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Exhortation aux hommes et préambule de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges.

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Séance 4 : Homme, es-tu capable ?

Exhortation aux hommes et préambule de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges.

Exhortation aux hommes

Homme, es-tu capable d’être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne lui ôteras pas moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force

? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.

Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens. Cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans l'administration de la nature.

Partout, tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel.

L’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus.

Introduction

La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un ouvrage composé de plusieurs textes réunis par une thématique commune : combattre pour l’égalité. L’égalité entre les hommes et les femmes mais aussi l’égalité de tous les hommes, qu’ils soient libres ou esclaves, et l’égalité également entre les riches et les pauvres. C’est une oeuvre de combat qui s’inscrit dans les enjeux et les luttes du siècle des Lumières.

Ces textes sont écrits en 1791 par une autodidacte, Olympe de Gouges de son vrai nom Marie Gouze , qui sera décapitée en1793 , preuve si il en est d’une pensée originale et contestataire qui n’a pas rencontré le soutien escompté.

Cet extrait qui ouvre le livre est composé de trois textes :

Exhortation aux hommes : une exhortation est une figure de rhétorique qui pousse quelqu’un à agir.

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : affirmer ( à l’oral et à l’écrit) un état de fait.

Préambule : texte qui précède un texte officiel dans lequel on fixe l’objet du texte à venir.

Ces termes mêmes orientent le texte vers la littérature argumentative : il s’agit de faire changer une situation et d’en prendre acte. Ce texte à un caractère officiel, administratif.

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LECTURE : texte engagé avec une forte oralité. Elle s’adresse à quelqu’un donc faire sentir l’engagement ! Lecture avec conviction.

En quoi ces textes d’ouverture sont-ils des textes de combat ? L’analyse linéaire est construite en trois temps, selon les trois unités.

I une exhortation.

-Qu’est-ce qu’une exhortation ?

C’est un procédé de rhétorique dont le but est de pousser quelqu’un à faire quelque chose, à agir. Il s’agit donc de provoquer par la parole une réaction. Or, c’est le début de son texte. C’est le captatio benevolontiae soit traditionnellement le moment ou on flatte son auditoire pour en obtenir la bienveillance, de manière agréable pour l’amener à faire quelque chose.

On retrouve l’idée d’une parole efficiente : dire c’est déjà agir.

-Sur qui est-il question d’agir ?

Ici, le texte est clair : il s’agit de faire réagir les hommes. « Homme, es-tu capable d’être juste ? » Il s’agit donc bien du groupe de sexe masculin. C’est une apostrophe directe avec qui plus est un tutoiement sous la forme d’une question rhétorique. En d’autres termes, le tutoiement suppose un refus d’un rapport hiérarchique pour se mettre à égalité. Le ton est donc polémique. Il s’agit d’une véritable attaque qui porte sur la notion de « juste »

« Juste » cela suppose les rapports entre les individus. Faire justice/ se comporter selon la justice.

Olympe de Gouge dès la 1er phrase rompt avec la tradition pour mieux attaquer ! -En quoi la 2ème phrase a-t-elle la valeur d’une narration et de division ?

Olympe de Gouges s’affirme comme femme, ce qui introduit une forte opposition « Homme »/

« femme ». Le présentatif « c’est » permet d’imposer l’égalité revendiquée. Elle s’affirme comme maitresse de son discours d’autant plus qu’elle est en fonction sujet « qui t’en fait la question ». C’est la narration. Mais la proposition juxtaposée suivante utilise une double négation. « tu ne lui ôteras pas moins ce droit » Le tu est bien l’homme, le pronom « lui » est COS ! On comprend alors qui est actif : l’homme, qui subit : la femme. La négation porte sur le droit. (« ce droit » renvoie à la question.) L’homme nie l’action de la femme ET nie le droit qu’elle a. L’adverbe moins permet un effet d’insistance sur le forclusif pas. La double négation écrase la femme ! C’est la division, l’exposé des faits.

-Comment Olympe s’adresse-t-elle à l’homme ?

Elle utilise 4 questions rhétoriques qui cherchent à comprendre la confiscation de la parole et donc de son droit d’expression. Elle tutoie toujours son interlocuteur ce qui est aussi un refus catégorique de le reconnaitre comme supérieur « dis-moi », « qui t’a donné », « ta », « tes ».

