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Usages du monde, et de la photographie : Fred Boissonnas

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Academic year: 2022

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Book

Reference

Usages du monde, et de la photographie : Fred Boissonnas

SOHIER, Estelle (Ed.), CRISPINI, Nicolas (Ed.)

Abstract

Fred Boissonnas (1858-1946) est le principal représentant d'une « dynastie de photographes

» genevois dont le parcours sur plus d'un siècle a été raconté avec verve par Nicolas Bouvier.

Principal représentant du pictorialisme européen, il ouvrit une série de studios en Europe avant d'étendre ses activités à l'édition photographique et de mettre son talent au service d'écrivains, d'artistes, de scientifiques et d'hommes politiques. Seule une approche collective pouvait donner une idée globale de la diversité des pistes explorées par Fred Boissonnas, et de son rôle dans l'histoire de la photographie suisse et européenne au tournant des XIXe et XXe siècles. L'ouvrage comprend également un ensemble d'annexes destinées à faciliter de nouvelles recherches sur son œuvre polymorphe : une chronologie de sa carrière, la liste des récompenses obtenues par l'atelier, enfin, une bibliographie dans laquelle ont été reportés les titres des publications que le photographe a illustrées, éditées ou signées.

SOHIER, Estelle (Ed.), CRISPINI, Nicolas (Ed.).

Usages du monde, et de la photographie : Fred Boissonnas

. Chêne-Bourg : Georg, 2013, 125 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:32645

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Estelle Sohier, Nicolas Crispini

Nicolas Bouvier a défriché et écrit avec brio l’histoire des Boissonnas,

« dynastie de photographes », dont Fred Boissonnas (1858-1946) est la figure émergente1. Photographe, mais aussi éditeur et homme d’affaires, à ses heures écrivain, travailleur infatigable, doté d’une curiosité sans borne, ce dernier ne s’est pas cantonné à l’activité de portraitiste, ni à la cité gene- voise. En Suisse, puis en France, en Grèce, en Allemagne, en Serbie, en Égypte et autour de la Méditerranée, Fred Boissonnas a croisé durant cinq décennies la route d’écrivains, d’artistes, de scientifiques et d’hommes poli- tiques au service desquels il a mis la photographie. Le compositeur et péda- gogue Émile Jaques-Dalcroze, l’empereur allemand Guillaume II, le Premier ministre grec Eleufthérios Vénizelos, considéré comme le fonda- teur de la Grèce contemporaine, ou l’architecte Le Corbusier ont, entre autres, eu recours à lui.

Son histoire ressemble à un puzzle dont les pièces seraient disséminées à travers l’Europe. En outre, les écrits sur son œuvre présentent des perspec- tives tout à fait différentes et s’ignorent généralement entre eux depuis les travaux de Nicolas Bouvier. À Genève, le nom de Boissonnas est associé à

1 Nicolas Bouvier a été le commissaire de l’exposition « Un siècle de photographie à Genève, les Boissonnas » présentée au Musée Rath de Genève du 8 octobre au 29 novembre 1981. Il est également l’auteur du livre Boissonnas, une dynastie de pho- tographes 1864-1983(Lausanne, 1983, réédité aux éditions Héros-Limite en 2010) et d’un documentaire : Nicolas BOUVIER, Paul ROSAY(réal.), Les Boissonnas. Un siècle de photographie à Genève, production Radio-Télévision Suisse Romande, 1982, 32 mn.

Consultable en ligne : http://www.rts.ch/archives/tv/divers/dimanche-soir/3478993- les-boissonnas.html

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des portraits de famille – le Tout-Genève a été photographié par l’atelier Boissonnas en presque un siècle d’activité – et à des photographies publiées sur l’architecture et les paysages genevois et suisses2. Le photographe est aussi une figure importante de l’histoire de la Grèce3, où son fonds a récem- ment été classé patrimoine inaliénable de l’État. Ses relevés photographiques des monuments grecs sont par ailleurs reconnus et utilisés par les archéo- logues, mais aussi par les conservateurs d’antiquités4. Les spécialistes du livre et les bibliophiles le connaissent, quant à eux, par le biais de ses ouvrages et de sa maison d’édition5. D’autres approches existent : ses études photographiques sur le mouvement et la danse – consciente ou sous hyp- nose, avec, dans tous les cas, une dimension expérimentale – ont récem- ment été mises en valeur en Suisse et France6; ses travaux inédits dans l’histoire du reportage et de la photographie instantanée ont été publiés par le Musée suisse de l’appareil photographique, à Vevey7; ses images du Mont Sinaï ont fait l’objet d’une exposition et d’une publication en 20118.

