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Questionnement philosophique et cinéma

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 1

1. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

L’autre, le différent, l’étranger

Chocolat

Réalisateur : Roschdy Zem, 2016

La différence, l’étranger, l’altérité

La peur et les émotions Le préjugé, le stéréotype

Blanc-noir Homme-singe

Langage et type de relation Cirque (scène) et vie réelle

4’ 57’’ -> 7’ 51’’. Que se passe-t-il ? Observations Perceptions. Interprétations. Quel(s) message(s) s’en dégage (nt)? (sens)

Suggestion créative, se mettre dans la peau de : incarner un des

personnages de la situation et réaction (opinion) personnelle.

Questions

philosophiques 1. Regarder sans juger, est-ce possible ? (a priori, stéréotype, préjugé) 2. Quel serait un regard qui enferme ? Un regard qui libère ?

3. Quelle serait une parole (un discours) qui enferme ? Un discours qui libère ? 4. Qu’est-ce qu’un étranger ?

5. Doit-on craindre l’autre, le différent ? 6. Un étranger est-il un citoyen ?

7. La peur de l’autre est-elle ferment d’exclusion et du racisme ? 8. Ce qui est étranger, différent, autre fait-il peur ?

Aphorisme et illustration

On ne peut enfermer un homme, ni dans ses actes, ni dans ses œuvres, ni dans ses pensées. Lui-même ne peut s’enfermer » Paul Valéry

Exercice

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 2 Cahiers d’exercices philosophiques, Isabelle Million et Oscar Brenifier.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 3 Cahiers d’exercices philosophiques, Isabelle Million et Oscar Brenifier.

Texte

philosophique :

Texte1/ « Toute la difficulté est, en réalité, de se décentrer de sa conception de la culture pour être capable de la reconnaître dans d’autres formes d’humanité. Prenons deux dimensions constitutives de l’humain : le sens de la mort et l’art. Si l’on se base sur nos seuls critères, on ne retiendra que deux traitements possibles du mort : l’inhumation et la crémation. De fait, on retrouve, dès le paléolithique supérieur, des traces d’inhumation, avec des sépultures ayant pour fonction d’assurer un havre au défunt grâce à un mobilier luxueux. Mais aussi de l’y enfermer en le ligotant, parce qu’on ne voit dans le mort qu’un être pouvant survivre à son décès et nous menacer… Cependant, n’oublions pas tous les types de réponses qui ne laissent pas de traces, comme chez les Tibétains d’aujourd’hui qui découpent le défunt en morceaux qu’ils donnent aux rapaces, ou encore chez les Indiens qui exposent le mort sur des plates- formes à l’air libre. Pour l’art c’est pareil. Si l’on ne retient de l’art que ce que notre tradition nous a préparés à identifier comme tel, c’est-à-dire la représentation, on n’en trouve de traces qu’à partir du paléolithique supérieur, avec notre humanité. Je dirais donc que la culture est à la fois ce qui nous spécifie (espèce) et ce qui nous ouvre aux autres. » Marc Groenen, préhistorien et philosophe.In phlosophie magazine, janvier 2010.

Texte2/ « le racisme mis à nu : L’identité blanche est une projection. Comme je le montre, la race naît du racisme et non le contraire. Ce qui signifie, autrement dit, que la façon dont on nomme les gens n’est pas une affaire de physiognomonie mais bien plutôt de hiérarchise et de politique. La haine donne une identité.

Le nègre comme l’homosexuel dessinent une frontière qui délimite ce que j’appelle le « rêve blanc ». (…)

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 4

Selon moi, le rêve renvoie au sommeil, au fait de dormir. Il est le contraire de la conscience ou de la connaissance. Pour le dire précisément, le rêve est un état intentionnel d’inconscience. Il repose sur la croyance dans sa propre innocence. (…) J’ai ressenti très tôt dans mon existence et mon expérience, en tant que Noir, que mon corps pouvait être détruit de façon arbitraire. D’où mon livre « une colère noire ».

