INFLUENCE DE L’UTILISATION DU PIÈGE A POLLEN SUR LE RENDEMENT EN MIEL DES COLONIES D’ABEILLES
P. LAVIE
Station
expérimentale d’Apiculture,
Centre de Recherches
agronomiques
du Sud-Est, 84 -Montfavet
Institut national de la Recherche
agronornique
SOMMAIRE
La
présente publication
concerne la récolte dupollen
au moyen des trappesplacées
sur lesruches. Elle
complète
un mémoirepublié
en 1963(L AVI F-
et FxESNnYF). L’auteur a étudiéprincipa-
lement l’influence de l’utilisation du
piège
àpollen
enapiculture pratique
sur le rendement en miel.Les
expériences
ont été réalisées dans le sud-est de la France au cours de trois années : 1962, 1964, 1966. Une centaine de colonies d’abeilles ont servi à réaliser l’ensemble des essais. Les
principaux
résultats obtenus vont
toujours
dans le même sens, à savoir : io la pose des trappes à
pollen
sur les ruchespendant
40jours
diminue la récolte et le rendementen miel (z4,r p. ioo en
moyenne).
2
° Le rendement total en miel est moins affecté par la pose des trappes que la récolte elle-même.
3
° En année favorable le
poids
depollen
récolté compenselargement
la perte subie sur le rende-ment en miel. En mauvaise année le
pollen
est récolté en faiblequantité
et le rendement en miel estplus
bas que celui des témoins.4
° La pose des trappes à
pollen
n’occasionne pas derégression
très sensible des surfaces de couvain (4,4p. 100par rapport auxtémoins).
5
0 Si l’on pose des trappes à
pollen
de mars à octobre sur des ruches, la récolte depollen
com-pense
largement
l’absence presque totale de récolte de miel.En conclusion
quelques
conseils sont donnés auxapiculteurs qui
désirent orienter leurexploi-
tation vers la
production
dupollen.
. INTRODUCTION
Les
apiculteurs
s’intéressent dans un but lucratif à la récolte dupollen
butinépar l’abeille
depuis
environ unequinzaine
d’années. Dès le début lesapiculteurs
sesont demandés à
juste
titre si la pose despièges
àpollen
ne causait pas depréjudice
à la colonie d’abeilles. Des
objections
à l’utilisation destrappes
furentprésentées
mais peu d’essais
complets
furent effectués. De nombreux observateurs ont constaté que les abeilles étaientplus
ou moinsgênées
par laprésence
destrappes
mais ils sesont
principalement
attachés à étudier l’influence de celles-ci sur ledéveloppement
de la colonie et du
couvain,
sur la réclusion des mâles et desreines,
sur l’évacuation des déchets et sur la difficulté pour l’abeille à traverser ledispositif.
En ce
qui
concerne l’influence sur la récolte du miel lesrenseignements précis
sont rares. Les modèles de
pièges
àpollen
et degrilles
sont nombreux et la manièrede les
employer
varieégalement
selon les utilisateurs.Depuis
la création de la Stationexpérimentale d’Apiculture
nous nous sommesintéressés à la récolte du
pollen
par l’abeille sous diversaspects.
Des études concernantl’optimum
de récolte dupollen
au moyen destrappes supérieures
ont été réaliséesdepuis 19 6 0
et nosprincipaux
résultats ont faitl’objet
d’un mémoire(L AVIE
et FRES-NAYE
,
rg6 3 ). L’importance quantitative
de la récolte dupollen
dans le Sud-est n’estsans doute pas
étrangère
audéveloppement
de nos recherches dans ce sens. La récoltemoyenne par ruche est en effet
beaucoup plus
élevée que cellesqui
furentsignalées
par d’autres auteurs en France ou à
l’étranger.
CHAUVIN,
dès ig55,préconise
la tôleperforée
à trous ronds pour le passage des butineuses dans lepiège
et un passagesupplémentaire
entièrement libre à l’arrière de la ruche pour la sortie des mâles et l’évacuation des déchets. Il mentionne d’autrepart
que, dans la ruche avectrappe, l’élevage
du couvain se trouveréduit, principa-
lement si l’on
emploie
desgrilles
à haut rendement dutype
Bôttcher( 1941 ).
