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L'Indonésie au (musée du) quai Branly : arts premiers

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L'Indonésie au (musée du) quai Branly : arts premiers

ZIEGLER, Arlette, VIARO, Mario Alain

ZIEGLER, Arlette, VIARO, Mario Alain. L'Indonésie au (musée du) quai Branly : arts premiers.

Connaissance des arts , 2002, vol. 590, p. 52-58

Available at:

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Connaissance  des  Arts  n°590,  Janvier  2002   L’Indonésie  au  Quai  Branly  

Arlette  Ziegler  &  Alain  Viaro    

                 

paris

gens de tokyo 44

Il manquait à Paris un lieu destiné exclusivement à la création contemporaine. Le Palais de Tokyo, qui ouvre ses portes ce mois- ci, vient combler cette lacune. Par Martin Bethenod.

l'indonésie au quai branly 52

Par donation et par acquisition, le futur musée du quai Branly s'enrichit de mille pièces d'art tribal indonésien, issues de la collec- tion de Jean-Paul Barbier. Par Alain Viaro et Arlette Ziegler.

exposition

l'odyssée des images 60

Anne de Mondenard publie un livre sur la Mission héliographique de 1851, première commande publique faite à des photographes.

Une exposition retrace cette aventure historique, qui se poursuit aujourd'hui avec des photographes comme Thibaut Cuisset.

international

alte nationalgalerie, peinture(s) fraîche(s) 70

Première étape du chantier de l'Île des musées, à Berlin: la réou- verture de l'ancienne Nationalgalerie. Par Jean-Louis Gaillemin.

entretien avec l'aga khan 78

C'est à l'occasion de la remise du huitième Prix Aga Khan d'ar- chitecture que Son Altesse l'Aga Khan a accordé à Philip Jodidio un entretien exclusij.

texte intégral en anglais de l'entretien avec S.A. l'Aga Khan 131

international

nouvelle donne à vienne 84

Au cœur du MuseumsOuarlier de Vienne viennent d'ouvrir le musée Leopold et le musée d'Art moderne-fondation Ludwig, dotant la ville d'une vraie • centrale d'énergie culturelle •. Par Denis Picard.

patrimoine

beauté ciselée 92

Les orfèvres parisiens ont excellé dans la création des • toilettes •.

Michèle Bimbenet-Privat, spécialiste de l'orfèvrerie du XVI' siècle, évoque le rôle social, voire politique de ces accessoires de beauté.

dossier

learning from las vegas 100

Las Vegas accueille, au cœur d'un casino, deux • succursales • du Guggenheim. Adrian Dannatt les a visitées. Deux • modèles • pour le musée de 1 'avenir? Les réponses de T. Krens, directeur du Gug- genheim et de J.-J. Aillagon, président du Centre Pompidou.

texte intégral en anglais de l'entretien avec Thomas Krens 135

la cause des musées 112

La loi de réforme des musées de France est l'occasion de faire le point sur les moyens de l'État pour l'acquisition des œuvres d'art et, plus parliculièrernent, des trésors nationaux. Par Sylvie Blin.

artiste

cai, l'alchimiste 118

Cal Guo Oiang prépare sa rétrospective en Chine, la toute première jamais consacrée à un artiste contemporain chinois dans son pays.

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ARTS PREMIERS

l'indonésie

au (musée du) guai Branly

Statues de p1erre et de bo1s, bijoux, tissus: plus de mille pièces d'art tribal indonésien viennent enrichir le fonds du futur musée du quai Branly, dont l'ouverture est prévue à Paris en 2004.

Si toutes proviennent de la collection Barbier-Mueller, une moitié a fait l'objet d'une acquisition par l'État français, l'autre étant une donation de Jean-Paul Barbier, ce passionné absolu.

Itinéraire d'une collection, par Arlette Ziegler et Alain Viaro.

• L'Indonésie est d'une incroyable diversité culturelle: de Nias à l'Irian jaya, sur des milliers de kilomètres, des cultures tribales millénaires ont coexüté, tant avec les grands empires lllndouütes de l'arcrupel qu'avec la colorusation hollandaise, et elles perdurent dans la République indonésienne. Nombre d'entre elles ont créé en particulier une statuaire litruque encore peu connue en France et dont seuls des musées hol- landais ont présenté quelques ensembles. Ce sont plus de mille pièces témoignant de ces civilisations que le gouvernement français vient d'acquérir pour son futur musée des Arts et Civilisations du quai Branly: la collection Barbier-Mueller d'art tribal indonésien, qui est l'une des plus importantes et des plus admirables que l'on peut voir à ce jour.

Depuis plusieurs annéès, Jean~ Paul Barbier, collectionneur passionné d'arts premiers-tant africains que précolombiens et asiatiques-, recherchait une institution capable d'abriter et de mettre en valeur sa collection de l'Indonésie tribale, crai- gnant que ne soit dispersée dans des ventes aux enchères ce qu'il présente conm1e son œuvre: «L' Insulirrde occupe une place importa11te dmts mes collections. Non pas que les sculptures, orne- ments, tissus, me semblent esthétiquement supérieurs à ceux origi- 11aires d'autres continents. Simplement il s'agit d'tm ensemble que j'ai entièrement constitué par moi-même. À tort ou à raison, j'en suis vmu à considérer cette collection comme mon œuvre, et ott ne découpe pas une œuvre en morcemlx! '>.

