HAL Id: jpa-00245638
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00245638
Submitted on 1 Jan 1987
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Réalisation d’une cellule à cisaillement elliptique
B. Noetinger, L. Petit, E. Guazzelli, M. Clément
To cite this version:
B. Noetinger, L. Petit, E. Guazzelli, M. Clément. Réalisation d’une cellule à cisaillement elliptique.
Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1987, 22 (9), pp.1025-1032.
�10.1051/rphysap:019870022090102500�. �jpa-00245638�
Réalisation d’une cellule à cisaillement elliptique
B.
Noetinger,
L.Petit,
E. Guazzelli(*)
et M. ClémentLaboratoire
d’Hydrodynamique
et deMécanique Physique,
Unité associée au C.N.R.S. n°857, E.S.P.C.I., 10,
rueVauquelin,
75005Paris,
France(Reçu
le 23juin 1986,
révisé le 12janvier
1987,accepté
le 5juin 1987)
Résumé. 2014 Nous décrivons un
système expérimental
permettant de soumettre un fluide à un mouvement de cisaillement alternatif(fréquence
de 50 à 300Hz, amplitude
dedéplacements
de 2 à 2003BCm) polarisé elliptiquement,
circulairement ourectilignement (taux
de cisaillement variant d’environ 10 à 1 000s-1)
et deréaliser dans le même temps des observations
optiques (microscopie, diffraction)
des structures induites par lecisaillement ;
nous pouvonségalement
évaluer la viscosité du fluide dans ces conditions d’écoulement dans unegamme allant de
quelques
dizaines àquelques
centaines depoises. Après
avoir étédéveloppé
pour étudier des instabilités convectives dans les cristauxliquides,
cesystème
est actuellement utilisé pour observer des mises en structures desuspensions
et évaluer leur viscosité.Abstract. 2014 We describe an
experimental
device which allows us tosubject
afluid
to analternating
shearmotion
(frequency
50 to 300Hz, amplitude
ofdisplacement
2 to 2003BCm) elliptically, circularly
orlinearly polarized (shear
rate 10 to 1 000s-1)
andsimultaneously,
toperform optical
observations(microscopy, diffraction)
of theordering
inducedby
theshear,
as well asviscosity
estimation in the range few tens to few hundredpoises.
Afterhaving
beendeveloped
tostudy
convective instabilities in nematicliquid crystals,
this set-up iscurrently
used tostudy
theordering
of shearedsuspensions,
and theirviscosity.
Classification
Physics
Abstracts07.10-51.20
l.Introduction.
Nous décrivons dans cet article un ensemble
expéri-
mental
permettant
deproduire
un mouvement decisaillement alternatif dans un fluide
disposé
entredeux
plans parallèles,
et d’étudier le fluide sousmicroscope
et par diffraction laser. Cesystème
a étédéveloppé
dans notre laboratoire àpartir
de l’année1982 pour étudier les instabilités d’un cristal
liquide nématique
soumis à un mouvement de cisaillement alternatifpolarisé elliptiquement ;
nous avons pu ainsi étudier lagéométrie
des structures convectives induites par le cisaillement[1] ;
notre propos danscet article est de décrire l’ensemble du
dispositif expérimental,
enparticulier
lesystème original
per- mettant de créer le mouvement de cisaillementelliptique
à l’intérieur du fluide.L’intérêt de ce
système
est depouvoir appliquer
au fluide deux mouvements de cisaillement dans deux directions
perpendiculaires,
le mouvement(*) Département
dePhysique
desSystèmes
Désordon- nés, Université de Provence, Centre SaintJérome,
13397 Marseille Cedex
13,
France.dans l’une des directions
pouvant
être considérécomme une
perturbation
du mouvement dans l’autredirection ;
deplus,
lathéorie
de laréponse
d’unmilieu
anisotrope (cristal liquide)
à cetype
demouvement
polarisé elliptiquement
a été faite[2]
etun certain nombre de résultats
expérimentaux
ontété obtenus dans ces conditions
[3, 4] ;
d’autrepart,
l’utilisation de mouvements alternatifs
permet
de s’affranchir d’un effet d’entraînement du fluide par l’écoulement moyen(comme
dans le cas du « rhéo-mètre à bille »
précédemment développé
dans notrelaboratoire
[5]). Enfin,
lesquantités
deproduit
nécessaires sont très
petites (une
fraction decm3).
