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de phase liquide-gaz de la matière nucléaire
M. Pichon
To cite this version:
M. Pichon. Bimodalité et autres signatures possibles de la transition de phase liquide-gaz de la matière
nucléaire. Physique Nucléaire Théorique [nucl-th]. Université de Caen, 2004. Français. �tel-00007451�
transition de phase liquide-gaz de la matière
nuléaire
Matthieu Pihon
Laboratoire de Physique Corpusulaire de Caen
Université de Caen - EnsiCaen
Mes premiers remeriements vont à Bernard Tamain, mon direteur de thèse. Je sou-
haite souligner ses grandes ompétenes sientiques et pédagogiques, mais également sa
gentillesseet sadisponibilitémalgré ses nombreuses responsabilités... Jemesure lahane
d'avoirpu travaillerave lui!
Je tiens à remerier également Rémi Bougault et Olivier Lopez pour es nombreuses
réunions sans lesquelles e travailne serait pas e qu'il est. Leurs onseils et leur rigueur
sientique m'ontbeauoup apporté. Jen'oublie pas Franesa Gulminelli,PhilippeCho-
maz et MarekPloszajzak qui ontsu me réonilier ave laphysique théorique.
Je remerie sinèrement l'ensembledes membres du jury. Tout d'abord, merià Wolfgang
Trautmann pour sa gentillesse et son rapport très enrihissant. Meri à Bernard Borderie
pour ses remarques pertinentes, son aide aété très préieuse. Jelesremerie tous lesdeux
d'avoiraepté d'êtrerapporteur.Jetiens àremerierégalementJean Gossetd'êtrerentré
dans l'univers de INDRApendant quelques heures. Enn, ungrand merià Jean-François
Leolley d'avoir partiipé au jury et de m'avoir aueilli dans son laboratoire an que je
préparer ma thèsedans lesmeilleuresonditions.
LeLPCest unlieuoùrègneuneexellenteambiane,lesphysiiens quiytravaillenty sont
pour beauoup. Meri à Emmanuel Vient, le spéialiste de la température des noyaux,
pour sadisponibilitéetsagentillesse.JetiensàsaluerégalementDaniel,Dominique,Jean-
Claude, Nathalie, Olivier, Thomas (mon serétaire pendant quelques mois), Jean, Denis,
Stéphane... sans oublierles personnes qui failitent la vie du dotorant : Christiane, Eve-
lyne,Mihèle, Catherine,Sandrine,...
Meri à l'ensemble de la ollaboration INDRA pour les nombreuses disussions (parfois
animées)auoursdes journéesanalyses. J'aieu beauoupde plaisir àtravaillerauté de
John,Abdou,Marie-Frane,Niolas,Jean-Pierre,Jean-Lu... Merià LaurentTassan-Got
pour son aide préieuse sur la inquième ampagne et Arnaud Le Fèvre pour ses nom-
breuses remarques très pertinentes.
Que seraitleLPC sans ses dotorants?... Jetiens àsaluerpartiulièrementAymeri (mon
seond serétaire) qui a toujours eu l'espoir de me battre au tennis. Un grand meri à
Josquin poursabonnehumeur...:jen'oubliepas eslonguesjournéespasséesdanslasalle
D5àdépouillerlainquièmeampagne.JeremerieégalementGuillaumeN., lephysiien-
philosophe, qui restera enore de longues années l'attration prinipale d'Hérouville. Je
n'oublie évidemment pas ma troisième serétaire, Beyhan, qui a su me soutenir dans la
dernière ligne droite à oup de smarties... Comment ne pas iter également Carmen, tou-
jours prête à rendre servie, et sa bonne humeur légendaire. Meri à Benoît, Jean-Lu,
Jaques, Nathalie, Nadia, Adina, Guillaume D., Lydie, François, Vinent, Loredana, Va-
lentin, Anne-Marie, Alain,...
Enn,je tenaisàonlurees remeriementsenembrassantArnaudetsapetitefamille
ainsi que trois personnes qui omptent énormément à mes yeux. Meri à toi, Sandrine,
pour ton soutien de tous les jours. Et bien sûr, meri à mes parents sans lesquels je ne
à mes parents,
à Sandrine.
Table des matières
1 Introdution 1
2 Le dispositif expérimental 7
2.1 Lemultidéteteur INDRA . . . 7
2.1.1 Lagéométrie du multidéteteurINDRA . . . 8
2.1.2 Lesdiérents déteteurs de INDRA . . . 10
2.2 Identiationen harge eten masse . . . 12
2.2.1 Laméthode
∆
E-E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132.2.2 Ladisrimination en formedes signaux . . . 26
2.3 INDRA etla ampagneau GSI . . . 28
3 Un signal de transition de phase : la bimodalité 31 3.1 Labimodalité :les prévisionsthéoriques . . . 31
3.2 Unpremier bilan expérimental sur labimodalité :les ollisionsentrales. . 35
3.2.1 Ni+Au . . . 36
3.2.2 Ni+Ni . . . 37
3.2.3 Xe+Sn . . . 39
3.3 Lesollisions périphériques etsemi-périphériques . . . 40
3.3.1 Topologie etaratérisationdes événements . . . 41
3.3.2 Laméthode de tri: lehoix de
E trans
. . . . . . . . . . . . . . . . 443.3.3 Lesystème Xe+Sn . . . 46
3.3.4 Lesystème Au+Au . . . 57
3.3.5 Inuene de l'énergiede bombardement . . . 63
3.3.6 Mesure de la température . . . 65
3.3.7 Conlusion. . . 70
4 Le
∆
-saling 73 4.1 Le∆
-saling: les prévisionsthéoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 734.2 Lespremiers résultatsexpérimentaux : lesollisionsentrales . . . 74
4.3 Lesollisions périphériques etsemi-périphériques . . . 77
4.3.1 Lesystème Xe+Sn . . . 77
4.3.2 Lesystème Au+Au . . . 83
5 Les utuations d'énergie ongurationnelle 89
5.1 Laapaité alorique: lesprévisions théoriques . . . 90
5.2 Lesignal observé pour les ollisionsentrales . . . 94
5.3 Lesollisions périphériques etsemi-périphériques . . . 95
5.3.1 L'énergie d'exitation . . . 96
5.3.2 Lesutuations de l'énergieinétique . . . 101
5.3.3 Conlusion. . . 110
6 Inuene de la dynamique de la ollision : exemple du signal de bimoda- lité 113 6.1 Lemodèle HIPSE . . . 114
6.2 Contribution de lami-rapiditéaux événements de bimodalité . . . 115
6.3 Soustration de la ontribution de la mi-rapidité dans les événements de bimodalité . . . 121
6.4 Conlusion . . . 124
Conlusion 127
Chapitre 1
Introdution
Thalès, Anaximène, Empédole, Leuippe, Démorite : la matière et les lois la gou-
vernant intéressaient déjà les Gres quelques entaines d'années avant J.C. Une première
oneption onsidérant le monde autour de quatre éléments fondamentaux (l'eau, l'air, la
terre et le feu) t rapidement plae à l'idée de l'existene d'atomes, onstituants élémen-
taires de la matière. Ces derniers, mis en évidene expérimentalement au XIXème sièle,
sesont avérés loind'êtreinséables, omme lesens du mot "atome"semblelesignier.Ils
sontenfaitonstituésd'unnoyauentouréd'életronsenmouvement.Laphysiquenuléaire
est la physique qui s'intéresse au aratère olletif des protons et des neutrons lorsqu'ils
formentensemblele noyau.
