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Le dynamisme interne des corpuscules et l’origine de la
gravitation
A. Kastler
To cite this version:
A. Kastler. Le dynamisme interne des corpuscules et l’origine de la gravitation. J. Phys. Radium,
1931, 2 (2), pp.61-64. �10.1051/jphysrad:019310020206100�. �jpa-00233051�
LE
DYNAMISME INTERNE
DES CORPUSCULES ETL’ORIGINE
DE LAGRAVITATION
par A. KASTLER.
Sommaire. 2014 Le principe d’équivalence entre champs de gravitation et champs d’inertie suggère l’idée que ces deux sortes de champs doivent leur existence au même mécanisme physique élémentaire.
Or, les forces d’inertie sont des forces d’origine dynamique, produites par l’accéléra-tion d’un corps par rapport à la masse d’univers. Elles ne constituent qu’un cas
particu-lier d’un phénomène plus général : L’accélération mutuelle de deux corps crée en ceux-ci des « forces d’accélération » qui s’y opposent. Ces forces sont trop faibles pour pouvoir
être décelées avec deux corps de masse usuelle ; elles nous apparaissent comme « forces d’Inertie » lorsqu’on accélère un corps par rapport à la masse considérable de tout
l’uni-vers.
Conformément au principe d’équivalence, il convient donc d’interpréter les forces de
gravitation comme un autre cas particulier de forces d’accélération. L’ancienne concep-tion statique de la gravitation doit donc faire place à une conception dynamique qui
devra rechercher le dynamisme caché qui engendre l’effet de gravitation. Cet effet émane des corpuscules matériels ultimes (proton et électron) et doit donc être attribué à un
dynamisme interne des corpuscules. Ce caractère dynamique des corpuscules s’est affirmé de plus en plus et de divers côtés pendant les dernières années (spin de l’électron et du proton, vibration interne de de Broglie). C’est en lui, et par les accélérations internes qu’il conditionne, qu’il convient de rechercher l’origine de la gravitation.
« Il
importe
de noter que la déformation del’Espace-Temps
ne doit pas être considérée comme la cause de lagravitation.
Entre la structure de l’univers et lagravitation
iln’y
a pas de lien decausalité, car c’est une seule
et
même chose. Lesphénomènes
degravitation
sontsimplement
desmanifestations de la déformation
qui
existe enpré-sence ou au
voisinage
de lamatière,
qui
estsou-mise à une loi découverte par
Einstein,
mais dont la causepremière
resle unprofond rnystère.
»Jean BECQUEREL.
(Le
Principe
de Relativité et la Théoriede ,la Gravitation,
p.142).
Einstein a fait faire un
grand progrès au problème
de lagravitation
enénonçant le
prin-cipe d’équivalence
entre leschamps
degravitation
et leschamps
d’inertie. C’est sur ceprincipe qu’il
a fondé sa théorie de lagravitation,
théoriegéométrique
et formellequi
ramène l’étude de lagravitation
à l’étude despropriétés
d’un univers non euclidien(ce
qui
revient aupoint
de vuephysique
à substituer dans tout domaine infinitésimal auJhamp
de62
gravitation
unchamp
d’inertieéquivalent).
Il est évident que cettethéorie,
comme le fait. remarquer
Becquerel,
ne résout pas leproblème
del’origine
de lagravitation,
car ellene fait
qu’expliciter analytiquement
le contenuphysique
duprincipe d’équivalence.
Enpartant
de ceprincipe,
onpeut
cependant
essayer d’aboutir à unpoint
de x-uenou-veau : il
exprime
en effetl’impossibilité
dedistinguer
unchamp
degravitation
d’unchamp
d’inertie. Les deux
champs
ne constituentqu’une
seule et même réalitéphysique.
-Or de l’identité de leurs
propriétés
il estlogique
de conclure àl’identité
de leurscauses.
La
gravitf1tion
et l’inertie de 1 a lnatière doivent être attribuées à zcoe JUénle causephysiques.
