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Maladie du président Bouteflika : la télévison algérienne revient au 19ème siècle avec la technologie du 21ème

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Maladie du président Bouteflika : la télévison algérienne revient au 19ème siècle avec la technologie du 21ème

Tribune libre : Laid Seraghni

« Il faut connaitre le peintre pour comprendre l’image » Friedrich Nietzsche (1)

Après un silence de plus de 40 jours, le 12 du mois de juin 2013 à vingt heures, l’Entreprise Nationale de Télévision (ENTV) ou « l’orpheline » comme il sied aux Algériens de l’appeler, capte magistralement l’attention de tout un peuple en diffusant les premières images du Président de la République, à Paris, recevant deux hauts responsables algériens. Enfin, « les bonnes nouvelles » annoncées depuis Addis-Abeba par M. Medelci, Ministre des Affaires étrangères, arrivent.

Par ces images, les chargés de la communication d’El Mouradia espèrent que « la maladie du Président de la République A.

Bouteflika, sera bientôt un mauvais souvenir » (2), vite effacé de la mémoire du peuple algérien, comme le prédisait le Premier ministre A. Sellal. Ils espèrent également montrer aux algériens que leur Président est bien vivant et qu’il est encore capable de diriger le pays. Comme le déclarait le ministre des Affaires étrangères : « au quotidien, je vous le confirme, c’est le ministre qui parle, nous recevons ses encouragements et ses directives » (3)

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Les images sont diffusées le mercredi, vingt quatre heures après que la télévision algérienne eut fait état d’un « d’entretien qui a eu lieu en fin d’après-midi à Paris entre Bouteflika et deux hauts responsables algériens ».

Tout le monde aura remarqué que l e s i m a g e s t a n t a t t e n d u e s ressemblent à un paysage sans c o u l e u r s . S a n s p a r l e r d e l a qualité des clichés pourtant soigneusement choisis. Le filtre s’est ingénié à nous faire passer celles montrant le chef de l’Etat sous son meilleur jour. Les plus présentables possibles. Mais A. Bouteflika apparaissant visiblement malade, ces photos suscitent des interrogations et accréditent les incertitudes sur son état de santé. Le doute ne s’est pas dissipé. La confusion et la p a n i q u e d e l ’ e n t o u r a g e d u p r é s i d e n t e n m a t i è r e d e communication sont confirmées.

La stratégie en matière de communication du pouvoir est fondée sur des palabres et papotages vides. La corroboration flagrante d’une communication sclérosée et défaillante est à l’image de la « bonne gouvernance » du pays très riche qui n’arrive pas à assurer des soins de haut niveau à ces citoyens.

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A la surprise générale, avec le r e p o r t a g e t a n t a t t e n d u d e l a télévision algérienne, les algériens retrouvent le cinéma muet du 19éme siècle avec son héros, le célèbre britannique Charlie Chaplin, l’un des personnages les plus créatifs. Ses fantastiques films sont tournés sans le moindre son par un kinétographe (4). A cette époque, certes il n’y avait pas la parole mais il y avait l a m u s i q u e e t d e s m e s s a g e s

apparaissaient sur l’écran pour permettre au spectateur de mieux comprendre la scène. De nos jours, on peut allier aisément les images en mouvement et le son. Le pouvoir, ayant toujours considéré le peuple avec une certaine indifférence, donne plus d’importance à l’image car il pense comme Confucius (5) « que l’image vaut mille mots ». En effet, une image vaut mille mots car, sans le dire, tout le monde a vu un président malade aux gestes réduits et ne pouvant parler.

Deux vieux, qui pourraient se nommer Saïd et Nacer, suivant attentivement les informations, n’ont pu s’empêcher de réagir ainsi à ce mini-conseil des ministres tenu sous le bon regard de l’ami François.

– Nacer: Après un AVC, on lui donne du café. Veut-on qu’il parte ?

– Saïd: Ah ! tu n’as pas encore compris. Il est déjà parti d’Al Mouradia.

– Nacer : Si Abdelmalek disait tous les jours qu’avec un AVC, il arrive à suivre son emploi du temps, seconde par seconde de jour comme de nuit .

