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La protection des animaux de montagne en Europe
L. Lavauden
To cite this version:
L. Lavauden. La protection des animaux de montagne en Europe. Revue d’Ecologie, Terre et Vie,
Société nationale de protection de la nature, 1934, pp.543-552. �hal-03532604�
DES
LA PROTECTION
ANIMAUX DE MONTAGNE
EN EUROPE
(t)par
L. LAVAUDEN
Professeur 1i l' lmtitul Ay,.rmomique.
La protection des animaux de mon
tagne est un cas un peu particulier de la Protection de la nature. dont je ne veux retracer ici ni le principe, ni les directives, ni les origines. J'indi
querai simplement que le<;; animaux de montagne méritent doublement d'être protégés : tout d'abord, parce qu'ils sont. par eux-mêmes. en Eu
rope, particulièrement intéressants ; ensuite parce qu'ils sont spéciale·
ment menacés aujourd'hui par la civilisation. qui les avait à peu près épargnés jusqu'ici.
Le développement du tourisme d'été et des sports d'hiver d'une part;
d'autre part l'utilisation intensive de la puissance hydraulique qu'on a baptisée si pittoresquement << houille blanche» provoquenten montagne des afflux de population tout à fait préju
diciables à la tranquillité ou même à l'existence de la faune alpine.
En Europe. les animaux de mon
tagne comprennent quelques-uns des plus grands et des plus remarquables de nos Mammifères et de nos Oiseaux:
!'Ours, le Bouquetin. le Chamois. la )larmolte. le Lièvre variable ; je ne (1 Conrérence raite à la Société nationllle d'Acclimatation le 2.i, février 1934.
parle pas du Lyox, à peu près disparu aujourd'hui en France. - Parmi les Oiseaux, le Gypaète barbu el l'Aigle royal, le Grand et le Petit Coq de Bruyères, la Gélinotte, le Lagopl.l<le, la .Perdrix Bartavelle, les Corneilles alpines, le Pinson niverolle. !'Accen
teur et le Tichodrome.
Je ne mentionne ici que des Mam
mifères et des Oiseaux ; mais je pour
rais étendre mon exposé 1'1 bien des espèces du monde innombrable des Insectes. dont certaines formes de montagne, - et parmi les plus belles - se sont extr�mement raré
fiées ou même ont disparu depuis un demi-siècle, tels certains Papillons des Alpes suisses ou bavaroi!->es.
D'une façon générale, la meillf•ure façon de protégm· une espl>ce, c'est ile lui assurer la tranquillité en la sous
trayant à l'aetion de ses ennemi!'!, d en particulier de l'homme. On ohli1!nt ce résultat par l'i nl'titution des r•'•!iin
ves, des districts fran1:� des han!'. tl1!s refuges - le noms varient sui\•ant les pays - et des Parcs nationaux.
On peut aussi, s'il s'agit d'uM espèce <'hassée. réduire plus ou moin�
la période pendant laquelle �f'lle chasse est autorisée. C'est le ca!'. par exemple, pour le f.hamois.
544 LA TEkRE ET LA VIE
Nous allons étudier la manière dont est organisée, dans les divers pay:, de l'Europe. celli> protection dont la nécessité a été unanimement ressentie.
•
,,. .
Nous commencnons, si vous le voulez bien, par l'Italie, qui mérite une place particulière, du point <le vue de la protection des animaux de montagne, puisqu'on peut dire que c'est un de ses souverains, le Roi Victor-Emmanuel Il qui a samé de la destruction l'espèce du Bouquetin des Alpes ( /he.z: alpinus).
Disparu de Suisse dP.s la fin du XVIW siècle. dispam aussi d'Au
triche. du Ty1·ol, environ cent ans auparavant. disparu enfin du Dau·
phiné el des Basses Alpes dans la première moitié du x1xe sit>cle, le Bouquetin ne s'était plus maintenu.
en très petit nombre, qu'en Piémont, sur les frontières de Savoie.
C'est en 1862, que Victor Emma
nuel fi organisa ses chasses de Valsa
varanche, où les quelques Bouquetins qui s'y trouvaient déjà furent rejoints par quelques couples que le Souve
rain avait fait capturer ailleurs. Sur
w�illés. gardés, protégés, ces Bou
quetins repeuplèrent et furent l'ori
gine des troupeaux actuels du Parc national du Grand Paradis. Il est cer
tain que c'est à V ictor Emmanuel Il qu'on doit de pouvoir compter encore le Bouquetin tians la fa 11 ne euro
péen ne. Par là. la Maison de Savoie s'est acquis un titre élHnel à la recon
naissance des savants. S. M. le roi Victor Emmanuel Ill. actuellement règnant. a continué, depuis le début de son règne, à entourer les colonies de Bouquelins de sa sollicitude. el c'est à ce titre que notre Société lui a décerné. en t 909, sa grande médaille hors classe.
