Allaitement artificiel de l’agneau
VI.
—Comparaison de différentes teneurs
en
matières azotées du lait de remplacement
M. THERIEZ P. PATUREAU-MIRAND G. MOLENAT
A. BRELURUT, J.-P. BRUN P. DACHEUX
Station de Recherches suv
l’Élevage
des Ruminants,* Laboratoire du Métabolisme azoté,
Centre de Recherches de Clermont-Fevrand, LN.R.A., Theix - St-Gevzès-Chanxpanelle
6 3
rio Beaumont (France)
Résumé
Au cours de deux essais successifs, nous avons offert pendant 6 semaines à 100 agneaux
nouveau-nés aliments d’allaitement contenant 20, 25ou 30 p. 100de matières azotées ou 29p.
ioo de matières azotées et une supplémentation en acides aminés industriels.
Nous avons également mesuré le coefficient de digestibilité de ces aliments ainsi que la’qttan-
tité d’azote fixée par jour. Après le sevrage les agneaux ont été engraissés avec un même régime
de foin et d’aliment concentré.
L’augmentation de la teneur en matières azotées ou la supplémentation en acides aminés améliore la digestibilité des matières azotées des aliments et la quantité d’azote fixée par jour.
Elle n’a pas d’effet sur la vitesse de croissance des agneaux (ni avant, ni après le sevrage), ni sur
l’état d’engraissement de leur carcasse.
Introduction
Différents auteurs
(WA LKER
etFAICIHNÈY, 1 9 64;
NORTON etWALKER,
1971; § CHIOU et
JoRDAx,
Ig73 a,b; B LACK ,
PEARCE etT RIBE , 1973 )
ont étudié chezl’agneau
l’effet de la teneur en matières azotées des aliments d’allaitement sur leurdigestibilité,
la rétention azotée ainsi que sur la vitesse de croissance de l’animal(ces
derniers résultats sontreportés
sur le tabl.I ). Lorsque
la teneur en matièresazotées des laits de
remplacement augmente, passant
de 6 à 30 p. 100de la matièresèche,
leurdigestibilité
s’élève et legain
depoids
vifquotidien
est amélioré.Cepen- dant,
au delà de 30 p. 100 de matièresazotées,
la croissance des agneaux diminue(B LACK
,
PEARCE etT RIBE ,
1973; CHIOU etJORDAN,
1973 a,b).
L’équilibre
en acides aminés des aliments d’allaitement a par contre été peu étudié(WAL KER , 1975 ;
WALKER etK IRK , 1975 ),
or les agneaux secomportent
avant le sevrage comme des
monogastriques
et doivent trouver dans leurrégime
les acides aminés
indispensables
enquantité
suffisante. En outre, lamajeure partie
des
expériences
ont été conduites avec des animauxqui
recevaient desquantités
de matière sèche limitées et
qui avaient,
saufexception (B LACK ,
PEARCE etT R isE, 1973
)
desgains
depoids
vif inférieurs à 200g /j.
Il est donc difficile degénéraliser
les résultats
disponibles
au cas des agneauxqui
doivent réaliser des vitesses de croissance voisines de 300g /j.
C’estpourquoi
nous avons étudié l’influence de la teneur en matières azotées( 20
à 30 p. 100de la matièresèche)
de l’aliment d’allaite- ment ainsi que celle d’unesupplémentation
en acidesaminés, reproduisant
unéquilibre
en acides aminés voisin de celui du lait debrebis,
sur lesperformances
d’agneaux
à croissancerapide.
Matériel
et méthodesAu cours de deux essais successifs nous avons offert à des agneaux, à
partir
de
l’âge
de 3jours
etjusqu’au
sevrage à 42jours,
des aliments d’allaitement conte- nant 20, 25 ou 30 p. 100 de matières azotées(!).
Nous avonségalement utilisé,
lors du
premier
essaiseulement,
un aliment contenant 29 p. 100 de matières azo-tées et enrichi en DL-méthionine.
L-isoleucine, L-lysine
etL-arginine.
La compo- sition de cet aliment et lasupplémentation
enparticulier
ont été déterminées parcomparaison
entre le lait debrebis,
considéré comme l’aliment de référence pourl’agneau,
et le lait devache,
sourceclassique
de matières azotées des laitsde
remplacement.