Récemment,
nous avons utilisé ce mêmedispositif
pour étudier la mise en ordre de
suspension
soumisesà un mouvement de cisaillement
elliptique,
et éva-luer leur viscosité. Nous décrivons les modifications
apportées
ausystème
pour réaliser ces mesuresqui
sont actuellement en cours
[6].
2.
Description
dusystème expérimental.
2.1 LA CELLULE DE CISAILLEMENT. - Le
dispositif
de cisaillement et une vue en coupe détaillée sont
représentés
sur lesfigures
la et 1b.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:019870022090102500
1026
Fig.
1. -Dispositif expérimental
pourproduire
le mouve-ment de cisaillement - a : la cellule de cisaillement - b : vue en coupe détaillée.
(f1):
fenêtresupérieure
mobile(disque
en
verre), (a) : porte-fenêtre supérieur, (f2):
fenêtreinférieure fixe,
(b) : porte-fenêtre inférieur, (c) : bague, (d) bague
filetée,(e.c.) :
emboutconique.
[Experimental
set-up to generate the shear motion - a : the shear cell - b : cross-section.(f1): top-window,
movable(circular glass plate) ; (a) : top-window bearing ; (f2):
lower window,
fixed ; (b) :
lower windowbearing ; (c) : ring ; (d) :
threadedring ; (e.c.) :
conicaladapter (for loudspeaker connecting).]
Deux
disques épaulés
en verre(f1 et f2 )
de diamè-tre
15 mm,d’épaisseur 2,5
mm,polis
àA/10,
sontutilisés comme
fenêtres ;
ils sont tenus enposition
sur les
portes-fenêtres (a)
et(b)
par deuxjoints toriques ;
ce mode de fixation rendpossible
ledémontage
des fenêtres pour leurnettoyage.
Le
porte-fenêtre supérieur (a)
est fixé à deux brasperpendiculaires.
Chacun d’eux est collé au centre de la membrane d’unhaut-parleur
par l’intermé- diaire d’un emboutconique évidé ;
onpeut
ainsicommuniquer
auporte-fenêtre
deuxcomposantes
demouvement
indépendantes perpendiculaires.
Chaque bras,
delongueur réglable, comporte
unetige rigide
de très faible masse associée à un interca- laire filetégauche-droite
et repose sur deux lames recourbées en arceaux.Une vis verticale en téflon située entre les deux
arceaux maintient le
déplacement
du bras dans la directionhorizontale ;
une autrevis, horizontale,
fait office de butée latérale.
L’ensemble
(porte-fenêtre, bras) présente quatre points d’appui
et deux vis demaintien,
en sus desfixations aux deux
haut-parleurs ;
il est donchyper- statique ;
cet étatparticipe
à une meilleure tenue duplan
dedéplacement
duporte-fenêtre.
Afin de
pallier
la raideurdes
bras(qui pourrait
être
gênante
dans le cas dedéplacements impor- tants),
une ou deux « charnières »(lamelles
debronze au
bérilium)
ont étédisposées
verticalementsur chacun d’eux et autorisent un
déplacement
duporte-fenêtre
dans leplan
horizontal X Y.Un index fixé sur
chaque tige permet
la mesure del’amplitude
etde
laphase
dudéplacement
de laplaque
danschaque
direction : pourcela,
on formel’image
de l’index éclairé par une fibreoptique,
surune
photodiode (UDT
PIN 10DP)
à l’aide d’unobjectif
demicroscope (PO
X20Olympus).
Ondétecte ainsi la variation de l’intensité lumineuse due
au mouvement de l’index. La
photodiode
délivre unsignal électrique
de mêmefréquence
que le mouve-ment de la
plaque,
enopposition
dephase
aveccelui-ci,
etd’amplitude proportionnelle
àl’amplitude
du
déplacement
desplaques (voir § 2.2).
Les deux
haut-parleurs
utilisés(Siare
12CP)
sontidentiques ;
ils ont été choisis d’unepart
pour lalargeur
de leur bandepassante,
d’autrepart
pour leur masse relativement modérée(environ
1kg)
afinque le centre de
gravité
de l’ensemble de la cellulene soit pas
trop déporté
vers l’extérieur. Nous avonsremplacé
laplatine
dumicroscope qui permettait
undéplacement
de la cellule dans les deux directions horizontales(système
àcrémaillère)
par un ensemblede trois
platines métalliques pouvant glisser
les unessur les autres par l’intermédiaire de
patins
àaiguilles (Fig. 1-b) ;
cecipermet
dedéplacer
avecbeaucoup plus
de facilité l’ensemble(cellule, haut-parleur)
pour
viser
aumicroscope
une zoneprécise
del’échantillon.
