INFLUENCE
DEQUELQUES FACTEURS ALIMENTAIRES,
SAISONNIERS
ETENDOCRINIENS
SUR LEMÉTABOLISME
DECa, P, K,
NaCHEZ 2 COUPLES
DE JUMELLES BOVINES UNIVITELLINES
M.
BROCHART,
P. LARVOR B. VISSAC Laboratoires de recherches de Zootechnie.École
nationale vétérinaire, Alfortet Institut national
agronomique,
Paris.PLAN DU
MÉMOIRE
I. - Introduction.
II. - Matériel et méthodes.
III. - Résultats.
A. Généralités.
Interprétation statistique globale.
B. Influence des facteurs saisonniers.
C. Influence des facteurs alimentaires.
D. Relations entre les variables
sanguines,
urinaires et fécales.E. Relations entre la
composition
despoils
et les autres variables.F. Généralisation des résultats obtenus.
IV. - Discussion générale.
V. - Résumé.
1. - INTRODUCTION
L’étude
globale
du métabolisme minéral des bovins est une entre-prise difficile,
etqui
nécessitegénéralement
la mise en oeuvre de moyensimportants.
La méthode des bilansexige
une main d’oeuvre abondante et un minimum d’installationstechniques.
Deplus,
une étudecritique
serrée de cette méthode
(Dur!cArr, 195 8)
montre que,lorsquelle
est pour- suiviependant
unepériode
deplusieurs mois,
les chiffres de rétention obtenus sont sansrapport
avec la réalité.( 1
) Avec la collaboration technique de Mme N. BERTHKLOT, et de M. (’. RoTÜ.
Remis pour publication en Juillet 19!9.
Pour ces deux
raisons,
une étude du métabolisme minéralportant
sur une année ne
pouvait
êtreenvisagée
par la méthode des bilans.Un travail
préliminaire
sur lerythme nycthéméral
de la concentration urinaire et fécale des bovins(I,.!RVOR
etBROCH!RT, 1959 )
nous apermis
d’établir
qu’une
mesurequalitative
de concentration minérale urinaire etfécale,
effectuée sur un échantillonprélevé
à une heure où les variations de concentration sontfaibles, permet
de se faire une idée trèsapproxi- mative,
mais néanmoinsintéressante,
du niveau d’élimination des miné-raux dosés.
Une autre voie
d’approche
dansl’exploration
du métabolisme miné- ralpeut
être cherchée dansl’analyse
directe del’organisme animal,
oud’une fraction
représentative
et aisémentprélevable
de cetorganisme.
On connait
depuis longtemps
l’intérêt queprésente
l’étude des variations de lacomposition sanguine ;
cette méthode acependant
l’incon-vénient de ne refléter bien souvent
qu’un aspect
trèsfugace
du métabo-lisme
minéral,
et demande à êtrecomplétée
parl’analyse
d’une fractionplus
stable del’organisme, susceptible
de caractériser unepériode
nutri-tionnelle
plus longue.
L’un de nous
(B ROCH9RT , z9!7)
aappliqué l’analyse
du calcium et duphosphore
dupoil
à l’étude de la nutritionphosphocalcique
de la vachehollandaise ;
au cours de laprésente
étude nous avonsessayé
d’étendre la méthode au cas de la vachenormande,
et à d’autres minéraux.Par
ailleurs,
il nous a semblé intéressant depréciser
un certain nom-bre de o constantes n
biochimiques
desbovins,
pourlesquelles
on ne dis-pose
jusqu’à présent
que derenseignements fragmentaires,
etqu’il
estcependant
nécessaire de connaître pourpouvoir
délimiter les domainesrespectifs
des valeursphysiologiques
etpathologiques
des minérauxplas- matiques.
II. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Nos recherches ont
porté
sur deuxcouples
dejumelles
univitellines de racenormande, qui
serontdésignées,
pour lepremier couple,
par les chiffres I et III, et, pour le deuxièmecouple,
par les lettres E et S. Au coursdes recherches
qui
sont décrites dans cetravail,
l’alimentation a étéparfois
différente selon lescouples,
maisidentique
pour les deuxsujets
d’un même
couple.
Les critères de la
gemellité
vraie étaient :- La similitude
morphologique
étroite(notamment répartition
destaches) .
- La similitude des courbes de
croissance,
l’alimentation étantidentique
à l’intérieur dechaque couple.
- L’identité des groupes
sanguins,
déterminée par le Laboratoire desGroupes Sanguins
desbovidés,
deJouy-en-Josas.
- La ressemblance
frappante
des courbes de lactation des vaches I et III,malgré
undéphasage
de 3 semaines dans la date desvêlages.