Letemps pendant lequel
estposée
latrappe
sur la ruche est un facteur trèsimportant
à consi-dérer et il influe sur le
comportement
de la colonie d’abeilles bien que la pose d’unetrappe
en continu soitpossible
dans certaines conditionsexpérimentales
bien définiessans nuire à son
développement.
En cequi
concerne lagêne
causée aux abeilles par ledispositif,
ToDV et BrsHOr( 1940 )
et HIRSCI-IFELDER( 1951 ) pensent
que les ruchesne doivent pas conserver les
trappes
en service d’un bout à l’autre de la saison.CHAUVIN et certains observateurs
français
ayant récolté dupollen
enquatité appré-
ciable sont d’un avis
plus
nuancé. Nousmêmes,
au coursd’expériences
àMontfavet,
avons
placé
àplusieurs reprises
despièges
àpollen (avec
ouverture à l’arrière pour lesmâles) pendant
un an ou deux sansinterruption,
oupendant
une trèslongue période
allant du début de mars à la fin octobre. Nous n’avons pas
enregistré
de mortalité dans lescolonies,
soumisescependant
à des conditions extrêmes. Dans de nombreux cas, les ruches se sontdéveloppées
normalement et ontparfois
récolté unsurplus
de miel.Il nous semble que ces différences
d’opinions s’expliquent
facilement. Les colonies américaines sont souvent trèsdéveloppées
et les miellées ont uneimportance
et unecontinuité souvent inconnues en
Europe.
Il est doncprobable qu’une trappe gêne beaucoup plus
les colonies d’abeilles auxÉtats-Unis qu’en
France. Nous avons d’ail-leurs contrôlé indirectement ce
point
de vue(L AVI E
etF R E SNAY E, 19 6 3 ) :
les ruchesanormalement
développées
sontgênées
par lespièges :
ellespériclitent,
leur couvainrégresse
et elles récoltent moins depollen
et de miel que les ruches normalement fortes.Quant
aux réserves de HrxscH!Et,D!x, elles sontjustifiées
du fait del’emploi
de
plaques perforées spéciales qui imposent
des conditions deprélèvement trop
sévères aux abeilles.L OUV E
AUX dès 1954 a montré que les récoltes de
pollen pouvaient
être abon-dantes,
même en dehors de toute miellée etqu’il n’y
a aucunrapport
entre les deux activités de récolte à un moment donné. Mais si l’on considère une saison touteentière,
il est intéressant de savoir
si,
dans unerégion donnée,
le rendement en miel est affectéou non par la pose des
trappes
au cours de l’année. Les essais divers concernant la récolte dupollen
que nous avons conduitspendant
de nombreuses années nous ont amené à étudier deplus près
l’influence de l’utilisation dupiège
àpollen
sur la récolteet le rendement en miel de la ruche. Cette étude a été suivie sur trois années diffé-
rentes :
19 6 2 , 19 6 4
et19 66.
Nous avonsessayé
derépondre
enpartie
à laquestion
suivante : la récolte du
pollen
est-elle rentablecompte
tenu notamment de la baisse de rendement en mielqui peut
en résultel ?MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les
expériences
ci-dessous décrites font suite à nos essais sur la récolte dupollen
au moyen de la trappesupérieure (L AVIE
et FRESNAYE 1963) ; le matériel et les méthodesemployés
furent lesmêmes. A part
quelques particularités
il est donc inutiled’y
revenir ici en détail.Rappelons cependant
lespoints importants
concernant la récolte dupollen.
Lepiège
comporteune tôle
perforée
ayant troisrangées
de trous de 0,5cm de diamètre pour le passage des abeilles. I,a ruche Dadant Blattpossède
une sortie arrière rendue librequelques jours après
la pose des trappes àpollen.
