A NNALES DE L ’ UNIVERSITÉ DE G RENOBLE
L ADISLAS B ÉRÉGI
Hydrogénation catalytique des composés éthyléniques et azotés en présence du nickel de Raney
Annales de l’université de Grenoble, tome 23 (1947-1948), p. 371-450
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Hydrogénation catalytique
des
composés éthyléniques
et azotés enprésence
du
Nickel
deRaney
par L. BÉRÉGI
(Grenoble.)
AVANT-PROPOS
Peu de
catalyseurs
ont connu autant de variantes et de modifica- tions dans leurpréparation
que le nickel deRaney :
les différentsexpérimentateurs
se sont efforcés desimplifier
et d’améliorer lestechniques
tout en conservant leurprincipe
mêmequi
consiste dans letraitement,
par une lessive desoude,
d’unalliage
de nickel avec une matièredépourvue
d’activitécatalytique.
L’élimination de cette substance(aluminium)
par corrosion sélectivepermet
d’isoler lecatalyseur.
Lespropriétés
de celui-ci sont dominées par laprésence
de
l’hydrogène
dans lecatalyseur,
sous forme d’unehydrure
decomposition
voisine de Ni2Hd’après Bougault [i],
fixésimplement
comme une solution solide
d’insertion,
suivantAubry [2] (’).
Lepyrophorisme
ducatalyseur
serait dû à laprésence
del’hydrogène,
ce dernier
paraît
même provoquer une distorsion dans le réseau du métal. Le nickel deRaney
semble êtreprotégé
parl’hydrogène
occlus,
eneffet, chaque grain
de métal serait entouré d’un filmd’hydrogène actif,
ionisépositivement.
Sagrande
activité est due àson état de division d’une
part,
et au faitqu’il
secomporte
commeune électrode réversible. Ainsi que
je
le montrerai à la fin de cetravail, l’hydrogène
contenu dans lecatalyseur peut
être mis àcontribution pour effectuer des
hydrogénations
en l’absence del’hydrogène
moléculaire.Mes recherches sur les liaisons non saturées m’incitèrent à étudier certaines anomalies constatées au cours
d’hydrogénations
danslesquelles
le nickel deRaney
ne semble pas se borner à un rôlepurement catalytique.
L’exposé
duprésent
travail sera divisé en troisparties :
(’) Observons que le nickel réduit n’occlut pas l’hydrogène même à haute température,
alors qu’il absorbe ti i à 18 fois son volume après polarisation cathodique à la pression
ordinaire [3].
La
première comprend : d’abord,
l’examen des différents facteurs inlluant sur l’activitécatalytique
et les vitessesd’hydrogénation ;
ensuite,
l’étude des effets structuraux déterminant la vitesse de fixation del’hydrogène
pour descomposés éthyléniques aliplia- tiques.
La deuxième
partie
est consacrée à1 hydrogénation
des oximes etdes azines, à l’étude du mécanisme de la formation des amines secondaires à
partir
des oximes.Enfin la troisième a trait à des actions
particulières
du nickel deRaney.
*
~ ~
Avant d’entrer dans le vif
du sujet, qu’il
me soitpermis
d’adresser icimes sincères remerciements à mon maître, M. le Professeur R. Heil-
mann
pour l’intérêt constant
qu’il
aporté
à mes recherches et pourson incessante sollicitude durant les années
passées
au laboratoire de ChimieOrganique
de la Faculté des Sciences de Grenoble. Par sabienveillance inlassable et ses
encouragements
aux moments lesplus
difficiles,
il agrandement
facilité ma tâche. Enparticulier, grâce
àses
critiques
averties et à sessuggestions toujours heureuses,
il m’a rendupossible
une rédactionqui
m’étaitspécialement
malaisée.Je me fais en même
temps
un devoird’exprimer
ma reconnaissance à M. le ProfesseurAndrieux,
directeur de l’Institutd’Électrochimie
et
d’Électrométallurgie
deGrenoble,
pour l’intérêt bienveillantqu’il
m’a
toujours témoigné
et pour l’honneurqu’il
m’a fait enacceptant
la
présidence
de cette thèse.Je remercie vivement M. le Professeur Dodero
qui
a bien voulus’intéresser au
développement
de ces recherches.Ma reconnaissance va à M. le Professeur
Delépine,
membre de l’Ins-titut,
dont les travaux surl’hydrogénation catalytique
enprésence
denickel de
Raney
activé par des métauxprécieux
m’ont souventguidé
et
qui
a bien voulucommuniquer
les résultats de mes recherches à l’Académie des Sciences.Il m’est
également
trèsagréable
de remercier ici M.Freymann,
Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de
Rennes,
et M.Dubois,
Assistant à la Faculté des Sciences deGrenoble,
monami, qui
m’ont fait maintes foisprofiter
de leurcompétence
scienti-fique.
