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Découvertes archéologiques à Sion

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Découvertes archéologiques à Sion

BOCKSBERGER, Olivier-Jean

BOCKSBERGER, Olivier-Jean. Découvertes archéologiques à Sion.

Revue neuchâteloise

, 1970, vol. 13, no. 49, Historiens romands, p. 28-32

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:97023

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Découvertes archéologiques à Sion

Olivier-Jean Bocksberger, professeur au Collège, Aigle

En 1961, on découvrit, à l'avenue du Petit-Chasseur, à Sion, un certain nombre de dalles verticales et on les signala à l'archéologue cantonal.

Celui-ci, après quelques travaux de sondage, s'aperçut qu'il s'agissait de tombeaux sans doute préhistoriques et il nous confia la direction des recherches. L'étude de ce site, financée par l'Etat du Valais, la ville de Sion et surtout par le Fonds national de la recherche scientifique - que nous profitons de remercier ici pour leur aide efficace - a demandé chaque année une importante campagne de fouilles et de nombreux travaux de laboratoire, mais elle n'est cependant pas terminée.

Des conclusions très importantes sont d'ores et déjà acquises: trois civilisations encore inconnues en Europe ou en Suisse s'étagent sur trois périodes nettement séparées par des couches stériles. En effet, une pre­

mière occupation, datant du néolithique moyen, soit d'environ 3000-2500 av. J.-C., a laissé de nombreuses traces à une profondeur de quelque 4 mètres. Pour des raisons typologiques et logiques, il faut lui attribuer aussi la création de dalles gravées anthropomorphes, véritables statues primi­

tives, qui n'ont jamais été trouvées en place, mais seulement en réemploi au niveau de la période suivante. Celle-ci, nettement plus localisée, vit la création d'un cimetière constitué par de grandes tombes aux caractères très originaux. Elles furent occupées pendant quelques siècles, mais bientôt, au cours de la troisième période, les porteurs d'une civilisation caractérisée par des gobelets en forme de cloche, vases campaniformes, chassèrent les premiers occupants de cette nécropole et s'y installèrent.

Vestiges mis au jour dans les couches profondes

Il va de soi qu'il n'est pas commode de faire des fouilles précises à des profondeurs aussi considérables et nous ne les avons atteintes que sur des surfaces très limitées. Par places, probablement dans le voisinage d'habitats, le sol très riche en charbon de bois contient des restes d'animaux domes­

tiques, des tessons de céramique dont les caractéristiques sont très proches de celles qui définissent la culture de Cortaillod au bord des lacs du Plateau.

Ils sont accompagnés de nombreux artéfacts en cristal de roche connus dans les stations du néolithique moyen valaisan mis au jour par Sauter à Saint-Léonard et à Rarogne (note). Ailleurs deux tombes en ciste ont été révélées par des travaux publics ou privés. On appelle ainsi de petits cais-

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sons de pierre formés de quatre dalles verticales et d'une cinquième qui sert de couverture; ils contiennent un squelette accroupi et, trop souvent, dépourvu de mobilier funéraire. La somme de nombreuses et patientes recherches permet toutefois de les attribuer à la même période. Dans les fondations d'un grand bâtiment locatif, la pelle mécanique se heurta à de grandes pierres qui constituaient un groupe de treize menhirs entièrement recouverts par les alluvions de la Sionne. Cette découverte surprenante ne put être fouillée selon les exigences scientifiques modernes, mais de rapides constatations et une fouille partielle permirent d'en relever le plan exact et de situer chronologiquement la mise en place de ces monuments. En effet, les techniques mises au point au Petit-Chasseur permirent de déter­

miner avec certitude le sol de l'époque et d'y découvrir un tesson. C'était assez pour attribuer à la même époque ce groupe imposant. Enfin, nous rattachons à ce même complexe, sans preuves rigoureuses, hélas ! mais avec de solides présomptions, les dalles anthropomorphes. Nous possédons des fragments plus ou moins complets d'une vingtaine de celles-ci et pou­

vons définir le schéma le plus habituel dans lequel elles s'inscrivent. Une dalle est d'abord taillée selon une forme grossièrement humaine, tête arron­

die sans cou, épaules bien dessinées et côtés légèrement concurrents vers la base; là-dessus sont gravés deux bras démesurément longs, qui se coudent et se terminent par des mains stylisées ou réalistes, au-dessus d'une ceinture tantôt très simple, tantôt formée de décors géométriques complexes, mais toujours située au tiers inférieur de la hauteur totale. Il n'y a donc aucune difficulté à reconnaître la représentation en plan d'un personnage assis. Les surfaces libres sont recouvertes d'une variété incroyable de motifs: dessins réalistes d'armes ou de bijoux, motifs géomé­

triques de toutes sortes qui semblent figurer les broderies d'un costume.

Cette civilisation tout à fait inconnue jusqu'alors prouve que le Valais entretenait, au début du troisième millénaire avant notre ère, des relations avec le Proche-Orient et qu'il connaissait un âge du cuivre plus de mille ans avant l'apparition des premiers métaux connus.