La fenêtre inférieure
(f2)
est solidaire d’uncouple
de
bagues (b)
et(c) (Fig. 1).
Ces deuxbagues
sontcoupées
par unplan
de même inclinaison(03B1 =18’).
On
peut
ainsiproduire
un coind’angle
et dedirection variable en faisant tourner les
bagues
l’unepar
rapport
à l’autre(Fig. 2) (les angles
ont étéfortement
exagérés
sur lafigure) ;
- partant
de laposition d’angle
nul(Fig. 2-(1)),
si on tourne la
pièce supérieure (b)
d’undemi-tour,
on fait varier
l’angle
du coinjusqu’à
sa valeurmaximum : 2 « = 36’
(Fig. 2-(2)).
Treizegradua-
tions
gravées
sur une demi-circonférence de labague
(c)
sont destinées aurepérage
del’angle
du coin(pour
la mesure de cetangle,
voirau § 3.1.2) ;
unegraduation repère
estgravée
sur labague (b) ;
Fig.
2. - Les différentespositions
du coin :(1)-(2)
rotation d’un demi-tour de la
bague (b)
seule : variation del’angle
du coin de 0 à 36.(2)
-(4)
rotation d’un demi-tour desbagues (b)
et(c)
ensembles : rotation d’un demi-tour de l’arête du coin(d’angle
36’ dans cecas).
[The
variousadjustements
to obtain desiredwedge positions, (1)
-(2) [to
go fromfigure 2-(1)
to2-(2)
half-turn rotation of the
ring (b) only :
increase of theangle
ofthe
wedge
from 0 to36’, (2)~(4)
half-turn rotation of therings (b)
and(c) together :
nôchange
of theangle
of thewedge (36’
in thiscase),
but half-tum rotation of theridge
of the
wedge.]
- si on tourne les deux
pièces (b)
et(c)
simulta-nément,
iln’y
a pas de variation del’angle
ducoin,
seule
change
la direction de son arête(Fig. 2-(4)).
L’ensemble des deux
pièces (b)
et(c)
estposé
surune troisième
bague (d),
fileté au pas de0,5
mm ; la rotation de l’ensemble[(b), (c), (d)] permet
unchangement
continu del’épaisseur
de la cellule sansmodification de l’inclinaison du
plan
de la lamesupérieure.
La circonférence de labague (d)
estgravée
de 50 divisions pour le choix del’épaisseur (10
)JLm pardivision) (pour
la mesure del’épaisseur
voir en
3.1.1).
_2.2 COMMANDE ET DÉTECTION DU MOUVEMENT DE LA PLAQUE. - Le
système
de commande et de détection du mouvement de laplaque supérieure
dela cellule est schématisé sur la
figure
3.Fig:
3. - Schéma dusystème
de commande et dedétection du mouvement de la
plaque.
[Schematic representation
of the control and detectionsystem.] ]
La chaîne de commande du mouvement
comprend
les éléments décrits ci-dessous :
- un oscillateur à
phase
variable(Feedback
VPO602)
délivre deuxsignaux
sinusoïdaux de mêmefréquence f
= w/2
7T etdéphasés
de ç(ajustable) ;
- un
système
de commande degain permet l’amplification
simultanée des deuxsignaux,
sansmodification du
rapport
de leursamplitudes,
ni deleur
déphasage ;
onpeut
ainsi maintenir constantel’ellipticité
du mouvement. Cesystème comporte
trois modes de
progression
dugain :
2022 une cadence
rapide,
utilelorsqu’on
désire faireprogresser
rapidement l’amplitude
desdéplacements
de la
plaque, jusqu’à
des variations de 1 03BCm toutes les 10 s.2022 une cadence
lente,
surtout utilisée dans lesexpériences
sur les cristauxliquides quand
on serapproche
de la zone d’instabilité àétudier ;
onpeut
alors diminuer laprogression
del’amplitude jusqu’à
1 mm toutes les 7
min,
2022
enfin,
une cadence manuelle pas à pas,qui
permet
d’encadrer au mieux les valeursd’amplitude particulières (au voisinage
d’un seuil d’instabilité parexemple) ;
- deux
amplificateurs
depuissance (Hewlett
Packard 467
A) permettent
d’alimenter les deuxhaut-parleurs (basse impédance :
environ 7 fi à1028
200
Hz)
à courant sensiblement constant ; ceci estparticulièrement important
pour les déterminations de viscosité(voir au § 3.3).