En l!l:H. les Héscrves royales, donl le H.oi avait fait abandon depuis quelques années, furent constituées en Parc national. C'est le Parc natio
nal du Grand Paradis. d'une super
ficie de 350 hm!, limité au n ord par la vallée de Cogne, au sud par l'Orco, à l'est par les monts Arzola et Tressi. à l'ouest pas la Doire de Rhèmes el la frontière française.
Ce Parc national italien abrite, entre autres animaux, environ t .600 Chamois el 3.200 Bouquetins. Ces dernières années, le Gouvernement italien a décidé d'accorder des auto
risations de tirer les vieux mâles moyennant t 0.000 lires, soit, 811 cours actuel, plus de t :-1.000 fr. Ces vétérans, sur leurs fins naturelles, bougent peu, et sont faciles à tirer, poul' quiconque est capable d'aborder un peu la montagne. Les gardes les connaissent bien. Et d'autre part, ces vieux mâles porteurs de très longues cornes constituent, évidemment, les plus beaux trophées. Néanmoins, 10.000 lires, c'est cher ; el je ne pense pas que beaucoup de chas
seurs français aient sollicité l'autori
sation. On a cependant cité un prince P.gyplien, qui avait tué une dizaine de ces solitaires. Au prix indiqué, c'est assurément nn sport princier. Certes il est préférable de permettre de tirer ces Bouquetins plutôt que de les lais
ser mourir misérablement. sans pro6l pour per�onne. Cela n'a pas encore été compris nettement dans tous les pays possédant des espèces inté
ressantes et justement protégées:
les vieux mâles étant perdus pour la propagation de l'espèce. et pou
vant même pa1fois lui nuire. il est préférable rl'en tirer parli pour la sciPnce . .Je laisse, bien entendu, de côté. l'aspect financier de la question, encore qu'il ne soit pas négligeable pour un gouvernement.
LA PROTECTION DES ANIMAUX DE MONTAGNE EN EUROPE 545
Cliché des Annale• de fEcole foresU.re de iVancy.
Le rocher de la faune alpine au Musée de Grenoble.
Outre le Parc national du Grand Pa
radis, l'Italie a créé en t 923 le Parc na·
lional des Abruzzes, d'une superficie de300 Km1, dontla faune comprend,
en particulier. des sous-espP.ces
spé·
ciales d'Ours(
Ursw
arcosmarsir:anus)
et de Chamois ( Rupicapra
rupirapra ornata).
Ce dernier animal,très
3
546 LA TERRE ET LA VIE caractéristique (le blanc de la gorge
descend jusqu'au delà du poitrail), était, au dernier recensement, estimé à 200 têtes, en assez nette augmenta
tion. Ces deux formes si intéressantes p�raissent désormais sauvées pour la science.
Le Parc national tfes Abruzzes ren
ferme encore des Loups, probahle
ment dillérenls de ceux qui peu
plaient jadis la France, el qu'il ne faut pas regretter. et des Lynx, très rares, qu'on ne sait exactement so us quel nom cataloguer. Ce sont là les principales espères du Parc en ques
tion, dont l'altitude maxima n'est pas celle des Alpes, mais dépasse tout de mt�me 2.900 mètres.
0
protection de son gibier de mon·
tagne. par la restriçtion des périodes d'ouverture, et la création de ses districts francs. Ceux-ci. actuelle
ment, couvrent 1. 704 kilomètres carrés. soit plus de 170.000 hec
tares. C'est 1 °/0 du territoire helvé·
tique qui se trouve ainsi mis en réserve absolue. au point de vue cynégétique. L'esprit public, si re·
marquable, des Suisses. permet el facilite ces restrictions si utiles qui sont faites dans l'intérêt général, el aussi pour le bien de tous. C'est ainsi que les Chamois. dont le nombre était dans les districts francs estimé à 6.000, il y a vingt ans, a . sensiblement augmenté.
Légende .
•• ...
Frontiùe.s pc{UilflN·
---.E.;chn4iPrvtUv.Bo�iüv.
Zone 9<Utl,U. par ûs /t.ali.ens.
···----Exœn.simv
��ttw
/tord ck l,a;s� arr/.é.e.
llépartition géographiqne du Rouquetin des Alpes en France et en Italie.
