• Aucun résultat trouvé

NSS +20:uncollectifinterdisciplinaireenmutation? Éditorial

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "NSS +20:uncollectifinterdisciplinaireenmutation? Éditorial"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

N a t u r e s

S ciences

S ociétés

Éditorial

NSS + 20 : un collectif interdisciplinaire en mutation ?

Natures Sciences Sociétés, 21, 269-270 (2013)

© NSS-Dialogues, EDP Sciences 2014 DOI: 10.1051/nss/2013114

Disponible en ligne sur : www.nss-journal.org

S’interroger sur le sens de l’interdisciplinarité vingt ans après la création de l’association NSS-Dialogues et de la revue Natures Sciences Sociétés : tel était l’enjeu du colloque qui s’est tenu à Cerisy-la-Salle du 30 septembre au 5 octobre 2013

1

. Ce colloque anniversaire a été l’occa- sion de mesurer le chemin parcouru. Il a aussi été l’occa- sion, pour le collectif NSS, de se confronter à d’autres approches interdisciplinaires et à de nouvelles théma- tiques de recherche afin de réaffirmer son identité.

L’identité est bien évidemment liée au contexte. À cet égard, celui du début des années 1990 était fort différent du contexte actuel, tant sur le plan de la politique inter- nationale (les promesses du sommet de la Terre de Rio) que du paysage scientifique français où l’interdisciplina- rité apparaissait comme marginalisée. Entre-temps, la crise écologique s’est approfondie et le changement cli- matique comme l’extinction massive des espèces sont désormais reconnus comme des faits avérés, sans que les politiques ayant succédé aux espoirs de Rio aient pris la mesure des transformations radicales à réaliser. La poli- tique nationale en matière d’enseignement supérieur et de recherche a connu des bouleversements profonds, notamment au niveau de l’évaluation. Quant au statut des recherches interdisciplinaires, elles se trouvent prises dans une injonction contradictoire : l’interdisciplinarité apparaît de plus en plus comme un prérequis dans la plu- part des appels à propositions de recherches tandis que les disciplines académiques semblent plus que jamais enfermées dans un mode d’évaluation standardisé qui ne laisse qu’une place très limitée aux travaux conduits en interdisciplinarité.

Comment tenir compte à la fois de l’héritage de vingt années d’une activité éditoriale exigeante, de qualité, se

1

Colloque « Interdisciplinarités entre Natures et Sociétés », sous la direction de Bernard Hubert et Nicole Mathieu, Cerisy- la-Salle, Centre culturel international de Cerisy, du 30 sep- tembre au 5 octobre 2013, http://www.ccic-cerisy.asso.fr/

interdisciplinaires13.html. Voir aussi, à la fin de ce numéro dans les pages de l’association NSS-Dialogues, le compte rendu de la journée de réflexion de l’association (6 décembre 2012) destinée à préparer le colloque de Cerisy.

voulant le reflet des préoccupations de son temps, et se projeter dans un futur, imprévisible par définition ? L’ouverture a été la piste choisie par le comité d’organi- sation afin de répondre à ce double enjeu. Ouverture à l’international tout d’abord, avec des conférences de plu- sieurs chercheurs étrangers, représentatifs de courants de pensée jugés proches des préoccupations de NSS ; ouverture thématique ensuite, tant par la présence de chercheurs ne travaillant pas sur l’interface nature- société que par l’organisation d’ateliers autour de thèmes proposés par les participants au colloque ; ouverture générationnelle enfin, avec l’invitation faite à une quin- zaine de jeunes chercheurs ayant déjà une expérience de l’interdisciplinarité.

On a pu constater que le projet initial de NSS reste per- tinent : on ne peut traiter des questions environnemen- tales que de manière interdisciplinaire et en lien fort avec la société. Mais l’actualité et l’urgence de ces questions, tout autant que les tensions entre disciplines, amènent à poser différemment la question de l’interdisciplinarité.

Celle-ci n’apparaît plus tant comme un défi ni comme une fin en soi – si elle l’a jamais été. Tenue pour acquise par un certain nombre de participants au colloque, sur- tout parmi les plus jeunes, l’interdisciplinarité doit plus que jamais être une entreprise collective dont les enjeux ont surtout paru, au cours de ce colloque, se cristalliser autour de trois tensions fondamentales : l’objet et la fonc- tion des collectifs interdisciplinaires, leur source de légi- timation et leur engagement dans les débats de société.

