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Academic year: 2023

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i t . e s c o u r a n t s é c o n o m i q u e s

et leurs e n j e u x

JI"'" ... Collection DCM TOP Editions

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Les courants économiques et leurs enjeux

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DU MEME AUTEUR

« Le cycle Kondratieff - Théories et controverses » - Masson, 1 994.

« Croissance et fluctuations » - Sirey, 1 994.

« Economie générale » Collection les Fondamentaux - Hachette, 1998.

A Louise, Bérengère et Martin.

ISBN: 2.8773.1142.2 ISSN : 1285-364X

<9 Top Éditions, 1998 - 25, rue Monge 75005 PARIS

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

Le Code de propriété industrielle n 'autorisant, selon les termes de l'art. L. 122-5 § 2 et 3a, d'une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que « les analyses et courtes citations » dans un but d'exemple ou d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l'éditeur ou du Centre français du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 7

DECOUVRIR : La n a i s s a n c e et le d é v e l o p p e m e n t de l a

p e n s é e é c o n o m i q u e 11

1. Aux origines de l'économie politique 14

* les philosophes grecs 14

* le Moyen-Age 1 5

* vers l'autonomisation de l'économie politique 16

* les mercantilistes 1 6

2. L'émergence du champ disciplinaire 20

* premières controverses autour du libéralisme 20

* les physiocrates 21

* les libéraux classiques 23

* les libéraux réformistes 26

* les socialistes 26

3. Les trois grands courants de la pensée économique ... 29

* le courant néoclassique ou libéral 30

* le courant keynésien ou interventionniste 32

* le courant marxiste 36

4. Oppositions, hétérodoxies et conflits de méthodes 42

* des oppositions irréconciliables 42

* l'hétérodoxie 43

* conflits de méthode 47

* individualisme ou holisme méthodologique? 48

* l'économie est-elle une science ? 49

5. De la pensée économique contemporaine 52

* la science économique après Keynes 52

* le courant de la synthèse 53

* l'extension du champ disciplinaire ... 56

* l'état actuel de la discipline ... 57

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COMPRENDRE : Débats et controverses 61

1. Théorie économique et politique économique 64

* apogée et déclin du keynésianisme 64

* finalités de la politique économique 66

* l'outil budgétaire 66

* l'outil monétaire 69

* politiques conjoncturelles /politiques structurelles ... 71

2. Le renouvellement des débats doctrinaux 78

* l'émergence de nouveaux discours 78

* remise en cause de la relation de Phillips 79

* nouveaux classiques et nouveaux keynésiens 80

* l'approche par le déséquilibre 82

* nouvelles approches du marché du travail 84

3. Les nouvelles écoles libérales 89

* les monétaristes 89

* la nouvelle école classique 92

* l'économie de l'offre 94

* l'école des choix publics 95

* les libertariens 96

4. Faut-il moins d'Etat ? 98

* l'argumentation libérale 98

* Etat et croissance économique 101

* situations de mise en échec du marché 103

5. Le marché : loi du monde moderne ? 106

* de la pensée unique 106

* marché et lien social 107

* retour à l'émergence du marché ... 109

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MAÎTRISER : Les concepts à partir des faits 113 1. Les pratiques de l'avant-crise dans les pays « cœurs » 117

