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Enjeux de l'enquête sur les migrations

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Academic year: 2022

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Journée d’étude de jeunes chercheurs

Dans le cadre du séminaire MIMED (Migrations dans la Méditerranée et au-delà) 10 juin 2014 MMSH, Aix-en-Provence

Appel à communications

Objet mouvant, terrain glissant. Enjeux de l'enquête sur les migrations.

De nombreux auteurs ont noté, depuis une trentaine d’années, les transformations majeures apportées par la globalisation aux sociétés contemporaines : les interconnexions, les flux et les réseaux (Castells, 1998), la dimension « liquide » des phénomènes sociaux (Bauman, 2007), les articulations des échelles du spatial et des niveaux d’analyse. Le constat est fait que les sciences sociales sont mises au défi, d’un point de vue épistémologique et méthodologique, pour « penser global » (Wieviorka, 2013) et saisir ces transformations dans un cadre transnational.

De par leur objet, les études portant sur les migrations sont particulièrement concernées par cette réflexion qu’elles ont contribué à nourrir (Portes et DeWind, 2007 ; Green, 2002). Les migrations internationales ne peuvent plus être abordées uniquement à travers le prisme des Etats-nations ou des frontières nationales. L’abondante littérature sur le transnationalisme met en évidence qu’une série de phénomènes sociaux se constituent dans un espace tiers qui n’est ni celui de la société d’origine, ni celui de la société d’arrivée (Portes, 1999) : les chercheurs doivent se dégager du « nationalisme méthodologique » (Wimmer et Glick Schiller, 2002), intégrer la mixité et l’hybridité des appartenances (Beck, 2006). Les déplacements humains, dont les motivations initiales, les trajectoires, les acteurs qui les incarnent sont au début du XXIe siècle d’une diversité et d’une complexité remarquables (Wihtol de Wenden, 2010), ne peuvent être dissociés d’autres types de flux et de mouvements, matériels et immatériels - objets, capitaux, informations, idées - (Diminescu et Pasquier, 2010 ; Nedelcu, 2009 ; Levitt, 1998). De plus, les mouvements migratoires contemporains sont confrontés à une incertitude croissante, liée notamment aux crises politiques et économiques et aux politiques de sécurisation et de contrôle des frontières. Ces contraintes et aléas entraînent une instabilité du champ migratoire qui incite à une renégociation constante des projets, des trajectoires et des positions des migrants.

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L’incertitude et l’instabilité liées aux migrations se reflètent inévitablement sur la façon dont le chercheur essaie d’appréhender les trajectoires et les phénomènes sociaux, notamment sur le terrain.

Cette journée d’étude se propose donc de revenir sur l’enquête de terrain et sur la façon dont elle s’adapte au fait migratoire. Les communications porteront de préférence sur des études empiriques, à partir de questionnements ou de situations expérimentées par les jeunes chercheurs (masterants, doctorants, post-doctorants) dans leurs recherches sur les migrations présentes et passées : comment saisir ces mouvements, comment les restituer ? Dans quelle mesure ces mobilités nous amènent-elles à repenser l’enquête de terrain, le recueil de données ou la relation avec les enquêtés ?

Axe 1. Sujet en mouvement, terrain instable

Dans leur parcours migratoire, les individus ne sont pas nécessairement engagés dans un processus de sédentarisation mais peuvent rester mobiles, en fonction d’exigences familiales, de contraintes politiques, du marché du travail et du logement. Comment travailler quand son objet d’enquête est en mouvement ?

Quelques pistes de méthode sont proposées par la littérature. Si George Marcus (1995) propose des ethnographies « multi-situées », Alain Tarrius (1989) privilégie une « anthropologie du mouvement », dans laquelle le chercheur peut adopter lui-même une logique de circulation et suivre les migrants dans leur périple. Quelles sont les implications des différentes méthodes d’enquête susceptibles d’être mises en œuvre ?

La question de la restitution de l’enquête, récurrente dans les sciences sociales, se pose aussi avec une acuité particulière en contexte migratoire. En effet, elle est influencée par les aléas du rapport entre le chercheur et ses enquêtés et par le caractère parfois fragmentaire des informations récoltées lorsque les enquêtés se déplacent continuellement. Comment restituer ces données ? Quelle part faire au récit de leur collecte et des difficultés rencontrées sur le terrain et comment rendre compte de l’instabilité intrinsèque à la mobilité dans l’écriture, qui se veut, en soi, stable et permanente ?

Axe 2. Statut fluctuant du chercheur : la relation d’enquête

Au cours de l’enquête, le chercheur est pris dans une relation fluctuante avec ses enquêtés. La relation qui se noue dépend des marqueurs à partir desquels le chercheur est identifié par ses enquêtés, en fonction de son sexe, de son âge, de son statut social, de son statut migratoire, de son extériorité ou de son appartenance au groupe enquêté. Ces éléments déterminent in fine les données recueillies par le

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chercheur ne maîtrisant que partiellement la (ou les) image(s) qu’il ou elle renvoie. Ces images peuvent, par ailleurs, évoluer au cours de l’enquête. Comment ces questions, qui traversent les sciences sociales, se posent-elles en termes plus spécifiques dans les études migratoires ?

En outre la dimension circulatoire et le caractère multi-situé des individus en mouvement invitent le chercheur à utiliser de nouveaux outils de communication liés au développement des NTIC, notamment du réseau Internet. Cette relation à distance avec l’enquêté interroge à son tour les pratiques d’enquête.

