnepayra paslesdettesqueTonfait ; Ilen faudrafouffrirbiend’autres,s’ilvousplaît.Le M
AR Q V
1s,mmuçunr.Sais-ti^bien',que qui veutfejoueràfesMaîtres;
Courtrifquedefauter enfinparlesfenêtres?
Bertrand.
Mes
Maîtres?eft-cevous.Le Marquis;
- - 'Oui,noustel’apprendrons;
Bertrand.
Ab
1ah'•feiftdemain.»9
50
LÉ CONVALESCENT DE QUALITÉ,' Le Marquis.
Ah
!faifi,nous verroitf^Je voudrois bienfavolrquelhuiflier affezbête,
^
Aflèz audacieux,quelJugemal-honnête QuelProcureurenfin affezfot,étourdi Feront exécuterIçprojetquetudi?
Mon
GendreeftPréfident àMortier.Bertrand.
Jem*en moque J’aiSentence,
&
mesGens.'Le Mar
q-vis.’ Toi,drôle!jet’évoque
Au
Confeil pourlavie.Bertrand^
Etmoimieux quecelai SurlePont Saint Michel(*),
&
tirezvousde-là.Le Marquis,
Aorsdelui.*
•Infolent!fors,faquin.. .;
Bertrand,
outré.Si je n’aipas
ma
fomme,
Que
plutôt,;;;&
cela s’appelleungentilhomme.{Ilfort.)
{*)Placeoùl’onvendlesmeubles par autorité dejullîce.
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comédie; act.
I. -3 *SCÈNE XIV.
I
*
LE MARQUIS,
fcul.A. H
!drôle,parmes Gens,pourchâtiercetoni Jete feraidonner mille coups de bâtons.
Jefuisd’unefureuràtenircespromeffes;
AyezdoHc^ des bontés après pour ces efpéces!
Je n’ycomprends plusrien,lemondeeftrenverfé..;J
L’homme
eftréellement quelquefoisinfenfé ,En
voilà déjàtrois,troisà quije faisgrâce.Maisd’oùcelavient-il?d’honneur!ceci
me
paffe.' Ai-jeétéd’unabord tropdoux,tropfamilier î* Jelecrains:carilfautmâterleroturier; Permettretoutau-plus,l’accèsde l’anti-chambre.;;Ab
!jevob,jen’avoisquema
robedechambre Etmon
bonnetdenuit.Vraiment!jen’avob pas Cetafpeâ impofant qiûlesrangefibas.Ilfautlesétourdir,c’eftlabonnemaniéré.
On
enfaitce qu’on veut après:àlapremière.Jenerecevraiplusdepareilsavortons.
Sans avoirfur
mon
corpsma
plaque&
mescordoi^.'»
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
•
SCÈNE XV.
LE MARQUI5, RICHARD.
.Le Marquis.
R.ICHAKD
!holà:Richard,Richard.'
. Monfieur;
LeMarQuis.
Arrivezvite.
•
Eh
bien!vous m'exporer auxcris,àlapourfuiteDe
mesvilsCréanciers,vousnavez nultalent.Vousfouffrezqu’un faquin,vindrôle,unInfolent Vienne
me
relancer?n’avez-vous pas de honteDe
compromettreainfimon
fang.R
l/cH
AR
D.Monfieur,fon compte.'
LeMarquis.
Ildevroltmillefols,êtrepayé,faquin
,
Sivousn’étiezunfot
&
peut-êtreuncoquin.Richard-
Daignezconfidérer....
Le Marquis.
Quoi!depuis deux années
Que
mespoffeflionsvous font abandonnées,
Digiii.:dbyCîooglt
. ,i.î
c O M É D
ïE
,Act. L
Depuisma
maladieenfinvous n’avezfu Tirer aucunparti.. ..
Richard.
Monfieur,fi)’aiperçu
De
vosterres,i; ;Le Marquis.
Non
,non,écartonsces mifteres.' Jefaisquevous n’avezrienperçu demesterres,
Ou
dumoins peu de chofe>àmon
empruntdernier J’encédai,j’enconviens,leproduit toutentierAu
prêteurpourfixans.Jeparled’autrechofe;Etquand,jufqu’àce jour,vousn’auriez,jefiippele TouchédemesBrevetsquetrente mille écus...
.
Richard.
Trenteftiille?
&
furquoilesaurois'jeperçu?}Le Marquis,
avrcchaltuT&
humeur.Comment
!furquoiifurquoi?le fat!lefot1le cuiftre! LestroisGouvernemens,queledernierMiniftre M'accorda dansun jour,n’eft-cedoncpasaffez? N’avez-vous pas louélesglacis.,lesfolTés ? Taxélesjeuxpublics?revenduma
marée? Impofélesmarchés?prêtémesdroitsd’entrée}Lemoyen... .