La détection du mouvement de la
plaque
estassurée par le
dispositif
décrit auparagraphe
2.1 :fibre
optique, index, objectif
etphotodiode :
- les
photodiodes
délivrent un courant, propor- tionnel audéplacement
de laplaque
danschaque
direction X et
Y ;
ces courants sont convertis entension à l’aide d’un convertisseur à deux voies
qui comporte
d’unepart
unréglage
de zéro(pour
compenser le courant existant même en l’absence de
mouvement)
et d’autrepart
unréglage
degain (pour équilibrer
les deux voies afin d’obtenir unemême
tension pour un même
déplacement). Cependant,
ceconvertisseur n’est pas utilisé lors des mesures de
viscosité, qui
se font directement àpartir
de laphase
du courant débité par les
photodiodes.
On évite ainsi d’introduire desdéphasages supplémentaires
dans lachaîne de mesure ;
- chaque signal
est ensuiteenvoyé
sur unedétection
synchrone (Brookdeal)
dont la référence est fournie par l’oscillateur. Ledéphasage
cpest alorsajusté
de telle manière que lesdéplacements
de laplaque
dans les deux directions X et Y soient effectivement enquadrature ; chaque point
de laplaque
décrit alors uneellipse
d’axes X etY,
dontl’excentricité
peut
être choisie àpartir
del’amplitude
des
déplacements Xo
etYo ;
-
l’amplitude
dessignaux
délivrés par lesphoto-
diodes est mesurée à l’aide d’un voltmètre numéri- que et
permet
la détermination desamplitudes
dedéplacement après
unétalonnage grâce
au micro-scope : la lame de verre est éclairée en
stroboscopie
à une
fréquence
voisinede
celle ducisaillement ; l’amplitude
de sondéplacement
est alors mesuréesur le réticule du
microscope.
L’incertitude surl’étalonnage
est de l’ordre de.1,5
03BCm.2.3 RÉGULATION THERMIQUE. - Un
système
derégulation thermique
a été réalisé pour lesexpérien-
ces sur les cristaux
liquides
defaçon
à ce que les constantes d’élasticité et de viscosité de l’échantillonne varient pas au cours d’une
expérience.
Le micro-scope et la cellule sont
disposés
dans une enceinteclose à l’intérieur de
laquelle
circule un courant d’air dont latempérature
estrégulée
par un ensemble{ ventilateur,
résistancechauffante,
thermomètre àcontact }.
On obtient ainsi unerégulation
à mieuxque le
degré,
cequi
est suffisant pour nosexpérien-
ces.
3. Méthode
expérimentale.
3.1 CONTRÔLE ET MESURE DES PARAMÈTRES GÉO-
MÉTRIQUES.
3.1.1
Epaisseur
de l’échantillon. - Dans le cas desexpériences
sur les cristauxliquides nématiques qui
sont des matériaux uniaxes
optiques, l’épaisseur
del’échantillon est mesurée par interférométrie : la cellule est éclairée par un faisceau de lumière
convergente,
et, par suite de labiréfringence
ducristal
liquide
on obtient uneimage conoscopique,
constituée d’une croix noire au milieu de l’échantil-
lon,
et d’une série d’anneauxconcentriques ;
lamesure du rayon du
premier
anneaupermet
de déterminerl’épaisseur
de l’échantillon. Cette méthode n’est pas utilisablelorsqu’on
travaille avecdes
suspensions,
car ces milieux ne sont pas biréfrin-gents
et deplus
très absorbants. Dans ce cas, nousmesurons
l’épaisseur
en visant la cellule par la tranche à l’aide dumicroscope
dont un desobjectifs (grossissement
7fois)
a estéquipé
d’unpetit
miroirtrès
proche
de la lentille frontale et incliné à45° ;
parune mise au
point
sur le bord de lacellule,
nous parvenons à mesurer la distance entre les lames deverre en utilisant le micromètre oculaire étalonné.
3.1.2
Angle
du coinformé
par les lames de verre. -Un faisceau laser de rayons
parallèles,
étendu à la surface de la cellule à l’aide d’unmontage
afocal éclaire les deux lames de verre ; les faisceaux réfléchis sur leur surface sont focalisés sur un écrangrâce
à une lentille de distance focalef = 610 mm,
donnant deux taches
séparées
d’une distance8 ; l’angle
du coin vaut alors13
= 8/2 f.
