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Optimisation agronomique et environnementale de la pulvérisation

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Academic year: 2022

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Optimisation agronomique et environnementale de la pulvérisation : vers une adaptation des doses des produits de traitements en fonc- tion des risques épidémiques et de l’expression végétative développée

sur le vignoble.

Contacts :

Marc Raynal, Marion Claverie, Marc Vergnes, Michael Anneraud, Thierry Coulon

La profession viticole s’oriente vers un mode de production qui associe à la fois des traitements plus ciblés, grâce aux outils de prévision des risques parasi- taires, et le développement de méthodes alternatives à la lutte chimique telles que la lutte bio- logique dont le développement reste encore restreint à des do- maines d’applications limités.

Au niveau de la lutte chimique, la mise en œuvre d’une viticul- ture plus respectueuse de l’en- vironnement doit intégrer la pulvérisation. Sous réserve que l’on soit capable de convenable- ment évaluer le risque de déve- loppement d’une épidémie, on peut s’interroger, dans le cas de certaines situations spécifiques - parcelles peu sensibles, pres- sion parasitaire faible, bonne maîtrise des techniques d’appli- cation, météorologie favorable - sur les quantités de matières actives nécessaires pour en- rayer le développement d’une épidémie.

Les travaux en cours dans des domaines variés tels que :

l’amélioration des tech- niques de pulvérisation,

les techniques de lutte rai- sonnée,

le suivi épidémiologique de témoins non traités dans le cadre de la validation de mo- dèles,

la forte variation des sur- faces foliaires à protéger constatées d’une parcelle à l’autre,

Concourent à poser cette ques- tion de l’optimisation des doses

appliquées et d’une meilleure maîtrise des intrants :

Pourquoi s’équiper de matériels performants quand des appa- reils plus anciens assurent déjà un bon niveau de protection ? Pourquoi appliquer, sur des développements épidémiques faibles voire inexistants, des doses établies pour répondre à des situations extrêmes ?

In fine, quelle est la quantité de matière active nécessaire et suffisante par cm² de végétation pour assurer la bonne efficacité du produit appliqué ?

La réponse à cette question simple repose sur des éléments différents selon l’angle sous le- quel on aborde le problème : En terme biologique, le bon trai- tement est celui efficace à l’issu duquel la population de parasites est maintenue ou ramenée sous un seuil de nuisibilité.

D’un point de vue épidémiolo- gique, c’est une intervention né- cessaire, sans laquelle la dyna- mique de population entraînerait une situation plus difficile encore à maîtriser,

Sur le plan de la toxicologie, c’est l’intervention qui mettra en œuvre la spécialité commerciale la plus spécifique de la cible vi- sée, c’est à dire la plus neutre à court terme pour l’applicateur et à moyen terme pour le consom- mateur.

Au niveau écologique, c’est l’in- tervention qui présente le mini- mum d’impact sur le milieu en- vironnant immédiat - la vigne, la faune et la flore auxiliaires, ou plus global tel que l’air et l’eau.

Du point de vue de la pulvérisa- tion, il s’agit de l’application ho- mogène de la matière active sur l’ensemble des organes à proté- ger, et sur eux seuls.

Le point de vue économique enfin sélectionne l’intervention qui gé- nère le meilleur rapport qualité/

prix, notion relative selon que le raisonnement porte à court ou à long terme.

La réponse relève d’un compro- mis entre ces différentes disci- plines. Elle est difficile à formu- ler, voire impossible à quantifier avec précision. Elle tend vers la notion de quantité minimale de la matière active efficace choisie par cm² de végétation à protéger contre une agression effective ou potentielle : l’objectif premier d’efficacité constituant un pré- alable, le plus souvent acquis, l’homogénéité de répartition de la matière active sur la cible et le souci de minimisation des pertes dans l’environnement deviennent deux éléments fondamentaux de cette définition de la qualité d’une application.

