LE RÔLE DES PROTÉINES COMME FACTEURS
D’APPÉTENCE POUR LES CALORIES CHEZ LE POULET
EN CROISSANCE
C. CALET Françoise BARATOU
Station de Recherches avicoles,
Centre national de Recherches zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise).
Au cours de l’année 1961-1962 nous nous sommes intéressés à l’étude de l’efficacité azotée selon le mode de distribution des aliments. Ceci nous a amené à observer que les
protides
manifestent une action sur la croissancequi
est la résultante deplusieurs facteurs
que nous avons cherché à
analyser.
Enparticulier,
nous nous sommes attachés récemment à l’étude du rôle des matières azotées surl’appétit.
Un
premier
travail concerne l’évolution du coefficient d’efficacitéprotidique
de deuxsources azotées en fonction d’une part de la
quantité
d’azoteingérée
et d’autre part dumode de rationnement. Le schéma du
protocole expérimental
est le suivant : Les matières azotées étudiées sont dansune première expérience
la farine depoisson
et le tourteaud’arachide
qui
ont été choisis en raison de ladivergence
de leur valeurbiologique.
Cha-cune d’entre elles entre dans la
composition
d’une rationprotidique
renfermant 50%
dematières azotées totales
(N
X6,25)
et comprenant les vitamines nécessaires à l’animal.On constitue par
ailleurs,
une rationprotéiprive
àpartir
deglucose, amidon,
huile demaïs et minéraux. Une
partie
des lotsreçoit
l’une et l’autre de ces rations dans desmangeoires séparées.
L’autrepartie
des animauxreçoit
une seule rationcomplète, préparée
enmélangeant
les deux rations. Tous les animauxreçoivent journellement
desquantités
limitées de matières azotées totales(de
2 g à 15 g parjour
et paranimal).
Ainsiles lots recevant une ration
complète disposent
au total d’unequantité
restreinte d’aliment.Chez les animaux nourris des deux
rations,
seule la rationprotidique
est restreintealors que la ration
protéiprive
est distribuée à volonté. Nous avonsprécédemment
observé(CALET, JOUAND ET , B ARA TO U , 1961)
que lepoussin
estcapable
de consommer sponta- nément unequantité
convenable d’alimentprotéiprive
afin d’assurer son besoin éner-gétique.
Le
graphique
1 illustre nos résultats.Lorsque
la ration estcomplète (courbes
decroissance 1 et
2)
nous retrouvons les conclusions établiesdepuis
1930 par HEUSERlorsqu’il
recherchait le besoin azoté dupoussin :
au fur et à mesure que la quan- tité d’azoteingéré
augmente la croissance est amélioréepuis
passe par un maximum et enfin décroît. Il convient toutefois desouligner
que ce besoin azoté défini dans nos conditionsexpérimentales dépend
de la nature des matières azotées. Il estplus
faiblelorsque
s’accroît la valeurbiologique
de la matière azotée.Lorsque
lepoussin reçoit
simultanément deux rations etqu’il dispose
à volontédes calories non
azotées,
la croissance est constamment ascendante au fur et à mesureque le taux
protidique
durégime
estplus
élevé. Dans cesconditions,
il estimpossible
de définir une croissance
optimum
en fonction de laquantité
d’azoteingérée.
Nous avons
précédemment
établi que la consommationspontanée
par gramme deprotide
est d’autantplus
forte que les matières azotéespossèdent
une valeur biolo-gique plus
élevée. Ceci est vrai pour unequantité
de matière azotée donnée(5,1
g parpoussin
et parjour).
Nous avons recherché comment cette consommationspontanée
varie en fonction du niveau alimentaire d’azote. Le
graphique
2 fournit les valeurs du coefficient d’efficacitéprotidique
en fonction du rapport entre les calories volontairement consommées et les matières azotées. Dans l’un et l’autre cas les coefficients d’efficacitéprotidique
passe par unoptimum
mais cetoptimum correspond
à des rapportsC/P beaucoup plus
élevéslorsque
la valeurbiologique
desprotides
estplus
forte.On peut adresser une
critique
à notreexpérimentation.
La consommation spon- tanéed’énergie engendrée
par les matières azotées peut ne pas être forcément le fruit de la valeurbiologique
desprotides
sensu stricto mais être laconséquence
deprin- cipes
nonprotidiques
accompagnant les matières azotées. Nous nous sommes adressésen effet à des aliments naturels et non pas à des
protéines purifiées.