Tous les êtres humains éveillés, tous ceux dont l’intégrité est menacée, dont l’existence a été défigurée, qui ont connu l’oppression ou le racisme, connaissent ce sentiment de colère et de frustration. » Ta-Nehisi, écrivain, Philosophie Magazine, mai 2016.

2. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

Sens de la vie Je suis un humain

Réalisation : Carlos Chapman et Estelle Pesquier, 2011

Héros-humain-grandir Sens de la vie

Aimer, bonheur, joie

Humain et sens de la vie Bonheur, plaisir, joie Amour

Être un héros Agir et sens Être et sens

Enfant-homme-sage

https://www.youtube.com /watch?v=VMc-Giy91js 2’20’’

Que se passe-t-il ? Observations Interprétations Perceptions

Quel(s) message(s) s’en dégage (nt)? (sens)

Questions

philosophiques 1. Un héros est-il un sage ?

2. De quel courage faut-il faire preuve pour être un héros ? 3. Etre un héros de sa vie ? de la vie, ça veut dire quoi ?

4. Peut-on (doit-on) sauver le monde, sauver celui que l’on aime, soi-même ? 5. C’est quoi grandir ? Etre un homme ?

6. Comment trouver du sens dans sa vie ?

7. Le sens de la vie est-il une condition pour être heureux ? 8. Joie, plaisir, bonheur, être heureux… des synonymes ?

9. Comment être un héros de l’ordinaire ? (expression d’Annah Arendt) 10. Suis-je auteur de ma vie et/ou acteur de ma vie ?

Aphorisme et illustration

« Etre super amoureux, c’est être amoureux avec une cape »

« L’existentialisme est un humanisme et l’homme est condamné à inventer l’homme ». J-P.Sartre

« Nous sommes ce que nous faisons de nous » M.Onfray

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 5 Exercice

Cahiers d’exercices philosophiques, Isabelle Million et Oscar Brenifier.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 6 Cahiers d’exercices philosophiques, Isabelle Million et Oscar Brenifier

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 7

Texte philosophique : Texte1/ Décider, imaginer, mettre en scène sa propre vie, désenchainés les traditions et l’héritage pour creuser la distance et forger notre propre existence. Celle qui nous ressemble vraiment.

Possible ? Suis-je l’auteur de ma vie ? Face à ce défi, la philosophie propose 3 pistes : 1 s’inventer (M.Foucault), se raconter (P.Ricoeur), se laisser être (F.Julien). S’inventer : pour Foucault, l’art de l’existence c’est avoir le soin de soi et le souci de soi non pas comme un acte égocentrique ou égoïste mais une conversion à soi pour s’occuper de son âme. C’est cheminer vers l’indépendance morale, chercher sa vérité intérieure, sa sagesse et du bonheur. Il parle de la stylisation de soi : se consacrer à un art, une étude, une passion, s’adonner à un exercice physique, jêuner… bref, se discipliner comme une volonté de suivre une direction dans la durée et lutter contre les affres de la dispersion existentielle. Se raconter : Avoir une identité narrative, c’est lorsque ‘un sujet se reconnaît à l’histoire qu’il se raconte à lui-même, sur lui-même. Il est le lecteur et le scripteur de sa propre vie. Se raconter c’est se réapproprier. Nos vies sont pleines de contradictions. Il y a un écart constant entre ce que l’on vit et ce que l’on pense. Le récit sert à rendre cohérent et à se supporter. Se laisser être : la vie ? Et s’il fallait d’abord la ‘laisser venir’ pour écrire la sienne ? Suis-je l’auteur de ma vie ? C’est une question d’expérience ! Il faut avoir vécu pour vivre enfin, cela ne se conquiert pas à l’arraché mais par « décantation ». Avec le recul de l’expérience, on peut s’ouvrir une seconde vie qui réécrit (poursuit) la première avec la liberté en plus ! » Philosophie Magazine, janvier 2017.

Texte 2/

Philosophie Terminales séries technologiques, éd. Hachette, 2004.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 8

3. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

Nature-Culture Homme-Humain Vie-mort

Captain Fantastic

Réalisateur : Matt Ross, 2016

Homme-humain Nature-culture Bien-Mal (meurtre) Beauté de la nature Violence

Vie-mort

Rite de passage Tuer un animal, manger son cœur. Sens des signes et des gestes.

