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La stratigraphie du quaternaire: à propos de la chronologie du quaternaire en Suisse
LAGOTALA, Henri
LAGOTALA, Henri. La stratigraphie du quaternaire: à propos de la chronologie du quaternaire en Suisse. In: Congrès géologique international: comptes rendus de la XIIIe session . Liège : H. Vaillant-Carmanne, 1924. p. 1497-1500
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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:112105
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ôôNcnÈs cÉoloctQuE INTÈRNATIoNAL
XIIIo
Sesslon Bolglque l9PPHenri LAGOTALA
Docteur ès Sciences, Privat docant à l'Université de Genàve'
LA STRATIGRAPHIE DU QUATERNAIRE
A propos
de la chronologie du quaternaire en Suisse
Extrait du Cotwrrn nnNnu
du XIIIo Congrès géologiclue international 1922'
ItÊe e
IMPRIMERIE VAILLÀNT-CAIIMAN Nb I 926
Henri LAGOTALA
Docterr ès Sciences, Privat docent à l'Université de Genève
LA STRATIGRAPHIE DU QUATERNAIRE
a
PR,OPOSDE I A
OFIII,ONOI OGTEDIi
QUA'r'Erl,NAlll,EIIN
SUISS-FILes efforts des préhistoriens
ont
actuellement aboutià
nous'faire con- naître relativement bien, depuis les travauxde G. oB Montlllet,
lesdiverses étapes des civilisations préhistoriques. Depuis, des détails ont été ajoutés
et le
problèmea
été précisé.Mais les difficultés sont gfandes lorsque I'on veut paralléliser les divers niveaux industriels avec les grands phénomènes glaciaires qui marquèrent Ia
fin
clu Pliocène et le Quaternaife. De même la question des faunes n'est pas encore bien au Point.Nous n'envisagerons dans ces quelques lignes que la question glaciaire.
La discussion à ce sujet est loin d'être close, et le débat semble se résumer en celui
qui
metaux
prisesBouln,
DÉennnt,PBttcx et
BnilcxNrn.D'accord en cela avec PeNcx et BRiiCKNER, nous admettons quatre grandes phases glaci:.ires, auxquelles
il
convient d'ajouter une série d'oscillationset
stades qui, selon ces auteurs, suivraientle retrait du
Wtrmien.Les travaux de
KrlreN et
ceux deArsrnHnnor ont
rnontré qu'après leretrait
du glaciaire wûrmienet
avantle
stade deBthl, le
glacier du Rhôneavait fait
une nouvelle avancée.Il
s'agitdu
Néo-Wûrmien deKrr,reN 0u Nég-glaciaire d'AnssRHARDr. Ce Néo-Wiirnien pourrait peut- être se paralléliser avec les récurrences de Grlxte.
Si
nous admettons ce Néo-Wtrmien, qui, selon KtltAN, aurait dans la région de Cenève dépassé le défilé dufort
de I'Ecluse,nous voypns que la lnoraine de fond wtirmienne est, dans cette région, recouverte d'une épaissecouche de fluvio-glaciaire : alluvions anciennes
du
Necker.A la
base decette ntasse fluvio-glaciaire, se trortvent, en plusiellrs points, des marnes à
lignites dans lesquelles
furent
récemment découverts (1)('z) des restes de Clausilies briséeset
des feuilles de Quercus pedunculataEhrli
(détermi- nation de Jules Fnvne).Et
par dessus ce fluvio-glaciaire, vient la moraine de fond néo-wiirmienne.(1) E. JouKowsrv. Topographie et géologie du Bassin du Petit Lac.
-
Le Globe'Genève, 1920.
(r) F,. JOUKOWSKy
et H.
LÀGOTALÀ. Quelques observations sur la topographie prèrti':u'tiônne t1u Bnssin c1u Petit Lac 1l-éman).- C. R. Soc' phYS' ?t hi'st. qah+tellç dÇGenàoe, vol. 39,
î"
7t 1922.149-8 xrrre coNGRÈs oÉolocleus
L'alluviou ancieune arrnorrce
lc
retr-rurdu
glacier.La
nrarneà
lignites correspondrait alorsà
un interstadiaire, Laulenschwankung dePrNx
et BntcxNrn.Les découvertes de M. Dueols (1) dans la grotte de Cotencher ont semblé devoir trancher le débat de
la
chronologie quaternaire.A
en croire cet auteuret
MM.Plttano
(È)et
MoNTANDoN (t),qui ont
donné de beltes analyses de cette trouvaille, Cotencher viendrait, enfin, nous prouver quele
Moustériena
existéà la fin
de l'interglaciaire Riss-Wûrrn.Nous nous permettrnns
de
critiqrrer cette interprétation. Sans norrsoccuper de la forme des silex (sont-ils bien de l'époque moustérienne ?)