Dans cet aliment la sommecorrigée
des acides aminésindispen-
sables et leur
équilibre
sont sensiblement les mêmes que ceux du lait de brebis.Lors du
premier essai,
les aliments ont été distribués selon deux niveauxd’apport (à
volonté ou enquantité limitée)
à des agneauxlogés
en cases indivi-duelles
pendant
laphase
lactée. Au cours du deuxième essai nous n’avons utilisé que 3 aliments( 20 - 25
et30 )
et nous les avons offert à volonté à des agneaux élevésen lots.
Après
le sevrage, tous les agneaux ont été alimentés enlots,
ceux du 2e essaisont restés dans leurs lots initiaux et ceux du rer essai ont été
regroupés
en fonc-tion de leurs traitements initiaux. Ils ont alors reçu des
régimes
à base de foin et d’aliment concentréjusqu’à l’abattage.
Parailleurs,
les teneurs en urée et acidesaminés libres du sang ont été déterminées à 8
jours (essai i)
et à 21jours (essais
iet
2 ).
Les résultats relatifs à ces mesures sontprésentés
par ailleurs(PA TURE AU-
M
IRAND et
al., 1977).
Aliments et mode de distribution Phase Lactée
Les aliments
expérimentaux ayant
faitl’objet
de deux fabrications(une
paressai),
il existe delégères
différences decomposition chimique
pour les mêmesformules
(tabl. 2 ).
L’utilisation de
poudre
de lait nepermettant
pas dedépasser
une teneur de25 p. 100 de matières azotées dans les
aliments,
nous avons choisi comme sourced’azote
complémentaire
le concentrat depoisson (C.I’.S.P. 90 ) qui
nous avaitdonné de très bons résultats lors d’un essai
précédent (T11 E1 t1 EZ ,
PROTAIs et MOLE-!rAT,
1 974 ). Cependant,
comme nous avionségalement
observé lors de ce mêmeessai,
uneplus
faible consommation de l’aliment contenant cette source de pro-téines,
nous avons décidé del’incorporer
dans les 3 aliments « 20 », « 25 » et « 30 » selon des taux très voisins( 9
ou 10p.100 )
pour éviter detrop grandes
différences de consommationqui
auraient rendu difficile l’étude de l’effet propre de la teneur en matières azotées sur lesperformances
des agneaux.Séparés
de leur mère 6 à 12 heuresaprès
lanaissance,
tous les animaux ontété élevés en lots
pendant
leurs 3premiers jours
avec l’aliment « 25 ». A l’issue de cettephase
initiale au cours delaquelle
ils avaientappris
à utiliser lestétines,
les( 1
) Dans la suite du texte nous désignerons les différents aliments d’allaitement par leur teneur théo-
rique en matières azotées : 20, zs et 30 bien qu’aucun d’entre eux n’ait eu exactement la teneur prévue dans
la formule. I,e dernier sera appelé aliment S.
agneaux ont été
répartis
entre les traitements en tenantcompte
de leur race et de leurpoids
à la naissance et à 3jours.
Le lait de
remplacement,
reconstitué à raison de 200 g d’aliment par litre d’eau(Mo LE rrnT
etT HER iEZ, 1974 )
etpréparé
à chaud( 45 -5 0 °C),
était distribué à latempérature ambiante,
soit dans des bouteilles munies d’une tétine et d’un tubeplongeur (animaux
en casesindividuelles,
essaii),
soit dans des nourris-seurs
équipés
d’une tétine par animal(essai
2, enlots). Préparé chaque jour,
ilétait laissé en permanence à la
disposition
des animaux.Les agneaux nourris à volonté
disposaient quotidiennement
d’unequantité
de lait suffisante pour
permettre
des refus voisins de io p. 100 du lait offert. Ceuxqui
subissaient une restriction recevaient unequantité
de lait fixée àpriori
etqui
diminuait
linéairement, passant
de6 5
à 47 g deMS /kg
depoids métabolique
entre 6 et 13
kg
depoids
vif. Les rations étaientajustées
deux fois par semaine.Le sevrage
progressif,
commencé à 35jours,
était terminé à 42jours.
Phase de
sevrage et d’engraissement
A
partir
de 15jours
etjusqu’au poids
moyen de 15kg
les agneauxdispo-
saient à
volonté, qu’ils
soient sevrés ou non, de foin et d’un aliment concentrécomposé
de maïs( 72
p.ioo),
de tourteau desoja ( 25
p.ioo),
de minéraux( 2
p.100 )
et de chlorure d’ammonium
(i
p.100 ).
