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OUVRAGES DE PIERRE ACCOCE. ( Documents) La vérité sur l'espionnage (avec MM. Yves Ciampi et Jean Dewever) Librairie Arthème Fayard et Paul Chantrel

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Texte intégral

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LE RÉSEAU CARAMAN

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OUVRAGES DE PIERRE ACCOCE

( Documents) LE MONDE PARALLÈLE

La vérité sur l'espionnage (avec MM. Yves Ciampi et Jean Dewever)

Librairie Arthème Fayard et Paul Chantrel LA GUERRE A ÉTÉ GAGNÉE EN SUISSE (en collaboration avec Pierre Quet)

Librairie Académique Perrin

(Histoire) JEAN BART

Corsaire du Roi Soleil

Librairie Commerciale et Artistique (Romans) POLONAIS GO HOME

LE SAFARI DU POLONAIS Éditions Plon

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Pierre Accoce

et

Jean-Daniel Pouget

L e r é s e a u

C a r a m a n

13 Roumains font trembler l'OTAN

Fayard

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© Librairie Arthème Fayard, 1972.

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Les loups chassent la nuit. Ils opèrent le plus souvent en solitaires. Mais, la faim aidant, ils traquent aussi en bandes.

Leurs exploits n'ont qu'un témoin muet, la lune. Voilà pour- quoi les vieux Russes appellent parfois celle-ci le soleil des loups.

A la manière de ces fauves, les officiers de renseignements chassent dans l'ombre. Comme eux, ils doivent vivre en marge du monde et se rassemblent en meutes. Leur gibier est abon- dant : l'homme, tous les êtres du commun, cohortes vulné- rables qu'ils contraignent à travailler pour eux, à espionner.

A la lumière du jour, à découvert, ces officiers traitants se condamneraient. Eux aussi n'ont donc droit qu'au soleil des loups.

Sous cette clarté diffuse, une harde a ainsi opéré en Europe pendant dix années. Ses curées se seraient prolongées long- temps encore; la diligence est la mère de la bonne fortune.

Mais l'univers des agents secrets a aussi ses impondérables.

Et dans ce monde les flammes suivent de près toute fumée.

Voici l'histoire de ce réseau.

Ce récit n'a qu'une ambition : témoigner.

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1.

Saison de grâce avec ses couleurs flamboyantes et ses journées douces, l'automne sied à Berlin, la métropole aux deux visages qui regarde à la fois l'Est et l'Ouest. Cependant, les habitants du secteur occidental n'oublient jamais qu'ils y tournent en rond, environnés par un territoire hostile, la République démocratique allemande. Même s'ils se grisent d'activité et de bruit. Même s'ils paraissent mordre à pleines dents dans la vie. Des hommes-hamsters, coincés dans une île cernée de murs.

Le 9 octobre 1967, au cœur de cette zone.

Comme à l'accoutumée, les clients s'entassaient au café Kransler. De sa terrasse on domine le Kurfürstendamm, artère reine de la ville où la société des affaires coudoie le tourisme opulent et cosmopolite, l'aventure facile. Au 27 de cette avenue se dresse l'hôtel Kempinski : une ruche.

Trois hommes occupaient une suite aux étages inférieurs du caravansérail, ce lundi-là. Des voyageurs insolites, des pas- sagers sans bagages. Au creux d'un fauteuil, l'un feuilletait une revue. Le second, mâchonnant du chewing-gum, s'exerçait à tourner des « six » avec deux dés, sur une table basse. Le dernier toilettait ses ongles près d'une fenêtre. Mais il écartait souvent le voilage masquant la baie et regardait la rue. Nom : Hugh Clement. Nationalité : américaine. Profession : attaché d'ambassade. Il avait loué ce petit appartement quelques

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heures auparavant, exigeant une chambre avec salon, en bout de couloir. Un lieu propice pour toute rencontre discrète. Ou bien, à l'évidence, une position stratégique aisée à protéger.

Un havre, avec comité d'accueil, l'attente... ceci résultait d'une communication téléphonique préoccupante. Le matin de ce 9 octobre, elle avait échauffé le consulat des États-Unis au 170 Clay Allee, dans le quartier Dahlem. Une interlocutrice inconnue, s'exprimant en bon anglais, avait en effet insisté pour parler au vice-consul James Joseph Martin. N'obtenant pas satisfaction, ton changé, comme teinté d'angoisse, elle avait fini par sous-entendre que son mari possédait des docu- ments pouvant intéresser l'Occident. Il souhaitait les soumettre à examen en personne. Le jour même.

A Berlin-Ouest, écluse où foisonnent les agents secrets, les propositions d'un tel calibre submergent par moments la plupart des ambassades. Surtout lorsque monte la tension politique internationale. Des offres de claquedent, le plus souvent. Ou bien des amorces peu sérieuses de provocation.