Le statut des objets dans les recherches interdiscipli-

naires a toujours été source de débat à NSS – d’aucuns

regrettant que, souvent, l’interdisciplinarité apparaisse

comme une fin en soi, détachée de ses objectifs (la com-

préhension d’un problème complexe) quand d’autres

refusent de ne constituer que des collectifs interdiscipli-

naires ad hoc. NSS a toujours cherché à articuler une

conception de l’interdisciplinarité appliquée à des objets

empiriques et une conception plus théorisée de la

démarche. Mais où situer le curseur entre une interdisci-

plinarité pour soi et une interdisciplinarité « orientée-

objet » ? À quel moment les chemins pris par les

Article publié par EDP Sciences

(2)

Éditorial : Natures Sciences Sociétés, 21, 269-270 (2013) 270

chercheurs engagés dans chacune de ces options diver- gent-ils ? Où sont leurs points de (re)convergences ? La question a été posée de manière originale par certains intervenants du colloque de Cerisy, et, en particulier, par les jeunes chercheurs. Ces derniers ont réalisé leur socia- lisation scientifique dans l’interdisciplinarité : celle-ci s’impose dans leurs démarches individuelles comme un fait évident qu’il ne faut surtout pas tenir pour acquis, mais sur lequel ils s’appuient pour poser différemment la question des collectifs interdisciplinaires. Pour eux, ces collectifs ne sauraient être fondés sur le rapprochement de différentes compétences disciplinaires orientées vers la résolution d’un problème, ni dans l’interdisciplinarité pour soi, mais sur la mise en commun de pratiques inter- disciplinaires organisées autour de questions de société, voire de postures scientifiques. Comment faire exister ces collectifs dans leur unicité et leur diversité ?

La question de la légitimation académique de ces col- lectifs, en particulier dans leurs rapports aux disciplines, a bien entendu été posée. La légitimation d’une dé- marche interdisciplinaire est-elle à rechercher dans les disciplines d’origine des chercheurs, dans un assemblage de disciplines en perpétuelle reconstruction, ou bien en- core dans des communautés épistémiques qui seraient organisées autour de démarches, de questions de société et/ou d’objets de recherche ? Le point précédent nous a montré que la dernière piste gagne aujourd’hui du ter- rain... Si NSS est resté à l’affût de ces mutations au cours de ces dernières années en faisant une place à certaines communautés épistémiques émergentes comme la politi- cal ecology, l’Alliance pour la résilience ou encore la sus- tainability science, la prise en compte des enseignements de Cerisy doit nous inviter à être encore plus attentifs à l’actualité de ces courants et à prendre au sérieux les questions que l’engouement qu’ils suscitent pose pour l’interdisciplinarité. Quelles innovations les collectifs interdisciplinaires rendent-ils possibles ou impossibles ? L’engagement des chercheurs, et, plus généralement, le rapport entre science et action, sont apparus comme

un troisième thème récurrent. Pour de nombreux partici- pants à Cerisy, cet engagement ne mérite pas de longs débats ; il s’impose plutôt comme une évidence. Pour- tant les formes que revêtent les collaborations entre les chercheurs et la société, entre les différentes conceptions des savoirs, leurs hybridations, génèrent encore bien des questions, comme en témoigne par exemple l’éditorial du premier numéro de 2013 (NSS, 21, 1). De surcroît, l’évidence mentionnée ci-dessus reste à légitimer dans les pratiques de recherche et l’évaluation. Les institu- tions sont-elles prêtes à reconnaître aux chercheurs la part de subjectivité inhérente à tout engagement ? Cer- taines des communautés épistémiques interdiscipli- naires que nous avons évoquées assument clairement cette position, sans que la légitimité de leur démarche soit remise en question dans l’évaluation scientifique.

Où puisent-elles cette légitimité ?

En somme, c’est la question de la construction, de l’articulation et de la légitimation de collectifs interdisci- plinaires fondés sur un continuum entre connaissance et action qui a été (re)posée à Cerisy. Le colloque anniver- saire a clairement fait apparaître que NSS avait un rôle majeur à jouer par rapport à ces collectifs. Partageant une culture et une histoire communes, les membres de NSS assument un certain nombre de valeurs, d’engage- ments et de pratiques scientifiques ; c’est aussi un lieu de débats où différentes options quant aux formes et aux fonctions de l’interdisciplinarité ont toujours su coexis- ter. Il reste que le colloque de Cerisy a mis en évidence que ce positionnement et ce rôle doivent être plus claire- ment affichés, en particulier au regard des trois points évoqués ci-dessus.

Xavier Arnauld de Sartre,

Olivier Petit

Références

Documents relatifs

Courant primaire (A) Primary rated

En fait, tout attouchement imposé sur le sexe ou sur les fesses, les seins, les cuisses et la bouche sans le consentement de la personne concernée est une agression et c’est

les thèmes abordés, les interventions étaient suffisamment étendus pour que nous y trouvion s notre miel, et peut-être aussi, que nous redécouvrions que dans

Ce sont aussi des membres du CMFC qui ont créé des communautés de pratique pour soutenir leurs pairs dans leurs besoins de maintenir leurs compétences et d’acquérir,

Ainsi, parmi les diplômés d’un 2 e ou 3 e cycle universitaire ayant trouvé un em- ploi, la moitié des jeunes hommes est cadre, mais seulement le tiers des jeunes femmes..

Les grandes épidémies ont été éradi- quées grâce à des médicaments et vaccins qui contiennent tous des mo- lécules et substances chimiques, mais pour cela, il

En guise de solution, et ce, bien avant la hausse des prix actuels, le Syndicat a débuté son pro- jet de négociation collective du sciage résineux sapin-épinette dans le but que

Tandis que dans un des chapitres introduisant son livre Blumenthal traite des conjonctions et pronoms en principe subordonnants (parce que, quand, qui, que, si bien que, de sorte