* l'Allemagne 1 1 7

* le Royaume-Uni 1 1 8

* les Etats-Unis 1 1 9

* la France 1 20

2. Des mutations économiques et sociales contemporaines 122

* la croissance en question 1 22

* mutations technologiques 125

* mutations financières 127

* multinationalisation / internationalisation 1 30

* transitions à l'Est 1 32

* libéralisation au Sud 1 34

3. Les économistes face à la crise : des analyses divergentes ... 1 36

* la crise ? Quelle crise ? 1 36

* retour à Keynes ? 1 37

* retour à Marx ? 1 40

4. Quelles réponses face aux défis actuels ? 144

* priorité à la rigueur 144

* la réponse maastrichtienne 145

* la pression libérale 148

* la gestion de la crise dans les pays « coeurs » ... 1 49

5. Quelles marges de manoeuvre ? 165

* le risque déflationniste 165

* les contraintes actuelles 1 67

CONCLUSION 173

INDEX 175

GLOSSAIRE ÉCONOMIQUE 181

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 189

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INTRODUCTION

Depuis 1 989, date de la chute du mur de Berlin qui restera l'événement majeur de cette fin de xxe siècle, l'idée selon laquelle une nouvelle ère se serait ouverte pour les systèmes économiques et sociaux contem- porains s'est largement répandue dans l'opinion. Cette ère nouvelle n'est autre que celle de l'économie mondialisée, celle du triomphe du marché et du capitalisme conquérant. Régulièrement, journalistes, hommes politiques de tous horizons mais aussi spécialistes, n'évo- quent-ils pas le choc de la mondialisation, les conséquences de la globalisation de l'économie sur l'emploi, les risques que font peser les marchés financiers, ou encore certaines stratégies d'entreprises trans- nationales, comme on l'a vu dernièrement avec « l'affaire Vilvorde » ? Ces prises de position rencontrent un écho d'autant plus grandissant, qu'avec l'effondrement des pays communistes, toute alternative au marché et plus généralement au capitalisme semble bel et bien avoir disparue. Certains observateurs des mutations contemporaines sont même allés jusqu'à annoncer « l'arrivée du monde à la fin de l'histoire » (F. Fukuyama) puisque l'économie de marché semble en cette fin de xxe siècle ne plus avoir de rival, et qu'on le veuille ou non demeure le seul modèle d'organisation économique et sociale en vigueur.

Dans le même temps, accompagnant et anticipant cette mutation, l'idée selon laquelle le libéralisme économique serait la meilleure des choses et que le marché mondial libéral serait la seule voie pratiquable aujour- d'hui, allait progressivement occuper la quasi totalité de l'espace des idées. Actuellement d'ailleurs, plusieurs éléments attestent de cette domination sans partage du projet libéral et de la « pensée unique » qui l'accompagne :

- Premièrement, le fait que l'ex-Urss et ses anciens satellites soient engagés dans un processus irréversible sur la voie du marché, puisqu'il est d'ailleurs question actuellement d'économies en transition. Au milieu des années 1990, la privatisation de l'économie qu'exige l'insti- tution de l'économie de marché était pratiquement achevée pour l'ex- Allemagne de l'Est et la Tchécoslovaquie, tandis qu'en Russie et en Hongrie le mouvement était déjà bien avancé.

- Deuxièmement, l'ajustement libéral des pays en voie de développe- ment au marché mondial. Ce mouvement patronné par la Banque mondiale et le Fond monétaire international (FMI) a été amorcé au début des années 1 980 dans la mouvance de la crise de la dette qu'ont connue ces pays.

Aujourd'hui, il est clair que l'Asie du Sud Est, les économies d'Amérique Latine et d'Afrique Subsaharienne sont engagées, comme le reste du monde, dans la grande marche libérale.

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- En troisième lieu, le nouvel élan donné à la mondialisation/libérali- sation des échanges sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (ou O.M.C) laquelle a été instituée en 1994 par l'accord de Marrakech. La vague actuelle de mondialisation des échanges de biens et de services a accru les interdépendances et tend à imposer le libre échange sur un marché mondialisé comme la seule voie envisageable.

- Enfin, la déréglementation et la libéralisation des mouvements de capitaux qui ont entraîné l'interconnexion croissante des principales places financières internationales, et qui reflètent le processus de globalisation financière.

Quoi que l'on pense de ces évolutions, craintes par les uns et applau- dies par les autres, il est un fait que « la pensée unique » comme on se plaît à la désigner, mais plus généralement tout discours quel qu'il soit traitant des mutations économiques contemporaines, n'est pas fortuit.

En effet, le discours économique aujourd'hui dominant, et plus généra- lement les politiques économiques préconisées et/ou mises en œuvre dans les pays industrialisés, s'inspirent de théories économiques ou si l'on préfère de grilles de lecture du réel.

C'est pourquoi il est important de percevoir et de mesurer les enjeux qui se cachent derrière les courants de pensée qui constituent la

« science économique », car les théories, quel que soit leur bien fondé, exercent des retombées sur la réalité et finalement concernent direc- tement ou indirectement chaque citoyen que nous sommes.