L'inconnue parvint néanmoins à forcer l'attention du personnel du 170 Clay Allee. Au fil de sa conversation, il apparut clairement qu'elle n'ignorait rien des vraies fonctions du vice-consul James Joseph Martin, l'un des responsables de l'antenne secrète de la C.I.A. à Berlin. Elle savait qu'il les exerça déjà à Hambourg, avant sa mutation à Berlin; qu'il fut auparavant analyste au service de renseignements de l'armée US. Elle connaissait même le matricule général du poste de la C.I.A. dans la métropole allemande déchirée. Des informations de cette espèce ne paraissent certes point capi- tales. Elles ne figurent tout de même pas dans le Bottin mon- dain. L'anonyme si bien renseignée intriguait. Son mari égale- ment. Un adversaire, selon toute probabilité. Aussi convenait- il de contrôler. Ce qui expliquait la présence du trio américain à l'hôtel Kempinski.

Toujours entre deux voyages et deux risques, le New- Yorkais Hugh Clement, membre de la mission consulaire à Berlin, ne moisissait guère en bureau. Il assistait doublement 1. C.I.A. : Central Intelligence Agency. Premier service de renseigne- ments des États-Unis. Certains l'appellent Le gouvernement secret des U.S.A. (David Wise et Thomas B. Ross, éditions Fayard, 1966).

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le vice-consul Martin. Il lui servait d'abord de premier secré- taire, officiellement reconnu par le département d'État;

membre de la C.I.A. comme son supérieur hiérarchique, et ceci depuis 1954, il secondait aussi Martin dans ses activités au sein de l'empire de l'ombre.

Clement était versé dans l'art de la manigance. Et familier de la procédure à appliquer afin de contacter puis d'entendre les informateurs bénévoles : les faire aborder avec discrétion dans un lieu public, les rencontrer ensuite dans un local neutre, un hôtel de préférence. Il avait décidé que l'on accosterait le mystérieux mari de l'inconnue au jardin zoologique de Berlin, choisissant le Kempinski afin de l'y affronter. Tandis qu'il patientait dans le palace, escorté par deux agents du service de sécurité, une autre équipe entreprenait de conduire le sujet jusqu'à lui, avec mission de déjouer toute filature éven-

tuelle.

Coups secs à la porte du salon. Elle livra passage à un individu essoufflé. Pommettes hautes et regard gris. Un complet froissé, de coupe occidentale. L'homme épongea son front, dévisagea posément les occupants et se présenta : Evgeni Evgenevitch Runge.

L'arrivant ne s'égara pas en phrases alambiquées. Sa femme n'avait pas menti, il détenait bien des dossiers du plus haut intérêt pour l'Ouest. Mais il proposait plus : il venait se mettre à la merci des États-Unis. Et son passage en Occident lui non plus n'aurait pas de prix.

Clement relaterait l'événement, plus tard. Point de traces de jubilation dans son compte rendu. Il aurait cependant pu céder à cette tentation. Au cœur de Berlin, à portée dérisoire de tous côtés d'une république populaire, il avait vécu la situation d'un chasseur de sous-marins voyant soudain émer- ger un submersible ennemi devant son étrave. Unique conces- sion au non-conformisme, Clement préciserait dans son procès-verbal quelques détails relevés lors de la rencontre : le visage raidi de son interlocuteur qui ne manifestait pas pour autant de désarroi ni d'anxiété, le ton de sa voix s'assourdis- sant tout de même au fil des mots.

Au demeurant, la prise venue donner volontairement dans les rets occidentaux paraissait de taille. L'homme affirmait

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qu'il était lieutenant-colonel au K . G . B . Il assumait, disait-il, la responsabilité « gestion et organisation » d'une division de sa centrale; le secteur Europe. Mais de bonnes raisons l'inci- taient à penser que ses supérieurs avaient décidé de le liquider.

Quitter Berlin au plus vite, avec sa femme Valentine et leur jeune fils Andreyev âgé de huit ans, telle était son équation. Il ne lui restait que bien peu de temps pour la résoudre : sa cache dans la ville, encore sûre, cesserait de l'être le soir même.

Habitués, tels les souris, à ne jamais confier leur destinée à un seul trou, le Soviétique et l'Américain entamèrent alors un jeu aux règles subtiles échappant au commun, dans ce petit salon du Kempinski. En toute logique, le premier aurait dû s'acharner à convaincre de sa bonne foi et le second à confondre. A l'évidence, ils ne traitaient que d'un marché.

L'officier du K.G.B. s'était présenté les mains vides. Il assurait toutefois que les documents dont sa femme parla existaient : une mallette avait été déposée à la consigne de l'aé- roport international de Tempelhof. Sa vie et celle de sa petite famille contre le ticket permettant de récupérer le bagage.

Sans l'approbation de ses supérieurs, Clement ne pouvait conclure la transaction. Mais il communiqua quand même au fugitif l'adresse d'un appartement de secours. Le Soviétique pourrait s'y terrer sur-le-champ avec sa femme et son fils.