Le
couple
I-III avait 3j mois au début del’expérience.
Ces vachesont eu leur
premier vêlage
en coursd’expérience,
la vache I, le 14 février5
8
et la vache III, le 3 mars5 8.
Laproduction
laitière mensuelle a été de février àjuin 195 8,
de 15, 15, 14, z3 et 11,5 litres.Le
couple
E-S avait 27 mois au début del’expérience.
Du fait d’unretard notable de
développement,
la saillie a étéretardée ;
par lasuite,
nous n’avons pu réussir à obtenir de
gestations synchrones,
cequi
nous a
obligé
à provoquer, le i8 mars, chez la vache S( 3 e
mois degesta- tion)
un avortement,qui
a été suivi d’une faible lactation dequelques jours.
Les animaux étaient entretenus en stabulation
permanente ;
ils recevaient directement la lumière par des fenêtres situées de face. L’abreu-vement était
automatique.
Les repas étaient distribués à 9 heures et à 17heures,
les rations du matin et du soir étantidentiques.
’Ces animaux ont été suivis toutes les semaines
pendant
un an, dejuin
1957 àjuin 195 8.
La ration a étéanalysée
aupoint
de vue minéral(Ca,
P, N etK) ;
les « refus avant étépratiquement nuls,
laquantité
de minéraux absorbés a pu être calculée avec une
précision
satisfaisante.Le seul élément non contrôlé de la ration a été la
quantité
depaille ingé- rée, qui
n’aguère dépassé
2kg,
soit desquantités
de Ca = 6 g, P = 1,5g, Na =0 ,6
g, K = 10 g,représentant
donc une faible fraction de la quan- tité totale dechaque
élémentingéré (respectivement
en moyenne, pourCa,
P, Na, K : 6 p. ioo, j p. ioo, ! 5 p. 100, 10p.100 ).
Les
prélèvements
étaient faits :- Pour le sang, à
jeun,
à 9 heures dumatin,
parponction
de lajugulaire
etremplissage
de trois tubes àcentrifugation,
dont l’un conte-nait 200mg de F Na
(io mg
par ml desang),
le second unegoutte d’hépa-
rine pour la
préparation
duplasma ( 1 ),
letroisième,
sansadditif,
était destiné à la récolte du sérum.Le
phosphore
minéral était dosé dans le sangfluoruré,
le Ca et le P total dans le sérum(suivant
des méthodesdéjà décrites ;
BnocHART,1957
).
Le sanghépariné
étaitcentrifugé
aussirapidement
quepossible (
20
mnenviron) après
larécolte,
pour éviter leséchanges d’électrolytes
entre le
plasma
et lesglobules, échanges qui
sontsusceptibles
de modi-fier la teneur du
plasma
en Na et surtout en K et en Cl(GuiH A U M iN
et VIGNES,
ig28 ; G UILLA umK,
I93o ; DULIEPE, 1931 ; L!umr;R, 1933 ;HiGOLwT,
ig 37 ).
Na et K étaient ensuite dosés parspectrophotométrie
( r
) Nous tenons à remercier ici 1es Moratoires Hoffmann La Roche qui nous ont gracieusement
fourni l’héparine.
de
flamme, après
dilution au1/100
dans de l’eaudistillée,
et par compa- raison avec deux étalonsqui
encadraient les valeurs lesplus
courammenttrouvées.
- Pour
l’urine, prélèvement
à y heures à l’aide d’unesonde ; dosage
de Ca et P.- Pour les
fèces, prélèvement
dans lamatinée,
directement dans lerectum,
deshydratation
àl’étuve, broyage,
minéralisation 16 heures à 55oO
, et
dosage
de Ca et P.Une étude
préalable (I!ARVOR
et BROCHART,ig5g)
nous a montréque les résultats des
dosages
desprélèvements
réalisés aux heures indi-quées
étaient en corrélation hautementsignificative
avec la moyenne dunycthémère.
Les données obtenues ont étécomparées
avec les conditionsmétéréologiques principales (température, pression atmosphérique,
duréedu
jour, hygrométrie), qui
nous ont été fournies par l’Observatoire Géo-physique
du Parc Saint Maur, dont le microclimat serapproche
beau-coup du nôtre
( 1 ).
Le
poil
duchignon,
de couleurblanche,
étaitprélevé
tous les deuxmois,
et dosé pourCa,
P, K, Na,Mg.
Nous nous sommes aperçus, en cours
d’expérience,
que latechnique
de
lavage
despoils
par lelauryl
sulfate d’ammonium entraînait despertes
de cathions
importantes. Cependant,
nous l’avonsgardée jusqu’à
lafin de la
période expérimentale
pour que les résultats soientcomparables.