*
• •
Après l'Italie. la Suisse.
Certes, voici bien longtemps que la Suisse est entrée dans la voie de la
Mais la Suisse est allée plus loin.
Elle réintroduit, avec succès, le Bou
quetin sur son territoire. Ce !'erail une longue histoire à vous conter que celle des efforts poursuivis pour
LA PllOTECTION DES ANIMAUX DE MONTAGNE EN EUROPE 547
l
nn.Croquis du parc national Suisse.
celte cause, par une série d'hommes désintéressés, au premier rang des
quels il faut citer le Dr Girtanner, qui fut véritablement, en celte matière, un précurseur. Des Suisses éclairés le comprirent, parmi lesquels je cite
rai M. Hohert Mader, M. Bernhard, le Dr Schmidt, el le vénéré M. Coaz, directeur fédéral des Forêts, qui mourut, presque centenaire, en HH8.
C'est en i 892 que fut créé, à Sainl
Gull, le '' Parc Pierre et Paul » d'une superficie d'à peu près quatre hec
tares, pour l'élevage des animaux sauvages. C'est seulement en t 907 qu'y arrivèrent trois jeunes Bou
quetins qui furent le noyau de repeu
plement de cet animal en Suisse.
.Je viens de prononcer le mot de repeuplement. Est-il impropre? Je ne le croi;;; pas. Le recensement de
t
932
faisait ressortir, dans l'ensemble des districts francs fédéraux,
2t
5 têtes, contre 150, environ, l'année préc�dente.Les colonies de Bouqueli1111 sont situées dans les districts fran1·s d1�
l'Albris
(90),
du liarder(liO/,
duSchwarzer-Miinch
\
U)
, du �lo11tP
leur1>ur(tt).
du Wellcrhorn .11, des Graue-lliirner (8); 1�nfin. il � avait dans le " Parc national "2t Bouquetins, en
t
!J:Jt.Ce Parc National des firisons, que je viens de citer, est urrn créa
tion due à l'initiatiw privée. '
l
ui. •�nSuisse, collabore sans diflk11 lt'•s Pl sans heurts avec les pouvoirs pu
blics.
C'est à la Ligue Suisse pour la Protection de la Nature que l'on 1loil la création
en t
!JO!) dans la hass1•Engadine, sur le lerritoir1� d1� la 1·om-
LA TERB E ET LA VIE
mune de Zernez, du Parc �alional Suisse du Val-Cluza.
Le premier Parc ne renf ermail que 2.560 hectares. D�s 191 2, sa superlicie s'était étendue à 5.000 hectares. Aujourd'hui. elle dépasse 21.000 hectares et celte surface de protection efficace s'est accrue tout récemment, par la constitution d'un vaste district franc entre la frontière du Parc et l'lnn.
Nous avons vu que le parc con
tenait 21 Bouquetins en 1932, contre ( 14 en t 931). Il abrite aussi plusieurs centaines de Chamois,
-
on 11e les a pas exademeut recensés. Enlin, il v a aussi des Grands el des PetitsCoqs
de Bruyères. des LagopMes, el des Casse·noix, hôtes habituels desforêts d' Arnlles.
Je ne vous parlerai pas de toutes les qneslions complexes qu'ont soule
vées l'insiitulion el le f"ondionne
ment du Parc national suisse, et notamment du principe de non
-
in tervention. qui
a prévalu pour sa gestion, bien qu'il ait été initialement violé par la réintroduction des Bouquetins. Vous entretenir de ces quest
i
ons serait sortir du cadre de monsujet.
Je vous dirai simple
ment que, grâce à la sollicitude attentive et éclairée des autorités, et à l'esprit public du peuple suisse, la protection des animaux de montagne est assurée, sur le territoire de la Conf é
dér11tion helvétique, dans des condi
tions enfü·rPment !'atisfaisantes.
L'Espag
n
e, elle aussi. s'est préoccupée de la protection de ses ani
maux Ù•' montagne. Elle possède deux formes de Chamois, l'isard des Pyrénées
(Rupicapra r. p11renaïca)
et la Rr. parva.
des montagnes Canlahriques.
Elle possède aussi trois formes de Bouquetins : la
Capra pyrenaïca
type ; la
C.
p.victoriae,
de la Sierra de Gredos, etC.
p.llispanica,
de la Sierra Morena.Ces Bouquetins espagnols sont gravement menacés. Nous ne savons
q
uelles mesures ont été prises pour la protection des deux dernières formes, préservées autrefois dans les chasses royales, el quiont
été-
curieuserépercussion
des choses humaines - atteintes par le chan·gement du régime politique de l'Espagne.