Recommandation importante : la C.I.A. aurait l'œil sur Runge. S'il se laissait filer par ses anciens complices jusqu'à cet abri proposé, la centrale américaine n'interviendrait pas.

Que Washington refuse en outre son feu vert et le Russe attendrait également en vain. Les chances de réussite restaient minces : une sur deux.

Mardi 10 octobre.

Les horloges de Berlin carillonnaient avec ensemble : 3 heures du matin. Evgeni Evgenevitch Runge se morfondait 1. K.G.B. : Komitat Gosudarstvenoï Besopasnosti (Comité pour la sécurité de l'État). Le plus important des services de renseignements en U.R.S.S. Il pratique l'espionnage et le contre-espionnage, ainsi que la police politique.

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dans le hall d'un immeuble de la Dürerstrasse, à Lichterfelde, quartier périphérique au sud. Valentine, sa femme, se tenait derrière lui. Elle serrait contre elle le petit Andreyev. Ils piétinaient sous le porche, dans le noir.

Bourdon assourdi. Une Mercedes stoppa devant le seuil de la résidence, moteur au ralenti. Les phares s'allumèrent, trois fois. Au signal, Runge fonça. Il poussa femme et enfant devant lui. Le trio s'engouffra à l'arrière. Démarrage silen- cieux. Une seconde voiture, jusqu'alors rangée sans feux contre le trottoir, plus loin, colla à la Mercedes : la protection.

L'action n'avait pas duré trente secondes, sans le moindre éclat. La portière fermée par Runge n'avait même pas claqué.

3 h 30. Au carrefour des avenues Columbia et Tempelhofer, près de l'aéroport international. Toujours suivie par la seconde automobile-bouclier, la Mercedes jaillit de la nuit. A grande allure, pneus gémissants, elle vira au croisement, évita l'entrée principale de l'aérodrome, longea les bâtiments civils. Elle pénétra dans la base des forces aériennes américaines, précé- dant encore le véhicule des services de sécurité. Les deux berlines y étaient espérées, guettées, car les barrières s'effa- cèrent sans que les chauffeurs ralentissent. Dédale des pistes bétonnées. Au bout, un jet-cargo. Les voitures s'immo- bilisèrent au pied de l'escalier menant à la coupée. Un groupe grimpa dans l'avion, trois hommes d'abord, puis le couple qui encadrait le garçonnet. Sifflement crescendo des réacteurs, glissade accélérée. Le poids lourd des nuées s'arracha à angle aigu, s'estompa au sud-ouest.

Le monde ignorait qu'un officier de renseignements sovié- tique sautait le pas, ce jour-là. Pas une agence de presse n'aurait d'ailleurs donné priorité à cette nouvelle. Car les informations importantes ne manquaient pas. Trois cent cin- quante Hindous emportés par un cyclone à Orissa, golfe du Bengale. La guerre civile se prolongeait au Nigeria. Deux sondes spatiales, la Venus IV soviétique et Mariner V l'amé- ricaine, entraient dans la banlieue de l'étoile du berger. La Bolivie tenait la manchette des journaux. Elle jugeait le

« révolutionnaire » français Régis Debray à Camiri. A La Paz, siège gouvernemental, les généraux René Barrientos et

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Ovando Candia annonçaient officiellement l'exécution du

« Che », le guérillero latino-américain Ernesto Guevara, tombé en embuscade près du village de la Higuera.

Runge s'était endormi d'une masse dans l'avion qui l'emportait. Il n'avait pu fermer l'œil depuis deux jours.

Valentine et Andreyev s'étaient reposés dans l'appartement de la C.I.A., à Lichterfelde. Pas lui. Il avait dû répondre au premier interrogatoire sérieux que mena Hugh Clement: un questionnaire d'identité.

Evgeni Evgenevitch Runge, né en 1928, se disant originaire de la région de Nikolaïevskaïa, gouvernement d'Astrakhan, sur les bouches de la Volga. Adolescence dans les komso- mols, les jeunesses communistes. Pas de romantisme ni d'in- souciance dans cette période de sa vie, seulement l'étude, aride.

Bête à concours, Runge mérita très tôt l'entrée dans les grandes écoles d'Union soviétique. Son don des langues étrangères le signala aux recruteurs de l'Académie diplo- matique militaire; elle engendre, entre autres, d'excellents officiers de renseignements. Runge n'avait pas, à l'époque, de véritable vocation pour les combats de l'ombre. La forma- tion allait venir cependant, à force de zèle. Six années d'entraî- nement.

Lorsqu'on l'estima enfin « opératif », le jeune loup partit en chasse, tous crocs dehors. C'était en 1955. Première cible, l'Allemagne fédérale. On lui confia mission de s'y fondre, d'y détecter parmi la population ceux qu'on nomme les « objec- tifs SR » en jargon des services secrets, c'est-à-dire les individus capables de devenir des agents de renseignements. Il devrait ensuite les piéger puis les manipuler et constituer un réseau.