L’optimisation de la pulvérisation repose donc sur l’amélioration du rendement de pulvérisation, rapport de la quantité de bouillie interceptée par la cible végétale à protéger sur la quantité totale de bouillie émise, seule proposition incluant l’aspect environnemen- tal dans l’évaluation de la qualité d’une pulvérisation.

Introduction

Qu’est ce qu’un bon

traitement ?

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Pour tenter de répondre à la question «qu’est-ce qu’un bon traitement?», l’IFV de Blanque- fort, avec l’appui de l’équipe mé- canisation de l’IFV de Montpellier a conduit une série d’expéri- mentations visant à expliquer la variation d’efficacité biologique d’un traitement, induite par diffé- rents réglages du matériel d’ap- plication, à partir de l’analyse du spectre de pulvérisation de la bouillie.

De 1990 à 1994, nos dispositifs ex- périmentaux deviennent de plus en plus lourds et complexes pour tenter de maîtriser, sans grand succès, tant la variabilité consta- tée sur le terrain que le lien sta- tistique entre le réglage du pulvé- risateur et l’efficacité biologique.

Cette relation ne peut être mise en évidence par nos protocoles expérimentaux qui n’expliquent au mieux que 20% de l’efficacité biologique : la batterie de me- sures (nombre d’impacts /cm², diamètres, surface couverte, …) caractérisant le spectre de pulvé- risation, doit être complétée par de nouveaux critères d’évaluation au vignoble.

A partir de 1996, les objectifs ex- périmentaux sont donc révisés et complétés :

• Le modèle biologique acarien est remplacé par le mildiou,

• Modulation des doses appli- quées,

• Estimation de la surface fo- liaire totale à protéger,

• Evaluation du rendement de pulvérisation.

En 1997, après réflexion interne associant les équipes protec- tion du vignoble et mécanisation, l’IFV décide, malgré les difficul- tés techniques rencontrées, de poursuivre les investigations sur ce thème, en raison des enjeux considérables liés à la montée en puissance des techniques de lutte raisonnée et la mise en avant des concepts de production intégrée.

Le projet «Optidose» est ainsi crée.

Le but est d’approcher la notion de quantité de matière active né- cessaire et suffisante par unité de surface de végétal, permettant d’assurer l’efficacité pleine et en- tière des matières actives appli- quées pour protéger le feuillage et la récolte.

Trois axes de travail déterminent le projet Optidose :

Combien ? (de matière active) : quelle quantité minimale doit on apporter pour assurer l’efficaci- té?Comment ? (appliquer) : quels critères quantitatifs discriminent le réglage des pulvérisateurs?

Où ? (récepteur biologique) : Quelle quantité de Surface à Pro- téger?

Le dernier volet - quand interve- nir? – relève des outils d’aide à la décision de traitement et fait l’objet du projet VITIDECID dont l’objectif est d’établir les mo- dèles, seuils, et connaissances épidémiologiques nécessaires à l’évaluation des risques.

Ces quatre axes constituent le fondement de la décision de trai- tement. L’optimisation de l’inter- vention phytosanitaire suppose que chacun de ces éléments soit au mieux maîtrisé.

Qu’en est il dans nos pratiques actuelles?

Prévision du risque d’épidémie et modélisation des maladies L’objectif de l’IFV est de mettre au point des outils d’aide à la déci- sion de traitements contre l’en- semble du complexe parasitaire concernant le vignoble. Les prin- cipales maladies visées sont le mildiou, le black-rot et l’oïdium.

Les modèles étudiés à Bordeaux,

Gaillac, Nîmes et Angers sont les

«Potentiels Systèmes», élaborés par S. STRIZYK (SESMA). L’abou- tissement de ce travail d’évalua- tion des risques doit conduire à mieux positionner les interven- tions phytosanitaires pour traiter mieux, et si possible moins.

Evaluation, description, prévision, constituent le triptyque fonda- mental des qualités d’un modèle, déterminant son intérêt pratique au vignoble :

• Sa capacité d’évaluation en temps réel de la probabili- té de développement d’une épidémie, évalue un risque potentiel de contamination, abstrait par définition.

