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Grand Genève: un défi mis en mots
GIRAUT, Frédéric
Abstract
Le nom de Grand Genève fait toujours l'objet de critiques et de contrepropositions. Ces réactions sont somme toute normales si l'on se réfère aux expériences internationales liées aux structures supracommunales de coopération urbaine. La question du nom est habituellement problématique dans le cas de villes secondaires. Pour celles-ci, le changement de périmètre lié aux services d'agglomération se heurte au sentiment de perte d'identité des périphéries. Le recours à des dénominations composites ou neutres plutôt qu'au nom de la ville-centre fait souvent consensus. Pour les métropoles, le choix du nom obéit à des préoccupations de marketing territorial et rencontre généralement moins d'opposition. En effet, la survie des communes est rarement menacée et l'enjeu se situe plutôt au niveau de la communication internationale pour le développement économique et de la réalisation de grands équipements fédérateurs. Le cas de Genève est particulier, grande ville sans être une métropole à elle seule, l'agglomération est tout de même une ville globale qui se vit comme faisant partie d'un réseau [...]
GIRAUT, Frédéric. Grand Genève: un défi mis en mots.
La Tribune de Genève, 2012, no. 6 juillet
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:34183
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FREDERIC GIRAUT (La Tribune de Genève, 06.07.2012) Grand Genève : un défi mis en mots
Le nom de Grand Genève fait toujours l’objet de critiques et de contrepropositions. Ces réactions sont somme toute normales si l’on se réfère aux expériences internationales liées aux structures supracommunales de coopération urbaine.
La question du nom est habituellement problématique dans le cas de villes secondaires. Pour celles-‐
ci, le changement de périmètre lié aux services d’agglomération se heurte au sentiment de perte d’identité des périphéries. Le recours à des dénominations composites ou neutres plutôt qu’au nom de la ville-‐centre fait souvent consensus.
Pour les métropoles, le choix du nom obéit à des préoccupations de marketing territorial et ren-‐
contre généralement moins d’opposition. En effet, la survie des communes est rarement menacée et l’enjeu se situe plutôt au niveau de la communication internationale pour le développement écono-‐
mique et de la réalisation de grands équipements fédérateurs.
Le cas de Genève est particulier, grande ville sans être une métropole à elle seule, l’agglomération est tout de même une ville globale qui se vit comme faisant partie d’un réseau mondial et non comme une capitale régionale. L’agglomération fonctionnelle se développe sur une cité-‐Etat et sur les périphéries vaudoise et française. Paradoxalement, ce qui s’exprime ici, c’est l’activation de la frontière cantonale plus qu’internationale. La périphérie française du Genevois accepte une certaine dépendance à la ville-‐centre qui constitue un principe d’indentification pour des localités considérées comme des confins dans leur propre région. En revanche, la partie vaudoise se vit plutôt comme lémanique et exprime son attachement à l’identité cantonale.
Dans ce contexte, l’appellation Grand Genève nous semble avoir cependant plusieurs mérites.
Tout d’abord, elle ne fige pas un périmètre définitif et pourrait s’étendre sur une aire fonctionnelle plus large. Le nouveau toponyme centré sur Genève est aussi potentiellement complémentaire de l’affirmation d’une vaste métropole lémanique qui l’englobe et doit porter d’autres projets d’envergure régionale.
Enfin et surtout, Grand Genève a l’inestimable mérite de mettre la cité-‐Etat face à la réalité d’une vaste agglomération projetée bien au delà d’une absurde zone agricole intra-‐urbaine. Il rappelle ainsi l’impératif d’aménagement (qui passe par le déclassement et le développement de centralités se-‐
condaires périphériques) d’un espace transfrontalier marqué non seulement par la dissymétrie socio-‐
économique qui lui est consubstantielle, mais aussi par l’exportation de la question fondamentale du logement et par les problèmes liés de transport et de mitage. Un défi peut être enfin mis en mot par le Grand Genève.