Si la pensée économique se trouve au centre du débat d'idées contem- porain, il est un fait que depuis le début de la crise, c'est-à-dire depuis une vingtaine d'années, la multiplicité des discours, la diversité des analyses, mais aussi, il faut bien l'admettre, la relative impuissance des analyses standards à faire régresser le chômage et à relancer la crois- sance, ont pour le moins obscurci et complexifié celui-ci. Il n'est dès lors pas étonnant que le profane se sente quelque peu démuni et pour le moins dérouté face à la pluralité des diagnostics et des solutions envisagées. Les controverses entre spécialistes, les désaccords quant à l'interprétation des faits et quant aux remèdes à apporter aux maux de notre temps ont sans doute contribuer à discréditer quelque peu la profession. Néanmoins, quoi que l'on pense dans le détail des écono- mistes en général, ceux-ci, de par leur fonction de « conseillers du prince », orientent résolument les décisions prises par les gouverne- ments et influencent les choix politiques. C'est pourquoi des enjeux importants pour l'individu et pour la société se cachent derrière les discours véhiculés par les courants économiques.

L'objet de ce petit ouvrage qui s'adresse à un large public et non à un public de spécialistes, est d'éclairer les débats économiques contem- porains et de donner au lecteur les moyens de mieux les maîtriser.

Les grands courants de pensée en économie qui ont pour nom courant libéral, courant keynésien et courant marxiste, bien que ce dernier soit

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très minoritaire dans la discipline, mettent en œuvre des méthodolo- gies et des discours qui leurs sont spécifiques et s'opposent, souvent de façon irréconciliable, sur leurs conclusions. Chaque courant est porteur d'une « vision du monde » quant au fonctionnement écono- mique et social de nos sociétés. Tandis que certains économistes, et ils sont majoritaires dans la discipline, militent fermement pour un Etat minimal et le « laisser faire », d'autres pensent au contraire que l'Etat ne peut être mis hors circuit et qu'il doit prendre une part active dans la régulation du système. Enfin, il faut le reconnaître, les économistes qui, influencés par Marx, se prononcent pour une rupture avec le capita- lisme et plus généralement avec l'économie politique, demeurent marginaux (et marginalisés) dans la discipline, d'autant que depuis l'effondrement du bloc communiste, des lendemains qui tourneraient le dos à l'économie de marché semblent bien difficiles à entrevoir.

L'histoire de la pensée économique ou des idées économiques, est une discipline enseignée dans les universités. Son objet est d'étudier la naissance, le développement et les mutations des opinions et des théories concernant l'explication des phénomènes économiques. Mais la délimitation du champ d'investigation de cette discipline est relati- vement indéterminée et donne lieu à controverses. La science écono- mique à en effet un statut ambigu. Elle se trouve à la fois à la frontière des sciences sociales (histoire, sociologie, psychologie) et des sciences exactes ou « sciences dures » (mathématique, physique...) dont elle tend de plus en plus (est-ce un bien ?) à se rapprocher. Ce faisant, l'intérêt d'un retour aux grands courants de pensée qui depuis le XVIIIe siècle structurent la discipline, est d'apprécier en quoi ces courants sont porteurs d'un discours, d'analyses et de recommanda- tions qui se concrétisent dans les faits, et qui pour certains d'entre eux demeurent d'une grande actualité.

Dans une première partie de notre parcours, nous découvrirons les grands courants économiques à travers une présentation synthétique des principales thèses qu'ils défendent. Evoquer l'évolution des grandes doctrines ne présente pas seulement un intérêt historique : la pensée actuelle s'appuie sur ces héritages et ces philosophies d'hier.

Nous montrerons que l'économie est loin d'être une discipline unifiée et qu'aujourd'hui « la science économique » est de plus en plus fragmentée en de multiples savoirs, comme l'atteste la multiplication de sous-branches hautement spécialisées au sein de la discipline.

Dans une seconde partie, nous tenterons de comprendre la nature des débats et des controverses qui, à l'époque contemporaine, divisent la communauté des économistes. Nous verrons que la période actuelle est marquée par un retour en force du libéralisme économique, mais qu'il convient cependant de mesurer les limites du « tout marché ».