Celles-ci sontnettoyées régulièrement
àchaque
visitependant
leur utilisation. Lepollen
est récolté tous les 5
jours,
ruche par ruche,pesé
et séché à l’étuvependant
z4heures. Toutes ces dis-positions
ont étéadoptées
à la suite des résultatsexpérimentaux précédents. L’emplacement expéri-
mental dans le Gard est
toujours le
même, sauf en 1966 où il se trouvait à 1,5oo km environ de l’ancienrucher, devenu inaccessible. 92 colonies furent utilisées au cours des essais : 32 en 1962, 30
en 1964et 30en 1966 suivant le calendrier du tableau i. Les ruches furent d’abord installées dans les
garrigues
à Cistes au moment de la pose des trappes et lepollen
fut récoltépendant
40jours
environsur la moitié des colonies, les autres servant de témoins. A cette
époque
les ruches étaient situées dans une zone offrant peu de cultures mellifères. En19 66,
parexemple, l’augmentation
moyenne dupoids
des ruches témoins entre le 21/4et le 7/6 a été de 5,200kg
cequi
est faible pour cettepériode.
Par contre,
l’emplacement
est hautementpollinifère :
les Cistes sont très abondants et l’abeille sepolarise préférentiellement
sur Cistus albidus dont lepollen représente
60 p. 100du total recueilli dans lespièges.
Précisons que la récolte depollen
de Cistes fut faible en19 6 4
à cause desgelées
ayant détruit cesplantes
au cours de l’hiver19 6 2 - 19 6 3 .
C’est d’ailleurs pour cette raison que les essais n’ont pas étépoursuivis
en r963 ; leurreprise
en 1964correspond
à undépart
devégétation
de nouvellesplantes.
Il est donc normal que la récolte moyenne par ruche soit la moitié de celle que nous avions l’habitude d’obtenir les annéesprécédentes
dans le mêmebiotope.
Étant donné les résultats de19 6 4
, nous avons
supprimé
les essais en 1965, lareprise
de lavégétation
étant encore peu satisfai- sante. En 1966, la floraison et la récolte dupollen
étaient redevenues normales, les Cistes étant ànouveau bien
développés.
Chaque
année,après
cettepremière partie
del’expérience
la trentaine de ruches était trans-portée
en altitude(9° 0 m)
dans le Vaucluse sur des cultures de lavandes et de lavandins afind’y
récolter du miel. Nous avons
complété
la notion de récolte de mielemployée généralement
par de nombreux auteurs par celle de rendement en mielqui
est à notre sensplus précise.
L’évaluation de la récolte de miel est en effet insuffisante comme nous le verronsplus
loin à la lecture des tableaux de résultats. Le rendement moyen(en kg)
d’une ruche(R)
est obtenu au moyen de la formule sui- vante :MH étant le
poids
du miel extrait de la(des)
hausse(s),
MC le
poids
du miel extrait des cadres de corps de ruche(s’il
y alieu)
Pi r, le
poids
de la ruche àl’hivernage précédent l’expérience,
P
2 le
poids
de la ruche àl’hivernage
suivantl’expérience,
N le
poids
du sucre ou du miel donné en nourrissement(s’il
y alieu).
Des pesées hebdomadaires
pendant
toutel’expérience
ontpermis
de recueillir desrenseigne-
ments
complémentaires.
La surface du couvain dechaque
ruche a été évaluée enpoints,
avant etaprès
la pose des trappes,d’après
la méthode que nousemployons
habituellement(F RE SNA Y E 19 6 2 ).
Chaque point correspond
à 40 cm2de couvain.Parmi les facteurs
météorologiques
c’est le vent violent(mistral), qui
influe leplus
directementsur les récoltes de
pollen.
Nous avionsdéjà
remarqué en 1060et 1061 cette action directe du vent dans nos essais. Le tableau 2 résume sommairementquelques
facteursmétéorologiques
des troisannées d’essais et ceux de l’année 1961. Si le vent a une action le
jour
même où il souffle, il n’influence pas la récolte moyenne depollen pendant
toute lapériode
des essais. Le vent s’est manifesté norma-lement au cours des différents essais notamment au cours des années r96z et
19 66.