Seule une étude
plus poussée
pourra nouspermettre
ultérieurement de décider de latechnique
delavage
àadopter
définitivement.III. -
RÉSULTATS
A. Généralités.
Interprétation statistique ylobale.
I,’analyse globale
des résultats aporté
sur 26variables,
et 216 obser-vations par variable
(une
parsemaine,
engénéral, pendant
un an, pour chacune des 4jumelles
soumises àl’expérience).
Elle a été réalisée surordinateur I. B. M. 70.!.
Cette
interprétation statistique qui
vise à étudier les relations exis- tant entre les teneurs en minéraux del’alimentation,
du sang, del’urine,
desfèces,
despoils,
et les conditionsclimatiques,
et à endégager
les méca-nismes
physiologiques,
a étépoursuivie
par les méthodes courantes d’ana-lyse
multidimensionnelle(MoRic!
etC HAPTIFR , z95!).
Elle acomporté logiquement
3parties.
1
°
Étude
des courbes de répartition des fréquences de chaque variable.Une condition essentielle de validité des calculs
statistiques qui
seront réalisés est que les variables étudiées se
répartissent
suivant unecourbe de
I,!Pt,!C!-(Uauss,
ou courbe normale(fig. i). Lorsqu’il
n’enest pas
ainsi,
onpeut
satisfaire indirectement à cettecondition,
en étudiant( 1
) Nous tenons à remercier ici Monsieur le Directeur de l’()1>servatoire Géophysique du Parc
Saint Maur, qui a bien voulu nous autoriser à relever ces données.
non la variable elle-même x, mais une fonction
f (x)
convenablement choisie de cette variable(B!RT!,!rT, 1947 ).
l,a
plupart
des variablesenvisagées présentaient
une courbe derépartition
desfréquences
différant nettement d’une courbe normale.Nous avons utilisé les transformations suivantes
qui
nous ont parujus-
tifiées :
a) log x (courbe log
normale oulogarithmico-normale (fig. 2 ),
dansle cas du
potassium alimentaire,
du calciumalimentaire,
durapport
Ca/P
fécal et de tous lesdosages
des minéraux despoils.
b) x (courbe
derépartition
desfréquences caractéristiques
d’uneloi de Poisson =
fig. 3 )
dans le cas desrapports
Ca P alimentaire eturinaire,
du calcium et duphosphore
urinaires.Dans ce dernier cas,
toutefois,
la transformation n’est que très ap-proximative.
1/examen de la courbe derépartition
desfréquences
dutaux de
phosphore
urinaire(fig. 4 )
nouspermet
en effet de remarquerque les variations de ce
parantètre
semblent obéir à deuxtypes
d’effets :- un effet
sintple
de seuil : on sait en effet que le taux d’élimination duphosphore
urinaire est sensiblement constant et faible tant que le taux dephosphore
du sang nedépasse
pas une certainelimite ;
- un ensemble d’effets
nombreux,
dont les actions s’additionne- raient comme dans le cas d’une variablenormale,
au-delà de ce seuil.Le
simple
examen des courbes parépartition
desfréquences peut,
ainsi fournir un indice sur les modalités d’action des mécanismes
qui régissent
les variations desparamètres
étudiés. On saitqu’une
variablesoumise à l’action d’un
grand
nombre de facteursqui agissent indépen-
damment,
dont les actions individuelless’additionnent,
et sontfaibles,
mise à
l’analyse
factorielle etchaque
facteur extrait par cetteanalyse permet :
a)
de calculer lapart
de variance due àchaque
facteur dans la variance totale d’unevariable ;
est
répartie
suivant une loi normale(phosphore
minéral du sang parexemple). I,orsque
ces facteurs de variation cumulent leurs effets defaçon multiplicative,
et nonadditive,
la loi de variation est au contraire dutype logarithmico-normale (rapport Ca/P
parexemple).
On trouverarassemblées sur le tableau I les
caractéristiques principales
de la distri- bution des diverses variables.2
0 Calcul de l’importance respective des liaisons entre les teneurs minérales des divers éléments
étudiés,
et entre cesteneurs,
d’une part, et les caractéristiques climatiques et alimentaires d’autre part.La matrice des coefficients de corrélation entre les variables
prises
2 à 2 est
représentée
sur le tableau II.Afin d’obtenir une
appréciation plus
exacte des vraies relations di- rectes entre deuxvariables,
nous avonsdû,
dans certains cas, éliminer l’influence d’une variable dont l’action sur la fluctuation des deux va-riables étudiées était
prépondérante,
etpouvait
induire indirectementune relation entre elles. Le coefficient de corrélation
partielle
entre deuxvariables x, y, une troisième variable z étant maintenue constante, a été calculé par la formule :
T.ïy,!