Dans un premier temps, l'étude a été restreinte aux noyaux stables. Le modèle de la
goutte liquide et le modèle en ouhes ont permis une meilleureompréhension du noyau
auvoisinagedel'équilibre.Certainespropriétésontpuêtredénies, notammentl'existene
d'une densité de saturation ou enore la détermination des énergies de liaison. L'arrivée
réente de nouveaux outils expérimentaux, les aélérateurs d'ions lourds et les multidé-
teteurs assoiés, ontpermisd'étendrel'étudedees noyauxloindeleur étatfondamental,
et ainsid'atteindre une matière nuléairedans des étatsextrêmes. Ce balayage en tempé-
ratureet en densitéapermis d'envisager ladéterminationd'uneéquationd'état, équation
liant les grandeurs d'ensemble telles que la température, la densité et la pression. Cette
équation reète l'interation entre nuléons qui a pour aratéristique d'être répulsive à
ourte portée (<0,5fm), attrative au delà mais de portée nie. Cette desription n'est
pas sans nousrappelerles foresexistantes entre lesmoléules d'unuidede type Vander
Waalspourlequel onobserveunetransitionde phase.Desalulsthéoriques ontpermisde
déduireune équationd'état àl'aidede fores phénoménologiques de type Skyrme [Sau76℄.
Le diagramme de phase de la matièrenuléaireinnie, assoiéà es fores, est représenté
sur la gure (1.1).
Ces aluls théoriques ont prévu l'existene d'une température ritique
T c
au dessous delaquelleiloexisteraitdeux régionsstables,unepremièreàhautedensitéditephaseliquide
et une seonde à basse densité : laphase gazeuse. Dans e diagramme de phase (g. 1.1),
lesisothermes de température inférieureà
T c
traversent une zone, dite zone spinodale, sé-Fig. 1.1 Représentation du diagramme de phase de la matière nuléaire assoié
auxfores nuléaires detypeSkyrme.Lagurereprésenteuneséried'iso-
thermes dont elle à la température ritique
T c
dans le graphe densité-pression[Sau76℄.Il existeune zoneinstable méaniquementappeléezone
spinodale, interne à la zone de oexistene des deux phases.
parant les deux régions préédentes. Cette zone est marquée par l'instabilité du système
et de grandesutuations en densité, entraînant la assure du système. Elle est interne à
lazone de oexistene des phases liquide etgazeuse.
En fait, e sont deux transitions diérentes qui sont attendues pour la matière nuléaire
innie.Lapremière, pour des énergies de bombardementde quelques dizainesde MeV par
nuléon, marqueraitlatransitiondes deux phasesdérites préédemment(liquide etgaz),
laseonde,àdes énergies plusélevées (quelquesentainesde GeV/nuléon), unetransition
d'unematièredenuléonsvers unplasmade quarksetgluons.Cettethèseportesur l'exis-
tenede latransitionliquide-gazetprésentel'étudede plusieurssignatures expérimentales
possibles.
La matière nuléaire est don étudiée par le biais de ollisions d'ions lourds. Aux éner-
gies intermédiaires,entre 20et100MeV/A,suivantlaentralitéde laollision,deux types
d'événements peuvent être observés. Les premiers sont aratérisés par deux partenaires
en voie de sortie, le quasi-projetile et la quasi-ible. Le seond type est la quasi-fusion
du projetile et de la ible et ainsi la formation d'une soure unique. L'énergie inétique
apportéeausystèmeestalors notammenttransformée enénergied'exitation(
E ∗
)des dif-férentes soures obtenues. Lanotion de températurepour lesnoyaux hauds est d'ailleurs
liée à leur apaité de stoker ette énergie.
E ∗
peut s'érire, en fontion de T, dans leadre du modèle de Fermi :
E ∗ = a.T 2
(1.1)où
a
représenteladensitédeniveaux(del'ordredeA 8
siA
représentelamassedu système).Divers modes de déroissane sont en ompétition suivant l'énergied'exitation. Pour
de faiblesvaleursde
E ∗
,lasouresedésexitepar évaporationde partiuleslégèresoupar ssion. Ces diérents proessus laissent plae à l'apparition, vers 3 MeV/A, de la multi-fragmentation,qui est en fait l'émissiond'au moins trois fragments (de harge supérieure
ouégaleà3).Cettemultifragmentation,séquentiellepour lesénergies d'exitationlesplus
basses,devientrapidementsimultanée.Enn,audelàde 10MeV/A,lasouresedésintègre
en un grandnombre de partiules légères: 'est la vaporisation.
De nombreux modèlesont ainsitentéde reproduirelesmodes de désexitationdes noyaux
hauds. Citons par exemple les modèles de Berlin MMMC (Miroanonial Metropolis
MonteCarlomodel[Gro90℄)oudeCopenhague SMM(StatistialMultifragmentationMo-
del[Bon85℄[Bon95℄)pourlesquelslaprodutiondefragmentsestdéritedefaçonstatistique
dans une onguration dite de "freeze-out" (dénie dans la suite (
§
5.1)). Ces fragmentssont ensuitepropagés et désexités.
La transition de phase liquide-gaz est assoiée à la multifragmentation. L'étude préise
de ette dernière présente don un intérêt majeur. Cependant, deux obstales majeurs se
présentent : le premier onerne la taille du système étudié. Une équation d'état oner-
nerait une matièreinnie, e qui est loin d'être le as dans une ollisionde deux noyaux,
onstitués haun de quelques entaines de nuléons. Les théoriiens ont don tenté de
passer de l'étude d'un système inni à elle d'un système ni, néessitant, dans le as du
noyau, l'ajoutd'une énergiede surfae etd'une répulsion oulombienne.
Le seondobstale, quin'est pas moins important,vient de la diulté de mettre de té
l'aspet dynamiquedes ollisionspour pouvoirs'intéresser uniquementàun système équi-
libré. On doit en eet étudier la soure haude indépendamment du moyen utilisé pour
l'exiter. Le fait de déteter les produits de réation bien après la ollision ne failitepas
latâhe.
Beauoup de modèles ont pour objetif de reproduire ette "dynamique" de la ollision.
Par exemple, àbasse énergie de bombardement, e sont les eets olletifs qui dominent,
des modèlesde typehamp moyen (partieattrativede l'interation forte) ont été propo-
sés [Bon76℄. A l'inverse, pour les grandes énergies, des modèles reproduisent les ollisions
nuléon-nuléon.Pour lesénergies intermédiaires,'est un mélangedes deux quireproduit
la dynamique de la ollision. Des modèles basés sur une équation dynamique à N orps
(BUU,BNV,...)oud'autressur ladynamiquequantiquemoléulaire(QMD[Ai91℄,AMD
[Ono92℄,...) ontété réés.
L'objetifdee travailest detenter designerexpérimentalementlatransitiondephase
liquide-gazpar diérentes méthodes proposées par les théoriiens. Nousmettrons l'aent
sur des signatures simples, les plus diretes possibles en nous intéressant à des grandeurs
bien mesurées expérimentalement et en faisant le minimum d'hypothèses. De ette façon,
es signatures seront moins sujettes àaution quedes signatures plus indiretes.
multidéteteurs ont été onstruits dans ette perspetive. Si l'assoiation Multis[Sou90℄-
Miniball[Ior93℄avaitl'inonvénientd'êtrelimitéeprinipalementdu pointdevuedesseuils
de détetion en énergie, une nouvelle génération (Chimera [Aie95℄, Indra [Pou95℄,...) plus
performante est apparue. Les données expérimentales utilisées dans ette thèse ont été
obtenues par le multidéteteurINDRA durant saampagne au GSI.
Après une présentation rapide de INDRA, le hapitre 2 présentera les diérentes mé-
thodes permettantd'obtenir lesprinipales aratéristiques de haque produit de laolli-
sion (harge, énergie,...).
Lesméthodespourmettreenévidenelaoexistenedesdeuxphases[Bor02℄serontensuite
abordées. L'idée est d'observer, pour les énergies d'exitation autour de la transition, des
anomalies, des omportementsdiérents,ete, leplus diretement possible.Unepremière
approhe onsiste à s'intéresser aux distributions de probabilité de paramètres d'ordre
orretement hoisis [Gul03℄ pour tous les événements bien détetés. L'observation d'une
bimodalité,'est àdire l'existene de deux famillesd'événements pour une mêmeviolene
de ollisions, est une signature de la transition de phase. Le troisième hapitre de e tra-
vail proposera la reherhe de ette éventuelle bimodalité, notamment pour les ollisions
périphériques.