La teneur en MAT de cetaliment,
communaux deux
essais,
s’élevait àig,6
p.ioo /MS.
Entre 15 et 2o
kg
depoids vif,
les agneaux recevaient unmélange composé
pour moitié de cet aliment concentré et pour moitié de l’aliment de finition.
Celui-ci,
offert seul àpartir
de 20kg
etjusqu’à l’abattage,
étaitcomposé
de maïs(73
p. 100 pour l’essai i -K 7
p. 100 pour l’essai2 ),
de tourteau desoja ( 15
p. 100 dans les 2essais),
de tourteau de lin(8
p. 100, essai iseulement),
de chlorure d’ammonium(i
p. 100 dans les 2essais).
Ces aliments contenaientrespectivement 17
,6
et r5,r p. ioo deMAT/MS,
ceci pour tenircompte
de la nature du foin offert(dactyle
lors dupremier essai,
luzerne lors dusecond).
Au cours de laphase
d’en-graissement,
les agneaux d’un même essai recevaient tous à volonté les mêmes aliments(foin
et alimentconcentré).
Animaux
Nous avons utilisé 100 agneaux mâles Limousin ou Romanov. Limousin :
6 4
au cours du ler
essai,
soit 16 animaux(dont
8 à volonté et 8limités)
par aliment et3 6
au cours du zeessai,
soit 3 lots de 4 agneaux par aliment. Ces 100 animaux ont reçu les différents aliments d’allaitementpendant
6 semaines. Un groupe de 28 agneaux
supplémentaires
a été utilisé pour les mesures dedigestibilité.
Mesures
Lors du Ier
essai,
nous avons mesuré les coefficients dedigestibilité
et de réten-tion azotée des différents aliments d’allaitement
(offerts
sanscompléments)
et lecoefficient de
digestibilité
seulement au cours du second. Les mesures ont eu lieupendant
les zeet 3esemaines de vie(premier essai),
oupendant
les 2eet 5esemaines(second essai)
à l’aided’agneaux
munis de sac collecteur de fèces(TissiER, B ECHET , MO
LEN A T
, 1975 )
etlogés
individuellement dans des cages à bilan. Lors dechaque
mesure, nous avons utilisé 4 animaux pour
chaque
aliment.Les fèces
pesées chaque jour
étaient séchées à 80 °Cpendant
72 h. L’urinerecueillie dans des flacons contenant 50 ml d’acide
chlorhydrique
à 5 p. 100 étaitpesée chaque jour
et on en conservait lequart
à - 18 OC en vue del’analyse.
La teneur en
énergie
des laits et fèces a été déterminée à la bombe calori-métrique,
la teneur en azote par la méthode deKJ!LVnHL
et la teneur en cendrespar incinération au four
pendant 4 8
h.Analyses
et calculs ont été réalisés pourchaque
animalséparément.
Les agneaux ont été
pesés
à lanaissance,
à 3jours puis chaque
semaineà
jour
et à heure fixes. Ils ont été abattus dès que leurpoids
vifatteignait
35kg
ou à
l’âge
der 4 o j
auplus
tard pour ceuxqui
n’avaient pas alors atteint cepoids.
Les
quantités
de lait consommées étaient mesuréeschaque jour. Après
sevrage, les rations offertes étaientpréparées
deux fois parsemaine;
les agneaux recevaientune nouvelle
quantité
d’aliment fraischaque jour.
Les refus étaientpesés
deux foispar semaine.
A
l’abattage
les mesures suivantes ont été réalisées :poids vif, poids
de lacarcasse
froide, poids
desdépôts adipeux mésentériques (toilette)
etpérirénal, épaisseur
du gras de couverture au niveau de la ire vertèbre lombaire.Résultats
Digestibilité
desdifférents
aliments d’allaitementLa
digestibilité
de la matièreorganique
des différents aliments a varié entre95 et
9 8
p. 100. Dans les 2essais,
elleaugmente
avec la teneur en matières azotées de l’aliment etl’âge
des animaux(tabl. 3 ).
Aucune des différences observées au.cours de l’essai i n’est
significative.
