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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

FORESTIER RENDU INACCESSIBLE AUX LOUPS ET AUX OURS

Par Michel Crête

Direction de la recherche faunique

et

Daniel St-Hilaire

Service de l'aménagement et de l'exploitation de la faune

Région de l'Outaouais

Juillet 1981

Gouvernement du Québec Ministère du Loisir,

de la Chasse et de la Pêche

(2)

RESUME

Une clôture a été érigée en août 1978 autour du dépotoir du camp Pomponne, situé au sud de la réserve faunique de La Vérendrye, afin d'y interdire l'accès aux loups et aux ours,, dans l'espoir d'augmenter le taux de survie des faons de l'orignal. La barrière du dépotoir n'a été tenue fermée de façon continuelle qu'à partir de l'été 1979. La prise des données visant à mesurer l'effet de l'aménagement a dû être réduite à deux inventaires aériens tenus en janvier 1979 et 1980 et visant à

mesurer le rapport faons/femelles. Vu la faible taille-échantillon, les résultats d'un inventaire aérien conduit en 1977 ont été ajoutés aux observations d'avant l'érection de la clôture. L'aménagement du dépotoir n'a pas affecté de façon perceptible la productivité des orignaux, ni dans la zone de chasse J

1, ni dans la réserve "de la Vérendrye. Il est toutefois impossible de conclure à partir de cette expérience que les dépotoirs forestiers ne sont pas importants dans le système orignal-loup- ours, les coupures au protocole expérimental premier et le manque de collaboration rendant les résultats difficiles d'interprétation.

1.

(3)

Lors d'une étude sur la dynamique des populations d'orignaux (Alces alces) du sud-ouest du Québec (Crête et al. 1981a), on a

observé à plusieurs reprises des pistes de loups (Canis lupus) et d'ours noirs (Ursus americanus) fréquentant des dépotoirs forestiers. Ce sont principalement les déchets de table des camps de compagnies d'exploitation forestière qui y attirent ces animaux. Selon nos observations ponctuelles, les loups fréquentent les dépotoirs surtout en hiver, bien qu'ils semblent venir y faire des visites en été. Les ours, animaux hibernants, n'y sont observés qu'en été. Bien que commun partout pour l'ours noir, ce

comportement alimentaire n'est pas tellement connu pour le loup même s'il a été observé à quelques occasions ailleurs en Amériqueddu Nord (Ontario:

Voigt et al. 1976; Minnesota: D. Mech, comm. pers.; Alberta: Fuller et Keith 1980).

Crête et al. (1981b) ont exploré à l'aide de simulations sur

ordinateur, quel pouvait être le rôle de ces sources de nourriture d'appoint chez le loup. Ils en vinrent à la conclusion que les dépotoirs pouvaient permettre à ce prédateur de régulariser les populations d'orignaux. En effet les dépotoirs permettraient aux loups de passer les périodes critiques de l'année où les proies sont rares et/ou difficiles à capturer, particulière- ment au début de l'hiver quand la neige est épaisse et poudreuse. Ainsi cette source de nourriture permettrait le maintien de populations de loups à des niveaux de densité plus élevés qu'à l'ordinaire. Fuller et Keith (1580) ont d'ailleurs récemment suggéré la présence de ce phénomène en

Alberta. De plus, les dépotoirs forestiers concentrent l'ours noir à des densités anormalement élevées (Boulet 1981). La prédation du loup agit d'abord comme facteur limitant en éliminant un nombre important de faons pendant leur premier été d'existence (Crête et al. 1981 a, b, c). On a observé le même phénomène pour l'ours noir en Alaska (Franzmann et al.

1980), mais au Québec une étude (Juniper 1978) suggère que l'ours noir n'est pas un prédateur important de l'orignal.

Toutes ces considérations, doublées de l'observation que le rapport faon/femelle était bas dans des endroits avec peu ou pas de chasse sportive (Crête et al. 1981a; Crête 1976), nous ont incités-à. expérimenter l'effet de

l'érection d'une clôture autour d'un dépotoir forestier sur la survie des faons de l'orignal. L'expérience a été lancée rapidement dans le cadre d'un projet OSE (Opération Solidarité Economique) avec des ressources humaines et financières limitées, ce qui explique le protocole expérimental boiteux.

