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De la Guinée Conakry à la France
mardi 9 février 2021, par Les élèves ENAF avec Monsieur Collegia
De la Guinée Conakry à la France
Je viens de Guinée Conakry, j’ai deux grandes sœurs et une petite sœur. Quand j’étais enfant j’allais à l’école et je jouais au foot avec mon père, on le félicitait parce je jouais très bien au football. Après la mort de mon père, j’ai été élevé par mon grand-père qui est un chef féticheur. Tout le monde au village avait peur de lui. Mon grand-père voulait que j’arrête l’école, le football, et aussi la prière car ses grigris n’acceptent pas de prière chez lui (Un grigri est un talisman ou une amulette vaudou qui protège son porteur du diable ou lui porte chance). Le seul souhait de mon grand-père était que je devienne comme lui, c’est-à-dire un grand féticheur, c’est pourquoi il m’a enseigné l’art du scepticisme et l’adoration des fétiches. Un jour mon oncle maternel, le frère de ma mère qui était aussi un initié, est venu rencontrer mon grand-père. Il a profité d’un moment où mon grand-père s’est absenté quelques minutes pour m’envoyer dans un coin du village où il m’a donné un liquide à boire. Je ne sais pas ce que c’était, mais après avoir bu, j’ai suivi mon oncle sans pouvoir faire autrement, j’étais comme prisonnier de lui. On est allé à la gare et on a pris le train, puis on est arrivé dans une ville du Mali que je ne connaissais pas, on a pris une voiture et on a encore voyagé un jour et une nuit avant d’arriver en Algérie. J’ai remarqué que dans la ville d’Algérie la plupart des habitants étaient des Arabes, c’est là vraiment que j’ai compris que j’étais loin de chez moi, alors j’ai pleuré, j’ai demandé à mon oncle de me ramener chez moi, je lui ai dit que je ne voulais pas quitter mon pays car ma famille a tout ce qu’il faut là-bas, mais mon oncle a insisté, il a appelé ma mère au téléphone et elle m’a dit en pleurant de continuer avec mon oncle Oscar car c’est que voulait mon père pour moi, il l’a dit à ma mère avant de mourir, il voulait que j’aille en France suivre des études et que je devienne un grand footballeur. Alors j’ai dit d’accord et ma mère m’a donné encore des conseils, premièrement de respecter tout le monde, d’être poli, ne pas me bagarrer et de prendre les études au sérieux quand je commencerai. Je suis resté très longtemps en Algérie avec mon oncle, puis un jour on est allé en Lybie. A chaque fois pour le voyage mon oncle me donnait un liquide à boire. Je suis resté encore plus longtemps en Lybie. Je me souviendrais toujours de ce qui s’est passé en Lybie. C’était horrible, on nous a kidnappés, frappés, on nous a torturé, on m’a coupé les bouts de doigts de la main alors que j’avais rien fait. Un soir mon oncle m’a donné encore un liquide à boire, et quand je me suis réveillé j’étais à bord d’un grand bateau, l’Océan Viking, j’ai cherché mon oncle l’ai je ne l’ai pas trouvé, j’étais très triste, mais des autres qui ont été sauvés avec moi m’ont dit que mon oncle ne voulait pas venir, ils m’ont dit qu’il est resté en Lybie. J’ai été débarqué en Italie. Je ne comprenais pas l’italien, c’était vraiment très difficile pour moi de ma faire comprendre, c’est pourquoi je devais aller en France car je parlais un peu le français. J’ai demandé à un ami de m’aider à m’échapper, avec lui on a réussi à venir jusqu’en France sans nous faire attraper par la police italienne. Maintenant je suis à Marseille et j’étudie pour avoir un bon métier et peut-être un jour devenir un grand footballeur.
M.K.
