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Chimie du vivant et rayonnement synchrotron

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l’actualité chimique - octobre-novembre 2011 - n° 356-357

Chimie pour le vivant

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Chimie du vivant

et rayonnement synchrotron

Serge Pérez

l’interface entre les sciences du vivant, la physique et la chimie, la biologie structurale a pour objet la com- préhension de la structure des macromolécules biologiques (protéines, acides nucléiques, lipides, sucres...) à l’échelle atomique et d’intégrer ces connaissances à leurs propriétés dynamiques, leurs assemblages et leurs fonctions. En lien avec les données biochimiques, enzymatiques et fonction- nelles, la biologie structurale permet des avancées détermi- nantes dans l’élucidation des fonctions des protéines. C’est une étape fondamentale pour la compréhension des assem- blages supramoléculaires vers l’échelle cellulaire et au-delà.

La résolution de ces structures, composées de plusieurs milliers d’atomes, fait appel à des méthodes physiques, la plus utilisée étant la cristallographie des rayons X.

Les cristaux macromoléculaires, libres ou complexés de leurs substrats, sont souvent de petites tailles (quelques dizaines de microns) et très fragiles. L’enregistrement de don- nées de diffraction requiert un appareillage complexe et une source de rayons X très intense. L’utilisation de rayonnement synchrotron a été décisive dans l’avancée de la biologie struc- turale et est à l’origine de l’essor considérable qu’a connu cette discipline au cours des quinze dernières années. Depuis la détermination à l’échelle atomique de la structure tridimen- sionnelle de la myoglobine en 1958, le nombre de structures de protéines de complexité croissantes qui ont été résolues s’est considérablement enrichi.

La complexité et la taille des systèmes macromoléculaires étudiés se traduisent par l’obtention de monocristaux de plus en plus petits. Des lignes de lumière équipées de microfais- ceaux ont donc été aménagées. À l’ESRF, la dimension du faisceau de la ligne de lumière ID23-2 est de 5 x 7 µm et le faisceau de la ligne de lumière ID13 peut être ajusté entre 70 nm et 1 µm. Cette réduction de dimension nécessite le développement d’outils d’observation appropriés et de micromanipulations.

Aux difficultés liées aux dimensions des monocristaux s’ajoutent celles liées à la qualité de l’organisation structurale et donc à la qualité des données de diffraction. Il faut identi- fier parmi un ensemble de plusieurs centaines, voire de mil- liers d’échantillons, celui qui apportera une réponse structu- rale à la question biologique posée (comme dans le cas de la structure du ribosome). Il faut évaluer avant de mesurer.

Des développements importants ont été réalisés dans le domaine de l’automatisation – passeurs d’échantillons, robots – et du traitement informatique des données. Ils per- mettent d’ordonner les échantillons selon des critères de qualité et de n’enregistrer les données que sur les meilleurs échantillons. L’automatisation représente le futur de la

biologie structurale (traitement de plusieurs centaines de milliers d’échantillons par an à l’ESRF) et conforte le traite- ment à distance des mesures et collections de données.

La spectroscopie d’absorption X appliquée aux biomolé- cules donne des informations locales précises sur la structure 3D d’une macromolécule ou d’un assemblage macromolé- culaire et s’applique entre autre à des échantillons en solution.

Elle permet des caractérisations structurales complémen- taires de celles obtenues par diffraction, mais aussi de construire à partir de la connaissance d’éléments constitutifs des assemblages macromoléculaires complexes qui ne cris- tallisent pas, ou mal. Les mesures de diffusion SAXS peuvent être menées sous incidence rasante (méthode GISAXS) à des fins de caractérisation d’auto-assemblages moléculaires.

D’autres spectroscopies d’absorption X (XANES, EXAFS) permettent de déterminer la sphère de coordination d’ions métalliques, dont la liaison à des peptides accompagne la formation d’agrégats tels que les plaques amyloïdes.

La complémentarité des méthodes d’analyse structurale par cristallographie des rayons X et des méthodes de spec- troscopies optiques (absorption de lumière UV-visible, émis- sion de fluorescence, spectroscopie vibrationnelle Raman) ouvre la voie à la cristallographie cinétique des protéines. Elle permet de vérifier que la protéine cristallisée est dans le même état fonctionnel que la protéine en solution. La cristallographie cinétique s’applique aux protéines photosensibles. Lors- qu’une protéine n’est pas photosensible par elle-même, on peut la rendre photo-activable grâce à l’adjonction de com- posé « cagé » photolabile sur le substrat, ou sur la protéine elle-même.

Environ 90 % des structures de protéines résolues et déposées dans la « Protein Data Base » résultent d’expé- riences réalisées à l’aide du rayonnement synchrotron. Les contours d’une cristallographie macromoléculaire à haut débit sont en train d’apparaître qui, dans la complémentarité des données issues des spectroscopies et de l’imagerie syn- chrotron, confèrent aux sources de la 3e génération un rôle majeur dans les programmes de biologie des systèmes et de la chimie du et pour le vivant.

À

Serge Pérez

est directeur scientifique de la division des expé- riences de l’ESRF, en charge des programmes de sciences du vivant, de l’imagerie par rayons X et des sciences de la matière molle*.

* European Synchrotron Radiation Facility (ESRF), BP 220, F-38043 Grenoble Cedex 09.

Courriel : serge.perez@esrf.eu

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