Richard.
Le Marquis.
N’ai-jepasundroitde pot- 3e* vin;
P«pr
nommer
aux emplois deSyndic,d’Echevin}Ç
34
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
Cinqàfixontvaqué,j’en fuisfur;bonapôtre!
Combienlesavez>vousvendus,l’un-portant l’autre?
Richard.
Hélas!üvousfaviez... .
Le Marquis.
Vousêtesunfripon.'
Richard.
SiVOUS ne voulezpas... .
Le Marquis,
plus agkê.Parcequeje fuisbon Moniteur vole,
me
ronge, oui, c’eftunefang.fue.' ' Ilatout le profit,moilejpal:jeme
tueA
guetter lesemplois,àcourir lesbureaux Dèsqu’unpofte eftvaquantjecrevemes chevaux;Etjen’enfuispas mieux.
Ah
lvotreefprit feforge..lR
IC1**ARD. * Ecoutezfeulement...'.Le Marquis.
Fripon!vous rendrez gorge;
Etjevous apprendrai.. .
Richard.
^ Mais,MonfieurleMarquis. .;
Le Marquis,
en s’en allant.Vousfaurezcequec’eftque des biensmalacquis.
* Fin du premierAcle,
*
COMÉDIE, Act.
II.A £ T E I
I.SCÈNE PREMIERE.
LE MARQUIS
,RICHARD.
*Le Marquis.
£ H
bien!mon
Médecin,vient-il?Richard.
Danslaminute.
Le Marquas.
Jevaisdansunfeuimotterminerladifpute.
Etjeprétendsfortiravantla findujour.
Ne
vient-ilpasd’entreràl’inftantdansma
cour.Un
carroiTeivoyez;Richard,
regardantâla fenêtre.Madame
votrefille,LaChanoineiTe.
LeMarquis,
'“
Ah
!ah!R'iC
H
ARD.Jelavoisàla grillé*
LeMarquis.
*Faites -lamoimonter. (^Richardfort,)-
Ç
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36
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ;
S C É N E î
I- 0LE MARQUIS, /«A
Je
vaisêtreéclairciDe
cetiffud’horreurs qu’onme
djbiteici.. .Non,jene reviens point del’excès d*infolence
De
ce Gautier,qui vient*..,D'honneur!lorfquejypcnle, Je ne peuxliirce "point redouterundanger»Sijeri’avois
mon
rang& mon nom
à venger ,Jeri’enferoisquerire:
&
mespareils,je jure,Que
jeveuxréjouird’unetelleaventure,Quand
lepere&
l’amantferonttousdeuxcoffrés ;Vontpartird’unéclat,auxrécitspréparés DesbourgeoifesamoursdontlesGautiers m’honorent; Ma’isiln’eftpas décent quecesdrôles ignorent.
Qu’onnes’adreffepoint,quand onfaits’eftimer, .
A
desgenstelsque nous,lorfquel’onveut akner.SCÈNE III.
.LE MARQUIS, MATHILDE.
Mathilde,
accouTont.]^JoN
pere!à vous revoir quema
joieeftextrême1COMÉDIE, A CT^
II.Mathilde.
, Moi,
mon
pere?Le Marquis.
Vous même»
Mathilde.-
Quoi!depuisfilong>tems abfénte de vos yeux,.Jen’aipasûtisfaitce déür précieux
,
De
ferrerfurmon
cœur unpereque j’adore;Jevous vois
&
vos brasme
repouffentencore1Le Marquis.
N’avez-vouspasde honte, opprobre de
mon
fâng^D’avilirà ce pointl’éclatde votre rang?.
.
‘
Mathilde. * De
quoime
parlez-vous,vousme
glacezdecrainte^.
JHgnorelefujetd’unepareille plainte.
Mon
cœureflfansreproche.0 Le Marquis.
Ecouter,accueillie
Un homme
dunéant, n’ell-ce pass’avilir?Comment
avez- vous eulebafTeffe&
l’audaceDe
fouffrir. .. qu’il ôfatvous regarder en face?OublierfanailTance
&
négligerfesdroits 1Mathilde.-
C’eftdeMonfieur Gautier que vous parlez,jecrois?
Le Marquis,
fiirUux.MonfieurGautier!...Monfieur!..Pfèveuxlafairependrev
«
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3?
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ;
Mathilde.
