HAL Id: jpa-00237292
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Submitted on 1 Jan 1877
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A. Angot
To cite this version:
A. Angot. Recherches sur la photographie. J. Phys. Theor. Appl., 1877, 6 (1), pp.233-239.
�10.1051/jphystap:018770060023300�. �jpa-00237292�
RECHERCHES SUR LA
PHOTOGRAPHIE;
PAR M. A. ANGOT.
On sait
depuis longtemps
quel’image photographique
d’unobjet
lumineux est dilatée auxdépens
desparties
obscures ou duchamp lui-même,
et cela d’autantplus
quel’objet
estplus
vive-ment éclairé. Pendant
longtemps,
on s’est borné à attribuer ceteffets à un c!zel1linenzent de
proche
enproche
de l’actionchimique,
sans
plus
l’étudier. Lesapplications
que l’on tente actuellement de faire de laPhotographie
aux mesures deprécision,
notammentà celles que demande
l’Astronomie,
rendaient nécessaire l’étudeapprofondie
de cephénomène.
Le travail
qui
suit a été effectué dans les caves del’École
Nor- malesupérieure.
Grâce à la bienveillance de M. H. Sainte-ClaireDeville, j’ai
pu mettre àprofit
toutes les ressources de son labora-toire,
et u’installer dans une cave de90m
delongueur
enligne droite,
à côté desappareils qui
servaient à la mêmeépoque
à.M.
André pour son étude de la diffraction dans les instrumentsd’Optique.
I. 2013 Marche des
expériences.
Les
images photographiques
ont été obtenues sansgrossissement,
au
foyer
d’une lunette que la Commission du passage de Vénus abien voulu mettre à ma
disposition,
etqui
111 ’avait servi à l’obser- vation même du passage à Nouméa(Nouvelle-Calédonie).
L’ob-jectif,
deo’n,13 d’ouverture,
achromatisé par l’écaruement des deux lentillesqui
lecomposent,
a3-, 8o
de distance focale. Unelongueur de m
demillimètre,
mesurée sur lesépreuves photogra- phiques, correspond
ainsi à unangle
de0",
I09.Les
épreuves
ont été mesurées avec une des machines construites par MM.Brünner,
pour la Commission du passage devénus,
etqui permettent
d’évaluerrapidement
et avec certitude le1 500 de millimétrée quantité
bien suffisante pour mes recherches.L’objet photographié, disposé
à environ87m
del’objectif,
estune source lumineuse formée de deux
rectangles égaux séparés
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018770060023300
par un intervalle obscur. Ces
rectangles
sontdécoupés
dans unelame
métallique
que l’onapplique
sur uneplaque
de verredépoli,
éclairée par derrière avec une
lampe
Drummond ou la lumièreélectrique.
On réalise ainsi un éclairement uniforme del’objet photographiée
condition absolumentindispensable.
Avec cette
disposition
onpeut
obtenirfacilement,
non-seule-ment le fait de
l’augmentation
desimages,
mais la mesure de cetteaugmentation
en valeur absolue.L’augmentation
de dimensions dechaque rectangle
lumineux est, eneffet,
forcémentégale
à la dimi-nution de l’intervalle obscur
compris
entre eux. : la somme de ce sdeux
quantités
est donc constante etégale
à cequ’elle
serait sil’image
se formait seulementd’après
les lois del’Optique géomé- trique.
On connaît deplus,
par la mesure directe del’objet pho- tographiée
lerapport
des intervalles obscur et lumineux. Possédant leur somme et leurrapport,
on calcule facilement leurs valeurs pourl’il11age géométrique :
lacomparaison
avec celles que fournit lamesure directe des
épreuves donne,
danschaque
cas, et en valeurabsolue, l’augmentation
des dimensions del’irnag2 ;
en outre, laconstance de la somme des intervalles obscur et lumineux donne
un excellent moyen
d’apprécier
ledegré
deprécision
desexpé-
riences.
Pour
permettre
dejuger
cetteprécision, je
citerai seulement ici les résultats suivants des mesures desept images
obtenues succes-sivement sur une même
plaque daguerrienne,
et pourlesquelles
on n’a fait varier que la durée
d’exposition
à la lumière :On yoiL que
l’erreur
moyenne sur la somme,qui
devrait êtreconstante, ne
dépasse
pasomm,
oo 1(0",05).
Dans cequi suit,
nousnous bornerons à
indiquer.l’excès
del’image
surl’image géomé- trique,
calculée comme nous l’avonsindiqué plus
haut.II. 2013 Résultats.