Dans une troisième partie, enfin, nous tenterons de maîtriser les discours actuels en montrant en quoi les politiques économiques mises

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en œuvre dans les grands pays développés depuis la crise, et plus généralement depuis la dernière guerre, s'inspirent directement des recommandations prodiguées par les grands courants de pensée. Nous montrerons que les marges de manœuvre dont disposent les gouver- nements demeurent pour le moins limitées dans le contexte écono- mique qui est le nôtre.

Afin d'aider le lecteur à se familiariser avec les concepts clés utilisés dans cet ouvrage, nous avons ajouté, en annexe, un mini glossaire auquel il pourra se reporter.

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Découvrir

III

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« Aujourd'hui, le vol brisé de la pensée écono- mique laisse, face aux grands problèmes de notre temps, l'économiste désarmé, avec ses savoirs fragmentés, ses regards parcellaires et ce fascinant abîme entre un édifice théorique en quête de cohérence et un monde en quête de solutions et de réponses ».

Michel Beaud et Gilles Dostaler1

Si les économistes classiques, et en particulier Adam Smith qui publia

« La richesse des nations » en 1 776, sont généralement présentés comme les pères fondateurs de l'économie politique dès le XVIIIe siècle, on ne peut ignorer qu'avant leurs contributions, certes décisives, certaines questions d'ordre économique avaient déjà été posées.

Autant dire que les origines de l'économie politique sont bien lointaines puisqu'à certains égards, les écrits d'Hésiode (né vers le milieu du Vlllème siècle avant Jésus Christ) et des prophètes hébreux contien- nent les premiers fragments de l'histoire des idées économiques. Dans sa « Petite histoire des grandes doctrines économiques » publiée en 1944, D. Villey ne suggère t-il pas de commencer l'histoire des doctrines économiques à Moïse ? Toutefois, force est de reconnaître qu'il est vain de chercher les traces d'une véritable pensée économique avant l'hégémonie athénienne. Les philosophes grecs, quoique sans chercher à élaborer une doctrine économique systématique, vont néanmoins exposer un certain nombre de vues sur des questions d'ordre économique et certaines de ces questions, aujourd'hui encore, demeurent d'une grande actualité. Après une résurrection de la pensée économique au Moyen-âge, il faudra attendre le XVIe siècle pour voir émerger les premières grandes écoles : mercantilistes, puis ensuite physiocrates, auteurs classiques... Dès lors, les premiers grands débats mais aussi les premières grandes querelles entre économistes vont apparaître.

1. « La pensée économique depuis Keynes » Seuil, collection Points, 1 996, p. 240.

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1. AUX ORIGINES DE L'ECONOMIE POLITIQUE

LES PHILOSOPHES GRECS

Dès l'Antiquité, plusieurs questions d'ordre économique sont abordées par Platon (428-348) et par Aristote (384-322), mais c'est dans un sens très différent du nôtre que les penseurs grecs parlent « d'économie », car ils conçoivent essentiellement celle-ci comme « l'administration de la maison ».

Dans plusieurs de leurs écrits, Platon et Aristote s'intéressent à la division du travail et aux missions de l'Etat. Faisant passer les droits de la collectivité avant ceux de l'individu, ils admettent explicitement l'intervention de la puissance publique : par exemple, pour éviter les déséquilibres démographiques, il convient de réglementer les unions, prôner l'infanticide et l'avortement et même avoir recours aux dépor- tations forcées. Dans « L'économique », Xenophon (430-355) prodi- guera des conseils pratiques pour la gestion des affaires privées, tandis que dans « Les grenouilles », Aristophane (445-386) s'interrogera sur la circulation monétaire. Mais, d'une manière générale, aussi intéressantes furent-elles, les contributions des philosophes de l'antiquité demeurent lacunaires, fragmentaires et marginales : il ne s'agit somme toute que de balbutiements. Avec l'hégémonie de Rome qui succédera à celle de la Grèce, les préoccupations d'ordre économique vont se réduire en peau de chagrin et finalement, c'est essentiellement par l'intermédiaire du droit que Rome contribuera à l'histoire des idées économiques.

Cependant, un bref retour aux écrits d'Aristote n'est sans doute pas inutile.

C'est à travers trois textes qu'Aristote aborde les problèmes écono- miques : « Ethique à Nicomaque », « la politique » et « l'économique ».