Mon
pcre,calmez-vous,jevais tout vous apprendre.^ Mon
cœureftpurfansdoute,&
l’honneurleconduit.Un
foir,dansmon
Couvent,desBrigands, à grandbruit Viennentleferenmainpour enbrifer la porte.Soudains pourleschaffer ilarriveune efcorte
De
Citoyens armés,dontlesnobles fecours,De
noustoutes hélas!conferverentlesjours;C’étoitMonfieur Gautier....
Le Marquis,
fortement.PointdeMonfieur,
Mathilde.
Mon
pere;Le Marquis.
Point de Monfieur,vous dis-je,
Mathilde,
avecdouceur.Eh
bien!ilfautvousplaire.Gautierdonc commandoitces
hommes
généreux.A
lafaveurdutrouble&
dudefordreaffreux ,Quirempliffoit alors lamaifon alarmée ,
Il
me
vit,&
jecroisquefans êtreblâmée,
Jepuis fairel’aveuque dèslepremier jour, Jelusdansfesregardsfes
vœux &
fonamour.'
Le Marquis.
Son amourITinfolent!. .. .
M(^thilde.'
Jen’oferaipourfuivre.'
Pourûiivez,fele.veux..^Cet
homme
étoitdoncirre.’
Mathilde,
fouriant.De
laplusgrandeDàme
,unhomme
peutenfin Etrefortamoureux,fansêtre prisdevin.tLe Marquis,
encoleretComment
!vousl’excufet? ,Mathilde.
Monfieur,filacoîere S’emparealnflde vous,fîj’aipuvous déplaire
»Parlepeu quej’aidit,ileflde
mon
devoirDe
taire'ce quirefteàvousfaire favoir.*
Le Marquis,
demême.Comment
!aimeriez-vous ce faquin?Mathilde,
avecfermeté.Oui,jel’aimei' Pardonnezcetaveu,je ledoisà
moi-même.
Sijedoisvous entendre encorel’outrager.
Je caufecetoutrage
&
doislepartager.Le Marquis,
hore delui,furieuxù
trépignant.Ouf...Jenefaiscommentdeceténormecrime Vousn’êtespasdéjàlapremière viélime..
.
Jene
me
connoisplus. (Il court égaré.)P
7
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
.Le Marquis,
<«délire.* Horrenr desGrands
,
A
moilaCour!Mathilde,
/
e/î«vÆ«.
Mon
pere! . ...
Le Marquis,
de mime.A
moi,lesParlements.Mathilde.
Ah
,Monfieur !...Le Marquis,
demène.C’eftunrapt. - .
Mathilde.
Ecoutez votrefille !.
Le Marquis,
enconvulfion.DesLettres-de-cachet!desExempts!lafia/Ulie Je fuccombe à
m^
honte.(Iltombe dans unfauttiûl.'^Mathilde.
Ah
!Monfieur,modérea Cesexcèsde douleur,vousme
défefpèrez.Soumife aux tems,aux Loix,àlaraifonfidde;
Jen’aipasdx^m’attendreà
me
voir criminelle.D’éprouver de l’amour, lorfqu’avec
ma
verm, L’Hymenmettra d’accordmon
cœur.«
Le Marquis.
L’efpere-tu?
Moi
fouffrirdetelsnœuds!ma
filleêtes-vousfolle ? (Il ft leve. )Mathilde d’Apremine!àquelleindigne école
^
Di<iV.;:ii-.Cloogle
Avez-vousdoncapprisque vous pourriez jamais EpouferunBourgeois,un romrier?
Matbilde.
• »
Eh
Imais Vousme
furprenezfort;car..;Ls Marquis.
Une
Chanoineffe!Mathilde.
•Iln’enelVplus,
mon
pere, une Loitrès-expreflê Lesréduitàrien,&
vouslefavez....
•Le
Mar Q
VIS.Comment!
Mathilde.
Rienn’eft plusvrai. ; .-..-v•.
Le Marquis;
'Bah!bah!nouvellede Couvent!
Je ne m’arrête point àcetteiolleexcüfe.
Mathilde..
Je n’employai jamaislemenfonge
&
la rufe,
Etpuifque vous favez,fansdoutemieux quemoi
,
Quel
eft,enmon
état,l’avenirquejevoi ,Vous
diiSmulez-vousleschagrins d’unefille ,Ifoléeà jamais
&
prefquefansfamille?Vos
biensfontobérés, vous avez trop d’enfans.Pourpouvoir
me
trouverun épouxchezlesGrands.Le Marquis.