Début-> 4’ 59’’ Que se passe-t-il ? Observations Perceptions.

Interprétations.

Quel(s) message(s) s’en dégage (nt)? (sens) Questions

philosophiques

1. En quoi sommes-nous humains ? 2. Sommes-nous tous égaux ?

3. La nature est-elle bonne ou mauvaise, belle ou laide ? 4. Pour quelles raisons doit-on respecter la nature ?

5. La nature a-t-elle des droits ? l’homme a-t-il des droits sur la nature ? 6. Quelle distinction peut-on faire entre Nature et Culture ?

7. La nature est-elle un modèle pour l’homme (être de culture) ? 8. Qu’est-ce que devenir un adulte ?

Aphorisme et illustration

On naît homme, on devient humain et parfois inhumain.

Exercice

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 9 L’agenda de l’apprenti philosophe, Martine Laffon, éd. De La Martinière, 2010

Texte

philosophique

Texte1/ Vision d’Aristote (IV S. avant JC): L’homme se distingue de la plante parce qu’il a le logos, c’est-à-dire la faculté de parler et de raisonner. L’homme est un animal rationnel. Du même coup, c’est aussi un animal politique, puisque la finalité de la parole est politique : elle permet de débattre, de définir le juste et l’injuste. L’animal a une vie purement sensitive. Privé de parole, il n’a que la voix pour exprimer la peine ou le plaisir. Aristote reconnaît des formes variées d’intelligence animale.

Ainsi, il considère que les abeilles et les fourmis sont des animaux politiques : elles construisent une œuvre en commun ».Philosophie Magazine, janvier 2010. (

Texte2/

Ouvrage : philosophie, Terminales, éditions Hatier, 1995.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 10

4. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

Mensonge-Vérité Captain Fantastic

Réalisateur : Matt Ross, 2016

Vérité, mensonge, illusion, Sens de la mort, père Noël.

Rituel du repas de famille, codes (interdit et liberté).

42’25’’-> 44’58’’

49’ 43’’ -> 50’ 41’’ Que se passe-t-il ? Observations

Perceptions.

Interprétations.

Quel(s) message(s) s’en dégage (nt)? (sens)

Suggestion créative, se mettre dans la peau de : incarner un des personnages de la situation et réaction (opinion) personnelle.

Questions philosophiques

1. Pourquoi faudrait-il accepter une vérité qui dérange plutôt qu’une vérité qui rassure ? 2. L’illusion est-elle un mensonge ?

3. Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que l’illusion ?

4. Quelles sont les manifestations de l’illusion, d’un leurre ? 5. A quoi sert de mentir ? A quoi sert de dire la vérité ? 6. Pourquoi préférer le vrai ?

7. Dire la vérité est-ce être sincère ?

8. Pourquoi en certaines circonstances, la vérité fait-elle peur ?

9. « Si la liberté d’expression se limite aux idées qui nous conviennent, ce n’est pas la liberté d’expression. Il faudrait donner des cours d’autodéfense intellectuelle» (N.Chomsky) Qu’en penser ?

Aphorisme et illustration

Il y a une seule réalité, mais plusieurs sortes de vérités

Questions de logique, Oscar Brénifier, éd. Seuil jeunesse, 2007

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 11 Exercice

Cahiers d’exercices philosophiques, Isabelle Million et Oscar Brenifier.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 12 L’agenda de l’apprenti philosophe, Martine Laffon, éd. De La Martinière, 2010

Texte

philosophique :

Platon (IV S avant. JC). Allégorie de la caverne.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 13 SOCRATE (S) - Maintenant, représente-toi notre nature selon qu'elle a été instruite ou ne l'a pas été, sous des traits de ce genre: imagine des hommes dans une demeure souterraine, une caverne, avec une large entrée, ouverte dans toute sa longueur à la lumière: ils sont là les jambes et le cou enchaînés depuis leur enfance, de sorte qu'ils sont immobiles et ne regardent que ce qui est devant eux, leur chaîne les empêchant de tourner la tête. La lumière leur parvient d'un feu qui, loin sur une hauteur, brûle derrière eux; et entre le feu et les prisonniers s'élève un chemin en travers duquel imagine qu'un petit mur a été dressé, semblable aux cloisons que des montreurs de marionnettes placent devant le public, au-dessus desquelles ils font voir leurs marionnettes.