= coefficient de corrélationpartielle
entre x. et y, à z constant.Yxy, 1 xz, Tyz
= coefficients de corrélation entre x et y, x et z, y et z.Dans d’autres cas, nous avons caractérisé
l’importance
des fluctua- tions d’une variable donnée en fonction de celles de 2, ou, engénéral, plusieurs variables,
par le coefficient de corrélationmultiple.
3 0
Analyse factorielle. - Celle-ci constitue une voie
d’approche
per- mettant de déceler d’unefaçon globale
les mécanismesqui
commandentles relations entre les
variables,
tellesqu’elles
sontanalysées
par la matrice du tableau II(SE WAH
WRIGHT,C!ZT!;!,!.).
La difficulté
d’interprétation
des liaisons existant entre des gran- deurs de même nature(dosages
deminéraux,
parexemple)
vient du faitque l’on a affaire à des variables
qui
sont toutesplus
ou moins liées entreelles,
sous l’influence de mécanismesorganiques
dont elles constituentun
reflet,
maisqu’on
nepeut
pas contrôler directement.L’analyse
fac-torielle
permet justement
de passer d’unsystème
de variables contrô- lables etdépendantes
en unsystème
de variablesindépendantes
maishypothétiques,
ou « facteurs », que l’on assimile aux mécanismes « sous-jacents
»qui
commandent les relations entre les variables. Le calcul et lacomparaison
des coefficients de corrélation entrechaque
variable sou-b)
de déterminerl’importance globale
dechaque
facteur dans la fluctuation d’ensemble de toutes les variables étudiées.I,e
physiologiste peut,
à l’examen de cesrésultats,
émettre deshypo-
thèses sur la nature même des facteurs : action
alimentaire, climatique,
mécanisme
endocrinien,
etc...L’extraction
des divers facteurs del’analyse
factorielle a été effec- tuée sur ordinateur I. B. M. 704, par la méthode centroïde de Thurstone.q.°
Identification des facteurs. - Parmi les 26 variablesqui
ont étéenvisagées
pour établir la matrice des coefficients decorrélation,
nousavons sélectionné 13
grandeurs
de même nature,qui
ont été soumises àl’analyse
factorielle(résultats
dedosages
deminéraux).
Nous avonsnotamment éliminé de ce calcul les
rapports Ca/P
etK/Na,
les caracté-ristiques climatiques,
et lesdosages
minéraux despoils, qui
n’avaient été effectuésqu’avec
unepériodicité
bi-mensuelle.Nous avons
représenté
sur le tableau III les coefficients de corré- lation entrechaque
variable et chacun des 4premiers
facteurs extraits parl’analyse
factorielle.(Six
facteurs ont étéextraits,
maisquatre
seule-ment ont pu être
identifiés.)
Lespourcentages
de variance attribuables àchaque
facteur dans la variance totale dechaque variable,
d’unepart,
et de l’ensemble des
variables,
d’autrepart,
sontégalement représentés
sur ce
tableau,
et schématisés sur lafigure
5.Après
avoiressayé,
dans un but desynthèse,
d’identifier les facteurs obtenus parl’analyse factorielle,
nousanalyserons
dans le détail leursinfluences,
ainsi que les relations existant entre les diversesvariables,
tellesqu’elles apparaissent
à l’examen de la matrice des coefficients de corrélation. On voit que, sur l’ensemble des données(tableau III),
lefacteur d’ordre i intervient pour r5,z p. 100 dans la variation
totale,
le facteur d’ordre 2 pour1 6, 2
p. 100, le facteur d’ordre 3 pour 12,2 p. 100, et le facteur d’ordre q. pour 5,7 p. 100. Nous laisserons de côté les facteurs d’ordre 5 et 6 que nous n’avons pas puinterpréter
valable-ment, et
qui
nereprésentent
que 3,5 et 2,7 p. 100 de la variation totale.Ces chiffres
permettent
d’ores etdéjà
de penserqu’un grand
nombrede mécanismes et d’influences doivent être
invoqués
pourexpliquer
lesfluctuations de nos
variables,
etqu’une part importante
de celles-ciéchappera
àl’analyse.
I,es 4premiers
facteurs ne rendentcompte
en effet que de 50 p. 100 de la variation totale que l’on caractériserait defaçon complète
avec z3 facteurs. Il n’existe pas, en outre, contrairement à cequi
est souvent le cas dans de tellesanalyses,
de facteurgénéral
ou
primaire prédominant,
les troispremiers
facteursayant
une influence sensiblementéquivalente.