et de la faune, nous étudierons ce problème au point de vue strictement glaciaire
et la
question se posera pour nous dela
façon suivante:La
couche qui, dansla
grotte de Cotencher, contient des silex taillés par l'homme est-elle préwûrmienne ?La grotte de Cotencher est située dans le Jura neuchâtelois dans le val de
la
Reuse (feuille 308 dela
carte topographique suisseau
1/25000).Il
nous faut donc étudier quelles furent les conditions du .fura durant les dernières phases glaciaires.Au
Wûrmien le glacierdu
Rhône, sortant du Valais, se dirigeait selonla direction Villeneuve-Chasseron (un sommet
du
Jura). Butant contre Ie Jura, le glacier se divisait en une branche S.W., qui allait en directionde Lyonet
en une autre brancheN.E.,
atteignant Wangen(sur
I'Aar).L'on peut suivre sur tous les flancs du Jura la trace des anciennes moraines.
Durant
la
phase wûrmienne,le
glacierdu
Rhône comble les profondes vallées préwûrmiennes (a) duJura et du
bassindu
Léman (6). Dans leJura le glacier du Rhône ne pénétra pas, semble-t-il, dans les vallées lon- gitudinales internes,
du
moins dans le Jura méridional (6).A la
Dôle et àla
Faucille aucun bloc alpin ne se trouveà
I'intérieur des chaînons.D'aprés Kilian, le Néo-Wûrmien aurait franchi le défilé du Fort de l'Ecluse.
(t) H. G. STrul-litt et A. Dunors, Notes préliminaires sur les fouilles entreprises dans la grotte de Cotencher (cant. de Neuchâtel). Eclogae geologicae Hehtetiae,
t.
XIV,1916.
DuBolS, Aug. Notes sur les fouilles exécutées en 1916 dans la grotte de Cotencher.
Musée newchâtelois, année 1)16,
-
DuBorS, Aug. Les fouilles de la grotte de Cotencher. Aetes il,e la Soc. heloëtique tl,es Sciences naturelles, réunion de Neuchâtel, 1920.('9) PITTARD, Eug. Une nouvelle station rnoustérienne suisse. La grotte de Cotencher (Neuchâtel). Arch. swisses il' anthropologie,
I-lI,
1916-1918.(3) MoNuuoon, E. De la chronologie quaternaire à propos des fouilles de Cotencher.
Arch. suisses d,'Anthropologie,
l, Iy,
7921._ (t) H. LAGoraLl. Première note sur la géologie de la Faucille, Jura fuançais. C. ,R.
Soc. phys. ethist. naturelle d,e Cenèae, vol.38, 1927, ayec Jouxowsry. Loc.'cit., 1922, (5) JouKowsKv. Topographie et Géologie du Bassin du Petit Lac (Lac Léman). Le Clobe, 1920.
(6) H. LÀcorÀl-1. Etude géologique de la région cle la Dôle. Matëriauxpowr^la carle gëologi.que swisse, nouyelle série. Livraison XLVI (4) 1920. Le quaternalre du Jura, environs dç St-Cergues. lctes Soc. helo. cles Sc. natwrel.les. Neuchâtelr 1920,
HENRI LAGOTALA 1499
Sans pouvoir encofe préciser ses limites, nous pensons que le Néo-Wùrmien n'a pas franchi, dans
la
direction de Neuchâtel, |e seuil dela
Sarraz (1).Il
est unfait,
c'est que lors de son extension néo-wtirmienne, le glacierdu
Rhône ne s'est pasjoint
aux glaciers locauxdu
Jura. Nous I'avons déjà démontré en 1920 dans nos études sur la région de la Dôle ('a). Nous avonsindiqué
qu'à l'époque néo-wûrmienne le Jurafut
le siège de gla- ciations locales bien indiviclualisées. Partotttoit
nous avons observé les anciens glaciers du Jura nous avons reconnu la superposttion de Ia moraine à ëlëments purement iurassiens sur les dépôts rhodaniens wûrmiens, mlraines rte lond plus ou mlins remantées0u
sur le fluvto-glaciaire.Du
Pesqutnn (3), dans son étudedu
glaciairedu
Val-de Travers (oùse trouve la grotte de Cotencher), cite des cas de superposition de glaciaire local sur du glaciaire (plus ou moins remanié) rhodanien,
et Scslnor
et Dueors (a)indiquent
des dépôts jurassiens surla
noraineà
éléments alpins. Ils attribuent ces dépôts aux glaciers de récurrence jurassiens.Se basant principalernent sur
la
proportion de cailloux alpins dans la couche à Galets, qui contient les silex taillés de Cotencher, et comparant avec la moraine de Cotendart, Dunots admetqu'il
s'agit d'une nroraine laisséepar
un glacier local préwiirmien. Nous avons déjà critiqué cette façon de penser (5).Voici, selon Dueots, la coupe stratigraphique de la grotte de Cotencher:
Anciens déblais
Couche d'humus noire .