Pendant une
grande partie
dutemps
consacré à mes recherchesj’ai
bénéficié d’une bourse du Centre National de la Recherche375 Scientifique à qui je
doisexprimer
toute magratitude
pour l’aidequi
m’a été ainsiapportée.
Je remercie enfin tous mes camarades de
laboratoire,
M"eBarnaud,
MM.Blum, Bonnier,
Gaudemaris etWeisz,
d’avoir contribué à laréussite du
présent
travail.Je tiens â faire
l’hommage
de toute magratitude
à la France oùj’ai toujours
trouvé un accueil cordial et sans réserves.PREMIÈRE
PARTIEVITESSES D’HYDROGÉNATION
.
CHAPITRE PREMIER
Préparation et activation du catalyseur.
Quand
onparcourt
la littérature du nickel deRaney,
on estfrappé
de ce que les conditions de la
préparation
ducatalyseur
varient d’unexpérimentateur
à l’autre etqu’elles
sont fixées tout à fait arbitrai- rement. Enfait,
nous avonsremarqué
des différences notables dans l’activité de cescatalyseurs, préparés
suivant les indications de diffé-rents chercheurs.
I. - Influence des conditions de
préparation
ducatalyseur
sur son activité.
Il ressort des observations
puisées
dans de très nombreux travauxque l’activité propre du
catalyseur dépend principalement
de troisfacteurs que nous passerons successivement en revue.
A. - AGE DU CATALYSEUR.
Au cours de sa
conservation,
le nickel deRaney perd
lentementl’hydrogène
en mêmetemps
que son activité diminue. Ilpeut
êtrenéanmoins utilisé
longtemps après
sapréparation
s’il estgardé
dans un flacon
complètement rempli
d’alcool absolu et bien bouché.B. - DURÉE ET CONDITIONS DU TRAITEMENT ALCALIN.
La
préparation
ducatalyseur
et, enconséquence,
ledegré
d’éli-mination de l’aluminium de
l’alliage
initial sont de toutepremière
378
importance
dans leshydrogénations
à lapression atmosphérique,
car la vitesse
d’absorption dépend
engrande partie
de l’état de division ducatalyseur.
Del’attaque
alcaline del’alliage
initial il résulte une structurelacunaire ;
celle-ci serait à la base de lagrande
activité du nickel de
Raney [4].
Lecatalyseur
estdéjà
actif pour uneteneur de 17 pour 100 en
aluminium ;
le maximum d’activitéparait correspondre
à 1-5 pour 100[5] [6].
Le tableau suivant donne les
caractéristiques
des différents pro- cédés depréparation indiqués
par lesprincipaux
auteurs ; onremarque
qu’ils
diffèrent surtout en cequi
concerne la durée et latempérature
duchauffage.
REMARQUE
I. - On n’a pas calculé lerapport NaOH/Al
pour les pro- cédés n°s 1,2 eut3,
où la lessive est renouvelée en cours depréparation.
REMARQUE
II. - Leprocédé
n° 6 se différencie nettement des379
autres, par le maintien
rigoureux
de latempérature
à 500. Selon lesauteurs, ce
catalyseur permet l’hydrogénation
des esters en alcoolsà 25’’-5o°. Par suite du manque d’indications
précises
en cequi
concerne les vitesses et la durée de ces
hydrogénations,
nous nepouvons affirmer avoir pu
reproduire
cecatalyseur.
C. - LAVAGE DU CATALYSEUR.
Le
lavage
est le dernier stade de lapréparation
ducatalyseur.
Sonimportance
a étésoulignée
par les travaux deDelépine
et Horeauqui
ont montré que des traces de soude restant dans lecatalyseur peuvent
considérablementaugmenter
les vitesses du début[5].
Parcontre, l’aluminate de soude et l’alumine non éliminés diminuent l’activité du nickel de
Raney.
Grâce aune méthode delavage
continuà l’abri de
l’air,
ainsi que par l’abaissement de latempérature d’attaque
et de la diminution de sadurée,
Pavlic et Adkins(procédé
nO
6)
ont réussi àpréparer
uncatalyseur
de trèsgrande
activité.Nos essais - sur
lesquels
nous reviendronsplus
loin(cf.
p.15) -
ont montré que l’influence des deux derniers facteurs
indiqués
parces auteurs sur l’activité
catalytique
estplus importante
que celle de la méthode delavage.