D’ailleurs le mistral souffle assez violemmentchaque
année à cetteépoque
dans le sud-est. Le vent peutégalement
être un facteur limitant
pour le butinage
lors de la miellée des lavandes et des lavandins. Le tableau 2 nousindique
encore que lespériodes
trèspluvieuses
ou très sèchespendant
les essais n’influentguère
sur la récolte du
pollen :
parexemple 19 6 1
et 1966. La durée despériodes
de beau temps ensoleillé n’aégalement
aucune influence sur la récolte moyenne dechaque
ruche. Le facteur leplus important qui limite
la récolte depollen
n’est donc pas un facteurmétéorologique agissant
directementpendant
la floraison ; c’est
plutôt
un facteur déterminant l’absence des fleurs oul’épanouissement
défectueuxde celles-ci. Par
exemple, les
Cistes ayant étégelés
auparavant, en ig6q. la récolte depollen
fut faibleet cela
malgré
20jours
de beautemps, très
peu depluie
diurne et seulement 5jours
de mistral violent.De toute manière
chaque
année les conditions sontidentiques
pour les ruches munies de trappes et pour les témoins et il n’estguère
utiled’analyser
les facteursmétéorologiques plus
à fond dans cetype
d’expérience.
Précisons encore que toutes les ruches sont
disposées
au hasard dans le rucher afin d’éviter lesphénomènes
de dérive.RÉSULTATS
Les résultats
portent
sur trois essais que nousanalyserons successivement,
maispour la clarté du texte nous examinerons
plus
en détail l’année19 66
seule. Eneffet,
il n’existe pas de différence fondamentale entre les résultats obtenus au cours des trois saisons considérées. En
19 66
d’autrepart
lesprécisions
sontplus
nombreusesdans les relevés ce
qui
est dû auperfectionnement
constant desprotocoles d’expé-
riences d’année en année. Enfin
19 66,
de même que19 6 2 ,
offre une situationplus
normale que
19 6 4
en cequi
concerne la floraison des Cistes et la récolte dupollen.
L’année
19 6 4
dont les chiffres vont dans le même sens, maisqui présente
desanomalies,
sera
prise
en considération avecprudence
et seulement dans les résultatsglobaux.
Les tableaux 3, 4et 5
exposent
les résultats détaillés obtenus au cours des trois années intéressées et le tableau 6 établit lacomparaison
entre les trois essais et les moyennesgénérales
obtenues. Leur lecturedispense d’explications complémentaires
et l’on
s’aperçoit
trèsrapidement
que lefait
deplacer
despièges à!ollen
sur les ruchesgêne
la récolteet,fait
baisser le rendement en. miel au cours de la saison incriminée. On constate d’autrepart qu’une grande
différence existe entre la récolte et le rendementen miel et que la
pose
destrappes affecte plus
la récolte du miel que le rendenzentfi 7 zal
de la colonie d’abeilles. Par contre, il n’existe
pas
de relation entre le rendement enpollen
et la baisse de rendement en miel ; par
exemple
si l’on compare19 6 2
et19 6 4
onpeut
voirqu’une
récolteimportante
depollen
n’entraîne pasobligatoirement
uneperte
de rendement en miel accrue. La valeur mellifère de l’annéepeut
modifier les résultats dans une certaine mesure : il semble que les récoltes de miel soient niveléespour
lesdeux lots de ruches
lorsqu’il
y a abondance de nectar tandisqu’en
année peu mellifèreles ruches témoins sont favorisées par
rapport
aux récolteuses depollen.
Parexemple
en
19 6 2 ,
année trèsmellifère,
le rendement en miel diminue de12 ,8
p. 100 dans les ruches avectrappes
tandisqu’en 19 66,
où la récolte estplus faible,
ce chiffre atteint 42,5 p. 100. Nous pouvons constater encore pour les ruches avec
pièges qu’en
mau-vaise année mellifère la
perte
de récolte est voisine de laperte
de rendement. Le ta- bleau 6 nousindique également qu’il n’y
a!as
derapport
direct entre la réduction dessurfaces de
coacvain et laperte de
rendement en m.iel. Eneffet,
en19 6 2 ,
où les ruches avectrappes
ontperdu i2,8
p. 100de leur rendement enmiel,
elles ontperdu
le maximumde
points
de couvain parrapport
aux témoins(r6,6).