GLAUCON (G) - Je vois.

S. - Imagine le long du mur des hommes qui portent toutes sortes d'objets qui dépassent le mur;

des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, faits de toutes sortes de matériaux; parmi ces porteurs, naturellement il y en a qui parlent et d'autres qui se taisent.

G. - Voilà un étrange tableau et d'étranges prisonniers.

S. - Ils nous ressemblent. Penses-tu que de tels hommes aient vu d'eux-mêmes et des uns et des autres autre chose que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face?

G. - Comment cela se pourrait-il, en effet, s'ils sont forcés de tenir la tête immobile pendant toute leur vie?

S. - Et pour les objets qui sont portés le long du mur, est-ce qu'il n'en sera pas de même?

G. - Bien sûr.

S. - Mais, dans ces conditions, s'ils pouvaient se parler les uns aux autres, ne penses-tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes en nommant ce qu'ils voient?

G. - Nécessairement.

S. - Et s'il y avait aussi dans la prison un écho que leur renverrait la paroi qui leur fait face? Chaque fois que l'un de ceux qui se trouvent derrière le mur parlerait, croiraient-ils entendre une autre voix, à ton avis, que celle de l'ombre qui passe devant eux?

G. - Ma foi non.

S. - Non, de tels hommes ne penseraient absolument pas que la véritable réalité puisse être autre chose que les ombres des objets fabriqués.

G. - De toute nécessité.

S. - Envisage maintenant ce qu'ils ressentiraient à être délivrés de leurs chaînes et à être guéris de leur ignorance, si cela leur arrivait, tout naturellement, comme suit: si l'un d'eux était délivré et forcé soudain de se lever, de tourner le cou, de marcher et de regarder la lumière; s'il souffrait de faire tous ces mouvements et que, tout ébloui, il fût incapable de regarder les objets dont il voyait auparavant les ombres, que penses-tu qu'il répondrait si on lui disait que jusqu'alors il n'a vu que des futilités mais que, maintenant, plus près de la réalité et tourné vers des êtres plus réels, il voit plus juste; lorsque, enfin, en lui montrant chacun des objets qui passent, on l'obligerait à force de questions à dire ce que c'est, ne penses-tu pas qu'il serait embarrassé et trouverait que ce qu'il voyait auparavant était plus véritable que ce qu'on lui montre maintenant?

G. - Beaucoup plus véritable.

S. - Si on le forçait à regarder la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu'il aurait mal aux yeux, qu'il la fuirait pour se retourner vers les choses qu'il peut voir et les trouverait vraiment plus distinctes que celles qu'on lui montre?

G. - Si.

S. - Mais si on le traînait de force tout au long de la montée rude, escarpée, et qu'on ne le lâchât pas avant de l'avoir tiré dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu'il souffrirait et s'indignerait d'être ainsi traîné; et que, une fois parvenu à la lumière du jour, les yeux pleins de son éclat, il ne pourrait pas discerner un seul des êtres appelés maintenant véritables?

G. - Non, du moins pas sur le champ.

S. - Il aurait, je pense, besoin de s'habituer pour être en mesure de voir le monde d'en haut. Ce qu'il regarderait le plus facilement d'abord, ce sont les ombres, puis les reflets des hommes et des autres êtres sur l'eau, et enfin les êtres eux-mêmes. Ensuite il contemplerait plus facilement pendant la nuit les objets célestes et le ciel lui-même - en levant les yeux vers la lumière des étoiles et de la lune - qu'il ne contemplerait, de jour, le soleil et la lumière du soleil.

G. - Certainement.

S. - Finalement, je pense, c'est le soleil, et non pas son image dans les eaux ou ailleurs, mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourrait voir et contempler tel qu'il est.