Le Parc natio
n
al d'Ordesa (Arrazas
)
, fondé en 1918, abrite les der;.ni ers Bonq ueti ns des Pyrénées. Il n'y en a pas beaucoup. Certains doutent même de leur existence.
En tout cas, s'il y en a. ils se repeu
plent en paix. De l'isard. il y en a sùrement et beaucoup. Le Parc d'Orrlesa mesure env
i
ron 1.500 hectares.
Ce n'est pas beaucoup, mais, assu-.
rément, c'est mieux que rien.
Beaucoup plus vaste est le Parc national de Covadonga créé en 193�.
sur la frontière des provinces des Asturies et de Léon, et qui ne mesure pas moins de 20.000 hectares, em
hrassanl toute la partie occidentale
<les Picos de Europa, dans la Co
r
dilière Can la brique; il possède environ 500 il. r. parva, ainsi que des Ours
( Ursus arrtos pyrenaïcus)
et peul-être quelques Lynx d'Espagne(LlJnxpar
della.)
Le territoire de ce Parc national est bien boisé en Chênes, Hêtres, Châtaigniers. Tilleuls, Ifs, Houx, etc ...
•
L'Europe centrale et orientale a suivi le mouvement. Je ne vous parlerai pas de l'Autriche, où un Parc
n
at
ional était en voie de réali-LA PROTECTION DES ANIMAUX DE MONTAGNE EN EUROPE 5-4!)
salion, dans les Hohe Tauern du Salzbourg, m
a
is qui, à l'heure actuelle, a d'au Ires sujets de préoccupations plus importants
(
1)
.�nviron t .400 hectares. Il ren
ferme, en son centre
,
une forêtoccupant sensiblement le tiers de sa superficie ; à l'Est de la forêt.
l'linto. /'. Chou1rtl.
Bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaï�a pyrenaïca). Sujet naturalisé, conservé à Arrazns.
En Yougoslavie, un Parc n
a
tion al a été créé en 1924 dans les Alpes juliennes, entre leMont T
rig
lav
et
le Lac Bohinj, dans
la vallée dite des Septlacs.
Ce Parc mesure(1) Se rappeler que ces lignes ont été écrites en février i934.
les sept lacs qui
o
nt donné l1•11r nom à la vallée. A l'Ouest, le 1'111·1·est bordé par la frontière italiennt•.
Il contient une centaine de f.ha
mois
qui du reste transhument. l''mdant la
mauvaise
sa
ison.
el vonlpasser l'hiver en Italie.
o
i1 le climat est plus clément.550 LA TEHkE ET LA VIE
Le Vénéon à sa jonction avec le ravin du Chardon.
A droite, le versant Nord quelque peu boisé de la Tête de Chéret.
• . .
Sans parler de quelques Réserves de montagne de faible étendue, la Pologne et la Tchécoslovaquie sont en train d'organiser en commun, un
vasle Parc naliona.l, à cheval sur la frontière oc ces deux nations, el qui doit occuper la plus grande partie du massif des Tatras. Le projet est de 620 kilomètres carrés, donl 2:!0 pour la Pologne. Cet immense territoire
LA PllOTECTIO;\ DES ANIMAUX DE MONTAGNE EN EUROPE 5?U
abritera des Chamois ( lill en Pologne. 500 environ en Tchécoslovaquie}, des Ours, des Lynx, des "1armottes. On y a réintroduit, parait-il, quelques Bouquetins. Enfin, dans les parties basses. on y a acclimaté le Cerf Wapiti. li y a de Grands et de Petits Tétras, des Gélinottes, des Aigles.
\'u l'étendue considérable de ce Parc. on peul compter sur une mul tiplication paisible de toutes r.ei-;
1•spèces animales.
* . .
Et maintenant passons à la France. Nom• avons, si j'ose dire, sur notre territoire, une double faune alpine : celle des Alpes, dont je vous rappelais les éléments au début de celle causèrie, et celle des Pyrénées, qui comprend l'isard. le Grand Coq de Bruyère, un Lagop�de différent de celui des Alpes, etc. Il n'y a dans les Pyrénées. ni petit Coq de Bruyère. ni Marmotte, ni Lièvre variable. Qu'a
t-on fait pour la protection de tous ces animaux si intéressants'?
En ce qui concerne le Chamois. on a réduit à un mois la période d'ou
verture de la chasse. On a aussi mis en réserve quelques forf>ls doma
niales où se trouvaient des Chamois.