Jamais d'appui officiel et pas d'immunité diplomatique en cas de danger. Pris à l'Ouest, il se verrait renié et abandonné par Moscou sur-le-champ. Un « illégal », voilà le terme consacré, par opposition aux officiers de renseignements déguisés en employés d'ambassades qui composent des commandos intouchables, dits « légaux ». L'efficacité des illégaux — vrais submersibles — est parfois plus grande que celle des légaux, généralement très surveillés par le contre- espionnage des pays où ils sont en poste.

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A la suite de ce curriculum vitae, Clement enregistra un second portrait du déserteur. L'image d'un Runge avantageux, grades conquis, devenu notable au sein du K.G.B. et apprécié par ses chefs. Deux brevets appuyaient ses propos. Le premier portait le paraphe d'Alexandre Nikolaïevitch Chelepine, la tête du K.G.B. à dater du 9 décembre 1958 : une lettre de félicitations. Elle accompagnait le galon de capitaine. Le deuxième certificat émanait de Vladimir Iefimovitch Semit- chastnyi. Il succéda à Chelepine, en 1961. Le 18 décembre 1964, il décerna l'ordre de troisième classe de l'Étoile rouge à Runge, en même temps qu'on le nommait lieutenant-colonel.

Mais, à son tour, Semitchastnyi avait dû céder le fauteuil directorial, le 18 mai 1967. Et Youri Vladimirovitch Andropov à la barre, désormais.

Ce haut fonctionnaire au front large et dégagé, portant lunettes sur un nez épaté, bouche sensuelle, déjà membre influent du Comité central du parti communiste et suppléant du Bureau politique, était étranger au sérail des espions. Sa montée au firmament venait de déclencher une restructuration du K.G.B., doublée d'une coordination plus accentuée avec les services de sécurité des pays du bloc oriental, triplée d'une chasse aux révisionnistes. En bref, une purge. Elles escortent fréquemment tout changement de commandement, la C.I.A.

ne l'ignorait pas. C'est d'ailleurs en ces heures de bourrasque qu'elle recueille les déserteurs. Runge, par exemple. Il avait senti qu'il ne résisterait pas à la disgrâce frappant Semit- chastnyi. Or, pas plus que leurs confrères ailleurs, les agents secrets soviétiques ne peuvent choisir la retraite qu'ils souhai- teraient.

Le sommeil aérien de Runge ne dura guère, ce 10 octobre 1967. A peine une heure, le temps de parcourir quatre cent trente kilomètres. L'avion s'était posé à Francfort-sur-le- Main. Une lueur pointait au Levant, révélant un ciel pom- melé. Les Runge et leur escorte devaient changer d'appareil, prendre un Boeing qui appartenait également à l'US Air Force. Auparavant, on les mena dans une dépendance de l'aéroport Rhein-Main. On écarta alors Valentine et le petit Andreyev; le lieutenant-colonel du K.G.B. allait subir une seconde audition. Toujours encadré par ses gardes améri-

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cains, il devait affronter des fonctionnaires allemands qui appartenaient au B.F.V. 1

Cette décision avait été prise au quartier général de la C.I.A.

On s'y montrait désireux de voir au plus vite le transfuge.

Les premiers rapports de Clement signalaient qu'il s'agissait d'un particulier prometteur. Les programmateurs qui ali- mentaient Walnut — la noix —, surnom familier désignant l'ordinateur de la centrale américaine, traduisaient déjà en langage binaire les notes de l'antenne berlinoise. Néanmoins, la direction de la C.I.A. avait ordonné cette brève escale à Francfort, après avoir alerté le contre-espionnage fédéral.

Runge avait révélé en effet qu'il constitua un petit réseau en Allemagne de l'Ouest, qu'il ne cessa jamais de manipuler en personne son mini-orchestre, en dépit des fonctions plus larges dont on le chargea par la suite en Europe. Il fallait sacrifier cette nichée. Le prix de sa traversée de l'Atlantique...

Harassé, E. E. Runge allait tout de même atermoyer une heure face aux experts du B.F.V. qui le pressuraient à l'aéro- drome Rhein-Main. Scrupules ultimes? Nul ne le sait. Au- delà de sa propre désertion, il devait en effet donner cette fois d'autres traits à sa trahison. Cinq visages. Il écrivit cinq noms, des adresses, certaines dates. Quelques instants plus tard, il courait vers le Boeing de l'US Air Force dans lequel sa femme et son fils avaient déjà pris place. Mais, contrairement à ce qui se passa à Tempelhof, il ne trouva pas tout de suite le sommeil. Désormais, il devait vraiment changer de peau, d'univers.

Le 12 octobre 1967.

Climat doux au Maryland, U.S.A., dû à l'abondance de l'eau courante, à la proximité de l'Atlantique. Le blé et le tabac y poussent bien. On y « cultive » aussi les défecteurs.