Elle utilise d’ailleurs de l’impératif « dis-moi » Elle exige une réponse avec l’affirmation du pronom je en forme forte « moi » Elle se présente donc comme un interlocuteur valable.

L’accusation est explicitement formuler « opprimer mon sexe »(l2) .On notera que le propos se veut général, il n’y a pas d’attaque ad hominem. De plus, elle utilise de l’hyperbole avec « souverain empire » qui prend une valeur parodique. L’homme se prend pour Dieu ! Elle interroge donc l’origine de cette substitution avec les deux questions suivantes « Ta force ? tes talents ? »

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→ « force » : La force relève du physique, d’une simple différence biologique, de la Nature. On retrouve l’expression « sexe fort » pour désigner les hommes et « sexe faible » pour désigner les femmes. Ce serait du domaine de l’inné.

→ « talents » : c’est une habileté, une capacité. C’est ce qui peut être développé. On est donc dans l’acquis.

La formulation interrogative remet en cause ces deux raisons, ces deux causes. Rien ne justifie que l’homme se prenne pour Dieu.

-Quel temps de conjugaison l’auteure utilise-t-il aux phrases 3 et 4 ?

Elle utilise à nouveau de l’impératif ! Elle donne des ordres ! « Observe », « parcours », « Donne moi l’exemple ». Il s’agit d’une véritable démarche démonstrative par l’expérience.

Observation/comparaison /déduction. Or l’objet de cette expérience n’est autre que Dieu désigné par des termes très élogieux « le créateur », « sa sagesse », « sa grandeur ». Il y a un effet de contraste entre les hommes qui « oppriment », sont « tyrannique »s et la figure divine.

Cela induit une comparaison moqueuse au détriment des hommes. Les hommes veulent être Dieu mais ils n’ont pas ses qualités ! L’auteure se moque des hommes avec la subordonnée relative « dont tu sembles vouloir te rapprocher » et avec l’incise « si tu l’oses ». Cela permet de remettre à sa place l’homme dans la création. Il n’y a rien qui justifie l’oppression des femmes dans la Création. La répétition du nom « empire » est importante.

 « souverain empire » : autorité absolue avec épithète valorisante. Hyperbole positive.

 « empire tyrannique » : l’épithète est doublement péjorative. C’est celui qui a volé le pouvoir et donc celui qui n’est pas légitime.

 = Les hommes ont usurpé le pouvoir de Dieu en se considérant comme les maitres des femmes.

-En quoi le paragraphe 2 est-il la division ou l’exposé des faits et sa confirmation?

Il y a une accumulation d’impératifs « remonte », « étudie », « jette », « rends », « cherche »,

« fouille »….mais aussi un véritable programme. Il s’agit d’analyser le monde, la Nature. « animaux », « végétaux », « éléments », « matière organisée » Il s’agit de comprendre le vivant.

On le voit aussi à travers le champ lexical du savoir avec « consulte », «étudie », cherche », fouille »…Ce programme permet de faire émerger une évidence ( l6) , soit ce qui relève d’une vérité car visible immédiatement. Notons la formulation qui est importante car c’est la femme qui donne l’accès à cette évidence avec la proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de temps « quand je t’en offre les moyens ».

-Quelle est cette évidence ?

Il n’y a pas de distinction entre les hommes et les femmes ! L’adverbe « partout » est répété deux fois ce qui permet d’insister sur l’absence d’exception. Les termes sont tous élogieux

«confondus », « coopèrent » et « harmonieux ». Il y a un jeu sur la conjugaison avec « trouveras » au futur et « coopèrent » au présent : il y a donc l’idée que cela est et cela sera ! Cette éternité est aussi confirmée par l’image du paradis « Nature », ensemble harmonieux » « chef d’œuvre immortel » les deux sexes participent à l’unité du monde. On notera que les hommes et les femmes appartiennent à ce monde de manière égale. C’est l’action de tous qui fait cette harmonie.

(4)

Le raisonnement est donc simple : 1) l’homme usurpe le pouvoir divin et opprime les femmes 2) Il y a coopération égalitaire dans le vivant fait par Dieu. 3) L’homme n’a donc aucune légitimité sur les femmes (et sur le monde !)