Toujours dans le même esprit, la transition de phase orrespond à un passage d'un sys-
tème ordonné àun système désordonné.Ce passage peut êtremisen évidene, mêmehors
équilibre, en s'intéressant aux distributionsdu plus gros fragment attribuableà la soure.
C'est la proposition de R. Botet et M. Ploszajzak [Bot00℄ par le biais de la méthode du
"
∆
-saling".Cettedernièreseradéritedanslehapitre4etsera suivied'uneomparaison ave lesignal préédent.Un dernier signal de transition de phase repose sur l'observation de utuations dans la
répartition de l'énergiedans le système. Le alul de es utuations permet,d'après une
étude théorique [Cho00℄ qui sera présentée dans le hapitre 5, d'avoir aès à la apaité
alorique,laquelledeviendraitnégativedanslazonedeoexistenedesdeuxphases.Nous
appliquerons don ette méthode aux données expérimentales etnous établirons une véri-
table ohérene entre haundes divers signaux présentés.
Nousverronsensuitesil'interprétationde essignauxetde leurohéreneest unique.L'ef-
fetpossiblede ladynamiquedelaollisionseraexaminégrâenotammentàungénérateur
d'événements mis aupoint réemment : legénérateur HIPSE [Van03℄. Cette omparaison
nous permettra de mettre en évidenel'inuene de ette dynamique dans nos diérentes
études.
Nousonluronsennparunbilande l'ensemblede eshapitresainsiquelesperspetives
àvenir onernantetteétudede latransitionde phaseliquide-gazde lamatièrenuléaire.
Chapitre 2
Le dispositif expérimental
L'étudede lamatièrenuléairesefaitpar lebiaisde ollisionsd'ionslourds.De grands
aélérateurs telque leGANIL à Caen (GrandAélérateur National d'Ions Lourds) per-
mettent d'envoyer à diérentes énergies un projetile sur une ible et ainsi de réer des
noyaux hauds. Ces ollisions aux énergies intermédiaires (de 20 MeV/A à 100 MeV/A)
entraînent l'émissionde nombreuses partiules sur unelarge gammed'énergie etei dans
toutl'anglesolide4
π
.Ilfautdondéteter l'ensembledeesproduitsderéationand'ob-tenir la meilleure desription possible de lainématique de laollision. Le multidéteteur
INDRA aété onçudans etteperspetive.
Dans la suite, nous nous intéresserons dans un premier temps à la géométrie du multi-
déteteur puis nous ferons une ourte desription de haque déteteur qui le ompose et
nous détaillerons le rle qui lui inombe. Enn, ette partie s'ahèvera sur les méthodes
d'identiationdespartiulesetleurappliationquej'aimisesenoeuvrepourlainquième
ampagne de INDRA.
2.1 Le multidéteteur INDRA
An de déteter lesproduits des ollisionsd'ions lourds,de nombreux multidéteteurs
ont été onçus. L'ensemble formé par les déteteurs MULTICS [Ior93℄ et MINIBALL
[Sou90℄ ouvrait déjà l'ensemble de l'angle solide 4
π
, mais présentait des limites (seuilsde détetion en énergie élevés, résolution en identiation faible,...). Ces dernières sont
moindres dans la nouvelle génération de multidéteteurs, parmi lesquels les déteteurs
CHIMERA [Aie95℄ ouINDRA [Pou95℄.
LemultidéteteurINDRA,aronymede Identiationde Noyaux etDétetion ave Réso-
lutionsArues, est un ensemblede détetionde partiules hargées[Pou95℄. Sagéométrie
luipermetdeouvrirunegrandepartiedel'espaeautourdelaollision,songrandnombre
de déteteurs lui proure une grande granularité, et ses diérents étages de détetion lui
2.1.1 La géométrie du multidéteteur INDRA
Leahierdeshargesrélamaitaunouveaudéteteurde olleterlemaximumde parti-
ulesissues de ladésexitation d'unnoyauhaudformélorsdeollisionsd'ionslourds.Il a
donfalluprévoirdesmodulesde détetiondans haquedomaineangulairede l'espae4
π
.17ouronnes ont été onçues dans etobjetif,haune omposéede plusieurs déteteurs.
Un shéma etune oupe longitudinalede INDRA sont représentées i-dessous (g. 2.1).
Fig. 2.1 Le multidéteteur INDRA: en haut,une représentation en 3dimensions
autour de la ible; en bas, une oupe longitudinale représentant les 17
ouronnes.
Pour obtenir un taux de double omptage inférieur à 5
%
, des simulations ont été faites [Cop90℄ an de déterminer le nombre minimum de déteteurs néessaires. C'est ainsi queINDRAestomposéde 336modulesdiérents,notammentdesdéteteursàionisation(gaz
et siliium) et des déteteurs à sintillation.Les 17 ouronnes ont pour axe de révolution
l'axedu faiseau, elles ouvrent 90
%
de l'espae (tab. 2.1).Couronne
θ( ◦ ) ∆θ( ◦
)∆φ( ◦
)∆Ω
(msr)1 2.5 1.0 30 0.37
2 3.8 1.5 30 0.74
3 5.6 2.5 15 1.01
4 8.4 3.0 15 1.70
5 11.7 4.0 15 3.21
6 16.9 6.0 15 7.01
7 23.0 7.0 15 11.17
8 30.9 8.0 15 15.79
9 39.4 10.0 15 26.43
10 50.6 12.0 15 39.60
11 63.0 13.0 15 50.31
12 79.3 18.0 15 77.50
13 101.0 18.0 15 80.07
14 119.1 16.0 22.5 93.50
15 135.0 16.0 22.5 73.06
16 149.8 15.0 45 91.19
17 166.4 19.0 45 50.89
Tab. 2.1 Granularité de INDRA : Pour haque ouronne (1 à 17) sont données les va-
leurs de l'angle polaire moyen
θ
, de la ouverture angulaire orrespondante∆θ
, de la ou-verture azimutale
∆φ
et de l'angle solide orrespondant∆Ω
.Ces nombreux déteteurssont répartissur plusieursétages dans haune des ouronnes et
e, pour deux raisons majeures. Lapremière déouledu faitqu'il faut pouvoir déteter et
déterminer l'énergie de toutes les partiules, quelque soit leur numéro atomique ou leur
vitesse. En eet, un déteteur gazeux n'arrêtera pas un proton de grande énergie, et un
déteteur solide ne donnera que très peu d'informations sur un gros fragmentlent. La se-
onderaison vientde laméthode d'identiation
∆
E-Equenousdétaillerons danslasuite (§
2.2.1).La onguration du multidéteteur INDRA lors de la inquième ampagne était la sui-
vante :
2 ◦
à45 ◦
: ouronnes 1 à 9, formées par des modules de trois étages (g. 2.3). Lepremier étage était onstitué d'une hambre d'ionisation (Chio) (exepté pour la
première ouronne), le seond de déteteurs siliium et le troisième de déteteurs à
iodure de ésium (CsI) suivis de photomultipliateurs.
45 ◦
à176 ◦
: ouronnes 10 à 17, ette fois-iformées par deux étages : une hambred'ionisation etdes déteteurs CsI.
Cette ongurationest légèrement diérente de elle hoisie pour lestrois premières am-
déteteurs phoswihs, assemblagesde deux sintillateursplastiques.Ce hoixavaitété fait
dans le but de supporter le fort taux de omptage de partiules émises à l'avant de la
réation. L'inonvénient était une perte de résolution en énergie. Cependant, l'expériene
a montré quees taux de omptage n'étaient pas ritiques pour lesangles ouverts par la
ouronne 1,lesphoswihsontdonété remplaés pardes modulesdu typedeeux montés
sur les ouronnes 2à 9 (Si-CsI) [Hud90℄.
Examinonsàprésenthaquetypededéteteurutilisépourformeresmodulesdedétetion.