Partie
expérimentale.
Nous avons étudié successivement les différents modes de
prépa-
ration du nickel de
Raney
etcomparé
l’activité descatalyseurs
ainsiobtenus sur des corps donnés.
Le
dispositif classique d’hydrogénation
a été modifié pour per-mettre de suivre simultanément deux
opérations :
ilcomporte
deuxéprouvettes graduées
de 1 ooo ce. Les fiolesd’hydrogénation
sontde
grand
volume parrapport
auliquide
mis enjeu,
afinqu’il
subsiste au-dessus du
liquide
une réserved’hydrogène
suffisantepour en
permettre
la diffusionrégulière.
Ce sont des flaconsPyrex
de 5oo cc. à deux tubulures
supérieures.
L’une est reliée par l’in- termédiaire d’un tube en T à uneéprouvette graduée,
dans l’autreest fixé un thermomètre à
grande longueur plongeante.
L’ouverture inférieure de la fiole sert auremplissage
et à lavidange,
elle facilite par saposition
l’évacuation ducatalyseur.
Les
expériences
ont été effectuées dans des conditions aussi iden-tiques
quepossible.
Pour éliminer le facteur vitessed’agitation,
deuxessais
comparatifs
étaient faitssimultanément,
les fiolesd’hydrogé-
nation étant
placées
sur unappareil
à secousses actionné par un moteurélectrique. L’agitation
était de l’ordre de 120- 130trajets
alleret retour par minute.
La
comparaison
descatalyseurs
était ainsi extrêmementsimple, puisqu’on pouvait.
suivre le volumed’hydrogène
fixé sur deuxrécepteurs
et en déduire les vitessesrespectives d’hydrogénation.
Nous avons suivi la marche des
expériences
en construisant des courbesd’hydrogène
absorbé en fonction dutemps.
Il nous semble que seule la
comparaison
des vitesses correspon- dant àla fixation
de la moitié del’hydrogène théorique permet
detirer des conclusions, divers facteurs
pouvant
intervenir vers la fin de la réaction(ex. :
variation de la surfaceactive) [10].
A. - INFLUENCE DE LA DURÉE DE PRÉPARATION
SUR L’ACTIVITÉ CATALYTIQUE.
1. - Comparaison des catalyseurs.
Le nickel de
Raney
seprésente
sous forme d’unepoudre grise,
très fine. Son
aspect ehange
selon la finesse del’alliage
dedépart
etaussi la durée du traitement
alcaline). Ainsi,
le volumeapparent
de10 gr. de
catalyseur préparé
suivant leprocédé
Adkins-Covert[7]
(durée
9h.)
est de 5 cc., alorsqu’il
est de 9 cc. par la méthode deDelépine-Horeau [5].
1 ré SÉRIE D’ESSAIS.
HYDROGÉNATION DE LA PENTENONE-3-2
(2) Les alliages Ni. A12 à 5o pour too de Ni ont été aimablement fournis par l’usine
« Progil » de Pont-de-Claix, à qui nous sommes heureux d’exprimer ici nos bien vifs
remerciements.
381 Nous n’avons pas cru devoir
reproduire
le détail de toutes nosexpériences.
Un trèsgrand
nombre d’essais sur desrécepteurs
diflë-rents ont été faits dont les résultats nous autorisent ù
généraliser
lesconclusions.
Dans les essais
types qui suivent,
effectués sur des substancesdifférentes,
nous n’avons pas cherché â isoler lesproduits d’hydro- génation
dont la nature ici nousimportait
peu.Dans le tableau
ci-dessus,
nous avons mentionné les volumesd’hydrogène
absorbés au fur et à mesure de laréaction,
enprésence
des
catalyseurs
obtenusd’après
les différentsprocédés
deprépa-
ration.
2e SÉRIE D’ESSAIS
HYDROGÉNATION DU FURFURAL
Le
pouvoir catalytique
différent descatalyseurs
est nettementconsigné
dans ces courbes. On constate, eneffet,
que le nickel deFig. i - Récepteur : t/ao mol. Solvant : éthanol (6o ce.). Catalyseur : 5 gr.
Raney préparé
suivant lesprocédés
n°S 4 et 5hydrogène
le furfuralbien
plus rapidement,
que ce mêmecatalyseur
de nOS3,
2 ou 1.Pour contrôler le
degré
degénéralité
de ce classement des cata-lyseurs,
nous avons été amené à faire des essaisanalogues
surl’oxyde
demésityle, l’aldéhyde benzoïque
et laméthyl-éthyl
cétone.rappelons qu’une
étude effectuée en collaboration avec MM. H. Heil-mann et J.-E. Dubois sur la
préparation
et l’activation du nickel deRaney
a nettement mis en évidence lasupériorité
ducatalyseur
obtenu par la méthode
Delépine-Horeau
sur celuipréparé
par leprocédé
Covert-Adkins dansl’hydrogénation
desméthylcétones I I ~ .
