Calligraphie Arabe
Dans le sillon du calame
Du même auteur
D'ENCRE ET DE RÊVE
Livre d'Art 1993
GALLIFORMES
Samed Éditions - Sfax Tunisie 1994
LES SIGNES DES SABLES The signs of the sands
Éditions Opera 1994
ÉTREINTES CALLIGRAPHIQUES
Éditions Hérault 1995
TRACE
Éditions L'Harmattan 1996
LEÇON DE CALLIGRAPHIE NASKHI
Éditions Annick des Grieux 1997
Calligraphie Arabe
Dans le sillon du calame
Préface : Jack Lang
Préface Jack Lang
Introduction Anne Terrier
Traductions Ilias Driss
Proverbes extraits de
Ibn Zaydùn (Traduction Omar Merzoug) Al Mutanabbi (Traduction Jean-Jacques Schmidt)
Éditions Orphée La Différence
Remerciements Nadia Bousnoune
Sonia Bouzouita Ahlein Hannachi
En couverture :
Si tu étais une mer, tu serais sans rivages.
Si tu étais une pluie, nul espace ne pourrait t'embrasser !
© L'Harmattan, 1997 ISBN : 2-7384-6164-6
PRÉFACE
La calligraphie est une des formes les plus significatives de l'art de l'Islam. Elle symbolise particulièrement l'extrême raffinement de cette civilisation qui a doté l'Humanité de tant de chefs-d'oeuvre.
L'art décoratif de l'Islam s'est notamment incarné dans cette expres- sion plastique née de l'interdit de la représentation de Dieu et de son pro- phète.
Cet interdit, comme souvent, a suscité en réaction le génie. Le génie de la forme, des lignes, des blancs et des noirs qui se fondent dans d'in- nombrables et prodigieuses métamorphoses.
La calligraphie arabe est une forme de poésie car elle invite au rêve et au voyage. Elle est même selon certains le véritable art abstrait de l'Islam, un art qui rendrait hommage à l'écriture comme étant, à n'en pas douter, une des plus belles inventions de l'Homme.
Que de chemin parcouru entre les tablettes d'Uruk et les créations de Lassaâd Métoui.
L'artiste nous plonge dans un monde onirique où s'entremêlent des architectures délicates dont la sobriété même fait étonnamment revivre les splendeurs de Bagdad, de Cordoue ou de Fès.
Lassaâd Metoui est un orfèvre qui sculpte et cisèle ses chefs-d'oeuvre selon des règles établies depuis des siècles avec une maîtrise du geste et du souffle, une précision et une concentration qui forcent l'admiration.
Je vous invite à découvrir ce merveilleux ouvrage qui, page après page, sait captiver notre regard et nous emmener très loin.
Jack LANG
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INTRODUCTION
« La calligraphie est une géométrie de l'âme » disait Platon. Il existe en effet, depuis la nuit des temps, un rapport entre l'écriture et le sacré.
D'après une légende de l'Égypte ancienne, l'écriture aurait été créée par le dieu Thot qui en aurait ensuite fait don aux hommes. C'est pour- quoi ils donnèrent à leur système d'alphabet le nom de hiéroglyphe qui signifie « écriture des dieux ».
Quelque trois mille ans plus tard, alors que les Romains les persécu- taient, les chrétiens se transmettaient des rouleaux de parchemin conte- nant les « Saintes Écritures », terme désignant l'ensemble des livres de la Bible. Puis pendant près de huit siècles, ce furent des moines qui, du fond du scriptorium adjacent à leur abbaye, transcrivirent les textes religieux et enseignèrent aux laïcs la pratique de l'écriture.
Mais alors qu'en Occident l'écriture a, depuis le Moyen Âge, perdu son caractère sacré, il n'en est pas de même en Orient et notamment dans les pays de langue arabe : l'une des principales caractéristiques de la cal- ligraphie arabe est justement son lien étroit avec le sacré, le divin.
C'est au vile siècle de l'ère chrétienne que le prophète Mahomet reçoit en arabe la parole de Dieu qui est aussitôt écrite dans le Coran. « Ton Seigneur a instruit l'homme par le calame » est-il dit dans la première révélation. Dès lors, la langue et l'écriture arabes, instruments de trans- mission du message coranique, deviennent sacrées pour tous les musul- mans. À mesure que l'Islam se répand dans les territoires, formant un vaste empire s'étendant de l'Espagne à la Chine, conquis par les Arabes, l'écriture arabe jouit d'un prestige grandissant. Elle se substitue parfois à des écritures locales temporairement réduites à un rôle inférieur. C'est ainsi que l'arabe devint l'écriture des langues iraniennes, turques, per- sanes, celle des habitants de la Malaisie, de l'Espagne médiévale, de la Croatie et même de certains peuples d'Afrique noire.