2.1.2 Les diérents déteteurs de INDRA
Dans le but de déteter à lafois des fragmentslourds et lentset des partiules légères
etrapides,ilétaitprimordiald'avoirdesseuils dedétetionfaibles, del'ordrede
1
MeV/A.Le premier étage des modules de détetion devait don être formé de déteteurs gazeux :
leshambres d'ionisation.
Les hambres d'ionisation
Fig. 2.2 Représentationdes hambresd'ionisationdes ouronnes8à 12.Les Chio
sont regroupées sur 5 strutures méaniques indépendantes (ouronnes
2-3; 4-5; 6-7; 8-12; 13-17).
Les hambres d'ionisation sont onstituées d'une ellule de gaz (
C 3 F 8
) irulant entre2 feuillesde mylarjouant le rle d'anode et de athode (g. 2.2). L'épaisseur de la ellule
est de 5 m, elle des feuilles de mylar de 2,5
µ
m. Le gaz est maintenu à faible pression(quelques dizaines de mbar) et ei dans un seul but : obtenir des seuils de détetion bas
(
≈ 1
MeV/A),objetif du premier étagede INDRA.Leprinipede fontionnementest simple: lapartiuleàdéteter ionise legazréantainsi
des harges, elle-mêmes olletées par un hamp életrique. An de limiter le bruit dû
aux életrons émis lors du passage du faiseau dans la ible, une haute tension (30kV)
est appliquée à la ible. Le signal obtenu est alors traité par des préampliateurs,situés
à proximité des Chio, puis par des ampliateurs hors de la hambre à vide. Enn, le
signalestodé enhargeave deuxgainsdiérents,l'un derésolution1MeV/anal,l'autre
60keV/anal environ.
Les hambres d'ionisation forment don le premier étage des modules, suivies dans le as
des ouronnes avant par des déteteurs siliium.
Les déteteurs Siliium
Lesfragmentslesplus lourdsetrapides(donidentiables)étantattendus àl'avantde
la réation, seuls lesmodules des ouronnes 1à 9 sont équipés de déteteurs siliium. Un
équipement en siliiumdes ouronnes10à 17aurait parailleurs fortement arulesoûts
du multidéteteur sans améliorer ses performanes de façon signiative. Conrètement,
lesdéteteurssiliiumontune épaisseur
e =
300µ
m,àl'exeption de quelquesuns d'épais-seur 150
µ
m.Ande limiterleszonesmortesetainsid'augmenterlaouvertureangulaire, 4 déteteurs siliium ont été réalisés sur un même substrat. Ces derniers se plaent justederrière une hambre d'ionisation omme le montre le shéma (2.3). Le prinipe de fon-
Fig. 2.3 Module des ouronnes 1 à 9 de INDRA. Ce dernier omporte 3 étages
diérents : hambre d'ionisation + déteteurs siliium + iodures de é-
sium.
tionnement des déteteurs siliium est le même que pour les Chio. Lorsqu'une partiule
Lesignal est traitéde lamême façonetodé suivantdeux gains (grandgainetpetitgain)
an de parourir toutela dynamique en harge.
Le dernier étage des modules de détetion de l'ensemble des ouronnes est onstitué par
des déteteurs sintillantsCsI que nous allons dériredans la suite.
Les sintillateurs
Lesristauxd'ioduredeésiumdopésauthalliumontétéhoisisdanslebutdedéteter
les partiules légères. Leur épaisseur a été déterminée an de stopperles protons les plus
rapides attendus aux énergies du GANIL. Le tableau (2.2) dresse l'évolution des énergies
maximum attendues et des épaisseurs hoisies en fontionde l'anglede détetion.
Couronnes 2à 5 6-7 8-9 10-11 12 13 14à 17
E protons max
(MeV) 237 192 183 166 126 144 129E alphas max
(MeV) 948 766 733 664 504 577 517Epaisseur (m) 13.8 9.7 9.0 7.6 4.8 6.0 5.0
Tab.2.2 Epaisseur des CsI : Surlapremière ligneest indiqué lenuméro delaouronne,
surlaseondel'énergiemaximumdes protonsdétetés,sur latroisièmel'énergiemaximum
des partiules alphas, et enn, la dernière ligne présente l'épaisseur des CsI.
Lefontionnementdeesdéteteursestdiérentdeeluidesdéteteurspréédents.Lapar-
tiuleàdéteterexitelesatomesduréseauxristallinendéposantsonénergie.Cesatomes
émettent alors de la lumière en retournant dans leur état fondamental. La lumière,émise
suivant deux omposantes (une rapide et une lente), est alors transformée en un signal
életrique par les photomultipliateurs, dont la formedépend de la nature et de l'énergie
de lapartiule. Cesignal est ensuiteodé selondeux portes d'intégration,donnantaès à
deuxomposantesditesrapideetlente(RetL)quiserontprésentéesdanslasuite(
§
2.2.2).UnespéiitétrèsintéressantedumultidéteteurINDRAestl'existene,pourlessintilla-
teurs,deesomposantes rapideetlenteainsique,pourlesdéteteurssiliiumetChio,des
signauxgrand gainetpetit gain.Ces derniers permettentnotammentde balayerunelarge
gammeenharge.Lasuitede ehapitreprésentralesdiérentes méthodesd'identiation
des partiules détetéesreposantnotammentsur ladispositiondes déteteurs en plusieurs
étages.
2.2 Identiation en harge et en masse
Le ahier des harges du multidéteteur demandait, outre le faitde déteter les parti-
ulesetdexer leurénergie,de lesidentieren donnantleurhargeetéventuellementleur
masse.Dansette perspetive,plusieursétages dedétetion ontété misen plae.L'intérêt
prinipal de es diérents étages est de pouvoir appliquer la méthode
∆
E-E par ouplede déteteurs. Cette première méthode d'identiation sera présentée dans le paragraphe
suivantet son appliation à lainquième ampagne de INDRA détaillée.
Une autre façon de déterminer la harge etla masse des partiules légèresse trouve dans
l'étude de la forme des signaux obtenus grâe aux déteteurs à iodure de ésium (CsI).
Cette seonde méthode d'identiationsera abordéedans la suite.
2.2.1 La méthode
∆
E-EPrinipe de la méthode
Laméthode
∆
E-EreposesurlaformuledeBethe.Celle-inousdonnelaperted'énergied'une partiule en fontion de sa harge Z, de sa masse A, de son énergie E
incidente
et dumatériautraversé (onstante C) :
dE
dx ≈ C ∗ A ∗ Z 2 E incidente
(2.1)
Ainsi, dans notre as, en représentant la perte d'énergie
∆
E (déposée dans un déteteurtraversé)enfontiondel'énergierésiduelleE(déposéedansledéteteursuivantdanslequel
lapartiules'est arrêtée), nous obtenons des pseudo-hyperboles quidépendent du Z etdu
A de lapartiule(g.2.4). Après étalonnage,nous pouvons don remonter auxaratéris-
tiques des partiules s'arrêtant dans le seonddéteteur.
Pour obtenir à la fois
∆
E et E, deux déteteurs sont néessaires. Plusieurs ouples dié- rents peuvent être formés selon les aratéristiques en énergie et en taille des partiules.Pour les noyaux les plus lents et les plus lourds, autrement dit les moins pénétrants, le
oupleChio-Siest idéal. Eneet, lahambre d'ionisation,onstituée de gaz,jouera lerle
de
∆
Etandis que leSi,solide etn, stoppera lefragmentsans diulté. Parontre, pourles noyaux les plus rapides, don les plus diiles à arrêter, un déteteur solide et épais
sera néessaire:leCsI.Ainsi,pour e typede noyaux,leoupleSi-CsI est reommandé,le
siliiumjouantette fois-ilerle de
∆
E.Enn,onernantlesouronnes situéesleplus àl'arrière,uneassoiationChio-CsIest susanteétantdonnéladynamiqueen hargeatten-
due, plus faible qu'àl'avantdu déteteur.Une séparation des harges aurait été meilleure
ave un module siliium,mais pour des raisons de oût, le oupleChio-CsI aété préféré.
