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Complications des modèles d’évaluation : exemples des
performances répétées et des effets maternels
D. Laloë
To cite this version:
D. LALOË
INRA Station de
Génétique
quantitatiue etappliquée
78352Jouy-en-Josas
CedexL’évaluation des
reproducteurs
Complications
des
modèles
d’évaluation :
exemples
des
performances
répétées
et
des effets
maternels
Résumé.
Leshypothèses
classiques
du modèlesimple
d’évaluationgénétique,
à savoir normalité deseffets
énétiques,
distributionsnormales,
identiques
etindépendantes,
desrésiduelles,
indépendance
deseffets
génétiques
et desrésiduelles,
sontrappelées.
Ceshypothèses
peuvent
être mises endéfaut
pardes considérations
zootechniques
etgénétiques
concernant lesphénomenes
biologiques sous-jacents.
Il est alors nécessaired’adapter
ce modèlesimple.
Le propos est illustré par deuxexemples :
.’!
répétition
desperformances
et nécessité depasser
à un modèlemulticaractère,
!
effets
maternels et nécessité d’inclure ces
effets
sous uneforme particulière
dans le modèle.Le modèle avec
effets
maternels etl’interprétation
des résultatsqu’il fournit
sontplus spécialement
développés.
On
rappelle enfin
l’équilibre
à trouver entrerigueur
etsimplicité
dans l’élaboration d’un modèle: les meilleurs modèles nesont pas
les plus compliqués.
Le choix d’un modèle d’évaluation
génétique
pourun caractère
quantitatif
est sous-tendu par le modèlede base :
phénotype
=génotype
+ environnementaccompagné
del’hypothèse d’indépendance
entregénotype
etenvironnement;
cequi
se traduitclassi-quement
par un modèlelinéaire,
parexemple
unmodèle "animal" du
type :
y,=g i
+ Ef !;,+ ei (1)
(les notations étant
reprises
deDucrocq
(1992) (modèle (5)).Les
hypothèses implicites
de ce modèle sont, d’unepart,
l’indépendance
des effets g, et des effets e,(ana-logue
àl’indépendance
dugénotype
et del’environne-ment
évoquée
plus haut), l’indépendance
et l’identité de distribution des résiduelles e, entre elles : cesrési-duelles ne doivent pas
dépendre
du sexe ou del’âge
de
l’animal,
parexemple,
et aucune liaison ne doitêtre détectée entre elles.
Ces
hypothèses
peuvent
être mises en défaut pardes considérations d’ordre
statistique
(caractèresdis-crets, à distributions
statistiques particulières)
oud’ordres
zootechnique
etgénétique.
Nous allonsétu-dier certaines de ces dernières
considérations,
et leur incidence sur les modèlesd’évaluation,
endévelop-pant
plus particulièrement l’aspect
des effetsmater-nels.
1
/ Les
performances
répétées
Un caractère
peut
s’exprimer plusieurs
fois chez lemême animal : c’est le cas de la
production
laitière,
ou de la taille de
portée
chez lesespèces polytoques.
On associe
classiquement
à de tels caractères lanotion de
répétabilité,
c’est-à-dire la corrélation entredeux
performances
répétées
du même caractère.Traiter ce cas au moyen du modèle (1) revient à
considérer les
performances
d’un même animalcomme étant des
performances
de vraisjumeaux.
Eneffet,
les liaisons ne sontappréhendées
que par lesapparentements
entre animaux (effetg).
Or,
unani-mal ressemble
plus
à lui-mêmequ’à
tout autre,serait-ce son vrai
jumeau,
du fait de 1"’environnementpermanent",
propre à tout animal etenglobant
l’his-torique,
l’état sanitaireglobal,etc...
Ainsi,
larépétabi-lité (corrélation entre
performances
d’un mêmeani-mal),
esttoujours supérieure
à l’héritabilité(corréla-tion entre
performances
de vraisjumeaux).
En d’autres termes,
l’hypothèse d’indépendance
entre les résiduelles est ici
invalidée,
ces résiduellesincluant l’environnement
permanent,
évidemmentcommun à toutes les
performances
d’un mêmeanimal : la covariance entre les résiduelles correspon-dant aux
performances
d’un même animal n’est pas nulle.On
ajoutera
alors au modèle (I) un facteursupplé-mentaire de milieu à effets
aléatoires,
1"’environne-ment
permanent",
dont la variance rendra compte de la différence entrerépétabilité
et héritabilité :où
y,, est
la jème performance
de l’animali,
g, est l’effet
génétique
de l’animali,
I£
i]1
sont les effets fixésinfluençant
laperformance,
e ;;
est la résiduelle.
On notera que la
performance,
les effets fixés et la résiduelle sont indicés par l’animal et le numéro desa
performance,
alors que les effetsgénétiques
etenvironnement permanent sont fonction du seul
ani-mal.
