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Submitted on 1 Jan 1981
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La phase en acoustique musicale. II. Le rayonnement des instruments à vent
F. Wu, P. Perio
To cite this version:
F. Wu, P. Perio. La phase en acoustique musicale. II. Le rayonnement des instruments à vent. Journal
de Physique, 1981, 42 (5), pp.627-633. �10.1051/jphys:01981004205062700�. �jpa-00209049�
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La phase en acoustique musicale. II. Le rayonnement des instruments à vent
F. Wu et P. Perio
Laboratoire de Cristallographie et Physique des Matériaux, Bât. 490, Université Paris-XI, 91405 Orsay Cedex, France
(Rep le 30 mai 1980, revise le 17 decembre, accepté le 12 janvier 1981)
Résumé.
2014Le champ sonore émis par un instrument à vent en régime stabilisé est un champ d’interférences et non une onde progressive. L’analyse harmonique du signal local en un nombre de points égal à celui des ori- fices de l’instrument permet de remonter au spectre de chacune des sources et de là, au signal en tout point du champ sonore. L’application a été faite à un instrument à deux et trois orifices. Les signaux observés sont comparés
aux signaux pré-calculés. L’accord montre que : 2014 le principe de superposition est satisfait,
2014
la loi de décroissance en 1/R est très satisfaisante dans le champ exploré,
2014 les effets de réverbération sont négligeables devant ceux des interférences directes.
Abstract.
2014The steady state sound field of a woodwind is not a progressive wave, but an interferential field.
From the local spectral analysis at a number of points equal to the number of apertures of the instrument, we compute the signals at each source and then, at any position in the sound field. This procedure is applied to a
two aperture instrument. The fit between computed and observed signals is satisfactory. This shows that : 2014 the superposition principle holds,
2014
the 1/R behaviour of amplitudes is accurate enough,
2014 in our geometry, reverberation effects are at least an order of magnitude smaller than direct interference effects.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
J. Physique 42 (1981) 627-633 MAI 1981,
Classification Physics Abstracts
43.60
-02.90
Introduction.
-Apres avoir precise les precautions experimentales et de calcul permettant la determina- tion du spectre complexe d’un signal repetitif (ampli-
tude et phase) nous avons montre que la phase 6tait
un parametre physique significatif et exploitable
dans l’analyse de sons musicaux. Nous avons ainsi verifie I’harmonicit6 d’un son tenu, les phases relatives
mesurees en un point du champ sonore restant blo- quees pendant toute la duree du son tenu [1]. Mais le signal, meme parfaitement stable, change d’un point
a 1’autre de 1’espace. Ce fait, d6jA signale [2] a ete le plus souvent attribu6 a des ph6nom6nes de reverbe- ration [3]. Nous montrons ici que cette interpretation
est insuffisante et que cette variabilite spatiale peut etre une caract6ristique du rayonnement des sources.
l. Le rayonnement d’une flfte a bec.
-L’obser- vation d’une fluctuation plus importante des phases
des harmoniques pairs [1], [4] dans l’analyse d’un son
stabilise (La3, flute a bec) nous a amene a envisager
une independance g6om6trique partielle des compo- santes du spectre de Fourier : l’instrument etudie,
une flute a bec, poss6dant plusieurs orifices, 1’exis-
tence d’autant de sources coherentes et accord6es mais g6om6triquement distinctes paraissait plausible
[5]. Le champ sonore pouvait alors etre envisage
comme un champ d’interferences de Fresnel. Cette
conception s’accorde avec la difference de compor- tement en chambre an6choique entre source unique ponctuelle (Fig. la) et source multiple (Fig. lb). Pour
verifier quantitativement cette hypoth6se il suffit de
disposer de d6tecteurs identiques en nombre au moins 6gal a celui des sources possibles et d’assurer la syn- chronisation des mesures. En admettant le principe
de superposition et une loi de propagation raison- nable, on peut remonter au rayonnement des sources
et en deduire la valeur du signal en tout point. La
situation la plus simple est 6videmment celle de deux sources quasi ponctuelles.