Nous
allons,
enpremier lieu,
essayer d’identifier les 4premiers
facteurs à des influences extérieures
(nutritionnelles
ouclimatiques)
ouaux mécanismes
physiologiques responsables
de la variation des teneursen minéraux.
I° FACTEUR ? 1.
Le facteur n° I
présente
les coefficients de corrélation lesplus
élevésen valeur absolue avec le P alimentaire et le P
fécal ;
il exerce une influence notable sur le P totalsérique,
le P urinaire. Il est en corrélationpositive
avec K alimentaire. Il est à noter
également qu’il
exerce une influencenégative
sur tous les témoins du métabolismecalcique (plasma, urine, fèces).
Il est vraisemblable que ce facteurpourrait
être le P alimentairelui-même,
tant en raison de la corrélation très élevéequ’il présente
avecce
dernier,
que de sa variation concomitante avec Kalimentaire,
et de l’influencenégative qu’il
exerce, à tous lesniveaux,
sur le métabolismecalcique.
I,a relationnégative
entre Ca et Psériques correspond
à ladonnée
classique
de la constance duproduit
Ca X Psériques ;
nous avonsdémontré
(I, ARVOR
et BROCILBRT,Ic!!9)
que cette relation a sa traduc- tion au niveau urinaire. La réduction du Ca fécal nepeut
résulter d’uneabsorption
accrue du Caalimentaire,
car, dans ce cas, on devrait observerune
augmentation
du Casérique ;
cette baisse du Ca fécalprovient plus
vraisemblablement de la réduction du Ca fécal
endogène, qui
résultelogi- quement
de la baisse du Casérique. Ainsi,
enprésence
d’un apportphos- phorique
etcalcique supérieur
auxbesoins,
on observe une assimilationpréférentielle
duphosphore,
entraînant la réduction du Casérique
eturinaire.
2° FACTEUR NO 2.
I,e deuxième facteur se caractérise tout d’abord par une forte relation
négative
avec trois minéraux alimentaires(Ca-I’-K)
sur quatre.On verra que les
apports
alimentaires enCa,
P, K ont varié au cours de notreexpérience
selon uncycle apparemment
annuel(fig. 6),
avecun maximum
d’apports
au cours de l’hiver et en début deprintemps.
Le facteur 2
pourrait
donc être soit un facteur alimentaire en corrélationnégative
simultanée avecCa,
P, Kalimentaires,
soit un facteur saisonniertel que la
température,
dont lecycle
d’évolution est en corrélationnéga-
tive avec le
cycle
desapports
alimentaires. Parailleurs,
le niveau desapports
alimentaires enCa,
P, K a été presque constammentplus
élevépour le
couple
I-III que pour lecouple
E-S. I,es corrélations observées entre le facteur 2 et lesapports
enCa,
P, Kpourraient
donc traduireun
comportement
différent des deuxcouples
de vachesutilisés ;
cette demièrehypothèse
est laplus
vraisemblable. Eneffet,
lecouple
E-Sa
présenté
presque constamment au cours del’expérience
unphosphore sérique
total et un P urinairesupérieurs
à ceux ducouple
I-III(fig.
6bis)
alors que ce dernier
couple
aprésenté
une calciurietoujours supérieure
à celle du
couple
1,’,-S. Or le facteur 2 est en corrélation fortementpositive
avec P total
sérique
et Purinaire,
et fortementnégative
avec la cal-ciurie. Le facteur 2 est donc un facteur
apparemment
lié aucouple,
et ayant une
puissante
action au niveau du P totalsérique
et de P et Caurinaires.
L’identification du facteur 2 nous a été facilitée
lorsque
nous avonsexaminé l’évolution du P
sérique
total et du P urinaire pourchaque
couple
dejumelles,
et enpoursuivant
cet examen au delà de lapériode
expérimentale
d’un an ayant faitl’objet
duprésent travail,
soitjusqu’en
décembre
195 8,
laphase
de croissance(couple !-S),
ou lecycle
de pro-duction laitière
(couple I-III),
étant achevés à cette date(fig.
6bis).
On observe que pour le
couple
E-S lephosphore sérique
total et leP urinaire ont été élevés tant que ces
génisses
ontaugmenté
depoids,
et que ces deux variables ont baissé
rapidement
dès que la croissancea été achevée. Le
couple
I-III n’aprésenté
uneaugmentation
notabledu P
sérique
totalqu’au
cours desquatre premiers
mois delactation,
le P urinaire neprésentant qu’une
courtepériode
de fortes valeurs(la compétition
de la mamelle pour le Pexplique
sans doute la brièvetéde la
phosphaturie
élevéeobservée).