Cette méthodeoffre une
précision
sur13
de l’ordre de0,5 mrad,
cequi représente
une variationd’épaisseur
d’un bord àl’autre de la cellule d’environ 10 03BCm. Elle a été utilisée pour étalonner
l’angle
du coin en fonctiondes
graduations portées
sur l’anneau(c)
de la cellule de cisaillement(Fig. 1
etparagraphe 2.1) ;
l’étalon-nage est
reporté
sur lafigure
4.Dans le cas des
suspensions,
le faisceau n’est pasélargi
à .cause desproblèmes d’absorption,
et oncontrôle
simplement
leparallélisme
des deuxplaques
en faisant coïncider les deux taches données à
grande
distance(D ~
5m )
par réflexion du faisceau laser sur chacune des lames. Cette coïncidence est obtenue par action sur trois visrégulièrement dispo-
sées à la
périphérie
de l’anneau(a) posé
lui-mêmesur un
joint torique
en caoutchouc(Fig. 1-b) (en effet,
dans le cas de l’étude dessuspensions qui
sontbeaucoup plus visqueuses
que les cristauxliquides,
nous avons été amenés à
bloquer
les rotations mutuelles des anneaux(b), (c)
et(d)
pour éviter une rotation de la lame inférieure sous l’effet du mouve-ment oscillant de la lame
supérieure) ;
parlégère
rotation des
vis,
on modifieprogressivement l’angle
du coin par écrasement du
joint torique (environ
1 mrad pour 1/8° de tour de
vis).
3.2 OBSERVATION DES ÉCHANTILLONS.
3.2.1 En
microscopie.
- Les structures convectivesapparaissant
dans les cristauxliquides,
ainsi que la mise en ordre dessuspensions
sont observées à l’aideFig.
4. -Etalonnage
del’angle
du coin formé par les lames de verre.[Calibration
of theangle
of thewedge
between theglass plates.]
d’un
microscope (Olympus Vanox)
à desgrossisse-
ments variant de 25 à 500
fois ;
cesystème
d’observa-tion est bien
adapté
à la taille des rouleaux convectifs dans les cristauxliquides
et au diamètre desparticu-
les
rigides
dans lessuspensions : quelques
dizainesde microns dans les deux cas, ce
qui
est aussi l’ordre degrandeur
de l’écartement entre lesplaques.
Un
dispositif
demicrophotographie permet
de réaliser des clichés des observations effectuées.Une caméra 16 mm
permet
de suivre l’évolutiondes
structures convectives dans les cristauxliquides, l’arrangement géométrique
dessuspensions
ouencore le mouvement des
particules
ensuspension
sous l’effet du cisaillement. Plus
récemment,
nousavons
équipé
lemicroscope
d’une caméra vidéo àcapteur
CCD(Sony
DXC101P), qui grâce
à samasse très modérée
(550 g) peut
être montée directe- ment sur lemicroscope ;
cecipermet
une étudebeaucoup plus souple
de la mise en structure dessuspensions
àpartir d’enregistrements
sur cassettesvidéo.
3.2.2 Par
diffraction.
- Un faisceau laser(hélium-
néon 10
mW)
arrivant sous incidence normale sur la cellulepermet
d’étudier le réseauoptique
créé par les structures de l’échantillon(la période
des structu-res est de
quelques
dizaines demicrons).
3.3 DÉTERMINATION DES VISCOSITÉS. - Pour avoir accès à la viscosité de
l’échantillon,
unepremière possibilité
était de mesurer à l’aide demicro-jauges
de
contraintes,
l’effortlongitudinal (en compressions
et dilatations
sucessives) s’exerçant
sur lestiges
deliaison de la
plaque supérieure
à chacun des haut-parleurs ;
mais l’ordre degrandeur
attendu pour lescontraintes,
même aux viscositésimportantes (de
l’ordre de
0,1
N pour une centaine depoises)
restedu même ordre que la sensibilité minimale des
jauges.
L’autrepossibilité,
que nous avons retenue, est de mesurer l’effet de laprésence
d’un milieuvisqueux
sur ledéplacement
de laplaque supérieure
en maintenant constante la force exercée sur celle-
ci ;
les variations del’amplitude
dudéplacement
restent faibles
(diminution
de 2 03BCm sur 20 03BCm pourune viscosité d’environ 100
poises),
mais les varia- tions de laphase
dudéplacement
sontbeaucoup plus importantes (20"
dans les mêmesconditions)
et lamesure de
l’angle
dedéphasage
est faite par une méthode zéro à l’aide des détectionssynchrones,
cequi
conduit à uneprécision
bien meilleure que dans le cas de la mesure del’amplitude.