G. - Nécessairement.

S. - Après cela il en arriverait à cette réflexion, au sujet du soleil, que c'est lui qui produit les saisons et les années, qu'il gouverne tout dans le monde visible, et qu'il est la cause, d'une certaine

(14)

INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 14 manière, de tout ce que lui-même et les autres voyaient dans la caverne.

G. - Après cela, il est évident que c'est à cette conclusion qu'il en viendrait.

S. - Mais quoi, se souvenant de son ancienne demeure, de la science qui y est en honneur, de ses compagnons de captivité, ne penses-tu pas qu'il serait heureux de son changement et qu'il

plaindrait les autres?

G. - Certainement.

S. - Et les honneurs et les louanges qu'on pouvait s'y décerner mutuellement, et les récompenses qu'on accordait à qui distinguait avec le plus de précision les ombres qui se présentaient, à qui se rappelait le mieux celles qui avaient l'habitude de passer les premières, les dernières, ou ensemble, et à qui était le plus capable, à partir de ces observations, de présager ce qui devait arriver: crois-tu qu'il les envierait? Crois-tu qu'il serait jaloux de ceux qui ont acquis honneur et puissance auprès des autres, et ne préférerait-il pas de loin endurer ce que dit Homère: "être un valet de ferme au service d'un paysan pauvre", plutôt que de partager les opinions de là-bas et de vivre comme on y vivait.

G. - Oui, je pense qu'il accepterait de tout endurer plutôt que de vivre comme il vivait.

S. - Et réfléchis à ceci: si un tel homme redescend et se rassied à la même place, est-ce qu'il n'aurait pas les yeux offusqués par l'obscurité en venant brusquement du soleil?

G. - Si, tout à fait.

S. - Et s'il lui fallait à nouveau donner son jugement sur les ombres et rivaliser avec ces hommes qui ont toujours été enchaînés, au moment où sa vue est trouble avant que ses yeux soient remis - cette réaccoutumance exigeant un certain délai - ne prêterait-il pas à rire, ne dirait-on pas à son propos que pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés et qu'il ne vaut même pas la peine d'essayer d'y monter; et celui qui s'aviserait de les délier et de les emmener là-haut, celui-là s'ils pouvaient s'en emparer et le tuer, ne le tueraient-ils pas?

G. – Certainement.

5. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

Visage Ballet Pina Bausch, 2012 Art

Visage Vieillesse Respect- identité Egocentrisme Illusion Masque

Visage : outil de communication Vieillesse Identité et vieillir

https://www.youtube.co m

/watch?v=L1rNuzYsWlc 1’37’’

Que se passe-t-il ? Observations Perception.

Interprétation.

Quel(s) message(s) s’en dégage (nt)? (sens)

Questions

philosophiques 1. Vivre avec ou sans masque ? 2. A quoi sert le masque ?

3. Qu’est-ce que je donne à voir de moi ? Est-ce moi ? 4. Suis-je responsable de ce que je suis ?

5. C’est quoi vieillir ?

6. A quel âge devient-on vieux ? 7. Qu’est-ce qu’un beau visage ? 8. Le visage est-il éthique ?

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 15 Aphorisme et illustration

« La peau du visage est celle qui reste la plus nue. Il y a dans le visage, une pauvreté essentielle ; être en relation avec autrui face à face, c’est ne pas pouvoir tuer le visage de l’autre » E.Levinas

Exercice

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 16 L’agenda de l’apprenti philosophe, Martine Laffon, éd. De La Martinière, 2010

Texte philosophique : Texte 1/Mythe de Narcisse / connaissance de soi, la solitude tue, s’aimer soi-même est mortifère.

Texte 2/

Texte3/ L’esprit de solitude, Jacqueline Kelen, éd. Renaissance du livre, 2001.

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 17

(18)

INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 18

6. Thème Film Mots-clés/concepts Point d’accroche

Le moine ma avisé

Réalisateur : Tom Long https://www.youtube.com/

watch?v=eZvL4NiTBlI

Que se passe-t-il ? Observation Quel est le message?