USAGES DU MONDE ET DE LA PHOTOGRAPHIE. FRED BOISSONNAS

2 Voir la bibliographie de Fred Boissonnas, notamment les livres publiés avec Guillaume Fatio. Lire à ce sujet François WALTER, « Cours d’eau et paysage dans l’histoire », dans Nicolas CRISPINI, Flumen, Genève, 2006, pp. 13-26.

3 À ce sujet, lire les travaux précurseurs d’Irène Boudouri.

4 Ian JENKINS, « The 1930s cleaning of the Parthenon Sculptures in the British Museum », site du British Museum : http://www.britishmuseum.org/about_us/ news_and_press/

statements parthenon_sculptures/1930s_cleaning.aspx. Consulté en novembre 2012.

5 Voir par exemple Michèle AUER, Michel AUER, Photo photo photo books : 802 photo books from the M.+M. Auer collection, Hermance, 2007.

6 À propos des photographies d’hypnose réalisées pour E. Magnin, lire Valentina ANKER, Le symbolisme suisse : destins croisés avec l’art européen, Bern, 2009 et Céline EIDENBENZ, « L’hypnose au Parthénon. Les photographies de Magdeleine G. par Fred Boissonnas », Études photographiques, 28, nov. 2011. Quelques-unes des photogra- phies réalisées pour Émile Jaques-Dalcroze ont été présentées dans l’exposition « Dan- ser sa vie. Danse et Arts visuels aux XXeet XXIesiècles » au Centre Pompidou, Paris, du 23 novembre 2011 au 1eravril 2012.

7 Pascale BONNARDYERSIN, Roland COSANDEY, L’escopette de M. F. Boissonnas à la Fête des vignerons, Vevey, 1889 : un reportage photographique avant la lettre, Vevey, Genève, 1999.

8 Oriana BADDELEY(dir.), Les expéditions de Sinaï de Fred Boissonnas. Fred Boissonnas : The Sinai Expeditions (1923-1933), Chambésy, Genève, 2011.

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Géographes et historiens s’intéressent également à l’œuvre de Boisson- nas, puisque ce projet est né dans le cadre d’une recherche menée au Département de géographie de l’Université de Genève sous la direction du professeur Jean-François Staszak sur le rôle de la photographie dans la construction d’imaginaires géographiques9. Diffusées pour certaines dans le monde entier, les photographies de voyage de Boissonnas peuvent être appréhendées sous l’angle de la géographie et de l’histoire culturelles comme des documents qui ont contribué à façonner le regard porté en Europe sur la Suisse, la Grèce, l’Afrique du Nord et la Méditerranée, à la fin du XIXeet au début du XXesiècle.

Cette publication a pour but de décloisonner les savoirs et les perspec- tives sur l’œuvre de Fred Boissonnas10. Seule une approche collective peut donner une idée plus globale de ses travaux et de leur intérêt, intérêt qui réside aussi précisément dans la diversité des pistes explorées par le photo- graphe. Notre deuxième objectif est de mettre en exergue la richesse des sources disponibles pour appréhender son histoire, notamment à partir des fonds conservés au Centre d’iconographie genevoise (CIG) de la Biblio- thèque de Genève (BGE), et au Musée de la photographie de Thessalo- nique, en Grèce. Des milliers d’images sont disponibles, sous différentes formes : la collection du CIG est estimée à plus de 35 000 tirages, celle du Musée de la photographie de Thessalonique a environ 12 500 tirages et 4500 négatifs. Ces documents sont accompagnés d’une somme de sources écrites en partie inédites, ensemble assez rare dans l’histoire de la photo- graphie. À la suite de Fred Boissonnas lui-même, dans les années 1930,

9 Projet financé par le Fonds National Suisse de la recherche scientifique intitulé « Images exotiques du monde. Les photographies d’Alfred Bertrand et Fred Boissonnas : regards genevois sur l’Ailleurs », auquel collaborent Lionel Gauthier, Estelle Sohier et Nicolas Crispini. Département de géographie et environnement de l’Université de Genève, 2010- 2012.