Toutes espossibilitésorrespondent auas idéalpour lequellapartiuledétetée perd
de l'énergie dans un déteteur et s'arrête dans un autre. Cependant, deux autres as de
gure seprésentent. Pour le premier,lapartiulen'a pas assezd'énergie pour atteindre le
deuxième étage de détetion : elle s'arrête dès le premier déteteur. A l'inverse, la parti-
ule peut avoirune énergie inidentegrandeet ainsi dépasser ledernier déteteursans s'y
arrêter.Ces deux possibilitésorrespondentà 2zones de laarte
∆
E-E: lazone de Bragget lazone de rebroussement. On ne peut alors pas déterminer la harge de es partiules.
Un systèmede "ode" attahé à haune d'elles aété misen plaean de les aratériser.
500 1000 1
0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0
csir s
i p g
Fig. 2.4 Carte CsI (rapide) - siliium(petit gain) :(en anaux)exemple d'hyper-
bolesobtenuespourquelquesdizainesde runs(Xe+Snà32et45Mev/A)
pour le module 1 de la ouronne 2. A haque point orrespond une par-
tiule détetée. Ces hyperboles dépendentde la harge et de lamasse des
partiules.
par le biais des artes Si-CsI et Chio-CsI dont le LPC (Laboratoire de Physique Corpus-
ulaire) avait la responsabilité pour la inquième ampagne d'expériene INDRA. Mais
auparavant, la méthode d'ajustement de es artessera brièvement présentée.
Fontion d'ajustement à 8 variables
ConernantledépouillementdelainquièmeampagnedeINDRA,letravails'estdivisé
entre les diérents laboratoires de la ollaboration. Personnellement, ma tâhe onsistait
à faire l'identiation des partiules par la méthode
∆
E-E pour les étages Si-CsI de laouronne 1 à la ouronne 9 et pour les étages Chio-CsI de la dixième ouronne à la dix-
septième.
L'ajustementpar une fontionnelledes grillesd'identiationa plusieursobjetifs.Lepre-
mier est évidemment un gain de temps, letraé de trois ouquatre lignes de Z permettant
d'endéduireunegrilleentière. Leseondavantageest sansauundoutelapossibilitéd'ex-
trapolationdans les régionsde faiblestatistique.
Lafontionnelle proprementdite aété élaboréepar L.Tassant-Got [Tas02℄.Elleest ba-
sée surlaformulede Bethe.Unepremière fontionnelleétendue etobtenue parintégration
est une fontion à 7 paramètres diérents donnant l'expression de la perte d'énergie
∆
Een fontion de l'énergieE :
∆E = [(g.E ) µ+ν+1 + (λ.Z α .A β ) µ+ν+1 + ξ.Z 2 .A µ .(g.E) ν ] µ+ν+1 1 − g.E
(2.2)oùlesparamètresg,
λ
,α
,β
,µ
,ν
,ξ
sontlesdegrés de libertéde l'ajustement.Unefois es paramètres xés, lesvaleursZ et A peuvent être extraites numériquement par algorithme(méthode de Newton-Raphson [Tas02℄) pour haque ouple
∆
E-E.Remarquons tout de même que dans notre as, les artes
∆
E-Esont obtenues en anaux.Enequionernelesiliium,laorrespondane
∆
E-analestlinéaire.Elleest déterminéegrâeàl'étalonnagedes déteteurs.Dans leasdes modules CsI,nousavons ommeinfor-
mationles omposantes rapide et lente obtenues selon deux portes d'intégration (
§
2.1.2).Pour avoir toute l'information, il faut aluler la lumière totale h, ombinaison des deux
signaux rapide etlent.
L'idéeestalorsd'étendrelafontionpréédenteenremplaçantEdiretementparlalumière
totale hdu CsI,laquelle s'érit d'après [Hor92℄ :
h = E − ρ. ln(1 + E
ρ )
(2.3)ave
ρ
=η
.Z2
.A oùη
est un nouveau paramètre. Il faut don pouvoir inverser ette équa-tion an de remplaer E par h dans la relation (2.2). Une diulté se présente alors ar
l'équation (2.3) ne peut pas être inversée analytiquement. Une solution approximée est
obtenue :
E = s
h 2 + 2ρh(1 + ln(1 + h
ρ ))
(2.4)Enombinantlesdeux relations(2.2)et(2.4),onobtientunefontionnelleà8paramètres,
reliant h et
∆E
. C'est ette dernière qui nous a permis d'obtenir tous les ajustements présentés dans lasuite.Identiation Si - CsI des ouronnes 1 à 9
La première partie du travail portait sur l'identiation des partiules dans les étages
Si (
∆
E) - CsI (E) pour les ouronnes les plus à l'avant. Etant donné la large gamme deZ à identier, deux gains diérents pour les déteteurs siliium ont été dénis (
§
2.1.2).Ainsi, le fontionnement en grand gain (noté GG) est idéal pour les partiules les plus
légèresgrâeàlabonne résolutionde laarte.Enrevanhe lepetit gain(noté PG)permet
d'identier deshargesallantjusqu'àZ=60.Ene quionerneleCsI,lagrandeur utilisée
est lalumièretotaleh,omme lerélamelaméthode d'ajustement vuepréédemment.De
ettefaçon,deuxartesdiérentes ayantpourabsisseshpeuventêtretraéespourhaque
module : l'une ave la omposanteGG etl'autre ave la omposantePG.
Pour la première, un seul ajustement est néessaire allant jusqu'à la harge Z=10 sans
identiationen masse pour les ouronnes 1 à 5. La masse est alors onsidérée omme le
fois-ila résolution permet une identiationen masse et e, jusqu'à laharge Z=6.
Conernant laartePGvs h,lagammede Zparouruedépend de laouronne onsidérée.
En eet, le quasi-projetile de harge prohe de elle du projetile lui-même est dans la
plupart des as déteté dans les deux premières ouronnes et très rarement dans les ou-
ronnes 8 ou9. La population de haque arte dépend don de la ouronne étudiée. C'est
ainsi que, si pour la ouronne 2, deux ajustements diérents sont néessaires, il ne faudra
en traer qu'un dès la ouronne 3 pour laquelle la dynamique en harge est déjà plus res-
Couronne Nbre aj. GG Ident. en A Nbre aj. PG Plage en Z des aj.
1 1 non 2 (1-10)(11-35)(36-58)
2 1 non 2 (1-10)(11-35)(36-58)
3 1 non 1 (1-10)(11-50)
4 1 non 1 (1-10)(11-40)
5 1 non 1 (1-10)(11-30)
6 1 oui 1 (1-6)(7-23)
7 1 oui 1 (1-6)(7-20)
8 1 oui 1 (1-6)(7-16)
9 1 oui 1 (1-6)(7-13)
Tab. 2.3 Tableau réapitulatif des ouronnes 1 à 9. Dans la première olonne est
indiqué le numéro de la ouronne, dans la seonde le nombre d'ajuste-
ments néessaires pourlaarte(h -SiGG), danslatroisièmel'identia-
tion en masse, dans la quatrième le nombre d'ajustements pour la arte
(h - SiPG), et enn, la dernière olonne présente la plage en harge Z
des ajustements préédents.
treinte. La liste des ajustements pour haque ouronne ainsi que la plage en Z ouverte
orrespondante est présentée dans le tableau(tab. 2.3).
Prenonsl'exempledu premiermodule de laseonde ouronne. Troisajustementsontdon
été néessaires :un premieren grandgain etdeux autresen petit gain.Auune identia-
tion en massen'a été faite.
Lesgrilles de lignes de Zobtenues (g. 2.5) oïnidentparfaitementave leslignes réelles.
Un premierontrlequi onsiste àsuperposer l'ajustementsur lesdonnées elle-mêmes est
don tout à faitonluant.
