HAL Id: hal-00893885
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00893885
Submitted on 1 Jan 1991
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of
sci-entific research documents, whether they are
pub-lished or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Protoporphyrie héréditaire en race bovine Limousine
française, premiers résultats
Jj Lauvergne, L Pinault
To cite this version:
Note
Protoporphyrie
héréditaire
en race
bovine Limousine
française,
premiers
résultats
JJ
Lauvergne
L
Pinault
2
1
Institut
national de la rechercheagronomique,
laboratoire degénétique factorielle,
CRJ,
78352Jouy-en-Josas ;
2
École
nationale vétérinaire deNantes,
service depharmacie
ettoxicologie
CP301,i,
44087 Nantes cédez 03, France(Reçu
le 19 avril 1991;accepté
le 6 mai1991)
Résumé - Un
dosage
par fluorimétrie de la teneur enporphyrines
liées au zinc(PPZ)
dans le sang de 112 taurillons Limousins d’un an nés en 1988 et testés pour la
production
de viande à la Station nationale de
qualification
de la race limousine de Lanaudprès
deLimoges
a révélé l’existence de 2 animaux dont la teneur en PPZ(=
110pg/100 ml)
s’écartait de
plus
de 9 écarts types de la moyenne des autres animaux(!
=24,5
/l-g/100
ml).
Ilpourrait s’agir
de deux porteurshétérozygotes
de l’anomalie héréditaire récessiveautosomique
deprotoporphyrie déjà
décrite dans le rameau Limousind’Amérique
du Nord. Une estimation de lafréquence
dugène
dans le Limousinfrançais
serait alorsq
= 0, 009
avecŒ! q
=0,006.
Laprobabilité d’apparition
de veauxprotoporphyriques
serait alors d’environ 1 sur 13000
(:1:
45 naissancesanomaliques
paran).
Jointe à uneinsolation moins forte
qu’en Amérique,
cette faibleprobabilité d’apparition
peutexpliquer
que les cas
cliniques
aient pujusqu’à présent
passerinaperçus
en France alors que lespremières
observations américaines remontent à 1976. Des étudescomplémentaires
sontencore nécessaires.
protoporphyrie
héréditaire
/ race
bovine LimousineSummary - Hereditary protoporphyria in French Limousin cattle : first results. A
fluorimetric
measurementof
blood contentof
zinc boundporphyrins
(PPZ)
on 1121-yr-old
Limousin bulls born in 1988 and included in aperformance
test programme at theNational Station
for Qualification of
the Limousin Breedof
Lanaud nearLimoges
(France)
has shown that
for
2of them
thevalue (
110f
-Lg/1 00
ml)
was 9 standard deviationshigher
than the meanof
the other I 10 : Y = 24.5pg/100
ml. These 2 bulls were considered to beheterozygotes carrying
the autosomal recessive genefor protoporphyria already
described inthe American branch
of the
Limousin breed. An estimateof the
genefrequency
is q =
0.009 witha
9
= 0.006 whichgives
aprobability for
aprotoporphyric
birthof
one in 13 00045
cases per year in the French Limousin. This lowprobability of occurrence
added to the reduced isolationcompared
to America mayexplain why,
up to now, no clinical casesof
protoporphyria
have beenreported
in France when thefirst description
in America tracesback to 1976.
Complementary
studies are still necessary.La
protoporphyrie
est une affectationqui
perturbe
le métabolisme de laporphyrine
dans le sang des mammifères
(Nordmann, 1990).
On en connaît au moins un cas,hérité mendéliennement en dominance
autosomique
àpénétrance incomplète
chezl’homme
(Mc
Kusick, 1975,
Deybach
etal,
1986).
En
1976,
l’examen d’unegénisse
Limousine souffrant de lésions cutanées apermis
auVeterinary Diagnostic Laboratory
deBrookings
(Sud Dakota)
deporter
lepremier
diagnostic
de cetype
de maladie héréditaire dansl’espèce
bovine(Ruth
et
al,
1977;
Ruth etal,
1978).
La race Limousine
qui
a étéimportée
de France au Canadapuis
aux Etats-unis àla fin des années 60 est devenue une race à viande très
populaire
dans lesprovinces
occidentales du Canada et dans l’Ouest des Etats-Unis. Deux sociétés d’éleveurs la North American Limousin
Foundation,
(NALF,
Denver,
Colorado)
auxEtats-Unis et la Canadian Limousin Association
(CLA, Calgary,
Alberta)
au Canadaregroupant
respectivement
6 000 et 3 000 membresgèrent
environ un million dereproducteurs.