C'est le nom donné aux officiers de renseignements qui cla- 1. B.F.V. : Bundesamt für Verfassungschutz (Office fédéral pour la protection de la Constitution). C'est le contre-espionnage civil de la République fédérale, le service que dirigea Otto John jusqu'au 20 juillet 1954; il se rendit célèbre en désertant momentanément à l'Est.

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quent la porte de leur église et courent se cacher chez l'adver- saire. Les États-Unis reçoivent dans cet État les transfuges venus de l'Est. Ils les installent à proximité du fleuve Potomac et de la baie de Chesapeake, parce que Langley n'est qu'à une portée d'hélicoptère. Et que Langley abrite le « siège social » de la C.I.A. Le lieutenant-colonel Runge, Valentine et le petit Andreyev se reposaient du voyage et de leurs émois dans une maison à colonnade, au fond d'un parc.

Ce jeudi-là, à des milliers de kilomètres, en Europe, un remue-ménage secouait Bonn assoupie au long du Rhin.

La police allemande y arrêta cinq personnes sur leurs lieux de travail. Ordre exécuté sur réquisition hâtive du Parquet.

C'est M. Ludwig Martin, procureur général près de la Cour suprême à Karlsruhe, qui avait décidé la garde à vue collec- tive. Inculpations identiques pour les détenus : espionnage au profit d'une puissance étrangère. Les incarcérations avaient été exigées par le B.F.V.

M. Ludwig Martin ne s'était pas étonné de cette réquisition.

Comme ses collègues, le magistrat subissait avec résignation ces interventions pressantes des services secrets de la Répu- blique fédérale. En l'occurrence, il ne connaissait pas encore l'assistance fulgurante de la C.I.A. L'aurait-il apprise qu'il ne s'en serait pas troublé pour autant. Au gré des alliances nouées par les gouvernements, à l'Ouest comme à l'Est, il est établi que la coopération se prolonge dans bien des domaines, même les services de sécurité. A l'image des États, les centrales utilisent d'ailleurs à cet effet des émissaires spécialisés. Des diplomates, à leur manière, moins céré- monieux que les vrais, aussi attachés qu'eux toutefois au respect des souverainetés nationales.

Le procureur général Martin fit donc interner les cinq inculpés à la maison d'arrêt de Cologne-Klingelpütz, à une trentaine de kilomètres de la capitale fédérale. Il ne s'était pas déplacé; les dossiers des prisonniers s'étalaient sur son bureau, à Karlsruhe. Des fiches peu fournies, pro- venant du B.F.V. Elles concernaient deux couples et un célibataire. Leopold Pieschl, quarante-quatre ans, planton à l'ambassade de France. Son épouse, femme de ménage dans la même ambassade. Heinz Suetterlin, quarante-trois

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ans, photographe de presse. Eleonor Suetterlin, sa femme, trente-neuf ans, qui travaillait à la Koblenzerstrasse — le ministère des Affaires étrangères — Martin Marggraf enfin, quarante et un ans, beau-frère de Pieschl, un maître d'hôtel.

Maigre gibier, apparemment, au gré de M. Ludwig Martin.

Il s'en ouvrit à ses collaborateurs, avec une moue : « Banal, médiocre. »

13 octobre.

A Cologne-Klingelputz,les interrogatoires se succédaient en rafales. Les prévenus ne résistaient guère aux enquêteurs.

A Karlsruhe, les chemises cartonnées se gonflaient de comptes rendus sur la table de travail du procureur général. Et M. Ludwig Martin tremblait pour son week-end. Il resterait sans doute mobilisé à son poste, lui aussi. Ce n'était pourtant pas ce contretemps qui le tracassait. L'affaire ne lui parais- sait plus du tout commune, ni ternes les protagonistes. En quelques heures, son opinion avait diamétralement évolué.

« Grave, bien grave », rapporta-t-il. Il nota même qu'il conviendrait sans doute de promptement changer le code de l ' O T A N ainsi que celui de la Koblenzerstrasse.

Les secrets avaient filé à l'Est, pendant une décennie environ. Une hémorragie. Des renseignements économiques, militaires et stratégiques. Jusqu'aux détails précis sur le bunker qui abriterait le Parlement fédéral en cas de conflit atomique : un superblockhaus enterré sous le plateau de l'Eifel, entre Moselle et Rhin, l'Ahr et l'Ardenne.

Le quintette que le lieutenant-colonel Runge avait mani- pulé ne payait certes pas de mine. Cela ne l'avait néanmoins pas empêché de frapper redoutablement.

1. O.T.A.N. : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou N.A.T.O. en anglais. Elle réunit les pays qui signèrent le pacte de défense de l'Atlantique Nord, le 4 avril 1949 : Belgique, Canada, Dane- mark, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Islande, Italie, Luxem- bourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, rejoints en 1952 par la Grèce et la Turquie, puis par l'Allemagne fédérale en mai 1955.

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14 octobre.