C’est le cas d’une flute a bec tous trous de doigt6s bouches, ne laissant plus comme orifices que 1’em-
bouchure et le pavillon : deux points de mesure
suffisent a determiner 1’emission des sources.
La distance entre les points de mesure et les sources
doit etre grande vis-a-vis de leur dimension mais
petite vis-a-vis des dimensions du local d’experience,
pour minimiser l’influence des diverses reverberations.
La comparaison entre le signal mesure en un troi-
si6me point et sa valeur calcul6e sert de verification.
Tous les signaux doivent etre rapport6s en une meme
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01981004205062700
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Fig. 1.
-Comparaison des signaux fournis par une source ponc- tuelle et une source multiple enregistr6es en chambre anechoique.
Trace supérieure : micro a 1 m de 1’instrument ; échelle : x 1.
Trace inférieure : micro a 3,5 m de 1’instrument ; echelle : x 3.
L’instrument et les deux micros 6taient alignes. T = 2,26 ms,
v = 442 Hz, La3. a) Jazzoflute (flfte bouch6e = un seul orifice).
b) Flute a bec Aura (trois orifices).
[Comparison of the- signals produced by a single source and a multiple source recorded in an anechoic room.]
origine des temps. Ceci est realise par 1’enregistre-
ment simultan6 sur un oscillo bitraces, avec un des signaux commun a tous les enregistrements.
Nous admettons, ce qui sera vérifié a posteriori,
une propagation non dispersive, une attenuation
ind6pendante de la frequence et purement g6om6- trique donc en 1/R. Ceci donne pour chaque harmo- nique deux equations lin6aires en nombres complexes,
ou E(n) et P(n) repr6sentent les amplitudes complexes
des emissions (inconnues) de l’harmonique n rap-
port6es respectivement a l’embouchure E et au
pavillon P ; A" exp - ! et An exp - iT2 les ampli-
tudes complexes du meme harmonique des signaux
relev6s aux deux points de mesures, R 1 e et R1P’ R2e
et R2p leurs distances respectives aux deux sources.
Les systemes d’6quations ont ete resolus num6rique-
ment sur calculateurs de bureau de type HP 9815.
La comparaison des valeurs calcul6es et mesur6es des harmoniques de Fourier complexes, ou des
formes temporelles obtenues par synth6se inverse,
fournit une appreciation qualitative du r6sultat. Elle peut etre quantifiée par le calcul de la correlation et de la distorsion des signaux temporels centres et norm6s.
Si F(n) = Fn exp - iT’ et G(n) = Gn exp - i(pG sont
les spectres de Fourier des signaux A comparer f (t)
et g(t) [6] et
la distorsion quadratique D > = 1 - R se decom-
pose lin6airement en distorsion quadratique d’am- plitude
et en distorsion quadratique de phase
avec
La correlation maximale est obtenue par d6pla-
cement relatif des deux signaux et la valeur corres-
pondante (minimale) de ( 3D > mesure leur difference
de « forme ».
2. Processus experimental.
-La flute etait ali- ment6e en air comprime a travers un mono-d6tendeur.
Apres 6tablissement du regime, les signaux locaux
restent raisonnablement stables meme a longue éché..
ance. Leur evolution suit les variations d’alimental tion mais on peut les retrouver en corrigeant le debit
d’air. Les formes sont reproductibles d’une experience
a 1’autre meme apres plusieurs semaines.
La figure 2 donne la geometric du montage. Les
mesures sont faites avec des micros equiiibres (1/2 pouces B et K type 4133). g en provenance du
micro place au point G sert au recalage des origines
et a la verification de la stabilite des signaux. On
enregistre simultan6ment sur 1’ecran d’un oscillo
bitraces les signaux g et d mesures par les micros
Fig. 2.