2. -
Échelle
d’activité des catalyseurs.Il est
possible
de dresser une échelle d’activité descatalyseurs ;
celle-ci est valable pour les
composés
saturés et non saturés. A ceteffet,
onpeut
éva-luer
comparative-
ment les volumes
d’hydrogène
absor-bé pour une durée déterminée au cours
d’opérations
réali-sées en
présence
dedifférents
cataly-
seurs.
Si l’on donne au
volume
d’hydro- gène maximum,
mesure avec un ca-
talyseur donné,
lavaleur 100 pour
100, on pourra cal- culer par
rapport
àce dernier les pour-
centages
correspon- dantauxautrescata-lyseurs. D’après
lamoyenne des
cinq hydrogénations
in-diquées plus haut,
l’échelle d’activité serait la suivante : Les résultats
exprimés graphiquement permettent
une division des modes depréparation
en deuxcatégories :
383 1. -- Nos 1 et 2. Durée de
préparation longue (9
li. -6oli. ) ;
II. -- Nous 4 et 5. Durée de
préparation
courte(4o
min.-min. ).
Le No
3,
avec une durée de 3 h. est intermédiaire entre les deuxcatégories.
RÉSUMÉ. - Les essais
précédents prouvent
l’influence considérable de la durée depréparation
sur l’activité propre ducatalyseur.
Lesprocédés Delépine-Horeau
etBougault-Cattelain-Chabrier
conduisentà des
catalyseurs
très actifs.B. - INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE DE PRÉPARATION
SUR L’ACTIVITÉ CATALYTIQUE.
En
possession
d’un nombreimportant
de faitsexpérimentaux
concernant l’activité des
catalyseurs,
il nous a paru nécessaire d’étu- dierséparément
l’influence de latempérature
de lapréparation
surl’activité finale d’un
catalyseur
donné.Comparant
entre eux, descatalyseurs
obtenus à destempératures différentes,
nous avons noté des différences sensibles d’activité. Unetempérature
élevée au cours del’attaque
alcalineparaît
nuisible auxcentres actifs et, de
plus,
favorisel’oxydation
du métal au contactde l’eau. Nous avons donc
pensé
que lecatalyseur préparé unique-
ment à froid par
l’emploi
de la soude engrand
excès sanschauffage
ultérieur au
bain-marie,
donnerait de meilleurs résultats que le nickel deRaney
obtenu sans refroidissementpendant
l’addition del’alliage
et
porté
au bain-marie bouillantpendant
3 heures.Dans le tableau suivant nous avons
rapporté
les résultats obtenus.ESSAI ? I.
On voit
d’après
ce tableau que le contactprolongé
du nickel avecla solution d’aluminate de soude à
froid
n’est pasfavorable
à l’activitédu
catalyseur.
ESSAI No 2.
A. 5 gr. de nickel ont été
préparés
par addition del’alliage
à lalessive de soude maintenue entre 00 et 100
pendant
35 minutes. Le milieu étaithomogénéisé
paragitation mécanique.
Ensupprimant
la
réfrigération,
latempérature
monte à52-540.
On continuel’agi-
tation
pendant
5o autresminutes, puis
onporte
le tout au bain-marietout en maintenant la
température
à 500(ro min.).
B. La même
quantité
de nickel a étépréparée
à latempérature
constante de 500. La durée totale de la
préparation
étaitégale
à laprécédente.
Voici les résultats obtenus dans la réduction de
1/20
mol. d’acé-tone.
On voit
d’après
cesexpériences qu’une température
relativement bassependant
lapremière phase
de lapréparation
favorise l’activitécatalytique. D’ailleurs,
les chiffresindiqués
par Velluz et Amiard dansl’hydrogénation
del’ortho-cyanobenzoate
deméthyle [12]
paraissent
confirmer nos résultats :REMARQUE.
- Dans les essaisd’hydrogénation
de l’acétone nous n’avons pas réussi à retrouver les vitesses observées parDelépine
etHoreau
[5].
385 ESSAI No 3.
L’hydrogénation comparée
de lacyclohexanone (1/20 mol.) purifiée
sur le nickel deRaney,
a donné les résultats suivants avecles
catalyseurs A,
B et un nickelpréparé
à ioo(C) :
Résumé. - Pour éliminer la
plus grande partie
del’aluminium,
v
il est
préférable d’employer
un excèsd’alcali, plutôt
que detrop prolonger
lechauffage.
