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LES BALLADES DE MONS SSENS LES LUNAISIENS ARNAUD MARZORATI

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Academic year: 2022

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LES LUNAISIENS ARNAUD MARZORATI

LES BALLADES DE MONSIE

BRASSEN ES DE MONSIEUR

ASSENS

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2

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LES BALLADES DE MONSIEUR BRASSENS

1 Le Temps 3’08

Paroles : Justin Gensoul (1781-1848) / Musique : anonyme (vers 1840)

2 Saturne 3’38

Paroles & musique : Georges Brassens (1965)

3 L’amour facile 2’28

Paroles : Charles Gilles (1820-1858) / Musique : François Masini (vers 1840)

4 Las que nous sommes misérables 4’42

Paroles : Philippe Desportes (1546-1606) Musique : Chansonnier de Chardavoine (1576)

5 Viens ma mie, viens ma vie 1’52

Paroles : anonyme / Musique : Chansonnier de Chardavoine (1576)

6 La Mort 3’57

Paroles : Raoul Ponchon (1848-1937) / Musique : anonyme (1920)

7 A son âme 1’59

Paroles : Pierre de Ronsard (1524-1585)

Musique : sur l’air Hellas, je pers mes amours (1586)

8 La religieuse 4’02

Paroles & musique : Georges Brassens (1969)

9 Dépité, j’ai quitté – Chanson dite d’Henri III 1’56

Paroles : anonyme / Musique : Deuxième chansonnier de Chardavoine (1588)

10 Ce petit air badin 0’56

Paroles : Alexis Piron (1689-1773) / Musique : sur l’air n° 913 de La clef du Caveau

11 Air des 3 notes 4’05

Paroles & musique : Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), édition posthume de 1781

12 La route aux quatre chansons 4’36

Paroles & musique : Georges Brassens (1965)

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13 Si vous n’avez rien à me dire 2’24

Paroles : Victor Hugo (1802-1885)

Musique : air Petite Cendrillon de Nicolas Isouard dit Nicolò

14 Minois dont l’aspect suffoque 1’23

Paroles : Jean-Joseph Vadé (c.1720-1757)

Musique : sur l’ Air des Trembleurs de Jean-Baptiste Lully (vers 1750)

15 La coquille d’huître 1’53

Paroles : Emile Debraux (1796-1831) / Musique : sur l’ Air de Cadet Roussel (1820)

16 L’Ivrogne et sa femme 3’12

Paroles : Pierre-Jean de Béranger (1780-1857) / Musique : air

Quand les bœufs vont deux à deux d’André-Ernest-Modeste Grétry (vers 1830)

17 Dans l’eau de la claire fontaine 2’41

Paroles & musique : Georges Brassens (1962)

18 Revenant de la fontaine 2’27

Paroles & musique : Gaultier Garguille (1632)

19 Ballade de merci 3’22

Paroles : François Villon (1431-1463) / Musique : sur le

Kyrie Eleison du Tropaire de Saint Martial de Limoges (vers 1450)

20 Le Moyenâgeux 3’34

Paroles & musique : Georges Brassens (1966)

Durée totale : 58’22

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5 Basson renaissance Olivier Cottet (2000)

Hautbois renaissance Thierry Bertrand (2005), d’après Delatour – prêt de Johanne Maitre Flûte à bec soprano Henri Gohin (2009), d’apres Kinsecker

Flûte à bec alto Francesco Li Virghi (2014), d’après Ganassi Flûte à bec ténor Francesco Li Virghi (2013) d’après Rafi Flageolet en la Buffet (XIX

e

siècle)

Flageolet en ré anonyme (XIX

e

siècle)

Violoncelle (5 cordes) Gérard Sambot (Rouen, 2011), d’après Paolo Maggini (1600) Dessus de viole Marco Salerno (Rome, 2009), d’après modèle renaissance

Basse de viole (7 cordes) François Bodart (Beez sur Meuse, 2000), d’après Guillaume Barbet Archets Philippe Tallis (Le Cannet)

Archiluth Michael Haaser (2012), modèle « Liuto-Forte » Guitare François Tachet (vers 1830)

LES LUNAISIENS

Arnaud MARZOR ATI, voix & direction artistique

Mélanie FLAHAUT, basson, flûtes à bec, hautbois & flageolet Étienne MANGOT , viole de gambe & violoncelle

Éric BELLOCQ , archiluth & guitare

www.leslunaisiens.fr

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7

LES BALLADES DE MONSIEUR BRASSENS

Rappelons-nous cette photo de légende : Brel, Brassens, Ferré, les trois monstres sacrés du XX

e

siècle réunis autour d’une table. Ils semblent converser dans un studio radiophonique de ce que pourrait être l’art de la chanson.

Inspirés par leurs propres volutes, puisqu’ils sont des chanteurs fumeurs, ils s’interrogent peut-être sur l’origine des chansonniers. Ils se questionnent aussi sur leur art et sur leur inter- prétation. Leur répertoire se rattache à une tradition, une longue histoire qui remonte à plusieurs siècles. La revendiquent-ils ? La connaissent-ils ?

Brassens, peut-être le plus bonhomme, en est tout à fait conscient et il l’affirme, comme un testament, dans sa chanson Le Moyenâgeux : « J’aurais voulu vivre au temps de François Villon ».

Poète du XV

e

siècle, celui-ci va inspirer tous les promis de « Montfaucon », ancien gibet des rois de France où l’on a puni à mort ceux qui ne parlaient pas juste. François Villon est le compagnon de Brassens. Mais aussi de tant d’autres chansonniers, qui, tous, à travers les siècles et bien avant L’amoureux des bancs publics, voudront parler et chanter, déclamer et rimer comme le créateur de la Ballade des pendus.

Gaultier Garguille au XVII

e

siècle (trousseur de cotillons avec son flageolet), Piron au XVIII

e

(badin et poissard avec sa chanson Minois dont l’aspect…) et bien sûr Béranger (L’Ivrogne et sa femme), le contemporain de Victor Hugo (qui s’essaye régulièrement à écrire des chansons), tous sont issus de la même confrérie : celle des beaux parleurs de jargon.

Chansons atemporelles, où l’on retrouve d’abord la culture de la simplicité musicale. Ainsi le voulait Brassens, avec son jeu de guitare dénudé comme la jeune fille au bord de la Claire fontaine. Des romances à trois notes, à peine plus, tout comme dans Que le jour ne dure de Jean- Jacques Rousseau. Pouvait-on croire que Brassens côtoyât le manifeste musical de ce grand contemplatif des Lumières ? Mystique au point de croire que la chanson primât sur la parole.

D’ailleurs, Rousseau, dans un ouvrage posthume, dira des chansons, qu’elles sont « les conso- lations des misères de [sa] vie ».

Brassens embrasse Villon, Rousseau et d’autres poètes, tels que Ronsard et plusieurs

auteurs de la pléiade qui se retrouvent dans un fameux recueil dit de « Chardavoine » de 1576

où les tubes du XVI

e

siècle sont réunis. On y apprend à chanter « l’Amour, l’Amitié, le Temps et

la Mort ». Cet esprit de la Renaissance avec par exemple Las que nous sommes misérables de

Desportes, n’est pas sans nous rappeler ces nostalgiques mélopées que sont Saturne ou Dans

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8 l’eau de la claire fontaine. Brassens aurait pu être chanté à la cour du mélancolique Henri III.

On nous dit que d’un luth ou d’un théorbe, le monarque déclamait cette complainte : Dépité, j’ai quitté. Henri III, parfois pieux, parfois badin se serait délecté de l’irrévérencieuse Religieuse et s’il avait connu Debraux, sans doute aurait-il graillé la visqueuse romance de La coquille d’huître.