M. Martin décommanda définitivement son congé hebdo- madaire. Pas de détente; les cinq détenus se livraient sur le fond, en effet. Le haut magistrat disposait d'une chrono- logie à peu près claire.

Evgeni Evgenevitch Runge était apparu à Bad Godesberg, vers 1956. Cité de villégiature, Bad jouxte Bonn : moins de dix kilomètres. On meurt d'ennui dans la capitale. A Bad, on vit. La plupart des ambassades y disposent de pied- à-terre. Et les diplomates s'y réunissent plus volontiers qu'ailleurs. Or l'officier de renseignements soviétique ambi- tionnait de pénétrer sans risque dans les salons interdits.

Unique moyen : voir, écouter, par personne interposée. En clair, trouver quelqu'un très bien placé qui pourrait se déplacer dans ces lieux sans éveiller la méfiance des services de sécurité.

Runge dragua, puis « leva Martin Marggraf, l'objectif SR rêvé.

Les intendants des ambassades et des ministères allemands, même celui de la présidence de la République fédérale, au 135 Koblenzerstrasse, à Bonn, s'étaient en effet unani- mement toqués du majordome. Ils se disputaient cet extra accompli, vantaient sa réputation : on ne le voyait pas et lui ne voyait ni n'entendait rien. Marggraf avait en outre toujours subi sans anicroche les contrôles routiniers du contre-espionnage. Runge, lui, perça la faille. Il mit long- temps. Une traque serrée lui dévoilà un Marggraf bien prosaïque, grand amateur de dollars. Dès 1957, le maître d'hôtel parangon accepta de truffer Bonn et Bad Godes- berg d'installations d'écoute, pour le compte du Sovié- tique.

Par Marggraf, Runge devait naturellement aboutir à Leopold Pieschl, le beau-frère, planton à l'ambassade de France. Cet homme souffreteux partageait avec son parent un appétit irrépressible pour les billets verts de la Bank of America. Ses employeurs l'utilisaient avec candeur, comme messager entre la mission militaire française en Alle-

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magne et l'État-Major de la Bundeswehr. Appâté, Leopold Pieschl céda à son tour. Dès 1958.

Runge enseigna à Pieschl le maniement d'un appareil photographique de fabrication soviétique maquillé en étui à cigarettes. Pendant près de neuf années, Pieschl photo- copia en toute quiétude les dossiers qui passaient entre ses mains. Son épouse se révélait également utile, dans son domaine. Nul ne songeait à la surveiller lorsqu'elle faisait le ménage à l'ambassade. Or, chaque jour, elle effectuait un tri discret dans le contenu des corbeilles à papiers.

Un officier traitant en exercice se comporte comme les propriétaires d'écuries de chevaux de course : il confie ses couleurs à plusieurs montures. En la circonstance, la vedette de la « monte » Runge s'appelait Heinz Suetterlin. Celui-là présentait un physique suffisant de danseur des barrières, cheveux drus, front bas et sourcils touffus. Le manipulant du K.G.B., avait hérité son futur crack à Berlin, de son patron de l'époque, le colonel Mikaïlov, lui aussi du K.G.B.

Suetterlin, célibataire, travaillait déjà pour l'Est depuis 1956. Engagé par les services de l'Allemagne orientale, muté l'année suivante au K.G.B., il exerçait la profession officielle de photographe, chez des éditeurs et pour des publicistes.

Pour le compte de l'Est, en secret, aussi. Il avait été choisi pour des qualités qui sont défauts ailleurs : un égoïsme et un cynisme forcenés. Runge fit transférer ce poulain dan- gereux dans son réseau en 1958. Il lui donna une bien curieuse mission: conquérir une secrétaire, à Bonn. L'officier traitant exigeait que son agent déniche une perle rare. Il voulait une employée efficace, travaillant dans l'ombre des princes du régime en République fédérale. Il fallait qu'elle soit amorale de surcroît. Une Mata-Hari des offices en quelque sorte.

La quête de Suetterlin dura un an et demi. Au fil de ce temps, il découvrit successivement une bonne douzaine de proies. Mais, chaque fois, Runge les repoussa. Suetterlin perdait son flegme. L'officier traitant le morigénait et le relançait en chasse. Le cocktail insolite qu'il recherchait à Bonn existait, il en était persuadé. Il fallait simplement persévérer. « La patience est la seconde bravoure de l'homme », répétait-il souvent.

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Quand Suetterlin rencontra Eleonor Heinz, lors de l'hiver 1959, c'est Runge qui ressentit par procuration le coup de cœur technique. Il s'agissait d'une midinette prolongée et timide, âgée de trente-trois ans, blessée auparavant par deux aventures sentimentales mesquines qui l'avaient déter- minée au célibat. Elle s'enflamma pourtant lorsque Suet- terlin entama sur ordre du Soviétique le processus de séduc- tion : il intervenait au bon moment, alors qu'elle commen- çait à vraiment s'endurcir, froide et distante, dans sa soli- tude. Enivrée, elle s'étonna même que son galant, qui lui offrait des brassées de roses rouges, ne poussât point son avantage. Runge l'interdisait à l'agent. Sans jamais se mon- trer, l'officier soviétique analysait les réactions de ce couple en formation. Il jaugeait surtout Eleonor. L'observation dura plusieurs mois.