• La conjonction de ce risque global aux événements conta- minants détectés définit l’ap- titude du modèle à décrire, voire à expliquer les épidé- mies observées.

• La simulation prévisionnelle, basée sur l’évolution météo- rologique à court terme, per- met d’envisager différents scénarios possibles d’évolu- tion de la maladie.

En fonction du niveau de fiabilité qui lui est accordé, le modèle fait l’objet d’une exploitation en temps réel. La simulation qu’il délivre s’insère dans un système d’in- formation plus global regroupant météorologie, situations parcel- laires, dégâts réels observés, iti- néraires techniques,... L’analyse de ce système est déclinée du technicien ou conseiller jusqu’au viticulteur, seul responsable au final de la décision d’intervention.

Les simulations participent ainsi, plus ou moins directement selon la validité du modèle, à la mise en œuvre pratique de stratégies réalisées par les viticulteurs sur un réseau de parcelles d’abord expérimental; l’ouverture pro- gressive de ces stratégies à des surfaces plus importantes et plus significatives de vignoble repose obligatoirement sur une confron- tation permanente et en temps réel des risques simulés et ob- servés sur le terrain, de manière

Le projet

modélisation :

Le projet Optidose :

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à minimiser l’ampleur des dégâts en cas d’erreur, toujours possible par nature même du sujet traité : un modèle est toujours en ins- tance d’invalidation.

Le support essentiel des tra- vaux conduits sur la modélisa- tion est constitué par un réseau de parcelles de références non traitées, sur lesquelles un sui- vi régulier des développements épidémiques est effectué. Ces observations servent à valider les modèles ainsi que les stratégies de traitements développées en cours de saison. Elles permettent d’établir un référentiel représen- tatif des époques de contami- nation et des niveaux d’attaque, données nécessaires à l’amélio- ration des modèles. Ces observa- tions communiquées chaque se- maine aux différents partenaires du réseau, permettent à l’utilisa- teur final d’apprécier la validité de l’information qui lui est adres- sée.

La démarche de modélisation reste récente et les outils re- traçant des phénomènes bio- logiques doivent être exploités avec précaution en respectant un cahier des charges clairement défini. Au premier rang des re- commandations apportées par IFV figure celle d’une exploitation en réseau : l’échelle de validation des modèles proscrit à l’heure actuelle toute tentative d’applica- tion locale à partir d’une exploi- tation ponctuelle et isolée de ces outils de prévision.

Le fonctionnement en réseau as- sure, par répétition des points de mesure, une évaluation du risque d’une bien meilleure stabilité spatiale. Le cas échéant, il per- met de visionner et de localiser la diversité des attaques. Il génère en revanche un nombre considé- rable de données, dont la gestion en temps réel s’avère délicate et fastidieuse. Les Systèmes d’In- formations Géographiques (SIG) constituent ainsi l’outil approprié permettant d’accéder à une in- formation locale immédiatement

évaluée dans son contexte global (fig. 1).

Le développement récent des outils informatiques appropriés à l’IFV nous permettent de pré- senter les premières ébauches d’application dans le domaine de la prévention des risques épidé- miques sur Bordeaux (partena- riat avec le CIVB).

Les modèles étudiés permettent ainsi d’optimiser les stratégies de traitement favorisant des inter- ventions préventives plutôt que curatives. De plus ils sont main- tenant exploités dans nos straté- gies expérimentales pour adap- ter la quantité d’intrant chimique pulvérisé en fonction du risque et du développement végétal.

Evaluation de la surface foliaire réceptrice des traitements.

La surface foliaire est le plus souvent étudiée sous l’angle de la production photosynthétique, au niveau de la surface exposée, principal élément d’explication de la qualité de production. De- puis 1996, nous nous sommes intéressés à cette surface foliaire en tant que récepteur des bouil- lies de traitements ; qu’elle parti- cipe ou non à l’activité photosyn- thétique de la plante, fonction de son origine et de son exposition, toute feuille n’en demeure pas moins un point de contamination possible qui nécessite, à ce titre, d’être protégée. L’intégralité de la surface foliaire - primaire issue des rameaux principaux et gour- mands aussi bien que secondaire, issue des entre cœurs - est donc ici évaluée par échantillonnage.

