NOTE
ÉTUDE DES CORRESPONDANCES
ENTRE DEUX MÉTHODES D’APPRÉCIATION
DE L’ÉTAT D’ENGRAISSEMENT DES CARCASSES DE BOVINS
B. L.
DUMONT,
G. ROYJ.
LEFEBVRELaboratoire de Rechevches sur la
Viande,
* Laboratoire de
Génétique factorielle,
Centre national de Recherches
zootechniques,
I. N. R.A.,
78350,jouy
enJosas
RESUME
Par
analyse
factorielle descorrespondances
et paranalyse progressive
devariance,
les résultats dujugement subjectif
de l’étatd’engraissement
des carcasses de bovins par une mé- thodedescriptive
ont étécomparés
aux mesuresd’épaisseur
de lagraisse
de couverture à onzeniveaux de la carcasse. On a trouvé que les
épaisseurs
degraisse
aux différents sitesparticipaient inégalement
àl’élaboration,
dansl’esprit
dujuge,
de la noted’appréciation.
Il estproposé
d’esti-mer l’état
d’engraissement
des carcasses àpartir
del’épaisseur
de gras à deux niveaux de lacarcasse.
INTRODUCTION
Pour
apprécier rapidement
l’étatd’engraissement
des carcasses de bovins on aproposé
récemment
(R OY
etDuNto N T, 1975 )
une méthode dejugement subjectif reposant
sur l’estimation visuelle del’importance
desgraisses
dans les différentes zones de la carcasse. Cetteappréciation
revêt maintenant une
grande importance
commerciale en raison de laprise
en considération de l’étatd’engraissement
dans le classementobligatoire
des carcasses(arrêté
du 14 mai 1975,Jour-
nal
O!ciel de
laRépublique Française
en datedu I juin
1975,557!!-5577)!
La
généralisation
de lapratique
du classement pose leproblème
de son contrôle ; il est souhai-table,
à cetégard,
que lejugement subjectif puisse être,
le cas échéant, confronté etappuyé
par les résultats de méthodesobjectives.
La
présente
noterapporte
lacomparaison
des résultats obtenus enappliquant
la méthodede RoY et DUMONT
( 1 <) 75 )
et enappréciant,
par ailleurs,l’épaisseur
de lagraisse
sous-cutanée à différents niveaux de lo-v carcasse.MATÉRIEL ET MÉTHODES
Le matériel animal et les méthodes de mesure de la
graisse
sous-cutanée ont étéprécédem-
ment décrits
(Du M o)/ T
et Rov,1975 ).
Surchaque
carcasse on aprocédé
defaçon indépendante
au
jugement
de l’étatd’engraissement
selon la méthode de Roy et Dontoar(ry!5)
et à la mesuredes
épaisseurs
degraisse
en onze sites(.A,
B...K)
déftnis comme suit :(A)
Latéralement à la carcasse sur une horizontalepassant
au niveau du bordsupérieur
del’apophyse épineuse
de laquatrième
vertèbrethoracique.
Lepoint
A est à mi-distance duplan
médian du corps et de la limite inférieure de laportion
dorsale du muscleTrapèze.
(B)
Surl’épine
acromienne duSca!ulum,
au niveau de la tubérosité acromienne.(C)
Latéralement à la carcasse à 5 cm duplan
médian du corps sur une horizontalepassant
au niveau du bordsupérieur
del’apophyse épineuse
de laseptième
vertèbrethoracique.
(D)
Au même niveau que lepoint C,
mais à 10cm de clpté duplan
médian du corps.(E)
Sur une horizontalepassant
par le milieu del’apophyse épineuse
de lapremière
vertèbrelombaire,
à 5 cm de côté duplan
médian du corps.(F)
Sur une horizontalepassant
par le milieu del’apophyse épineuse
de lapremière
vertèbrelombaire,
à 1 cm de côté duplan
médian du corps.(G)
Sur une horizontalepassant
par le milieu del’apophyse épineuse
de laquatrième
vertèbresacrée,
à 5 cm de coté duplan
médian du corps.(H)
Sur une horizontalepassant
par le milieu del’apophyse épineuse
de laquatrième
vertèbresacrée,
à 15 cm de côté duplan
médian du corps.(I)
Dans le sillonséparant
les muscles Serrxite!adi!aosaas etSemimembranosus,
au niveau de l’hori- zontalepassant
par lepérinée.