Peu importe, au fond, que toutes ces ballades soient de Monsieur Brassens ou d’un autre, qu’elles surgissent d’un siècle passé ou du notre. Finalement, nous n’avons pas souhaité dans notre disque pratiquer l’art de l’enregistrement « restituant » en l’état les musiques du passé.

Nous avons voulu nous alléger de certaines contraintes musicologiques et nous inspirer de la pensée fantaisiste de créateurs tels que Borges ou Cortázar, écrivains du dernier continent, faiseurs de mondes extraordinaires, auteurs qui nous invitent à nous amuser à la « ré-création » littéraire et musicale ; à être de nouveau « baroques », à mitonner les chefs-d’œuvre du passé comme dans la Route aux quatre chansons de Brassens, en acceptant que « La Marjolaine de la chanson avait de plus nobles façons ».

Avec les Ballades de Monsieur Brassens, nous n’avons pas seulement feuilleté les éditions de Ballard ou les airs anciens de Philidor. Nous avons davantage forcé les portes du temps, comme dans une bande dessinée de Moebius, ou dans une nouvelle de Poe. Nous avons cassé les codes tout en vénérant la tradition des chansonniers qui s’acoquinèrent en confréries dans des caba- rets tels que le fameux Trou de la Pomme de Pin. Nos musiques, pour la plupart, sont d’origine : avec théorbe, viole de gambe, flageolet et basson, qui nous rappellent que Brassens, tout comme ses compagnons des « caveaux chantants » aimait à faire de la musique de manière conviviale.

Mais certaines mélodies jouent avec l’art du palimpseste. Entre Mallarmé et Genette, nous faisons jaillir de l’impressionnisme sur du médiéval. Ainsi la Ballade de merci de Villon se balance-t-elle sur un kyrie du X

e

siècle, avec un ostinato coloré de Debussy. Ou bien le À son âme de Ronsard se joue-t-il sur une chanson du XV

e

siècle : Hellas, je pers mes amours et garde le groove d’une ballade de Dylan.

Mais faut-il vous donner toutes les recettes de notre petite cuisine ? Avec ces Ballades de Monsieur Brassens nous avons souhaité vous offrir un nouvel enregistrement des Lunaisiens, d’autres chansons mineures ou majeures, célèbres ou inconnues ; toutes pourtant faisant écho au répertoire extraordinaire de Brassens qui souhaitait toujours offrir à ses auditeurs quelque « flocon des neiges d’antan ».

Arnaud Marzorati

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THE BALLADES OF MONSIEUR BRASSENS

Picture this legendary photo: Brel, Brassens, Ferré, the three superstars of the twentieth century seated around a table. They seem to be discussing the art of the chanson in a radio studio.

Inspired by their own fumes, since they are singer smokers, they are perhaps pondering the origins of chanson singers. They are also talking about their art and their performances.

Their repertory is part of a tradition, a long history going back several centuries. Do they claim to be part of it? Do they know it?

Brassens, perhaps the most chummy of the three, is well aware of it and asserts it, like a testament, in his song Le Moyenâgeux: “I should have liked to live in the days of François Villon”.

The fifteenth-century poet was the inspiration for all those destined for ‘Montfaucon’, the old gibbet of the kings of France where those who were not careful of their speech were hanged.

François Villon is Brassens’ companion. Yet not just his but that of other singers too, all of whom, over the centuries and well before L’amoureux des bancs publics, wanted to speak and sing, declaim and rhyme like the poet of the Ballade des pendus.

Gaultier Garguille of the seventeenth century (a tin whistling womaniser), Piron of the eighteenth century (jokester and loser with his song Minois dont l’aspect…) and of course Béran- ger (L’Ivrogne et sa femme), the contemporary of Victor Hugo (who regularly tried his hand at the chanson), all are of the same stock: that of fine speakers of slang.

Chansons for all time, in which one finds first the culture of musical simplicity. This is what Brassens wanted, with his sparse guitar accompaniments, as denuded as the young girl sitting by the Claire fontaine. Romances on three notes, hardly ever more, just like Que le jour ne dure of Jean-Jacques Rousseau. Was it credible that Brassens felt close to the musical manifesto of this great thinker of the Enlightenment? A mystic to the point of believing that the chanson had the priority over the word. Moreover, Rousseau, in a posthumous work, would say of chansons, that they are “the consolations of [his] life’s torments”.

Brassens embraced Villon, Rousseau and other poets such as Ronsard and several authors of the ‘Pléiade’ grouped in a famous album known as that of ‘Chardavoine’ from 1576 that contains the most popular poems of the sixteenth century. In it you learn to sing of “Love, Friendship, Time and Death”. This Renaissance spirit, with, for example, Las que nous sommes misérables by Desportes, puts one in mind of those nostalgic chants Saturne or Dans l’eau de la claire fontaine.

Brassens could have been sung at the court of the melancholic Henri III. We are told that, to a

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10 lute or theorbo, the monarch recited this lament: Dépité, j’ai quitté. Henri III, sometimes pious,

sometimes playful, would have delighted in the irreverential Religieuse and, had he known Debraux, would no doubt have gobbled up the sticky tale of the oyster shell, Coquille d’huître.

No matter, at bottom, that all these ballades are of Monsieur Brassens or someone else, that they come from a past century or from our own. Ultimately we have not wanted in our disc to practise the art of a recording that ‘restores’ music from the past. We wanted to rid ourselves of certain musicological constraints and take inspiration from the fanciful ideas of creative artistes such as Borges or Cortázar, writers from the last continent, creators of extraordinary worlds, authors whom we invite to have fun with some literary and musical ‘recreation’; to be once more ‘baroque’, to serve up some of the masterpieces of the past as in Brassens’ Route aux quatre chansons, accepting that, to quote this song, “La Marjolaine of the chanson had more noble manners”.

With the Ballades of Monsieur Brassens, we did not want merely to thumb through the editions of Ballard or the old airs of Philidor. More to the point, we wanted to force the por- tals of time, as in a comic strip of Moebius, or one of Poe’s short stories. We have cracked the codes while still venerating the tradition of the chansonniers who teamed up in brotherhoods in cabarets such as the famous ‘Trou de la Pomme de Pin’. Our music, for the most part, goes back to the origins, with the theorbo, viola da gamba, tin whistle and bassoon, reminding us that Brassens, just like his companions of the cabarets known as ‘caveaux lyriques’ liked to make music in a convivial way.

Nonetheless, some melodies play with the art of the palimpsest. Between Mallarmé and Genette, we make impressionism burst out over the Middle Ages. In Villon’s Ballade de merci, for example, there is a fine balance between a tenth-century kyrie and a colourful ostinato of Debussy. Or there is Ronsard’s À son âme, that takes a fifteenth-century chanson, Hellas, je pers mes amours and keeps the groove of a ballade of Bob Dylan.

But do we have to reveal every last little recipe of our cuisine? With these Ballades of Mon- sieur Brassens we want to offer you a new recording from the Lunaisiens of other major or minor chansons, be they famous or unknown; all, however, echo the extraordinary repertory of Brassens who always wanted to offer his listeners something (to quote Villon) of the “snows of yesteryear”.

Arnaud Marzorati

Translation: Jeremy Drake

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12 / 1 LE TEMPS

Un jour, si l’on en croit un sage Cher aux muses, à la beauté, Le Temps demandait le passage, Sur le bord d’un fleuve arrêté.

Au même instant, tout hors d’haleine, Le plaisir accourt près de lui :

Sur ses pas se traînait la Peine : C’était alors comme aujourd’hui, - C’est le Temps, dit-elle à son frère, Bien vite faisons le passer.