-Quel est le ton du 3ème paragraphe ? ( très proche de la réfutation)

Le ton est très agressif ! C’est une attaque en règle pour détruire la mauvaise qualité du raisonnement des hommes. Le terme familier et péjoratif « fagoté »( l10) montre un raisonnement bancal . « l’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception » L’épithète

« seul » en postposition est dépréciative. L’auteure souligne la transformation d’un principe en vérité générale. L’homme fait preuve de malhonnêteté intellectuelle puisqu’il transforme un acte isolé en vérité générale. Son comportement discriminatoire devient la norme (dans son raisonnement)

-Analyse de la très grands phrase lignes « 10 à 13 » qui est le cœur de l’attaque

(d’où la construction très complexe. Acmé du raisonnement. C’est la réfutation ultime !)

Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus.

La principale : il veut commander en despote sur un sexe

→ Affirmation de son pouvoir de tyran. Le mot despote appartient à la même illégitimité politique.

Une proposition relative introduite par qui ayant pour antécédent « un sexe » : qui a reçu toutes les facultés intellectuelles :

→la relative nie le contenu de la principale. La position en fin de proposition de cette relative permet d’équilibrer et d’enfoncer l’accumulation des épithètes sur l’homme. C’est presque une pointe.

Accumulation d’apposition ou d’épithètes détachées « Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré »

→Ils sont tous de sens négatifs !

 Bizarre : caractère difficile à comprendre

 Aveugle : incapable d’un jugement cohérent

 Boursoufflé de science : vide, qui utilise la science vidée de son sens

 Dégénéré : qui a perdu les qualités de son espèce

Deux compléments circonstanciels dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse

→un de temps « dans ce siècle de lumières et de sagacité »

→un de manière « dans l’ignorance la plus crasse » avec un superlatif absolu.

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L’homme ne comprend pas son époque.

La dernière promotion juxtaposée confirme la désir des femmes de participer à la révolution.

Attention le « il » dans « il prétend jouir… » désigne le sexe féminin et donc LES FEMMES ! Cette dernière proposition affirme la colère des femmes et leur désir de retrouver une place que la révolution leur a donné.

L’auteure utilise les étapes d’un discours très construit pour attaquer l’homme et le mettre face à ses contradictions. Rien ne justifie la domination des hommes sur les femmes. C’est une perversion de l’esprit même des Lumières qui a permis la Révolution.

Cela débouche sur la conclusion : III Le préambule ( la 1ère phrase) -Quel est l’effet de l’accumulation ?

« les Mères, les filles, les sœurs » : cette accumulation permet de donner une amplitude aux groupes. Cela donne du nombre. Mais il y a deux autres éléments à prendre en compte :

 Cette accumulation s’adresse indirectement aux hommes (et à tous ceux qui s’opposent à l’égalité homme/femme) . En effet, il s’agit des relations familiales, celles qui définissent la femme dans son statut par rapports aux hommes. La mère d’un fils, les filles d’un père, les sœurs d’un frère ! Or, ces précisément le statut juridique de la femme ! La femme appartient à l’homme ! Ce préambule est donc à l’intention de l’Assemblée nationale qui est constituée d’Hommes.

 Cette accumulation s’adresse aussi aux femmes, celles qui sont précisément « Mère, filles et sœur »

 Jamais il n’est question de femme ou de citoyenne, soient les termes qui sont repris dans l’intitulé de la déclaration : il s’agit d’un horizon à atteindre, pas d’un fait.

-Comment Olympe de Gouges contourne le fait qu’étant femme elle n’a pas accès à l’assemblée ? Comment contourne-t-elle la difficulté ?

Tout repose sur un simple verbe : « demandent » ! Le fait même de demander…valide la demande ! C’est déjà un acte d’émancipation que de produire ce texte (puisqu’une femme n’a pas accès au monde politique et encore moins aux questions de législation, même quand elle en est le sujet exclusif) mais le fait d’utiliser le terme « demander » donne à ce texte un caractère performatif (même si ce n’est pas encore une loi). Les articles qui vont suivre même si ils ne sont pas votés existent par la parole de Gouges et par le fait même d’être demandés.

Conclusion

Ce début de texte apparait d’emblée comme un texte de combat. Olympe de Gouges s’arroge le droit d’écrire et de penser, comme un homme. Elle revendique l’égalité et démontre avec rigueur que l’homme a usurpé un pouvoir et même dévoyé l’idéal de la Révolution.

« L’exhortation aux hommes » attaque les hommes mais « La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » ainsi que « Le préambule » cherchent à faire réagir autant les hommes, contre qui elle écrit, que les femmes pour qui elle se bat.

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On peut dire que ce texte cherche à remettre en avant un réel universalisme pour une société égalitaire.

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