(interprétation)

Suggestion créative, se mettre dans la peau de : incarner un des personnages de la situation et réaction (opinion) personnelle.

Questions philosophiques

1.

2.

3.

4.

5.

6.

7.

Aphorisme Illustration

Exercice

Texte philosophique :

Lien avec une thématique du

programme et lien avec EPC

Lien avec une ressource de la foi chrétienne

La discussion à visée philosophique

On trouve dans la « critique de la faculté de juger » (E.Kant), une distinction entre « discuter » et « disputer ». Kant écrit : « il se peut que le fondement d’un jugement de goût soit objectif, mais on ne peut pas le ramener à des concepts déterminés, on ne peut rien décider au sujet de ce jugement avec des preuves mêmes, bien qu’on puisse en discuter à bon droit. Car entre discuter et disputer il y a ceci de commun que, dans les deux cas, on résiste réciproquement aux jugements respectifs pour amener leur accord ; mais la différence consiste en ceci que dans le second cas on espère établir cet accord en vertu de concepts déterminés. »

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 19

La discussion philosophique et son questionnement aborde parfois des jugements déterminants (concepts, démonstrations) et parfois des jugements réfléchissants (valeur, esthétique, éthique, questions métaphysiques). Il s’agit davantage de jugement de goût (croyances, convictions) que de démonstration de droit (raison). La discussion n’est plus finalisée vers un dénouement logique ou consensuel qui rétablit un accord, un vote, une adhésion,… elle tient plus d’une raison communicationnelle intersubjective, co-existente.

A quoi sert la discussion philosophique ?

Elle permet de produire des frottements et des effets imprévisibles sur notre propre jugement aux contacts des autres jugements (raisonnements, opinion, convictions, témoignage, exemples, …).Ce concept d’intersubjectivité est loin du concept scientifique lié à la notion de causalité, comme production déterminée et prévisible. Pratiquer de la philosophie c’est comme prendre son vélo pour voyager sans savoir où cela va nous emporter. C’est une aventure intellectuelle, relationnelle, émotionnelle, personnelle qui nous engage nécessairement dans le monde et dans l’autre.

La croyance comme besoin de la raison

Dans la ‘critique de la raison pratique’, Kant reprend le thème de la croyance et en précise le statut. Selon lui, la croyance ne fournit pas de connaissance véritable des objets qu’elle affirme (contrairement à la vérité scientifique) et cette affirmation même n’est pas une position d’existence mais ‘l’effet subjectif’ de la loi morale.

Ainsi,

L’opinion (versatile et peu fiable) est une proposition objectivement insuffisante et subjectivement insuffisante.

La conviction (croyance) est une proposition objectivement insuffisante et subjectivement suffisante La raison (universalité) est une proposition objectivement suffisante et subjectivement suffisante.

Cependant,

la conviction et la croyance ne valent pas pour elle-même. Une croyance n’a de sens que dans son désir d’universalité, comme sens et valeur à proposer selon une invitation d’adhésion d’un devoir moral et qui repose sur le principe d’universalisation.

Une croyance privée n’a pas de sens. Toute croyance ne peut que viser l’assentiment de tous.

Discussion et altérité : la croyance fonde l’espace public.

En ce sens, la croyance ouvre en elle-même et par elle-même un espace public de discussion. Il faut distinguer ici sur le fait que communiquer ne signifie pas partager. Penser en communauté, ne signifie pas penser les mêmes choses, mais se sentir engagé par notre raison, de s’exposer et d’explorer les tentatives de l’autre, d’y consentir ou non ; bref, d’entrer en relation pédagogique avec autrui.

La philosophie : essai de définition

La philosophie ? Au premier abord, une discipline rébarbative qui a mauvaise réputation. Parce qu’on la croit réservée à des personnages qu’on imagine généralement vieux, triste, tracassés et compliqués : bref, des barbons barbants qui auraient mieux fait de couper un peu moins les cheveux en huit et de vivre un peu plus !

Et pourtant, c’est la seule activité intellectuelle qui soit accessible à tous. Tout le monde peut philosopher, tout le monde en est capable et tout le monde devrait s’y adonner.