- Non, ma sœur, je veux au contraire Sur ce bord enfin le fixer.

Je sais trop quel est sa puissance : Rien n’endort ses yeux vigilants ; Mais toujours, malgré sa prudence, Le plaisir a trompé le Temps.

Alors, en riant il l’invite A se reposer un moment.

- Ah ! dit la Peine, fuyez vite, Vous cheminez si lentement ! - Finissez ce débat, de grâce, Dit le Temps, j’ai peu de loisir.

La barque arrive, et le Temps passe Entre la Peine et le Plaisir.

/ 2 SATURNE

Il est morne, il est taciturne Il préside aux choses du temps, Il porte un joli nom, Saturne, Mais c’est un dieu fort inquiétant.

En allant son chemin, morose, Pour se désennuyer un peu, Il joue à bousculer les roses,

Le temps tue le temps comme il peut.

/ 1 TIME

One day, if you believe a wise man Dear to the muses, to beauty, Time requested passage,

On the bank of a motionless river.

At the same moment, quite breathless, Pleasure ran up to him:

On his heels Sorrow was dragging himself:

It was then as it is today,

“This Time”, she said to her brother,

“Let him pass really quickly”.

“No, my sister, on the contrary

I want at last to pin him down on this riverbank.

I know only too well how strong he is:

His vigilant eyes never sleep.”

Yet always, despite his prudence, Pleasure has deceived Time.

So, with a laugh he invited him To rest for a while.

“Ah!” said Sorrow, “flee quickly, You make your way so slowly!”

“End this debate, I beg you”, Said Time, “I have no time to lose”.

The boat arrived, and Time passed Between Sorrow and Pleasure.

/ 2 SATURN

He is rough, he is gruff, He rules over time

He has a pretty name, Saturn, But he’s a most disturbing god.

Going along his gloomy way, To relieve his boredom, He plays at hitting roses.

Time kills time as he can.

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13

Cette saison, c’est toi, ma belle, Qui as fait les frais de son jeu, Toi qui as payé la gabelle

Un grain de sel dans tes cheveux.

C’est pas vilain, les fleurs d’automne, Et tous les poètes l’ont dit.

Je te regarde et je te donne Mon billet qu’ils n’ont pas menti.

Viens encor, viens ma favorite, Descendons ensemble au jardin, Viens effeuiller la marguerite De l’été de la Saint-Martin.

Je sais par cœur toutes tes grâces Et, pour me les faire oublier, Il faudra que Saturne en fasse Des tours d’horlog’ de sablier ! Et la petit’ pisseus’ d’en face Peut bien aller se rhabiller.

/ 3 L’AMOUR FACILE

Vous qui de Vénus impudique Tenez l’impudique bazar, Sachez bien qu’à votre boutique Je n’ai pas frappé par hasard ; La voix des sens en moi résonne, J’en suis l’irrésistible effet : Je n’ai le temps d’aimer personne, Vendez-moi de l’amour tout fait.

Mon âme poursuit une idée Qui l’obsède et la fuit toujours ; Vers cette lumière guidée, Elle a stérilisé mes jours.

J’atteints mon follet ; il frissonne, Fraudant la main qui l’étouffait : Je n’ai le temps... [etc.]

At this season, it’s you, my beauty Who have paid for his playing, You who paid for it

With a wisp of white in your hair.

Autumn flowers are not unattractive, As all the poets have said.

I look at you and give you my word They have not lied.

Come again, come my favourite one.

Let’s go down to the garden together, Pick the petals off the daisies In this Indian summer.

I know all your graces off by heart And to make me forget them Saturn would have to make Some towering hourglasses!

And the silly girl opposite Should go and get dressed.

/ 3 EASY LOVE

You who look after Venus’s shameless bazar, Know that I have not knocked On your shop door by chance;

The voice of feelings resounds in me, I am the irresistible effect:

I have no time to love anyone, Sell me some readymade love.

My soul pursues an idea

That obsesses it and ever flees from it;

Guided towards this light, It has sterilised my days.

I reach my will-o’-the-wisp; it quivers, Deceiving the hand that stifles it:

I have no time... [etc.]

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14

Au feu d’une ardeur adultère Mon cœur ne s’est jamais terni ; En amour je hais le mystère Et j’aime à vivre dans mon nid.

Dans ce champs-là lorsqu’on moissonne, Chaque baiser est un forfait ;

Je n’ai le temps... [etc.]

Jamais de fillette novice Je n’assiégerai la candeur ; A quoi bon lui montrer un vice Dont je sais toute la laideur ? Le plaisir tarifié foisonne.

J’ai de l’or, ouvrez le buffet : Je n’ai le temps... [etc.]

En quelques mots vous voyez l’homme : Je suis un artiste, un penseur ;

J’ai des besoins et puis, en somme, Toute femme n’est pas ma sœur.

Des tristes mets qu’il assaisonne Notre appétit se satisfait.

Je n’ai le temps... [etc.]

/ 4 LAS QUE NOUS SOMMES MISÉRABLES

Las que nous sommes misérables D’être serves dessous les lois Des hommes légers et muables Plus que le feuillage des bois.

Les pensées des hommes ressemblent A l’air, au vent et aux saisons,

Et aux girouettes qui tremblent Incessamment sur les maisons.

Leur amour est ferme et constante Comme la mer grosse des flots,

Qui bruit, qui court, qui se tourmente, Et jamais n’arrête en repos.

In the heat of adulterous fervour My heart is never dulled;

In love I hate mystery And like to live in my nest.

In that field over there being harvested, Each kiss has its price;

I have no time... [etc.]

Never of a naïve young girl Will I lay siege to her candour;

What’s the good in showing her a vice I know to be so ugly?

Pleasure at a price is everywhere.

I have gold, open the sideboard:

I have no time... [etc.]

In a few words you see the man:

I am an artiste, a thinker;

I have needs and then, in short, Every woman is not my sister.

With the sad dishes he seasons Our appetite is satisfied.

I have no time... [etc.]

/ 4 AH HOW WRETCHED WE ARE

Ah how wretched we are To be slaves beneath the law, Men light and changeable More than foliage in the woods.

The thoughts of men resemble The air, the wind and the seasons, And the weather vanes that tremble Incessantly on the houses.

Their love is robust and constant Like the full-surging sea,

That roars, that rushes, in torment, And never stops to rest.

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15

Ce n’est que ce que veut leur tête, De vent est leur entendement, Les vents encore et la tempête Ne vont point si légèrement.

Ces soupirs qui sortent sans peine De leur estomac si souvent, N’est-ce une preuve assez certaine Qu’au-dedans ils n’ont que du vent ? De leur cœur sort une fournaise

Leurs yeux sont des ruisseaux coulants, Ce n’est que feu, ce n’est que braise, Même leurs propos sont brûlants.

Mais cet ardent feu qui les tue Et rend leur esprit consumé, C’est un feu de paille menue Aussitôt éteint qu’allumé.

Et les torrents qu’ils font descendre Pour notre douceur émouvoir, Ce sont des appâts à surprendre Celles qu’ils veulent décevoir.

Ainsi l’oiseleur au bocage

Prends les oiseaux par les chansons, Et le pêcheur par le rivage

Tend les filets pour les poissons.

Sommes-nous donc par misérables D’être serves dessous les lois Des hommes légers et muables Plus que feuillage des bois.

/ 5 VIENS MA MIE, VIENS MA VIE

Refrain :

Viens ma mie, viens ma vie, viens mon heur, Mon tout, mon bien mon aise.

Viens mignonne, viens ma bonne, viens mon cœur Tirer hors de langueur.