Au début de
1989,
l’un d’entre nous(JJL)
fut alerté par unresponsable
de laNALF sur les conseils du Dr
Leipold
(Kansas
StateUniversity)
responsable
duprojet
nord-américain de détection des anomalies héréditaires bovines. La NALF était désireuse de savoir sil’anomalie
enquestion,
bien que non encore décrite enFrance,
nepouvait
pas néanmoins exister dans la race Limousine dontprovenaient
toutes les souches nord-américaines.
Des contacts furent alors
pris
avec l’UPRA(Unité
de sélection et depromotion
de raceagréée)
France Limousin sélection et le Service depharmacie
ettoxicologie
de l’Ecole nationale vétérinaire
(ENV)
de Nantes afin deprocéder
à un examensanguin
de bouvillons Limousinsâgés
d’un an environ entestage
deperformances
bouchères à la Station nationale de
qualification
de la race Limousine de Lanaudprès
deLimoges.
La
protoporphyrie
décrite en race Limousined’Amérique
est une maladiequi
provient
d’une réduction de l’activité del’enzyme
appelée
ferrochélataseimpliquée
dans le dernier stade de la formation del’hémoglobine
(Dailey
etFleming,
1983;
Bloomert et
al,
1987).
Il en résulte une teneur élevée deprophyrines
libres(P-libre)
dans le sang,principalement
laporphyrine
IX,
moléculequi
sert de substrat à la ferrochélatase. Cet excès de P-libre en circulation déclenche des réactionsde
photosensibilité
dans les zonesdépourvues
depoils
et des lésionshépatiques
(Schwartz
etal,
1980).
Les indications données par les derniers auteurs cités laissaient penser que, chez
les animaux
présentant
la tarehéréditaire,
unepartie
de laprotoporphyrine
nonfixée au fer se trouvait
complexée
au zinc des hématies et entraînait la formationd’une
quantité
anormalement élevée ducomplexe
protoporphyrine-zinc
(PPZ)
aisément détectable par fluorescence directe à l’aide d’un hématofluorimètre.Ce taux de conversion reste
cependant
faible et non connu, contrairement à ceque l’on observe lors d’intoxication par le
plomb
ou lors de carences en fer.Disposant
d’un hématofluorimètre et aux fins deprocéder
à une étudeexplo-ratoire - à confirmer par d’autres mesures dont la mise au
point puis
la mise enoeuvre sont
plus
lourdes - il a été décidé deprocéder
sans délais à unsondage
surun
échantillon
des futursreproducteurs
français
de la racesusceptibles
deporter
leLes
analyses
effectuées sur le sang de 112 bouvillonsâgés
d’environ un an etprélevés
les 18 et 19 mai 1989 à Lanaud ont consisté dans ledosage
de la teneur enPPZ par hématofluorimétrie directe
(hematofluorometer
ESA Zn P4 000).
L’histogramme
de distribution de ces concentrations en PPZ de lafigure
1 montreque l’on est en
présence
d’une distribution normale ou sub-normalecomprenant
110 valeurs entre 0 et 60ugl 100
ml(n
=110, 7
=24, 36, u
=10, 9)
et de 2 valeursautour de
110 !g/100
mlqui, manifestement,
ne font paspartie
de cette distribution(à
près
de 8 écartstypes
de la moyenne de lapremière distribution,
laprobabilité
pour que
la
variable prenne une telle valeur est inférieure à0,000
1).
Nos données en elles-mêmes
n’apportent
aucune preuve directe de l’hérédité del’anomalie
puisque
les 2 taurillons détectés par des teneurs anormales n’avaientaucun ancêtre commun sur 4
générations
d’ascendants etqu’aucun dosage
n’a été effectué chez les parents.L’interprétation
que l’onpeut
donner est que lapremière
distributionregroupe-rait les
homozygotes
sains alors que les deux animaux dont la teneur est autourde 110
JL
g/100
ml seraient deshétérozygotes
porteurs
sains dugène
de l’anomalie. Cetteinterprétation procède
paranalogie
avec lesanalyses
des auteurs américains Ruth etal,
(1977)
qui
distinguaient, d’après
la teneur enprotoporphyrines
desérythrocytes,
leshomozygotes
sains deshétérozygotes
porteurs
sains maistrans-metteurs du
gène
et deshomozygotes
présentant
lessignes cliniques
de laproto-porphyrie.
Sous cette
hypothèse
et enconsidérant
l’échantillon des 112 taurillons testées enfrançaise,
onpeut,
pour estimer lafréquence
q du
gène
dans la race, utiliserl’équation
du maximum de vraisemblanceproposée
par Elandt-Jonhson(1971) :
î =
2
(r
+2r
3
)/2n
où est r2 le nombre deshétérozygotes,
r3 celui deshomozygotes
malades et n le nombre total des observations.