En19 66,
avec uneperte
de ren- dement en miel de !2,5 p. 100, elles voient leur couvainrégresser
seulement de 5,2points
parrapport
aux témoins.On trouve en définitive que la
perte
de rendement en miel sur l’ensemble de trois années est de24,1 fi.
100pour
une récolte moyenne de4,422 kg
depollen par
ruche. Si l’on considère seuleanent les deux annéesnormales, 19 6 2
et19 66, (celles
où unapiculteur
aurait
posé
sestrappes) la perte
de rendement en miel est de27,65 fi,
100Pour
unerécolte moyenne de
5,284 kg
dePollen, par
ruche.Nous avons
remarqué
encore que les ruchesayant
servi à la récolte dupollen
sont
légèrement plus
lourdes que les témoins au moment del’hivernage
suivant :0,290
kg
en1962
et 0,357kg
en19 6 4 . Cependant,
en19 66
ce sont les ruches témoinsqui
ont le mieuxpréparé l’hivernage puisque
les ruches avectrappes
accusent5 , 2 66 kg
de moins. Nous n’avons actuellement aucune
explication
à donner en cequi
concerneces résultats diamétralement
opposés.
A d’autres
points
de vue nous n’avonsguère
trouvé de différences entre témoins et colonies récolteuses depollen.
Certaines ruches ontchangé
leurreine,
d’autres sontdevenues
orphelines
et d’autres ont été atteintes de maladies du couvain sansqu’il
soit
possible
d’incriminer lestrappes. Toutefois, l’apparition
de trois cas de mycosesa eu lieu dans des ruches munies de
trappes.
Le tableau 7
indique
l’évolution des surfaces de couvain dans les ruches. Lesmesures effectuées avant la pose et
après
l’enlèvement despièges permettent
de connaître larégression
oul’augmentation
des surfaces de couvainpendant
les essais.A cette
période
de l’année et à cetemplacement
lessurfaces
de couvainrégressent de 23,5 p.
100 en moyennequ’il s’agisse
des témoins ou des autres ruches. Cette diminution de la surface de couvain n’est d’ailleurs pas la même tous les ans ; parexemple,
en19
66,
elle a étéplus
faible( 1 6, 9
p.100 ).
On remarquera sur le tableau que les coloniesq2ti Possédaient le plus de
couvain avant les essais sonttoujours
celles où le couvain aregressé
leplus, qu’il s’agisse
des ruches témoins ou des autres. Lacomparaison
entrela réduction de la surface de couvain chez les ruches témoins et celles
qui
ont eu destrappes
àpollen
est de loin laplus
intéressante. Le couvainrégresse toujours
un peu moins dans les colonies témoins mais la différence estfaible ; 6,6
p. 100 en19 6 2 , 3,8
p. 100enr96,!
et2,6
p. 100en19 66.
Si l’on considère l’ensemble del’expérience
les ruches
qui
récoltent lepollen pe y dertt
en moyenne4,4 fi.
100 de couvain deplits
queles témoins.
Cependant,
ce chiffre n’est pas suffisant pourexpliquer
la chute du rende-ment en miel
qui
est nettementplus
élevée.Signalons
encore que les groupes de colo- niesqui
récoltent leplus
depollen
ne sont pasobligatoirement
ceuxqui
ont vu leurcouvain diminuer le
plus.
Si nous examinons les résultats de
19 66
deplus près,
nous remarquons que les surfaces de couvain avant la pose destrappes
sont inférieures à celles de19 6 2
et de1
9 6
4
et que d’autrepart
larégression
de la surface de ce couvain estplus
faible aucours de l’essai. En
19 66,
les ruches étaientmoyennement
fortes cequi
estplus
favo-rable pour récolter le
pollen
quelorsque
les ruches sonttrop populeuses.