Ilapparaît
ainsi que l’évolutiondu P
sérique total,
et,secondairement,
du Purinaire,
est fonction pourune
part
de l’activitémétabolique.
Parailleurs,
lesynchronisme
de lachute du P
sérique
total en aoîit195 8
et de la remontée de celui-ci àpartir d’octobre,
observées chez les deuxcouples, suggère
une influence saison- nière. Il nousparaît
donc licite d’identifier le facteur 2,qui
est lié à l’ac-tivité
métabolique
et à lasaison,
à l’activitéthyroïdienne.
Al’appui
decette
hypothèse,
nous citerons les travaux d’OwEN( 194 8) qui
a démontréchez la vache que la
thyroxine
améliore le bilanphosphorique
tout enaugmentant
laphosphaturie.
3° FACTEUR N° 3.
Ce facteur est en corrélation
positive
avec Naalimentaire,
etnégative
avec Ca et P alimentaires. Au niveau
sanguin,
son action tend àaugmenter
le P totalsérique
et, dans une moindre mesure, le Casérique
et le Naplas- matique,
et à diminuer le P minéral. Son action au niveau urinaire estnégligeable ;
au niveaufécal,
il exerce une actionnégative
sur Ca et P.On se trouve donc en
présence
d’un facteur dont l’actionprépondérante
tend à
augmenter
P total et Casérique,
endépit
d’une réduction desapports
alimentairesphosphocalciques,
cequi suggère
que cepourrait
être un facteur efficace d’assimilation. Divers auteurs ont
signalé
uneffet
positif général
du sodium sur les mécanismes d’assimilation(RiGGs
et coll. ig5i , AINES et
S MITH , zg 57 ),
cequi expliquerait
la corrélationpositive
entre ce facteur etl’apport
alimentairesodique.
Parailleurs,
ila été observé chez de nombreuses
espèces
de laboratoire(N ICOL A YSEN
etcoll.
zg5 3 ),
et chez les bovins(BoDA
et COLE.zg56),
que la réduction desapports calciques
etphosphoriques
accroît le coefficient d’utilisation deces
éléments,
cequi expliquerait
les corrélationsnégatives
entre le facteur 3 et lesapports
alimentairesphospho-calciques.
Nous pensons doncqu’il
est licite d’assimiler ce facteur à la
capacité
d’assimilationintestinale,
elle-même fonction desapports sodiques
etphospho-calciclnes.
I,a corrélation
négative
entre le facteur 3 et le P minéralsanguin
estplus
difficile àexpliquer. I,’apport sodique
a été leplus
souvent associéà un
apport
de chlore(sous
forme de ClNa) ;
il estpossible
que la réduc- tion du P minéralsanguin
soit le fait de l’ion chlore. Plusieurs auteurs(tableau IV)
ont en effet observé quel’apport
de sel ne modifiait pas sensiblement le sodiumplasmatique,
ce que nos observationsconfirment,
maisaugmentait
le chloreplasmatique.
Onpeut
penser quel’augmentation
du taux d’ions Cl- a pour
effet,
par un mécanisme derégulation
acido-basique
du sang, de réduire laquantité
d’ionsPO 4 --.
Untel antagonisme
entre Cl- et PO - - - a été observé au niveau urinaire par LARVOR et BROCHA
R
T
(I959)! qui
ont observé une corrélationnégative
entre le chlore etle
phosphore urinaire, corrigé
en fonction de la matière sèche(v
= - 0,72 ;significatif à
p. 100- seuil à I p. 100 :- 0,73).
q.° FACTEFR 1&dquo;0 4.
I,e facteur q. intervient pour une
part
nettementplus
faible que les trois facteursprécédents
dans la variationgénérale ( 5 , 7
p.100 ) ;
ilpré-
sente une corrélation
positive
élevée avec le K et le Naplasmatiques,
ainsi
qu’avec
le Ca fécal et le Caurinaire,
et est en corrélationnégative
avec le Ca
sérique.
L/examen des courbes d’évolution saisonnière de K, 1Va du sang, confrontées avec l’évolution des différents facteurs sai- sonniers(fig. 7 ),
montre que laphotopériode (que
nous avons ici chiffréecomme étant
l’allongement
ou la diminution de la durée dujour
au coursde
chaque mois)
est bien liée à ces teneurs minérales duplasma.
