J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS
La Finlande d’aujourd’hui
Journal de la société statistique de Paris, tome 60 (1919), p. 235-236
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-LA FINLANDE D'AUJOURD'HUI
Malgré les vicissitudes de la guerre mondiale qui ont été aussi ses propres vicis- situdes, la Finlande n'a pas oublié la statistique et elle vient de publier son Annuaire (Suomen tilastollinen Vuosikirjé) pour 1919.
Comme d'habitude, ce travail nous apporte une quantité de renseignements très précieux en particulier pour le moment présent. Nous allons passer en revue les principaux.
La superficie de la Finlande est un peu plus des deux tiers de celle de la France, soit 377.000 kilomètres carrés, dont plus de 44.000 couverts par les lacs infiniment nombreux qui, on le sait, tapissent le pays. La population était de 3.300.000 habi- tants en 1915 : elle était de 2.712.000 en 1900, 2.070.000 en 1880, de 1.636.000 en 1850, enfin de 1.036.000 en 1815. Dans l'espace d'un siècle, la population a donc plus que triplé; elle dépasse aujourd'hui celle de la Norvège et du Danemark. La très grande majorité des habitants, 2.788.000 ou 85 %, appartient aux communes rurales; seulement 512.000 ou 15 % forment la population urbaine. Il n'y a cepen- dant que six villes de plus de 20.000 âmes, mais la principale, Helsingfors, avec 176.000 habitants a plus que doublé sa population depuis 1890 et renferme à elle seule le tiers de la population urbaine du pays.
La répartition des sexes offre un équilibre remarquable : 50,3 % de sexe féminin pour 49,7 % d'hommes. Au point de vue linguistique, le finnois est l'idiome de la très grande majorité, 2.572.000 (en 1916); le suédois était parlé par près de 340.000 personnes, soit une proportion respective de 88 et 11,6 %; le reste appartenait au russe. Mais le taux du finnois s'élevait à 90,4 % dans la population rurale et n'était que de 73,8 % dans la population urbaine, tandis que celui du suédois était respec- tivement de 92,6 à 25,3 %. Sur les huit gouvernements (laani) du pays, un seul détenait une minorité importante de langue suédoise, celui de Nyland, avec un taux de 41,2 % contre 58 au finnois.
Le luthérianisme est la confession de presque tous les habitants : 3.057.000 sur 3.115.000 en 1910; on ne comptait, à cette date, malgré l'influence de la Russie, que 52.000 catholiques grecs.
Au point de vue professionnel, l'agriculture tient de beaucoup le premier rang;
elle occupe (famille comprise) 1.938.000 personnes, soit 66,3 %de la population. La part de l'industrie est de 13,2 %; celle du commerce et transports de 5 %, etc. Le maximum de la profession agricole se trouve dans le gouvernement de Saint-Michel avec 82 %; celui de la profession industrielle dans le Nyland avec 19 % seule- ment.
• Dans l'ensemble du pays, l'étendue cultivée est fort minime : 1.878.000 hectares (en 1910), soit seulement 5,6 % de la superficie totale : ce taux variait de 0,7 % dans le gouvernement d'Uleaborg à 20 % dans celui de Nyland. Les forêts et les terres incultes constituent 91,5 % du sol. Les principales céréales sont l'avoine et le seigle avec une surface respective de 400.000 et 140.000 hectares.
La petite propriété est le régime dominant : sur les 221.000 exploitations agri- coles, seulement 14.100 dépassaient 25 hectares et la majorité des exploitations étaient gérées par leurs propriétaires : 60 %.
La production industrielle était évaluée, en 1915, à 884 millions de marks, au lieu de 612 en 1910. C'était donc une sensible progression. L'industrie des produits alimentaires donnait 263 millions dont 115 pour la minoterie; l'industrie du papier, 131 millions, celle du bois 118 millions, la métallurgie 94 et l'industrie textile, 92 mil- lions. Environ le quart de la production industrielle (215 millions) revient au gou- vernement de Nyland.
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Le total des échanges était en 1916, de 1.474 millions de marks, soit 963 aux importations et 511 aux exportations. Le mouvement commercial s'était beaucoup accru avec la Russie, depuis la guerre : de 113 et 125 millions de marks, en 1913 et 1914, le total des exportations passait à 204 et 480 millions en 1915 et 1916; celui des importations, de 139 et 144 millions en 1913 et 1914, s'élevait à 382 et 593 millions en 1915 et 1916. Après la Russie, la Suède importait pour 323 millions et achetait en Finlande pour 30 millions de marks. La part des autres pays était insignifiante.
Mais avant la guerre la Finlande achetait à l'Allemagne pour 202 millions et lui vendait pour 52 millions de marks (1913). A cette date, l'Allemagne tenait la plus grosse part du commerce finlandais — même avant la Russie. — La guerre aussi a introduit un changement important dans le mode des échanges commerciaux de la Finlande. Avant 1914, la majeure partie des échanges se faisait par mer : 75 %
— depuis 1914, c'est par terre qu'elle se fait : 55,7 %. — Aux importations figurent principalement les céréales (206 millions de marks), les denrées coloniales (134 mil- lions), les métaux (133 millions), les matières textiles (84 millions). La Finlande exporte surtout la pâte de bois (253 millions), les bois (70 millions) et les produits agricoles (51 millions). L'exportation des pâtes de bois pour le papier avait plus que quintuplé depuis 1910.
La Finlande disposait, en 1915 de 4.035 kilomètres de chemins de fer, dont les neuf dixièmes appartiennent à l'État. Cette même année, le mouvement des ports était de 15.800 bateaux, avec un tonnage de 2.430.000 tonnes. En 1913, le ton- nage dépassait 7.300.000. Cette baisse était naturellement une conséquence de la guerre.
Par contraste avec la Russie, la Finlande possède un enseignement remarquable- ment développé. L'Université d'Helsingfors, qui comprend aussi l'école d'agriculture, comptait en 1909 un personnel de 232 professeurs lecteurs ou assistants avec 3.215 étudiants, dont 804 femmes, surtout nombreuses dans la Faculté historico-philolo- gique. Le total des étudiants avait plus que triplé depuis 1880 et à cette date, l'élé- ment féminin était réduit à l'unité. L'enseignement supérieur est encore donné par l'École supérieure polytechnique avec 596 étudiants (1917).
L'enseignement secondaire était donné dans 71 lycées dont 21 sont de langue suédoise : ils étaient fréquentés (1917) par plus de 16.000 élèves, dont plus de 5.000 jeunes filles. La plus forte proportion de celles-ci appartenait aux établissements privés.
Enfin, les écoles primaires étaient au nombre de 4.600, dont 700 suédoises, avec un total de plus de 7.000 maîtres dont plus de 4.000 femmes et de plus de 195.000 élèves (26.000 pour les écoles suédoises). Les dépenses de l'enseignement primaire étaient de plus de 17.800.000 marks. Le nombre des illettrés était infime: il n'attei- gnait même pas 1 % en 1910.
P. M...