It is only what their head wants, Their understanding is of the wind, The winds as yet and the tempest Do not move so lightly.

These sighs that escape without sorrow So often from their stomachs,

Are they not pretty clear proof That within they are but wind?

From their heart comes a furnace Their eyes are flowing streams, It is but fire, it is but embers, Even their remarks are red hot.

Yet this intense fire that is killing them And consumes their spirits,

Is a small straw fire

No sooner lit than extinguished.

And the rivers they bring down To gently move us,

These are snares to surprise Those whom they wish to deceive.

And so the bird-catcher in the grove Takes the birds with songs,

And the fisherman by the river Lays out his nets for the fish.

Are we then so wretched To be slaves beneath the law Men light and changeable More than foliage in the woods.

/ 5 COME MY DEAR, COME MY LIFE

Refrain :

Come my dear, come my life, come my happiness, My all, my good, my delight.

Come pretty thing, come my sweet, come my heart Rid me of languor.

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16

Viens m’amour, que le jour de tes yeux Mille personnes blesse.

Viens t’en viens, mon seul bien et mon mieux Me rendre bien heureux.

Las, tu sais et connais qu’en tourment Je ne vis et qu’en peine,

Je ne puis, en ennuis, nouvellement Vivre si longuement,

Viens t’en donc, si n’eus onc ma langueur A plaisir et à grâce,

Viens accours, au secours de mon cœur Pour le rendre vainqueur,

Autrement, en tourment, et renfort De mon mal et tristesse,

Dans bref temps je n’attends de confort Sinon seule la mort.

/ 6 LA MORT

Un vieillard râlait sur sa couche Souffrant tous les maux d’ici-bas ; Déjà bleuissaient sur sa bouche Les violettes du trépas.

Cependant d’aurore en aurore, Trahi par le cruel destin, Pour souffrir davantage encore Il s’éveillait chaque matin.

« Ô Mort ! abrège mon martyre, » Criait l’infortuné vieillard.

« Il ne t’importe que j’expire Un peu plus tôt, un peu plus tard Je n’ai vécu que trop d’années, Et j’aspire à l’éternel soir ; Car dans mes prunelles fanées Le Monde se reflète en noir. »

Come my love, may the light of your eyes Wound a thousand people.

Come on, my only good and my best Make me happy.

Alas, you are aware, you know that in torment I live and in sorrow,

I cannot, with troubles, now Live so long.

So come on, if ever my languor had Pleasure and grace,

Run to me, help my heart To make it victorious.

Otherwise, in torment, and increase Of my ills and sadness,

In short measure I expect no comfort Except only death.

/ 6 DEATH

An old man was groaning on his bed Sufferings all the ills of here below;

Already on his mouth were darkening The violets of death.

Yet dawn after dawn, Betrayed by cruel fate, To suffer yet more

He woke up every morning.

“O Death! Put an end to my martyrdom”, The unhappy old man would cry.

“It doesn’t matter to you if I die A bit earlier, a bit later.

I have lived too long,

And I long for the eternal evening;

For in my wilted pupils

The World’s reflection is black.”

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17

« Je n’attends plus rien de la Vie.

Compte, au lieu de me l’acquérir, A la jeunesse inassouvie

Le temps qu’il me reste à courir. » Et voilà que, soudain, blafarde, Sous son masque de Carnaval, Il vit l’effroyable camarde, Debout sur son seuil, à cheval ! « Enfin ! dit-il. Que tu es bonne, Toi qui si longtemps me leurras ! » Et tout ainsi que la Madone, Il lui tendit ses maigres bras.

Mais elle éperonna sa bête, Et continua son chemin, Sans seulement tourner la tête Vers ce vieillard en parchemin.

Plus loin, au milieu des prairies, Deux amants, ceux-là bien vivants, Couraient dans les herbes fleuries, Vous eussiez dit de deux enfants.

Ils ne connaissaient de la Vie, Les pauvres petits ! Que l’Amour ; Et leur âme était asservie

L’une à l’autre, sans nul retour.

Ils allaient, joyeux, par la plaine, Souriant de leurs yeux d’Avril ; Le vent retenait son haleine Pour ne troubler point leur babil.

Et voici que la Mort affreuse Rageusement fondit sur eux, Et d’un geste prit l’amoureuse Dans les bras de son amoureux.

/ 7 À SON ÂME

Amelette, Ronsardelette Mignonnelette, doucelette, Treschere hostesse de mon corps,

“I expect nothing from Life.

Count, instead of laying it up to me, To unsatisfied youth,

The time left for me to run.”

And then, suddenly, grown pale, Under his Carnival mask,

He saw the terrible moment of death, Upright on his threshold, on a horse!

“At last!”, he said. “How good you are, You who for so long deceived me!”

And just like the Madonna, He stretched out his spindly arms.

But she spurred the beast, And continued on her way, Without even turning her head Towards this old man of parchment.

Further off, in the heart of the meadows, Two lovers, both truly alive,

Were running in the flowering grass, Two children, you would have thought.

Of Life they knew nothing, Poor little things! but Love;

And their souls were in bondage One to the other, unconditionally.

They went about, joyous, through the meadow, Smiling with their April eyes;

The wind held its breath

So as not to disturb their chatter.

And then along came dreadful Death Raging up to them,

And with one gesture seized the girl From the arms of her lover.

/ 7 TO HIS SOUL

Little soul, little Ronsard, Little sweety, gentle thing, Most dear hostess of my body,

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18

Tu descens là-bas faiblelette Pasle, maigrelette, seulette, Dans le froid royaume des Mors : Toutefois simple, sans relors De meurtre, poison, ou rancune, Méprisant faveurs et trésors Tant enviez par la commune.

Passant, j’ai dit, suy ta fortune Ne trouble mon repos, je dors.

/ 8 LA RELIGIEUSE

Tous les cœurs se rallient à sa blanche cornette, Si le chrétien succombe à son charme insidieux, Le païen le plus sûr, l’athée le plus honnête Se laisseraient aller parfois à croire en Dieu Et les enfants de chœur font tinter leur sonnette…

Il paraît que, dessous sa cornette fatale Qu’elle arbore à la messe avec tant de rigueur, Cette petite sœur cache, c’est un scandale ! Une queu’ de cheval et des accroche-cœurs.

Et les enfants de chœur s’agitent dans les stalles…

Il paraît que, dessous son gros habit de bure, Elle porte coquettement des bas de soi’

Festons, frivolités, fanfreluches, guipures, Enfin tout ce qu’il faut pour que le Diable y soit.

Et les enfants de chœur ont des pensées impures…

Il paraît que le soir, en voici bien d’une autre ! A l’heure où ses consœurs sont sagement couchées Ou débitent pieusement des patenôtres,

Elle se déshabille devant sa psyché.

Et les enfants de chœur ont la fièvre, les pauvres…

Il paraît qu’à loisir elle se mire nue, De face, de profil, et même, hélas ! de dos, Après avoir, sans gêne, accroché sa tenue

Aux branches de la croix comme au portemanteau.

Chez les enfants de chœur le malin s’insinue…

You go down there, frail one, Pale, thin, alone,

Into the cold kingdom of the Dead;

Guileless, no remorse

For murder, poison, or resentment, Despising favours and treasures, So much envied by the commonality.

Passer-by, I said, follow your fortune, Don’t trouble my rest, I’m sleeping.

/ 8 THE NUN

All hearts are smitten by her white wimple, If the Christian succumbs to its insidious charm, The surest pagan, the most candid atheist Would at times start to believe in God, And the choristers make their bells tinkle…

It seems, beneath her fatal wimple That she shows off at mass so earnestly, That this little sister hides – what a scandal!