Nousverrons, lors de la discussion sur l’influence de la
température,
que les modifications de Na et K duplasma
sont en relation avec le volume cir-culant,
lui-même modifié par la sécrétion de l’A. D. H.S J os’r R w D (ig5 3 )
a observé
l’augmentation
du volumesanguin
chez quatre femmes pen- dant le passage de l’hiver auprintemps,
mais ilsignale
que ces variationsn’ont suivi que de très loin les variations de
température,
et il en conclutque la durée du
jour
estl’agent
causal.Cependant
Bess et HENSCHEL(
195
6)
font remarquer que l’examen des données deS JOSTR . BXD
montreque les volumes
sanguins
lesplus
élevés surviennent 4 mois avant ladurée du
jour
maximum. Il est tout à faitremarquable
que cettepériode,
qui correspond également
aux valeurs maximum du Na et du Kplasma-
tiques
dans nosrecherches,
est celle où le taux d’accroissement de la durée dujour
est leplus
élevé. De même, le tauxd’hémoglobine
du sang humaintel que COULTHARD
( 194 8)
l’a calculé sur des milliers dedosages effectués,
par lui ou d’autres auteurs,
présente
une courbe de variation tout à faitsimilaire. La
figure
7permet
de comparer ces différentesdonnées,
et lacoïncidence étroite entre des travaux d’ordre aussi divers ne
permet
pas de douter du rôle décisif de laphotopériode.
Nous avons
également remarqué
que, chez nosbovins,
la mue débu- tait enfévrier,
donc en mêmetemps
qued’importantes
variationsplasma- tiques.
Or, il estparfaitement établi,
chez lajument (B URK Fi ARD T, z
947
),
et chez la vache(1 «AING , z 94 8),
que la mue est en relation étroiteavec la
photopériode.
Cet ensemble de résultats nous amène à identifier le facteur n° 4(qui
intervient pour 8 p. 100 de la variation du Naplas- matique
et pour 17p. 100de la variation duK)
à unphénomène
saisonnierde nature
endocrinienne, probablement
la sécrétion d’A. D. H.post hypophysaire,
elle-même très étroitement sous ladépendance
de laphotopériode (et peut-être,
dans une moindre mesure, de latempéra- ture) .
Par
ailleurs,
BROWN et Coll.( 1943 )
chezl’homme,
et CRAIG et GADDchez le
cheval,
ont noté une variation saisonnière de la concentration desprotéines
duplasma, qui
semble se faire presque exactement en sens in-verse de la variation de Na et de
l’hémoglobine.
I,’influence du facteur 4sur le métabolisme
calcique
tend àaugmenter
l’éliminationcalcique
urinaire et fécale et à réduire le calciumsérique.
Il y a donc une influence saisonnière
qui
au moment del’augmentation
de la
photopériode
tend à réduire l’assimilation ducalcium ;
il estpossible
que l’activité
thyroïdienne
soit en cause,puisque
lathyroxine
a poureffet de rendre
négatif
le bilancalcique (OwF,rr, 194 8).
B. — Infiuence des facteurs saisonniers.
Nous avions étudié
primitivement
l’influence dequatre
facteurs sai- sonniers :température, pression atmosphérique,
duréedu jour
ethygro-
métrie. Par la
suite,
nous avons été amenés àenvisager également
lapho- topériode,
dont le rôle semble réellementprimordial.
Ces facteurs ont été étudiés sans
transformation,
les troispremiers
parce
qu’ils
ont unerépartition
normale(suivant
une courbe deGauss),
et
l’hygrométrie
parce que nous n’avons pas pu trouver une transforma- tion satisfaisante. Pour latempérature,
lapression atmosphérique
etl’hygrométrie,
ils’agit
d’observations hebdomadaires faites à l’Observa- toireGéophysique
du Parc Saint Maur, à 6 heures G.M.T.Il y a évidemment une corrélation très élevée entre la durée du
jour
et la
température (-!- 0 ,666),
cequi
va rendre délicatel’interprétation
de certaines
corrélations,
et, notamment, l’attribution d’une actionpré-
cise à l’un ou l’autre de ces deux facteurs. Par contre, la corrélation
positive significative hygrométrie-pression atmosphérique
necompliquera
pas
l’interprétation,
car ces deux variables semblent avoir une influence minime sur lacomposition
minérale.10 Corrélations entre les facteurs saisonniers et l’alimentation.
Nous avons été
surpris
de constaterqu’il
existait une corrélation souvent hautementsignificative
entre les facteurs saisonniers et l’alimen-tation minérale
(tableau II) ;
l’examen des causespossibles
de ces liai-sons
statistiques
nous a montréqu’elles
étaientdues,
pour unelarge part,
à lacomposition
minérale des différents foins de luzernequi
nous furentfournis. La
figure
8 montre la relationnégative
étroitequi
lie la teneur encalcium, phosphore
etpotassium,
desfourrages
consommés avec la duréedu
jour
au moment del’arrivage,
donc de laconsommation, (notre
four-rage étant renouvelé presque tous les
mois).