Le manipulant russe s'intéressait en priorité à la manière dont la jeune femme assumait ses fonctions. Secrétaire, elle travaillait à la section du personnel aux Affaires étrangères de Bonn, depuis 1955. Une laborieuse. On appréciait son efficience à la Koblenzerstrasse. M. Franz Josef Strauss, ministre de la Défense, connaissait cette employée modèle;

des photos clandestines prises par Suetterlin les montraient engagés dans des conversations détendues. En second lieu, l'officier traitant soviétique se préoccupait de l'attachement que la jeune femme vouait à Suetterlin. Quand il jugea à travers les propos de ce dernier qu'Eleonor, vraiment amoureuse, sacrifierait tout pour préserver sa passion, il autorisa enfin l'union qu'il avait décidée. Eleonor connut donc la félicité en décembre 1960 : elle s'appela Madame Suetterlin. Mais, en même temps, elle épousa la trahison.

Par candeur chez son patron, M. Knut Neise, elle avait

accès aux dossiers confidentiels, au coffre. Et les documents

filaient chez elle, à l'heure du déjeuner. Tandis qu'elle se

restaurait, son époux photocopiait. Elle rapportait ensuite

les originaux et nul ne s'apercevait du manège. Il dura sept

années, au grand profit de l'Union soviétique qui connut

ainsi, entre autres, les plans d'exception du gouvernement

de Bonn, les plans de l'OTAN en cas d'alarme à Berlin,

les codes et procédures du chiffre de la Koblenzerstrasse...

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Suetterlin était expert en reproduction... Sa renommée força même la porte des services d'information du gouvernement fédéral : en 1966, ils lui confièrent la tâche de photographier une exposition de la police, à Hanovre...

La logorrhée dont faisaient preuve, en octobre 1967, ces cinq agents manipulés si longtemps et si activement par l'opératif Runge, stimulait les enquêteurs de la Cour suprême de Karlsruhe. L'entrain apporté par ces derniers à la rédaction de leurs rapports satisfaisait en outre le pro- cureur général Martin. On lui signala un fait bien utile : Pieschl et Marggraf, toujours prêts à se déchirer, se char- geaient mutuellement. La note indiquait aussi que la confron- tation classique entre Heinz et Eleonor Suetterlin avait soudain tourné au drame. La femme ignorait la machina- tion montée par Runge. Elle s'était toujours crue aimée pour elle. Or Heinz semblait ravi d'être enfin débarrassé d'elle. Eleonor s'était effondrée, cassée. Le mémoire adressé au magistrat précisait qu'à la suite de ce choc une recom- mandation impérative avait été faite aux gardiennes de la section féminine à la maison d'arrêt : veiller sur la prison- nière.

16 octobre.

Lundi. Un messager réveilla M. Lugwig Martin, à l'aurore.

En dépit des consignes, Eleonor Suetterlin avait trompé la vigilance des gardiennes, dans la nuit du dimanche. Elle s'était suicidée à Cologne-Klingelpütz. Pendaison aux bar- reaux de sa cellule, avec sa chemise de nuit déchirée en lanières. Son alliance d'or, qui lui fut laissée par autorisation spéciale, venait d'être déposée au greffe de la prison.

Le procureur fut bien embarrassé. Car la nouvelle ne tarderait pas à filtrer, à se déformer. Il chargea en consé- quence un adjoint de rédiger un communiqué officiel que l'on remettrait à la presse dans l'après-midi. Rien ne serait tu, décida-t-il. Ni la défection d'Evgeni Evgenevitch Runge, ni les détails de l'arrestation collective du quintette que

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le Soviétique constitua, ni les circonstances de la mort d'Eleo- nor Suetterlin. D'ailleurs, Washington venait de donner le feu vert de la divulgation à la République fédérale : les photocopies des premiers documents apportés par Runge aux U.S.A. avaient été livrées à M. Hubert Schrübbers.

Sous Hitler, M. Schrübbers fut procureur du I I I Reich au parquet de Hamm, en Westphalie. En 1967, c'était lui qui dirigeait le B.F.V., le contre-espionnage civil de la Répu- blique fédérale...

24 octobre.

L'imprévisible, dans cette affaire, surgit de l'Est ce jour-là.