A pony tail and some kiss curls.

And the choristers are restless in the pews…

It seems that under her big, homespun habit, She wears saucy silk stockings,

Scallops, fancy bits, frills and flounces, In short all it takes for the Devil to be there.

And the choristers have impure thoughts…

It seems that in the evening – here’s another one!

When her sisters have duly gone to bed Or piously recite some Our Fathers

She strips off her clothes before her full-length mirror.

And the choristers are at fever pitch, poor things…

It seems that she gazes leisurely at her naked self, Front, side, and even, alas! the rear,

After hanging her clothes shamelessly

On the arms of the cross as though it were a coatstand.

Into the choristers the Devil is sneaking…

(19)

19

Il paraît que, levant au ciel un œil complice, Elle dit : « Bravo, Seigneur, c’est du joli travail ! » Puis qu’elle ajoute avec encor plus de malice :

« La cambrure des reins, ça c’est une trouvaille ! » Et les enfants de chœur souffrent un vrai supplice…

Il paraît qu’à minuit, bonne mère, c’est pire : On entend se mêler, dans d’étranges accords, La voix énamourée des anges qui soupirent Et celle de la sœur criant « Encor, Encor ! »

Et les enfants de chœur, les malheureux, transpirent…

Et monsieur le curé, que ces bruits turlupinent, Se dit avec raison que le brave Jésus

Avec sa tête, hélas ! déjà chargée d’épines, N’a certes pas besoin d’autre chose dessus.

Et les enfants de chœur, branlant du chef, opinent…

Tout ça, c’est des faux bruits, des ragots, des sornettes, De basses calomnies par Satan répandues

Pas plus d’accroche-cœurs sous la blanche cornette Que de queue de cheval, mais un crâne tondu.

Et les enfants de chœur en font, une binette…

Pas de troubles penchants dans ce cœur rigoriste, Sous cet austère habit pas de rubans suspects.

On ne verra jamais la corne au front du Christ, Le veinard sur la croix peut s’endormir en paix, Et les enfants de chœur se masturber tout tristes…

/ 9 DÉPITÉ, J’AI QUITTÉ

CHANSON DITE D’HENRI III

Dépité, j’ai quitté, L’amoureuse flamme Et m’en vais, dans les bois Heureux rendre l’âme.

J’ai voulu, résolu Supporter la peine Mais, hélas, je suis las, Des amours mondaines.

It seems that, raising a complicit eye to heaven She says, “Bravo Lord, what a fine piece of work!”

Then seemingly she adds, even more roguishly,

“The curvaceous behind, now that’s a find!”

And the choristers suffer real agony…

It seems that at midnight, good Mother, it’s worse:

You hear a mixture, in strange harmonies, The voices of lovelorn angels who sigh, And that of the Sister crying “Again, again!”

And the choristers, poor things, break into a sweat…

And the priest, plagued by these noises, Rightly tells himself that the good Lord Jesus With his head, alas, already laden with thorns, Certainly has no need of anything else put upon it, And the choristers, nodding their heads,

[ are in agreement…

All this is false rumour, gossip, rubbish, Base calumny spread about by Satan.

There are no kiss curls beneath the white wimple, Any more than a pony tail, just a shaven skull, And the choristers pull a face at that…

No unsettled desires in this strict heart, Beneath this austere habit no suspect ribbons.

You will never see horns on Christ’s forehead, The lucky chap can sleep in peace on his cross, And the choristers masturbate in sadness…

/ 9 HEARTBROKEN, I ABANDONED SO-CALLED SONG OF HENRI III

Heartbroken, I abandoned The loving flame

And went away, into the woods Happy to give up the ghost.

I wanted, decided To bear the sorrow, But, alas, I am weary, Of worldly love.

(20)

20

Je vivrai et mourrai Dans un monastère, N’ayant rien que le bien D’une vie austère.

Bienheureux seront ceux Qui voudront me suivre En ce lieu, prier Dieu Pour après se nuire.

Si le sort et la mort N’ont point d’assurance Mon destin et ma fin Sont sans espérance.

/ 10 CE PETIT AIR BADIN

Ce petit air badin, Ce transport soudain Marque un mauvais dessin : Tout ce train

Me lasse à la fin : De dessus mon sein, Retirez cette main.

Que fait l’autre à mes pieds ! Vous essayez

De passer le genou : Etes-vous fou ?

Voulez-vous bien finir, Et vous tenir !

Il arrivera, Monsieur, Un malheur.

Ah ! C’est trop s’oublier ! Je vais crier :

Tout me manque à la fois ; Et force et voix…

En entrant avez-vous Tiré du moins sur nous, Les verrous ?

I shall live and die In a monastery,

Having nothing but the wealth Of an austere life.

Blessed will those be Who will want to follow me In this place, pray to God, And then harm themselves.

If fate and death Have no certitude My fate and my end Are without hope.

/ 10 THIS LITTLE PLAYFUL AIR

This little playful air, This sudden transport Marks a bad intention:

All this activity In the end tires me:

From on my breast, Withdraw this hand.

What’s the other doing at my feet!

You’re trying To get past the knee:

Are you mad?

Stop this now please, And behave yourself!

Something bad, Sir, Will happen.

Ah! It’s too much to overlook!

I shall cry out:

Everything fails me at once;

My strength, my voice…

As you came in did you At least bolt

The door?

(21)

21 / 11 AIR DES 3 NOTES

Que le jour ne dure Passé loin de toi, Toute la nature

N’est plus rien pour moi, Le plus vert boccage Quand tu n’y viens pas N’est qu’un lieu sauvage Pour moi sans appas.

Hélas, si je passe Un jour sans te voir, Je cherche ta trace Dans mon désespoir, Quand je l’ai perdue Je reste à pleurer ; Mon âme éperdue Est près d’expirer.

Le cœur me palpite Quand j’entends ta voix Tout mon sang s’agite Dès que je te vois.

Ouvres-tu la bouche ? Les Cieux vont s’ouvrir Si ta main me touche Je me sens frémir.

/ 12 LA ROUTE AUX QUATRE CHANSONS

J’ai pris la route de Dijon Pour voir un peu la Marjolaine, La belle, digue digue don, Qui pleurait près de la fontaine Mais elle avait changé de ton, Il lui fallait des ducatons Dedans son bas de laine Pour n’avoir plus de peine.

/ 11 THREE-NOTE AIR

(ROMANCE ON 3 NOTES)

May the day not last Spent far from you, All nature

Is now nothing for me.

The greenest grove When you are not there Is nothing but a wild place Without charm for me.

Alas, if I spend

A day without seeing you, I seek a trace of you In my despair, When I have lost it I stay and weep;

My distraught soul Is about to expire.

My heart palpitates When I hear your voice Every drop of blood surges As soon as I see you.

Do you open your mouth?

The Heavens will open If your hand touches me I feel myself tremble.

/ 12 THE ROAD OF FOUR SONGS

I took the road to Dijon For a glimpse of Marjolaine, The beauty, ding ding dong,

Who was in tears near the fountain But she had changed her tone, She needed some silver coins In her woollen stocking To have no more worries.

(22)

22

Elle m’a dit : « Tu viens chéri ? Et si tu me payes un bon prix, Aux anges je t’emmène, Digue digue don daine. » La Marjolaine pleurait surtout Quand elle n’avait pas de sous.

La Marjolaine de la chanson Avait de plus nobles façons.

J’ai passé le pont d’Avignon Pour voir un peu les belles dames Et les beaux messieurs tous en rond Qui dansaient, dansaient, corps et âmes.