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Tout a débuté de manière forruite, dans les années 60. Alors intéressé principalement par l'art africain, il découvre chez un vieux marchand d'Amsterdam de superbes tissus de Sumba et de Palembang, vendus pour une bouchée de pain. Cédant à cette passion naissante, il acquiert, à la dispersion de la col- lection Groenevelt, d'autres tissus ainsi que des ornements d'or et surtout une splendide effigie d'ancêtre de Nias. Ce début de collection est rapidement augmenté de plusieurs sta- tues de pierre trouvées à Bruxelles, et c'est au début des années 70 qu'il achète à Alain Schoffel, marchand et collectionneur connu tenant boutique à Paris, des bâtons magiques batak, dont la superbe pièce au cavalier coi fie de plumes. C'est Lio- nel Morley, alors rue Mazarine à Paris, qui lui cède les statues anthropomorphes et les sièges de pierre de Nias, ainsi que la statue de Sumba portant un mara11gga sur la poitrine. À Amsterdam, il trouve chez Christie's un très rare autel de Tanimbar (il en existe moins de dix spécimens connus), le seul en mains privées. Fasciné par cette partie du monde si

Paul Barbier a ainsi constirué, en courant marchands et ventes, cette collection unique par le nombre et la qualité, rassem- blant staruaire, bijoux et objets de Nias, Sumba, Florès, des Toradjas de Célèbes, des Batak de Sumatra, de Tanimbar, pour ne citer qu'eux.

UNE COL.I..ECT10N TRB DOCUMENTé:

Un autre aspect, suffisamment rare pour être souligné, réside dans le matériel scientifique quasi exhaustif qui accompagne cette collection: toutes les pièces sont documentées. Cela se comprend tnieux si l'on sait que sa passion l'a conduit plus de quatorze fois à Sumatra depuis son premier périple indoné- sien, en 1974. Dans les recoins les plus perdus du pays barak, il a pu photographier i11 sit11la statuaire funéraire, recueillir les généalogies ... et se faire adopter par un clan! C'est ainsi que sa filleule batak se prénomme Jeanny-Pauline et que la fille de cette dernière a été baptisée Monica, en hommage à Monique Barbier-Mueller, son épouse. Les virées en brousse

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Ci-dessus, sculpture Sasak en pierre Lombok), représentant un ancêtre féminin. Le bas de l'œuvre est traité en pilier de section carrée.

Ci-contre, ornement de tombe en bois dur représentant un cheval. sur lequel un piquet de lorme phallique indique que le défunt était de sexe masculin. Archipel de Sulu, Tie de Manubol (Philippines).

En page de gauche, casque de bois sculpté en lorme de visage des lribus ilugao (Philippines).

INDONÉSI.E; sons de chefs à écouter légendes et traditions locales, lui ont inspiré un livre, En pays Toba, publié en 1982. Sur place, des chefs ont évidemment souhaité lui vendre des objets mais, nous dit-il, «}'ai toujours rifusé, <ifitr de COI'IServer rme relatio11 sairre avec les villageois et de 11e pas être considéré comme une liasse de dol- lars! j'ai toujours conseillé de comerver et de préserver des souve11irs d'un passé extraordinaire. »

Faire partager son enthousiasme en dévoilant ces œuvres au travers d'expositions thématiques accueillies dans des musées prestigieux aux États-Unis, à Hong Kong, en France, en Suisse, en Allemagne, etc., et de publications (voir riférences et1 fin d'article) est une constante de la démarche poursuivie par

ce collectionneur.

POUR LE QUAI BRANLY, UN RÉVE ABSOLU

L'acquisition de cette collection est, selon Stéphane Martin, président de l'établissement public du musée du quai Branly,

«un rêve absolu. C'est la possibilité d'acweillir une collection comi-

paris 1 55

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INDONÉSIE

Ci-dessus, pectoral en or (marangga) de l'ouest de lïle de Sumba, formé de deux triangles qui se rejoignent; celte lorme se retrouve dans d'autres îles, telle Florès.

Ci-contre, de gauche à droite, statuette en bois, ta main droite sur une tête coupée (Naga, Assam, Inde).

Masque (udoq) du complexe Kenyah-Kayan, en lorme de tête de cochon sauvage avec des oreilles à cornes de calao, auxquelles sont suspendus des récipients à bétel. Il évoque un esprit de la forêt chargé

de purifier le village.

Sculpture (tau-/au) représentant un défunt de haut rang, dont elle accompagnait la dépouille dans un réceptacle taillé au milieu d'une falaise.

