Feudjio Fokem D.M. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 9. P. 77-78, Octobre 2016
77
Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo Volume 9. P. 77-78, Octobre (2017)
Impact et cartographie de l’activité miniere à petite échelle dans l’arrondissement de Betare-oya (Cameroun)
Feudjio Fokem D.M.1, Tchindjang M.2, Saha F.3
(1) Etablissement : CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun / e-mail : adelafok@yahoo.fr
(2) Encadreur académique : Maître de Conférences, Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I, Cameroun (3) Encadreur professionnel : Global Mapping and Environmental Monitoring (GMEM)
1. Objectif général
Répertorier et cartographier les différents sites d’ex- ploitation minière à petite échelle présents à Béta- ré-Oya, afin d’en évaluer les impacts sur l’environ- nement biophysique et socio-économique, puis, de proposer les mesures de bonification et d’atténuation en vue d’aspirer à l’atteinte des objectifs du dévelop- pement durable.
2. Objectifs spécifiques (OS)
OS1 : inventorier et cartographier la distribution spa- tiale des différents sites d’exploitation de l’activité minière à Bétaré-Oya.
OS2 : identifier les différents impacts de cette acti- vité sur l’environnement biophysique, (les forêts, la faune, l’eau de surface et souterraine), et humain (en- vironnement socio-économique) de Bétaré-Oya.
OS3 : proposer les mesures d’atténuation pour amé- liorer cette activité étant donné qu’elle constitue un moyen d’existence pour ces populations.
3. Hypothèses
L’Exploitation Minière à Petite Echelle (EMAPE) a pris une ampleur spatiale qui peut devenir source d’impacts sur l’environnement biophysique et hu- main de la localité de Bétaré-Oya.
H1 : la cartographie des sites miniers permettrait de dresser un état de lieu de l’activité minière à petite échelle à Bétaré-Oya;
H2 : l’activité minière à petite échelle est une source de financement et un moyen d’existence pour les populations de Bétaré-Oya ;
H3 : les mesures d’atténuation et suggestions propo- sées permettra d’améliorer la pratique de l’activité minière ou de lui donner un nouveau visage.
4. Méthodologie
L’étude a été menée dans l’arrondissement de Béta- ré-Oya situé dans le Département du Lom et Djérem, Région de l’Est du Cameroun. Il est limité au Nord par les arrondissements de Meiganga, Dir et Ngaoun- dal, au Sud par l’arrondissement de Ngoura, à l’Est par la RCA et l’arrondissement de Garoua-Boulai, à l’Ouest par les arrondissements de Bélabo et Yoko.
Bétaré-Oya est relié à la Nationale n°1 (Bertoua-Ga- roua-Boulai) par un axe secondaire bitumé de 12 km (Plan Communal de Développement, novembre 2011).
La méthodologie que nous avons utilisée pour la réalisation de cette étude s’appuie sur la recherche documentaire, les investigations de terrain, le traitement et l’analyse des données. Les enquêtes ont été effectuées sur la base d’un questionnaire adressé aux orpailleurs et aux exploitants miniers alors que les entretiens ont eu lieu avec les autorités administratives et traditionnelles.
L’identification des impacts à été effectuée grâce à la matrice de Léopold et les fiches d’impacts. L’évaluation de ceux-ci a été réalisée par cotation grâce à la grille de Gaëtan et Raymond (2000). Les cotes de 1 à 3 ont été affectées aux indicateurs et ceci en fonction du degré d’impact. L’importance absolue représente la moyenne des cotes des impacts sur le nombre total d’indicateur coté. L’analyse des risques liés à l’activité minière s’est effectuée via la matrice d’évaluation de la criticité, la grille de cotation, de probabilité et de gravité du risque. Pour le volet cartographique, nous avons utilisé l’application Google Earth pour visualiser les images.