Mais ils avaient changé de ton, Ils faisaient fi des rigodons, Menuets et pavanes,

Tarentelles, sardanes,

Et les belles dames m’ont dit ceci :

« Étranger, sauve-toi d’ici Ou l’on donne l’alarme

Aux chiens et aux gendarmes ! » Quelle mouche les a donc piquées, Ces belles dames si distinguées ? Les belles dames de la chanson Avaient de plus nobles façons.

Je me suis fait faire prisonnier, Dans les vieilles prisons de Nantes, Pour voir la fille du geôlier

Qui paraît-il, est avenante.

Mais elle avait changé de ton.

Quand j’ai demandé : « Que dit-on Des affaires courantes,

Dans la ville de Nantes ? » La mignonne m’a répondu :

« On dit que vous serez pendu Aux matines sonnantes, Et j’en suis bien contente ! » Les geôliers n’ont plus de cœur Aux prisons de Nantes et d’ailleurs.

She said to me, “You coming, sweety?

And if you pay a good price, I’ll take you to the angels, Ding dong ding dong”.

Marjolaine was in tears above all When she didn’t have a penny.

The Marjolaine in the song Had more noble manners.

I went over the bridge of Avignon For a glimpse of the beautiful ladies And the fine gentlemen in a round

Who were dancing, dancing, body and soul.

But they had changed their tone, They had no care for rigaudons, Minuets and pavanes,

Tarantellas, sardanas,

And the beautiful ladies told me this:

“Stranger, get out of here Or we shall call out

The dogs and the gendarmes!”

What got up their noses,

These beautiful ladies of such distinction?

The beautiful ladies of the song Had more noble manners.

I was taken prisoner, In the old prisons of Nantes, So I could see the jailer’s daughter Who, apparently, is charming.

But she had changed her tone.

When I asked: “What’s the buzz About current affairs

In the city of Nantes?”

The pretty thing answered me:

“They say you’ll be hanged When matins rings,

And I’m really pleased about that! » Jailers are now heartless

In the prisons of Nantes and elsewhere.

(23)

23

La geôlière de la chanson Avait de plus nobles façons.

Voulant mener à bonne fin Ma folle course vagabonde, Vers mes pénates je revins Pour dormir auprès de ma blonde, Mais elle avait changé de ton.

Avec elle, sous l’édredon, Il y avait du monde

Dormant près de ma blonde.

J’ai pris le coup d’un air blagueur, Mais, en cachette, dans mon cœur, La peine était profonde,

L’chagrin lâchait la blonde.

Hélas ! du jardin de mon père, La colombe s’est fait la paire…

Par bonheur, par consolation, Me sont restées les quatre chansons.

/ 13 SI VOUS N’AVEZ RIEN À ME DIRE

Si vous n’avez rien à me dire Pourquoi venir auprès de moi ? Pourquoi me faire ce sourire Qui tournerait la tête au roi ? Si vous n’avez rien à me dire Pourquoi venir auprès de moi ? Si vous n’avez rien à m’apprendre Pourquoi me pressez-vous la main ? Sur le rêve angélique et tendre Auquel vous songez en chemin, Si vous n’avez rien à m’apprendre, Pourquoi me pressez-vous la main ? Si vous voulez que je m’en aille, Pourquoi passez-vous par ici ? Lorsque je vous vois, je trésaille : C’est ma joie et c’est mon souci.

The jailer in the song Had more noble manners.

Wanting to bring a decent end To my mad ramblings,

I returned home

To sleep next to my blonde, But she had changed her tone.

With her, under the quilt, There were other people Sleeping next to my blonde.

I tried to laugh it off, But, in secret, in my heart, My sorrow was profound, My grief burst out.

Alas! from my father’s garden, The dove flew away…

Happily, as a consolation, I’m left with the four songs.

/ 13 IF YOU HAVE NOTHING TO TELL ME

If you have nothing to tell me, Why come up to me?

Why smile at me

As though to turn a king’s head?

If you have nothing to tell me, Why come up to me?

If you have nothing to teach me, Why squeeze my hand?

About the angelic, gentle dream You thought about on the way, If you have nothing to teach me, Why squeeze my hand?

If you want me to go away, Why come by here?

When I see you, I shudder:

It’s my joy and my worry.

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24

Si vous voulez que je m’en aille Pourquoi passez-vous par ici ?

/ 14 MINOIS DONT L’ASPECT SUFFOQUE

Minois dont l’aspect suffoque Je viens vous faire un colloque Très clair et point équivoque : Ecoutez, vieille guenon ; C’est Belphégor que j’invoque, Pour décrire la bicoque Du caractère baroque Que vous a donné Pluton.

Votre menton nous présente, Par sa forme extravagante, Et sa longueur étonnante, De quoi gloser à loisir :

Plût au ciel pendant quinzaine Que votre bouche fût pleine D’autant de fiente humaine, Qu’elle en pourrait contenir ! Votre teint de pain d’épice Vos trois chicots de réglisse, Votre nez, sot édifice, Votre gueule d’entonnoir, Vos yeux remplis de châssie, Vos tétons faits en vessie, Votre carcasse chansie, Font un tour fort laid à voir.

Cessez donc vieille chenille, Torchons gras, sale guenille, Au travers de votre grille, D’épouvanter les passants, Par votre cou de cigogne, Plus dégoûtant que la rogne : Que le diable vous empogne, Ne fût-ce que pour cent ans.

If you want me to go away, Why come by here?

Little face whose looks will choke, I come to give you a speech Most clear and unambiguous:

Listen, old ape;

I call on Belphegor, To describe the mug With all its excess That Pluto has given you.

Your chin enables us,

Through its extravagant form, And its astonishing length, To blather as we want:

Pray heaven for two weeks Your mouth be full

Of as much human excrement, As it can contain!

Your gingerbread complexion Your three liquorice stumps, Your nose, stupid structure, Your funnel gob,

Your rheumy eyes, Your bladder breasts, Your mouldy carcass,

Present a very ugly spectacle.

So stop it old maggot, Greasy scrap, filthy rag, Through your veil,

Stop frightening passers-by, With your stork neck,

More disgusting than sewage water:

May the devil take you, If only for a hundred years.

/ 14 LITTLE FACE WHOSE LOOKS WILL CHOKE

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25 / 15 LA COQUILLE D’HUÎTRE

Une fillette connaissant

Mon penchant pour la gourmandise, Conçut le projet innocent

De me vendre sa marchandise.

Fais, me dit-elle, un doux effort, Viens avec moi, fleur des bons drilles D’une huître qui te plaira fort Je te ferai voir les coquilles.

Arrivés dans certains endroits La belle, toujours franche et bonne, Me désigne du bout du doigt La place de l’huître mignonne.

Soudain je me dis : Qu’est cela ! Quelle quantité de broutilles ; L’huître à coup sûr doit être là, Mais je n’en vois pas les coquilles ; Le temps nous change quelquefois, Me répond la maligne Alice ; Mon cher, cette place autrefois Autant que ma main était lisse.

J’y vis pousser en grandissant, Une mousse des plus gentilles ; Puis la mousse en épaississant Finit par cacher les coquilles.

Sous les taillis qui les couvraient La recherche fut prompte à faire, Par malheur elles se trouvaient Closes d’hermétique manière.

Mais pour un amateur adroit Ce ne sont là que des vétilles ; Rien que la chaleur de mon doigt Fit entrebâiller les coquilles.

Sans y réfléchir j’enfonçai Ce pauvre doigt jusqu’à la garde ; Aussi comme je fus pincé !

/ 15 THE OYSTER SHELL

A young girl who knew My taste for gluttony, Devised the innocent project Of selling me her merchandise.