Variabilité entre sites

Un protocole d’échantillonnage est mis en œuvre depuis la cam- pagne 2000 pour estimer l’ordre de grandeur de la surface foliaire totale (SFT) et son évolution au cours de la saison. Il est vraisem- blable, en raison d’un biais dans l’échantillonnage de notre pro- tocole d’étude, que nos valeurs

de surface foliaire totale soient globalement légèrement suresti- mées par une surévaluation de la surface foliaire des entre cœurs.

Les modifications apportées au protocole en 2002 visent à amé- liorer ce point.

Comme le montre la figure n°1, on constate cependant, sur les deux campagnes expérimentales :• Les surfaces foliaires déve-

loppées sont relativement homogènes entre les sites jusque vers mi juin; elles os- cillent de 1 à 3.5 ha par ha au sol en 2000 et de 0.9 à 3.2 ha/

ha en 2001, soit dans un rap- port de 1 à 3 entre les diffé- rentes parcelles.

• A partir de mi juin, la pousse d’entre cœurs, très inégale selon les sites en fonction de la vigueur parcellaire, in- duit une forte variabilité de la surface totale constatée la seconde quinzaine de juillet soit à l’approche de l’arrêt de croissance. La surface déve- loppée de feuillage varie alors respectivement de 1.2 à 6.2 et de 1.3 à 5.2 hectares par hec- tare au sol en 2000 et 2001, soit dans un rapport de 1 à 5.

figure1 : Evolution de la Surface foliaire totale de 26 sites en 2000 et 22 sites en 2001

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La dose de matière active néces- saire pour assurer efficacement- la protection est-elle la même d’une parcelle qui ne développe qu’un hectare de feuillage à celle qui atteint 5 hectares voire 6 ? Evolution au cours de la saison L’évolution de la surface foliaire montre sur les deux campagnes :

• un développement relative- ment lent en début de cycle, jusqu’à fin mai,

• une phase de forte croissance sur le mois de juin,

• un ralentissement obser- vé à partir de début juillet.

Mi juin, l’évaluation réalisée donne en moyenne, une estima- tion de SFT qui représente 50 à 60

% de la surface foliaire dévelop- pée en pleine végétation. A sup- poser, que la réceptivité des or- ganes à protéger soit constante, ce qui n’est pas vrai, et que l’on soit capable d’appliquer les bouil- lies de traitement aussi bien à ce stade qu’en pleine végétation, ne serait-il pas logique de n’appli- quer que 50 à 60% de la pleine dose hectare ?

Effet millésime ?

On observe fin juillet sur les neuf sites suivis sur les mêmes ceps en 2000 et 2001, un déficit glo- bal de surface foliaire de l’ordre de 20 % en 2001 par rapport à 2000. Cet écart est dû pour moi- tié à une diminution significative, observée sur tous les sites, de la surface foliaire primaire. La sur- face d’entre cœurs montre égale- ment une baisse globale de 10%

qui n’apparaît pas significative en raison d’une forte variabilité constatée d’un site à l’autre.

Ainsi, le raisonnement d’une op- timisation de la dose de matière active en fonction du développe- ment végétatif pourrait-il être poussé jusqu’à l’adaptation au millésime, à supposer que l’on soit capable d’évaluer en temps réel l’écart de croissance d’un millésime à l’autre.

Qualité de pulvérisation.

La tentative visant à relier le ré- glage d’un appareil de traitement évalué à partir de l’analyse du spectre de pulvérisation relevé au vignoble, à l’efficacité biologique de cette application, s’est nous l’avons dit, soldée par un échec matérialisé par le faible degré de corrélation mesuré. Ceci ne veut pas dire que le réglage d’un ap- pareil n’a aucune incidence : le résultat suggère simplement que 80% de la variabilité reste exté- rieure à notre système de mesure et/ou n’est pas contrôlée dans le dispositif expérimental :

au vignoble, il est impossible de différencier deux réglages d’après l’image de leur spectre.