Mettant l'accent sur l'écart qui existe entre le monde politique et la gestion des affaires privées, Aristote repère deux grands g r o u p e s d'activités au sein de l'économique, l'économie domestique d'une part, ou conduite de la maison, et la chrématistique d'autre part, activité financière d'acquisition de richesses. Chez Aristote, la chrématistique se scinde elle même en deux catégories différentes : l'activité naturelle et l'intérêt stricto sensu. L'intérêt, ou art d'acquisition, n'est rien d'autre qu'une forme de spéculation monétaire qui, grâce à l'échange ou au prêt de monnaie, autorise l'accroissement de la richesse. L'activité naturelle, quant à elle, permet de consommer - d'utiliser les revenus acquis.

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Selon Aristote, trois types d'activités supportent la logique de l'intérêt privé dans la cité : le prêt à intérêt, le commerce extérieur et le travail salarié. Aristote met d'ailleurs en garde contre le désir d'argent : celui- ci vient brouiller les besoins naturels et peut être producteur de désordre au sein du circuit des échanges. Les activités dont le seul objectif est le profit maximum sont porteuses de déséquilibres voire de destructuration du lien social. Cette mise en garde a t-elle perdu de son actualité ?

Il apparaît rétrospectivement que les écrits d'Aristote renferment une distinction parfaitement claire entre la consommation, la production et l'échange, et c'est d'ailleurs partant de cette distinction entre les grandes fonctions économiques, qu'Aristote dressera de façon avant- gardiste une typologie des activités humaines.

Il précisera dans ses écrits, la règle du juste partage des richesses dans la cité. Mais sa contribution à l'histoire de la pensée économique ne s'arrête pas là puisqu'il s'interrogera également sur la monnaie saisie comme intermédiaire des échanges. Aristote repère très clairement les trois fonctions de la monnaie : intermédiaire des échanges, instrument de mesure de la valeur, instrument de réserve de la valeur. Aristote s'interrogera également sur la relation entre l'économique et le politique, ou, si l'on préfère, entre l'économique et la cité. Pour Aristote, l'égalité réciproque entre individus est d'ordre politique et non écono- mique, c'est pourquoi l'objet d'une constitution parfaite est de permettre à chacun de gouverner et d'être gouverné afin que l'autorité politique puisse s'exercer. Au total, il n'est pas excessif de considérer qu'Aristote a posé en son temps des questions qui demeurent aujour- d'hui des questions de fond, ce qui corrobore la modernité de sa pensée : la question du commerce et de son statut par rapport à la cité ; la question des rapports entre les intérêts privés et la puissance publique ; la question de la division sociale du travail.

LE MOYEN AGE

Il faut attendre les canonistes du Moyen âge pour voir renaître la pensée économique avec les Pères de l'église. A cette époque, la morale chrétienne va s'interroger sur l'économique et va, en particulier, chercher à déterminer quelles sont les pratiques économiques

«justes » et celles qui ne le sont pas, considérant comme immoral le prêt à intérêt. Au Moyen âge, ce point est capital, l'économie demeure encore subordonnée à la morale, la recherche du salut primant sur l'accumulation de richesses.

Ainsi, chez des théologiens tels Nicole D'Oresme (1 325-1 382) et Saint Thomas d'Acquin (1 225-1 274) trouve t-on développé le principe de la justice commutative qui repose sur l'idée d'un juste prix des marchan-

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dises et d'un juste prix du travail. Concernant ce dernier point, l'idée que le salaire doit toujours permettre de faire vivre décemment l'ouvrier et sa famille et que les conditions de travail doivent rester humaines est fermement défendue. La réflexion a-t-elle perdu de son actualité en cette fin de siècle ? Dans le même temps, les canonistes du moyen âge condamnent le prêt à intérêt, tout au moins dans un premier temps, et admettent que l'intervention de l'Etat est opportune et légitime. L'Etat doit résolument contribuer à organiser la société et doit délimiter clairement les droits et les devoirs de chaque individu. Là encore, cette considération est d'une grande actualité et, d'ailleurs, la question des compétences de l'Etat reviendra de manière récurrente dans l'histoire des idées.