Ceci d’autantplus, qu’une
courte durée decontact
alcali-alliage paraît
favoriserl’attaque
enprofondeur.
Les tableaux résumant les
expériences comparatives
faites surdifférents
récepteurs
font ressortirl’importance
de latempérature pendant
les deuxphases
de lapréparation
ducatalyseur.
10 Phase d’introduction de
l’alliage
dans la lessive de soude.Il est
avantageux
de maintenir latempérature
entre o° et r o°, etutiliser
l’agitateur mécanique.
2" Phase de
complément
del’attaque
alcaline :La
température optima
est 50°.REMARQUE.
- Lesexpérimentateurs pensaient préparer
un cata-lyseur
très divisé par uneattaque
alcalineprolongée. Or,
commenous l’avons
démontré,
la durée et latempérature
duchauffage
diminuent sensiblement le
pouvoir catalytique.
Pour obtenir un nickel de
Raney particulièrement
divisé et très actif, nousavons donc mis au
point
latechnique
suivante :Dans un bécher de 800 ce. contenant
25 gr. d’alliage
couvert par 5o cc. d’eau,on introduit par
petites portions
120 cc. d’une solution de soude à 3o pour 100.L’agitateur mécanique
fait tomberrapidement
la mousse, l’eauglacée
entourant tle bécher permet de maintenir la
température
entre 5 et 100.Lorsque
toute la solution a étéajoutée,
on arrêtel’agitation
etsupprime
laréfrigération. L’attaque
sepoursuit
et la vive effervescence fait monter la tem-pérature
à 5o-520(3o min.).
25
On recommence
l’agitation.
Au bout de 3o minutes on décante la lessive usée pour laremplacer
par unégal
volume de soude fraîche. Onplonge
le bécherdans un bain-marie. On maintient la
température
à 5o°(2o min.).
La
suspension
ainsi obtenue estagitée pendant quelques
minutes, le nickelfloconneux est lavé
jusqu’à
la neutralité dans un ballon de t0 litres danslequel
la décantation se fait aisément.
Ce
catalyseur
est extrêmement actif maisparaît
être moins pyro-phorique
que le nickel deRaney préparé
par les autresprocédés.
Ces
propriétés
sont très voisines de cellesindiquées
par Pavlicet Adkins
(g~. D’après
ceschercheurs, rappelons-le,
lepouvoir
cata-lytique exceptionnel
de leurcatalyseur
serait dû à leur méthode delavage
à l’abri de l’air et à la diminution de latempérature
del’attaque
alcaline. De notre côté, nous attribuons lagrande
activité- comme l’extrême finesse - du nôtre, à
l’attaque
uniforme del’alliage.
II. - Influence des divers facteurs sur la vitesse
d’hydrogénation.
Dans le
premier paragraphe
de cechapitre,
nous avons étudié les conditions depréparation
ducatalyseur qui
influent sur son activitéfinale. Pour
compléter
sonétude,
il était intéressant de connaître les diversfacteurs, indépendants
ducatalyseur,
dont est fonction la vitessed’hydrogénation.
Rappelons
que laplupart
de nos courbesd’hydrogénation
accusentune diminution
régulière
de la vitesse au fur et à mesure que la réaction progresse et, que dans les autres cas, on observe une chute brutale de la vitesse et l’arrêt del’hydrogénation.
Il est évidentpourtant
que la masse ducatalyseur
restant constantependant l’hy- drogénation,
la vitesse devraitaugmenter
au fur et à mesure de latransformation du
composé
non saturé.Quels
sont les facteursqui peuvent
influer sur l’activité actuelle etson
expression :
la vitessed’hydrogénation
Ce sontl’empoisonnement
du
catalyseur
et aussi latempérature
du milieu.A. - EMPOISONNEMENT DU CATALYSEUR~
Le
catalyseur peut
êtreempoisonné
par des tracesd’impuretés
contenues dans certains
composés
soumis àl’hydrogénation
maisaussi par des
produits d’hydrogénation
condensésqui imprègnent
le387
métal en s’accumulant sur les surfaces actives
(,’).
Nous avonsconstaté que le nickel de
Raney
laissé au contact des cétoneséthylé- niques perdait complètement
son activité. Calassignale
ce mêmephénomène
avec lacamphorone [i3j.
Selon luil’empoisonnement
serait
plus
accentué avec des cétonespréparées depuis
un certaintemps
et donclégèrement oxydées.