– Saïd : Ah bon ! Il travaille ? On lui a demandé de faire croire au peuple que le Président est en grande forme. Il s’accroche, par tous les moyens, à un poste qui est sur le point de se volatiliser.

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– Nacer : Sellal tend une assiette au chef d’Etat-major. Il cherche à soudoyer la grande muette pour occuper Al Mouradia.

Il fait semblant de lui dire que « je serais un bon serviteur ».

– Saïd : Il ne touche pas aux gâteaux. « Je suis venu voir sa santé et prendre la décision qui s’impose », semble-t-il dire intérieurement. Il est légaliste, mais… je ne peux anticiper sur la position de l’armée que certains sollicitent pour prendre ses responsabilités. Je crains que des forces occultent la convainquent d’une action.

– Nacer : Elle a affirmé son caractère républicain.

– Saïd : Une chose m’intrigue. Pourquoi met-on en avant le chef d’Etat-major et non pas Abdelkader, deuxième personnalité après le Président de la République selon la Constitution ? – Nacer : Il y a aussi Abdelmalek.

– Saïd : Arrêtes ! Il est plus léger qu’une feuille morte au gré du vent. Une délégation de pouvoir au premier ministre est possible avec la bénédiction de l’armée.

– Nacer : Pourquoi l’armée ?

– Saïd : Dans quelques jours, il y aura la promotion au grade supérieur des militaires. Qui signera les décrets ?

– Nacer : La Constitution interdit la délégation de pouvoirs.

Le conseil Constitutionnel s’opposera à cette action.

– Saïd : Le conseil Constitutionnel ? Une institution que l’on utilise quand on veut, la preuve son Président a refusé de faire réunir le Conseil pour entreprendre éventuellement la procédure légale prévue par l’article 88 de la loi fondamentale du pays relative à l’état d’empêchement du Président de la République. La Constitution a été tout le temps bafouée et violée.

Un silence et un soupir.

– Nacer : Il a tout le temps respecté la Loi fondamentale du pays.

– Saïd : ne dit-on pas chez nous quand « le taureau est à terre les couteaux sont tirés ». On peut lui reprocher d’avoir

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fait du français la langue officielle en prononçant son discours devant l’assemblée française dans la langue de Bugeaud et de Bigeard. C’est une grave violation du droit.

L’humoriste français Vincent Roca (6) disait bien « en dehors de la langue française, il y a une seule langue que la constitution tolère : la langue de bois »

– Nacer : Et les alliées et les amis du Président et de son influent frère. Ils sont facilement accessibles par ce dernier qui leur a favorisé leurs intérêts en Algérie au détriment du pays si la presse dit vrai. Ils vont le protéger ainsi que son entourage qui, selon la presse, aurait considéré l’Algérie comme faisant partie de son patrimoine.

– Saïd : Les alliées ne sont jamais fidèles. Ils marchent avec celui qui donne le plus. Ni Abdelaziz ni son entourage ne peuvent plus donner. Le retour de manivelle peut commencer.

Un jeune qui suivait le dialogue intervient pour dire : « Il a voulu le pouvoir pour faire ce qu’il veut surtout se venger d’avoir été écarté en 1978, ce n’est pas sa faute mais celle des décideurs qui le lui ont donné »

– Nacer : Que fait le portrait du président Français ? L’Algérie qui, par milliers de chouhadas, avait recouvré son indépendance. Cinquante années après elle se retrouve sans souveraineté ou quoi ?

– Saïd : Lui qui nous avait ordonné de lever la tête « arfaa rasek ya ba. » Arrêtons, le sucre me monte. Les alliés sont comme l’oie, tu la gaves pendant des mois, elle ne te fera pas manger un jour.

– Nacer : Saïd, je constate deux choses qui n’augurent pas de beaux jours pour lui et son entourage.

– Saïd : Lesquelles ? Tu me fais peur.

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– Nacer : Il porte un peignoir noir et il est apparu après 40 jours d’absence.

– Saïd : Laissent tomber tes croyances ridicules.

– Nacer : Les gens diraient qu’il est apparu après avoir fait son deuil qui

dure, selon la tradition musulmane, 40 jours.

– Saïd : Et pourquoi ce deuil que tu es le seul à voir ?

– Nacer : Ces gens diraient aussi qu’il a perdu sa femme. La Présidence.

Laid Seraghni

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