Make, she said, some effort for me, Come with me, you jolly fellow.

Of an oyster that you’ll really like I’ll show you the shells.

Arriving in certain places The beauty, ever direct and good, Pointed out with her finger The place of the pretty oyster.

Suddenly I said to myself: What’s this!

All these trifles;

The oyster must certainly be there, But I don’t see the shells;

Time sometimes changes us, Smart Alice replies;

My dear, earlier this place Was as smooth as my hand.

It grew and with it came The softest of fluffy down;

Then the down thickened out And finally hid the shells.

Beneath the thicket that covered them A quick search was in order,

Unfortunately it was Hermetically tight.

Yet for a skillful amateur It is but trifling;

With just the warmth of my finger I opened up the shells.

Without thinking I pushed The poor finger in to the knuckle;

How was I caught!

(26)

26

De l’être ainsi que Dieu vous garde.

Et ce doigt, grâce au cotillon, Quoique droit encore sur ses quilles, Portera toujours le sillon

Du mal que m’ont fait les coquilles.

/ 16 L’IVROGNE ET SA FEMME

Tandis que dans sa mansarde Jeanne veille et qu’il lui tarde De voir rentrer son mari, Maître Jean à la guinguette, A ses amis en goguette Chante son refrain chéri : Refrain :

Trinquons et toc et tin, tin, tin, Jean, tu bois depuis le matin.

Ta femme est une vertu Ce soir tu seras battu.

Jeanne pour moi seule est tendre, Dit-il laissons-la t’attendre.

Mais maudissant son époux, Jeanne la puce à l’oreille, Bat sa chatte que réveille La tendresse des matous.

Livrant sa femme au veuvage, Jean se perd dans son breuvage ; Et prête à se mettre au lit, Jeanne qui verse des larmes Dit en regardant ses charmes : C’est son verre qu’il remplit Pour allumer sa chandelle, Un voisin frappe chez elle : Jeanne ouvre après un refus.

Que Jean boive, chante ou fume, Je ne sais ce qu’elle allume, Mais je sais qu’on n’y voit plus.

May God prevent it ever happening to you.

And this finger, thanks to the tunic, Although still straight as a shaft, Will always bear the groove Of hurt the shells inflicted on me.

/ 16 THE DRUNKARD AND HIS WIFE

While in her garret

Jeanne waits and is impatient For her husband to come home.

Maître Jean in the tavern, To his friends on a binge Sings his favourite refrain:

Refrain:

Lets drink and hic and hoc, hoc, hoc, Jean, you’ve been drinking since morning.

Your wife is virtuous

This evening you’ll be beaten.

Jeanne is gentle with me alone, He says let her wait for you.

But cursing her husband, Sharp-minded Jeanne, Beats her pussy roused

By the gentleness of the tomcats.

Leaving his wife to widowhood, Jean drowns himself in drink;

And ready to go to bed, Jeanne, her eyes full of tears, Says as she looks at his charms:

It’s his glass he’s filling!

To light her candle,

A neighbour knocks on her door:

Jeanne opens after first refusing.

Whether Jean drinks, sings or smokes, I don’t know what she’s lighting, But I know we now can’t see anything.

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27

En rajustant sa cornette, Ah ! Qu’on souffre dit Jeannette, Quand on attend son époux ! Ma vengeance est bien modeste Avec lui je suis en reste : Il a bu plus de dix coups.

A demain ! Se dit le couple : L’époux rentre, et son dos souple N’en subit pas moins l’arrêt.

Il s’écrie : Amour fait rage ! Demain, puisque Jeanne est sage, Répétons au cabaret :

/ 17 DANS L’EAU DE LA CLAIRE FONTAINE

Dans l’eau de la claire fontaine Elle se baignait toute nue.

Une saute de vent soudaine Jeta ses habits dans les nues.

En détresse, elle me fit signe, Pour la vêtir, d’aller chercher Des monceaux de feuilles de vigne, Fleurs de lis ou fleurs d’oranger.

Avec des pétales de roses, Un bout de corsage lui fis.

La belle n’était pas bien grosse : Une seule rose a suffi.

Avec le pampre de la vigne, Un bout de cotillon lui fis.

Mais la belle était si petite Qu’une seule feuille a suffi.

Ell’ me tendit ses bras, ses lèvres, Comme pour me remercier…

Je les pris avec tant de fièvre Qu’ell’ fut toute déshabillée.

As she adjusts her wimple,

Ah! How you suffer, says Jeannette, When you’re waiting for your husband!

My vengeance is really modest With him I’m left wanting:

He’s had more than ten glasses.

Till tomorrow! The couple says to each other:

The husband comes back, and his smooth back Does not escape judgement.

He shouts out: Love is enraged!

Tomorrow, since Jeanne is good, Let’s do it again in the cabaret:

/ 17 IN THE WATER OF A CLEAR FOUNTAIN

In the water of a clear fountain She was bathing quite naked.

A sudden gust of wind

Threw her clothes to the skies.

In distress she motioned to me, So as to clothe her, to go and fetch Loads of vine leaves,

Lilies or orange blossom.

With rose petals

I made her part of a bodice.

But the beauty was not large And a single rose was enough.

With a vine branch I made her part of a skirt.

But the beauty was so small A single leaf was enough.

She stretched out her arms, her lips As though to thank me.

I took them with so much excitement That she was all undressed.

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28

Le jeu dut plaire à l’ingénue, Car à la fontaine souvent, Ell’ s’alla baigner toute nue En priant Dieu qu’il fît du vent, Qu’il fît du vent…

/ 18 REVENANT DE LA FONTAINE

Revenant de la fontaine Robin trouva Jeanneton Qui conduisait par la plaine Son joli petit mouton ; La jette sous la fougère L’embrasse tout chaloureux ; Malheureuse est la bergère Qui n’a le cœur amoureux.

La Belle lui prie de dire Quelque amoureuse chanson ; Mais lui toujours se retire Ne veut entendre raison : Ainsi d’une douce manière La poursuit tout chaloureux, Malheureuse est la bergère Qui n’a le cœur amoureux.

Quoi, veux tu que je t’amuse, Disait ce gentil valet ? Laisse là ma cornemuse, Prend plutôt mon flageolet L’harmonie en est entière Et le son plus doucereux : Car c’est, ma belle bergère L’instrument des amoureux.

Robin sans plus longue attente, Pour contenter ton désir : Je serais assez contente De gouster ce doux plaisir ; Mais enflant ma pannetière Nous serions perdus tous deux.

The game must have pleased the innocent girl As she often went to the fountain

To bathe quite naked,

Praying to God that the wind would blow That the wind would blow…

/ 18 COMING BACK FROM THE FOUNTAIN

Coming back from the fountain Robin found Jeanneton

Who was leading across the meadow Her pretty little lamb;

Throws her under the ferns, Kisses her excitedly;

The shepherdess is unhappy Who has no loving heart.

The Beauty asks him to recite Some love song;

But he always backs off, Does not want to hear reason:

And so in a gentle way Chases her all excitedly;

The shepherdess is unhappy Who has no loving heart.

What, you want me to entertain you, Said this kindly fellow?

Leave my bagpipes,

Take my penny whistle instead, The notes ring true

And the sound is sweeter:

For, my beautiful shepherdess, It’s the instrument of lovers.

Robin, without more ado, To satisfy your desire:

I shall be happy

To taste this sweet pleasure;

But if it’s too hard We would both be lost.

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29

Malheureuse est la bergère Qui n’a le cœur amoureux.

Robin ne pouvant rien faire, Bien qu’il la teint au collet : Fut contraint de s’en défaire Remettant son flageolet : En lui disant ma rebelle, Suis je pas bien malheureux De te voir ainsi cruelle Et moi si fort amoureux ?