La formation desproduits
tendant à diminuer l’activité du
catalyseur expliquerait
non seule-ment les vitesses
d’hydrogénation
faibles des cétoneséthyléniques
non
purifiées,
maiségalement
le mauvais rendement de ladéshy- drogénation
au reflux des alcools secondaires sur le nickel deRaney [t4].
Comme des traces
d’impuretés peuvent complètement
fausser lescomparaisons
des vitessesd’hydrogénation,
il nous a paru nécessaire depurifier
lesrécepteurs (cétones éthyléniques,
cétonessaturées)
avec soin. A cet effet nous nous sommes arrêtés à la
technique
sui-vante :
10 Contact
prolongé
de la substance àhydrogéner
avec lecatalyseur
fraîchement
préparé,
à froidpuis
aureflux ;
20 Distillation en
présence
ducatalyseur.
Le nickel de
Raney,
très divisé absorbe lesimpuretés grâce
à satrès
grande
surface. On effectue ensuitel’hydrogénation
enprésence
d’une nouvelle dose de nickel.
B. - TEMPÉRATURE DU MILIEU.
On sait que les réactions
catalytiques
sont relativement faibles à bassetempérature,
alors quel’adsorption
est très forte.L’augmenta-
tion de la
température
favorisel’hydrogénation
par la mise en libertéplus rapide d’hydrogène
del’hydrure
de nickel formé intermé- diairement.Nous avons effectué à
45-550 quelques hydrogénations réputées
comme lentes à la
température ambiante,
-exigeant
un « niveauthermique »
un peuplus
élevé. Cettetempérature
n’étaitjamais dépassée,
car sous lapression
de la tension de vapeur dumélange solvant-récepteur
la fiole tendraitprogressivement
à refoulerl’hydro-
(3) La surface du catalyseur n’est pas homogène, elle est spécialement active en certains points situés sur les parties les plus saillantes appelés « centres actifs )).
L’empoisonnement des centres actifs peut affaiblir la vitesse d’adsorption de l’hydrogène
de la même manière que celle de la fixation d’hydrogène sur un accepteur étranger.
gène.
Les azines, les cétoximes, lesaldéhydes
et les cétoneséthylé- niques s’hydrogènent
ainsi d’unefaçon satisfaisante.
Ci-dessous
figure
un tableau d’un essaitype
surl’aldéhyde
cinna-mique.
Les chiffres mettent en évidence la variationimportante
de lavitesse en fonction de la
température.
C. -
QUANTITÉ
DU CATALYSEUR.L’influence de la masse du
catalyseur
sur la vitessed’hydrogéna-
tion n’a pas été
précisée
dans laplupart
des travaux. Elle intervientsurtout dans les
hydrogénations
difficiles où lecatalyseur
sefatigue rapidement.
Ainsi i nous avons observé quel’hydrogénation
desaldazines
nepeut
être menée à bien si laquantité
ducatalyseur
estinsuffisante.
Dans le but de
préciser l’importance
de cefacteur,
nous avonseffectué une série
d’essais,
en faisant varier laquantité
decatalyseur
utilisé. Celle-ci est
exprimée
enpoids
àpartir
del’alliage
initial.Dans
l’expérience qui suit,
on apesé puis
soumis simultanémentau même traitement
quatre portions d’alliage
à 5o pour 100 depoids respectifs :
~~ gr., i o gr., 14 et 2 o gr.HYDROGÉNATION DE LA MÈTHYL-3 PENTÈNONE-3-9,
On voit
d’après
ces courbesque la quantité
decatalyseur
a peud’influence
sur la vitesse au delà d’une certaine valeur.Ces résultats sont t
comparables
à ceux obtenus par Velluz et389
Amiard [1 2]
dansl’hydrogénation
de1’0rtho-cyano-benzoate
deméthyle.
Fig. 3. - Récepteur : 1/20 mol. - Solvant : éthauol (4o cc.).
D. - NATURE DU SOLVANT.
L’emploi
des alcools commedispersants
donne incontesta- blement les vitesses lesplus élevées,
tout au moins en cequi
concerne
l’hydrogénation
descomposés
àgroupement
carbo-nyle.
Les
expériences qui
suivent ont été effectuées dans des solvantsdifférents,
et enprésence
de la mêmequantité
decatalyseur prélevée
dans un même échantillon.
Voici les résultats obtenus dans
l’hydrogénation
de laméthyl-3
pentènone-3---.
.E. - VITESSE D’AGITATION.