-Géométrie de 1’experience.
A : arriv6e de 1’air comprim6, E : embouchure, P : pavillon, dis-
tances EP = 28,5 cm, AP = 32,5 cm, premiere configuration : dis-
tances EG=PD=36,5 cm, PG=ED=22,5 cm, ES = PS = 36,S cm;
seconde configuration : distances EG=PD=29 cm, PG=ED=3 cm.
[Geometry of the experiment.]
places aux points G et D (Fig. 3), puis les signaux g’
et d’ mesures par les micros aux points G’ et D’ à
3 cm de chaque source ce qui donne une approximal
tion de 1’emission de chacune, la distance a l’autre
Fig. 3.
-Signaux mesur6s g et d dans la premiere configuration
de la figure 2.
Les lignes de zeros sont superpos6es pour permettre une meilleure determination de 1’origine des temps. 0,2 msjdiv., T = 1,9 ms, ’
v = 525 Hz.
[Signals g and d measured in the first configuration of figure 2.]
Fig. 4.
-Signaux mesur6s g et s dans la premiere configuration
de la figure 2. 0,2 ms/divv T = 1,9 ms.
[Signals g and s measured in the first configuration of figure 2.]
6tant suffisamment grande pour permettre de n6gliger
leur interaction mutuelle. Ensuite on enregistre les signaux g et s mesur6s par les micros aux points G
et S (Fig. 4).
Un retour aux positions G et D donne une confir-
mation de la stabilite ( 1 ).
Les resultats des analyses des mesures aux points
G et D sont report6s dans le tableau I. Les spectres
de Fourier ont ete determines numeriquement, la p6riode (T = 1,9 ms, v = 525 Hz) 6tant repr6sent6e
par 75 points d’echantillonnage [1].
Tableau I. - Analyse de Fourier des signaux fournis
par les micros gauche et droit. (Fn et (p. module et phase
de l’harmonique de rang n).
[Fourier analysis of the signals measured by the left
and right microphones.]
Les solutions des equations lin6aires (1) sont report6es dans le tableau II. Les emissions aux deux
sources sont alors synthetisees par transformee de Fourier inverse et compar6es (Fig. 5) avec les mesures
aux points G’ et D’.
De 1’6quation de superposition :
on tire le spectre et, par transform6e de Fourier
inverse, la forme temporelle du signal s qui est compa- ree avec le signal mesure au point S (Fig. 6x (Tableau III).
L’accord qualitatif est excellent, compte tenu du fait que les reverberations proches peuvent entrainer
( 1 ) Par determination des courbes isophases, on peut preciser
le point d’6mission apparente (centre des ondes sph6riques). Pour
le pavillon, il est dans 1’axe et i environ 1,5 cm de 1’extremite de la flute, pour l’embouchure, a environ 1 cm au-dessus et dans 1’axe de la lumi6re. Ces valeurs sont environ deux fois plus grandes
que celles pr6vues th6oriquement par Y. Ando [7, 8]. L’utilisation
de ces positions au lieu de 1’extremite de la flute et du milieu de la
lumi6re ne modifie pas sensiblement les resultats.
630
Tableau II.
-Comparaison des composantes de Fourier des signaux mesurés en D’ et G’ et calculés à 1 cm des
sources E (embouchure) et P (pavillon).
[Comparison of the Fourier analysis of the measured and the computed signals at the sources E and P.]
Fig. 5.
-Comparaison des formes des signaux mesur6s et cal-
cul6s a 1 cm des sources E et P. La p6riode commune a tous les signaux est de 1,9 ms.
a) Signaux e,(t) et pc(t) calcul6s a partir des 6 premiers harmo- niques de E,(n) et Pc(n) du tableau II.
P,(t).
+ Pc(Í).
b) Signaux em(t) et pm(t) mesures dans les memes conditions d’exci- tation que pour les figures 3 et 4.
.