VERS L'AUTONOMISATION DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE

A partir des XVIe et XVIIe siècles, avec le développement de la pensée mercantiliste (c'est en 1616 que le Français Antoine de Montchrestien publie le premier « Traité d'économie politique ») puis au XVIIIe siècle avec celle des physiocrates, l'économie va progressivement s'imposer comme un objet d'étude à part entière tandis que l'économie politique va progressivement s'autonomiser en tant que science.

On peut considérer que la tentative de décrire et d'expliquer le f o n c t i o n n e m e n t du système économique saisi c o m m e un tout est véritablement amorcée par William Petty à la fin du XVIIe siècle. Dans sa

« Political arithmetic » publiée en 1680, W. Petty propose une repré- sentation quantifiée de l'économie anglaise de son époque et de ses diverses composantes. Comme le rappelle P. Delfaud (1986), c'est ce qui explique sans doute que K. Marx voyait en W. Petty, le véritable

« père » fondateur de l'économie politique. Certes, la question demeure controversée puisque d'autres auteurs, au premier rang desquels figure J. Schumpeter, attribuent la paternité de la discipline à Richard Cantillon qui avec son « Essai sur la nature du commerce en général » publié en 1 755 produira une étude encore plus fouillée de l'activité économique de son temps. C'est cependant François Quesnay et son école physio- cratique qui formeront aux yeux de nombreux spécialistes contempo- rains la première école d'économistes stricto sensu, économistes qui développeront une approche par le circuit (ou en terme de flux), antici- pant ainsi de nombreux développements ultérieurs.

LES MERCANTILISTES

A l'opposé de Saint Thomas d'Acquin qui cherchait à savoir si les actes économiques étaient conformes à la morale chrétienne, les mercanti- listes, en qui certains contemporains voient les fondateurs de l'éco-

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nomie politique, voire les premiers « économistes », vont dès le XVIe siècle jouer un rôle déterminant sur la conduite des « politiques économiques » des gouvernements de l'époque.

Evidemment, le terme « politiques économiques » ne doit pas être entendu dans son acceptation moderne, mais il est indéniable que les prises de positions doctrinales adoptées par ces auteurs se concrétise- ront par des conseils au prince et se traduiront dans les faits. Dans le cas français par exemple, le « Traité » de A. de Montchrestien est exemplaire de par les recettes pratiques prodiguées au pouvoir de l'époque, dans le but de favoriser l'intérêt de l'Etat-nation.

En rupture avec la pensée aristotélicienne, les mercantilistes amorcent une séparation entre l'économique et le politique. On trouve développée chez ces auteurs l'idée d'une primauté de l'économie, primauté que l'on ne doit cependant pas confondre avec autonomie comme c'est le cas aujourd'hui.

En toute rigueur, il est d'ailleurs beaucoup plus pertinent de parler des mercantilismes que du mercantilisme. On peut en effet repérer un mercantilisme bullionniste en Espagne avec Ortiz (1 558), un mercanti- lisme industrialiste en France représenté par Colbert (1 663), un mercan- tilisme commercial et financier en Angleterre avec des auteurs tels Mun (1664) ou Locke (1723), et encore un mercantilisme nationaliste et financier en Allemagne qui s'incarnera en la personnalité de Schrôder (1686).

Mais tout en admettant des variantes selon les pays, la pensée mercan- tiliste, qu'elle soit française, anglaise ou allemande, prône l'interven- tionnisme. Le développement de cette pensée mercantiliste ne saurait être isolé du contexte historique des XVe et XVIe siècles, marqué par d'intenses mutations : découvertes maritimes, intensifications des échanges, affirmation du commerce et accroissement des stocks de métaux précieux.

Pour le courant bullioniste, variante espagnole du mercantilisme, l'Etat a pour mission de conserver les métaux précieux détenus dans le pays et de tout mettre en œuvre pour accroître le stock métallique. Ainsi convient-il d'interdire les exportations d'or et d'argent. En France, les principaux auteurs mercantilistes (Laffemas, Bodin, De Montchrestien) réclameront une action volontariste de l'Etat qui ira dans le sens d'un encouragement systématique des manufactures. Colbert, grâce à l'octroi de privilèges fiscaux et de subventions, suscitera la création de manufactures orientées vers l'exportation de produits particulièrement rémunérateurs tels les draps et les articles de luxe... Le colbertisme s'accompagnera d'un protectionnisme rigoureux. Ainsi, des droits prohi- bitifs (tarif douanier de 1667) sont appliqués pour les marchandises étrangères concurrentes des productions nationales. Dans le même temps, afin d'alimenter l'industrie nationale, les matières premières en provenance de l'étranger sont en revanche admises en franchise.