L’expérience nous montre que l’analyse statistique ne permet pas de déceler de telles diffé- rences entre deux réglages, même lorsqu’elles sont volon- tairement caricaturées. Sur un plan statistique, il nous est donc demandé de proposer de nou- veaux critères d’appréciation des réglages et de mieux maîtriser la forte variabilité des mesures constatées au vignoble.

Conception d’un banc de contrôle Pour palier à cet inconvénient, nous avons donc imaginé de re- produire les mêmes observations sur un support abiotique récep- teur de la pulvérisation, ou banc d’essai, représentatif de l’ar- chitecture globale d’une vigne, conçu pour augmenter la répé- titivité des mesures et fixer des limites quantitatives décelables à l’analyse statistique.

A terme cet outil doit permettre :

• d’optimiser le réglage d’un appareil

• de différencier deux réglages

• de comparer la perfor- mance des appareils sans la contrainte des contrôles bio- logiques

La mise au point du premier pro- totype de ce banc de contrôle repose sur l’étude de la pulvéri- sation dans les trois dimensions

de l’espace, longueur, hauteur, profondeur, qui nous permettent d’évaluer chacune respective- ment la répétitivité, l’homogénéi- té de distribution verticale, et la capacité de pénétration dans la végétation comme illustré dans la figure n°2.

L’outil statistique est utilisé comme élément fondateur dans l’élaboration du banc de contrôle : le pouvoir discriminateur de l’analyse de variance fixe pour une variabilité observée le nombre de répétitions ou d’élé- ments nécessaires pour observer un niveau d’écart souhaité.

figure 2 : schéma d’évaluation de la pulvérisation

figure 3 : vues globales et déaillées

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Premiers résultats du banc de contrôle

Evaluation de la capacité de péné- tration de la bouillie

Le prototype actuel du banc de contrôle est constitué de 4 «ri- deaux» qui simulent la pré- sence de feuilles sur 4 tranches d’épaisseur de la végétation. Il permet ainsi d’estimer la capa- cité du pulvérisateur à distribuer la bouillie à l’intérieur de la végé- tation, pour atteindre les grappes notamment.

La figure n°4 montre clairement la diminution de la surface cou- verte et du nombre d’impacts par cm² observée du rideau 1, le plus extérieur et le plus proche du passage du pulvérisateur, au ri- deau 4, le plus éloigné de l’appa- reil de traitement et donc le plus difficile à atteindre.

Le tir ainsi effectué avec la brouette solo montre une sur- face couverte par la bouillie si- gnificativement supérieure sur l’extérieur de végétation simulée (rideau 1) par rapport aux trois autres positions intérieures (ri- deaux 2, 3, et 4). Le nombre d’im- pacts par cm² décroît quand à lui de manière significative jusqu’au troisième niveau d’obstacle : la densité d’impacts du 4e rideau n’apparaît pas différente de celle du niveau 3.

Testé sur un appareil de traite-

ment à jet porté grand volume, le banc de contrôle montre le même type de résultats que pour l’appa- reil expérimental à partir duquel il a été mis au point. Cette expé- rience semble ainsi valider l’idée que l’outil est adapté, ou pourra facilement l’être, pour délivrer des diagnostics sur des configu- rations d’appareils utilisées dans la pratique.

Capacité de différenciation de deux réglages

Le banc d’essai ainsi établi dans une configuration stabilisé, nous avons voulu tester son aptitude à différencier deux réglages, jugés

bon et mauvais, sur la brouette solo : le tableau I synthétise le résultat global obtenu sur le banc de contrôle.

Les deux tirs comparés ci-des- sus montrent des différences significatives à très hautement significatives pour l’essentiel des critères analysés. La version du banc de contrôle ainsi tes- tée semble donc être suffisante pour opposer deux réglages dont l’écart est caricatural. Des va- riations plus fines pourront être observées en augmentant au be- soin le nombre de répétitions des échantillons observés.