Par contre, au cours du 2eessai,
nous avonsobtenu un effet
significatif
de la teneur en matières azotées(le
lait « 20» estsigni-
ficativement moins
digestible
que les 2autres)
et del’âge (la digestibilité
du lait« 30 » est
significativement plus
élevée à 5 semainesqu’à
2semaines).
Ladigesti-
bilité de
l’énergie, légèrement
inférieure à celle de la matièreorganique
variecomme celle-ci.
Les différences de
digestibilité
entre aliments sontplus importantes
avec lesmatières azotées : de 92,5 à
9 8, 2
p. 100pour les extrêmes. Ladigestibilité
de l’azote-augmente
avec sa teneur : elle estsignificativement plus
faible dans les aliments« 20» et « 25 » par
rapport
aux aliments « 30 » et « S » au cours du 1er essai et dansl’aliment « 20» par
rapport
aux deux autres(«
25 » et « 30»)
dans le 2eessai.L’âge
a
également
un effet sur ladigestibilité
des matièresazotées,
les valeurs obtenues à 3 ou 5 semaines sontplus
élevéesqu’à
2semaines,
les différences ne sont cepen- dantsignificatives qu’entre
2 et 5 semaines(fig. i).
Rétention azotée
La
quantité
d’azote fixée par les agneaux(g /j
oug /Nlcal ingérée) augmente
avec la teneur en matières azotées des aliments
(tabl. 4 ).
Aucune des différences observées en 3e semaine n’estsignificative;
par contre, en 2esemaine,
les agneauxnourris avec les aliments « 30 » et « S » fixent
significativement plus
d’azote queceux
qui reçoivent
les aliments « 20n et « 25». Laquantité
d’azote retenue parjour augmente
aussi avecl’âge
de la 2e à la 3esemaine,
alors que laquantité
fixéepar Mcal
ingérée diminue,
mais aucune des différences n’estsignificative.
Le coefficient de rétention azotée décroît
lorsque
le tauxprotéique
de l’ali-ment
augmente
de 20 à 25 et 30 p. 100,passant respectivement
de76, 0
à 72,0 et67,6
p. 100à 2 semaines et de 73,4à7 6, 4
et6 3 ,6
p. ioo à 3 semaines. Les valeurs observées avec l’aliment « S »( 7 6,o
et6!,5
p. 100à 2et 3semaines)
sontsignificati-
vement
supérieures
à celles obtenues avec l’aliment « 30 ». Il diminue aussi avecl’âge,
surtout chez les agneauxqui reçoivent
les alimentsayant
les teneurs enmatières azotées les
plus
élevées(aliments
« 30 » et « S»).
Quantités
d’alimentsingérées
Au cours du
premier essai,
lesquantités
de lait deremplacement (ou
les quan- tités de matièresèche) ingérées
entre 9 et 35jours
sont les mêmes pour l’ensemble des agneaux nourris à volonté( 4 8
1 soit 7,7kg
de matièresèche) quelle
que soit lateneur en MA de l’aliment. Il en est de même pour les agneaux restreints
( 4 r,21
1soit
6,6 kg
deMS) qui
ont reçu z5 p. 100 de MS de moins que leurshomologues
nourris à volonté
(tabl. 5 ).
Par contre, au cours de l’essai 2, les agneaux
qui
recevaient le lait leplus
richeen MA
(lait
« 30»)
ont consomméplus
de matière sèche( 9 , 7 kg
contre8, 4
et8, 2 kg
pour les lots « 20 » et « 25
»).
Après
le sevrage, les agneaux ontingéré
d’autantplus
d’aliment concentréqu’ils
avaient consommé moins de lait deremplacement :
de 54,5 à6 3 kg
par agneau selon les lots. La nature du foin offert a modifié lerapport fourrage/ali-
ment concentré. Les agneaux
qui
recevaient du foin dedactyle (essai i)
ontconsommé une
quantité
defourrage
deux foisplus
faible que ceuxqui disposaient
de foin de luzerne
(essai 2 ).
Vitesse de croissanee des agneaux
Bien que la
quantité
totale de matières azotéesingérée
ait varié dans desproportions importantes (de
i,5 à 3,okg
entre les lotsextrêmes),
il n’existe aucuneliaison
significative
entre legain
depoids
vif au cours de laphase
lactée(o
à 35j)
et la
quantité
totale de matières azotéesingérées.