Ce modèle
implique
que lesperformances répétées
sont bien
l’expression
du même caractère. Or cesper-formances
s’expriment
à des moments différents de lavie de
l’animal,
à des stadesphysiologiques divers,
etil
peut
s’avérer que cesperformances
soientl’expres-sion de
phénomènes
partiellement
différents. D’unpoint
de vuegénétique,
on vérifiera que ces perfor-mances obéissent au même déterminismegénétique
par l’étude des corrélations
génétiques
entre lesdiffé-rentes
répétitions
de laperformance :
on calculeraainsi, par
exemple,
les corrélationsgénétiques
entrepremière
et deuxième tailles deportée.
Si cescorréla-tions
génétiques
sont différentes de1,
commecer-taines études le montrent chez le porc, on ne pourra
plus
considérer les tailles deportée
commel’expres-sion du même caractère
quel
que soit leur rang. Ilnous faudra
alors,
si l’on veut êtreorthodoxe,
analy-ser ces données selon un modèle
multicaractère,
oùles tailles de
portée
de rangs différents seront reliéesentre elles par leurs corrélations
génétiques
(cf.Ducrocq
1992).Néanmoins,
cettetechnique
accroît lacomplexité
descalculs,
et, du fait de la variabilité du nombre deportées
partruies, peut
amener desdiffi-cultés d’écriture des modèles. Ces diffidiffi-cultés de mise
en oeuvre minimisent souvent l’intérêt de ces
modèles,
et l’onpréférera
en rester au modèle avecrépétabilité,
tant que larépétabilité
n’est pastrop
différente de 1.
2
/ Les effets
maternels
L’effet maternel est l’effet de la mère sur les
per-formances de ses
produits, s’exerçant
parl’intermé-diaire de facteurs maternels tels que le milieu
utérin,
l’effet ducytoplasme
ou laproduction
laitière.Ainsi,
la croissance du veau sous la mère
dépend
de lapro-duction laitière de celle-ci.
Le caractère &dquo;Effet maternel&dquo; est un caractère comme un autre, à ceci
près
qu’il
n’est pas observabledirectement,
mais seulement via l’effetqu’il
exerce sur la mesure duproduit.
On pourra ainsi luiappli-quer tous les
concepts
degénétique quantitative
telsque héritabilité ou corrélation
génétique.
Cet effetcomprend
unecomposante
génétique,
dont on neconsidérera que
l’aspect
additif (effetgénétique
addi-tif maternel) et unecomposante
environnementale,
analogue
à l’environnementpermanent
définiplus
haut,
qui
s’exerce sur tous lesproduits
de la mère, etque l’on
appelle
&dquo;environnement maternelperma-nent. Cet effet
génétique
maternel est distinct de l’effetgénétique
direct,
abordé dans les articlesprécé-dents,
etqui
est l’effet direct desgènes
surl’expres-sion du caractère.
Ainsi,
unpère
n’ exerceraqu’un
effet
génétique
direct sur sesproduits,
par transmis-sion d’une moitié de sesgènes,
alors que la mèreexercera, en
plus
de ce même effetgénétique
direct,
un effet
génétique
maternel,
du fait du milieumater-nel
auquel
est soumis sonproduit.
Les caractèressoumis à ces effets sont les caractères
s’exprimant
chez les individus
jeunes, lorsqu’ils dépendent
leplus
de leur mère : les caractères de croissance et de conformation avant et au sevrage, ainsi que les
condi-tions de naissance.
Ignorer
les effets maternels dansun modèle d’évaluation
génétique
pour un caractèrequi
leur est soumis invalideral’hypothèse
d’indépen-dance entre effetgénétique
etrésiduel, puisque
des effetsgénétiques
se retrouverontipso
facto dans l’effetrésiduel,
censé ne contenir que des effetsenvi-ronnementaux ;
enfin,
cela entraînera, comme toutenon-prise
encompte
d’un facteurimportant
dans unmodèle,
des évaluations biaisées. Ces inconvénientsaugmentent
avec l’héritabilitématernelle, qui
peut
être du même ordre de
grandeur
que l’héritabilitédirecte,
et de la corrélationgénétique,
surtout sicelle-ci est
négative,
comme souvent.Ces modèles
plus complexes, quoique
formellementsemblables,
entraînentégalement
uneinterprétation
plus complexe
des résultatsqu’ils produisent.
Nousdéveloppons ci-après
cetaspect pour
le modèle leplus
compliqué,
le modèle avec effets maternels.3
/ Modèles d’évaluation
aveceffets
maternels
Un modèle d’évaluation
génétique
avec effetsmaternels
comprendra,
outre les effets dumacro-environnement et l’effet
génétique
additif direct décritsprécédemment,
l’effetgénétique
maternel etl’effet d’environnement
permanent
maternel. Unmodèle individuel pourra ainsi s’écrire :
où
y, ;k
est la
performance
de l’animal k issu de lamère j
idans le troupeau i
t, est l’effet du
troupeau
i(macro-environnement),
ni, est l’effet
génétique
maternel de lamère j,
est l’effet de l’environnement maternel permanent de la
mère j,
a jk
est l’effet
génétique
direct de l’animal k issu de lamère j,
e ij
, est la résiduelle (micro-environnement).