Le logiciel Erdas a été utilisé pour le traitement et la classification des images Landsat téléchargés sur le site Global Landcover Facility ainsi que des images SPOT. Les logiciels Surfer pour le MNT et ArcGis pour la spatialisation des informations géographiques collectées. Le logiciel Adobe illustrator pour l’habillage et la finition des autres cartes.
Feudjio Fokem D.M. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 9. P. 77-78, Octobre 2017
78 5. Résultats
R.1 : L’inventaire et la cartographie de la distribution spatiale des différents sites d’exploitation de l’activité minière montre que l’exploitation minière est omniprésente. On dénombre sur un total de 70 sites visités 25 sites en activité (36%) et 45 sites abandonnés (64%) pour des activités faiblement mécanisées pratiquées (Asiatiques) et des activités artisanales (Camerounaises).
R.2 : L’identification et l’évaluation des impacts de l’EMAPE sur l’environnement montre la dégradation du milieu, notamment la flore, la faune, l’eau, l’es- thétique du paysage même si l’activité procure de l’emploi aux populations riveraines et allochtones.
R.3 : Les mesures d’atténuation et de bonification des impacts ont été prescrites dans le Plan de Gestion En- vironnementale et Sociale (PGES).
6. Discussion
Les résultats de nos enquêtes coïncident avec ceux de Keita (2001) au Mali qui a démontré que l’exploita- tion minière alluvionnaire s’accompagne fréquem- ment de la destruction des berges et d’apports massifs en sédiments qui peuvent perturber l’équilibre des rivières.
La dégradation des ressources forestières dans l’arrondissement de Bétaré-Oya est en grande partie liée à l’EMAPE. L’activité minière est à l’origine de l’accentuation du processus de déforestation qui pourrait-elle à son tour favoriser la variabilité climatique. On rejoint Waaub et Mahamadou (2007) qui soulignent que les impacts majeurs de l’activité minière se résument à la perte de végétation naturelle et d’habitat de la faune, du paysage et des ressources hydriques.
Hormis les modifications climatiques constatées et attestées par les populations (certains riverains affirment qu’à cause de la déforestation le climat de Bétaré-Oya a changé, il fait plus chaud qu’il y’a 10 ans), il faut souligner la diminution des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) ainsi que des essences médicinales utiles à la pharmacopée traditionnelle.
La dégradation de la qualité du sol entraine avec elle l’infertilité des terres arables. Même s’il est certain que les populations riveraines sont dédommagées par les exploitants miniers, ces indemnisations inéquitables ne compensent en aucun cas les pertes causées.
Au plan socioéconomique enfin, l’activité minière est certes source de revenus, mais elle ne fait pas toujours vivre son homme. Elle avilit et appauvrit plus le mineur qu’elle ne lui procure satisfaction.
7. Recommandations
1. L’Etat doit veiller à la réhabilitation, au reboise- ment et à la remise en état des sites miniers par les promoteurs et les exploitations à la fin des travaux.
2. La déperdition scolaire est incontournable, aussi, la construction des infrastructures scolaires et sanitaires dans les villages ou l’activité minière est en pleine expansion devrait être l’une des clauses majeures pour l’octroi des permis aux responsables des sociétés.
3. L’application de la loi camerounaise sur les conditions de travail et de rémunération devrait être de rigueur, notamment la prise en compte du Contenu local de la Loi de 2010.
4. L’affiliation ou la revue des conditions de travail des employés camerounais (notamment leur participation fixée à 40%) dans les sociétés asiatiques devrait être inclus dans les clauses d’attribution des permis miniers.
5. Les EIE des sites miniers doivent être soient réalisées avant toute mise en activité de la mine qui doit être soumise à la mise en œuvre des mesures environnementales prescrites dans le PGES.
Mots clés : Bétaré-Oya, cartographie, exploitation minière, puits miniers, plan de gestion environnemen- tale et sociale
Mémoire de Master en Etude d’Impact Environnemental soutenu au CRESA Forêt-Bois le 27 Juillet 2016 en République du Cameroun.