Par contre le
gain
depoids (Y exprimé
enkg)
au cours de cettepériode
estlié de manière hautement
significative
à laquantité
totale de matière sècheingé-
rée entre 9 et
35 j (X exprimé
enhg).
Leséquations
obtenues au cours du leressaisont les suivants :
l’ =
0 ,8 27 X
!-2,26
r = + 0,903, P < o,oi pour 31 agneaux nourris à volonté et Y =o,86 9 X
!- 2,ro r = -I- 0,591, P < o,or pour 30 agneaux restreints.De telles
équations
n’auraient pas designification
dans le 2eessaipuisqu’à
uneaugmentation
de la teneur en matières azotées est alors associée uneaugmentation
de la
quantité
de matière sècheingérée (cas
des lots « 30 » parrapport
aux lots« 20 » et « 25
»).
Par contre, c’est dans ce cas que nous avons pu obtenir la seule différencesignificative
de vitesse de croissance entre lots sans quel’origine
decette différence
puisse
être attribuée à la teneur en matières azotées ou au niveau moyen de consommation.Après
sevrage,quelle
que soit la teneur en matières azotées du lait de rem-placement
et le niveaud’apport,
tous les agneaux ont eu des croissances trèsrapi-
des
(de
320 à 400g/j)
et lespremiers
agneaux ont été abattus dèsl’âge
de8o j.
Pour des
poids
vifs moyensvoisins, l’âge d’abattage
des différents lots estcompris
entre 106 et
m 4 j pour
les agneaux restreints et, pour ceuxqui
avaient été nourris àvolonté,
103et 107jours
lors de l’essai 1,9 6
à 107jours
lors de l’essai 2(aucune
différence
significative).
Les vitesses de croissance élevées ont
permis
d’obtenir des indices de consom-mation très
satisfaisants,
de1 , 0 6
à I,3okg
deMS jkg
degain
depoids
vif au coursde la
phase
lactée(différences
nonsignificatives,
ni entre aliments ni entreessais).
Au cours de la
phase d’engraissement
les indices de consommation sontégalement
très bons : 3,2 et
3 ,8 kg
deMS /kg
degain
depoids
vif(respectivement
pour l’es- sai i avec 15 p. 100 defourrage
dans lerégime
et pour l’essai 2 avec 3o p. 100 de foin dans lerégime).
Résultats
d’abattage
Les agneaux
pesaient
de33 ,6
à34 ,6 kg
àl’abattage
à l’issue du rer essai et de34,5 à 35,5
kg
à l’issue du second. Pluslourds,
ces agneaux ont donné des car-casses
plus
lourdes etplus
grasses(tabl. 7 ).
La
composition
de l’aliment d’allaitement n’a modifié ni le rendement àl’abattage,
ni l’étatd’engraissement
estimé par lepoids
desdépôts adipeux péri-
rénaux ou
mésentériques
et parl’épaisseur
du gras de couverture au niveau de lapremière
vertèbre lombaire.Par contre, bien que les différences ne soient pas
significatives,
la limitation du lait au cours de laphase
lactée dans l’essai i a entraîné uneaugmentation
del’état
d’engraissement
mesuré parl’importance
desdépôts internes,
et parl’épais-
seur du gras dorsal.