3.3.1
Principe
de la mesure. -L’équation
différen-tielle vérifiée par x, abscisse d’un
point
de latige
sedéplaçant
dans la direction X s’écrit :m : masse de tout
l’équipage
mobile dans cette direction’(bobine
duhaut-parleur, tige, porte-fenê-
tre et lame
supérieure),
a : coefficient de frottement fluideglobal (amortissement
fluide dû à la fois aumouvement de la membrane du
haut-parleur
et à laprésence
d’un échantillon entre lesplaques), k :
constante de
rappel élastique
duhaut-parleur,
etFo : amplitude
de la forcemagnétique s’exerçant
surla bobine du
haut-parleur ;
nousnégligeons
dansl’équation
ci-dessus la force derappel
due à laflexion du bras
perpendiculaire,
cequi
estjustifié grâce
à laprésence
des « charnières »disposées
surchacun des bras et mentionnées au
paragraphe 2.1 ;
nous supposons
également
que laprésence
d’unfluide entre les
plaques
n’introduitqu’un
termepurement visqueux (proportionnel
à lavitesse)
etpas de terme
élastique (proportionnel
audéplace- ment) ;
ceci estjustifiable
par le fait que le terme d’élasticitéqui
interviendrait pour un fluide visco-élastique,
restetoujours
modéré devant le terme derappel élastique
duhaut-parleur,
auxfréquences
etavec les fluides utilisés : la vérification de cette
hypothèse
sera donnée avec les résultatsexpérimen-
taux
(§ 3.3.3 ci-dessous).
1030
La résolution de
l’équation (1)
conduit à :avec :
et :
avec wo =
(k/m)1/2 ;
dans notre cas, lafréquence
de résonance de
l’équipage
mobilef o
=w012 ir (de
l’ordre de 45
Hz)
est suffisamment modérée devant lesfréquences
utilisées(environ
200Hz),
pour quenous Duissions écrire :
ce
qui
nouspermet de
nous affranchir d’une éven- tuelle variation de la constanteélastique k
dusystème (dans
le cas de mesures avec un fluideviscoélastique),
ensupposant
bien sûr quel’hypothèse
ci-dessus(f0 f )
reste vérifiée. Nousdisposons
donc d’un moyen de mesurer le coefficient de frottement a.Le
champ
de vitessev (r, t )
à l’intérieur de la cellule vérifiel’équation
de Stokes :av/at
=(~/03C1)~2v/~z2 (4)
écrite en
négligeant
les effets de bords à lapériphérie
de la cellule. En
régime permanent,
etlorsque
lafréquence
d’oscillation de laplaque supérieure
est« assez faible », la solution « forcée » de
l’équa-
tion
(4) correspond
à une variation linéaire de la vitesse à l’intérieur de la cellule avec la distance z à laplaque
inférieure et vérifie :où
v (t )
est la vitesse(oscillante)
de laplaque supérieure,
z la côte d’unpoint
à l’intérieur de lacellule,
et ux etuy
les vecteurs unitaires danschaque
direction
(Fig. 5).
Précisonsl’hypothèse
«fréquence
assez faible » : il faut en fait que la
profondeur
depénétration
6 de laperturbation
de vitesse créée auniveau de la
plaque supérieure (ô
=(2 ~/03C103C9))1/2
soit
grande
devantl’épaisseur
d de lacellule ;
onpeut
dire aussi de manièreéquivalente, qu’il
fautque le
temps
de diffusion de laperturbation
devitesse sur
l’épaisseur
de la cellule(~d2/(~/03C1))
soit
petit
devant lapériode
d’oscillation de laplaque,
ce
qui
conduit à la mêmelimite ;
dans notre cas, 03B4 ~ 1 mm pour lesplus
faibles viscosités(~
= 10Po )
et d - 200 lim. A titre devérification,
nous avons tracé la variation
théorique
durapport
(amplitude
deVx)/V0x
en fonction de(z/d)
pourFig.
5. - Profil de vitesse à l’intérieur de la cellule de cisaillement.[Velocity profile
in the shearcell.]
8/d
= 1 et8/d
= 5 enrepartant
de la relationgénérale
pourVx(z) [7] (Fig. 6) ;
on constate que leprofil
de vitesse est tout à fait linéaire dès que03B4/d > 5.
Fig.