RÉGION D'ÉTUDE ET METHODE

Le dépotoir du Camp Pomponne de la compagnie E.B. Eddy a servi de site expérimental. Nous savions que le loup et l'ours noir fréquentaient cet endroit situé à 200 km au nord-ouest de Hull, à cheval sur la limite sud de la réserve de la Vérendrye (fig. 1). La clôture a été construite en août et septembre 1978. La clôture était rectangulaire (70 x 25 m); elle était construite d'un grillage de calibre #9, haut de 2,5 m et surmonté de

trois rangs de fils barbelé. Les poteaux étaient de bois (10 x 10 cm).

Un autre grillage de 1,5m de largeur était disposé

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horizontalement sur le sol à l'extérieur de la clôture et couvert de terre;

il devait empêcher les animaux de creuser sous la clôture (D. Mech, comm.

pers.). La barrière, initialement construite de bois et de grillage, était lourde et difficile d'opération en hiver; elle fut remplacée à l'été 1979 par une barrière faite d'un cadre d'aluminium et d'un grillage.

L'espace sous celle-ci était restreint pour empêcher les animaux de ramper et de pénétrer à l'intérieur. Le coût total de l'installation, incluant la main-d'oeuvre, fut de 6 900$.

Initialement on avait prévu utiliser le dépotoir du Camp Pensive, situé à 100 km au nord-est du Camp Pomponne comme site témoin. Le

projet devait durer trois ans et l'on prévoyait l'érection de la clôture tôt au printemps car la prédation des loups sur les faons de l'orignal a lieu surtout en été. L'effet de l'aménagement devait être mesuré de deux façons: 1) on voulait connaître le régime alimentaire du loup dans les environs du site expérimental et du site témoin en ramassant des fumées de loup sur les routes forestières et en identifiant les poils de garde qu'elles contenaient; 2) on voulait déterminer le rapport faon/

feielle au début de l'hiver par un inventaire aérien d'une aire de 500 km entourant chacun des deux dépotoirs.

Comme la main-d'oeuvre et les disponibilités financières pour le nolisement d'hélicoptères manquaient, on dut réduire la prise des données à sa plus simple expression. On laissa tomber le site témoin et on se limita à une détermination du rapport faon/femelle en janvier 1979 et 1980. De plus, comme la construction de la clôture avait tardé l'effet de l'aménagement, s'il devait se manifester, ne se serait fait sentir qu'à l'hiver 1980.

RESUITATS

Au cours de la période expérimentale, le dépotoir n'a pas toujours été clos. Durant l'automne 1978 et l'hiver 1979, la barrière était fr€quemment.laissée ouverte par les employés du camp forestier, malgré de fréquents rappels. Le mauvais fonctionnement de la première barrière et le peu d'intérêt du préposé à la cueillette des ordures furent les causes de ce manque de collaboration. A partir de l'été 1979, après avoir changé la barrière, le dépotoir fut pratiquement toujours inaccessible aux loups et aux ours.

Le tableau 1 résume les résultats de trois inventaires aériens ayant couvert l'aire d'étude. En plus des deux inventaires menés spécifiquement pour ce projet, la région d'étude avait été couverte en 1977 dans le cadre d'une autre étude sur la dynamique des populations d'orignaux (Crête et al. 1981a). Ces résultats furent ajoutés à ceux de l'inventaire de 1979 pour augmenter la taille-échantillon, particulièrement faible en 1979.

L'aire entourant le dépotoir fut divisé en deux parties, soit la zone de chasse J

1 et la réserve de la Vérendrye.- Cette division s'explique du fait que le faible rapport faons/100 femelles dans les deux endroits ne serait pas causé par le même mécanisme: dans la Réserve, les prédateurs seraient le cause première de cette faible productivité alors que ce serait le déséquilibre du rapport des sexes dans la zone- de chasse (Crête et al.

1981a). Théoriquement, l'effet de l'érection de la clôture devait donc être beaucoup plus manifeste dans la Réserve.

3.

(5)

Les résultats du tableau 1 montrent bien que le rapport des sexes était beaucoup plus déséquilibré dans la zone de chasse que dans la Réserve à cause de la pression de chasse plus grande au premier

endroit qui affecte plus les mâles que les femelles (Crête et al. 1981a).