Discussion
Comme dans un essai
précédent (!I!a!xiLZ,
PHOTais etMoL!V !’r, 1974 ),
nousavons constaté une
augmentation
de ladigestibilité
de lamatière organique
et del’azote des laits de
remplacement
avecl’âge
des agneaux, effet conforme à celui observé sur le veau parF R A NTZEN ,
TouLr.EC et VInTHiEU( 1971 )
mais que divers autres auteurs(WA LKER
etF A icHrrw, 19 6 4 ;
CHiou etJORDAN, 1973a)
n’ont pu mettre en évidence surl’agneau. Inversement,
NoHTOa et WALKER( 1971 )
ontmême obtenu une diminution
significative
du CUD de l’azote entre la 2e et la7 e
semaine
d’âge
mais seulement avec un aliment d’allaitement contenant 6 p. 100 deprotéines
alorsqu’ils
n’observaient aucun effet del’âge
sur ladigestibilité
d’unrégime
contenant2 8,5
p. 100de matières azotées.L’augmentation
de ladigestibilité
de l’alimentpourrait
être due dans notrecas à la nature des matières azotées utilisées. En
effet,
nous avonsincorporé
c! àla p. 100de concentré
protéique
depoisson
dans nos aliments ainsi que o à 40 p. 100 depoudre
de lactosérum. Or ces deux alimentsqui représentaient
de r5 à6 7
P-100 des matièresazotées,
sont moinsdigestibles
que lapoudre
de lait tant pourl’agneau (T
HE
xiEZ,
PROTAIS etM OLENAT , I o 74 )
que pour le veau(TouL LE C et al., 1973)
en
partie
parcequ’elles
necoagulent
pas dans la caillette. L’influence de l’ab-sence de
coagulation
dans la caillette sur ladigestibilité
des matières azotées dimi- nuant avecl’âge
de l’animal(FHarrTZ E nr,
TouLLEC etMn’rHiEU, 1971 )
on auraitdonc là une
origine possible
del’augmentation
du CUD. Cephénomène
n’est cepen- dant pas seul en cause carl’augmentation
du CUD est sensiblementidentique,
entre deux et
cinq
semainesd’âge,
pour tous les alimentsquelle
que soit leur compo- sition donc laproportion
des trois sources d’azote utilisées. Par ailleurs les valeurs élevées tant du CUD que de la rétention azotée dèsl’âge
de deux semaines per- mettent d’éliminerl’hypothèse
d’une mauvaisequalité
de lapoudre
de lait.De même
l’augmentation
de ladigestibilité
des matières azotées avec l’accrois- sement de leur teneur n’est pas due seulement à la réduction del’importance
rela-tive des sources azotées de
remplacement.
Eneffet,
d’unepart,
laproportion
deconcentré de
poisson
reste presque constante dans les trois aliments « 20, 25 et 30 » danslesquels
nous avonsaugmenté
la teneur en azote parremplacement
de la
poudre
de lactosérum par du lait écrémé enpoudre
et, d’autrepart,
les ali-ments « 30 et S »,
qui
ne contiennent pas depoudre
delactosérum,
ont la mêmedigestibilité
alors que laproportion
de concentré depoisson
y est de 10 et 2p. 100respectivement. L’augmentation
du CUDcorrespond
donc bien à un effet propre de la teneur en matières azotées de l’aliment. Cetteaugmentation
de ladigestibi-
lité des matières azotées
lorsque
le tauxprotéique augmente
reflète la fortediges-
tibilité réelle des
protéines
alimentaires. L’azote fécal( 0 , 23
g pour 100 g de MSingérée
en 2eet 3esemaine)
est alorsprincipalement
constitué d’azotemétabolique
fécal dont l’excrétion varie peu en fonction de la
quantité
d’azoteingéré ( 0 , 20
g pour 100 g de 1-TSingérée
selonB LACK ,
PEARCE etTRIBE, 1973).
Un tel effet a été
également
observé par WALKER et FAICHaE!!( 19 6 4 ),
WAL-KERet 1VURT0B
(IC!7I),
WALKER et COOK( 19 6 7 )
surl’agneau
et par RAVEN(1972)
sur le veau.
Le coefficient de rétention azotée et la
quantité
d’azote fixée parmégaca-
lorie
d’énergie
bruteingérée
varient en sens inverse du CUD. Ils diminuentlorsque l’âge
des animaux et le taux azoté de l’alimentaugmentent
car lespertes
d’azoteurinaire, correspondant
au catabolisme des acides aminés lors de leur utilisation v des finsénergétiques, augmentent plus rapidement
que laquantité
de matières azotéesingérée.
L’effet del’âge
sur la fixation d’azote adéjà
étésignalé
à de nom-breuses
reprises (Cmou
etJ OR DAN,
1973 a et c; NoRTON etWAL KER ,
1971; WAL-KER et
F AICHXEY , 19 6 4 )
mais les valeurs absoluesindiquées
étaientbeaucoup plus
faibles par suite essentiellementd’apports
de matières azotéesplus
réduits.Seuls les agneaux élevés par
B L A CK ,
PEARCE et TRIBF( 1973 )
etgagnant
27o à 30o
g/j,
ont retenu desquantités
d’azote voisines de celles que nous avons obser- vées aussi bien dans leprésent
travail( 5 , 5
à 7,5 g d’azote par agneau et parj)
que dans une
expérience
antérieure(T HER iEZ,
PHOTAIS etMoL EN A T , 1974 ).