« C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; (…) cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que ne l’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. (…) et les hommes, dont la partie principale est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture : et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient l’espérance de réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables ». (Descartes, Principes de la Philosophie)

Mais qu’est-ce que la philosophie ? Comme son étymologie l’indique, un philosophe est un homme qui aime la sagesse. Or, qu’est-ce que la sagesse ? Un savoir ? Un savoir-être ? Un savoir-faire ? Une discipline pratique ? Un idéal théorique ? Une morale ? Une recherche ? Une aptitude au détachement ? L’acceptation de nos limites ? La conscience de notre ignorance ? Y a-t-il une bonne réponse ? Non. La philosophie c’est l’absence de certitude, la pluralité des réponses et des points de vue, une démarche essentiellement hypothétique où les questions sont plus importantes que les réponses.

Se tromper joyeusement !

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INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 20

Une crainte mérite d’être abordée. Celle de l’enseignant qui lorsqu’il se lance dans la discussion philosophique se voit confronté à une classe où règne le dérèglement du chacun pour soi, où fusent les opinions, sans retenue ni réflexion, situation d’ébullition aboutissant très souvent au recours ultime de l’autorité. Repli stratégique qui rend absurde le dispositif engagé initialement. De cette expérience, il en reste amertume, rage, et la conviction que l’atelier philosophique ça ne marche pas ! Cet exercice interroge la posture de l’enseignant au sein de l’activité.

Dans ce ‘jeu’, il n’est plus celui qui sait mais celui qui anime, qui observe,… Ce n’est plus lui qui doit se confronter aux élèves, mais les élèves entre eux. Apprendre aux élèves à discuter entre eux, à s’écouter, à reformuler leurs perspectives mutuelles, à analyser et à critiquer leurs idées et celles du voisin. En cet apprentissage se met en œuvre la citoyenneté comme pratique.

La parole est alors plus que des mots : elle fait être. L’esprit critique n’est plus une menace pour l’apprentissage : il fait naître le citoyen, ou le fait grandir.

La discussion philosophique comme un voyage en vélo. Certes, nous y allons dans le but d’arriver à destination. Nous commençons par préparer le vélo, les bagages, le GPS, etc. Il faut savoir attendre, faire des demi-tours, se perdre et savoir apprécier la météo, le vide et le silence… ne pas se formaliser sur le temps perdu à réparer la roue, à s’être égaré, à des endroits décevants… Le voyage se doit être un plaisir en soi : si la frustration s’installe, mieux vaut partir en train.

Allons au cours comme au va au champ : ce n’est pas en tirant sur les fleurs qu’on les fera pousser. Il s’agit de nourrir les jeunes pousses, de les choyer, il y a toujours des surprises. Ne craignons pas l’erreur, ni la perte de temps. Expérimentons.

A nous de faire parler, de faire écouter en dépassant notre souci (défaut) constant d’évaluer. Philosopher est un acte de liberté et de responsabilité.

Rôle de l’enseignant 1. Rituel d’inclusion

2. Garantir la forme : respect des règles de savoir-être et règles-cadre pratique de l’activité ;

3. Souligner les enjeux : explicitation, reformulation, question rebond, argumentation et raisonnement. Tentative de définition. Avoir sous le bras quelques citations, un extrait de texte, une photo… dans le cas où il faudrait faire rebondir ou orienter la discussion

4. Déléguer : rôles de quelques élèves

5. Evaluer : l’évaluation peut faire partie de l’exercice. Evaluation commune métacognition de ce qui s’est passé.

6. Rituel de fin

Illustration du processus développemental de l’élève au sein des discussions philosophiques.

Processus développemental

Pensée logique Pensée créative Pensée

responsable

Pensée métacognitive Egocentrisme Enoncé basé sur

l’expérience personnelle (perception, émotion)

Enoncé basé sur l’expérience personnelle (perception, émotion)

Réponse reliée à un comportement personnel

Enoncé relié à une tâche ou un point de

vue personnel

Relativisme Enoncé basé sur la généralisation (induit

pas l’adulte, incomplet, sens édulcoré et peu

précis)

Enoncé qui donne sens d’un point de

vue d’un pair (contexte, influence)

Réponse reliée au comportement d’un pair

(contexte et influence)

Enoncé relié au point de vue où la tâche d’un pair (influence, contexte, description.)