Argile blanchâtre, jaunâtre dans
le
tiers inférieur . .Couche
à
galets contenant des ossements dans toute son épaisseuret
860/o des silexCouche de terreau brun, phosphaté, riche en os' avec
l0o/o des silex 1.35 )
Résumons les arguments de Dueots : La couche à galets est une tttoraine locale et les rares éléments alpins qu'elle contient sont altérés;les quartzites prédominent. Le matériel alpin
a
donc été emprunté aux dépôts rhoda- niensdu
Riss. Cornparésà la
ntoraine postwiirmienne de Cotendart, elle présente mille fois moins d'éléments alpins.L'étucle cle ces dépôts, que nous avons pu fairc grôcc
à
I'amabilité deM.
Dueors, nousa
permis d'apprécier les soins apportés à cette"fouille.Nous pensons aussi que cette couche à galets provient d'une ancienne mo-
(1) Jouxowsrv et LlcoraL|, 1922, loc. cit.
(8) LÀGOTÀLA. 1920, loc. cit.
(e) Du PASQUTx. Bwlt. Soc. rt'euch. Sc. naturelles,
t. XXII,
1893-1894.(4) Scn.rnor et Dunots. Description géologique des Gorges de l'Areuse. Eclogae gaologicae Helt;etiae,
t. VII,
1903.(6)
Lloorau,
H. La chronologie du quaternaire et les fouilles de Cotencher. C. rt.Aàa'rt. des Scietaces,
t.
t74 (scéance dtt lcr mai {922), Paris.0.90 m.
0.20
)0.90
I 1.65 rI
I
1500 xrrre coNcRùs cÉor-ocreue
raine locale (avec
un
léger remaniernent peut-être). Parmi ces galets, nous en avons trouvé beaucoup d'anguleux. D'après nos étudessur
Ie Jura en général et d'après ce que nous avons constaté dans leVal
de la Reuse, eny
joign4nt les observations même de ScHnnoret
Dusots et Du PaseuteR, nous arrivons à la conclusion suivante: La couche à galets appartient à une rnoraine locale du glacier dcla
Rcusc individualisé au Nro-Wtrnrien.En effet, si cette moraine était préwtirurienne, elle serait recouverte par
la
moraine rhodanienne wtrmienne,le
glacier rhodanienétant
arrivéà
400m.
au-dessus dela
grotte..Quant à
la
comparaison avec Cotendart (r),il
nous suffira d'indiquer qu'ily
a une différencc entrc unc moraine laissée par un glacier dans une vallée étroite où les déboulis de roches jurassiennes se joignent au glisse- urent des moraines antérieurement déposées pourformer de
nouvelles ruroraines, et le cas de Cotendart, où les glissements de rnatériaux morai- niques rhodaniens devaient être presque la seule alimentation du glacier ou névé dont cette moraine $arque une limite.Il y a
donc une possibilité très grande d'irrégularité des proportions d'éléments alpins et jurassiens dans ces dépôts morainiques. D'autre part, partout, dans le Jura nous voyolls la superposition des moraines à éléments purement jurassiens (ou à très faible proportion d'alpins) sur les moraines rhodaniennes wûrmiennes, rnais nullepart
nous ne voyons l'inverse, cequi devrait être le cas
si
I'idée de Dueorsétait
juste.Quant à l'état de vestuté, cet argument n'a pas grande valeur; car dans ces dépôts néo-wûrmiens dans le Jura français
et
vaudois,à
Cotendart même, nous avons trouvé des granites arénacéset
des roches alpineg enétat prononcé de vestuté. L'altération provient de ce que ces débris étaient soumis
à
l'action des eaux ou provenaient d'anciennes noraines.Nous arrivons donc à la conclusion, laissant d'autres arguments de côté, que les hommes qui ont façonné les silex de Cotencher (reconnus comure moustériens par F. et P. SanesrN, BâcHr,rR, PrrrARD, etc.) les ont aban- donnés dans cette grotte après le
retrait
wûrmien, nrais avant I'arrivée des glaciers locaux. Or ces glaciers locaux sont nettentent post-wtrmienset
probablement néo-wtrmiens.Nous pensons donc que ce Moustérien de Cotencher se place entre le rurorilent où le glacier du Rhône se retirait et celui où, avançant de nouveau,
il
ne parvenait pas à opérer sa jonction avec ceux du Jura nettement indi- vidualisés.Il
s'agirait donc de I'interstadiaire Wtrm-Néowtirm.Rappelons que
Heuc
considère quela
station nroustérienuedu
Wild- kirchli (Saentis) est post-wtrmienne, de mênte que certaines stations lrolrs- tériennes des Pyrénées.(1) Moraine située sur le flanc longitudinal dn Jura appartenant au glacier de récu rence selon DuBots, rnais ceci ne nous senrble pas très certain,