Représentativité par rapport à la vigne

Enfin nous avons voulu vérifier s’il était envisageable d’extrapo- ler les résultats obtenus sur le banc d’essai aux observations réalisées sur la vigne, en exécu- tant deux tirs dans des configu- rations de réglages identiques sur ces deux récepteurs, biotique et abiotique, de la pulvérisation.

Le tableau II illustre le niveau de résultat obtenu pour six ré-

pétitions d’échantillonnage sur le banc d’essai contre quarante, habituellement nécessaires, pour l’observation au vignoble.

Le tableau II montre la similitude qui peut être établie entre la face de palissage directement traitée et le premier rideau du banc d’es- sai d’une part, et la face indirecte qui correspond à une situation in- termédiaire entre les rideaux 2 et 3. On observe par ailleurs que les écarts types mesurés sur le banc de contrôle sont du même ordre de grandeur, voire inférieurs à ceux observés sur la vigne pour une taille d’échantillon réduite par six. L’optimisation du temps de travail nécessaire pour une précision similaire est ainsi loin d’être négligeable.

Répartition de la pulvérisation sur quatre rideaux

Figure 4 : évolution de la surface couverte et du nombre d’impacts par cm² en fonction de l’épais- seur simulée de végétation

Tableau 1 : synthèse du pouvoir discriminant du banc d’essai

Tableau 2 : comparaison des résultats entre contrôle sur banc d’essai et sur vigne

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Quelles applications ?

Il n’est pas interdit de penser que l’optimisation du réglage d’un pulvérisateur, combinée à l’es- timation de la surface foliaire à protéger d’un risque d’agression convenablement évalué, pourra conduire à terme à mieux cerner la dose de matière active suffi- sante pour assurer la pleine effi- cacité du traitement.

C’est là l’exercice que nous avons tenté, d’abord sur deux sites ex- périmentaux en 2001, en ne te- nant compte que de l’évolution de la surface foliaire : la pression pa- rasitaire, tardive et modérée sur l’ensemble du vignoble bordelais, n’était pas prise en compte dans le raisonnement des doses appli- quées.

La quantité globale de matière active alors appliquée peut être resituée par rapport :

• à la référence que constitue la dose homologuée par hectare (100%),

• à l’adaptation, à concentra- tion constante, du volume de bouillie au développement de la végétation, pratique déjà couramment réalisée par de nombreux viticulteurs.

Nous avons ainsi constaté que l’adaptation des doses de ma- tières actives à la SFT conduit à une diminution :

• tant par rapport à la référence homologuée, qui constitue le maximum autorisé,

• que par rapport au raisonne- ment, déjà admis, de l’adap- tation du volume de bouillie au développement de la végé- tation, (qui induit une réduc- tion globale des intrants de l’ordre de 15%),

ce pour un bon niveau d’efficaci- té observé tant sur mildiou que sur oïdium, dans un contexte de faible pression parasitaire.

Cette première approche somme toute assez concluante nous a permis de poursuivre ces travaux.

Ainsi en 2002, notre protocole ex- périmental est complété par :

• une approche de modélisa- tion de la surface foliaire to- tale; par un simple comptage au vignoble du nombre de ra- meaux primaires et d’entre cœurs présents sur quelques souches, nous tentons une estimation de la surface fo- liaire totale développée sur la parcelle.

• la prise en compte du risque parasitaire, faible, moyen, ou fort, évalué par les modèles Potentiels Systèmes.

La combinaison de ces deux ni- veaux d’information permet ainsi de choisir dans un tableau à deux entrées la fraction de la dose homologuée que l’on souhaite appliquer compte tenu du déve- loppement végétatif et du risque considéré pour chaque maladie.

Ce protocole expérimental a été appliqué en 2002 sur 5 sites ex- périmentaux répartis sur le vi- gnoble bordelais. Le tableau III illustre les niveaux d’attaque de mildiou et d’oïdium observés sur feuilles et grappes de l’un des sites suivis.