Les abeilles cette annéelà,
se sontpolarisées
presqueuniquement
sur les Cistes et leurpollen
areprésenté
au moment de lapleine
floraison environ go p. 100du contenu des tiroirs dans laplupart
despièges.
Engénéral,
les coloniesqui
récoltaient leplus
depollen
étaient celles
qui
visitaient les Cistes. Al’inverse, cependant,
une ruche a sans raisonapparente
recueilli très peu depollen
etjamais
depollen
de Ciste. Le cas moyen estreprésenté
par deux ruches dont la récolte est faible( 3 , 245 kg
et3 , 5 68 kg)
et dont lepourcentage
de Ciste atteint seulement 60 p. 100. Commechaque
année la récoltedu
pollen
a étéirrégulière pendant
l’essai et soumise aux facteursmétéorologiques
mais la moyenne sur l’ensemble de la saison est élevée. En effet trois colonies ont
laissé dans les
pièges plus
de 200 g et dix coloniesplus
de- 100gg de pollen
commemoyenne
journalière.
La miellée par contre a été assez médiocre dans lesemplace-
ments successifs
occupés
par le rucher.L’importance pondérale
de la récolte dupollen
par les abeilles dans le sud-est est encore confirmée parquelques expériences
conduites à Montfavet en19 65
et en19
66
dans d’autres buts. Elles montrent d’ailleurs quela présence
des cistes n’est pasindispensable
pour amasserbeaucoup
depollen
car à Montfavet cesplantes
sont trèsrares dans la zone de
butinage
du rucher utilisé. Au cours de deux saisons les colonies d’abeilles furent munies detrappes
àpollen
du début de mars à la find’octobre,
c’est-à-dire
pendant
toute lapériode
active des butineuses. En19 65,
trois ruches ontrécolté
10,934 kg de pollen
en moyennemalgré
leremérage
de l’une d’elle enmai-juin
et la
présence
d’ungrand
nombre d’autres colonies dans le rucher. Les abeilles n’ont pas été nourries et l’une des ruches à récolté7 ,6 kg
de miel. En19 66,
seize ruches ont été traitées de la même manière et leur moyenne a atteint8, 761 kg
depollen par
colonie.Nous devons tenir
compte
du fait que cette moyenne est abaissée par laprésence
de8 colonies d’abeilles
étrangères
au sud-est et mal acclimatées. Si l’on choisit seulement les 8 colonies d’abeillesoriginaires
deMontfavet,
la récolte moyenne atteint io,59okg
par ruche. Dans ce dernier
lot,
4 ruchesdépassent
les 13kg
et l’une d’elle a récoltéz6, z 5
q. kg
dans sa saison. Aucune de ces ruches n’a éténourrie,
mais une seule a récolté du miel( 9 kg).
Il est doncpossible
dans certaines conditions deplacer
despièges
àpollen
trèslongtemps
sur les ruches sans les voirpéricliter. Cependant
le rucherplacé
à Montfavet est certainement favorisé pour ce
type d’exploitation
en raison de laprésence
de cultures et deprairies, irriguées pendant
tout l’été. Des ruches sanstrappes
àpollen
dans le mêmeemplacement
n’ont d’ailleurs pas récoltébeaucoup
demiel,
mais les relevésprécis
à cesujet
nousmanquent,
les essaisayant
été orientés dans d’autres directions.DISCUSSION DES
RÉSULTATS
Bien peu d’auteurs ont
expérimenté
dans le même sens que nous. Les travaux sont rares, souvent anciens etincomplets
et les résultats sontdivergents.
Seul Bnxac(
19
65)
a étudié laquestion
en détail.Les Américains et les Allemands sont
persuadés
que la pose destrappes
àpollen
est défavorable et
qu’elle
entraineobligatoirement
une baisse de rendement en mielimportante.
Mais ToDD et BISHOP( 1940 )
neprécisent
pas par des données chiffrées lagêne
causée par lespièges
àpollen.
HIRSCHFELDER( 1951 )
estdéjà plus précis.