[)'autres forèls rlomaniales, affermées el sagement exploitées, virent leur cheptel rupicaprin, si j'ose dire, se maintenir et même augmenter. En t9�3,j'avaiseu l'honneur, au Congrès pour la protection de la nature,
d'appeler votre attention sur la situa
tion tragique dans laquelle se trouvait notre Antilope alpine. Celte situation a subi, aujourd'hui un complet redressement. Faut-il l'attribuer aux mesures que je viens de rappeler? Je
ne crois pas que I' Administration doive avoir cette fatuité. Certes, ces mesures ont été utiles. Elles ont
servi à quelque chose. Mais elles n'auraient pas suffi, si elles n'avaient coïncidé avec l'épuisement des car touches Mauser rappo1·tées du front par tous les chasseurs du pays, car
touches qu'ils tiraient d11m1 les fusils Mauser également rapportés du front. (Ju'on prenne garde que beau
coup de Chamois. atteints par ces projectiles de guerre ; étaient pcrdu11 pour le chasseur el allaient périr misérablement dans un coin do montagne, pour devenir la proie des Aigles ou des Renards. Ainsi ln situation que j'avais signalée en t O!:I était doublement fi\cheuse ...
On doit se féliciter d'autant plui;
de son redressement.
La France a aussi son Parc natio
nal. Préconisé dès t9to, par M. le professeur Flahaull et le regretté conservateur Mathey, fondé en mu.
sur l'initiative de ce clernier 1lont j'étais alors l'adjoint, il comprenait.
initialement, une partie des terri
toires de la commune de Saint-Chris
tophe en Oisans (Isère] complétée par des pâturages allermés, soit 4. !i8 hectarrs de territoires acquis, el 8. 7 H hectares cle territoire!' n11er
més.
Plus lard, après la r;uerrt�. la commune de Guillaume l'evrou!'c, en Vallouise, vendit i\ l'Etat
jirè!'
111·3.000 hectares pour le Par•� r.ntionnl.
La commune de Pelvoux avait. cll•�
aussi, cédé 1\ l'Etat fUlOO hecll1re14 pour le m�me objet Le Parc natio
nal de l'Oisans 1·ompren<l 1lonc aujourd'hui près de t 3.000 heclarel4, complétés par to.000 heclar1•s de territoires sur lesquels l'Etat n anermé les droits de chasse el "'' parcours ; soit au total. plu!" d1�
'.!OO kilomètres carré�.
Je ne peux point vous parler d1�
l'histoire très complexe du Pari·
national français, oi des conceptiori,.;
552 LA TERRE ET LA VIE
variées et m11ltiples qui se sont mani
festées à son égard, sans qu'on ne soit toujours préoccupé des idées qui avaient présidé à sa fondation, el des obstacles qui avaient empêché cer
taines réalisations.
.le veux seulement vous indiquer que dans la pensée de son créateur, le Parc national de !'Oisans devait constituer, pour la France, un centre de préservation et de protection de la faune alpine, el devait, en particu
lier, recevoir el abriter des Bouque
tins.
.Je le sais d'autant mieux que c'est moi-même. alors Garde-général à Grenoble. qui ai, en HH3, amorcé à ce sujet les premières négociations. Elles furent interrompues par la guerre, et n'ont point été reprises depuis. Puisse l'Administration fo
restière, apr�s plus de vingt ans d'interruption. s'intéresser de nou
veau à ce projet, qui mérite de ne pas rester dans l'oubli.
Le Parc national francais abrite une population de Chan10is assez
nombreuse (200 environ
)
. Il y aaussi des Marmottes, des Lagopèdes, des Lièvres blancs. et quelques Aigles royaux ; ceux-ci ayant du reste beaucoup diminué en Dauphiné pendant ces dernières années, sans qu'on euisse exactement savoir pourquo1.
Quoi qu'il en soit. il 1·essort de l'étude de la question du Charnois dans nos Alpes. que depuis cinquante ans. l'eflectif de ce!" animaux a subi des variations profondes : t1·ès raré
fiés à la veille de la guerre, devenus abondants pendant celle-ci, ils ont su hi une diminut.ion des plus inquié
tantes durant les années qui ont suivi. et sont, maintenant, revenus à un ellectif satisfaisant. Cela prouve la rusticité et la plasticité de notre Antilope, la facilité avec laquelle elle réagit à la moindre protection, et l'utilité de veiller sur son existence avec une vigilance jamais en défaut stimulée par les excellents résultats qu'il est possible d'obtenir, avec un minimum d'efforts.