°Pénétrer la cause de l’une servira donc à élucider la cause de l’autre.
Que
savons-nous surl’origine
desforces
d’inertie ? Ces forces ont uneori,qine
essentiel-lement
dynamique :
ellesapparaissent
avec lemouvement,
avec le mouvement accéléré. Toute accélération d’un corps parrapport
à unsystème
galiléen
fait naître des forcesd’inertie.
Pourquoi
lessystèmes
galiléens
sont-ils favorisésparmi
lesautres,
àquelle
causephysique tangible
peut-on
attribuer leur rôleprivilégié ?
C’est pourrépondre
à cette ques-tion et pour éliminer la notionmétaphysique
d’espace
absolu que Mach etaprès
lui Eins-tein ont fait intervenir, comme causeobjective
la masse d’univers(1).
C’est la masse totale de l’univers et sa
répartition
dansl’espace qui
détermine ladiffé-rentiation entre
systèmes
galiléens
etsystèmes
nongaliléens,
lespremiers
étant ceux parrapport
auxquels
le « centre degravité
» de l’univers n’est pas accéléré. Il convient donc de modifier l’énoncé duprincipe
del’inertie,
pour lui donner un sensphysique
et de dire :J10ute accélé?«ation relative d’un éi la masse d’iniuei.s déteruiiiùe
ribion de
forces
d’inertiequi
s1opposeîït
à cette accélération.Cet énoncé a
l’avantage
de faireenvisager
les forces d’inertie comme un casparliculier
d’un
phénomème beaucoup plus général :
L’accélération
relativr;
de deux ¡nasses des ccforces qui s’y
opjJosellt
».-Nous voulons
appeler
cesforces,
pourabréger,
«forces
d’accélération ». Ces forces sont si faiblesqu’il
faut renoncer à les déceler par desexpériences
de laboratoire(échec
del’expérience
des frèresFriedlànder),
maislorsque
l’une de ces masses est la masse tout entière del’univers,
oncomprend
que l’effet soitsensible,
et il nousapparaît
alors dans les forces que nousappelons
« forces d’inertie »(2).
Ceci étant admis sur
l’origine
des forcesd’inertie,
nous allons nous en servir pourélucider le
problème
del’origine
de lagrav’itation.
Conformément à notre
postulat,
il nous faut rechercherl’origine
de ces forceségale-ment dans l’existence d’accélérations relatives. Nous savons que les
champs
degravitation
émanent des éléments ultimes de la
matière,
de l’electron et surtout duproton.
Dupoint
devue des anciennes
conceptions statiques
de la matière notre recherche semble vaine.L’élec-tron et le
proton
y sont considérés comme dessphères isotropes,
au repos, etchargées
d’électricité,
centres dechamps électrostatiques.
Lamatière,
constituée par leurassem-blage,
sembleengendrer
autour d’elle lechamp
degravitation statiquement
par le fait d’êtreprésente.
Cette
conception statique
de lagravitation,
qui
ne cache que notreignorance,
estincom-patible
a,vec uneinterprétation
dynamique
de lagravitation,
analogue
à celle des forces d’inertie.Mais
depuis quelques
années l’idée d’undynarnisnte
interne descorpuscules
s’affirmede plus
enplus
enPhysique.
Cette idée s’estimposée
auxPhysiciens
dans deux domainestout
àfait
distincts :. (1) Ernst Mach,
Die Jtfechanik. -
Einstein, die
Gî,iindlagen
deral(qerneinen
Helativitiitstheorie, p. 8 et 9.2013
Freundlich, Gruiidla,qen der Einsteinschen
Gravitationsthéorie,
p. 39 et 40.’