Unautreontrlepossibleest detraerlesprojetionsen hargeetde surveillerlerapport
signal/bruit
S
B
.Lagure(2.6) présentees projetions surtoute lagammede Z.A haquepiorrespond une harge. On onstate quel'on sépare bien un Zde l'autre, etle rapport
signal/bruit est satisfaisant : les premiers Z ont un rapport
S
B
de l'ordre de 150 tandisque les harges les plus rares ont un rapport toujours supérieur à 5.Chaque pi est don
aisément identiable.
Enn, une dernière vériation liée à la ohérene entre les 3 ajustements est indispen-
0 2000 4000 6000 8000 4
0 0 0
0 2 0 0 0
lum s
i g g
0 2000 4000 6000 8000
0 5 0 0 1 0 0 0 1 5 0 0
lum s
i p g
0 2000 4000 6000 8000
1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0
lum s
i p g
0 2000 4000 6000 8000
4 0 0 0
0 2 0 0 0
lum s
i g g
0 2000 4000 6000 8000
0 5 0 0 1 0 0 0 1 5 0 0
lum s
i p g
0 2000 4000 6000 8000
1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0
lum s
i p g
Fig. 2.5 Couronne 2, module 1 (Xe+Snà 32et45MeV/A): Casd'uneouronne
pourlaquelle3ajustementsontéténéessaires.Les2graphesduhautsont
desartes(lumièretotale-SiGrandGain),àgauhesansletetàdroite
ave leslignes dehargesajustées. Dela mêmefaçon sontprésentées,au
entre, lapremièrepartiedelaarte (lumièretotale-Si PetitGain)eten
bas, sa seonde partie. Les axes sont exprimés en anaux. Nous pouvons
onstater labonne ohéreneentre lesgrillesd'ajustement et lesdonnées
Fig. 2.6 Couronne 2, module 1 : Les diérents graphes présentés i-dessus sont
les projetions des harges Z. A haque pi orrespond une harge. Ces
gures,quipermettent devérier lebon rapport signal/bruit,justientla
méthode d'identiation des harges.
que la ligne de Z de passage d'un ajustement à l'autre (Z=11 ou Z=36) soit quasiment
identiquepour les deux traés. Cette ontinuité est bien vériée dans notre as (g. 2.7).
Les 3 ajustements sont don ohérents les uns ave les autres pour l'ensemble des runs
(environ60) présentés ii.
Touteslesgurespréédentes onernentlemodule1de laouronne2pourunesoixan-
tainederunsorrespondantausystèmeXe+Snà32et45MeV/A.Or,durantlainquième
ampagne, plusieurs systèmes diérents à des énergies diérentes ont été enregistrés sur
plusde 2500runs.Lefaitdehangerde systèmeetd'énergie n'auraommeseuleinidene
Fig. 2.7 Couronne 2, module 1 : Les 2 gures représentent les raords entre les
diérents ts du module 1 de la ouronne 2. A gauhe, le raord GG-
PG1 età droite,leraordPG1-PG2. Les axes sontexprimésen anaux.
Les lignes en gras sont les lignes de passage d'un t à l'autre. Dans les
2 as, le raord est orret. Les divergenes observées pour les grandes
quantités de lumière (à droite des spetres) orrespondent à des zones
non peuplées par les noyaux détetés.
Fig. 2.8 Couronne 2, module 1 : évolution du signal Grand Gain du siliium du-
rant la inquième ampagne. En absisse sont portés les runs, en or-
donnée les anaux du siliium touhé. La gure du haut est en pleine
éhelle, elle du bas est un agrandissement sur les évènements "géné"
pour les mêmes runs. An de vérier la stabilité du module, le généra-
teurd'évènementsenvoieun signalonstant,l'évolutionde laréponseest
préédents par extrapolation. Cependant, la validité des trois ajustements sur toute la
inquième ampagne dépend évidemment de la stabilité de l'életronique des déteteurs
orrespondants.Cette stabilitépeutêtre vériéegrâeàun générateurd'impulsion("Slow
Control"). Uneimpulsion alibrée,toujours identique, est appliquéeà l'entrée des préam-
pliateurs et suit la haîne életronique omme un événement physique. De ette façon,
lastabilitéde l'ensemblede détetionpeutêtre ontrlée.Toujoursdans leas du module
1 de la ouronne 2, la dérive observée tout au long de la inquième ampagne ne dépasse
pas 0,3
%
(g. 2.8).Toutes es guresonernentle module1de laouronne 2 pour lequelauune identi-
ation en masse n'est possible.Dans lasuite, nous verrons l'exempled'une ouronne pour
laquelle larésolution des artes GGest susante pour fairel'identiationen masse.
Prenons l'exemple du premier module de la huitième ouronne. Pour e dernier, deux
ajustements ont été traés, un pour haque gain du siliium (g. 2.9). Considérons uni-
quement le fontionnement grand gain, l'ajustement de la arte PG étant relativement
semblable à elui de la ouronne 2. Cette fois-i, une identiation en masse pour les
6 premières harges est possible, haque ligne orrespondant à une harge età une masse.
Parexemple,pour lahargeZ=1,onarriveàséparerlesprotons,lesdeutonsetlestritons.
Cetteséparationestnettementvisiblesurlesprojetionsen massepourune hargedonnée
(g. 2.10). Jusqu'à Z=5, le rapport signal/bruit est susament grand pour identier les
diérentes masses. La limite est la harge Z=6 pour laquelle e rapport
S
B
reste tout demême supérieurà 1,4.
Enore une fois, il reste à ontrler le raord entre les deux ajustements (g. 2.11). La
grilletraéepourlefontionnementgrandgain estlagrilledes Zmoyens.L'aordesttout
satisfaisant dans la zone de raordement (Z=6).
Par lebiais de es deux exemples (ouronne 2et ouronne 8),nous avons misen évidene
la méthode d'identiation pour les étages Si-CsI des ouronnes avant du multidéteteur
INDRA. Plusieurs vériations ont pu être faites et ont donné des résultats tout à fait
onvainants.Laseonde partiedutravailnousonernantportaitettefois-isur lesou-
ronnes arrières (10 à 17) et les étages Chio-CsI. Le paragraphe suivant présente le travail
eetué.
Identiation Chio - CsI des ouronnes 10 à 17
L'identiation par la méthode
∆
E-E pour les ouronnes 10 à 17 se fait ave strite-ment la même philosophie que l'identiation vue préédemment. Le déteteur à iodure
de ésium joueexatement lemême rle, 'est àdire qu'il mesurel'énergierésiduelle E de
la partiule. Laperte d'énergie
∆
E, elle, n'est plus mesurée par un siliium, mais par unehambre d'ionisation.Comme pour lesdéteteurs siliium,les signaux des hambres d'io-
nisation (Chio) sont ampliés selon deux gains diérents. Les partiules de faible harge
sont failement identiables grâe à laarte (Chio Grand Gain - h ), où hest la lumière
totale du CsI. Par ontre, les fragments lourds n'apparaissent pas sur es artes, mais sur
0 2000 4000 6000 8000 4
0 0 0
0 2 0 0 0
lum s
i g g
0 2000 4000 6000 8000
2 0 0 0
0 1 0 0 0
lum s
i p g
0 2000 4000 6000 8000
4 0 0 0
0 2 0 0 0
lum s
i g g
0 2000 4000 6000 8000
2 0 0 0
0 1 0 0 0
lum s
i p g
Fig. 2.9 Couronne 8, module 1 (Xe+Sn à 32et 45 MeV/A) : même présentation
que la gure (2.5), les graphes du haut ayant pour ordonnées (siliium
Grand Gain) et eux du bas (siliium Petit Gain). Dans le as de la
ouronne 8, une identiation en masse sur la arte SiGG est possible.
Pourettedernière,haqueligneorrespondàune masseetàune harge
xées.
Fig.2.10 Couronne 8, module 1 : Les 6 premiers graphes sont les projetions en
masse pour une harge donnée. Les 3 derniers sont les projetions en
harge orrespondant au t du SiPG. Pour l'identiation en masse, le
rapport signal/bruit est orret jusqu'à la harge Z=5 et moins bon pour
Z=6.