Il vient alors :
u
’
3-
=q(1 - q)/2n
qIntroduisant nos données d’observations r2 =
2,
r
3 = 0 et n =
112,
on obtient :¡¡ = 0,008 9 ! 0,9 . 10-2
avecQv
=
0,0063
3Il
s’agit
d’unefréquence génique
faiblequi
donne seulement un nouveau néanomalique
pour environ 13 000 naissances(q
=0, 8 !
10-’).
Si l’on sait(Scees,
1990)
qu’en
1988 il y avait en France 560000 vachesLimousines,
on devraitenregistrer
environ 45 naissances de veauxprotoporphyriques
par an.Jointe au mode
d’élevage
des bovins Limousins en France -qui
sont, d’unemanière
générale,
soumis à une insolation moins intensequ’en Amérique -
cettefaible
fréquence explique
que l’anomalie ait pu,jusqu’à
présent,
passerinaperçue
dans notre pays.
La
fréquence
dans le rameau américain n’est pascommuniquée
mais la lecturedes articles de certains
responsables
(Vanderwert,
1988; Vanderwert,
sd)
laisse àpenser
qu’elle
pourrait
êtreplus
élevéequ’en
France,
cequi
serait dû à une dérivegénétique
résultant d’un effet de fondateur.Quoi qu’il
ensoit,
onpeut
déjà
avancerqu’un
gène
deprotoporphyrie
-apparemment
le même que celuiqui
a été décrit enAmérique -
existeprobablement
dans la branche Limousinefrançaise,
avec unefréquence
de l’ordre de1/100.
Des contrôles
supplémentaires
sont nécessaires pourpréciser
son mode detrans-mission héréditaire et estimer sa
fréquence
avecplus
deprécision.
REMERCIEMENTS
Les conseils du
professeur
HWLeipold
(Kansas
StateUniversity)
ont été trèsprécieux.
Les contacts avec le Président B Waddle et le Secrétaire Dr W Venderwert de la North American Limousin Foundation et le Secrétaire H Tedford de la Canadian Limousin Association ont été très enrichissants.
La collecte et
l’expédition
des échantillons a étéorganisée
par l’UPRAFrance
Limousin Sélection
(Président
L deNeuville,
Directeur Général JNBonnet)
avec le concours de la Direction des Services Vétérinaires de la Haute-Vienne(M Sazerat).
Nous voudrions remercier
également
le Pr YNordmann,
Directeur du CentreFrançais
desPorphyries
(Hôpital
LouisMourier,
Colombes)
qui
a bien voulu nousfaire
profiter
de sonexpérience
et relire le manuscrit.RÉFÉRENCES
Bloomert
JR,
HillHD,
Morton0,
Anderson-BurnhamLA,
Straka JG(1987)
Theenzyme defect in bovine
portoporphyria :
studies withpurified
ferrochelatase. J Biol Chem262,
667-671Dailet
HA,
Fleming
E,
(1983)
Bovine ferrochelatase : kineticanalysis
of inhibitionDeybach
JC,
da SilvaV, Pasquier Y,
Nordmann Y(1986)
Ferrochelatase inhuman
erythropoietic
protoporphyria :
the first case of ahomozygous
form of theenzyme
deficiency.
In :Porphyrins
andporphyrias.
Colloque
INSERM,
JohnLibbey
Eurotext
Ltd, 136,
163-173Eladt-Johnson RD
(1971)
Probability
models and statistical methods ingenetics.
John
Wiley
andCons,
NewYork,
318-321Mc Kusick V
(1975)
Mendelian inheritance in man.Catalog of
autosomaldominant,
autosomal recessive and X-linked
phenotypes.
The JohnsHopkins
University
Press,
Baltimore,
278Nordmann Y
(1990)
Porphyries
héréditaires. EditionsTechniques,
Encycl
Méd ChirParis, France, Pédiatrie,
4059Q&dquo;,
10-1990,
6 pRuth
GR,
SchwartzS, Stephenson
B(1977)
Bovineprotoporphyria :
the first nonhuman model of this
hereditary photosensitizing
disease.Science, 198,
199-201 RuthGR,
SchwartzS, Stephenson B,
BatesF,
Shave H(1978)
A new disease incattle,
bovineprotoporphyria,
clinical anddiagnostic
features. 21’t Ann Proc Assn Vet LabDiagnostic,
91-96Scees
(1990)
Recensement GénéralAgricole,
1988. Ministère del’Agriculture,
ParisSchwartz
S, Stephenson
B,
SarkarD,
Freyholtz
H,
RuthG,
(1980)
Quantitative
assay of
erytrocyte
&dquo;free&dquo; andzinc-protoporphyrin :
clinical andgenetic
studies. Int JBiochem, 12,
1053-1057Vanderwert W
(1988)
Protoporphyria
awareness. LimousinWorld,
Jan1988, 47-49
Vanderwert W