Après
avoiremployé
desgrilles
dutype
BôTrcHER, il pensequ’en compensation
despelotes
laissées dans lepiège,
de nombreuses butineuses de nectar se consacrent à la récolte dupollen.
Il en résulte une baisse de la récolte de miel d’environ 25o g parkg
de
pollen
soustrait auxabeilles,
mais cette récolte de miel n’estjamais
annulée. Pourles trois auteurs
précités
lestrappes
àpollen
ne doivent pas rester enplace
sur lesruches toutes la
saison,
sinon elles causent de gravesdommages
aux colonies. Il nefaut toutefois pas
généraliser puisque
nous-mêmes réalisons cetteopération chaque
année dans le sud-est de la France sans inconvénients sérieux pour les abeilles.
L’opinion
de CHAUVIN( 1955 )
est différente. Pour cet auteur latrappe
àpollen
ne
gêne
nullement les abeilles dans des conditions correctes d’utilisation et de nom-breux
apiculteurs français
sont de cet avis. Il est bon depréciser qu’il s’agit
ici d’unpiège
confectionnégrâce
à une tôleperforée
à trous ronds de 5 mm de diamètre.R
VBAKOV
(ig6i)
affirme de son côté que la pose depièges
àpollen
en Ukrainesur une dizaine de ruches
augmente
la récolte de miel. Il a trouvé que les colonies munies de cesdispositifs
récoltaient en moyenne 40,9kg
de miel tandis que les colonies témoinsen récoltaient
seulement 35,5kg.
Très récemment BARAC
(i 9 6 5 )
a étudié les relations de cause à effet d’une manièreplus
détaillée sur une centaine de ruches au totalpendant
3 saisonsapicoles
en Rou-manie. Il en a déduit que le
prélèvement
dupollen
au moyen detrappes
n’a pas d’in- fluence défavorable sur laproduction
du miel. Voici le tableauqui
résume les résultatsobtenus :
Il est évident
d’après
ces chiffres que la récolte de miel n’est pas affectée par la pose destrappes
dans les conditions del’expérience
et que cette récoltepeut
mêmeêtre
supérieure
à celle des témoins. L’auteur conclut donc à l’intérêtpratique
de récol-ter du
pollen puisque l’opération
est sans incidence défavorable sur la récolte de miel.NOUVEAUX
( 195 8)
a relevé à Bures-sur-Yvettependant plusieurs années les
variations de poids
de ruches munies de trappes
à pollen pendant
toute la saison.
En 1953 par
exemple cinq
ruches ont récolté toutes dumiel
bien que larégion
soitassez peu mellifère et l’une d’elle a même atteint un
surplus
de 16kg
de miel. Au coursde ces
essais,
l’auteur a montréqu’aucune
relation n’existait entrela
récolte dupollen
et celle du miel. Les ruches
qui
amassaient leplus
depollen
ne récoltaient pas forcé- mentplus
de nectar que les autres.Ces derniers résultats ne cadrent
guère
avec les nôtrespuisque
nous évaluons laperte
de rendement en miel à environ 25 p. 100lorsque
despièges
àpollen équipent
les
ruches,
mais les conditions sontpeut
être différentes.Signalons
encore que ROSEN- Txn!,( 19 6 7 )
en Roumanie a trouvé récemment des résultats différents de ceux de BARAC
: la récolte du
pollen
au moyen destrappes gênerait
la récolte du miel dansune certaine mesure.
CONCLUSION
Il semble difficile de conclure en l’état actuel de nos
connaissances, malgré
lesessais que nous avons effectués. Toutes les
expériences
réalisées restent encore descas
particuliers
et nous ne pouvons pasgénéraliser
les résultats obtenus.Cependant,
dans les trois essais que nous avons conduits la récolte du
pollen
atonjours provoqué
une diminution dit rendement en miel. Le rendement total en miel des colonies est tou- tefois moins affecté par la pose des
trappes
que la récolte elle-même. Nous avons vuque cette baisse de rendement en miel atteint
près
duquart
du rendement des témoins.Cependant,
dans certaines années favorables(par exemple
en19 6 2 )
il estquand
mêmepossible
de recueillirplus
de 5kg
depollen
par ruche en 40jours,
cequi
compenselargement
laperte
de 3,!4kg
de miel. Nous avons constaté que les surfaces de couvain étaient très peu affectées par la pose despièges
àpollen
et que lespopulations
desruches étaient normales en fin
d’opération.