Les duréesdu jour
courtescorrespondent
à desfourrages
stockésdepuis plusieurs mois,
alors que les durées dujour longues correspondent
à desfourrages
récoltésdepuis
peu ; la durée du
jour
n’est donc en faitqu’une
manièred’exprimer
letemps
destockage
de cesfourrages. I,’explication
de cette relation noussemble devoir être trouvée dans la
perte
depoids
que subissent les four-rages entre le moment où ils sont
emmagasinés (mai-juin),
et le momentoù ils sont livrés. Bien que non
physiologiqnes,
nous sommesobligés
deprendre
ces relations en considération parcequ’elles compliquent
l’inter-prétation.
I,’influencepersonnelle
ajoué également,
lesapports
minéraux ayant été modifiés àplusieurs reprises
au cours del’expérience,
et notam-ment de
façon importante
enpériode
terminale.2
° Corrélations entre les facteurs saisonniers et la composition du sang.
L’analyse
factorielle nous a montré l’existence d’un facteur saison- nieressentiel,
le facteur n° q.,qui représente peut-être
les modifications de la sécrétion de l’A. D.H. ;
commandées essentiellement par laphoto-
période
et, éventuellement par latempérature.
Ce facteur intervient pour 17 p. 100 dans la variation du Kplasmatique,
et pour 8 p. 100dans la variation de Na.
On a vu
(voir
page21 )
que le facteur 2paraît
soumis dans unecertaine mesure aux influences saisonnières.
La
pression atmosphérique
n’offre à considérer aucune corrélationsignificative
avec aucuncomposant minéral,
non seulement duplasma,
mais aussi des différents
produits
dosés.Il est difficile
d’apprécier
les influences de la durée dujour
et de latempérature,
mais il estprobable qu’elles
sont relativementminimes,
une fois les corrélations
précédentes
écartées. Eneffet,
les influences de la durée dujour
ne semblent s’exercer que par l’intermédiaire de sesrapports
avec laphotopériode.
3
0 Corrélations entre les facteurs saisonniers et la concentration urinaire en minéraux.
I,a
photopériode (facteur
n°4 ) augmente légèrement
la concentra-tion du Ca urinaire
(8
p. 100 de la variation totale du Caurinaire).
4
°
Corrélations entre les facteurs saisonniers et la composition minérale des fèces.I,a
photopériode (facteur
n°4 )
a eu une in.fluence notable sur les variations du calcium fécal( 1 8
p. 100 de sesvariations).
5
0 Discussion :
Parmi les facteurs
climatiques
etsaisonniers,
l’influence de la tem-pérature
a certainement été la mieux étudiée. Dès 1795,JeCxsorr
notait chez l’hommel’expansion
des fluides et laréplétion
des vaisseaux lors de l’acclimatation à lachaleur ;
en1 888,
TREILLEsignalait
laplus grande
fluidité du sang des
sujets exposés
aux climatstropicaux,
tandisqu’en
igog GIBSON montrait l’existence de la diurèse aufroid,
et que BARBOUR( 1921
)
établissait que, dans toutphénomène
derégulation thermique,
ilse
produit
deséchanges
d’eau entre les différentscompartiments liqui-
diens de
l’organisme.
Nous nous bornerons à citerquelques
référencesrécentes ou
particulièrement importantes ;
pour labibliographie
d’en-semble on pourra consulter BINET
( 1929 ),
THAUER( 1939 ),
Borrvar.!,!T et DELL(zg49)
et BASS et HENSCHEL(zg56).
En
194 8,
BONVALLET et Coll. montraientqu’après
section du fais-ceau
supraopticoposthypophysaire
les variations de la diurèse avec latempérature n’apparaissent plus,
donc que l’A.D.H. est en cause dans cephénomène.
he tableau V
rassemble,
sous une formeabrégée, quelques
référencessur la
question
de l’influence de latempérature
sur le volume desliquides biologiques
et leur concentration minérale ouglobale.
Il est difficile detirer des conclusions nettes de cet ensemble
d’expériences
réalisées dans des conditions trèsvariées,
etqui
donnent des résultatsparfois
contra-dictoires. Il s’en
dégage cependant
lesphénomènes généraux
suivants :a)
Les volumesplasmatiques
etsanguins
varientparallèlement
entre eux en fonction de la
température ;
ils augmententquand
elles’élève,
et semblentégalement augmenter quand
ellebaisse,
encore quece dernier