Fig.2.11 Couronne 8, module 1 :LagureprésenteleraordentreletenGrand
Gain et le t en Petit Gain. La ligne traée en gras est le passage d'un
t à l'autre.
Conernant le travail eetué, seules les ouronnes 10, 11 et 12 avaient une résolution
susante pour pouvoir entreprendre une identiation. Sur les artes orrespondant aux
autres ouronnes (13 à17), les lignes de Zne sontpas susament nettes pour pouvoirles
ajuster. Le tableau réapitulatif (tab. 2.4) dresse don le bilan du nombre d'ajustements
néessaires pour lestrois ouronnes exploitables, de lamême façonque letableau (2.3).
Dans la suite est présenté l'exemple du premiermodule de la12ème ouronne. L'ajus-
tement de laarteayant pour ordonnéela omposanteGrandGain de laChione présente
pas de diulté, les lignes de harge étant bien distintes les unes des autres (g. 2.12).
En revanhe, pour la omposante Petit Gain, quelques lignes seulement sont exploitables
pour le alul d'un ajustement. Ainsi, si les premières lignes de Z (Z<15) sont ajustées
orretement, lereste de la grilleest extrapolé. Un "ode" spéial sera attribuéàhaune
des partiules de es zones an de garderune bonne traçabilité.
Ces deux observations sont vériées grâe aux projetions des harges Z (g. 2.13). Si le
rapport signal/bruit
S
B
de es ourbes est tout à fait orret pour les premiers Z, il l'estbeauoup moins pour les harges supérieures. Eneet, en prenant l'exemplede Z=25, on
onstate quele piorrespondantest mélangéàses voisins. Leseul moyen d'attribuerune
harge aux partiules de ette zone est alors d'extrapoler les lignes préédentes an d'en
déduireles lignes de Z probables.
L'aord entre les deux ts grand gain et petit gain est très bon pour lespetites énergies
(g. 2.14). Pour les grandes énergies, on observe un déalage d'une harge ou deux, mais
dans les régions de très faible statistique. Les partiules onernées par e déalage sont
don très rares.
0 2000 4000 6000 8000 4
0 0 0
0 2 0 0 0
lum c
h i o g g
0 5000 10000 15000
1 0 0 0 2 0 0 0
lum c
h i o p g
0 2000 4000 6000 8000
4 0 0 0
0 2 0 0 0
lum c
h i o g g
0 5000 10000 15000
1 0 0 0 2 0 0 0
lum c
h i o p g
Fig.2.12 Couronne 12, module 1 (Xe+Sn à 32 et 45 MeV/A) : même présenta-
tion que lagure (2.9). Seuls 2 ajustements ontété néessaires, un pour
la arte GG et l'autre pour la arte PG. La résolution ne permet pas
d'identiation en masse.
Couronne Nbre ts Nbre ts GG Identen A Nbre ts PG Plage en Z des ts
10 2 1 non 1 (1-10)(11-30)
11 2 1 non 1 (1-10)(11-30)
12 2 1 non 1 (1-10)(11-30)
Tab. 2.4 Tableau réapitulatif des ouronnes 10 à 12. La orrespondane de
haque olonne est lamême quepour le tableau (2.3).
Fig.2.13 Couronne 12, module 1 : Ci-dessus les projetions des harges des par-
tiules détetées. Une fois de plus, le rapport signal/bruit est tout à fait
orret pourlespremières harges. PourlesZsupérieuresà 15, leslignes
sont déduites par extrapolation.
Fig.2.14 Couronne 12, module 1 : Le graphereprésente le raord (lignetraée en
gras) entre les 2 ts en petit et grand gain.
Tous les exemples d'identiation présentés préédemment reposent sur la méthode
∆
E-E. De ette façon, on a la possibilité de déterminer les harges des partiules déte- tées allant jusqu'à Z=60. Il existe une autre méthode d'identiation pour les partiuleslégères, mais ette fois-ireposant sur la forme des signaux. C'est ette méthode qui sera
rapidementprésentée dans leparagraphe suivant.
2.2.2 La disrimination en forme des signaux
Le prinipe de la méthode est simple. Le sintillateur, tel que les ristaux à iodure
de ésium, émet un signal lumineux vers un photomultipliateur. L'intensité lumineuse
assoiée est alors du type :
I = I r .e −t τr + I l .e −t τl
(2.5)La partiularité est que les CsI émettent de la lumière selon deux onstantes de temps
diérentes : l'une rapide liée à
τ r
(0, 4 − 0, 7µ
s) et l'autre lente aratérisée parτ l
(7µ
s).L'intérêtdeetteéquationsetrouvedanslesonstantes
I r
etI l
.Ellesdépendentfortementdes aratéristiques de la partiuledétetée omme l'énergie, lamasse ou laharge.
Le signal lumineux est alors onverti en signal életrique par le photomultipliateurplaé
derrièrele sintillateur.Il a laformesuivante :
dq(t)
dt = h
τ 0 − τ .(e − τ t 0 − e − τ t )
(2.6)h étant l'intégraledu signal,
τ
etτ 0
respetivement les temps de montée et de redesente du signal. Les informationsonernant la partiuledétetée sont alors omprises dans lesdeux variables h et
τ 0
. Pour extraire es informations, la méthode est d'intégrer le signalselon deux portes en temps diérentes [Kno89℄. La première, entre
t = 0
ett = t 1
, donneun signal rapide noté R etla seonde, entre
t = t 2
ett = t 3
, un signallent noté L.R = h
τ 0 − τ .[τ 0 .(1 − e −
t 1
τ 0 ) − τ.(1 − e − t τ 1 )]
(2.7)L ≈ h.τ 0
τ 0 − τ .(e −
t 2
τ 0 − e − t τ 3 )
(2.8)Lareprésentationde laomposanterapideen fontionde laomposantelentelaisse appa-
raître plusieurs lignes qui permettent une disriminationen harge et en masse. En eet,
sur la gure (2.15) est traée la grandeur R en fontion de L pour le premier module de
la ouronne 10. On y remarque plusieurs lignes orrespondant haune à une harge et
0 200 400 600
0 2 0 0 4 0 0 6 0 0
csil c
s i r
Fig.2.15 Couronne 10, module 1 : agrandissement de la arte (CsI rapide - CsI
lent), les axes étant exprimésen anaux. Les 2 gains des CsI permettent
d'identier lespartiulesde faibleharge. On peut ainsifailementsépa-
rer les protons, les deutons, les tritons et les alphas.
une masse. Quatre se distinguent partiulièrement : les trois premières lignes regroupent
les harges Z=1 (protons, deutons et tritons), et la quatrième les partiules alpha. Cette
méthode permet l'identiation isotopique des partiules et des fragments légers jusqu'à
2.3 INDRA et la ampagne au GSI
L'ensembledesdonnéesprésentéesjusqu'àmaintenantestissuedelaampagne5menée
au GANIL. La suite de ette thèse repose sur les données de la quatrième ampagne
d'expérieneau GSI àDarmstadt. Durant ette expériene, le multidéteteur aété utilisé
pourdes énergiesdefaiseausupérieuresauxampagnespréédentes. Unequestionsepose
don onernant les limites de INDRA. En eet, il faut que le tauxde détetion multiple
dans une ellule reste faible, même pour les énergies inidentes entrainant de grandes
multipliités.Uneétude s'impose dononernantle nombre de détetionsmultiplespour
lesollisions onsidérées.