La vitesse
d’absorption
del’hydrogène
est fonction del’agitation
sans être
proportionnelle
à celle-ci. Eneffet,
la vitessed’agitation qui
favorise le renouvellement de contact entre lerécepteur, l’hy- drogène
et lecatalyseur
a une influence considérable sur la marche duphénomène d’absorption ;
carl’hydrogénation
nepeut
se pro- duire que si le milieu est suffisammentchargé d’hydrogène.
Cedernier doit diffuser à travers le
liquide protégeant
lecatalyseur
etatteindre les centres
actifs,
Si la vitessed’agitation
n’est pas suffisante lecatalyseur s’agglomère
enpetites
masses et son mauvais contactavec le corps à
hydrogéner empêche
la réaction de sepoursuivre,
toutefois dès
qu’une dispersion
suffisante estatteinte,
on ne remarqueplus d’augmentation
notable de la vitessed’hydrogénation.
I1I. - Promoteurs
d’hydrogénation.
Les
promoteurs
sont des substancespossédant
ou non une activitécatalytique
propre maisqui, incorporées
en faiblequantité
dans lemilieu
d’hydrogénation,
sontcapables
deproduire
uneffet catalytique plus grand
que celuiqu’on pouvait
attendre de l’addition des activitésde
chaque
constituant[15].
-Déjà Brochet [ 16], puis
Faillebin[
I~~
constatèrent le rôle extrême- mentimportant
de certaines tracesd’impuretés présentes
dans lecatalyseur,
et admirent que le métalchimiquement
pur doit être tout à fait inactif. L’actionpromotrice s’expliquerait
par la modifi- cation de la structure,l’augmentation
de la surface et dupouvoir
adsorbant du
catalyseur.
En ce
qui
concerne le nickel deRaney,
nousdistinguerons
l’acti-vation par des métaux et par la soude.
A. - ACTIVATION PAR DES MÉTAUX.
1. - Les métaux ferreux comme promoteurs,
Comme nous l’avons
déjà
vu, le nickel deRaney
renfermeprinci- palement
de l’aluminium dont la teneur varie suivant lapréparation,
mais
dépasse
rarement 5 pour I oo : -, il contientégalement
commeimpuretés
du fer, du cobalt, dumanganèse,
du silicium et du39
1cuivre. Ces métaux ont une certaine influence sur l’activité cata-
lytique,
leurparticipation
à lacatalyse
a été mise en évidence dans l’isomérisation des aldoximes en amides[18] [io].
Selon
Paul,
l’introductiondans 1 alliage
binaire aluminium-nickel de certains métaux de la famille dufer,
tels que lecobalt,
le chromeet le
molybdène
enpetites quantités augmente
notablement lepouvoir catalytique (~o~. D’après
cet auteur, l’activation par ces métaux aurait étésignalée
par Schroeter[21]
dans un travail d’en- semble sur cecatalyseur,
mais sansindiquer
les références. Notonsqu’en fait,
I.-B.Rapoport
et B.Rapoport
ont montrédéjà
en1937
tout l’intérêt de
l’emploi
de ces métaux commepromoteur (22~.
2. - Le platine comme promoteur.
Delépine
et Horeau furent lespremiers
àsignaler
l’action promo- trice de toute une série d’éléments de la famille duplatine
intro-duits sur le
catalyseur
sous forme de chlorosel en solutionaqueuse
[5] [28] (2C~~.
Peu
après
lapublication
dupremier
de cesmémoires,
Lieber etSmith en étudiant la
question
de l’activationessayent
l’action pro- motrice de l’acidechloroplatinique ajouté
au milieud’hydrogéna-
tion
(25~,
Par lasuite,
Smith et ses collaborateurs ontcomparé
l’influence
respective
de ces deux modes deplatinage
dansl’hydro- génation
de lanitroguanidine
et conclurent à lasupériorité
de leurméthode
(26~ (’).
Nous avions constaté au cours d’essais
d’hydrogénation
que lenickel
préparé
etplatiné
selon les directives deDelépine
et Horeauétait
supérieur
aucatalyseur
obtenud’après
les indications de Lieber etSmith ( I I ] .
L’étude
qui
avait été effectuée sur laméthyléthylcétone permettait
des
recoupements
avec les travauxprécités.
Elle a montré que lesvariations de l’activité
catalytique
résultant des modes d’introduction duplatine
sont bien moinsimportantes
que celles inhérentes auxprocédés d’attaque
del’alliage.
L’opposition
entre les résultats relatifs auxméthylcétones
et à la(~) Le procédé de platinage acide (PtCt6H?,) a été préconisé surtout pour des composés
nitrés aromatiques, conduisant à des produits basiques. Le changement du pH par l’intro- duction de la soude au milieu, diminue la vitesse d’hydrogénation (25~.