Cesquantités, qui
varient de1 ,8
à 2,o g d’azote parkg
depoids métabolique
et parjour
pour des agneaux
pesant
6kg
depoids vif,
semblentcorrespondre
à un maximumcomme cela
apparaît
sur lafigure
2 construite àpartir
d’une courbe deB LACK ,
P
EARCE et TRISE
( 1973 )
surlaquelle
nous avonsreporté
nos résultats.L’examen de la
figure
2,permet
decomprendre pourquoi, malgré
un coeffi-cient de rétention
plus élevé,
les agneauxqui
recevaient l’alimentsupplémenté
en acides aminés n’ont pas fixé
plus
d’azote que ceux du lot « 30 ».Compte
tenude
l’apport énergétique,
le maximum de rétention d’azote étaitdéjà
atteint pour des animaux de cepoids
et, à la différence de WALKER( 1975 ) qui
asupplémenté
en méthionine un « lait » contenant seulement 12 p. 100de matières
azotées, l’ap- port
desquatre
acides aminés industriels n’a pas pu avoir d’effet sur laquantité
d’azote fixée.
Si
l’augmentation
de la teneur en matières azotées apermis
d’améliorersignificativement
le bilan azoté des agneaux, nousn’avons,
à la différence de certains auteurs dont CHiou etJ ORD AN (1 973 c),
WALKER et FAICHNEY(I 9 6q)
observé aucun effet sur la vitesse de croissance. Ce résultat
provient
du fait que, dans leursexpériences,
le niveau azoté variait de 15 à 30, voire de 6 à 28 p. 100(N
ORTON
etW ALKER , 1971 )
et que le niveaud’apport
de matièresèche,
donc lescroissances,
étaient limitées. Par contre, si l’onreprend
les résultats deB LACK ,
P
EARCEet TRIBE
( 1973 )
dont les agneaux recevaient unequantité d’énergie
corres-pondant
à environ 3 foisl’entretien,
on constatequ’avec
un alimentayant
uneteneur de 15 p. 100 de matières
azotées,
les vitesses de croissance sontsignifi-
cativement inférieures à celles des autres lots mais que les écarts observés entre les lots ne sont
plus significatifs
dès que la teneur des matières azotées de leur aliment atteint oudépasse
20 p. Ioo(ce
résultat étant valable pour despoids
vifsmoyens variant de
7 ,8
à12 ,6 kg).
Pour des niveaux
d’apports énergétiques supérieurs
à 1,75 foisl’entretien,
le besoin en
protéines rapporté
àl’énergie pouvant
êtreconsidéré,
selon WALKERet
J AGUSCH ( I9 6 9 ),
comme constant et voisin de 12g par MJoule d’énergie nette, l’agneau qui reçoit
desrégimes
pauvres en matières azotées( 15
p. Ioooumoins)
voit sa croissance limitée par
l’apport
d’azote. Legain
depoids
est alorsplus
richeen
lipides (JAGUSCH,
NORTON etWALKER,
I9!0; WALKER etNORTON,
I9!I; CHIOU etJORDA N , 1973 b)
et la croissance de la laine réduite(WA LKER
etNO RTON , I(!7I).
Au
contraire,
pour les aliments riches en matières azotées( 25
ou 30 p. 100etplus)
la
quantité
d’azote fixée parjour
atteint un maximum et dans ce casl’énergie peut
devenir facteur limitant. Ainsipeuvent s’expliquer
les résultats deB LACK ,
P E A
RCE et TRISE
( 1973 )
de même que nos observationsprésentes puisque
nousavons obtenu une corrélation hautement
significative
entre laquantité
de matièresèche
ingérée
et la vitesse de croissance. La modification de lacomposition
corpo- relle résultant de l’excès de matières azotées parrapport
àl’énergie
demeure toute-fois assez faible
puisque
CHIOU etJ ORDAN ( 1973 b)
n’ont obtenu que 2p. 100d’écart dans la teneur enprotéines
du corpsd’agneaux qui
avaient reçu des laits contenant 15 ou 30 p. Ioo de matières azotées. Il n’est donc pas étonnant que nousn’ayons
pas observé d’effet du niveau azoté des aliments d’allaitement sur l’état
d’engrais-
sement à
l’abattage
vers IIOj,
soitplus
de70 j après
le sevrage.Pour
augmenter
la vitesse de croissance del’agneau,
il serait donc nécessairenon pas d’accroître la teneur en
protéines
des aliments au delà de 25 p. 100mais,
soit de les rendreplus appétibles (cas
du lait 30 dans l’essai 2 dontl’appétibilité supérieure
a uneorigine inconnue),
soitd’augmenter l’apport quotidien d’énergie.