Des rangées de tau-tau regardaient ainsi la vallée et leurs descendants, groupe sa'dan toradja

(centre Sulawesi).

dérable, cohérente, aaompagnée d'une documentation importante qui nous penn et de disposer d'un ensemble majeur dans le monde, etl

tout cas en Europe! Nous en avions donc mesuré l'importance et, progressivement, l'idée de l'acquisition a fait son chemin .. Lorsqr<e, après trois ans de discussions, elle est am'vée à maturité, nous nous sommes tournés vers des experts comme Pieter Ter Keurs, du Musée royal de Leiden, pour lui demander son avis, qr<i a été enthousiaste"·

La transaction prévoir que cinq cents pièces, dont la statuaire de pierre et de bois et les éléments d'architecture, principa- lement d'Indonésie et des Philippines, sont achetées (pour quelque trente-huit millions, un montant considéré comme très correct par les experts consultés), alors que ônq cents autres-dont la collection de bijoux «L'Or des îles», cent trente tissus indonésiens, une remarquable collection d'ob-

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leversé ce qui avait été prévu initialement pour l'Asie et per- mettra de lui donner une place nettement plus importante, comme le souligne Stéphane Martin. Germain Viatte et les spécialistes qu'il a réunis ont pour tâche de définir l'articula- tion muséographique, en liaison avec l'équipe de Jean Nou- vel qui a la charge tant du bâtiment que de ses aménagements intérieurs.

On sait maintenant que le musée disposera de cinq mil)e mètres carrés d'exposition permanente. L'ensemble de la sta- tuaire monumentale en pierre de la collection Barbier-Muel- 1er devrait y figurer en bonne place, alors que la collection

«L'Or des îles •>, exceptionnelle par sa qualité mais peu volu- nlineuse, devrait disposer d'un espace spécifique, une« salle du trésor» où elle sera présentée de façon permanente et dans son intégralité. Quant aux poteaux kalash, éléments d'architecture dont les origines remontent à l'époque gréco-bouddhique, ils seront intégrés dans la structure de la cafetéria du musée.

POUR FAIRE VIVRE LES ŒUVRES

En outre, le musée accordera une place importante aux expo- sitions temporaires puisqu'il en est prévu une dizaine par an, dans quatre espaces difierenciés qui représentent presque la moitié de la surface totale d'exposition. Les tissus indonésiens, la collection d'objets et de panues du Nagaland, y auront leur place. Ainsi, Stéphane Martin pense déjà à une exposition conjointe avec le musée de Canberra, qui possède une collec- tion colossale de tissus et dont la conservatrice J'a contacté dès l'annonce de l'achat. Le musée organisera aussi des« expositions- dossiers» qui, avec une scénographie réduite, permettront l'exploration régulière des collections et seront accompagnées de publications scientifiques. La place des chercheurs n'est pas oubliée dans le nouveau musée: outre une salle de lecture de deux cent trente places (acntellement, le musée de l'Honune en propose quatre-vingts), une salle d'information de soixante- dix places sera ouverte à tous. L'accessibilité à l'information

pa1·is 1 51

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et la disponibilité des objets apparaissent comme des objectifS majeurs. L'infonnarisation et la mise on li ne, le système d'amé- nagement des réserves, la création d'une médiathèque et d'un centre de documentation ne manqueront pas de susciter un réseau intemational, relève Stéphane Martin.

Enfin, les œuvres seront régulièrement prêtées pour des expo- sitions spécifiques avec des musées hollandais, allemands ou français, poursuivant ainsi la politique développée depuis vingt ans par Jean-Paul Barbier, qui conclut: «J'ai possédé ces pièces, pour beaucoup je les ai "inve~~tées", ce sont mes enfants et je suis heu- reux de les avoir logées dans le meilleur envirmwement possible, évi- tant ai11si leur dispersion •· Un bonheur que nous partagerons dès la fin de l'année 2004, à l'ouverture prévue du musée. •

CDA PRATIQUE Le musée Barbier-Mu elier (1 0, rue Jean- Calvin, CH-1204 Genève. Tél.: 00 41 22312 02 70) a publié, sur ses collections indonésiennes: Indonésie et Mélanésie (Ge- nève, 1977), Arts des Indonésiens archaïques (Genève, musée Rach, 1981), L'Or des îles (Genève, 1984), Jsla11d and A nees tors (New York, The Metropolitan Museum of Art, 1998), Arts des mers du Sud (Paris, 1998), Messages de pierre (éd. Skira, 1998).

Ci-dessus, statue en pierre de Ronggur ni Ari, du clan pakpak de Barutu, lemme d'un chef et magicien du clan batak loba simanjuntak, près de Barus (côte ouest de Sumatra) début XIX' s.

Ci-contre, seuil en bois sculpté d'un autel féminin en pays ngada (Florès).

En page de droite. statue d'ancêtre adu siraha salawa, littéralement

"statue protectrice du ch el .. , nord ou nord- ouest de l]e de Nias.

Imposante elfigie en bois d'un chef puissant couvert de tous les ornements d'or insignes

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Références

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