Les
expériences
ont montré que la dimension desimages
varie :1 ° avec l’intensité de la
lumière ;
2° avec la durée de pose ; 3° avec la sensibilité de laplaque ; 40
avec le diamètre del’objectif;
5° avecl’état
chimique
de laplaque,
lesphénomènes
étant difiérents si laplaque
a vu ou non lejour
avant de recevoirl’impression photo- graphique.
1°
Influence
de l’intensité. - Toutes choses restantégales, l’image augmente
à mesure que l’on fait croître l’intensité de lalumière; l’image
obtenue estgénéralement plus grande
quel’image géométrique (en supposant
unobjet
lumineux sur fondobscur) ; mais,
pour une intensité assezfaible,
onpeut
obtenir uneimage plus petite
quel’image géométrique.
Lephénomène change
de sens si l’on considère
l’image
d’unobjet
obscur surchamp
lumineux.
Je citerai
seulement,
commeexemple, l’expérience
suivantequi
donne l’excès de
l’image
obtenue surl’image géométrique calculée,
pour des intensités variant de i à 38 :
Le
signe
- devant le dernier nombreindique
quel’image
obtenue est
plus petite
quel’image géométrique.
2°
Influence
de la durée de pose. - La durée de pose a une influence de même ordre que l’intensité :l’image
obtenue croîtavec elle. J’ai cité
plus
haut unexemple
de cette influencée. Le ré-sultat
général
estqu’il n’y
a pas deproportionnalité
entre la duréede pose et
l’intensité,
les effets de la durée de pose étantbeaucoup
moins
grands
que ceux de cette dernière. Untemps
de pose i avecune intensité 2
produit,
parexemple,
un effetplus grand qu’un
temps
de pose 2 avec une intensité i .3°
lz!flueizee
de la sensibilité de laplaque.
- Pour une mêtnedurée de pose et une même intensité
lumineuse,
lesphénomènes
croissent avec la sensibilité de la
plaque,
sansqu’il
soitcependant possible
de donner une loinumérique,
la sensibilité n’étant pas définierigoureusement.
Mesexpériences permettent
au contraire de déterminer la sensibilité en la mesurant, parexemple,
par l’in-verse de l’intensité lumineuse
qui donnera,
avec une durée de pose d’uneseconde,
uneimage égale à l’image géométrique.
4° Influence
dit diamètre de1"objectif.
- Pour vérifier la loi de l’ouverture del’objectif, j’ai
réduit celui-ci àmoitié,
mais enquadruplant
alors l’intensité de lalumière,
defaçon
que l’éclat del’image
fut constant, la durée de pose étant alors la même dans les deux cas.Je ne
rapporterai,
pour ne pasallonger inutilement,
que deuxexpériences :
L’image augmente
doncquand
l’ouverture del’objectif
diminue.50
Influence
del’exposition
antérieure à la lumière. - J’aiexposé
à la lumière diffuse une moitié dechaque plaque, et j’ai
fait ensuite sur les deux moitiés une série
d’épreuves
avec la mêmedurée de pose et la même
intensité,
defaçon
que toutes les con-ditions fussent
identiques
depart
etd’autre ,
saufl’exposition
antérieure à la lumière.
L’expérience
a montré constamment quel’image
obtenue sur la moitié intacte étaitplus grande
que sur cellequi
avaitpréalablement
étéimpressionnée
par la lumière dif- fuse. Je citerai seulement les nombres suivants :237
III. -
Explication
desrésultats
obtenus.La
première hypothèse
que l’on aitinvoquée
pourexpliquer
ces faits était d’admettre un cheminement de
proche
enproche
del’action
chimique;
mais il est facile de voir que telle ne saurait être la cause del’agrandissement
observégénéralement.
Toutd’abord,
cettehypothèse
ne saurait rendrecompte
de cefait, qu’avec
une faible intensité ou une courte durée de. pose on obtient desimages plus petites
queimage géométrique.
Deplus,
s’il y avait uncheminement,
il devait êtreplus grand
sur uneplaque
ayant déjà
subi l’action de la lumière diffuse que sur une autre nonaltérée,
et nous avons vu quel’expérience
donnait un résultatpré-
cisément contraire.
Enfin,
enaugmentant
la durée de pose, on devrait accroître lecheminement,
en lui donnantplus
detemps
pour seproduire :
une durée de pose 2 avec une intensité i don- nerait uneimage plus grande qu’une
durée de pose i avec uneintensité 2
, fait contredit parl’expérience.
Il faut donc aban- donner cettehypothèse.
La théorie des
phénomènes
lumineuxdonne,
aucontraire,
uneexplication
fortsimple
de tous lesphénomènes observés,
en admet-tant
seulement,
cequi
semble du resteévident, qu’une plaque
desensibilité donnée ne
peut
êtreimpressionnée, pendant
un mêmetemps,
que par des lumièrespossédant
une intensitésupérieure
àune intensité
donnée, qui
définirajustement
la sensibilité de laplaque,
si l’onpeut
mesurer en valeur absolue l’intensité limitequi
donne uneimpression pendant
l’unité detemps.