Lesexpériences qui
vont être
rapportées
ont tenté de vérifier dansquelle
mesure la valeurbiologique
desprotides
estresponsable
de la consommationd’énergie.
Tout d’abord pour éviter la
critique
parlaquelle
les aliments naturels azotés four- nissent à l’animal d’éventuels « facteursd’appétence n,
nous avonsrepris
dans une secondeexpérience
le mêmeprotocole expérimental
que dans lapremière expérience
en modi-fiant
l’origine
des matières azotées. Cette fois nous avons fait varier l’efficacité des pro- tides nonplus
en nous adressant à deux sources distinctes mais en constituant desmélanges
de deux matières azotées enproportion
différente. Ils’agit
dugluten
de bléet de la farine de
poisson.
Un des alimentsprotidiques
renferme 80%
des matières azotées sous forme de farine depoisson
et 20%
sous forme degluten.
Dans l’autre alimentprotidique
lesproportions
sont inversées(protides
degluten
80%
etprotides
de la farine de
poisson
20%).
Nous ne donnerons pas de résultats chiffrés car les conclusions du deuxième essai
sont
rigoureusement superposables
à celles dupremier.
En
dépit
de ce résultatpositif,
nous nepouvions
pas affirmer que la valeur biolo-gique
desprotides
estresponsable
à elle seule de la consommationd’énergie.
Cela nepeut être vrai que dans la mesure où des aliments azotés
d’origine
différente etpossédant
la même efficacité
protidique
conduisent à la même consommationspontanée d’énergie.
Aussi,
dans une troisièmeexpérience
nous avons tenté de constituer desrégimes proti- diques possédant
la même valeurbiologique
enmélangeant
des aliments azotés naturels dans desproportions
variables(4 mélanges
à base de tourteau d’arachide et de farine depoisson,
4 autresmélanges
à base de tourteau de sésame et decaséine).
Nous avons alorsconfronté les coefficients d’efficacité
protidique
de cesrégimes
et les consommationsspontanées d’énergie qu’ils engendrent
avec les résultats fournis par le tourteau desoja.
Le tableau 1 donne pour les différents
régimes
les valeurs relatives du coefficient d’efficacitéprotidique
et de la consommation d’aliment non azotélorsque
l’on attribueau
soja
la valeur 100.Apparemment
il sembleque l’on puisse
établir une concordanceparfaite
entreefficacité azotée et consommation
spontanée d’énergie indépendante
del’origine
desmatières azotées.
Mieux,
pour lesrégimes
dont les efficacités sont lesplus proches,
c’est-à-dire pour le
régime soja (lot S)
et pour lesrégimes arachide-poisson (lots
1et
II),
onpourrait
presque confondre les valeurs des coefficients d’efficacitéprotidique
et des consommations
d’énergie.
Les valeurs fournies dans le cas desrégimes
sésame-caséine sont
plus éloignées
de cellesdu soja mais
une mêmeproportionnalité
demeureentre les deux séries de mesures.
La concordance entre les deux séries de mesure n’est malheureusement
qu’appa-
rente. En effet pour chacun des types de
régime protidique considéré,
nous avons calculé le coefficient de corrélation entre efficacité azotée et consommationd’énergie.
Ce coef-ficient est extrêmement élevé pour les
régimes soja
et sésame-caséinepuisque
savaleur est de
0,81.
En revanche la valeur du coefficient n’est que de0,68
pour lesrégimes arachide-poisson.
Ainsi ilapparaît
une relation extrêmement étroite entre l’efficacité azotée d’unprotide
et sonaptitude
àdévelopper l’appétit calorique
dupoussin
toutes lesfois que les matières azotées sont
d’origine végétale
ou sont desprotides purifiés.
Parcontre, dans le cas des aliments
d’origine
animale(farine
depoisson)
la seule valeurbiologique
de leursprotides
n’est pas en mesured’expliquer
la totalité de leurs effetssur
l’appétit.
Nous avons des raisons de penser que la vitamine B12qui
accompagne les farinesd’origine
animale estresponsable
d’unepartie
des effetssupplémentaires
sur laconsommation d’aliment et