/ 19 BALLADE DE MERCI

A chartreux et à Célestins A Mendiants et à Dévotes A musards et claquepatins, A servants et filles mignottes Portants surcots et justes cottes, A cuidereaux d’amour transis

Chaussant sans méhaing fauves bottes, Je crie à toutes gens mercis.

A fillettes montrant tétins Pour avoir plus largement hôtes, A ribleurs, mouveurs de hutins A bateleurs trayant marmottes A fous, folles, à sots, à sottes, Qui s’en vont sifflant six à six A vessies et mariottes, Je crie à toutes gens mercis.

Sinon aux traîtres chiens mâtins Qui m’ont fait ronger dures crôtes, Mâcher maints soirs et maints matins, Qu’ore je ne crains trois crottes

Je fisse pour eux pets et rottes ; Je ne puis car je suis assis.

Au fort, pour éviter riottes, Je crie à toutes gens, mercis.

The shepherdess is unhappy Who has no loving heart.

As Robin could do nothing,

Even though he held her by the throat:

Was obliged to let go

And put away his penny whistle:

Saying to her, my little rebel, Am I not truly unhappy To see you so cruel

And me so strongly loving?

/ 19 EXCUSE ME BALLADE

To Carthusians and Celestines, To beggars and the pious, To the idlers and the show-offs, To the servants and pretty girls, Wearing waistcoats and tight tunics, To bigheads transfixed by love In their impeccable tan boots, I cry out to all, excuse me.

To young girls showing nipples To have more clients,

To thieves and brawlers, To tricksters preying on fools,

To crazies, madmen, idiots and clowns.

Whistling about from six to six, To tipplers and lushes,

I cry out to all, excuse me.

Though not to the treacherous, dirty dogs Who made me gnaw on hard excrement, Chewing all evening and all morning, So that now I don’t fear dirt.

I would fart and belch for them;

I cannot as I’m seated.

Aloud, to avoid argument I cry out to all, excuse me.

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30

Qu’on leur froisse les quinze côtes De gros maillets forts et massis De plombées et tels pelotes Je crie à toutes gens, mercis.

/ 20 LE MOYENÂGEUX

Le seul reproche, au demeurant, Qu’aient pu mériter mes parents, C’est d’avoir pas joué plus tôt Le jeu de la bête à deux dos.

Je suis né, même pas bâtard, Avec cinq siècles de retard, Pardonnez-moi, Prince, si je Suis foutrement moyenâgeux.

Ah ! Que n’ai-je vécu, bon sang ! Entre quatorze et quinze cent.

J’aurai retrouvé mes copains Au Trou de la pomme de pin, Tous les beaux parleurs de jargon, Tous les promis de Montfaucon, Les plus illustres seigneuries Du royaum’ de truanderie.

Après une franche repue, J’eusse aimé, toute honte bue, Aller courir le cotillon

Sur les pas de François Villon, Troussant la gueuse et la forçant Au cimetièr’ des Innocents, Mes amours de ce siècle-ci N’en aient aucune jalousie…

J’eusse aimé le corps féminin Des nonettes et des nonnains Qui, dans ces jolis temps bénis, Ne disaient pas toujours « nenni », Qui faisaient le mur du couvent, Qui, Dieu leur pardonne ! souvent, Comptaient les baisers, s’il vous plaît,

Let someone smash their fifteen ribs With big hammers, strong and heavy, With leaden bludgeons.

I cry out to all, excuse me.

/ 20 MEDIEVAL MAN

The only reproach, be it said,

That my parents might have deserved, Is not to have played earlier

The humping game.

I was born, not even a bastard, Five centuries too late,

Forgive me, Prince, if I Am so bloody medieval.

Ah! What did I not live through, good heavens!

Between 1400 and 1500.

I would have found my pals At the Pine Cone watering hole, All the fine speakers of slang, All those destined for the gibbet, The most illustrious lords Of the crooked kingdom.

After getting frankly stuffed, I should have liked, shamelessly, To chase a bit of skirt

In the wake of François Villon, Trussing the wench and forcing her To the Innocents’ Cemetery,

My loves of this present century Would not be at all jealous…

I would have loved the female body Of the nuns young and not so young Who, in those happy, blessed days, Did not always say ‘nay’,

Who lurked by the convent wall, Who, may God forgive them! often, Counted the kisses, if you please,

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31

Avec des grains de chapelet.

Ces p’tit’s sœurs, trouvant qu’à leur goût Quatre Evangiles c’est pas beaucoup, Sacrifiaient à un de plus :

L’évangile selon Vénus.

Témoin : l’abbesse de Pourras, Qui fut, qui reste et restera La plus glorieuse putain De moines du quartier Latin.

A la fin, les anges du guet M’auraient conduit sur le gibet.

Je serai mort, jambes en l’air, Sur la veuve patibulaire, En arrosant la mandragore, L’herbe aux pendus qui revigore, En bénissant avec les pieds Les ribaudes apitoyées.

Hélas ! Tout ça, c’est des chansons.

Il faut se faire une raison.

Les choux fleurs poussent à présent Sur le charnier des innocents.

Le trou de la pomme de pin N’est plus qu’un bar américain.

Y’a quelque chose de pourri Au royaum’ de la truanderie.

Je mourrai pas à Montfaucon, Mais dans un lit, comme un vrai con, Je mourrai, pas même pendard, Avec cinq siècles de retard.

Ma dernière parole soit

Quelques vers de Maître François, Et que j’emporte entre les dents Un flocon des neiges d’Antan…

Ma dernière parole soit

Quelques vers de Maître François, Pardonnez-moi, Prince, si je Suis foutrement moyenâgeux.

With their rosary beads.

These little sisters, finding that to their taste Four Gospels do not add up to much,

Were sacrificing to one more:

The gospel according to Venus.

Witness: the abbess of Pourras, Who was, remains and will remain The most glorious whore

Of the monks of the Quartier Latin.

In the end, the angels on the lookout Led me to the gibbet.

I shall be dead, my legs dangling, On the grim scaffold,

Wetting the mandrake,

The hanged man’s herb that reinvigorates, While blessing with twitching feet

The pitying whores.

Alas! All that is just a song.

You can’t get away from it.

Cabbages now grow

On the innocent’s charnel house.

The Pine Cone watering hole Is now just an American bar.

There is something rotten In the crooked kingdom.

I won’t die on the gibbet

But in a bed, like a right moron,

I shall die, not even at the end of a noose, Five centuries too late.

May my last words be

A few lines of Master François,

And between my teeth I shall take with me A flake from “the snows of yesteryear”…

May my last words be

A few lines of Master François, Forgive me, Prince, if I

Am so bloody medieval.

Translations: Jeremy Drake

(32)
(33)

33

Enregistré à la Cité de la Voix, Vézelay (France) du 7 au 10 mai 2018 Direction artistique, prise de son et montage : Thibaut Maillard Photos digipak & livret : Pacôme Sadek

Photo Georges Brassens : D.R.

Editeurs : Editions Musicales Société 57 / Universal Music Publishing (tracks 2, 8, 12, 17 & 20) Conception graphique : Nathalie Barrera, Aurélie Commerce, Michel De Backer (mpointproduction) (c) – (p) 2018 Off The Records

www.muso.mu mu-026

Réalisé avec le soutien de l’ADAMI, de la Cité de la Voix - Vezelay et du Théâtre du Château de la ville d’Eu.

Mécénat Musical Société Générale est le mécène principal des Lunaisiens.

L’ensemble bénéfi cie de l’aide du Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Hauts-de-France.

À Florence.

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