Maisjelefaisfortbien;maisauffi
mon
envie,
Mes
ordresabfolus,font quetoute lavie4»
LE CONVALESCENT DE QUALITÉ,
Vous re^ezfille.
Ah
!ah!vous voulezun mariiMathilde.
Les fenrimens d’honneur dont
mon
cœurs’eftnourriMe
difent;...LeMarqvis.
J’entendsbien.Vousn’êiespasun ange.
Maisongarde fon
nom
.... fa nobleffe,..ons’arrange;Mathilde,
avec unenoblepudeur.Jene vous entends pas, Monfieur,
&
fansvouloir Vous manquerderèfpe£I,nitrahirmon
devoir,
Je vous dévoilerai
mon
ametouteentière.Jefuisd^unfang très-noble,ilefivrai,lapremière Je veux en conferverTiclatqui m’eftéchu
,
En
reliantvraimentnoble à force de vertu.Nulbifarre défitn’occupe
ma
penfée: J’airefpritfiins'fierté^mais l’ame bien placée;Mon
cœurellnéfenfible,&
plus j’approfondis Ses goûts&
fespenchans,&
moins,jevousledis,Moinsje
me
recorinois laforce&
lecourageDe
bravërlanature,ou deluifaireoutrage.L’étatinfortunédanslequel,fansdétours.
Mon
pereme
condamneàconfuiriermesjours,EU
unétat afireux.Jen’y vois,lâns rienfeindre ,Que
dangers àcourir&
que vices à craindre, 'Que
cotnbats étemels,ouhonte à fupporter ,Rienàferendrecher,
&
toutàdételler.Un
fortbiendifférent s’offreà-monefpérance ,Dansladouce union,Monfieur,quivousoffenfe,
Quandl’honneur,laraifon
y
ralTemblentdeuxcœurs, Et qu’ony
porteenfinde l’amour&
desmœurs.C O M'É.D
IE
>Act. IE
tj4ÿ Lé M
a rq V
iifimpstitntê. 'U
fautqueje. .. .'
M
A TH
1LD
E,—
.,—
Mon
.père,unmotencor degrâce.Un homme
,àdirevrai,nonpasd’illuftrerace ,Mlisdü fanglepluspur, vraiment hortimëdfebien, Jeune,bienfait,aimable
&
parfaitCitoyen,
A
futouchermon
cteur;j’aime
&
je fuisaimée.Sid’unpareil
hymen
votreameeftalarmée, . .Que ma
fécuritéfoitpour vouslegarant . .<Du
bonheur del’époufe&
ducœurde l’anunt.Je neprofitepointdupénible -fvantage ,
De
cesdroitsbienrécens,quejetiensdeWôn
âge»"'
Pourarracher^jBjUpereUrtiiveudès plusdouxj J’ail’efpoirc<»HpKt-d’obtenir toutde vous;
Vous yréfléchirez,
mon
pere,&
votrefilleSera toujourscomptéeaufeindefafamille.(Ellefort,") iÙiîi
SI
S^Q:é
•LE M A.RQUIS,
/*«/.Je
nefais oîi j’enfuis.Jen’^comprendsplusrîert.;;Maisdu fangleplus j^ür1 . . .
Ün
parfeitOtoyeh!...Queljargoneft-ce-là?...Sa'têteeftdéilingée:
C’eft unromancomplet.J’avoisl’ameaffligée D’aborddetout ceci;maisjedoispréfumer
Que
cen’ellqu’unefolleàfairerenfermer.Et quelquefcélératà mettre àla baftille ,
Pouravoir adoré
ma
romanefqnèfillci •44
LE CONVALËSCÈNT DE QUALITÉ, Ah
!jevous apprendrai,Citoyendoucereux, Si d’uneChano'meiTeondevient amoureux,. 'SCENE V.
LE MARQUIS, LE MÉDECIN. ^
Le Médecin,
gaiement^très-humbles devoirsàMonfieur d’Apremine.
‘
LeMarquis,
grommlanu Bonjoui,bonjour,Doèïnr.Le Médecin. Ék
Qu’cft-cequi^Baschagrine?
Le Mar q v
i s. ,Desdrôles,des faquins,quifemblentaujourd'hui S’étredonnélemotpour caufer
mon
ennui'»Pour
me
fûre enrager;onme
manque.Le Médecin,
riaia.Jepenfe
Que
cen’eflpasleurfaute, c’eftvotreimprudmce Quicaufetout cela.(U
ritencore.)Le Marquis,
/
tfrprrr.
Quoi,Doéieur, voulez-vous
Me
manquerauBlèLe Médecin.
Moi
imon
cherMonfleur, tout doux.DigilizedbyGoogle