6. - Variations del’amplitude
de la vitesseVx
enfonction de la cote z à l’intérieur de la cellule, pour deux valeurs de la
profondeur
8 depénétration
de la vitesse.[Normalizéd amplitude
of thevelocity Vx
as a function of thez-coordinate,
for two values of the viscouspenetration
depth 8].
L’équation (5)
nouspermet
de déterminer lescomposantes
de la contrainte de viscosité exercéesur la
plaque supérieure :
et
La force totale
correspondante.
a donc pourcomposantes :
(S :
surface en contact avec lefluide)
etEn l’absence de fluide entre les
plaques,
il existeune force de frottement
fo = -
a o v. La force de frottement fluide totale est donc :En
reportant
cetteexpression
dans la relation(3),
nous obtenons
l’expression :
qui
relie laviscosité q
del’échantillon,
àl’angle
dedéphasage p
entre le courant circulant dans les haut-parleurs
et ledéplacement
de laplaque
danschaque
direction.
3.3.2 Mode
opératoire.
- Ledéphasage ~’1
entre lecourant
électrique
circulant dans lehaut-parleur imposant
ledéplacement
dans la directionX,
et lesignal
délivré par laphotodiode correspondante
estmesuré par une détection
synchrone.
Le
signal
délivré par lesphotodiodes
est enopposition
dephase
avec les variations d’éclaire- ment ; ledéphasage cp 1
entre le courant dans le haut-parleur
et ledéplacement correspondant
de laplaque
est donc
égal
à(7T - ~’1).
Le
signal
donné par l’autrephotodiode (mouve-
ment dans la direction
Y)
est utilisé de la même manière pour mesurer ledéphasage
~2 entre le courant dans lehaut-parleur imposant
le mouvementdans cette direction et le
déplacement
correspon-dant ;
ledéphasage
ç entre lessignaux
alimentantles
haut-parleurs
est alorsajusté
à une valeur telle que les deuxdéplacements
suivant X et Y soientexactement en
quadrature,
c’est-à-dire que l’on ait :(une représentation
des différentssignaux
sousforme de vecteurs de Fresnel est donnée
Fig. 7) ;
enfait,
les différences entre lesdéphasages
~1 et cp2 sonttoujours
très modérées(moins
de1°)
etproviennent
d’unelégère
différence dans les frotte- ments sur les deux voies X et Y. Dans le cas deFig.
7. -Représentation
des différentssignaux
et de leursphases respectives. lx (resp. ly) :
courant dans le haut-parleur
créant le mouvement dans la direction X(resp. Y).
X
(resp. Y) : déplacement
de laplaque
mobile dans la direction X(resp. Y).]
[Schematic representation
of the differentsignals
and theirrespective phases, lx (or ly) : electrical
current in theloudspeaker resulting
in motion in the X(or Y) direction,
X, Y :orthogonal displacements
of themoving plate.]
l’étude des
suspensions,
cetajustage
n’est pas effec- tué car la différence entre les deuxdéphasages peut
provenir
d’un effetd’anisotropie
dans la viscosité de l’échantillon(le déphasage
ç estgardé
à la valeur trouvée parajustement
en l’absence defluide).
3.3.3
Etalonnage
et résultats. - Pour vérifier la relation affine entre laviscosité n
et latangente
del’angle
dedéphasage
cpl(relation (6)),
et détermineren même
temps
les constantes(03B10/m03C9)
et(S/m w d) (quantités qu’on
nepeut qu’évaluer),
nous avons étalonné
l’appareil
à l’aide d’huilesSilicone
(Rhodorsil
de la série47, Rhône-Poulenc)
de viscosités variées : nous
disposions [8]
des viscosi-tés suivantes :
10,
50 et 100poises
et avons obtenudes valeurs intermédiaires par
mélange
des huiles debase
(une abaque permet
d’estimer la viscosité enfonction de la
composition
dumélange).
Les varia-tions de
(-tan ~1) avec q
sontreprésentées
sur lafigure 8,
la droite tracéecorrespondant
à unerégres-
sion linéaire. La mesure de la viscosité d’un échantil- lon se fait par lecture directe sur le
graphique,
sousréserve que
l’épaisseur
de l’échantillon soit la même que lors del’étalonnage (d
= 200itm) ;
dans le cascontraire une correction est nécessaire pour tenir
compte
du facteur(1/d)
dans le coefficientde q
de la relation(6) (l’utilisation
d’uneépaisseur
dsupérieure
à 200 03BCm
peut
s’avérer nécessaire pour effectuer desmesures avec de
plus
faiblesgradients
de vitesses pour étudier le caractère non newtonien des fluides parexemple).