L’étude de la diffraction au
foyer des lentilles,
faite par Schwerd(Beugungserscheinungen), simplifiée
et étendue par M. André[Étude
de ladiffraction
dans les instrzunentsd’optique (Annales
de
l’École Normale supérieure, I876,
t.V,
p.275 )J,
conduit auxrésultats suivants : l’intensité lumineuse n’est pas constante en dedans même de
l’image géométrique :
elle décroîtprès
desbords,
et, au bord
même,
elle n’est que la moitié de cequ’elle
est aucentre. En dehors de
l’image géométrique
on trouve encore de lalumière dont l’intensité décroît
progressivement
en tendant verszéro.
Si l’on considère un
objectif parfait, rigoureusement aplanétique,
la
largeur
de cette zone de diffraction varie en raison inverse de l’ouverture del’objectif.
L’aberration
produit
desphénomènes analogues qui
se super-posent
auxprécédents
etaugmentent
considérablement l’étendue de la zonediffractée,
sanscependant changer
le sensgénéral
duphénomène. Quand
on réduitl’objectif,
on a toutefois à tenircompte
de deux effets inverses : celui de la diffractionqui augmente
et celui de l’aberration
qui
diminue en mêmetemps
que décroît l’ouverture del’objectif.
Ces lois suffisent à
expliquer
tous les faits observés.Quand
onaugmente
l’intensité de la source, l’intensité croitproportionnelle-
ment en chacun des
points
de la zonediiractée,
et laplaque pho- tographique, qui
reste sensible pour une intensité absoluedéter- minée,
donne desimages
deplus
enplus grandes. Si,
aucontraire,
l’intensité décroit assez pour que, dans le
temps considéré,
laplaque
ne soitplus
sensible à la moitié de l’intensité au centre de laplaque,
on aura desimages plus petites
quel’image géomé- trique.
Au lieu de faire varier
l’intensité,
onpeut
faire intervenir la durée depose :
on aura alors des effetsanalogues
à ceux que239 donnait la variation de
l’intensité,
mais moinsrapides.
En augmen-tant
l’exposition,
on rend en effet laplaque
sensible à des lumières deplus
enplus faibles,
mais cette sensibilité tendrapidement
versune certaine
limite,
carl’expérience
semble prouver que toute ntensitéqui
tombe au-dessous d’une certainevaleur ,
variableavec la sensibilité de la
plaque
, nepeut plus produire d’impres-
sion même
pendant
untemps
infinimentgrand.
L’influence de l’ouverture de
l’objectif
estégalement
mani-feste : la zone diffractée
augmente quand
l’ouverture del’objectif diminue,
et exactement en raison inverse de celle-ci.L’expé-
rience a montré cette
augmentation,
mais un peu moinsrapide
quene le veut la
théorie ;
eneffet,
en mêmetemps
que la diminution de l’ouvertureproduit
uneaugmentation
de la zonediffractée,
ellediminue notablement Fenet de l’aberration.
Enfin, quand
on soumet à la lumière diffuse laplaque
sensibleavant
d’y imprimer l’image,
celle-ci vient se faire sur unchamp déjà éclairé ,
et cet éclairementgénéral
masque unepartie
del’agrandissement
diffrac tionnel.En
résumé,
les faits observés sont enparfait
accord avec lathéorie. La dimension des
images photographiques
varie avectoutes les conditions de
l’expérience ; mais,
pourexpliquer
cesvariations,
il suffit d’avoir recours aux théories ordinaires del’Op- tique,
et non àl’hypothèse
d’un cheminementmystérieux
desactions
chimiques.
Cette variation du diamètre des
images
est inévi table dans lapratique.
Pour la rendretrès-faible,
il faudra s’assurer quel’objectif employé
estaplanétique,
c’est-à-diredépourvu,
autant quepossible,
d’aberrations de
sphéricité
et deréfrangibilité.
On n’aura
plus
alors à tenircompte
que des variations dues à ladiffraction,
que l’on atténuera enemployant
desobj ectifs
degrande
ouverture. Nous avons vu, en
effet,
que l’étendue de la zone dif- fractée variait en raison inverse du diamètre del’objectif, supposé aplanétique.
C’est en
employant
unobjectif
sans aberrationsensible,
et deI J pouces
d’ouverture (0m, 38),
que M.Rutherfurd,
parexemple,
est parvenu à obtenir ces
magnifiques photographies
de la Luneque tout le monde connaît.