Intersubjectivité (sens et nuance)

Enoncé basé sur son propre raisonnement

(justification, intériorisation et conceptualisation)

Enoncé qui apporte un sens

divergent au groupe (évaluation

critique transformation)

Réponse reliée à des valeurs et des règles morales intériorisées (conviction) / remise en question de norme et de

valeurs

Enoncé exprimant un changement de perspective et de point de vue envers le

groupe (explication) Extrait de « apprendre à philosopher par la discussion » Michel Tozzi, éd. De boeck, 2007.

Philosophie et cinéma.

La philosophie et le cinéma sont-ils faits pour s’entendre ?

(21)

INGRID BUSA-CP RELIGION-FORMATION MARS 2017 21

Le cinéma c’est le théâtre des illusions, le lieu d’expression de la fiction. La philosophie au contraire se méfie des apparences et cherche, derrière le miroir des illusions, des vérités, stables et universelles.

Platon (philosophe grec, 4ème S. avt JC) : Allégorie de la caverne qui symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à la vérité par leurs sens. Mais cette vie ne serait qu'illusion. Le philosophe vient en témoigner par une interrogation permanente, à laquelle Platon se livre tout au long de l'œuvre, ce qui lui permet d'accéder à l'acquisition des connaissances associées au monde des idées comme le prisonnier de la caverne accède à la réalité qui nous est inhabituelle. Mais lorsqu'il s'évertue à partager son expérience avec ses contemporains, il se heurte à leur incompréhension conjuguée à l'hostilité des personnes bousculées dans le confort (illusoire) de leurs habitudes.

Nietzche (philosophe allemand, 19ème S.) : En effet, l’œuvre d’art est pour Nietzsche le résultat d’une énergie créatrice libre, d’un élan vital. L’art est modalité d’accès au réel, expression d’une vigueur originelle. Le surhomme est l’artiste accompli, incarnation de la volonté de puissance. L’art est comme « cet instinct de liberté rendu latent par la force, resserré, refoulé, rentré à l’intérieur, ne trouvant plus dès lors qu’à s’exercer et à s’épancher en lui-même ».

Schopenhauer (philosophe allemand, 19èmeS.) : La pensée esthétique de Schopenhauer trouve sa vérité dans la confrontation à l’éthique. L’art est selon lui le moyen que trouve le sujet pour s’extraire du monde.

Bergson (philosophe français, 19ème S.) : « Qu’est-ce que l’artiste ? C’est un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sas voiles. Voir avec des yeux de peintre, c’est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l’objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. »

Gaston Bachelard (philosophe 20ème S.) plus récemment parlait de la fonction de l’irréel, du rôle de la rêverie dans la constitution de la psyché humaine. Sans le rêve, sans le fantasme, l’homme serait comme une pierre, ou une machine à calculer, inerte.

Dès lors, un dialogue entre fiction cinématographique et questionnement, raisonnement philosophique est possible. Plutôt que de s’introduire et se fonder dans la narrativité de l’histoire, tentons de porter de temps en temps d’autres lunettes ; celle de la prise de conscience du thème, de l’enjeu qui se met en scène, des perceptions, des émotions, des idées que cela suscite. Mettons-nous en tension entre fiction et réel.

Un film véhicule plus de valeurs qu’il ne prétend. Chaque épisode est une occasion de questionner le monde et l’Homme et soi-même d’une manière nouvelle et originale. Une discussion philosophique autour d’extraits de films permet de traverser l’émotionnel que provoque l’immédiateté de l’image et des apparences pour apprécier l’essence d’une œuvre, métaphore de la société.

La philosophie peut s’inviter au cinéma. A nous de jouer !

Ingrid Busa

CP religion,

Inspectrice diocésaine

religion catholique enseignement libre

secondaire liégeois

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