(J)
Sur le muscle73icef!s dans
lapartie
médiane du sillonqui sépare
les deuxportions
de ce muscle.
(K)
Au niveau dupérinée,
dans leplan
de section de la carcasse, àl’aplomb
de la verticalepassant
par le bord antéro-inférieur de la
symphyse ischio-pubienne.
Le traitement
statistique
a été conduit en deuxétapes
successives :- par
l’analyse
factorielle descorrespondances (B ENZECIZI , 19 6 4 ) appliquée
à l’ensembledes donnécs ;
- par l’étude des
régressions multiples progressives
avec le choix des variablesd’épais-
seurs de
graisse explicatives
de la notesubjective
de l’étatd’engraissement.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Le
poids
moyen des carcasses était de322 .6 -f- 66, ! kg
et la note moyenne d’étatd’engrais-
sement était de
!,96 2,6!.
Ainsi
défini,
l’échantillon d’animaux de cette étudecorrespondait
à un ensembleregroupant
des
types
commerciaux très variés et manifestant tous les intermédiaires entre l’extrêmemaigreur
et un
engraissement
trèsimportant.
Le tableau i
indique
la valeur clescoeliïcielits de corrélation entre lesépaisseurs
aux différentssites et le
poids
de la carcasse d’unepart,
et la notesubjective
d’étatd’engraissement
d’autrepart.
Ilapparaît
nettement que ni lesépaisseurs
de gras ni la notesubjective
ne sont liées aupoids
de la carcasse. Par contre il existe des liaisonspositives
etsignificatives (P
<o,oi)
entreles
épaisseurs
aux différents niveaux et la notesubjective.
Il est donc clair que l’accroissement desdépôts graisseux
aux différents niveaux considérés dans cette étudeparticipe,
d’une manièreou d’une autre, à l’élaboration de
l’impression
d’étatd’engraissement plus
ou moesmarqué
quelaisse,
dansl’esprit
dujuge,
l’examen visuel dc la carcasse.Les relations entre le
poids
de carcasse et lesépaisseurs
de gras aux différents niveaux sontillustrées,
dansl’analyse
descorrespondances,
par laposition occupée
par laprojection
de cesvariables sur les différents axes factoriels
(fig. i).
Lepoids
de carcasse est en effet trèsproche
ducentre de
gravité
alors que lesépaisseurs
de gras forment un nuagequi
en est nettementséparé.
La
projection
sur les différents axes faitapparaître
aussi une netteséparation
entre certainsgroupes
d’épaisseurs,
parexemple
le groupe(C, E,
F, G etH)
et le groupe(I, J, K)
sur le deuxième facteur. On observe aussi la très faibledispersion
existant sur les axes successifs deprojection
des
épaisseurs
aux sitesI, J et
K. On note enfin une variationimportante, quels
que soient lesaxes
considérés,
dans les distancesqui séparent
la notesubjective
desépaisseurs
aux divers sitesétudiés,
les sitesC,
Eet J étant généralement
lesplus près
de la notesubjective.
Ces observations amènent à penser que si laparticipation
desépaisseurs
de gras à l’élaboration de la noted’appré-
ciation
subjective
est nette, elle intervientplus
ou moins fortement selon les sites.Cette
interprétation
des résultats fournis par la méthoded’analyse
factorielle est confirmée parl’analyse progressive
de la variance. Les différents sites contribuent diversement à la forma- tion de la note par lejuge.