(2) Einstein, Vier Vorlesungen
uber Relativlttitstheorie,
p. 6... _63
1° Pour
expliquer
lesmultiplicités
spectrales,
lesspectroscopistes
se sontvus obligés
d’admettre l’existence d’un mouvement de rotation propre de
l’électron,
le d’Uhlel1-beck et ixoudsmit. L’existence de deux moléculesd’hydrogène (ortho
etpara)
semble indi-quer que cespin appartient
également
auproton,
les deux variétésd’hydrogène
sedistin-guant
par la
résultante desspins
nucléaires de la inolécule FI2.~8 Dans un autre ordre d’idées Louis de
Broglie
a affirmé ledynamisme
interne descorpuscules
matériels par sonpostulat
fondamental :qui
attribue à toutquantum
d’énergie E (proton,
électron ouphoton)
une vibration internede
fréquence
~.Ce
postulat qui
affirme l’universalité dudynamisme interne
delàmatière,
a été confirméexpérimentalement
par la diffraction des électrons.Dirac a montré que ces deux nouvelles
propriétés
descorpuscules (vibration
interne etspin)
ne sont que deuxaspects
différents d’un mêmedynamisme originel.
Partant dececi,
essayons de nous faire uneimage
concrètre de cedynamisme
si toutefois cela estpossible.
De
Broglie
neprécise
en rien la nature et la forme de la vibration interne dont ilpostule
Inexistence,
et sonpostulat
ne nouspermet
donc pas de nous en faire un modèlemécanique.
La notion despin
est mieux accessible à notreimagination,
elle noussuggère
de comparerles
corpuscules
à dessphères
tournantes,
véritablespetits
volants animés d’un mouvement de rotation extraordinairementrapide,
et étant par suite lesiège
d’accélérationscentri-pètes
considérables. Cedynamisme
estinséparable
de l’idée même decorpuscule,
il encons-titue une
qualité
première
comme sacharge électrique.
Ces accélérations internes des
corpuscules
doivent se manifester au dehors par desforces d’accélération
s’exerçant
sur descorpuscules
voisins etqui
nousapparaissent
dans les forces degravitation.
Nous sommes donc ramenés ainsi au
problème
suivant : Rechercher le «champ
d’accélération »
produit
par la rotation d’unvolant,
problème qui préoccupait
les frères Friedlânder.Einstein,
FïerVerlesilngen
Relativitâlstheorie,
p. 64 a traité unproblème
tout à faitanalogue,
celui du corps creux tournant. Ilprévoit
l’existence dans la cavitéd’und
champ
de Coriolisqui entraîne
les corps dans le sens delarotation,
ainsi que
d’unchamp de
forces radiales
centrifuges.
Nous cherchons au contraire le
champ
de forceproduit
par un corps tournant sur lescorps
placés
à son extérieur.Par
analogie
nous devonsprévoir
autour de lui l’existence :a)
D’unchamp
de Coriolis cherchant à entraîner les corps dans la rotation et cher-chant àsupprimer
ainsi l’accélération mutuelle.b)
D’uncharnp
def orce
rccdial etcentripète,
lerapprochement
atténuant encore l’accé-lération mutuelle(car
dans tous les cas les forces d’accélérations cherchent à atténuer lesaccélérations mutuelles de
matière).
Considérons maintenant un morceau de matière formé d’ungrand
nombre decorpuscules,
dont les axes de rotation sont distribués au.
hasard.
Les forces de Coriolis auront une résultante nulle par
compensation
statistique,
mais lesforces
centripètes
se renforceront et leur résultante constitue à notre échellemacroscopique
le
champ
degravitation.
,Ce
champ
apparait
ainsi comme une résultantestatistique
deschamps
d’accélérations descorpuscules
tournants.Cette nouvelle
conception
de lagravitation
demande évidemment à êtreprécisée
paifai-64
sant dériver la constante dc
gravitation
de Cavendish duquantum
d’action fiqui
régit
ledynamisme
interne de la matièreLes
champs
degravitation
apparaissent
donc comme une manifestation au dehors desaccélérations internes des
corpuscules ;
leurorigine dynamique
révèle ainsi leur idenditéavec les forces d’inertie et fait
comprendre
la causeprofonde
duprincipe
d’équivalence
d’Einstein.
’