Pour vérifier que les huiles utilisées pour l’étalon-
nage
n’introduisaientqu’un
terme d’élasticiténégli- geable
devant celle dusystème oscillant,
nous avonsmesuré la
fréquence f o
pourlaquelle
ledéphasage
1032
Fig.
8. - Courbed’étalonnage
enviscosité ;
la droitetracée
correspond
à unerégression
linéaire àpartir
despoints expérimentaux.
[Viscosity
calibration curve ; thestraight
linecorresponds
to a
least-squares fit.]
cpl passe par la valeur
90° ;
eneffet,
cettefréquence
s’écrit :
f0 = (klm )1/2
et son
changement
enprésence
d’un échantillon est un test de la variation du coefficient d’élasticité k dusystème ;
elle vaut 45 Hz en l’absence d’échantillon entre lesplaques
et 47 Hz(respectivement
49Hz)
avec une huile Silicone de viscosité 50
poises (respec-
tivement 100
poises),
cequi
nouspermet
de conclure que l’effet de viscoélasticité du fluide restenégligea-
ble sur le
repérage
des viscosités.4. Conclusion.
Le
système
décrit dans leprésent
article nouspermet
donc de soumettre un échantillon de fluide en faiblequantité (fraction
decm3)
à un mouvement decisaillement alternatif
polarisé circulairement, ellipti-
quement
ourectilignement,
afin d’étudier les structu-res
induites
par le cisaillement ou le mouvement desparticules
ensuspension
dans le fluide.Simultané- ment,
nous pouvons évaluer la viscosité du fluide dans la gamme allant dequelques
dizaines àquelques
milliers de
poises.
Nous
poursuivons
actuellement cetype d’expé-
rience sur des
suspensions
constituées de billes deverre
(diamètre
4003BCm) placées
dans une huile assezvisqueuse (50 poises)
pour différentes concentrations de billes[6].
Ce travail bénéficie d’un soutien du C.N.R.S.
dans le cadre d’une Action
Thématique Programmée
sur l’étude des milieux aléatoires
macroscopiques.
Bibliographie [1]
PROST, J., DUBOIS-VIOLETTE, E., GUAZZELLI, E.,CLEMENT, M., Smectics : A Model
for Dynamical Systems ?,
Cellular Structures inInstabilities,
Lectures Notes in
Physics
210(1984)
215(Sprin-
ger
Verlag).
GUAZZELLI, E., KOCH, A.,
Hydrodynamic Instabili-
ties in a
periodically
sheared NematicLiquid Crystal,
J.Phys.
46(1981)
673.La cellule de cisaillement décrite dans le
présent
article et les références ci-dessus est dérivée d’un
premier dispositif expérimental
mis aupoint
parDreyfus, Guyon
et Pieranski[3, 4]
danslequel
chacun des deux
plans parallèles
entrelesquels
est inséré le fluide est animé d’un mouvement oscillatoire dans une direction
(X
pour leplan supérieur,
Y pour leplan inférieur) ;
la deuxième cellule décrite ici permet d’avoir uneellipticité
du cisaillement
(rapport
desamplitudes
dedépla-
cement dans
chaque direction)
constante surtoute
l’épaisseur
de l’échantillon.[2]
DUBOIS-VIOLETTE, E., ROTHEN, F.,Instability
of ahomeotropic
nematicsubjected
to anelleptical
shear :
theory,
J.Physique
39(1978)
1039.[3]
DREYFUS, J. M., GUYON, E., Convective instabilities in nematics causedby
anelliptical shear,
J.Physique
42(1981)
283.[4]
DREYFUS, J. M., PIERANKI, P., Distorsion Waves andphase slippage
innematics,
J.Physique
42(1981)
459.
[5]
GAUTHIER MANUEL, B., MEYER, R. andPIERANSKI,
P., Thesphere rheometer,
J.Physique
E 17(1984)
1177.[6] NOETINGER,
B., PETIT, L., Mise en évidenceexpéri-
mentale de structures induites sur des suspen- sions concentrées soumises à un cisaillement
alternatif,
C.R. Hebd. Séan. Acad. Sci. 303 sér. II(1986)
1269.Nous remercions P. Gentic pour sa collabora- tion au
démarrage
de cette étude.[7] L’expression générale
del’amplitude Y0(z)
de la vitesse
Y(z, t)
est :où
V0
estl’amplitude
de la vitesse enz = d