L’augmentation
de la concentrationénergétique
ne sembleguère possible,
tout aumoins avec des aliments contenant des matières grasses
naturelles,
car si dans cer-tains cas les résultats obtenus sont
positifs (W E L CH
et VAN »Ex!OÜT, i 9 f> 3 ;
B R
issoN et
L EMAY , i 9 6i3)
des effetsnuls,
voirenégatifs,
ontégalement
été obser-vés
(Mo LF rrnT
etTH E RIEZ, r 97 2).
De mêmel’augmentation
de la teneur en matièresèche de l’aliment d’allaitement ne
permet
pas d’accroître laquantité
de matièresèche donc
d’énergie ingérée
parjour (LARGE, i 9 6 5 ;
NIoLFrrnT etTH!RiEZ, I q 74 ) .
L’utilisation de deux aliments
différents,
l’un contenant 30 p. ioo de matières azotées pour les 3premières semaines,l’autre plus
pauvre(z5
ou 2o p.100 ) pour la
fin de la
période
lactée serait la meilleurefaçon
d’assurer àl’agneau
la fixationmaximum de
protéines
au cours de sespremières
semaines de vie. Mais cette solu- tion n’est pas réaliste car elle se heurte à des difficultés de réalisationpratique,
tout au moins pour les éleveurs
qui
n’utilisent l’aliment artificiel que sur unpetit
nombre
d’agneaux.
C’estpourquoi
la teneur à 25 p. 100 semblecorrespondre
lemieux aux besoins de
l’animal,
depréférence
à des teneursplus
faibles de l’ordrede 20 p. 100. Celles-ci n’ont pas d’effet sensible sur la croissance de l’animal ;nais elles nécessitent l’utilisation de sources de matières azotées bien
équilibrées
enacides aminés et de bonne
qualité.
.Accepté pOlir pl/blica/ioll t’Il mars 1977.
Summary
Artificial rearing of
Lambs. VI. -Comparisooa of
milkrePlacers
with
di f f ereizt
crudeprotein
contentsFour milk replacers containing 20, 25 or 30 per cent protein or 29per cent protein + 0.25 per cent DL-methionine, 0.37 per cent L-lysine, 0.03 per cent L-isoleucine and o. i per cent L-argi-
nine were compared during 2 successive trials (Table 2). Digestibility and nitrogen retention
coefficients of the feeds were measured. The diets were offered for 6 weeks to roo lambs (64 in
trial i and 36 in trial 2). During the second trial, we compared only 3 milk replacers, « 20, 25 and 30 ».
The 64lambs of trial i were housed in individual cages, each diet was given to r6 animals among which 8 were fed ad libitum and 8 restricted. The 36 lambs of trial 2 were reared in groups
(
3groups of ¢ lambs per diet) and fed ad libituru. After weaning the animals were distributed into groups according to the initial treatment and fattened until 3! kg live weight with hay and
concentrate feed.
Digestibility of organic matter, energy and protein increased with the crude protein content
of the diet and with the age of the animals (Table 3, fig. i). The amount of apparently digestible nitrogen retained decreased with the age of the animals and with the dietary crude protein lcwcl except for the amino acid supplemented diet whose nitrogen retention coefficient exceeded that of diet a 30 n (Table 3). The amount of nitrogen retained per day increased with the dietary protein level and with the age. The highest values ranged about !.5 g (Table 5).
The dietary crude protein level did not affect the animals’ growth rate which was signifi- cantly related wah the dry matter intake and not with the protein intake (Table 6). After wean- ing, the growth rates of the lambs were high and we did not observe any effect of the crude protein level of the milk replacer either on post-weaning growth rate or on carcass fatness (To ble !).
A protein level of zs per cent in the milk replacer seems to be the best adapted to the require-
ments of young growing lambs. It leads to the same weight gains as higher levels and does not
require an expensive supplementation with commercial amino acids which might be necessary with lower levels, according to the nature of the protein source.
Références
bibliographiques
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