Ce fait sera discuté en considérant comme variablesd’épaisseurs
lessommes des
épaisseurs
du côtégauche
et du côté droit du même siteanatomique. L’importance
différente des contributions de
chaque
site est bien mise en évidence dans le tableau 2 où sontindiquées
les valeurs de R2 dans le cas derégressions multiples lorsque
les variables sont intro- duites dans l’ordre arbitraire de leur définition(A, B,
C...J, K)
et dans l’ordre de leur valeurexplicative
relative. On voit alors que les sites D, E, F,G,
Hn’apportent
pas, pareux-mêmes,
une fois considéré l’ensemble de tous les autres
sites,
un élémentparticulier d’explication
de lanotation du
juge.
On remarquera que lescinq
zones que nous considérons comme moins intéres- santes pourexpliquer
les variations dejugement
del’expert
se trouvent localisées sur la face externe de la carcasse, dans larégion
dorso-lombairesupérieure,
zone où la couverturegraisseuse
est
d’apparence
uniforme dans son étendue et où les variationsd’épaisseurs,
dans un sitedonné,
ne
s’accompagnent
pas d’uneprogression périphérique marquée
de lagraisse
en surface commec’est le cas pour la
graisse qui
recouvre la cuisse ou larégion
du membre antérieur.A
partir
des résultats de cetteétude,
onpeut
tenterd’apprécier l’objectivité,
sinon la réalité dujugement subjectif
réalisé àpartir
de l’examendescriptif
de la carcasse. Au vu des valeurs des corrélationsmultiples
obtenues on est fondé à considérer comme satisfaisantes la méthodesubjective proposée
etl’application qui
en a été faite. Lapart
de la variation résiduelle de la notesubjective
nonexpliquée
par les mesuresd’épaisseur
de gras est faible etpeut
êtreimputée
aufait que le
jugement subjectif
considère l’étatd’engraissement
defaçon globale
en tenantcompte également (pour
20p.100 )
dans la fixation de la note de l’ensemble desgraisses
internestapissant
les cavités
thoracique
et abdominale.On
peut suggérer,
àpartir
de nosrésultats,
que la mesure del’épaisseur
degraisse
à différentsniveaux,
outre le faitqu’elle permet
d’établir unprofil
utile pour caractériser letype
de carcasse(DumONT
etR OY , 1975 ), pourrait
servir à contrôler lejugement subjectif
de l’étatd’engraissement
en cas de besoin
(litiges
parexemple)
dans lapratique
courante de son exécution.L’estimation de la note
(Y) peut
se faire àpartir
de la mesure desépaisseurs (en centimètres)
aux sites
C(x c )
etJ(x j ) d’après l’équation
suivante :La
figure
2indique
larépartition,
par classes de o,5point,
des écarts entre la valeur réelle et la valeur estimée àpartir
del’équation (i)
de la note d’étatd’engraissement
des différentescarcasses considérées dans ce travail. L’écart le
plus important
entre deux valeurs a été de 2,06point.
D’autre
part
lacomparaison
entre les notes dejugement subjectif
et les mesuresd’épaisseurs pourrait
servir à déceler d’éventuelles modifications de la couche degraisse
de couverture provo-quées
par des ablations délibérées de ce tissu au cours desopérations
depréparation
des carcasses.Reçu pour publication
enjuin
1975.SUMMARY
RELATIONSHIPS BETWEEN TWO METHODS OF
JUDGING
FATNESS OF CATTLE CARCASSESMeasurements of subcutaneous fat at eleven levels of the carcass have been
compared
to the scores
given by
ajudge using
asubjective
method forassessing
fatness.It was shown
by
multidimensionalanalysis
that fat thickness at the different levels were not associated in the same way in thejudge’s
mind with his ownimpression
on the overall fatness of the carcass. Hisscoring
washighly
correlated(R 2 = o, 9 oi)
with the fat thickness at two levels : the first on theback -
5 cmlaterally
to the backbone, at the level of the7 th
thoracic vertebra, and the second on thethigh,
in the middlepart
of theBiceps fevv!oris
muscle.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B E rrz EC
xi J. P., 1964. Cours de
linguistique
mathématique. Faculté des Sciences de Rennes.D
UMONT B.
L.,
Rot- G., 1975. Note sur la variationtopographique
del’épaisseur
de lagraisse
de cou-verture chez les bovins. Ann. Zootech., 24,
5 87- 593 .
Roy