Pour des niveaux d’attaque relati- vement sévères sur le témoin non traité, on observe le très bon ni- veau d’efficacité de la protection réalisée en appliquant la pleine dose hectare homologuée des produits commerciaux utilisés : la lettre B symbolise la diffé- rence statistique constatée par le test de Newman-Keuls par rap- port aux observations faites sur le témoin (A). Le tableau montre également qu’en réduisant l’in- trant phytosanitaire global de

40% pour l’oïdium et de 50% pour le mildiou, nous obtenons, dans les conditions expérimentales de 2002, un niveau d’efficacité com- parable à celui de la référence que constitue la pleine dose ho- mologuée (groupes statistiques homogènes).

Les traitements ont été réalisés avec un appareil pneumatique à dos. Sur l’un des sites, le disposi- tif expérimental a été doublé d’un dispositif de valeur pratique. Sur celui-ci, les applications furent réalisées par le viticulteur, avec son appareil de traitement grand volume. Les niveaux d’efficacité des programmes appliqués avec le matériel expérimental ou ce- lui de l’exploitation sont compa- rables sur cet essai.

Conclusion - perspectives

Le suivi de la surface foliaire réa- lisé depuis trois ans en Aquitaine permet de confirmer les ordres de grandeur mesurés ainsi que la grande variabilité qui peut être observée d’un site à l’autre. Cette variabilité est largement due à la surface foliaire d’entre cœurs, dont l’échantillonnage a été amé- lioré pour plus de précision. L’ef- fet millésime semble être confir- mé par les observations faites en 2002.

Les premiers travaux entrepris sur le banc de contrôle montrent que le remplacement d’un sup- port végétal par un support abiotique aux caractéristiques proches, permet de diminuer la

Tableau III : Niveaux d’attaque de mildiou et d’oïdium observés sur feuilles et grappes le 14 août 2002 - cépage Merlot - Salleboeuf (33) France – stade véraison (intensité d’attaque sur grappes – fréquence sur feuilles).

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variabilité des mesures et de sta- biliser les résultats d’évaluation de la qualité de pulvérisation : la méthodologie permet d’établir une distinction nette entre deux réglages différents. Elle semble reproductible pour des appareils de traitement grandeur nature, et représentative de la distribution de la bouillie sur le végétal : ces premiers résultats très encou- rageants doivent cependant être confirmés et approfondis avant d’envisager de les utiliser dans le domaine du diagnostic et du conseil auprès des viticulteurs, ce que nous pensons être pos- sible, à terme.

Enfin la mise en pratique du concept d’adaptation des doses montre que cette voie d’optimi- sation proposée ne relève pas du domaine de l’utopie : le raisonne- ment élaboré évalue une marge

de progrès possible, qui fut réelle pour les contextes parasitaires de ces campagnes 2001 et 2002. Ces résultats n’ont cependant pas de prétention d’universalité : la dé- marche ne peut être validée que si elle est accompagnée d’un in- ventaire des échecs et des réus- sites, pour chaque configuration de production.

A terme, ce projet devrait contri- buer à proposer différentes stra- tégies, cohérentes avec le degré d’optimisation atteint sur l’en- semble des paramètres détermi- nant la réussite d’une interven- tion. Il faut cependant bien rester conscient qu’au final, toute sup- pression de traitement ou sous dosage du principe actif constitue un risque immédiat. Le niveau d’engagement dans une telle démarche doit rester de la res- ponsabilité pleine et entière du

décideur, en fonction de la part d’échec qu’il se sent prêt à assu- mer. Dans ce contexte, l’objectif d’ITV France est de poursuivre ces travaux pour donner aux vi- ticulteurs et à leurs conseillers, les meilleurs arguments de choix lors de leur prise de décision.

[Travaux réalisés avec la partici- pation de : L. SIMONET - A. DAVY – N. BARRET (ENITA Bordeaux), P. BOUNET (LSV - Dijon), F RA- THIER et A. GABRIEL (DUT An- gers et Nancy) et avec le concours financier de la région Aquitaine (Optidose), du CIVB (modélisa- tion) et de BASF Agro. Service re- cherche (équipements analyseur d’image)]

Références

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