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A l'exportation, l'octroi de primes aux compagnies de commerce et aux armateurs vise à faciliter la vente des produits nationaux.

Pour sa part, représenté par des auteurs tels J. Child, T. Mun et W. Petty, le mercantilisme britannique s'orientera davantage vers des questions relatives au développement du commerce et de la navigation. La préoc- cupation première, voire l'obsession de ces auteurs, est d'assurer un excédent commercial durable à la nation. Les « Acts of navigation » de Cromwell (1 6 5 ) par lesquels le monopole du trafic de l'Angleterre avec les continents extra-européens était réservé, tandis que les navires étrangers se voyaient interdits d'importer des produits ne provenant pas de leurs pays d'origine en Grande-Bretagne, concrétiseront ces principes.

Ainsi, se proposant d'analyser les conditions du développement de la richesse sociale, les auteurs mercantilistes successifs vont-ils prodiguer des recommandations de politique économique. Celles-ci peuvent être résumées en quelques grands principes. En premier lieu, il convient de tout mettre en œuvre pour accroître les profits des marchands et des manufacturiers, ce qui implique le développement du commerce à longue distance, l'accroissement des exportations, donc la conquête de parts de marché. L'Etat doit jouer un rôle volontariste au sein de cette dynamique.

En second lieu, si au plan national argent et capitaux doivent être abondants, il en va de même pour la main d'oeuvre. Les thèses popula- tionnistes développées par les mercantilistes sont d'ailleurs tout à fait cohérentes. En effet, l'accroissement de la population autorise l'entre- tien des armées, donc la puissance de l'Etat, et alimente les besoins de l'industrie, bref elle permet d'augmenter la richesse.

Les mercantilistes, par ailleurs, étendent leurs thèses dans le domaine monétaire. Si le développement du commerce implique celui de la masse monétaire en circulation dans le pays, l'abondance de monnaie de suffit pas : elle doit conserver son pouvoir d'achat, donc il ne peut s'agir que de « bonne monnaie ». Le XVIe siècle étant un siècle de hausse des prix, un important débat va d'ailleurs s'engager sur ce sujet.

Alors que selon certains auteurs (M. de Malestroit), les mutations monétaires successives intervenues auraient réduit le contenu métal- lique des monnaies, J. Bodin va, en 1 568, attribuer la hausse des prix à l'afflux de métaux précieux, jetant par là même les bases de ce qui deviendra plus tard la théorie quantitative de la monnaie. Pour Jean Bodin, le pouvoir d'achat des monnaies métalliques est inversement proportionnel à la quantité de celles-ci qui existe et qui circule dans un pays. Selon la théorie quantitative de la monnaie qui connaîtra des aménagements et affinements successifs, l'inflation ne peut s'expliquer que par un excès de monnaie. Plus généralemment, il existerait une relation étroite entre la quantité de monnaie ou masse monétaire en circulation dans un pays et le niveau général des prix. Ce qui fera dire, bien plus tard, à un néo-quantitativiste contemporain et non des

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Trente glorieuses : période 1945/1973. Elle correspond à la longue phase de croissance d'après guerre. L'expression est due à l'économiste français Jean Fourastié.

Utilitarisme : toute la théorie néoclassique est basée sur la théorie de la valeur utilité, qui s'oppose à la théorie classique de la valeur travail.

Selon les tenants de l'utilitarisme, c'est le principe d'utilité qui est le fondement de la vie en société.

R e n d e m e n t s c r o i s s a n t s : les rendements sont croissants lorsque l'augmentation du produit consécutive à l'augmentation des quantités de facteurs de production (travail et capital) utilisés pour réaliser ce produit, est plus que proportionnelle à cette dernière. A titre illustratif, si l'on double les quantités de travail et de capital utilisés pour produire, et que la production fait plus que doubler, les rendements sont croissants. L'entreprise réalise des économies d'échelle ou de dimension.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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