Axe 3. Implications de la mobilité sur l’engagement des enquêtés et du chercheur

L’engagement militant constitue une entrée pour enquêter sur les réalités sociales en contexte migratoire. L’investissement des migrants au sein d’associations et de luttes collectives offre des prises précieuses au chercheur, qui lui permettent de prendre contact avec les différents acteurs et potentiellement de s’engager à son tour, par exemple en construisant une enquête participative. Les migrations, en ce qu’elles génèrent ou révèlent des inégalités, appellent en effet peut-être davantage que d’autres objets à des prises de position du chercheur.

Néanmoins, cet engagement, qui peut-être entendu au double sens de militantisme politique et de respect de la confiance accordée reste sujet à débat. Chercheur-citoyen engagé à chaque instant, militant de circonstances le temps d’un terrain lointain, militant intéressé afin de satisfaire les objectifs de l’enquête, savoir circuler parmi les différents registres de chercheur et de militant ne devient-il pas un enjeu de l’enquête sur les migrations ? Le chercheur peut alors produire une pensée critique certes, mais également critiquable. « Enquêtés », « compagnons » de lutte, la place des migrants peut aussi être mise en question. En définitive, quels sont les effets de la distance géographique et des mobilités sur l’engagement du chercheur et des migrants ?

CONDITIONS DE SOUMISSION

Les propositions de communication (1 page maximum en format PDF) devront parvenir par courriel à l’adresse journee.mimed2014@gmail.com au plus tard le 10 avril 2014.

Les propositions d’interventions envoyées au comité d’organisation du séminaire doivent contenir : - l’axe choisi pour la communication

- le titre et un résumé de la proposition de communication

- le type d’intervention : les communications pourront être présentées individuellement ou en binôme Les communications dureront 20 minutes. Dans la mesure où une publication est envisagée, les intervenants devront envoyer une version écrite de leur communication avant le 26 mai.

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La journée d’étude se tiendra à la Maison Méditérranéenne des Sciences de l'homme à Aix-en- Provence.

Contact : journee.mimed2014@gmail.com

Bibliographie

Appadurai, Arjun, 2005, Après le colonialisme : les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, France, Payot.

Beck, Ulrich, 2006, Qu'est-ce que le cosmopolitisme ? [Der kosmopolitische Blick oder: Krieg ist Frieden], Paris, Aubier.

Bauman, Zygmunt, 2007, Liquid times: living in an age of uncertainty, Cambridge, Polity Press.

Castells, Manuel, 1998, La société en réseaux. L’ère de l’information [The Rise of the Network Society, The Information Age: Economy, Society and Culture Vol. I], Paris, Fayard.

Cefaï, Daniel, Katz, Jack, Emerson, Robert M. et Fretz, Rachel I., 2010, L’engagement ethnographique, Paris, France, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, DL 2010.

Cefaï, Daniel éd., 2003, L’enquête de terrain, Paris, France, Éditions la Découverte : MAUSS.

Diminescu, Dana et Pasquier, Dominique, 2010, Les migrants connectés T.I.C., mobilités et migrations, Paris, La Découverte.

Green, Nancy, 2002, Repenser les migrations, Presses Universitaires de France.

Levitt, Peggy, 1998, « Social remittances: migration-driven local-level forms of cultural diffusion », in International Migration Review, Vol. 32, n° 4, pp. 926-948.

Lucassen Jan et al., 2010, Migration history in world history: multidisciplinary approaches, Leiden, Pays-Bas, Etats-Unis, coll. « Studies in global social history », 3ème édition.

Marcus, George E., 1995, « Ethnography in/of the World System: The Emergence of Multi-Sited Ethnography », Annual Review of Anthropology, vol. 24, n° 1, p. 95-117.

Nedelcu Mihaela, 2009, Le migrant online: Nouveaux modèles migratoires à l’ère du numérique, Editions L’Harmattan.

Peraldi, Michel, 2001, Cabas et containers : activités marchandes informelles et réseaux migrants transfrontaliers, Paris, France, Maisonneuve et Larose : Maison méditerranéenne des sciences de l’homme.

Portes, Alejandro, 1999, « La mondialisation par le bas », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 129, n° 1, p. 15-25.

Portes, Alejandro et DeWind, Josh éd., 2007, Rethinking migration: new theoretical and empirical perspectives, New York, Etats-Unis, Royaume-Uni.

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Tarrius, Alain, 1989, Anthropologie du mouvement, Caen, Paradigme.

Urry, John, 2005, Sociologie des mobilités : une nouvelle frontière pour la sociologie ?, Paris, France, A. Colin, impr. 2005.

Wieviorka, Michel, 2013, Penser global, Paris, France, Editions de la Maison des sciences de l’homme.

Wihtol de Wenden, Catherine, 2010, La question migratoire au XXIe siècle : migrants, réfugiés et relations internationales, Paris, France, Sciences Po, les Presses.

Wimmer, Andreas et Glick Schiller, Nina, 2002, « Methodological nationalism and beyond: nation–

state building, migration and the social sciences », Global Networks, vol. 2, n° 4, p. 301–334.

COMITE ORGANISATEUR ET SCIENTIFIQUE

Melissa Blanchard Assaf Dahdah Morgane Dujmovic Sophie Gebeil Zuhal Karagöz Anna Perraudin Chiara Pettenella Laurence Pillant

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