L'analyse statistique à l'aide du test du Khi-carré a indiqué une

composition homogène des sexes pour les deux régions tout au long de la période d'observation (P:›0,10). Le tableau 1 fait voir par ailleurs la faible productivité de la population d'orignaux à l'étude puisque le rapport faons/100 femelles peut atteindre et même dépasser 100 pour une population vigoureuse (Caron, 1979; Rolley et Keith, 1980). L'analyse statistique a aussi révélé une compositon homogène du rapport faons/100 femelles pour les deux secteurs au cours de la période étudiée (P>0,10).

Même si ce rapport a presque doublé dans la Réserve après l'érection de la clôture, la faible taille-échantillon empêche toute conclusion ferme, cette variation pouvant dépendre simplement du hasard.

DISCUSSION

Même si l'aménagement du dépotoir n'a pas produit les résultats escomptés, l'expérience a donné quelques enseignements. Le personnel du Camp Pomponne craignait, au début de l'expérience, que les ours, empêchés de fréquenter le dépotoir deviennent encombrants autour des édifices. Tel ne fut pas le cas; les ours retournèrent à leur forêt. De plus l'expérience a montré qu'il est difficile d'obtenir une collaboration soutenue pour interdire continuellement un dépotoir aux loups et aux ours.

Si un tel aménagement devrait se répéter, il faudrait prévoir un mécanisme simple pour les barrières, particulièrement pour le déneigement.

Fuller et Keith (1980) ont suggéré, que dans leur région d'étude, en Alberta, un dépotoir permettait le maintien d'une population de loups plus grande qu'elle ne l'eut été en l'absence de cette source additionnelle de nourriture. Cette observation confirme les conclusions théoriques de Crête et al. (1981b) en ce qui concerne l'abondance du loup. Par contre, ils ont observé que le taux de prédation hivernal était deux fois moindre pour la meute ayant accès au dépotoir que pour une autre sans dépotoir dans son territoire. Fuller et Keith (1980) ne présentèrent toutefois pas de résultats sur le taux estival de prédation, période où la prédation frappe le plus grand nombre de proies, particulièrement des faons, (Crête et al. 1981c) Ces résultats sur le taux estival de prédation seraient nécessaires pour déterminer si les observations de Fuller et Keith (1980) supportent entièrement l'hypothèse de Crête et al. (1981b). Par ailleurs, Todd et Keith (1976) montrèrent qu'une réduction du nombre de dépotoirs renfermant des carcasses d'animaux de ferme entraînait une diminution du nombre de coyotes (Caris latrans) à la fin de l'hiver. Nos résultats négatifs ne constituent donc pas une démonstration formelle que les dépotoirs jouent un rôle insignifiant dans le système orignal - loup - ours. L'étude approfondie de l'écologie du loup, et à un moindre degré de l'ours noir qui est actuellement faite dans la réserve faunique de La Vérendrye permettra de se prononcer définitivement sur l'impact des dépotoirs.

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REMERCIEMENTS

de la compagnie E.B. Eddy au Camp Pomponne ont fait preuve volonté durant l'exécution de tout le projet. Merci

à

et Mario Poulin qui ont agi comme observateurs, et Claude Richard qui étaient aux commandes des Bouchard a dessiné la figure et Carmen Demers a François Messier et Jean Tremblay ont revisé la manuscrit.

5.

Nous tenons à remercier en premier lieu. Pierre Bédard qui a

supervisé minutieusement la construction de la clôture. Les responsables de bonne

Maurice Monette et à Michel Buissière hélicoptères. Jacinthe dactylographié le texte.

version première de ce

(7)

BIBLIOGRAPHIE

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7.

(9)

Tableau 1. Pourcentage de mâles chez les orignaux de plus de huit mois et nombre de faons par 100 femelles tels que dé- terminés par un dénombrement en hélicoptère en janvier

mâles (n) Faons/100

femelles (n)a

Zone J 1

Avant b 27(66) 21(10)

Apresc

15(13) 18(2)

Réserve Avantb

42(137) 24(19)

Aprèsc 45(38) 43(9)

a Nombre de faons dans l'échantillon.

Résultats combinés de Crête et St-Hilaire 1977 et 1979.

D'après St-Hilaire et Crête (1980).

(10)

Réservoir oska ng

Fig. 1. Localisation du Camp Pomponne par rapport à la réserve La Vérendrye et aire inventoriée en hélicoptère

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