Parallèlement, les calligraphes jouissent d'un immense prestige. On raconte que le sultan ottoman Bajazet II admirait tellement l'oeuvre du calligraphe Hamd-Allah al-Amasi qu'il tenait parfois son encrier lorsque celui-ci écrivait. Car l'interdiction faite aux musulmans de représenter les êtres animés a permis aux calligraphes de déployer des trésors d'imagi- nation pour utiliser au mieux l'aspect graphique de l'écriture. De par ses caractéristiques, l'écriture arabe se prête particulièrement bien à cet art
extrêmement élaboré consistant à dessiner, autant qu'à écrire, avec des lettres. L'existence des points diacritiques, qui permettent de différencier certaines lettres les unes des autres, contribue à donner à cette écriture une apparence naturellement ornementale. De plus, le fait que chacune des 28 lettres de l'alphabet puisse prendre 4 formes différentes selon qu'elle est isolée, située au milieu, au début ou à la fin du mot constitue une extraordinaire richesse sur le plan graphique. On ne s'étonne plus, dès lors, que cette écriture ait donné naissance à une autre forme d'art, l'art des arabesques. Le terme même de calligraphie se dit khatt en arabe, de khatta qui signifie tracer un trait ou une ligne. Représenter un visage ou un animal non seulement avec des letttres mais aussi avec des mots extraits d'un texte religieux constitue une sorte de défi, au moins sur le plan technique. Ces calligrammes à connotation religieuse sont typiques de la calligraphie arabe.
Aujourd'hui encore, le calligraphe arabe est bien plus qu'un scribe dont la seule fonction serait de transmettre un message et bien plus qu'un dessinateur ; c'est un initié, à la fois artiste et savant, le maître incontesté de la « science des lettres ».
À cette richesse naturelle s'ajoute la grande variété des styles d'écri- ture, reflet de son évolution à travers l'Histoire.
Le koufi ou style koufique, apparu quelques années avant l'Islam, connut une quarantaine de variantes qui portaient le plus souvent le nom des dynasties sous lesquelles elles étaient apparues : style aghlabide (ixe siècle), tûlûnide, fatimide (xe-xie siècle), ghaznaide (xie siècle), etc.
Après le xiie siècle, cette écriture géométrique au tracé lourd et anguleux, qui était à l'origine réservée à la transcription du Coran, ne fut plus utili- sée qu'à titre ornemental.
Les copistes du Coran lui préférèrent le nashkî, dont le tracé souple et arrondi, les prolongements courts permettaient d'écrire plus rapidement.
Au Moyen Age, le nashkî donna naissance à six styles d'écriture : le
muhaqqaq, le rihan, version réduite du muhaqqaq, le thuluth, le tawqi,
variante du thuluth, le naskh, le riga, version réduite du tawki.
Ces six styles essaimèrent dans les nombreux pays de langue arabe où ils furent adaptés, enrichis, déformés. Il en a existé une bonne centai- ne selon les époques, selon les pays. Un grand nombre d'entre eux ont aujourd'hui disparu.
Le calligraphie arabe est donc l'un des arts majeurs de l'Islam dont elle est indissociable. De ce fait, elle est présente dans tous les domaines de la vie quotidienne. Utilisée à des fins décoratives, on la retrouve sur
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les façades d'édifices, surtout religieux, sur les monuments commémora- tifs, sur des fresques, des tentures, des tapis. Utilisée à des fins utilitaires, elle sert à rédiger des textes officiels, des archives, à orner les pièces de monnaie.
Mais elle sert aussi, bien entendu, à retranscrire les textes du Coran.
Dans une société où la religion occupe une place prépondérante et où l'écriture est d'essence divine, on comprend que la calligraphie soit un art
« inspiré » c'est-à-dire, étymologiquement, animé par le souffle divin.
Anne TERRIER
L'amour.
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Celui dont la haine est grande, ses reproches sont minces.
4...Itic. ji bai.% jiS ci .
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'excuser deux fois, c'est rappeler la faute.
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Le retour.
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