On y observe d'habitude un silence exemplaire sur les événements qui se rapportent à la guerre invisible du ren- seignement. Qu'un agent tombe, par exemple, et nul n'en parle là-bas. Même lorsqu'il s'agit d'un officier supérieur comme le colonel Rudolf Ivanovitch Abel. Même quand il s'agit d'un as comme Konon Trofimovitch Molody, alias Gordon Lonsdale. Le premier coiffait l'espionnage dit illégal, aux États-Unis. Il se faisait appeler Emil R. Goldfus depuis plusieurs années. Le F . B . I . l'arrêta à l'hôtel Latham, 28e Rue, à Manhattan, New York, le 21 juin 1957. Le second, Molody-Lonsdale, fut appréhendé au début de 1961 en plein centre de Londres, avec le réseau d'agents qui perça pour lui les secrets de la base atomique navale britannique de Portland. En dépit des procès retentissants qui s'ensui- virent, à l'heure où les deux officiers auraient eu grand besoin de son secours, au temps de l'épreuve, jamais l'U.R.S.S.

ne se manifesta. Les Soviétiques se bornèrent à obtenir leur retour au bercail, quelques années plus tard, par voie d'échange contre des agents de l'Occident qu'ils avaient incarcérés.

Mutisme identique des autorités russes envers leurs déser- teurs. Ils n'ont pourtant pas manqué, depuis 1950; des 1. F.B.I. : Federal Bureau of Investigation. La Sûreté fédérale aux États-Unis.

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sommités : Igor Gouzenko, Iuri Rastvorov, Peter Deriabine, Vladimir Petrov, Reino Hayhanen, Nikolaï Khoklov, Bogdan Stashinski, Alex Kaznachayeu et, plus récemment, Anatoli Dolnytsine... Chaque fois, discrétion de fer à Moscou. Or, pour la première fois, l'U.R.S.S. devait déroger à sa règle et perdre quelque peu son impassibilité, le 24 octobre 1967.

A propos du dérapage de Runge.

La télévision soviétique ouvrit le feu, ce mardi, par une émission spéciale. On y affirmait que la C.I.A. venait d'entre- prendre une opération qualifiée de diabolique.

« Evgeni Evgenevitch Runge a été utilisé par les services secrets américains, dans une nouvelle campagne de calom- nies dirigé contre l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques et les autres pays socialistes », attaqua le commen- tateur.

Chorus le même jour, dans les Izvestia, organe officiel du gouvernement.

Plus inattendu encore : la République démocratique allemande se mêla au concert. A Berlin-Est, le lieutenant- colonel Kehl, porte-parole du M.F.S. 1, intervint avec ce communiqué tranchant :

« Le prétendu lieutenant-colonel Evgeni Evgenevitch Runge, présenté par la C.I.A. comme un important transfuge d'U.R.S.S., n'est autre qu'un citoyen est-allemand, Eugen Runge, alias Willi Gast. Les Américains le manipulent depuis son passage à l'Ouest. »

2 novembre 1967.

La Pravda, quotidien soviétique, prenait à son tour le relais. Article violent. On y accusait les États-Unis et la Central Intelligence Agency d'avoir précipitamment monté l'affaire Evgeni Runge. Sans doute, précisait l'auteur du communiqué, parce que les Américains savaient que l'U.R.S.S.

1. M.F.S. : Ministerium für Staatssicherheit. Le ministère de la sécurité de l'État, en République démocratique allemande.

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Depuis la révolution russe, les services secrets soviétiques ont tissé sur le monde une toile d'araignée géante. A la fin de la Première Guerre mondiale, des filières de renseignements avaient été, déjà, mises au grand jour. Mais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il ne se passe pas une année sans qu'un réseau d'espionnage, aussi bien économique que mili- taire, organisé p a r le K.G.B., ne soit démantelé.

L'affaire des cent cinq agents russes en Angleterre en est le plus récent exemple. Rendu prudent p a r quelques cuisants échecs, le K.G.B. utilise maintenant les pays satellites pour faire la besogne. C'est l'histoire du Réseau Car a m a n qui retrace notamment la découverte en France du « réseau des Roumains», l'arrestation d'une dizaine de ses membres et, en

1971, la condamnation de trois Français : Roussilhe, R o c h e r o n et Rousseau.

Les auteurs reprennent et racontent en détail chacun de ces cas. Ils s'emploient à montrer comment on met un réseau sur pied et comment le « traitant » procède pour manipuler l'agent.

Partant d'exemples concrets, ils évoquent les grands moments de l'histoire récente de l'espionnage.

Le Réseau Car a m a n se lit comme un roman, mais un roman dont les personnages sont des êtres de chair et de sang, parfois des héros, souvent des victimes.

Les auteurs :

Pierre Accoce, quarante-trois ans, Basque, journaliste corres- pondant de guerre sur le front du Sinaï (1956). Actuellement rédacteur en chef d'un hebdomadaire parisien. A écrit cinq romans dont La Guerre a été gagnée en Suisse (Librairie aca- démique Perrin) avec Pierre Quet.

Jean-Daniel Pouget, quarante-deux ans, Ancien officier traitant du S.D.E.C.E. est l'auteur de sept romans et d'un scénario.

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