Nous n’avons pas déterminéquel
est lefacteur
qui
fait baisser le rendement en miel des coloniesproductrices
depollen.
Est-cela
trappe
elle-mêmequi
cause unegêne
aux abeilles ou le manque depollen ?
Il esttrès difficile de le savoir car au moment de la récolte
principale
du miel il y alongtemps
que les
trappes
sontenlevées ;
d’autrepart,
les coloniesayant
eu cestrappes possèdent
des réserves de
pollen
très suffisantes dans leurs rayons.D’après
R! u axov, la pose despièges
àpollen augmenterait
lepourcentage
de butineuses destinées à la récolte dupollen
cequi
diminuerait par là même le nombre d’abeilles récoltant le nectar.Mais en ce
qui
nous concerne, lepollen
étant récolté environ 40 à 5ojours
avant ledébut de la
grande
miellée nous ne pensons pasqu’un déséquilibre
dans les activités de lapopulation puisse
se maintenir aussilongtemps.
En
définitive,
dans unerégion donnée,
lesapiculteurs
désireux de récolter dupollen
engrande quantité
doivent étudier la rentabilité del’opération
avant des’y
engager. Il est
primordial
de ne chercher àproduire
dupollen
que dans lesrégions
très
pollinifères
sans oublier que cetteproduction
demande unéquipement spécial
et
beaucoup plus
de main d’oeuvre et dedéplacements
que la seule récolte du miel.L’étude de la rentabilité du rucher en
général
n’est pas encore assez avancée pourqu’on puisse répondre
à toutes lesquestions
d’ordreéconomique qui
seposent.
Lesprix
de venterespectifs
dupollen
et du miel sontégalement
des élémentsimportants
à considérer. Ces
prix
sont variables mais dans de nombreux cas, laproduction
dupollen peut compléter celle, plus classique,
du miel sans nuiregravement
au rucher età son rendement. Il
peut
même être très intéressant deplacer
destrappes
àpollen pendant
toute la saison sur un certain nombre de ruches dans unerégion
où lesplantes pollinifères
abondent. Nous avons vu que dans ce cas la récolte atteint une dizaine dekilogrammes
par ruche et cettequantité
amassée par les butineuses compense trèslargement
l’absence presque totale de récolte de miel.Reçu pour
publicatiou en juillet
1967.SUMMARY
THE EFFECT OF USING POLLEN TRAPS ON TIIE HONEY YIELD OF 13EES COLONIES
This paper is a critical
study
ofcollecting
pollenby placing
traps on hives. The author wasinterested in the effect of
using
this method inpractical apiculture
on thehoney yield.
About ahundred bee colonies were used in southeast France for three years. The main
results always
showedthe same pattern, as shown in Tables 3-6.
i.
Placing pollen
traps on the hives for 40days
decreased thehoney yield by
an average of 24.I p. 100.2
. The total
honey yield
of the colonies was less affectedby
trapsbeing
set than the harvest itself.3
. In a
good
year theweight
ofpollen
harvestedcompensated
for thelowering
of thehoney yield.
In 1962, forexample,
the loss ofyield
incomparison
to the controls was 12.8 p. 100for a har- vest of 5kg of pollen per bee colony.4
. In a bad year
only
a small amount ofpollen
was harvested and the honeyyield
was lowerthan in the controls.
5
.
Setting pollen
traps did not cause any obviousregression
of the surfaces of the brood( 4 ,
4p. ioo less than in the controls).
Table 7 summarizes the
development
of the broodduring
theexperiments.
6. When
pollen
traps wereplaced
on the hives from March to October, thepollen
harvest(about
10kg
onaverage) largely compensated
for the almost total absence ofhoney
harvest.Some
advice toapiarists
is derived from the discussion of the results.REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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