Par contre, l’adjonction de la soude au nickel platiné par la méthode au chlorosel pro- voque toujours une exaltation de l’absorption [5] [23] [24].
nitroguanidine
semblerait confirmer que, si l’allure d’unehydrogé-
nation
dépend
de l’activité ducatalyseur,
elle serait liée aussi à lanature du
récepteur (").
Dans le
présent
travail nous comparons l’action des différentspromoteurs
sur d’autrescomposés
que les dérivésnitrés,
discutons les résultats obtenus et étudions l’influence de laquantité
deplatine
introduite sur la vitesse
d’hydrogénation.
a) Comparaison
despromoteurs.
Avant d’aborder la
description
de nosexpériences,
nous allonsrapidement dégager
la différence essentielle entre les deuxprocédés
de
platinage.
Suivant les auteurs
américains,
la réaction entre l’acide chloro-platinique
et le nickel deRaney
serait la suivante :.3 Ni
+ PtCl6=-~- ,H~
-~ Pt+ 311Ti++
+ H2+ 6Cl-.
Le
liquide séparé
du nickel est fortement acide et ne contient pas deplatine,
lecatalyseur
même n’est pasplus
actifqu’avant
d’êtreplatiné.
L’actionpromotrice
ne semanifeste
que si l’acidechlonoplati- nique
estajouté
au milieu au moment même del’hydrogénation.
Il estparadoxal,
que l’acidequi
seul non seulement nepossède
pas d’acti- vitécatalytique,
mais estpoison
du nickel deRaney, puisse
avoir uneinfluence heureuse sur l’activité de celui-ci. Pour
expliquer
cephé-
nomène, il faut admettre une interaction
spéciale
du nickel deRaney
et de l’acide
chloroplatinique,
car ce dernier est sans effet sur lesautres
catalyseurs
au nickel.Signalons
encore, que la neutralisation de l’acidité entraine la diminution de la vitessed’hydrogénation.
Le
procédé
deplatinage,
queDelépine
et Horeau ontpréconisé,
consiste en l’introduction du
platine
sous forme de chlorosel alcalin à unesuspension
aqueuse ducatalyseur.
L’uniformité de ladépo-
sition est assurée par
agitation.
Le nickeldécompose
aussitôt lechlorosel et
fixe
leplatine.
Leliquide surnageant,
contenant duchlorure de nickel et le chlorure alcalin du chlorosel est décanté, les traces de ses sels sont éliminées par
plusieurs lavages.
Unepartie
du
catalyseur
recouvert deplatine
par cette méthodeparaît
formeravec le métal
précieux
unalliage inattaquable
à l’acidechlorhydrique
dilué
(Le
nickel deRaney
seul se dissoutcomplètement).
(~) L’hydrogénation n’est pas toujours activée dans la même mesure ; selon Lieber et
Smith, l’augmentation de l’activité par l’introduction du promoteur varie de ?5-~E~o pour 100, suivant le cas.
393
Cette observation confirmerait
l’hypothèse
deDupont
etPiganiol,
suivant
laquelle
lespoints
actifs de la surface seraient non pas despoints
de distribution anormale des atomes demétal,
mais lespoints
de contact sur cettesurface,
entre le métal et lesimpuretés promotrices [.271.
~
Si la
supériorité
duplatine incorporé
aucatalyseur
sous forme dechlorosel
(méthode Delépine-Horeau)
était établie dans notre étude antérieure surl’hydrogénation
desméthylcétones [1 I I ~ ,
il ne semblaitpas a
priori
évident que ces conclusionspuissent
être étendues auxcétones
éthyléniques.
Lesprésentes
recherches ont confirmé ceclassement, qui peut
d’ailleurs être illustré par lesexpériences
suivantes :
1 re SÉRIE D’ESSAIS.
HYDROGÉNATION DE LÀ PENTÈNONE-3-2
j
Catalyseur n° i : Covert-Adkins. - Catalyseur n° 4 : Delépine-Horeau.j
L’hydrogénation
del’oxyde
demésityle
conduit à des résultats semblables.L’adjonction
de doses faibles decobalt, introduit
dansl’alliage
aluminium-nickel par la méthode
Paul, augmente
considérablement l’activité ducatalyseur
final pourl’hydrogénation
dusafrol,
benzo-nitrile et du furfural. Nous avons
indiqué naguère qu’il
en est demême dans la réduction des cétones
aliphatiques I I .
Quel
était le classement de cepromoteur (Co),
parrapport
auplatine?
Nous avonshydrogéné,
pourrépondre
à cettequestion,
lefurfural
qui permettait
desrecoupements
avec le travail dePaul