Laourbede lagure(2.16)nouspermetde déterminerletauxde detetionmultipledans
notre as [Cop90℄.En onsidérant unemultipliitémoyenne de l'ordrede 30etun nombre
Fig.2.16 Représentationde lavariable k
= N d M
, dépendantdu nombre de déteteursNd et de la multipliité de partiules M, en fontion du pourentage de
détetion multiple. Pour une multipliité de l'ordre de 30 et pour 330
déteteurs environ, la valeur de k
≈
11 orrespond à moins de 5%
dedétetions multiples.
de déteteurs voisin de 330, le taux obtenu ne dépasse pas 5
%
. Dans les données quivont être analysées dans ette thèse, e pourentage indique que le taux d'erreur restera
faible quand onse onentrera sur tel outel produit déteté. Ce sera le as en partiulier
quand ons'intéressera aufragmentdéteté leplus lourd(sanatureserararemententahée
d'une erreur due à un empilement dans le déteteur onerné). De plus, l'empilement le
plusprobable sepasseraaveune partiulelégèrequimodierapeu l'observableprinipale
(natureenhargedufragment).Parontre,untauxd'empilementdel'ordrede5
%
signiequelaplupartdesévénementsdemultipliitéélevéeestpolluépardetelsempilements.Ilen
résultera uneinertitudesur lesvariablesglobalesaratérisant l'événement,enpartiulier
l'énergie d'exitation mesurée par alorimétrie. Mais là aussi, l'erreur restera limitée à
moins de 10
%
.Chapitre 3
Un signal de transition de phase : la
bimodalité
L'un des signaux les plus remarquables de la présene d'une transition de phase est le
signal de bimodalité.Ce dernierest sans douteleplus diret de tous lessignaux proposés.
Ilonsisteen eetàobserverunegrandeurtrèsbienmesuréeexpérimentalement,sansfaire
d'hypothèsepartiulière.Lesautresméthodes, elles,apparaissentmoinsdiretes(alulde
l'énergie d'exitation, néessité de reonstruire les partitions,...). La bimodalité est don
un signal fort, même si les informations qu'elle nous apporte sont plus qualitatives que
quantitatives.
Leprinipede labimodalitéestlesuivant:par l'observationd'une grandeurjouantlerle
de paramètre d'ordre, il serait possible de mettre en évidene deux famillesd'événements
à une température donnée (adre anonique), et ainsi d'avoir la possibilité de séparer les
deux phases éventuelles[Gul03℄.
Danslesparagraphessuivants,nous examineronsette bimodalitéd'unpointde vuethéo-
riqueen herhantuneobservable adaptée(paramètred'ordre).Nousvérieronségalement
larobustesse du signal pour pouvoiromparer les résultatsà l'expériene.
Dans une seonde partie, nous présenterons rapidement lespremiers résultats expérimen-
taux déjà publiés et obtenus pour les ollisions entrales de trois systèmes diérents :
Ni+Ni [Lau04℄, Ni+Au [Bel02℄ etXe+Sn [Bor02℄.
Enn, ladernière partie traiteralesollisionspériphériques étudiées dans e travail.Deux
systèmes seront analysés pour une énergie de bombardement de 80 MeV/A : le sytème
Xe+Sn et le système plus lourd Au+Au. Pour e dernier, le problème de la ssion sera
abordé et les résultats omparés à Xe+Sn. Ce hapitre s'ahèvera en étudiant l'inuene
de l'énergie de bombardement sur lesignal de bimodalité.
3.1 La bimodalité : les prévisions théoriques
Unetransitiondephasedupremierordredansun systèmenisetraduitparl'existene
paramètre d'ordre[Cho04℄notéX, ommel'énergieE,lenombre de partiuleN ouenore
le volume V, la transition de phase se manifestera sur la ourbe par une partie onvexe
dans larégion spinodale. Cette ourbe est traée en bleue sur la gure(3.1).
Quelleest la réperution de ette observation sur la distributionde X? Laprobabilité de
λ X S (X)
2
1
eq
X 1 X min X max X 2 X
Minimum slope Maximum slope ln P(X)
Fig. 3.1 Cas d'un ensemble anonique pour un système ni (gure extraite de la
référene[Cho04℄).Laourbebleuereprésentel'entropieStraéeenfon-
tiond'unevariableXjouant lerledeparamètred'ordre.Laourbeverte
orrespond àladistribution deprobabilité P(X) en éhellelogarithmique.
Unetransitionde phasemarquée par laonvexité de Sse traduitpar une
bimodalité de P(X).
la variable X prend la forme
P (X) ≈ e S(X) − λX
oùλ = dX dS
est le paramètre de Lagrangeorrespondant. La distributionP(X) est représentée en vert sur lagure (3.1). On s'aper-
çoit que la onvexité de l'entropie se traduit par la présene de deux maxima séparés par
un minimum (appelée bimodalité), dans la distribution de probabilité de l'observable X.
Cettebimodalitéindiquedonlaoexistene,pourlesystèmeétudié,dedeuxtypesd'états
ou"phases"distintes. Silagrandeurbimodaleest uneobservable olletive,ellepeutêtre
identiée à l'un des paramètres d'ordre de la transition (toute observable orrélée à un
paramètre d'ordreest potentiellementparamètre d'ordre).
Silesystèmeestàl'équilibrethermodynamique,ilestpossibledemontrer[Cho01℄queette
dénition est équivalente au théorème du erle unitaire de Yang et Lee [Lee52 ℄[Cho01℄.
Autrement dit, le phénomèneétudié dans la limite thermodynamique est bien une transi-
tion de phasestandard du premierordre.
An de mettre en évidene une possible transition de phase dans la multifragmentation
nuléaire,nousavonshoisi denousintéresseràladistributionde hargeduplus grosfrag-
ment
Z max
.Lehoix de etteobservable présente plusieursintérêts.Tout d'abord,ils'agitplus gros fragment est un paramètre d'ordre dans nombre de modélisations théoriques de
phénomènesritiques, thermiques ou non thermiques [Bot97℄. Finalement,si lamultifrag-
mentationpeut êtreapparentée àune transitionde phasede typeliquide-gazommeilest
prévu théoriquement [Ber83℄,alors leparamètre d'ordreattendu est ladensitéde matière,
qui est très ertainementorrélée àla tailledu plus gros fragment.
Danslasuite,nousallonsnousintéresseràeparamètred'ordred'unpointdevuethéorique
en utilisantun modèle :le modèle du gaz sur réseau.
Le paramètre d'ordre
A max
An de mettre en évidene théoriquement le signal de bimodalité,F. Guminellia uti-
lisé lemodèle du gaz sur réseau [Gul03℄. Ce modèle, inspiré du modèle d'Ising, onsiste à
onsidérerunréseauàtroisdimensionsomprenantun ertainnombrede sites,haquesite
pouvant être vide ou oupé par une partiule d'impulsion variable. Un hamiltonien est
alors déni omme la somme de deux termes, l'un potentiel prenant en ompte l'intera-
tionentre partiules(shématiséeommeunouplageattratifonstantentre plusprohes
voisins; auun terme de oulomb n'a été rajouté), l'autre inétique traduisant l'agitation
thermique. On peut alors aluler et observer diérentes observables telle que la tailledu
plus gros fragment.
Ce modèle présente à la limite thermodynamique un point ritique pour une valeur de la
pression
P = P c
, et une transition de phase du premier ordre du type liquide-gaz pourP < P c
.La gure suivante (g. 3.2) montre les distributions de probabilité de
A max
normaliséà la taille de la soure dans l'ensemble anonique isobare (masse xée, énergie et volume
xés seulement en moyenne). Le alul est fait à une pression sous-ritique (
P < P c
),pour des températures prohes de la température de transition
T t
etpour un système de216 partiules.
En observant la ourbe noire du seond graphe (en haut, à droite) de la gure (3.2), on
onstate la présene de deux maxima séparés par un minimum,aratéristique d'un para-
mètre d'ordre. Cette ourbe, orrespondant à la température de transition
T t
, permet demettre en évidene deux types d'événements diérents. Le premier type, aratérisé par
le pi de droite, regroupe les événements ayant un résidu bien plus gros que les autres
fragments: la phase dite liquide. Le seond, orrespondant au pide gauhe, présente un
fragment de masse
A max
quasiment identiqueaux autres fragments : une faible valeur deA max
peut être assoiée à la phasegazeuse.On onstate égalementque,pour une températureplus petite quelatempératurede tran-
sition
T t
, seuls les événements de type "liquide" subsistent de façon signiative (ourbe noire du premiergraphe,en hautà gauhe). A l'inverse, pourune températureplus élevéeque