Les grandes tombes en ciste

En ces périodes reculées, les sépultures ne sont pas comme de nos jours de simples fosses où l'on se débarrasse du mort de façon hygiénique,

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mais de véritables maisons où les ancêtres défunts vivent une vie plus longue et plus importante que la nôtre. Au lieu du terme cimetière, il est donc plus adéquat d'employer celui de nécropole, ville des morts, pour décrire l'ensemble des tombes du Petit-Chasseur. Celles-ci, comme au néolithique moyen, sont des cistes, mais leurs dimensions sont beaucoup plus considérables et ·elles sont construites au-dessus du sol; un tiers seulement des dalles latérales est enfoncé dans un fossé destiné à assurer la solidité de l'ensemble. De nombreux et divers aménagements extérieurs, des portes parfois et un agencement presque urbaniste de l'ensemble, attestent le soin que les vivants avaient pris pour assurer aux morts une survie digne de leur passé. Nous n'avons retrouvé aucune sépulture en place, car elles furent profanées par les gens de la période suivante: restes humains et mobilier funéraire se virent entassés dans quelques endroits commodes et nous avons dû fouiller des ossuaires en grand désordre sans jamais pouvoir attribuer avec certitude un objet à un mort.

L'ensemble de ces découvertes permet toutefois de définir une civili­

sation nouvelle, contemporaine de celle qui fleurit au bord des lacs et qu'on appelle culture de Horgen, mais beaucoup plus développée et dont les rapports avec les peuples lointains de la péninsule Ibérique sont évidents.

La civilisation du vase campaniforme

Cette civilisation se répand, dans sa troisième phase, sur presque toute l'Europe et elle se pare aux yeux des archéologues d'un prestige extraordi­

naire: sa datation très précise aux environs de 1800 av. J.-C. et ses nom­

breux contacts avec les cultures les plus diverses en font un instrument merveilleusement efficace pour établir la chronologie européenne; de plus, la rareté et la grande beauté de ses productions lui donnent un charme certain et enfin le mystère qui entoure ce peuple, indubitablement aussi puissant que peu nombreux, excite une curiosité admirative. Les découvertes qui se sont succédé à Sion depuis neuf ans font de ce site un des plus importants d'Europe, alors que l'on croyait jusqu'ici que, pour une raison ou pour une autre, cette civilisation avait évité notre pays. L'étude précise des détails techniques permet en outre de déterminer que deux routes com­

merciales allant de la Rhénanie à la plaine du Pô et de la Moravie au Por­

tugal se croisaient en Valais.

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Ces résultats scientifiques assez surprenants provoquent une petite révolution dans les chronologies européennes couramment admises, mais elles concordent avec les résultats que divers chercheurs étrangers obtien­

nent et imposent aussi une revision de nos interprétations des faits.

Questions de méthode

La collaboration d'un grand nombre d'étudiants nous a permis des fouilles précises et la mise au point d'une technique nouvelle permettant de fixer avec exactitude, dans la succession des couches, le sol sur lequel furent érigés les monuments mégalithiques. Il semble donc bon d'insister encore sur deux points.

Le chantier, école de fouille

Les fouilleurs qui viennent aider à nos travaux sont, grâce au Fonds national, entièrement défrayés, mais ils ne reçoivent aucun salaire. L'intérêt qu'ils portent à leur travail et la conscience qu'ils ont de partager les res­

ponsabilités du « patron » les attirent en nombre plus grand que ne le ferait un salaire plus ou moins élevé, mais il faut que, sur le chantier, ils s'occu­

pent de tous les travaux, et souvent en fassent l'apprentissage. Le soir, au camp aménagé sur une colline voisine, des discussions scientifiques les renseignent sur les problèmes que la fouille cherche à résoudre. Pour tout étudiant, un stage d'une quinzaine de jours sur le chantier constitue un réel enrichissement intellectuel et pratique.

La découverte des fossés d'implantation

Pour planter un menhir ou une dalle, les gens de cette époque creu­

saient d'abord un fossé dans lequel ils basculaient avec un minimum d'ef­

forts des pierres parfois très lourdes, puis ils les calaient dans la position voulue à l'aide de terre et de cailloux.

Partout où un certain alluvionnement a recouvert le sol primitif, une fouille attentive permet de retrouver ce fossé en plan et en stratigraphie.

Cette technique nouvelle appliquée aux mégalithes suisses ou étrangers

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permettra sans doute dans de nombreux cas de les dater avec certitude et de confirmer leur appartenance à une période plus ancienne qu'on ne le croyait.

Tels sont en résumé les résultats auxquels les fouilles du Petit-Chasseur ont conduit jusqu'à présent, mais elles ne sont pas encore terminées. De nombreuses études sont encore nécessaires pour mettre au point nos connaissances sur les rapports que les civilisations sédunoises entretiennent avec les autres civilisations européennes.

Le néolithique valaisan a été découvert par le professeur M.-R. Sauter, qui a publié de nombreux travaux sur la préhistoire de la vallée du Rhône et sur ses fouilles les plus importantes, celles de Collombey, Saint-Léonard et Rarogne. Le site du Petit-Chasseur fait aussi l'objet de plusieurs publications. Le lec­

teur désireux de se documenter trouvera une bibliographie et des références dans le travail récent sui­

vant: 0.-J. Bocksberger, « Nouvelles recherches au Petit-Chasseur, à Sion». La Suisse Primitive, XXXII, 1968, p. 6-14.

Références

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