Ainsi,
la mêmeperformance
contribuera aucalcul ,
d’une
part
de la valeurgénétique
directe de l’animal(a,,),
d’autre part du milieumaternel, décomposé
envaleurs
génétiques
maternelle(m
;
)
etenvironnemen-tale de la mère
(p
;
).
Les effets
génétiques
directs et maternels sontcor-rélés entre eux en fonction des
paramètres génétiques
(héritabilités directe et
maternelle,
corrélationgéné-tique
entre effets direct etmaternel),
et descoeffi-cients de
parenté
entre les animaux. Ces corrélationspermettent
de calculer des effetsgénétiques
mater-nels pour tous les animaux inclus dans
l’analyse,
qu’ils
soient mères ou non, de même que l’onpeut
cal-culer des valeurs
génétiques
concernant laproduction
laitière pour des taureaux. Par contre les effets d’environnement maternel permanent nepourront
être calculés que pour les mères d’animaux avec
per-formances, puisque,
parhypothèse,
les liaisonsgéné-tiques
entre animaux n’entraînent pas de corrélationentre effets environnementaux. Par
conséquent,
l’application
de tels modèles fournira trois valeurs(valeur
génétique directe,
notée a, valeurgénétique
maternelle,
notée m, valeur d’environnementavec
performance,
et les deuxpremières
valeurs (a etm) pour les autres animaux.
Pour bien
comprendre
lasignification
de ceseffets,
et leur utilisation dans les décisions de
sélection,
rap-pelons
que, si la transmission des valeursgénétiques
(directes et maternelles) s’effectue
indépendamment
du sexe, l’extériorisationphénotypique
des effetsgénétiques
maternels est le fait du seul sexemater-nel,
ets’exprime
directement sur leproduit.
Considérons une vache dont on connaît les valeurs
a, m et p. On
peut
prédire
cequ’elle
apportera
enmoyenne à ses
produits,
soit :0,5a + m + p,
c’est-à-dire la moitié de sa valeur
génétique
directequ’elle
transmetgénétiquement,
augmentée
de l’effet maternelexprimé
directement sur sesdescendants,
d’origine génétique
(m) et nongénétique (p).
Cettevaleur
peut
être considérée comme la valeurrepro-ductrice d’une
vache,
et, commetelle,
intervient,
parexemple,
lors des décisions de réforme.Prenons maintenant deux
jeunes
non encorerepro-ducteurs,
de sexes différents et de mêmes valeursgénétiques
a et m. Ils transmettront à leursproduits
exactement les mêmes valeurs
génétiques,
à savoir0,5
a et0,5m.
Par contre,l’expression phénotypique
de leur
potentiel génétique
sera différente :-
l’apport
moyen du mâle à unproduit
sera0,5
a,effet
génétique
dupère
sur son veau. Onl’appelle
encore
E.P.D.D.(Expected Progeny
Difference-Direct).
-
l’apport
moyen de la femelle à unproduit
sera0,5a
+ m, effetgénétique
de la mère sur son veau,augmenté
de la valeur maternelle de la mère. Onl’appellera
E.P.D.M(Expected Progeny
Difference-Maternel)
Suivant la destination des animaux à
sélectionner,
on
privilégiera
les E.P.D. directs ou maternels. Onpourra ainsi sélectionner les
reproducteurs
detau-reaux sur leur E.P.D.
direct,
alors que les animauxappelés
àproduire
des femelles seront choisis surleurs E.P.D. maternel
Conclusion
Il est donc souvent
important,
lors de l’élaboration d’un modèle d’évaluationgénétique,
de s’attarder surla
signification
d’uneperformance
parrapport
aucaractère
biologique
que l’on veutaméliorer,
à sondéterminisme
génétique,
et à vérifier leshypothèses
sous-jacentes
du modèle. Il convient néanmoins de modérer ces propos : le strictrespect
desrègles
peutsouvent conduire à une
complexification exagérée
desmodèles d’évaluation.
Aussi,
les modèles réellementappliqués
seront souvent descompromis
entrel’exi-gence de
rigueur
et le souci desimplicité
et defaisa-bilité.
Références
bibliographiques
Bolet G., Tartar M. Laloë D.,
Felgines
C.,1984. Efficacitéthéorique
de la sélection sur la prolificité chez le porc. Possibilité de modifier l’indice actuel. Journées de la Recherche Porcine, 1984, pp. 475-480.Ducrocq V. 1992. Du modèle génétique au modèle
statistique. INRA Prod.Anim., hors série &dquo;Eléments de
génétique quantitative et application aux
populations
animales&dquo;, 75-81.
Foulley
J.L., Lefort G.,1978. Méthodes d’estimation des effets directs et maternels en sélection animale. Ann. Génét.Sel. anim., 10, 475-496.
Willham R.L., 1972.The role of maternal effects in animal