10 Ce projet de recherche a été formé à la suite d’une journée d’étude interdisciplinaire organisée à l’Université de Genève le 3 décembre 2011 et intitulée : « Usages du monde et de la photographie. Regards croisés sur l’œuvre de Fred Boissonnas », avec les contri- butions d’Oriana Baddeley, Gad Borel, Armand Brulhart, Nicolas Crispini, Erika Deuber- Ziegler, Céline Eidenbenz, Alexandre Gillet, Vangelis Ioakimidis, Christian Joschke, Nina Kassianou, Hercules Papaioannou, Estelle Sohier et Jean-François Staszak.

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son fils et successeur Paul a en effet classé et conservé les archives de l’atelier et de la famille (la distinction entre les deux étant souvent ténue) : correspondance, coupures de presse, carnets de voyage, chroniques fami- liales permettent de retracer l’histoire d’un atelier de photographie sur plusieurs générations, mais aussi de restituer la complexité d’une œuvre et la pensée de son auteur. Au-delà de l’aspect artistique, cet ensemble témoigne aussi, de l’intérieur, de la construction d’une « société de l’image ».

Les contributions rassemblées dans cet ouvrage suivent des approches très différentes, à la fois dans le ton, la démarche et les perspectives adop- tés. Le premier texte esquisse les grandes lignes de la carrière de Fred Bois- sonnas, en s’interrogeant sur ses collaborations, mais aussi sur la forme de ses images et sur les fonctions que le photographe leur a assignées. L’article de Nicolas Crispini est consacré à un aspect déterminant de l’œuvre et de la pensée de Boissonnas, son rapport à la question de l’art autour d’un moment charnière, celui de l’Exposition universelle de Paris de 1900 qui marque sa reconnaissance sur la scène internationale. Les deux contribu- tions suivantes sont consacrées d’une part à un objet, d’autre part à une aire géographique : Armand Brulhart évoque les photographies d’architec- ture de Boissonnas dans le contexte genevois et ses collaborations, notam- ment avec Le Corbusier. Hercules Papaioannou donne quant à lui un aperçu de l’ampleur de sa production en Grèce sur près de trois décennies et plus d’une dizaine de voyages, consacrés entre autres à des relevés archéologiques. En guise de conclusion et d’ouverture, deux textes abor- dent la question de l’héritage du photographe : dans le cadre d’un entre- tien, Nina Kassianou précise le rôle et l’influence de Boissonnas dans l’histoire de la photographie en Grèce ; enfin, Gad Borel, héritier de l’ate- lier, des archives et de la mémoire des Boissonnas, livre un témoignage plus personnel et familial sur une carrière atypique.

Les différents textes ne couvrent pas, loin s’en faut, tous les aspects de l’œuvre de Boissonnas. Ils appellent à de nouvelles recherches que nous souhaitons encourager et faciliter à l’aide d’un ensemble d’annexes : un cahier de vingt-quatre planches photographiques extraites d’une série d’albums conservés au Centre d’iconographie genevoise de la Bibliothèque

USAGES DU MONDE ET DE LA PHOTOGRAPHIE. FRED BOISSONNAS

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de Genève ; une chronologie de sa carrière et des récompenses obtenues par l’atelier ; enfin, une bibliographie dans laquelle ont été reportés les titres des publications qu’il a illustrées, éditées, signées ou cosignées. Elle montre que l’aboutissement de la carrière de Boissonnas n’est pas seulement à recher- cher dans ses tirages photographiques, mais aussi et surtout dans une pro- duction bibliographique dense et particulièrement soignée.

Références

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